Comme de nombreux pays africains, le Sénégal fait de la transformation numérique une priorité pour son développement. Le gouvernement multiplie les efforts pour assurer la bonne mise en œuvre du « New Deal Technologique ».
Le jeudi 2 octobre, Ousmane Sonko (photo, au centre), Premier ministre du Sénégal, a procédé à l’installation officielle du Conseil national du numérique (CNN). Ce collège, composé de 20 experts issus du secteur public, du secteur privé et de la société civile, aura pour mission d’accompagner la transformation numérique du pays.
Selon le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, le CNN doit éclairer les décisions de l’État sur les grandes orientations technologiques, formuler des recommandations stratégiques pour les politiques publiques numériques, soutenir la mise en œuvre de projets structurants, encourager l’innovation et la création d’entreprises, renforcer une économie numérique créatrice d’emplois, et promouvoir l’inclusion numérique, la cybersécurité ainsi que la protection des données personnelles.
« Ce Conseil est appelé à jouer un rôle décisif dans la construction d’un Sénégal numérique inclusif, innovant et souverain, à l’horizon 2050 », a déclaré le ministère dans un communiqué publié sur sa page Facebook.
La mise en place du Conseil national du numérique s’inscrit dans le cadre du « New Deal Technologique », lancé en février dernier. Ce plan, dont la mise en œuvre est estimée à 1105 milliards de francs CFA (environ 2 milliards de dollars), vise à établir le pays en tant que hub numérique régional et international d'ici 2034, renforçant ainsi sa position sur la scène technologique africaine. Le pays veut faire de l’innovation technologique un levier de son développement socio-économique, avec une contribution du secteur numérique à au moins 15 % du PIB au cours des dix prochaines années.
Les axes structurants du « New Deal Technologique » comprennent l’accès universel à Internet pour réduire la fracture numérique, la mise en place d’une identité numérique biométrique et la modernisation des services publics, le développement d’un cloud souverain pour sécuriser les données de l’État et des citoyens, la digitalisation de l’administration à travers l’e-ID, l’e-signature et l’e-paiement, ainsi que le renforcement des partenariats stratégiques afin de garantir une connectivité haut débit sur l’ensemble du territoire.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Face à la montée des nouvelles technologies, la formation spécialisée devient un enjeu crucial pour l’employabilité des jeunes en Tunisie. La nouvelle base de Sfax prépare les talents aux métiers du futur, alliant robotique, IoT et systèmes industriels intelligents.
Le gouvernorat de Sfax en Tunisie a inauguré le mardi 30 septembre une nouvelle base de formation spécialisée dans le domaine de l’industrie intelligente 4.0. Ce centre ambitionne de préparer les jeunes aux métiers liés à la transformation numérique de l’industrie et de renforcer leur employabilité sur un marché en pleine mutation.
🇨🇭 & 🇹🇳, des partenaires 🤝 de longue date dans la formation professionnelle. Heureux d’inaugurer à Sfax, en présence des autorités et des partenaires techniques, une plateforme "Industrie 4.0" pour renforcer l’employabilité des jeunes dans le cadre de #TAKWEEN soutenu par la 🇨🇭 pic.twitter.com/u4oqItixfI
— Ambassadeur Josef Renggli (@AmbSuisseTunis) September 30, 2025
Elyes Chérif, directeur général de l’Agence tunisienne de la formation professionnelle (ATFP), a souligné que ce projet répond directement à l’évolution des besoins des entreprises tunisiennes, confrontées à l’automatisation et à la digitalisation croissante de leurs procédés. « L’objectif est d’outiller les jeunes avec des compétences pointues qui correspondent aux exigences de l’industrie 4.0 et de leur offrir de meilleures perspectives d’intégration professionnelle », a-t-il déclaré.
La nouvelle structure accueillera une première promotion de 13 apprenants, sélectionnés pour suivre des programmes axés sur l’automatisation, l’Internet des objets, la robotique et la maintenance des systèmes industriels intelligents. Ce laboratoire est le quatrième du genre en Tunisie, après ceux de Sidi Thabet (Ariana), Monastir et Sousse.
