En 2024, les réseaux 3G et 4G couvraient respectivement 98,3 % et 93,7 % de la population ivoirienne, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT). La 5G, elle, n’a pas encore été déployée commercialement dans le pays.
Le ministère ivoirien de la Transition numérique et de la Digitalisation pilote jusqu’au jeudi 25 septembre 2025 la 2ᵉ phase du Programme national de connectivité rurale (PNCR), avec l’appui de l’Autorité de régulation des télécommunications/TIC de Côte d’Ivoire (ARTCI). Cette étape qui vise à connecter 30 nouvelles localités à l’Internet haut débit, a démarré dans la région du Worodougou où les villages de Yanfissa, Kangana, Kognimansso et Dougbe sont déjà pourvus.
Les régions du Kabadougou, des Grands-Ponts, de la Nawa, du Sud-Comoé, du Nzi, du Guémon, du Cavally, du Poro et du Tchologo sont les prochaines ciblées. L’objectif est de réduire la fracture numérique entre zones urbaines et rurales et de faciliter dans ces dernières l’accès à l’éducation, la santé, le commerce, ainsi que l’inclusion sociale et financière.
« La connectivité rurale est fondamentale dans la vision de la transformation sociale et numérique de la Côte d'Ivoire du Président de la République, Alassane Ouattara : Il voit les technologies et l'innovation comme l'outil par excellence pour accélérer le développement économique et social. C'est porteur de ce projet social du gouvernement que le ministère met en place ce programme national pour assurer que tout citoyen sans considération de la zone où il vit, ait un accès aisé à l'Internet haut débit et aux services du numérique » a indiqué le ministre Kalil Konaté.
Le PNCR s’inscrit aussi dans un plan plus large des autorités ivoiriennes pour faire du pays un hub numérique régional. Selon la plateforme DataHub de l’Union internationale des télécommunications (UIT), le taux de pénétration d’Internet s'y élève à 52,7% en milieu urbain, contre seulement 24,6% dans les zones rurales. Cette disparité se reflète également dans l'accès des ménages à Internet à domicile, avec 85,7% pour les ménages urbains contre 57,7% à la campagne.
À terme, le programme devrait réduire le gap entre les milieux ruraux et urbains en matière de connectivité, renforcer l’inclusion digitale et favoriser le développement économique local dans des zones jusque-là numériquement isolées. Il pourrait aussi stimuler l’entrepreneuriat, améliorer l’accès aux services publics en ligne et préparer les populations rurales à mieux s’intégrer à l’économie numérique nationale.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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Le numérique est perçu comme l’un des principaux leviers de croissance économique de l’Afrique. Selon une étude conjointe de l’IFC et de Google, l’économie numérique continentale pourrait atteindre 712 milliards USD en 2050, soit 8,5 % du PIB continental.
Le Ghana pourrait générer plus de 40 milliards GHS (3,4 milliards USD) et près de 500 000 emplois d’ici 2029 grâce à la numérisation de son économie, selon le rapport « Driven Digital Transformation of the Economy in Ghana » présenté le 3 septembre à Accra par la GSMA. Le document identifie cinq secteurs stratégiques – agriculture, industrie, commerce, transports et administration publique – comme leviers essentiels pour stimuler la croissance et accroître les recettes fiscales.
L’agriculture apparaît comme le secteur le plus porteur, avec un potentiel estimé à 10,5 milliards GHS et 190 000 emplois grâce à l’agriculture de précision et aux services mobiles de vulgarisation. L’industrie présente également un fort potentiel : l’adoption du cloud, de l’intelligence artificielle et de l’automatisation pourrait générer 15 milliards GHS, créer 110 000 emplois et rapporter 2,6 milliards GHS de recettes fiscales supplémentaires.
La modernisation de l’administration, notamment dans le recouvrement fiscal, pourrait augmenter les recettes de 5,8 milliards GHS, en limitant les pertes fiscales et en améliorant l’efficacité des services publics. Le commerce électronique et les plateformes numériques devraient contribuer à hauteur de 5,1 milliards GHS et 60 000 emplois, tandis que la numérisation des transports et de la logistique offrirait un apport de 4,3 milliards GHS et 80 000 postes.
