Alors que la demande mondiale en talents technologiques explose, la formation au codage et à la programmation s’impose comme un moteur d’emploi et d’innovation pour la jeunesse africaine. Elle ouvre la voie à une nouvelle génération de créateurs capables de bâtir les solutions numériques de demain.
Kigali abrite désormais New Generation Academy, la première école au Rwanda accréditée pour proposer un enseignement professionnel en programmation logicielle et systèmes embarqués. Le programme, dont le lancement est prévu le13 octobre, s’adresse aux étudiants ayant terminé le niveau Senior 3 et obtenu d’excellents résultats aux examens nationaux 2024/2025.
New Generation Academy se distingue par son approche pratique et basée sur des projets. Dès les premières années, les élèves sont initiés au codage, à la robotique et aux STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques). L’école met l’accent sur la formation concrète, avec des programmes adaptés aux étudiants du système national et aux filières internationales, via un certificat d’équivalence délivré par le Higher Education Council (HEC).
Le lancement de cette école intervient dans un contexte africain où le codage et l’éducation technologique connaissent un essor rapide. L’objectif est de répondre à la demande croissante en compétences numériques et de préparer les jeunes à des carrières dans l’économie numérique émergente. Selon le rapport « Foresight Africa 2025–2030 » du think tank américain Brookings Institution, 230 millions d’emplois nécessiteront des compétences numériques en Afrique subsaharienne.
Le programme de New Generation Academy devrait permettre aux étudiants d’acquérir des compétences avancées en programmation, de se familiariser avec des projets pratiques et d’intégrer des technologies innovantes. À l’échelle africaine, ce type d’école contribue à former des talents capables de soutenir le développement des start-up et la transformation numérique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’essor de la transformation numérique bouleverse le marché du travail. Les pays africains s’emploient à préparer leurs populations, en grande partie jeunes, aux nouvelles exigences.
L’Agence nationale du service universel des télécommunications et du numérique de la Guinée (ANSUTEN) a lancé, le mardi 7 octobre, la troisième édition du programme de renforcement des capacités à l’usage du numérique (R-CUN), en partenariat avec Orange et Huawei. L’initiative vise à former 1500 jeunes afin de les préparer au marché de l’emploi, alors que 230 millions d’emplois nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030, selon la Banque mondiale.
Pour cette édition, l’ANSUTEN prévoit la dotation de 600 kits informatiques aux bénéficiaires. Sont également prévues l’initiation des étudiants de l’enseignement supérieur à l’usage stratégique du numérique, à travers des cas pratiques adaptés à leurs filières, et un accompagnement spécifique pour favoriser l’autonomisation des femmes dans le secteur. Le programme comprend en outre l’organisation de formations professionnalisantes et certifiantes, avec 30 certifications réseaux prévues, ainsi que l’accès à des ressources pédagogiques en ligne, des laboratoires virtuels et des programmes d’échange.
Lancé en 2022, les deux premières éditions du programme ont permis de former 450 jeunes, 43 certifiés et plus de 300 femmes autonomisées. Selon l’ANSUTEN, il « s’inscrit dans la vision de promouvoir l’inclusion numérique, le développement des compétences digitales et l’employabilité des jeunes guinéens ». Dans le cadre de sa vision de transformation numérique, l’exécutif accorde une importance capitale au capital humain, qu’il considère comme la première infrastructure de la souveraineté technologique.
L’initiative complète les actions déjà mises en place par le secteur privé, souvent saluées par les autorités. Par exemple, l’institut privé de formation digitale Nimba Hub prévoit de former 3 000 jeunes aux compétences techniques du numérique d’ici 2027 à travers son programme « 1000TechLeader ». La première cohorte, clôturée en juillet dernier, a enregistré 756 candidatures, dont 130 ont été retenues. À l’issue de la formation, 84 participants ont été diplômés, 51 ont décroché un emploi dans plus de 30 entreprises, et 9 startups ont été créées par les lauréats.