Le programme s’inscrit dans le cadre du programme « Takween », lancé en 2020, qui adopte une approche innovante de la formation professionnelle en alternance. Soutenu par la Suisse, il vise à renforcer l’employabilité des diplômés du supérieur, en particulier ceux issus de la formation professionnelle, et à aligner les compétences des jeunes Tunisiens sur les standards de la quatrième révolution industrielle.
Ce type d’initiative répond à un besoin urgent en Afrique. Selon les prévisions de la Banque africaine de développement, d’ici 2030, plus de 30 millions de jeunes Africains entreront chaque année sur le marché du travail. En Tunisie, pays à la population jeune et dont le tissu industriel est en pleine mutation, ces laboratoires visent à combler le déficit de compétences et à stimuler l’innovation locale.
Grâce à cette base, la Tunisie ambitionne de former un vivier de talents capable de relever les défis de la révolution numérique, de favoriser l’émergence de start-up technologiques et de contribuer au développement de l’industrie intelligente, tant au niveau national que régional.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La disponibilité de contenus numériques pertinents est l’un des principaux facteurs d’adoption et d’utilisation de l’Internet mobile. Au Ghana, environ 70 % de la population utilisaient Internet au début de l’année 2025, selon DataReportal.
Au Ghana, TikTok prévoit une formation pour renforcer les compétences des créateurs de contenus le 12 octobre. L’initiative a été révélée par Samuel Nartey George, ministre de la Communication, des Technologies numériques et de l’Innovation, en début de semaine, lors d’une rencontre avec les membres de la New Media Association of Ghana, de la Ghana Bloggers Association et des créateurs de contenu indépendants.
Ciblant 120 créateurs de contenus, la formation sera dispensée par une équipe technique de TikTok venue d’Afrique du Sud. Elle portera sur l’optimisation de la plateforme afin d’améliorer leur engagement, leur portée et leur monétisation.
« C’est la première fois qu’un gouvernement au Ghana facilite un engagement direct de TikTok avec les créateurs locaux. La formation vous donnera des connaissances pratiques sur le fonctionnement des algorithmes, accroître votre engagement et monétiser efficacement », a déclaré Samuel Nartey George.
Cette initiative s’inscrit dans la volonté du gouvernement de soutenir l’industrie créative numérique en plein essor. Début septembre, la Ghana Commercial Bank (GCB) a proposé un mécanisme pour permettre aux créateurs de TikTok de recevoir leurs revenus de manière transparente et sécurisée. Grâce à son réseau étendu et à sa connectivité avec MasterCard, Visa, les portefeuilles mobile money et les comptes bancaires, la GCB se présente comme la passerelle de paiement la mieux placée pour faciliter les retraits et gérer les revenus issus des cadeaux aux créateurs.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En Afrique, les start-up se multiplient et transforment peu à peu le paysage économique. Elles offrent aux jeunes de nouvelles perspectives et ouvrent des marchés encore inexplorés. Cependant, leur impact reste limité par le manque de financement, de compétences adaptées et d’infrastructures fiables.
Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), près de 27 millions de jeunes en Afrique subsaharienne étaient au chômage en 2023, soit un taux de 8,9 %. À cela s’ajoute le phénomène des NEET (ni en emploi, ni en éducation, ni en formation), qui touche 62 millions de jeunes, soit environ un quart de la population âgée de 15 à 24 ans. Avec plus de 30 millions de nouveaux arrivants chaque année sur le marché du travail d’ici à 2030, la pression ne cesse de croître. Face à ces défis, les start-up technologiques se présentent comme un levier prometteur pour créer des emplois, stimuler l’innovation et offrir de nouvelles opportunités aux jeunes, tout en contribuant à la transformation numérique du continent.
L’impact réel des start-up : emplois créés et remontée des chiffres
Les données récentes confirment que les start-up africaines commencent à peser sur l’emploi. Le rapport « The African Tech Startups Funding Report 2022 » montre que les 633 jeunes pousses financées sur le continent employaient 34 201 personnes au moment de leur première levée de fonds, soit presque le double des effectifs recensés en 2021. En moyenne, les start-up financées comptaient 54 employés en 2022 contre 32 un an plus tôt, signe que l’écosystème gagne en solidité et en capacité d’absorption.