Cette dynamique s’inscrit dans un effort plus large déjà amorcé par les autorités. Le Ghana a lancé cette année le programme RESET, un cadre national visant à créer une « économie numériquement inclusive et fondée sur les données ». Parmi les mesures concrètes : l’abrogation de la taxe sur les transferts électroniques, le lancement du programme One Million Coders pour former de jeunes développeurs, et l’élaboration d’une stratégie numérique globale. Une stratégie nationale d’intelligence artificielle est annoncée pour les prochains jours.
L’industrie mobile, déjà un moteur majeur de l’économie, représente 8 % du PIB, soit 94 milliards GHS. Malgré une couverture 4G de 99 %, 62 % des capacités restent sous-exploitées. Cette dynamique montre que le Ghana dispose d’infrastructures solides sur lesquelles il peut s’appuyer pour accélérer sa transformation numérique, notamment grâce au mobile money et à l’expansion de l’accès à Internet, dont le coût reste accessible, à hauteur de 1,5 % du revenu par habitant.
Cependant, des défis subsistent. La concentration du marché mobile, dominé par MTN, qui concentre plus de 75 % des abonnés, limite la concurrence et freine l’innovation. L’expansion des infrastructures dans les zones rurales, la modernisation du spectre et du Fonds de service universel, ainsi que la clarification des cadres réglementaires, sont nécessaires pour attirer des investissements privés durables. La réussite du plan GSMA et l’atteinte des 40 milliards GHS dépendent de la capacité du Ghana à équilibrer l’accès aux technologies, à stimuler la concurrence et à intégrer pleinement les secteurs stratégiques dans l’économie numérique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En Algérie, la jeunesse est appelée à jouer un rôle central dans la transformation numérique du pays. Les programmes en cours visent à renforcer leurs compétences et à stimuler l’innovation et la créativité dans le secteur digital.
Le ministre de la Poste et des Télécommunications, Sid Ali Zerrouki (photo, à droite), et le ministre de la Jeunesse, Mustapha Hidaoui (photo, à gauche), ont tenu, le mercredi 10 septembre, une rencontre axée sur le renforcement de la coopération entre leurs deux départements. Cette initiative reflète la volonté des autorités de placer la jeunesse au cœur de la stratégie numérique nationale.
Les discussions ont porté sur la mise en place de programmes capables de renforcer les compétences des jeunes, tout en stimulant leur créativité et leur innovation. Les deux responsables ont insisté sur l’importance de projets concrets mobilisant l’expertise numérique et technologique du secteur des télécommunications, en synergie avec les dynamiques portées par les établissements de jeunesse.
Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la Stratégie nationale de transformation numérique 2030 (SNTN-2030), qui place le capital humain et l’inclusion numérique au cœur de ses priorités. Dans ce contexte, le gouvernement a déjà multiplié les initiatives pour accompagner les jeunes entrepreneurs, à travers des incubateurs, des formations et le développement de start-up. Les autorités souhaitent désormais étendre cette dynamique aux structures de jeunesse afin d’en faire des vecteurs d’inclusion et d’innovation.
À l’issue de la réunion, il a été annoncé qu’une convention-cadre sera bientôt signée. Sa mise en œuvre devrait se traduire par la création de nouveaux espaces numériques dédiés aux jeunes, un meilleur accompagnement dans la transition numérique et une participation renforcée de cette catégorie de la population au processus de modernisation du pays. Elle permettra également de stimuler l’innovation, d’encourager l’entrepreneuriat et de renforcer le rôle des jeunes comme acteurs clés du développement numérique national.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Malgré un contexte politique et économique difficile, la Palestine cherche à relancer son secteur numérique. Avec la Tunisie, déjà bien avancée dans les TIC, elle envisage une coopération qui pourrait ouvrir de nouvelles perspectives de modernisation et d’innovation.
La Tunisie et la Palestine souhaitent intensifier leur coopération dans les technologies de l’information et de la communication (TIC) ainsi que dans le secteur postal. Cette volonté a été réaffirmée lors d’une rencontre, le mardi 9 septembre à Tunis, entre Sofiene Hemissi, ministre tunisien des Technologies de la communication, et Houda Wahidi, vice-ministre palestinienne des Télécommunications et de l’Économie numérique, en présence de l’ambassadeur de Palestine, Rami Qaddoumi.