Pour rappel, en Guinée, le taux de chômage chez les 15–35 ans s’élève à 7,7 %, contre 4,8 % pour l’ensemble de la population, selon les données publiées en 2023 par la Banque africaine de développement. Le pays affiche également un fort taux de sous-emploi global, estimé à 38,2 % de la population occupée. Le chômage touche 27 % des diplômés de l’enseignement supérieur, tandis que ceux du secondaire sont les plus exposés au sous-emploi, avec un taux qui atteint 57,2 %.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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A l’ère du numérique, la technologie devient un levier essentiel pour préserver, valoriser et diffuser le patrimoine culturel africain. L’intégration d’outils digitaux permet de rendre l’histoire et les arts accessibles à un public mondial tout en modernisant la gestion des institutions culturelles.
Le Centre pour les arts noirs et africains et la civilisation (CBAAC), un organisme paraétatique nigérian, a signé la semaine dernière un protocole d’accord avec DigitA, un cabinet africain de stratégie numérique. L’accord vise à renforcer le rôle de la technologie et de l’innovation dans la promotion et la préservation de la culture et du patrimoine africains.
« La préservation et la promotion culturelles au XXIe siècle doivent aller de pair avec l’innovation. Ce partenariat avec DigitA reflète notre vision d’amener le patrimoine culturel africain au public mondial grâce à la technologie », a déclaré Aisha Adamu Augie (photo), directrice générale du CBAAC.
Dans le cadre de l’accord, DigitA devient le conseiller numérique officiel du CBAAC. L’entreprise accompagnera le centre dans la conception de stratégies de transformation digitale, la mise en place d’infrastructures technologiques, ainsi que la formation et le renforcement des capacités des acteurs culturels. Le partenariat prévoit également le lancement de produits numériques évolutifs et d’initiatives d’innovation destinées à valoriser les arts et le patrimoine africains sur la scène internationale.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte où la numérisation du patrimoine culturel devient une priorité stratégique pour les institutions africaines. À l’heure où les archives, les œuvres et les traditions orales risquent de disparaître, l’usage des technologies numériques, allant de l’intelligence artificielle à la réalité immersive, ouvre de nouvelles perspectives pour préserver, diffuser et monétiser la richesse culturelle du continent.
Au-delà de la préservation, ce partenariat ambitionne de faire du numérique un véritable catalyseur de développement créatif et économique. En intégrant les technologies numériques à la gestion du patrimoine, le CBAAC et DigitA entendent transformer la culture africaine en moteur d’innovation, d’emploi et d’influence, plaçant ainsi l’Afrique au cœur du dialogue culturel mondial.
Samira Njoya
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Engagé dans une profonde transformation numérique, le pays mise sur les grands événements technologiques pour stimuler l’innovation et soutenir les start-up. Ces initiatives renforcent la souveraineté numérique nationale en créant des ponts entre investisseurs, talents et marchés.
Le Sénégal entame le dernier trimestre 2025 avec une série d’événements majeurs consacrés à l’innovation numérique. Le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Alioune Sall (photo), a signé à cet effet, le vendredi 3 octobre, plusieurs conventions de partenariat destinées à faire des grands rendez-vous technologiques du pays des leviers d’emplois, d’usages et d’investissements.
Cette séquence s’ouvre avec Dakar SLUSH’D (9 au 10 octobre 2025), une première déclinaison africaine du salon international né à Helsinki conçu pour connecter investisseurs, start-up et porteurs de projets. Suivra le SIPEN organisé par OPTIC (16 au 17 octobre), plateforme d’échanges entre acteurs publics et privés, centrée sur les marchés B2B et la compétitivité numérique. Le SALTIS (25 au 26 novembre), dédié aux algorithmes et à la cybersécurité, entend aborder les enjeux éthiques de l’intelligence artificielle et la gouvernance des données, tandis que le NEXTEN Summit 2025 (3 au 5 décembre) réunira décideurs et innovateurs autour de l’IA et de la blockchain comme moteurs de croissance africaine.
En parallèle, une Learning Expedition à Montréal (25 octobre au 5 novembre) permettra à une délégation sénégalaise d’explorer l’écosystème technologique canadien, avec un accent sur les femmes et le numérique. Un Village planétaire olympique digital est également prévu en prélude aux JOJ Dakar 2026, dédiés à la jeunesse, au sport, à l’e-sport, au codage et aux contenus immersifs XR (réalité étendue).
Ces initiatives s’inscrivent dans un contexte marqué par la mise en œuvre du New Deal Technologique, qui prévoit le renforcement de la compétitivité numérique nationale à travers le soutien aux start-up, la formation des jeunes et l’adoption de technologies émergentes dans les services publics. La stratégie prévoit de créer plus de 500 start-up technologiques labellisées par l’État et de générer 150 000 emplois directs.
