Favoriser une zone de libre-échange entre les pays africains est au cœur des initiatives gouvernementales visant à renforcer l'intégration économique du continent. Cela passe par la mise en place de projets qui facilitent les échanges commerciaux et les transactions transfrontalières.
Le Global Finance & Technology Network (GFTN), une organisation fondée par l'Autorité monétaire de Singapour (MAS), a établi un partenariat avec les banques centrales du Ghana et du Rwanda pour lancer le projet Africa's Next-Gen Digital Payment Infrastructure, également connu sous le nom de « Project 54 ». L’initiative vise à déployer une infrastructure de paiement numérique de nouvelle génération, facilitant les transactions transfrontalières instantanées, sécurisées et à faible coût en Afrique. Le projet a été présenté le mardi 25 février lors du Forum Inclusive Fintech (IFF) à Kigali.
« En tant que gardiens du système financier, nous devons rester inébranlables dans notre mission de supprimer les barrières, d’autonomiser les entreprises et de créer des opportunités inclusives pour tous. Grâce à des initiatives comme celle-ci, nous façonnons l’avenir du paysage financier de l’Afrique », a déclaré John Rwangombwa, gouverneur de la Banque nationale du Rwanda.
Le projet s’inscrit dans le cadre de la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui ambitionne de créer un marché unique à l’échelle du continent. Cependant, les coûts de transaction élevés et la lenteur des transferts de fonds constituent des freins majeurs. Selon un rapport de l'Institut d'étude de sécurité, en 2022, les envois de fonds vers l’Afrique ont atteint environ 100 milliards de dollars. Sur ce montant, 19,4 milliards de dollars ont été transférés en Afrique, ce qui souligne l'importance des flux financiers intracontinentaux.
Project 54 vise entre autres à faciliter les services de transferts d'argent entre les pays africains. L'initiative s’articule autour de trois piliers, à savoir : une infrastructure d'identité fiable qui garantit des identités numériques sûres, vérifiables et universelles qui facilitent les transactions financières transparentes ; un système de paiement interopérable qui crée une infrastructure normalisée permettant des transactions transfrontalières en temps réel au sein de l'écosystème financier africain ; et un cadre de passeports pour les licences des fintechs, permettant aux entreprises agréées dans l’un des deux pays d’opérer dans l’autre avec des exigences réglementaires allégées. Un accord a d'ailleurs été signé entre le Ghana et le Rwanda à cet effet.
Dans les prochains mois, les promoteurs du projet finaliseront la feuille de route, harmoniseront les approches réglementaires et lanceront des déploiements pilotes avant une adoption à grande échelle. Un modèle de tarification adapté aux transactions de différentes valeurs sera mis en place pour garantir la viabilité financière du système. De plus, les régulateurs, institutions financières, fintech et investisseurs seront impliqués dans la co-création d’un écosystème de paiement numérique durable.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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En Tunisie comme ailleurs en Afrique, la transition vers une économie plus numérisée semble désormais irréversible. L’adoption croissante des paiements électroniques ouvre la voie à un écosystème financier plus inclusif, plus sécurisé et plus connecté au reste du monde.
En 2024, les transactions électroniques en Tunisie ont atteint 27 891 milliards de dinars (environ 8,8 milliards de dollars), enregistrant une croissance de 10,6 % par rapport aux 25 230 millions de dinars de l’année précédente. Ces chiffres ont été révélés par la Banque centrale de Tunisie (BCT) dans son Bulletin des paiements 2024, publié le lundi 26 février. Cette progression témoigne de l’adoption croissante des solutions numériques pour les paiements, qu’il s’agisse de paiements mobiles, de transactions en ligne ou de l’usage accru des cartes bancaires.
L’évolution du secteur est également marquée par une hausse significative du nombre total de transactions, qui est passé de 149 millions à 163 millions, soit une augmentation de 9,4 % en un an. Ce dynamisme s’explique par l’amélioration des infrastructures numériques, l’essor des fintechs et la volonté des autorités d’encourager la dématérialisation des paiements afin de renforcer l’inclusion financière et de lutter contre l’économie informelle.