Les discussions ont porté sur le développement de la coopération bilatérale, avec un accent particulier mis sur les échanges de compétences, la formation et le partage d’expertise technique. Les deux parties ont également exprimé leur intérêt pour une collaboration entre start-up tunisiennes et palestiniennes, afin de dynamiser l’innovation et renforcer la compétitivité de leurs écosystèmes numériques.
Ce rapprochement s’inscrit dans la vision des deux pays de consolider leurs secteurs numériques et d’en tirer parti pour diversifier leurs économies. Déjà bien positionnée, la Tunisie figure parmi les pays les mieux classés du continent. Selon le dernier rapport de l’Union internationale des télécommunications (UIT), publié en juillet 2025, elle occupe la 9ᵉ place africaine avec un indice de développement des TIC de 79,6 sur 100. La Palestine, freinée par des contraintes structurelles, affiche néanmoins un indice de 69,1, révélant un potentiel de convergence.
Un partenariat effectif entre les deux pays pourrait générer plusieurs retombées. Pour la Palestine, il s’agirait d’améliorer l’accès aux services numériques dans les écoles, les administrations et les zones rurales, contribuant à réduire la fracture numérique. Pour la Tunisie, cette coopération représente une opportunité d’exporter son savoir-faire technologique, d’élargir ses débouchés vers le Moyen-Orient et de consolider son écosystème de start-up en les confrontant à des contextes nouveaux et exigeants.
Toutefois, les discussions restent à un stade préliminaire. Les orientations générales ont été esquissées, mais les modalités précises de la coopération n’ont pas encore été définies et aucun accord officiel n’a pour l’instant été signé.
Samira Njoya
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L’Égypte et la Corée du Sud sont liées depuis trois décennies par des relations bilatérales. Les deux pays ont récemment décidé d’élargir leur coopération à l’éducation numérique, avec l’ambition de moderniser l’enseignement et de préparer les jeunes aux défis technologiques.
La Corée du Sud a annoncé, lundi 8 septembre au Caire, un projet de 15 millions USD destiné à moderniser l’éducation en Égypte. L’annonce a été faite lors d’une rencontre entre l’ambassadeur coréen en Égypte, Kim Yonghyon (photo, à gauche), et le ministre égyptien de l’Éducation et de l’Enseignement technique, Mohamed Abdel-Latif (photo, à droite).
Prévu pour démarrer officiellement en 2027, ce projet quinquennal couvrira 54 collèges publics répartis dans les 27 gouvernorats du pays. Il prévoit la mise en place de programmes pédagogiques intégrant les TIC, le renforcement des compétences numériques des enseignants, l’amélioration des infrastructures telles que les laboratoires informatiques et la connectivité Internet, ainsi que la mise à niveau des systèmes administratifs et d’évaluation. Des études préparatoires seront menées tout au long de l’année 2026 afin de définir les besoins techniques et pédagogiques.
Ce partenariat s’inscrit dans le prolongement de 30 années de relations diplomatiques entre l’Égypte et la Corée du Sud. Outre l’éducation, les deux pays coopèrent déjà dans les domaines de l’industrie, de l’énergie et des infrastructures.
Au-delà de la coopération bilatérale, cette initiative s’inscrit dans un contexte continental. L’Union africaine a fait de l’éducation numérique une priorité de son Agenda 2063, visant à doter la jeunesse africaine des compétences nécessaires à l’économie mondiale du savoir. L’Égypte, par sa taille démographique et son rôle géopolitique, pourrait devenir un pôle régional de référence. La Corée, reconnue comme pionnière mondiale en matière d’éducation numérique et d’intégration des TIC dans l’enseignement, partage déjà son savoir-faire dans plusieurs pays via les programmes de coopération de la KOICA et des partenariats EdTech.
À l’heure où l’intelligence artificielle et les technologies numériques transforment le marché du travail et les modes de vie, la capacité d’un pays à former sa jeunesse aux compétences numériques devient un facteur déterminant de compétitivité. En s’associant à la Corée, l’Égypte espère doter ses nouvelles générations d’outils pédagogiques modernes, tout en préparant le terrain pour une meilleure intégration du pays dans l’économie mondiale du savoir.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Après avoir ouvert une antenne au Canada il y a un an, l’Université Mohammed VI Polytechnique poursuit son expansion internationale, cherchant à créer de nouvelles opportunités pour le continent africain et sa jeunesse ambitieuse.