En soutenant ces événements, le gouvernement entend consolider l’écosystème technologique national, favoriser les synergies entre start-up, investisseurs et institutions publiques, et stimuler l’adoption des technologies émergentes dans les entreprises et les services publics. Ces rendez‑vous permettent de concrétiser l’innovation, de créer des emplois qualifiés pour les jeunes et d’ouvrir de nouvelles opportunités d’investissement.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Pour soutenir ses ambitions de transformation numérique, les autorités nigérianes entendent renforcer l’infrastructure numérique nationale. Elles ont récemment annoncé plusieurs projets de déploiement de fibre optique et de tours télécoms, visant à réduire la fracture numérique.
Le gouvernement fédéral nigérian prévoit de construire un pôle d’innovation technologique dans l’État de Katsina. D’une valeur d’environ 10 milliards de dollars, l’initiative a été révélée par Bosun Tijani, ministre des Communications, de l’Innovation et de l’Économie numérique, lors d’une audience accordée à Malam Dikko Umaru Radda, gouverneur de l’État, le lundi 6 octobre.
I hosted the Executive Governor of Katsina State, H.E. Dr. @dikko_radda, in my office today, where we discussed ways of strengthening ongoing collaboration between my Ministry and the State Government to accelerate digital transformation.
— Dr. 'Bosun Tijani (@bosuntijani) October 6, 2025
Having visited Katsina a couple of… pic.twitter.com/zxt8hKJB9E
Selon les propos du ministre rapportés par la presse locale, Katsina fait partie des dix États sélectionnés pour accueillir les pôles d’innovation technologique. La construction devrait débuter avant la fin de l’année prochaine. D’autres projets ont également été évoqués, notamment le déploiement de l’Internet par satellite pour connecter les zones mal desservies, ainsi que l’intensification du programme fédéral de formation de trois millions de jeunes talents techniques à travers le pays. Le futur pôle servirait ainsi de base opérationnelle pour ces jeunes talents.
Cette initiative s’appuie sur les efforts déjà consentis par les autorités en faveur de la transformation numérique. Au cours des discussions avec M. Tijani, le gouverneur a présenté plusieurs actions entreprises par son administration. Il s’agit notamment de la mise en œuvre d’une politique de libre passage, de l’adoption d’une loi sur la politique numérique de l’État, de la création d’une zone économique numérique et d’une direction dédiée aux TIC. Le gouverneur a également exprimé son souhait d’étendre la connectivité par fibre optique à toutes les zones de gouvernement local (LGA) de l’État.
La construction du hub d’innovation ainsi que les autres projets annoncés par le ministre pour l’État de Katsina s’inscrivent dans le cadre des ambitions de transformation numérique des autorités nigérianes, qui placent les technologies de l’information et de la communication (TIC) au cœur du développement socio-économique national. Par exemple, le pays veut faire passer la part des TIC à 22 % du PIB d’ici 2027.
C’est dans ce cadre que la Banque mondiale a approuvé, le 30 septembre, un financement de 500 millions de dollars pour le Nigeria dans le cadre du projet BRIDGE. Dotée d’un budget global de 1,6 milliard de dollars, l’initiative, soutenue également par la Banque africaine de développement (BAD), la Banque européenne d’investissements (BEI) et la Banque islamique de développement (BID), vise à combler les lacunes d’accès au haut débit dans les zones mal desservies à travers le déploiement d’environ 90 000 km de fibre optique. L’infrastructure est pensée pour être résiliente au climat, alimentée par des solutions d’énergie renouvelable et structurée autour de sept anneaux nationaux, 37 boucles métropolitaines, 77 réseaux régionaux et plusieurs centres de données périphériques.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’intelligence artificielle pourrait générer 1500 milliards de dollars pour l’économie africaine d’ici 2030, selon Google. Pour ne pas rester en marge, la Sierra Leone mise sur l’IA et multiplie les initiatives pour moderniser son administration et ses secteurs clés.
Selon le classement 2024 des Nations unies sur le développement de l’e-gouvernement, la Sierra Leone se situe à la 172e position mondiale, avec un score de 0,3042 sur 1. Ce résultat souligne les défis persistants du pays en matière de numérisation et d’efficacité des services publics en ligne.