L'essor du paiement mobile, moteur de la transformation
Le paiement mobile s’impose désormais comme un levier essentiel de la numérisation des transactions en Tunisie. En 2024, 5,1 millions de transactions ont été effectuées via des portes-feuilles électroniques, représentant un volume de 1394 millions de dinars, soit une augmentation de 21,4 % par rapport à l’année précédente.
Les transactions mobiles se répartissent principalement entre les paiements chez les commerçants (49,4 %), les transferts d'argent entre utilisateurs (36,6 %) et les opérations de dépôt et retrait d’argent sur portes-feuilles. Cette tendance reflète l’adoption croissante des solutions de paiement numérique, notamment grâce à la multiplication des portes-feuilles électroniques actifs, qui atteignent désormais 368 595 comptes, gérés par 15 prestataires de services de paiement (PSP).
Une modernisation des paiements en cours
Pour accompagner cette transition numérique, la Banque Centrale de Tunisie met en place plusieurs initiatives visant à moderniser l’écosystème des paiements et à améliorer la sécurité des transactions. Parmi ces mesures, la plateforme TuniChèque vise à numériser les chèques, un moyen de paiement encore largement utilisé en Tunisie. Ce projet permet de réduire les risques de fraude et d’accélérer le traitement des paiements en remplaçant progressivement les chèques papier par des versions électroniques plus sécurisées.
En parallèle, la Tunisie adopte la norme SWIFT ISO 20022, qui standardise les échanges financiers à l’échelle internationale. Cette transition devrait faciliter l’intégration du pays aux flux monétaires mondiaux, renforcer la transparence des transactions et améliorer la communication entre les banques et les entreprises.
Une autre avancée majeure est l’adhésion de la Tunisie au PAPSS (Pan-African Payment and Settlement System), un système panafricain de paiement et de règlement. Ce dispositif, développé sous l’égide de l’Union Africaine et de la Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank), vise à faciliter les transactions entre les pays africains sans passer par des devises étrangères comme le dollar ou l’euro. Pour la Tunisie, cela signifie des coûts réduits pour les transferts interafricains et une meilleure intégration dans le marché continental.
Enfin, la Banque Centrale prévoit d’étendre le système Elyssa-RTGS aux opérations en devises. Ce projet vise à accélérer et sécuriser les paiements transfrontaliers en permettant des transactions en temps réel, un atout majeur pour les entreprises tunisiennes opérant à l’international.
Un essor des transactions électroniques en Afrique
La Tunisie s’inscrit dans une dynamique plus large observée sur l’ensemble du continent africain, où les transactions numériques connaissent une croissance exponentielle. Selon le rapport « State of Instant Payments in Africa » publié par AfricaNenda, les paiements instantanés ont atteint environ 1036 milliards de dollars en 2023, avec des perspectives de hausse continue.
Cette transformation est particulièrement visible en Afrique de l'Est et de l'Ouest, où les paiements mobiles dominent largement. Des pays comme le Kenya (avec M-Pesa), le Ghana et le Nigeria ont développé des infrastructures solides facilitant les transactions numériques. L’Afrique du Nord une tendance similaire avec la montée en puissance des fintechs et des solutions de paiement mobile.
L'essor des paiements électroniques en Afrique pourrait avoir des implications majeures pour le développement économique du continent. L’amélioration de l’inclusion financière permettra à un plus grand nombre de citoyens d’accéder aux services bancaires et de participer à l'économie formelle. De plus, la dématérialisation des paiements contribue à la transparence fiscale et à la lutte contre la corruption en réduisant l’usage du cash, souvent difficile à tracer.
L’un des principaux défis reste toutefois l’interopérabilité entre les différents systèmes de paiement. Actuellement, de nombreux services fonctionnent en vase clos, limitant la fluidité des transactions transfrontalières. Des initiatives comme le PAPSS et la mise en place de standards internationaux devraient progressivement lever ces obstacles.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le gouvernement congolais veut accélérer l’inclusion financière en facilitant l’accès aux services financiers à toutes les couches de la population. Pour y parvenir, il mise sur les technologies numériques.
La République démocratique du Congo (RDC) veut numériser le secteur de la microfinance pour accélérer l’inclusion financière de la population. À cet effet, un contrat a été attribué le vendredi 14 février à un consortium composé de PAYCODE FINTECH Congo, BANKTECH Software Services et Hong-Kong Top Wise Communications.