L’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) du Maroc a annoncé, lundi 8 septembre, l’inauguration officielle de son Global Hub aux États-Unis, basé à New York et Cambridge. Cette nouvelle antenne vise à connecter les talents africains aux grands écosystèmes internationaux de recherche, d’innovation et d’entrepreneuriat.
« L’objectif de ce nouveau pôle est de répondre directement aux défis urgents du Maroc et de l’Afrique en combinant une recherche scientifique rigoureuse avec des solutions pratiques et évolutives, permettant au Royaume de construire des voies vers la souveraineté technologique », a déclaré Said Hicham El Habti, président de l’UM6P.
Le Global Hub U.S. est conçu comme une plateforme bidirectionnelle. Il entend faciliter les projets de recherche conjoints, les échanges d’étudiants et les collaborations entrepreneuriales transfrontalières. Il ouvre également aux start-up africaines un accès privilégié au capital-risque et aux réseaux technologiques nord-américains, tout en facilitant l’adaptation d’innovations développées aux États-Unis aux réalités locales africaines. Le centre prévoit aussi des programmes d’immersion destinés à renforcer la formation et l’exposition des dirigeants africains à l’innovation internationale.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie d’expansion internationale de l’UM6P, déjà illustrée par l’ouverture récente de campus au Canada et en France. Elle s’inscrit également dans la volonté du Royaume de renforcer son rôle de point d’ancrage africain pour la recherche et l’investissement scientifique.
Depuis sa création en 2017, l’UM6P a accueilli près de 7300 étudiants de 40 nationalités, dont 1000 doctorants. Son écosystème entrepreneurial a déjà soutenu plus de 1000 porteurs de projets et développé plus de 200 partenariats internationaux, notamment avec le MIT, Stanford, la Columbia Business School et l’Université d’État de l’Arizona. L’ouverture du Global Hub U.S. renforce cette mission en intégrant la diaspora africaine comme ressource stratégique pour co-développer des projets innovants entre les deux continents.
Au-delà de la coopération académique, le Global Hub américain de l’UM6P entend répondre à trois faiblesses structurelles de l’écosystème africain de l’innovation : une visibilité encore restreinte sur les circuits mondiaux de recherche, une mobilisation insuffisante de la diaspora comme levier stratégique, et la difficulté à traduire les avancées technologiques internationales en solutions concrètes adaptées aux réalités locales. Le défi sera désormais de convertir cette ambition en résultats tangibles et inclusifs, capables d’apporter une réelle valeur ajoutée aux sociétés africaines.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les États africains se tournent de plus en plus vers des plateformes centralisées pour leurs services numériques. Le Nigeria, par exemple, a annoncé la semaine dernière le lancement de la plateforme 1Gov Cloud, visant à instaurer une administration sans papier d’ici la fin de l’année.
L’Agence d’État des technologies de l’information (SITA) d’Afrique du Sud a annoncé tester une super-application gouvernementale destinée à faciliter l’accès des citoyens aux services publics. Baptisée « Citizen Super-App », l’application a été présentée par Gopal Reddy, directeur général par intérim de la SITA, lors de la 16e édition de la conférence GovTech, qui se tient du lundi 8 au mercredi 10 septembre, selon la presse locale.
M. Reddy explique que la plateforme permettra aux citoyens d’accéder facilement aux services gouvernementaux, de suivre leurs demandes et requêtes, de recevoir des mises à jour et notifications en temps réel, et d’interagir avec les départements via des outils en libre-service. Elle vise également à simplifier la vérification d’identité, à dématérialiser les formulaires administratifs, à intégrer des services de paiement numérique et à faciliter l’échange de données.
Le développement de cette application s’inscrit dans le cadre des ambitions de transformation numérique des autorités sud-africaines, portées notamment par la SITA. Dans son plan stratégique pour 2025–2030, l’agence fait de la modernisation du gouvernement par le numérique un pilier central, visant plus d’efficacité et de transparence.
Selon le document stratégique, « cela inclut des initiatives telles que le déploiement à grande échelle de l’innovation numérique, la création de cas d’usage de l’intelligence artificielle, et le lancement de nouveaux produits et services numériques comme la Citizen Super-App. L’accent est mis sur la modernisation des systèmes gouvernementaux, l’amélioration de la connectivité nationale, l’expansion des capacités cloud et des centres de données, ainsi que le renforcement de la cybersécurité grâce à un Centre de cybersécurité centralisé (CSC) ».