Pour relever ces défis, la Sierra Leone a choisi l’intelligence artificielle comme levier stratégique. En marge de la 80e Assemblée générale des Nations unies, le pays a signé un protocole d’accord avec Qhala, société de transformation numérique basée à Nairobi. L’objectif est de former les fonctionnaires à l’usage concret de l’IA dans leur travail quotidien. À travers des masterclass et des programmes ciblés, l’initiative vise à renforcer l’efficacité, améliorer la prise de décision et optimiser la qualité des services publics.
Le programme prévoit la formation de 500 fonctionnaires dès la première année, ainsi que la mise en place de 10 à 15 flux de travail basés sur l’IA. Ces mesures doivent permettre de renforcer les compétences des agents publics et d’intégrer l’intelligence artificielle dans les processus administratifs, afin d’améliorer la qualité et la rapidité des services publics.
Parallèlement, la Sierra Leone a lancé le jeudi 2 octobre une évaluation nationale de la préparation à l’IA, en partenariat avec la Banque mondiale. Cette initiative a pour ambition de cartographier les infrastructures, les compétences humaines et le cadre réglementaire nécessaires pour adopter l’IA dans l’ensemble des secteurs du pays, de la santé à l’éducation, en passant par l’agriculture, l’énergie et la sécurité. Les résultats préliminaires devraient permettre d’identifier les domaines prioritaires et de guider la stratégie nationale d’IA.
Ces initiatives s’inscrivent dans un contexte plus large de transformation numérique du pays, qui cherche à moderniser ses services et à rendre ses institutions plus réactives. L’IA, capable d’analyser rapidement de grandes quantités de données et de fournir des recommandations, pourrait devenir un moteur de développement pour tous les secteurs.
En intégrant l’IA à l’ensemble de l’administration et des secteurs clés, la Sierra Leone s’attaque à plusieurs problématiques structurelles, telles que l’inefficacité, les retards de traitement et le manque d’outils décisionnels. L’adoption de ces technologies pourrait transformer la gouvernance, améliorer la coordination intersectorielle et contribuer à un développement plus inclusif et axé sur les données pour tout le pays.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Confrontés à des limites structurelles en matière de couverture sanitaire, les Comores misent sur le numérique pour transformer la gestion de leurs campagnes vaccinales. Une approche destinée à renforcer la traçabilité et à optimiser l’allocation des moyens.
Le samedi 4 octobre, l’Union des Comores a lancé sa campagne nationale de vaccination contre la rougeole et la rubéole en intégrant pour la première fois des outils numériques avancés. L’initiative, appuyée par l’OMS et des partenaires du Programme élargi de vaccination (PEV), est financée par l’Alliance du Vaccin Gavi.
« La digitalisation de nos outils est une innovation majeure. Elle nous permettra de disposer d’informations en temps réel pour prendre des décisions stratégiques et garantir le succès de la campagne », explique Chamsa Halidi, Coordinatrice du PEV aux Comores.
Concrètement, les agents de santé sont désormais équipés de mobiles intégrant la solution Open Data Kit (ODK), qui remplace les traditionnels formulaires papier. Les données sont saisies sur le terrain puis centralisées instantanément, alimentant des tableaux de bord interactifs et des cartes géospatiales. Ce dispositif permet d’évaluer la performance des équipes au jour le jour, d’identifier les zones mal couvertes et d’ajuster immédiatement les opérations. L’objectif est de vacciner plus de 101 330 enfants sur les trois îles : Ndzuwani, Ngazidja et Mwali.
L’initiative s’inscrit dans une dynamique régionale visant à réduire les inégalités d’accès aux soins et à renforcer les systèmes de santé par l’innovation. Elle intervient dans un contexte où les campagnes précédentes souffraient de retards dans le traitement des données, d’erreurs de saisie et d’une couverture inégale entre les îles. Les informations étaient alors souvent collectées sur papier, avec un suivi limité de la performance des équipes et une visibilité insuffisante pour les décideurs nationaux.
Grâce à ces outils numériques, le ministère de la Santé et ses partenaires espèrent renforcer la transparence, la redevabilité et l’efficacité des campagnes. Le suivi en temps réel devrait permettre de corriger rapidement les anomalies, d’assurer que tous les enfants soient vaccinés et d’optimiser la planification des interventions futures.