Financée par le gouvernement et la Banque mondiale, l’initiative porte sur la fourniture de 10 000 terminaux de paiement électronique (TPE) aux institutions de microfinance (IMF) et aux coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC). Cela permettra notamment à ces institutions de se connecter au système de paiement électronique national de la Banque centrale du Congo.
L’initiative s’inscrit dans le cadre du Projet Transforme, qui vise l’autonomisation des femmes entrepreneures et la mise à niveau des petites et moyennes entreprises (PME) pour la transformation économique et l’emploi. Selon la Stratégie nationale d’inclusion financière 2023-2028, le taux actuel d'inclusion financière en RDC était de 38,5 % à fin 2022. Le gouvernement congolais a pour objectif d'augmenter ce taux à 65 % d'ici 2028.
Les institutions de microfinance et les coopératives d’épargne et de crédit pourraient avoir à jouer un grand rôle dans l’atteinte de cet objectif. Fin 2022, la RDC comptait 78 COOPEC et 15 IMF. Ces deux types représentaient 86,1 % de l'ensemble des établissements de crédit en RDC à fin 2022 (108) et 32,4 % de l’ensemble des institutions financières (287). Par ailleurs, le portefeuille de crédit a enregistré une croissance de 21% en 2022 pour atteindre 283,5 millions $ contre 234,3 millions $ en 2021 et 168 millions $ en 2020. La mobilisation de l’épargne, quant à elle, est passée de 256,97 millions $ en 2020 à 333,76 millions $ en 2022, soit une croissance d’environ 30%.
Il convient de préciser que la capacité des institutions de microfinance et des coopératives d’épargne et de crédit à utiliser efficacement les terminaux distribués sera déterminante pour leur adoption. Par ailleurs, la Stratégie nationale d’inclusion financière souligne que leur couverture géographique reste inégale. Par exemple, les provinces de Kinshasa, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu concentrent à elles seules près de 70 % de ces institutions.
« En dépit de leur nombre plus important par rapport aux banques, les institutions de microfinance comptent moins de points d’exploitation (186) que les banques (445) et ne représentent qu’un faible pourcentage des actifs du secteur financier, soit environ 3 % », peut-on lire dans le document de la stratégie.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le pays poursuit son chemin vers une économie sans numéraire. Les autorités ont acté, au cours des derniers mois, l’interopérabilité des cartes bancaires, puis celle des points de vente.
La Sierra Leone a officiellement lancé, le jeudi 13 février, son service de paiement instantané via le switch national, permettant aux utilisateurs de réaliser des transferts instantanés entre opérateurs mobiles, entre banques, ainsi qu'entre un opérateur mobile et un compte bancaire. Actuellement adopté par sept banques et deux fournisseurs de services de mobile money, ce système devra être intégré par l'ensemble des acteurs du secteur d'ici le 1er avril.
Currently, seven banks, including Sierra Leone Commercial Bank, Rokel Bank, Sky Bank, GTBank, Zenit Bank, Access Bank, and Commerce and Mortgage Bank, have connected to the Instant Payment service, along with the two major mobile money operators, Orange Money and Afrimoney. pic.twitter.com/HHrGHJOcPh
— Ministry of Information & Civic Education S/Leone (@MoiceComm) February 13, 2025
« Aujourd'hui, nous disposons d'un système directement connecté aux banques. Grâce à l'interopérabilité, nous supprimons un coût supplémentaire, ce qui allège nos charges d'exploitation. Cela nous permet d'améliorer la qualité du service offert aux clients », a expliqué Martison Obeng-Agyei (photo, à droite), directeur général d'Afrimoney Sierra Leone (Africell).
De son côté, David Mansaray, directeur général d'Orange Money Sierra Leone (Orange), estime que cette initiative facilitera l’accès aux prêts et, à terme, fluidifiera les opérations bancaires ainsi que les transactions entre entreprises.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’ambition de la Bank of Sierra Leone (BSL) de transformer le système de paiement du pays afin de construire une économie sans numéraire. Après le lancement du switch national de paiement en avril 2023, la banque centrale a mis en œuvre successivement l'interopérabilité des cartes bancaires, puis celle des points de vente. La phase suivante consistera à ouvrir la passerelle internationale pour permettre aux Libériens d'utiliser des cartes de paiement émises en Sierra Leone à l'international.