Le Nigeria illustre bien cette dynamique. Selon Partech, son écosystème start-up rassemblait à lui seul plus de 19 000 emplois directs en 2022, dont près de la moitié dans les fintechs. L’Égypte suivait de près avec 11 153 emplois recensés la même année dans 131 start-up financées, tandis que le Kenya et l’Afrique du Sud affichaient eux aussi des niveaux de création d’emplois significatifs. Ces données témoignent du fait que les start-up, en particulier dans les hubs numériques les plus dynamiques, contribuent déjà à absorber une partie de la main-d’œuvre jeune, souvent laissée en marge du secteur formel.
Défis persistants malgré les progrès
Malgré ces avancées, les obstacles restent importants. D’après le « Africa Tech Venture Capital Report 2023 » de Partech, quatre pays (Nigeria, Égypte, Kenya et Afrique du Sud) captaient plus de 80 % des financements levés sur le continent. Cette concentration exclut de nombreux jeunes entrepreneurs des écosystèmes encore émergents.
L’adéquation entre formation et besoins du marché pose également problème. La Banque mondiale souligne que beaucoup d’entreprises africaines identifient le déficit de compétences numériques comme un frein à leur croissance. Le think tank américain Brookings Institution estime que 230 millions d’emplois nécessiteront des compétences numériques d’ici à 2030, ce qui générera une demande de 650 millions de formations. La question de la durabilité reste aussi cruciale : les start-up, dépendantes des financements et des marchés, demeurent fragiles et souvent éphémères.
Un autre défi moins visible mais tout aussi crucial concerne l’inclusion. Le genre, la localité (zones rurales ou urbaines), l’accès au financement pour les jeunes sans réseaux ou sans garanties constituent des barrières sérieuses. Le soutien post-formation, la mise en relation avec les marchés, l’accompagnement en entrepreneuriat sont encore souvent insuffisants.
Vers une stratégie renforcée
Face à ces limites, la solution passe par l’investissement massif dans la formation et l’accompagnement. Des initiatives comme les Orange Digital Centers, les campus 42 ou encore le programme Andela cherchent à combler ce déficit en proposant des cursus pratiques et accessibles. Leur objectif est de rapprocher les compétences des jeunes des besoins réels des entreprises.
L’enjeu de l’inclusion reste tout aussi central. Les jeunes femmes, les habitants des zones rurales et ceux qui n’ont pas accès au financement demeurent souvent exclus des dynamiques entrepreneuriales. Sans politiques volontaristes pour élargir l’accès à l’innovation au-delà des grands hubs, le risque est de creuser encore davantage les inégalités.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Troisième pays le plus peuplé d’Afrique, l’Égypte fait face à une urbanisation rapide et à une forte densité urbaine. La mise en place de villes intelligentes s’impose pour moderniser les services urbains, fluidifier la mobilité et soutenir un développement durable adapté aux besoins de sa population.
Le ministère du Logement et des Communautés urbaines a lancé, le mardi 30 septembre, la Stratégie nationale pour les villes intelligentes en Égypte. L’initiative vise à intégrer technologies avancées, durabilité et gouvernance citoyenne dans le développement des villes existantes et nouvelles à travers le pays.
« Cette stratégie constitue un changement transformateur dans l’agenda urbain de l’Égypte. Elle répond aux défis de l’urbanisation rapide, aux pressions climatiques et à la justice spatiale, tout en ouvrant de nouvelles opportunités de croissance économique et d’inclusion sociale. Le citoyen reste au cœur de cette démarche », a déclaré Manal Awad (photo), ministre du Développement local et ministre par intérim de l’Environnement, lors du lancement officiel.