Au‑delà de la rougeole et de la rubéole, cette initiative jette les bases d’une numérisation durable des programmes de santé publique et pourrait servir de modèle pour d’autres États insulaires africains confrontés à des défis similaires en matière de suivi et de gestion sanitaire.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le pays mise entre autres sur le numérique pour accélérer son développement socio-économique. Les autorités tablent sur une contribution du secteur de 6 % au PIB d’ici 2028, contre 1,5 % en 2019.
Le gouvernement malgache a lancé, le jeudi 2 octobre, la première cohorte du programme « Skills4Job », destiné à doter les jeunes de compétences numériques clés pour mieux les préparer au marché du travail. Le programme a débuté avec 51 participants dans la ville portuaire de Toamasina et devrait progressivement s’étendre au reste du pays.
Selon Stéphanie Delmotte, ministre du Développement numérique, des Postes et des Télécommunications, cette formation gratuite vise à fournir aux participants les outils essentiels pour relever les défis du monde numérique de demain.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre des ambitions de transformation numérique du pays, définies dans le Plan stratégique quinquennal du numérique (PSN) 2023–2028. Le gouvernement souhaite faire de Madagascar un acteur majeur de l’économie numérique africaine, notamment à travers le développement des télécommunications, de l’e-gouvernement et de l’inclusion numérique. Selon la Banque mondiale, environ 230 millions d’emplois nécessiteront des compétences numériques en Afrique subsaharienne d’ici 2030 pour accompagner la transformation numérique du continent.
En septembre, la ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, Marie Marcelline Rasoloarisoa, avait indiqué l’objectif de former 40 000 personnes aux compétences numériques d’ici 2028. Par ailleurs, en février 2024, le pays avait signé une convention de partenariat avec les Émirats arabes unis pour former un million de jeunes aux nouvelles technologies.
À Madagascar, la situation de l’emploi des jeunes reste préoccupante. Plus de quatre Malgaches sur dix âgés de 18 à 35 ans déclaraient être au chômage et en recherche active d’emploi en 2024, selon Afrobarometer. La même source cite le manque de formation ou de préparation adéquate (30 %), le manque d’expérience (27 %) et l’inadéquation entre les qualifications scolaires et les exigences du marché (16 %) parmi les principaux obstacles à l’emploi.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La transformation numérique engagée au Sénégal touche tous les secteurs, y compris l’éducation. L’objectif visé est de moderniser les infrastructures scolaires et de préparer les jeunes générations aux exigences d’une économie numérique compétitive.
Le ministère de l’Éducation nationale a procédé, le vendredi 3 octobre, au lancement officiel de « PLANETE 3 », une plateforme numérique destinée à moderniser la gestion des écoles et établissements scolaires. Conçue et développée par des ingénieurs locaux, elle ambitionne de mettre fin à un système éducatif jugé fragmenté et cloisonné.
« PLANETE 3 n’est pas une simple évolution technologique. Elle incarne une rupture fondamentale et symbolise le passage irréversible vers une société éducative vivante, fluide, participative et connectée », a déclaré le ministre de l’Éducation nationale, Moustapha Guirassy (photo), lors de la cérémonie de lancement à Dakar.
Concrètement, la plateforme offre à chaque acteur du système éducatif une interface personnalisée. Elle intègre des fonctionnalités de suivi en temps réel des absences, des notes et des bulletins, ainsi que des outils d’accompagnement à distance pour les élèves en difficulté, développés avec l’appui de l’UNICEF. Des tableaux de bord intelligents permettront en outre aux responsables éducatifs, jusqu’au ministre, de disposer d’une visibilité nationale sur l’ensemble du système.
Ce lancement s’inscrit dans la dynamique de la Stratégie nationale du numérique pour l’éducation 2025-2029, d’un coût estimé à 130 milliards de francs CFA (environ 233 millions USD), dévoilée en janvier. Cette feuille de route vise à moderniser l’école sénégalaise et à renforcer son attractivité. L’initiative intervient par ailleurs quelques jours après le lancement d’un vaste programme de formation de 105 000 enseignants au numérique et à l’intelligence artificielle, destiné à accompagner la mutation pédagogique du pays.