Il convient toutefois de rappeler que la plateforme est encore en phase pilote et que peu d’éléments ont été précisés sur le calendrier de sa mise en œuvre effective. Par ailleurs, l’adoption de la Citizen Super-App dépendra de l’accès des populations à Internet et à des appareils compatibles, notamment dans les zones rurales. Selon les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT), environ 24 % de la population sud-africaine restait non connectée en 2023.
Isaac K. Kassouwi
Portée par une jeunesse connectée et créative, la création de contenu numérique devient un moteur stratégique pour l’économie kényane. Les autorités veulent en faire un pilier de la transformation numérique, en offrant aux créateurs de meilleures opportunités de monétisation.
Le ministère de l’Information, des Communications et de l’Économie numérique du Kenya a annoncé, lundi 8 septembre, un nouvel engagement en faveur des créateurs de contenu numérique. L’initiative vise à faciliter la monétisation de leurs productions grâce à des partenariats stratégiques avec des plateformes numériques comme Meta et Google, tout en renforçant l’accès aux outils de formation et aux programmes de soutien pour les jeunes talents.
The Ministry of Information, Communications and The Digital Economy is committed to supporting creators to monetize their content in a concerted effort to grow the Digital Economy. pic.twitter.com/aOKK4FNA5C
— Ministry of Info, Comms & The Digital Economy KE (@MoICTKenya) September 8, 2025
Selon le secrétaire principal à l’Économie numérique et aux TIC, John Tanui (photo, au centre), le gouvernement déploie plusieurs actions concrètes pour accélérer la transformation numérique, notamment l’extension du réseau de fibre optique, la création de pôles numériques, l’installation de points d’accès Wi-Fi publics et la mise en place de politiques adaptées. L’objectif est d’offrir aux créateurs un environnement favorable à la croissance de leurs activités, tout en renforçant la sécurité et la fiabilité des outils utilisés.
Cette décision s’inscrit dans le cadre de la « Digital Super Highway », pilier de la stratégie numérique nationale. Le programme entend moderniser l’infrastructure technologique du pays et stimuler des secteurs connexes comme la création de contenu, considérée comme un moteur clé de diversification économique. À l’échelle continentale, l’économie des créateurs de contenu est estimée à 5,1 milliards USD en 2025 et pourrait atteindre près de 30 milliards USD d’ici 2032, selon le cabinet Coherent Market Insights.
En misant sur ses créateurs numériques, Nairobi espère dynamiser son économie numérique et générer de nouvelles opportunités de revenus pour sa jeunesse. Mais cette ambition devra composer avec plusieurs défis persistants, notamment le piratage de comptes, une fiscalité jugée trop lourde, la démonétisation et la dépendance aux grandes plateformes étrangères.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La transformation numérique est une priorité des autorités nigérianes pour stimuler le développement socio-économique du pays. Elle concerne tous les secteurs, y compris l’administration publique.
Le gouvernement nigérian a lancé la mise en œuvre de sa plateforme 1Government Cloud (1Gov Cloud) afin d’instaurer une administration sans papier au sein des ministères, départements et agences (MDA). Cette initiative s’inscrit dans le cadre des ambitions de transformation numérique du pays, visant une administration entièrement numérique d’ici fin décembre 2025.
La plateforme 1Gov Cloud centralise plusieurs outils numériques pour moderniser la gouvernance. Elle intègre notamment GovDrive pour la gestion sécurisée des fichiers avec chiffrement et stockage sur un cloud souverain, GovECMS pour automatiser les flux de travail et les interactions entre MDAs, GovMail pour des communications sécurisées réservées au gouvernement, GovE-Sign pour des signatures électroniques légalement reconnues, GovConference pour des visioconférences et audioconférences cryptées, GovOTP pour l’authentification sécurisée par mot de passe à usage unique, GovAsset Management pour un registre unifié des actifs gouvernementaux, et GovCollaboration Tools pour le chat, le partage de documents et la coordination inter-agences.