La stratégie prévoit de moderniser les villes existantes en améliorant les infrastructures, les services et en restructurant les zones informelles. Parallèlement, elle envisage la création de nouvelles villes intelligentes pour faire face à la croissance démographique et favoriser l’innovation. Ces villes intelligentes combineront infrastructures connectées, transports intelligents, gestion optimisée de l’énergie et de l’eau, services publics numériques.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte régional où les villes africaines font face à une urbanisation rapide et à des défis numériques considérables. Selon l’ONU-Habitat, l’Afrique connaîtra un doublement de sa population urbaine d’ici 2050, rendant cruciale l’intégration des technologies intelligentes pour gérer la mobilité, l’énergie et les services publics. L’Égypte, avec sa population dense et concentrée majoritairement dans les zones urbaines, est confrontée à ces mêmes pressions et cherche à se positionner comme un pôle de smart cities en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Si elle est pleinement mise en œuvre, cette stratégie pourrait transformer la vie quotidienne des Égyptiens en rendant les villes plus efficaces, sûres et inclusives. Pour un pays de plus de 110 millions d’habitants, elle offre l’opportunité de réduire les congestions, améliorer l’accès aux services, stimuler l’emploi dans les secteurs du numérique et de l’urbanisme intelligent, tout en renforçant la résilience face aux défis climatiques.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Selon l’OMS, la pénurie de travailleurs de la santé en Afrique pourrait atteindre 6,1 millions d’ici 2030 en l’absence de mesures urgentes. Le numérique s’impose dès lors comme un levier essentiel pour combler les lacunes et améliorer l’accès aux soins dans la région.
Blademy, une initiative de l’Agence Digitale N’zassa (ADN) en Côte d’Ivoire, a conclu un partenariat stratégique avec l’incubateur international FasterCapital dans le cadre du programme EquityPilot. L’accord vise à renforcer la santé connectée en Afrique de l’Ouest grâce à des solutions adaptées, locales et abordables.
« Brandemy illustre le type d’innovation pragmatique et à fort impact que nous recherchons : du matériel simple, des logiciels intelligents et un modèle d’entreprise adapté aux marchés mal desservis. Notre programme EquityPilot fournira les orientations de capital, de réseau et techniques nécessaires pour transformer les pilotes démontrables en un impact évolutif sur les systèmes de santé », a déclaré le fondateur et PDG de FasterCapital, Hesham Zreik (photo).
Dans le cadre de cette collaboration, Blademy bénéficiera de capitaux de croissance, d’un mentorat international, d’un accompagnement à la commercialisation et d’un appui à la levée de fonds. Ces ressources permettront d’accélérer le déploiement de sa plateforme de santé hors ligne et connectée Bluetooth, destinée à améliorer le suivi du diabète, de l’hypertension et de la goutte.
La solution repose sur des glucomètres, tensiomètres et testeurs d’acide urique Bluetooth à bas prix, associés à une application Android/iOS fonctionnant hors connexion. Les données, stockées localement puis exportées vers les cliniciens, facilitent le suivi des patients dans les zones rurales et périurbaines, tout en réduisant les coûts liés aux soins chroniques.
Cette initiative intervient alors que la e-santé connaît une croissance rapide en Afrique de l’Ouest, mais reste freinée par la faible connectivité et la dépendance aux équipements importés. Dans une région où des millions de personnes souffrent de maladies chroniques et où la pénurie de professionnels de santé est particulièrement préoccupante, Blademy propose une réponse adaptée aux réalités locales.
Avec l’appui de FasterCapital, une feuille de route de 6 à 18 mois est prévue, incluant des pilotes au Ghana et au Sénégal avant un déploiement en Côte d’Ivoire, au Nigeria et au Burkina Faso. À terme, Blademy ambitionne de devenir un acteur de référence de la santé connectée en Afrique de l’Ouest, en renforçant la prévention et en réduisant le poids économique des maladies chroniques.
Samira Njoya
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La participation des jeunes à l’économie numérique est l’une des priorités des autorités algériennes. Les autorités estiment notamment que la formation aux compétences numériques les prépare aux métiers d’avenir.
La société publique Algérie Télécom a signé, le samedi 27 septembre, une convention-cadre avec la Direction de la Jeunesse et des Sports de la wilaya de Sétif. L’opérateur historique s’engage à mettre son « Skills Center » à la disposition des jeunes, étudiants, innovateurs et porteurs de projets émergents d’une région de 2,1 millions d’habitants, selon les données officielles.
« Cette structure créative mettra gratuitement à disposition des espaces collaboratifs, des ateliers de formation encadrés par des experts nationaux et internationaux, ainsi qu’un laboratoire d’intelligence artificielle, donnant ainsi aux jeunes l’opportunité d’acquérir des compétences et de concrétiser leurs idées innovantes », a déclaré l’opérateur historique dans un communiqué publié sur sa page Facebook.