Pour rappel, la Sierra Leone comptait 8,2 millions de comptes mobile money au 31 décembre 2023, dont 1,7 millions de comptes actifs, selon les données de la banque centrale. Cette dernière a également recensé 22,3 millions de comptes bancaires, sans toutefois indiquer le nombre de personnes possédant ces comptes. Toutefois, la BSL indiquait déjà en 2022 que 29% de la population âgée de plus de 29% possédait un compte dans une institution financière ou auprès d'un fournisseur de services d'argent mobile.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L'Afrique francophone, forte de son potentiel économique, émerge comme un pôle d'attraction pour les entreprises en quête de nouvelles opportunités. Avec un environnement dynamique et en constante évolution, cette région est encore très peu exploitée par des start-up internationales.
Startbutton, une fintech panafricaine qui aide les entreprises à se développer à l’étranger sans avoir besoin de bureaux physiques, a annoncé le vendredi 7 février son expansion à sept nouveaux pays francophones : le Bénin, le Togo, le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso, la Guinée Conakry et le Cameroun. Cette décision marque une étape significative pour la start-up, qui consolide ainsi sa présence sur 15 marchés africains au total.
🌍 Exciting news for African businesses! 🎉
— Startbutton Africa (@StartbuttonHQ) February 7, 2025
We're now live in 7 new Francophone countries: Benin, Togo, Senegal, Mali, Burkina Faso, Guinea Conakry, and Cameroon! Expanding our coverage to 15 African countries! #Africa #Expansion #Startbutton #FrancophoneAfrica #MoR… pic.twitter.com/u5EP4h3ogT
S’exprimant sur le bien-fondé de cette expansion, Malick Bolakale, co-fondateur de Startbutton, a déclaré que : « l’Afrique francophone entretient des relations commerciales étroites avec l’Europe, en particulier la France, créant des paiements uniques et des opportunités d’expansion des entreprises. La région est moins saturée que l’Afrique anglophone mais possède un important potentiel économique ». Cette analyse sous-tend la stratégie de la start-up, qui mise sur cette région à fort potentiel pour sa croissance.
L’expansion de Startbutton s’inscrit dans l’objectif plus large de l’entreprise de devenir un fournisseur clé d’infrastructure pour les entreprises opérant sur tout le continent africain. Avec plus de 300 millions de personnes, l'Afrique francophone représente une destination stratégique pour les entreprises désireuses de se développer. Aujourd'hui, Startbutton traite plus de 5 millions de dollars par mois, générant des revenus grâce à des commissions de 0,5 à 1 % sur chaque transaction. Avec cette expansion, l’entreprise prévoit une augmentation de 2 millions de dollars supplémentaires en volume de transactions sur les marchés francophones.
Malgré les défis persistants liés aux paiements transfrontaliers et à la réglementation, Startbutton ambitionne de se positionner comme un acteur central de la transformation du commerce en Afrique. En offrant des solutions de paiement en monnaie locale tout en assurant la conformité avec les réglementations locales.
Cette expansion représente un atout majeur pour les entreprises de paiement souhaitant s’installer en Afrique francophone sans avoir à établir de bureaux physiques, réduisant les coûts opérationnels liés à l’établissement de bureaux et en assurant une conformité réglementaire. La start-up dessert déjà plus de 100 entreprises dans 20 pays, principalement dans les secteurs de l’aviation, des jeux et du commerce électronique, facilitant leur développement transfrontalier avec des solutions de paiement adaptées.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Avec la transformation numérique en cours, les systèmes de paiement instantané s'imposent comme des solutions clés pour garantir des transactions rapides, sécurisées et accessibles. Ils sont essentiels pour moderniser les économies et offrir des services bancaires plus efficaces et inclusifs.
Le Premier ministre somalien, Hamza Abdi Barre, a procédé le mercredi 22 janvier 2025 au lancement du Système de paiement instantané somalien (SIPS). Développé par la Banque centrale de Somalie (CBS) en collaboration avec l’Association des banques somaliennes, ce système devrait permettre des transactions instantanées, sécurisées et transparentes entre les banques locales, transformant ainsi les services financiers à l'échelle nationale.