« L’initiative d’administration sans papier éliminera les goulots d’étranglement bureaucratiques en rationalisant les processus d’approbation et la communication inter-agences. Elle permettra de réduire considérablement les coûts liés à l’impression, au stockage et à la distribution des fichiers physiques, tout en améliorant la transparence et la responsabilité dans la prestation des services publics », a expliqué Wumi Oghoetuoma, directeur du programme 1Gov Cloud, dans des propos rapportés par Nairametrics.
Cette initiative illustre la volonté des autorités nigérianes de faire du numérique un pilier du développement socio-économique, avec une contribution des TIC estimée à 21 % du PIB d’ici 2027. Ces derniers mois, l’exécutif a multiplié les actions pour renforcer la cybersécurité, former les citoyens et les fonctionnaires aux outils numériques et développer les infrastructures numériques.
Pour rappel, une étude conjointe de la Société financière internationale (SFI) et de Google prévoit que l’économie numérique en Afrique atteindra au moins 712 milliards de dollars en 2050, soit 8,5 % du PIB continental. Selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA), le gouvernement numérique pourrait également générer 814 milliards de nairas de recettes fiscales supplémentaires pour le Nigeria d’ici 2028.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Face aux défis du numérique, les coopérations bilatérales s’imposent comme un levier stratégique pour mutualiser les compétences, stimuler l’innovation et bâtir des écosystèmes inclusifs.
Le Nigeria et le Cap-Vert ont lancé, la semaine dernière à Abuja, le Corridor africain numérique (CAD), une initiative destinée à renforcer leurs liens dans les domaines du numérique, du commerce et de l’innovation. Ce projet marque une étape stratégique, en définissant des priorités de coopération autour de l’intelligence artificielle, de l’autonomisation des jeunes et du développement bilatéral.
« Cette initiative démontre que la diplomatie de l’innovation peut produire des résultats tangibles. Lorsque les gouvernements, les innovateurs et le secteur privé collaborent, des programmes concrets et des partenariats se concrétisent », a déclaré Christiana Onoja (photo, à droite), cofondatrice et PDG de SheCode.ai, l’organisation à l’origine du projet.
Concrètement, le corridor numérique prévoit, à travers le programme « Code the Future – Cabo Verde Rising », de former plus de 500 élèves du secondaire sur trois îles aux compétences en codage, intelligence artificielle et innovation numérique. Le programme entend également fournir des outils STEM en langue lusophone, proposer des formations pédagogiques pour les enseignants et s’achever par une vitrine nationale mettant en valeur les projets des jeunes.
Mais au-delà de l’éducation, le CAD repose sur un double socle : le développement du capital humain et la modernisation des infrastructures. Pour le Nigeria, première économie du continent, le numérique représente déjà environ 18 % du PIB et constitue un pilier de diversification économique. Le Cap-Vert, de son côté, voit dans le numérique un levier de compétitivité et d’intégration régionale. Avec un taux de pénétration d’Internet estimé à 73,5 % en début 2025, l’archipel entend capitaliser sur sa stratégie d’économie numérique agile et sur des infrastructures comme le TechPark CV, zone technologique spéciale.
La coopération bilatérale sera consolidée par une mission Nigeria–Cap-Vert Business and Innovation, attendue à Praia au quatrième trimestre 2025. Elle vise à relier 20 à 25 entreprises nigérianes avec des partenaires cap-verdiens dans des secteurs clés, dont le numérique, les énergies renouvelables et le tourisme.
À terme, le corridor devrait renforcer l’inclusion numérique, favoriser l’essor des start-up locales, soutenir l’innovation dans des secteurs stratégiques et établir des passerelles durables entre l’éducation, la technologie et l’économie. Toutefois, sa réussite dépendra de la capacité des deux pays à maintenir l’investissement, à assurer la connectivité et à adapter leurs infrastructures aux besoins locaux.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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A travers ces réformes et investissements, le gouvernement gabonais souhaite renforcer la compétitivité du pays, moderniser les services publics et faire du numérique un moteur de croissance économique.
Le Gabon s’est doté d’un cadre légal afin d’encadrer et d’accélérer la transformation numérique de son administration. L’ordonnance, promulguée par le président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema (photo) et publiée au Journal officiel n°81 du 1er au 7 septembre 2025, marque une nouvelle étape dans la stratégie nationale de digitalisation des services publics.