Pour les enseignants, PLANETE 3 promet un allègement des tâches administratives afin de libérer du temps pour l’innovation pédagogique. Les parents devraient également bénéficier d’une meilleure visibilité grâce aux notifications en temps réel, tandis que les élèves pourront être suivis de manière plus personnalisée, notamment en cas de difficultés scolaires. Pour l’administration, l’outil constitue un levier de pilotage et de prise de décision, contribuant à une gouvernance éducative plus efficace et inclusive.
Cependant, plusieurs défis subsistent pour garantir le succès de la plateforme. Les problèmes de connectivité, le manque d’équipements informatiques dans certains établissements et les risques de surcharge en période d’affluence devront être résolus pour assurer une utilisation fluide et équitable de l’outil à l’échelle nationale.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’Éthiopie a amorcé depuis 2023 la mise en place d’un système d’identité numérique à grande échelle. La Zambie entend s’appuyer sur cette expérience pour moderniser ses infrastructures, améliorer l’accès aux services publics et renforcer l’inclusion sociale et économique.
La Zambie et l’Éthiopie ont annoncé le jeudi 2 octobre la signature d'un protocole d’accord pour collaborer au déploiement de systèmes d’identité numérique nationaux. L’accord, conclu dans le cadre de la Commission permanente mixte de coopération entre les deux pays, vise à améliorer l’accès des citoyens aux services essentiels tout en renforçant la transparence et la responsabilité publique.
Le partenariat prévoit un transfert d’expertise de l’Éthiopie vers la Zambie, notamment en matière d’enrôlement biométrique, de normes ouvertes et de systèmes interopérables. La Zambie pourra ainsi s’appuyer sur l’expérience éthiopienne pour accélérer la modernisation de ses infrastructures d’identification.
L’Éthiopie a pris une longueur d’avance avec son programme national Fayda, lancé en 2023, qui ambitionne de fournir une identité numérique sécurisée à l’ensemble de la population. Plus de 25 millions de citoyens ont déjà été enrôlés, avec un objectif de 90 millions d’inscriptions d’ici 2027.
En Zambie, les efforts sont plus récents mais significatifs. Le pays a numérisé 81 % de ses anciennes cartes d’identité papier en seulement trois mois en 2024. Toutefois, des défis demeurent, notamment le faible taux d’enregistrement des naissances, estimé à 14 % en 2024, ce qui limite la couverture effective des systèmes d’identité.
Au-delà de l’amélioration des services publics, ce partenariat pourrait également stimuler l’inclusion financière et sociale. La Commission économique pour l’Afrique (UNECA) estime qu’un système d’identité numérique bien conçu pourrait générer une valeur équivalente à 3 à 7 % du PIB dans les pays africains, en réduisant les coûts administratifs et en facilitant l’intégration des citoyens dans l’économie formelle. Pour la Zambie comme pour l’Éthiopie, ce projet pourrait donc constituer un levier majeur de développement.
Cette coopération s’inscrit aussi dans la vision de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, qui promeut des solutions numériques locales pour favoriser l’intégration régionale et le développement durable. En se dotant d’identités numériques interopérables, les deux pays posent les bases d’écosystèmes inclusifs capables de stimuler l’économie et de renforcer la confiance entre citoyens et institutions.
Si elle est menée à bien, l’initiative pourrait positionner la Zambie et l’Éthiopie à l’avant-garde de la transformation numérique en Afrique. Mais plusieurs défis persistent : assurer la protection des données personnelles, garantir l’interopérabilité entre plateformes, éviter l’exclusion des populations rurales ou peu connectées, et mobiliser des financements durables pour déployer et entretenir ces systèmes à grande échelle.
Samira Njoya
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Pour accompagner les ambitions de transformation numérique, les autorités sénégalaises multiplient les initiatives de renforcement des capacités. En août dernier, une formation au numérique avait déjà été organisée à l’intention des députés.
Le ministère de l’Éducation nationale (MEN) du Sénégal a lancé officiellement, le mardi 30 septembre, un programme national de formation des enseignants au numérique et à l’intelligence artificielle (IA). Couplée à la remise d’ordinateurs aux élèves des séries scientifiques, cette initiative marque, selon les autorités, le démarrage opérationnel de la Stratégie du Numérique pour l’Éducation 2025–2029, d’un coût de 130 milliards de francs CFA (environ 233 millions USD), dévoilée en janvier.