A New Dawn for Somalia’s Payment Ecosystem. CBS is proud to announce the launch of the Somalia Instant Payment System(SIPS) today, in partnership with Somali Bankers Association. SIPS enables real-time, secure, and seamless transactions, transforming Somalia’s financial services. pic.twitter.com/L0QOuuCNrZ
— Central Bank of Somalia (@CentralBankSo) January 22, 2025
« Pour reconstruire notre pays, nous devons soutenir les entreprises privées et attirer les investissements. Le gouvernement travaille également sur une législation visant à protéger les finances publiques. Notre objectif est de contrecarrer le financement du terrorisme et d'éliminer les menaces à notre sécurité, à notre économie et à notre développement en général », a déclaré Hamza Abdi Barre.
Concrètement, le SIPS agit comme une plateforme centrale intégrée reliant la Banque centrale et les banques privées locales, permettant des transferts d'argent en temps réel entre institutions financières. Ce système est conçu pour réduire les délais des paiements interbancaires, éliminer les inefficacités et minimiser les risques liés aux paiements en espèces, encore très répandus dans le pays. Les principaux acteurs impliqués dans le fonctionnement de ce système incluent la Banque centrale, qui supervise et régule le processus, ainsi que les banques privées, qui opèrent comme points d’accès pour les entreprises et les particuliers.
Ce lancement s’inscrit dans un contexte de reprise économique où la Somalie cherche à moderniser ses infrastructures financières et à promouvoir la numérisation de ses services. En mettant en place un système de paiement moderne, le gouvernement somalien vise à stimuler la confiance des investisseurs, renforcer la lutte contre les pratiques financières illicites et encourager la transparence dans les échanges financiers.
Avec SIPS, la Somalie entre dans une nouvelle ère économique. Ce système devrait non seulement améliorer l'efficacité des services bancaires, renforcer la compétitivité des entreprises locales, mais aussi contribuer à la croissance économique globale. Il ouvre ainsi la voie à une prospérité inclusive pour les citoyens somaliens et solidifie les bases d’une économie résiliente et innovante.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le gouvernement marocain veut accélérer l’économie numérique nationale à l’horizon 2030. Entre autres chantiers, l’exécutif s’attelle au développement de l’écosystème des startups locales.
Le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration a révélé, le dimanche 19 janvier, qu’une association dédiée au développement des fintech a été créée au Maroc. Baptisée « Morocco Fintech Center », l'association regroupe déjà une quinzaine de banques et d'institutions, et reste ouverte à l'adhésion d'autres organisations.
« Le MFC a pour objet de constituer un guichet commun pour les fintechs, de soutenir leur développement à travers des programmes d’accompagnement, d’incubation, d’accélération et de développement des compétences et de leur faciliter la compréhension de l’environnement réglementaire ainsi que l’accès au financement. Il s'engage également à promouvoir un écosystème fintech collaboratif qui favorise les partenariats et les opportunités de mise en réseau, tout en encourageant la recherche et le développement dans l'innovation financière », a déclaré Bank Al-Maghrib (BAM), la banque centrale du Maroc, dans un communiqué.
En décembre 2024, Abderrahim Bouazza, directeur général de BAM, a annoncé le lancement d'un projet de création d'un pôle fintech en janvier. Cette initiative s'inscrit pleinement dans l'ambition du Maroc de bâtir un écosystème startup local à portée internationale, en mettant en place des mesures spécifiques pour soutenir la création, la croissance et l'internationalisation des start-up numériques. Cela fait partie de l'axe 2 de la stratégie « Digital Maroc 2030 » : Dynamiser l'économie numérique.
Cette initiative pourrait contribuer à réaliser l’ambition du gouvernement marocain de soutenir la création de 1000 start-up marocaines labellisées d'ici 2026 et 3000 d'ici 2030, contre environ 380 en 2022. À l'horizon 2030, l'objectif est de lever 7 milliards de dirhams (696,6 millions $) pour les jeunes pousses locales, contre seulement 260 millions de dirhams en 2022. Enfin, l'exécutif prévoit que le Maroc compte 10 « gazelles » et une à deux licornes d'ici 2030.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Face à l'accélération de la transformation numérique, le modèle traditionnel de la poste est devenu obsolète. Pour s'adapter à cette nouvelle réalité et rester compétitive, La Poste du Mali s’est engagée dans une stratégie de transformation et de relance.