Selon le texte, la réforme vise à améliorer l’efficacité et la transparence de l’action publique, à lutter contre la corruption grâce à la traçabilité des procédures, et à renforcer la croissance économique par l’innovation numérique. Elle entend également garantir un accès équitable et universel aux services numériques sur l’ensemble du territoire.
Le cadre légal repose sur plusieurs principes directeurs : l’universalité d’accès aux technologies, l’interopérabilité des systèmes, la sécurité et la confidentialité des données, ainsi que l’inclusion numérique pour réduire la fracture numérique. Le gouvernement prévoit par ailleurs une implication renforcée du secteur privé national, avec un mécanisme de préférence nationale dans l’attribution des marchés publics liés à la digitalisation.
Avec un rang modeste de 174ᵉ sur 193 pays et un indice de développement du gouvernement électronique (EGDI) de 0,5741 selon l’ONU, le Gabon entend combler son retard et rejoindre le peloton des pays africains moteurs de la gouvernance numérique. Une ambition qui s’inscrit dans la volonté des autorités de bâtir un Gabon « souverain sur le plan numérique », selon le ministère de l’Économie numérique, de la Digitalisation et de l’Innovation.
L’initiative devrait permettre de dynamiser l’écosystème local, stimuler la création d’emplois et attirer de nouveaux investissements dans un secteur considéré comme l’un des leviers majeurs de diversification économique du pays.
Samira Njoya
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Le pays prévoit d’investir 1,5 milliard USD d’ici 2030 pour accélérer sa transformation numérique, notamment par la dématérialisation des services publics. Ce projet soulève toutefois la question de la capacité des agents publics à utiliser efficacement les plateformes numériques qui seront mises en place.
Le gouvernement tchadien souhaite renforcer sa coopération avec l’Union internationale des télécommunications (UIT) pour développer les compétences numériques de ses jeunes cadres. La question a été abordée à l’occasion du Colloque mondial des régulateurs 2025 (GSR-25), tenu du dimanche 31 août au mercredi 3 septembre en Arabie saoudite.
À cette occasion, Haliki Choua Mahamat (photo, à droite), directeur général de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), s’est entretenu avec Doreen Bogdan-Martin (photo, à gauche), secrétaire générale de l’UIT. Tous deux ont insisté sur la nécessité d’investir dans la formation des jeunes professionnels, en particulier dans le secteur de la régulation, pour mieux accompagner la transformation numérique et la gestion des infrastructures stratégiques.
Cette initiative s’ajoute à d’autres démarches récentes du Tchad pour renforcer les capacités locales. Fin juillet, l’Agence de développement des technologies de l’information et de la communication (ADETIC) a conclu un accord-cadre avec l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE), basé à Ouagadougou. Ce partenariat prévoit notamment la formation de cadres tchadiens en intelligence artificielle et technologies émergentes. Un protocole distinct a également été signé entre l’École nationale supérieure des TIC (ENASTIC) et 2iE, ouvrant la voie à des échanges académiques et à la co-construction de programmes2.
Par ailleurs, du 4 au 14 août, une formation gratuite sur l’intelligence artificielle (IA), destinée à 2 000 jeunes âgés de 15 à 35 ans, a été organisée avec des partenaires comme l’UNESCO et la Banque mondiale. Cette initiative est présentée par les autorités tchadiennes comme une passerelle vers l’emploi, l’innovation et l’entrepreneuriat numérique, avec la création de start-up dans un contexte où environ 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030, selon la Banque mondiale.
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime qu’il est devenu nécessaire d’investir dans le développement des compétences des fonctionnaires, car les technologies numériques ont le potentiel de transformer l’administration, en facilitant la mise en œuvre de services plus accessibles et efficaces.
« La réalisation d’un gouvernement numérique, où la technologie est appliquée à la conception des processus, des politiques et des services répondant aux besoins des usagers, nécessite l’adoption de nouvelles méthodes de travail et de nouvelles compétences au sein de l’administration publique. Les gouvernements doivent promouvoir les aptitudes, les attitudes et les connaissances permettant aux fonctionnaires d’évoluer dans un environnement numérique, en intégrant les technologies numériques pour créer de la valeur publique », peut-on lire dans le rapport « Developing skills for digital government: A review of good practices across OECD governments », publié en février 2024.