Inauguré en février dernier, le « Skills Center » de Sétif est le premier d’une série de centres similaires prévus dans plusieurs wilayas par le gouvernement pour former gratuitement les jeunes aux technologies de pointe. D’autres ont déjà vu le jour à Annaba et à Oran. Ces centres proposent des formations dans des domaines tels que l’intelligence artificielle (IA), le cloud computing, l’Internet des objets (IoT), la cybersécurité et d’autres spécialités liées aux technologies de l’information et de la communication (TIC).
Cette annonce intervient environ deux semaines après une rencontre entre le ministre de la Poste et des Télécommunications, Sid Ali Zerrouki, et son homologue de la Jeunesse, Mustapha Hidaoui, portant sur le renforcement de la coopération entre leurs deux départements. Ils ont notamment exprimé la volonté des autorités de placer la jeunesse au cœur de la stratégie numérique nationale en élaborant des programmes destinés à renforcer les compétences des jeunes, à stimuler leur créativité et à encourager leur capacité d’innovation. Les deux responsables ont également souligné l’importance de mettre en œuvre des projets concrets qui mobilisent l’expertise technologique et numérique du secteur des télécommunications, tout en s’appuyant sur les dynamiques et les initiatives portées par les établissements de jeunesse.
Isaac K. Kassouwi
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Le pays possède l’un des écosystèmes de start-up les plus dynamiques d’Afrique de l’Ouest. Le gouvernement souhaite renforcer le cadre réglementaire pour soutenir cette croissance.
Au Ghana, les autorités ont finalisé le projet de loi sur l’innovation et les start-up, élaboré en partenariat avec des acteurs du secteur privé. Elles invitent désormais les parties prenantes à contribuer à la consultation publique.
Dans un communiqué publié le vendredi 26 septembre, le ministère de la Communication, de la Technologie numérique et de l’Innovation indique que les acteurs concernés par cet exercice de validation comprennent les organismes publics, le secteur privé, le monde académique, les institutions de recherche, les pôles technologiques et la société civile. Des ateliers de validation du projet de loi sont également prévus à travers le pays.
Les autorités ghanéennes visent à mettre rapidement le texte en œuvre dans le cadre de la transformation numérique, dont le potentiel en valeur ajoutée pour l’économie est estimé à 3,4 milliards de dollars d’ici 2029, selon la GSMA. Plus tôt cette année, le ministère s’était fixé comme objectif d’activer le processus d’examen d’ici mai 2025, en vue de sa présentation à l’Assemblée nationale avant la prochaine pause parlementaire.
« Ce texte législatif novateur vise à instaurer un cadre juridique et réglementaire pour soutenir la recherche, les start-up et les entreprises innovantes, promouvoir l’entrepreneuriat et renforcer l’écosystème d’innovation du Ghana, afin d’en faire un moteur de développement économique et de création d’emplois », indique le ministère.
Pour rappel, l’écosystème des start-up du Ghana se classe à la 81ᵉ place mondiale, gagnant 7 places dans le rapport « Global Startup Ecosystem Index 2025 » de StartupBlink. En Afrique de l’Ouest, il a gagné une place pour se hisser à la troisième position. Ce classement repose en grande partie sur Accra, qui occupe la 243ᵉ place (contre 268ᵉ en 2024) parmi les 1000 villes répertoriées dans le monde, et la deuxième place en Afrique de l’Ouest, avec des start-up telles que Mpharma, CarePoint, Zeepay, Complete Farmer et Farmerline. Le rapport précise que l’écosystème est également soutenu par un réseau croissant de plus de 100 pôles technologiques et accélérateurs, offrant mentorat, formations et ressources à travers le pays.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Ces derniers mois, les autorités bissau-guinéennes ont engagé la numérisation du système de santé. Le secteur pharmaceutique, maillon central de cette transformation, devrait également bénéficier de cette modernisation.
La Guinée-Bissau a promulgué, la semaine dernière, un mandat national de traçabilité pharmaceutique : un dispositif réglementaire imposant le suivi et l’authentification de chaque médicament tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Annoncée officiellement le vendredi 26 septembre, l’initiative, menée en partenariat avec l’italien Antares Vision Group (AVG), vise à sécuriser l’accès des patients aux traitements et à moderniser la gestion du secteur pharmaceutique.