La Poste du Mali envisage de lancer « Post Wari », une plateforme de services financiers numériques dans le cadre de la diversification de ses activités. L’initiative fait partie des projets explicités par le ministère de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’administration dans le Bulletin de l’actualité gouvernementale n°249, du vendredi 10 janvier, consacré au bilan de l’exercice 2024 et aux perspectives pour 2025.
Il s’agit d’une plateforme d’émission et de gestion de monnaie électronique accessible par mobile (application et SMS) et le web (tablettes et ordinateurs). « Cette plateforme devra servir à moyen terme de guichet unique de paiement des services de l’Etat », a déclaré le ministère.
A travers cette plateforme, La Poste du Mali veut « saisir l’opportunité du numérique » dans un contexte d’adoption croissante des services d’argent mobile. Selon l’Autorité malienne de régulation des télécommunications, des TIC et des postes (AMRTP), le nombre de comptes mobile money dans le pays est passé de 6,2 millions en 2018 à 16,9 millions en 2023, en hausse de 172,6%. Le régulateur télécoms souligne que le taux d’inclusion financière est passé de 47% en 2016 à 72,3% en 2023, grâce notamment à la technologie mobile, dont la contribution s’élève à 55,9%.
Bien que le lancement de « Post Wari » ait été annoncé parmi les perspectives pour 2025, aucune information supplémentaire n’a été communiquée concernant la date de mise en service effective ou l’état d’avancement du développement de la plateforme. De plus, La Poste devra faire face à la concurrence accrue sur un segment dominé par les opérateurs télécoms comme Orange. Fin 2023, Orange Money comptait 13,1 millions d’abonnés pour une part de marché de 78%, d’après les statistiques officielles.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les portefeuilles mobiles connaissent une croissance rapide en Afrique. Alors qu’une partie importante de la population n’a pas accès aux services bancaires traditionnels, cela se présente comme une alternative pour les transferts d’argent, en particulier les envois de fonds internationaux.
Tranglo, société singapourienne spécialisée dans les paiements transfrontaliers, a annoncé le lundi 16 décembre l’ajout de 10 nouveaux pays africains à son réseau de paiement. Avec cette expansion, le nombre total de pays couverts sur le continent passe à 25, offrant ainsi une option supplémentaire pour les envois de fonds internationaux vers l’Afrique.
Les dix nouveaux pays couverts sont le Bénin, le Cameroun, la République démocratique du Congo (RDC), la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Côte d’Ivoire, le Malawi, le Rwanda et la Tanzanie. Au lancement, tous les nouveaux marchés prendront en charge les transactions de porte-monnaie électronique entre particuliers. Cela permet des transactions quasi instantanées en monnaies locales.
Cette initiative intervient dans un contexte marqué par l’adoption croissante des services d’argent mobile sur le continent. Par exemple, l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) dans son « State of the Industry Report on Mobile Money 2024 » indique que le nombre d’abonnements a augmenté de 19 % entre 2022 et 2023 pour s’établir à 856 millions. Le nombre total de transactions a augmenté de 28 % pour atteindre 62 milliards. La valeur de ces transactions a augmenté de 12 % pour atteindre 919 milliards de dollars.
Cette croissance de l’adoption du mobile money facilite les envois de fonds internationaux qui « sont essentiels pour de nombreuses familles africaines, les aidant à faire face à des défis urgents tels que l’insécurité alimentaire, la sécheresse, les perturbations des chaînes d’approvisionnement, les inondations et le service de la dette ». La GSMA indique que les envois de fonds internationaux ont été, avec les paiements marchands, les types d’utilisation qui ont enregistré la plus grande croissance en 2023. L’association indique que le montant de ces envois via mobile money a atteint 29 milliards de dollars en 2023, en hausse de 23 % en glissement annuel. Le montant total des transferts internationaux vers l’Afrique a atteint 90,2 milliards de dollars selon la Banque mondiale.