Isaac K. Kassouwi
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En Afrique subsaharienne, 230 millions d’emplois nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030 selon la Banque mondiale. Dans ce contexte, le Ghana a lancé il y a quatre mois le programme One Million Coders.
Le gouvernement ghanéen explore les pistes de collaboration avec le secteur privé pour former la jeunesse au codage et aux compétences numériques. Samuel George, le ministre de la Communication, de la Technologie numérique et des Innovations, a discuté le jeudi 4 septembre avec une délégation de la société Code Raccoon, d’un programme de formation de 350 000 jeunes.
Le programme évalué à 4 millions d’euros (environ 4,7 millions USD) pour une durée de 3 mois sera complété par une formation annuelle en développement logiciel. Le cursus, qui a déjà été testé en Allemagne selon le ministère, mettra l’accent sur des compétences très demandées comme la programmation en Python et JavaScript, ainsi que sur des modules dédiés à l’intelligence artificielle et à la cybersécurité. Il vise à être homologué non seulement par l’État, mais aussi par les grandes entreprises technologiques mondiales.
« Cette initiative s’aligne sur notre vision nationale de création d’une main-d’œuvre numérique prête à saisir les opportunités offertes par l’économie pilotée par l’intelligence artificielle. Avec les bons partenariats, nous pouvons donner à notre jeunesse les moyens de prospérer tant au niveau local qu’international » a déclaré le ministre.
Ceci survient dans un contexte où le Ghana a lancé en avril One Million Coders un programme de quatre ans visant à former un million de Ghanéens aux compétences numériques essentielles, avec un accent particulier mis sur des disciplines clés comme le codage, la cybersécurité et l’analyse de données. Dans ce cadre, l’exécutif avait entamé des discussions avec l’entreprise technologique locale TECHAiDE, qui propose Asanka, un système de gestion de l’apprentissage (LMS) hors ligne fonctionnant via un dispositif sans fil.
Isaac K. Kassouwi
Edité par : Feriol Bewa
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Confrontés à des pertes de dossiers et à une gestion lourde du papier, les hôpitaux mauriciens amorcent une transition numérique. La numérisation des données médicales s’impose comme une solution pour fluidifier le suivi des patients et moderniser l’organisation des soins.
L’île Maurice poursuit sa stratégie de modernisation de ses services publics en misant sur la transformation numérique de son système de santé. Le gouvernement a engagé un vaste chantier visant à numériser la gestion des dossiers médicaux et à renforcer l’efficacité des soins. Cette réforme s’inscrit à la fois dans une logique d’innovation et dans la volonté d’améliorer la prise en charge des patients.
Baptisé « E-Health », le projet repose sur un principe simple : « un patient, un dossier ». Chaque citoyen disposera d’un fichier médical électronique unique, accessible dans l’ensemble des hôpitaux et centres de santé du pays. Le déploiement, déjà amorcé, passe par la formation du personnel hospitalier dans plusieurs établissements pilotes. Les autorités soulignent que le système, hautement sécurisé, ne sera accessible qu’aux professionnels habilités, ce qui devrait réduire les pertes de dossiers papier et fluidifier les parcours de soins.
L’initiative est mise en œuvre en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Son coût est estimé à 600 millions de roupies mauriciennes (près de 13 millions USD). Les données seront hébergées dans le centre national de données du gouvernement, protégé par des protocoles internationaux de sécurité et une surveillance permanente. Les patients pourront également accéder à leur dossier via un portail en ligne et une application mobile, ouvrant la voie à une médecine plus interactive et connectée.
Ce projet s’inscrit dans une dynamique plus large de numérisation des services publics à Maurice. Depuis plusieurs années, les autorités ont multiplié les initiatives d’e-gouvernement dans des domaines variés, de l’état civil à l’administration fiscale, en passant par les formalités liées aux entreprises. L’e-santé en devient désormais un pilier stratégique, destiné à renforcer la qualité et l’efficacité des services rendus aux citoyens.
Au-delà des défis liés à l’inclusion numérique, notamment pour les personnes âgées ou peu familiarisées avec les outils digitaux, le projet E-Health devrait transformer en profondeur la relation entre patients et médecins. L’accès simplifié aux données médicales, la réduction des procédures administratives et l’optimisation de la gestion hospitalière constituent autant de leviers pour bâtir un système de santé plus moderne, plus transparent et mieux adapté aux besoins de la population.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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