« La sécurité et la transparence pharmaceutiques sont les fondations d’un système de santé moderne. Avec le Catalogue national des médicaments au cœur du dispositif, la Guinée-Bissau met en place un modèle qui protège les patients, garantit la conformité et assure un accès durable aux médicaments », a déclaré Gianluca Mazzantini, PDG d’Antares Vision Group.
Le dispositif s’appuie sur plusieurs outils clés, dont le Catalogue national des médicaments, une plateforme officielle centralisant toutes les données relatives aux produits de santé. Dès octobre 2025, il sera complété par l’AVGroupHub, une interface numérique accessible aux fabricants, importateurs, distributeurs et dispensateurs. Ce système permettra l’enregistrement obligatoire des produits, en conformité avec la réglementation qui entrera en vigueur en mars 2026, afin d’assurer une traçabilité complète et de renforcer la lutte contre les circuits illégaux.
Cette initiative intervient dans un contexte où la Guinée-Bissau fait face à de forts défis en matière de régulation pharmaceutique : circuits parallèles de distribution, manque de contrôle centralisé, absence de données fiables sur la disponibilité des médicaments. Elle s’inscrit dans le cadre de la Stratégie nationale de santé numérique, lancée en janvier 2025, qui vise à moderniser la gestion des données, améliorer la coordination entre établissements et renforcer la supervision des chaînes d’approvisionnement pharmaceutique.
À terme, ce programme devrait permettre de renforcer la transparence du secteur, lutter contre la contrefaçon et sécuriser l’accès des populations aux traitements essentiels, tout en posant les bases d’une santé numérique moderne et durable en Guinée-Bissau.
Samira Njoya
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Le gouvernement ivoirien a engagé une politique visant à moderniser les services publics. L’interconnexion des plateformes est un élément crucial pour fluidifier les échanges de données et renforcer l’efficacité et la transparence de l’État.
Le ministre de la Transition numérique et de la Digitalisation, Ibrahim Kalil Konaté (photo), a lancé, le jeudi 25 septembre à Abidjan, une plateforme d’interopérabilité de l’administration publique. Cet outil vise à permettre un échange sécurisé, en temps réel, de données entre les systèmes d’information des entités étatiques.
Selon le ministre, cette plateforme doit permettre de rompre avec le fonctionnement en silo des administrations, qui engendre lenteurs et coûts pour l’État comme pour les usagers. Elle constitue un levier central pour simplifier les procédures, améliorer la qualité des services, renforcer la transparence et soutenir l’ambition ivoirienne d’atteindre le « zéro papier » à l’horizon 2030.
La solution retenue, baptisée UXP, est développée par la société estonienne Cybernetica. Open source et adaptable, elle permet aux systèmes d’information de communiquer entre eux et d’échanger en temps réel des données de manière sécurisée. Concrètement, un citoyen n’aura plus à fournir plusieurs fois les mêmes documents à différentes administrations. Une donnée enregistrée par un service pourra être automatiquement partagée avec un autre, avec l’accord de l’usager.
La phase pilote concerne douze structures publiques, parmi lesquelles la Direction générale des impôts, l’Office national de l’état civil et de l’identification (ONECI), la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), la Caisse générale de retraite des agents de l’État (CGRAE), le Centre de promotion des investissements (CEPICI) et le Tribunal de commerce d’Abidjan. Le projet est conduit par la Société nationale de développement informatique (SNDI), dans le cadre de la feuille de route numérique adoptée en 2022 avec l’appui du cabinet estonien Digital Nation.
L’initiative s’inscrit dans la vision du Plan stratégique Côte d’Ivoire 2030, qui place le numérique au cœur de la modernisation et de l’inclusion. À terme, la plateforme pourrait réduire significativement les délais de traitement des démarches, limiter les coûts liés aux doublons administratifs et renforcer la confiance des usagers dans l’administration publique. Elle devra toutefois relever plusieurs défis, notamment l’appropriation de l’outil par l’ensemble des administrations, la sécurisation des données et l’extension progressive à toutes les structures publiques.
Samira Njoya
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L’IA est l’une des priorités du gouvernement marocain en matière de transformation numérique. Pour développer la technologie et exploiter son plein potentiel, le pays mise entre autres sur l’accueil des grandes entreprises internationales du secteur.