Le programme est le fruit d’un accord de partenariat signé en mars 2025 entre le MEN et le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Il cible 105 000 enseignants et agents administratifs afin qu’ils puissent intégrer pleinement les outils numériques et l’IA dans leurs pratiques pédagogiques et administratives.
Entièrement en ligne, la formation devrait être accessible depuis un ordinateur, une tablette ou un smartphone connecté à Internet. Elle intègre des contenus interactifs, des modules d’auto-apprentissage et des évaluations certifiantes. Elle doit permettre aux enseignants d’adapter leurs pratiques pédagogiques aux évolutions technologiques ; d’utiliser des ressources numériques pour enrichir l’apprentissage ; de sensibiliser les élèves aux enjeux du numérique et de l’IA ; de maîtriser les notions de cybersécurité et de protection des données dans le cadre scolaire.
« L’objectif final de cette initiative est d’intégrer les outils numériques au sein même de la salle de classe, non seulement pour moderniser l’enseignement, mais aussi pour créer un écosystème éducatif adapté aux exigences du XXIᵉ siècle. Ce programme ne se limite pas à la formation des enseignants : il s’agit d’un changement de paradigme qui permettra aux élèves sénégalais de ne pas être de simples consommateurs de technologies, mais d’en devenir les créateurs et innovateurs », avait alors déclaré le MEN.
La mise en œuvre effective de cette formation reste conditionnée par plusieurs facteurs. L’accès à un appareil compatible, le coût de la connexion, la maîtrise des outils numériques ou encore la couverture télécom demeurent autant d’obstacles. En 2023, près de 40 % des Sénégalais n’avaient pas accès à Internet, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT).
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Comme de nombreux pays africains, le Sénégal fait de la transformation numérique une priorité pour son développement. Le gouvernement multiplie les efforts pour assurer la bonne mise en œuvre du « New Deal Technologique ».
Le jeudi 2 octobre, Ousmane Sonko (photo, au centre), Premier ministre du Sénégal, a procédé à l’installation officielle du Conseil national du numérique (CNN). Ce collège, composé de 20 experts issus du secteur public, du secteur privé et de la société civile, aura pour mission d’accompagner la transformation numérique du pays.
Selon le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, le CNN doit éclairer les décisions de l’État sur les grandes orientations technologiques, formuler des recommandations stratégiques pour les politiques publiques numériques, soutenir la mise en œuvre de projets structurants, encourager l’innovation et la création d’entreprises, renforcer une économie numérique créatrice d’emplois, et promouvoir l’inclusion numérique, la cybersécurité ainsi que la protection des données personnelles.
« Ce Conseil est appelé à jouer un rôle décisif dans la construction d’un Sénégal numérique inclusif, innovant et souverain, à l’horizon 2050 », a déclaré le ministère dans un communiqué publié sur sa page Facebook.
La mise en place du Conseil national du numérique s’inscrit dans le cadre du « New Deal Technologique », lancé en février dernier. Ce plan, dont la mise en œuvre est estimée à 1105 milliards de francs CFA (environ 2 milliards de dollars), vise à établir le pays en tant que hub numérique régional et international d'ici 2034, renforçant ainsi sa position sur la scène technologique africaine. Le pays veut faire de l’innovation technologique un levier de son développement socio-économique, avec une contribution du secteur numérique à au moins 15 % du PIB au cours des dix prochaines années.
Les axes structurants du « New Deal Technologique » comprennent l’accès universel à Internet pour réduire la fracture numérique, la mise en place d’une identité numérique biométrique et la modernisation des services publics, le développement d’un cloud souverain pour sécuriser les données de l’État et des citoyens, la digitalisation de l’administration à travers l’e-ID, l’e-signature et l’e-paiement, ainsi que le renforcement des partenariats stratégiques afin de garantir une connectivité haut débit sur l’ensemble du territoire.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Face à la montée des nouvelles technologies, la formation spécialisée devient un enjeu crucial pour l’employabilité des jeunes en Tunisie. La nouvelle base de Sfax prépare les talents aux métiers du futur, alliant robotique, IoT et systèmes industriels intelligents.