Cependant, il convient de souligner que la solution de Tranglo devra faire face à une concurrence croissante, notamment de la part de certains opérateurs télécoms. À titre d’exemple, Safaricom, avec sa plateforme M-Pesa, intensifie ses efforts pour élargir l’acceptation des transferts internationaux en provenance d’un nombre croissant de pays.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Depuis 2019, la fintech sud-africaine Tyme a multiplié les opérations financières pour développer sa technologie et accélérer sa croissance. Elle a annoncé la réussite d’une nouvelle opération, ce qui lui permet de changer de statut et de devenir une licorne.
Tyme, start-up sud-africaine opérant dans les technologies financières, a obtenu le statut de licorne (une start-up valorisée à plus de 1 milliard USD, Ndlr.) en étant valorisée à 1,5 milliard USD après l’annonce ce mardi 17 décembre de la réussite d’un tour de table de 250 millions USD mené par la néobanque brésilienne Nubank.
« Nubank a révolutionné les services financiers au Brésil. Nous sommes enthousiastes quant à la valeur que leur expertise pourra nous apporter, notamment dans des domaines tels que les données, les produits et le marketing, des leviers clés pour assurer notre leadership sur nos marchés » a déclaré Coen Jonker, PDG et cofondateur de Tyme Group.
Malgré le ralentissement des investissements dans les jeunes pousses africaines, Tyme est devenue cette année la 2e start-up du continent à accéder au rang de licorne après la fintech nigériane Moniepoint. Pour y parvenir, elle a enchaîné plusieurs cycles de financements depuis 2019. Entre autres, elle a levé 79 millions USD en juin 2019, 110 millions en février 2021, 70 millions en décembre de la même année, et plus récemment, 78 millions en mai 2023.
Tyme devient ainsi la 9e licorne africaine, rejoignant les fintechs Interswitch, Flutterwave, Opay, Chipper Cash, Wave, MNT-Halan, Moniepoint et l’edtech Andela. Il faut préciser que la plateforme d’e-commerce Jumia, première licorne de l’histoire du continent en 2016, et la fintech Fawry, ont perdu ce statut après leur entrée en bourse en 2019.
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
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L’initiative s’inscrit dans le cadre du programme de transformation numérique de NamPost. Dénommée « Project Sky », l’initiative vise à améliorer l’efficacité opérationnelle de l’organisation, à optimiser l’expérience client et à favoriser l’inclusion financière.
NamPost, opérateur postal national de la Namibie, a lancé la semaine dernière une application mobile et des services bancaires en ligne pour faciliter l’accès à ses services financiers. Les clients de l’entreprise publique pourront désormais consulter leurs soldes, effectuer des paiements et des virements électroniques depuis leurs smartphones ou tout autre appareil ayant accès à Internet sans avoir besoin de se rendre dans un bureau de poste.
« L’application MyNamPost Banking et les services bancaires en ligne ne sont pas seulement des mises à niveau technologiques — elles représentent un engagement à offrir des services financiers modernes au peuple namibien, où qu’il se trouve. Nos clients ont désormais un meilleur contrôle sur leurs finances grâce à des outils numériques simples, abordables et pratiques », a déclaré Festus Hangula, directeur général de NamPost.
Emma Theofelus, ministre de l’Information et des Technologies de la communication, a reconnu que des plateformes innovantes comme celles que vient de lancer NamPost sont essentielles pour l’inclusion financière. Selon la Banque mondiale, 71,35 % des Namibiens âgés de plus de 15 ans possédaient un compte dans une institution financière ou auprès d’un fournisseur de services d’argent mobile en 2021 sur une population estimée à 2,5 millions. Toutefois, elle a mis l’accent sur la nécessité de doter tous les citoyens « des compétences nécessaires pour en tirer parti ». Sans oublier leur accès limité aux smartphones et à Internet.
Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), 79,6 % de la population namibienne dispose d’un téléphone mobile. Bien que la proportion de smartphones ne soit pas spécifiée, la même source révèle que le taux de pénétration d’Internet en Namibie atteint 62,2 %. Par ailleurs, 63,2 % des foyers namibiens bénéficient d’un accès à Internet à domicile.
Par ailleurs, le coût d’accès de l’Internet en Namibie est relativement élevé pour la population, si l’on considère les standards de l’UIT. L’organisation recommande des coûts inférieurs ou égaux à 2 % du revenu national brut (RNB) par habitant. Elle indique qu’un Namibien dépense 2,6 % du RNB pour acheter de l’Internet mobile. Pour l’Internet fixe, ce chiffre monte à 8,7 %. Selon la Banque mondiale, le RNB par habitant de la Namibie était de 12 170 $ en 2023.