Le gouvernement marocain envisage de collaborer avec la société américaine OpenAI. Le sujet a été au centre des discussions lors d’une rencontre entre Amal El Fallah Seghrouchni, ministre de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, et les responsables de l’entreprise basée à San Francisco, à l’occasion de la 80ᵉ Assemblée générale des Nations unies.
Selon un communiqué du ministère publié sur Facebook le jeudi 25 septembre, les échanges ont notamment porté sur « les axes de coopération dans les domaines de la recherche et de l’innovation au Maroc, ainsi que sur le développement d’un écosystème d’intelligence artificielle adapté aux spécificités de la société marocaine ».
Le gouvernement marocain a placé l’IA au cœur de sa stratégie de transformation numérique, qui entend mobiliser le numérique pour accélérer le développement social et économique. Ainsi, dans le cadre de sa stratégie « Digital Maroc 2030 », le gouvernement s’est donné pour objectif d’exploiter le potentiel de l’IA pour accélérer la digitalisation des services publics et privés, attirer des acteurs internationaux, soutenir les start-up locales et développer les compétences et infrastructures nécessaires. Le Maroc mise également sur la consolidation des registres de données, le déploiement de cas d’usage pour améliorer les services, ainsi que sur une réflexion pluridisciplinaire sur les enjeux sociétaux, juridiques et économiques de l’IA.
Dans cette dynamique, le ministère a signé, le 12 septembre, un mémorandum d’entente avec la société française Mistral AI. Ce partenariat vise à renforcer les compétences locales en IA, notamment à travers la formation, la recherche appliquée et le transfert de savoir-faire. Il prévoit également de stimuler l’écosystème national en favorisant l’émergence de startups et de projets industriels fondés sur des solutions d’IA adaptées aux besoins des entreprises marocaines. Enfin, il promeut un usage éthique et inclusif de l’IA, garantissant la protection des données et la confiance des citoyens.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En mettant sur pied cette plateforme, les autorités algériennes visent à mieux protéger leurs citoyens pendant leurs déplacements à l’étranger. Désormais, ils bénéficieront d’un suivi numérique centralisé et d’une réactivité renforcée des services consulaires en cas d’urgence.
Le ministère algérien des Affaires étrangères a officiellement lancé, le jeudi 25 septembre, la plateforme numérique « DZ Travellers », destinée aux citoyens algériens voyageant à l’étranger. Accessible à l’adresse https://apcs.mfa.gov.dz, ce portail centralise toutes les informations, recommandations et directives nécessaires en cas d’urgence ou de crise, afin de renforcer la protection et l’accompagnement des voyageurs.
« Ce nouveau service s’inscrit dans le cadre des efforts visant à renforcer les mécanismes existants et les procédures adoptées pour assurer la protection et garantir la sécurité de nos citoyens, ainsi que leur accompagnement, conformément aux instructions des hautes autorités du pays », a souligné le ministère des Affaires étrangères.
Ce lancement s’inscrit dans le cadre d’une politique nationale de modernisation des services consulaires et de digitalisation des dispositifs de soutien aux citoyens. Il s’inscrit également dans le prolongement de la Stratégie nationale de transformation numérique (SNTN), qui fait des e-services et de la numérisation complète de l’administration des priorités majeures.
« DZ Travellers » devrait permettre d’améliorer la réactivité des services consulaires en cas d’urgence, faciliter la prévention des risques, renforcer la sécurité des déplacements et optimiser l’assistance apportée aux Algériens à l’étranger, et contribuer à une gestion numérique plus efficace des situations critiques et des dispositifs consulaires.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La Chine et l’Éthiopie entretiennent des relations diplomatiques depuis 1970. Avec l’essor du numérique, leur coopération s’est étendue à de nouveaux domaines stratégiques, plaçant la transformation digitale au cœur de leur partenariat.
Le ministre éthiopien de l’Innovation et de la Technologie, Belete Molla Getahun, et son homologue chinois de l’Industrie et des Technologies de l’information, Li Lecheng, ont signé, le jeudi 25 septembre à Addis-Abeba, un protocole d’accord visant à soutenir la mise en œuvre de la stratégie nationale « Digital Ethiopia 2025 » et à accélérer la transformation numérique du pays.