Le gouvernorat de Sfax en Tunisie a inauguré le mardi 30 septembre une nouvelle base de formation spécialisée dans le domaine de l’industrie intelligente 4.0. Ce centre ambitionne de préparer les jeunes aux métiers liés à la transformation numérique de l’industrie et de renforcer leur employabilité sur un marché en pleine mutation.
🇨🇭 & 🇹🇳, des partenaires 🤝 de longue date dans la formation professionnelle. Heureux d’inaugurer à Sfax, en présence des autorités et des partenaires techniques, une plateforme "Industrie 4.0" pour renforcer l’employabilité des jeunes dans le cadre de #TAKWEEN soutenu par la 🇨🇭 pic.twitter.com/u4oqItixfI
— Ambassadeur Josef Renggli (@AmbSuisseTunis) September 30, 2025
Elyes Chérif, directeur général de l’Agence tunisienne de la formation professionnelle (ATFP), a souligné que ce projet répond directement à l’évolution des besoins des entreprises tunisiennes, confrontées à l’automatisation et à la digitalisation croissante de leurs procédés. « L’objectif est d’outiller les jeunes avec des compétences pointues qui correspondent aux exigences de l’industrie 4.0 et de leur offrir de meilleures perspectives d’intégration professionnelle », a-t-il déclaré.
La nouvelle structure accueillera une première promotion de 13 apprenants, sélectionnés pour suivre des programmes axés sur l’automatisation, l’Internet des objets, la robotique et la maintenance des systèmes industriels intelligents. Ce laboratoire est le quatrième du genre en Tunisie, après ceux de Sidi Thabet (Ariana), Monastir et Sousse.
Le programme s’inscrit dans le cadre du programme « Takween », lancé en 2020, qui adopte une approche innovante de la formation professionnelle en alternance. Soutenu par la Suisse, il vise à renforcer l’employabilité des diplômés du supérieur, en particulier ceux issus de la formation professionnelle, et à aligner les compétences des jeunes Tunisiens sur les standards de la quatrième révolution industrielle.
Ce type d’initiative répond à un besoin urgent en Afrique. Selon les prévisions de la Banque africaine de développement, d’ici 2030, plus de 30 millions de jeunes Africains entreront chaque année sur le marché du travail. En Tunisie, pays à la population jeune et dont le tissu industriel est en pleine mutation, ces laboratoires visent à combler le déficit de compétences et à stimuler l’innovation locale.
Grâce à cette base, la Tunisie ambitionne de former un vivier de talents capable de relever les défis de la révolution numérique, de favoriser l’émergence de start-up technologiques et de contribuer au développement de l’industrie intelligente, tant au niveau national que régional.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La disponibilité de contenus numériques pertinents est l’un des principaux facteurs d’adoption et d’utilisation de l’Internet mobile. Au Ghana, environ 70 % de la population utilisaient Internet au début de l’année 2025, selon DataReportal.
Au Ghana, TikTok prévoit une formation pour renforcer les compétences des créateurs de contenus le 12 octobre. L’initiative a été révélée par Samuel Nartey George, ministre de la Communication, des Technologies numériques et de l’Innovation, en début de semaine, lors d’une rencontre avec les membres de la New Media Association of Ghana, de la Ghana Bloggers Association et des créateurs de contenu indépendants.
Ciblant 120 créateurs de contenus, la formation sera dispensée par une équipe technique de TikTok venue d’Afrique du Sud. Elle portera sur l’optimisation de la plateforme afin d’améliorer leur engagement, leur portée et leur monétisation.
« C’est la première fois qu’un gouvernement au Ghana facilite un engagement direct de TikTok avec les créateurs locaux. La formation vous donnera des connaissances pratiques sur le fonctionnement des algorithmes, accroître votre engagement et monétiser efficacement », a déclaré Samuel Nartey George.
Cette initiative s’inscrit dans la volonté du gouvernement de soutenir l’industrie créative numérique en plein essor. Début septembre, la Ghana Commercial Bank (GCB) a proposé un mécanisme pour permettre aux créateurs de TikTok de recevoir leurs revenus de manière transparente et sécurisée. Grâce à son réseau étendu et à sa connectivité avec MasterCard, Visa, les portefeuilles mobile money et les comptes bancaires, la GCB se présente comme la passerelle de paiement la mieux placée pour faciliter les retraits et gérer les revenus issus des cadeaux aux créateurs.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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