Today, I had the pleasure of meeting Mr. Li Lecheng, Minister of Industry and Information Technology of China, as we co-chaired a high-level Ethiopia–China bilateral dialogue in Addis Ababa under the theme:
— Belete Molla Getahun (@BeleteMG) September 25, 2025
“Digital & Emerging Tech Industry Collaboration: Advancing Practical… pic.twitter.com/ry8TMApABg
« Notre partenariat stratégique va au-delà de la diplomatie. Il repose sur une vision commune et une profonde confiance politique, pilier essentiel du programme de développement national de l’Éthiopie et passerelle vers un avenir plus intégré et plus résilient », a déclaré le ministre Belete Molla sur X.
Le protocole entend contribuer au développement socio-économique durable en Éthiopie. Il cible notamment l’expansion des infrastructures de télécommunications, avec le déploiement de la fibre optique, de la 5G et des communications par satellite ; le développement des filières technologiques émergentes, telles que l’intelligence artificielle, l’Internet des objets (IoT) et les services liés aux mégadonnées et au cloud computing ; ainsi que le partage de connaissances et d’expertise avec la Chine.
Cet accord s’inscrit dans la consolidation du partenariat stratégique conclu entre l’Éthiopie et la Chine en 2023, renforçant la coopération bilatérale dans le domaine des technologies numériques. Sur le plan national, l’économie numérique éthiopienne reste marquée par un taux de pénétration Internet encore faible (21,3 % en 2024 selon DataReportal) et par des disparités importantes entre zones urbaines et rurales. Néanmoins, le secteur connaît une dynamique soutenue, portée par la croissance des services mobiles, le développement des infrastructures et les réformes engagées par le gouvernement pour renforcer les capacités numériques du pays.
Une mise en œuvre effective du protocole pourrait améliorer la connectivité, stimuler l’innovation locale et renforcer les compétences numériques. Il devrait également contribuer à la création d’emplois dans les filières technologiques, avec des impacts économiques et sociaux au-delà des frontières éthiopiennes.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Alors que le commerce en ligne devient un moteur de croissance en Afrique, le Ghana cherche à structurer son marché. L’objectif est de tirer parti des nouvelles technologies et de l’adoption des usages numériques pour stimuler l’économie et favoriser l’inclusion.
Le ministère ghanéen du Commerce, de l’Agroalimentaire et de l’Industrie a inauguré, le mercredi 24 septembre, un comité directeur national du commerce électronique. Cet organe de 26 membres est chargé d’assurer le pilotage, la coordination et l’orientation stratégique afin de bâtir un écosystème numérique dynamique, inclusif et compétitif.
Selon le vice-ministre du Commerce, Sampson Ahi (photo, au centre), ce comité servira de plateforme interministérielle pour harmoniser le développement du commerce électronique avec les objectifs nationaux et les meilleures pratiques internationales. Il a souligné qu’avec des systèmes efficaces, le commerce en ligne pourrait transformer des vies, notamment en facilitant l’accès des artisans ruraux aux marchés internationaux au Ghana.
L’initiative s’inscrit dans la continuité de la validation récente de la première stratégie nationale de commerce électronique, élaborée en collaboration avec la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). À travers cette démarche, le gouvernement entend tirer pleinement parti du numérique comme levier de croissance et d’inclusion économique.
D’après Statista, le chiffre d’affaires du marché ghanéen du commerce électronique devrait atteindre 1,65 milliard de dollars en 2025, puis 2,64 milliards de dollars d’ici 2030. Portée par une population jeune et une pénétration d’Internet en forte progression, cette dynamique ouvre d’importantes perspectives, mais elle reste freinée par des obstacles structurels : sécurité des paiements, fluidité des échanges transfrontaliers, confiance des consommateurs et logistique du dernier kilomètre.
Dans ce contexte, le comité directeur aura un rôle déterminant à jouer. Il devra coordonner les efforts des différentes parties prenantes, proposer des solutions innovantes pour surmonter ces obstacles et contribuer à consolider la position du Ghana parmi les marchés les plus compétitifs d’Afrique de l’Ouest dans le domaine du commerce électronique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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