Isaac K. Kassouwi
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En juillet dernier, TerraPay a levé 95 millions $ pour développer les paiements numériques sur le continent. La firme continue ses actions en impliquant les acteurs africains.
TerraPay, un fournisseur britannique de solutions de paiement, s’est associé à plusieurs opérateurs mobile money, en l’occurrence les africains Mpesa et Sama Money, pour la création du Wallet Interoperability Council. L’annonce a été faite dans un communiqué de presse publié le mardi 20 août.
La firme britannique ambitionne d’interconnecter toutes les plateformes des opérateurs mobile money du conseil dans le but de faciliter les paiements et les transferts de fonds transfrontaliers.
« Cette initiative répond à des défis réels du marché et a le potentiel de modifier les perceptions autour de l'utilisation des portefeuilles pour le commerce transfrontalier, permettant ainsi un accès facile à l'interopérabilité au sein des portefeuilles des participants au conseil à l'échelle mondiale », a déclaré Sekou Kane Diallo, directeur général adjoint et directeur informatique de Sama Money.
La mise en place de cette association intervient dans un contexte marqué par la prolifération des solutions mobile money sur le continent. Selon le rapport « State of the Industry Report on Mobile Money 2024 » de l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA), la valeur des transactions mobile money en Afrique subsaharienne a atteint 912 milliards $ en 2023, soit une croissance de 22 % par rapport à 2022. Le même document renseigne que 835 millions des 1,75 milliard des comptes mobile money enregistrés dans le monde, soit 47,7 %, sont en Afrique.
Adoni Conrad Quenum
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Le gouvernement ambitionne de transformer le Cameroun en un pays émergent à l’horizon 2035. Pour ce faire, l'exécutif met un accent particulier sur le développement des TIC, considérées comme des leviers essentiels pour accélérer la réalisation de ses objectifs de développement.
Le Cameroun a obtenu 18,4 millions de dollars de la République de Corée pour financer trois projets axés sur la transformation numérique. Ce financement résulte d’un accord sur les aides non remboursables signé le jeudi 11 juillet entre le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, Alamine Ousmane Mey (photo, à droite), et l’ambassadeur de la République de Corée du Sud au Cameroun, Nam Ki-Wook (photo, à gauche).
L’initiative vise à améliorer la prestation des services publics, l’accès aux services de base et à renforcer les capacités des institutions nationales, contribuant ainsi au développement durable du pays.
Selon un communiqué du ministère chargé de l’Economie, le financement total est de 39,35 millions de dollars, dont 5,6 millions $ pour la numérisation du système de passation des marchés publics à travers le Projet d’élaboration du Plan directeur et du système d’e-procurement au Cameroun Phase II ; 4,85 millions $ pour la modernisation du système national de l’état civil ; et 8 millions $ pour la mise en œuvre d’un smart campus visant à promouvoir l’e-gouvernement dans les établissements d’administration publique et à améliorer les services publics. Le reste servira à renforcer le Système de médecine d’urgence et à améliorer l’accès à l’eau potable dans certaines communes, respectivement à hauteur de 14 millions et 6,7 millions $.
Ce financement s’inscrit en droite ligne des objectifs de la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30) et du Projet d’accélération de la transformation numérique au Cameroun (PATNUC). Ces stratégies visent le développement du Cameroun et la promotion des nouvelles technologies dans un environnement marqué par des procédures archaïques et une corruption accrue.
Les fonds devraient ainsi permettre une plus grande transparence dans la gestion des marchés publics et une meilleure efficacité des services publics, tout en contribuant à la modernisation et à la numérisation des institutions camerounaises. En renforçant la gouvernance et en améliorant les infrastructures numériques, le Cameroun espère créer un environnement plus propice à l’innovation et au développement économique, favorisant ainsi un avenir plus prospère pour ses citoyens.
Samira Njoya
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En Afrique, le coût élevé des envois d'argent reste un obstacle majeur au développement économique du continent. Cette situation affecte considérablement les familles qui dépendent des remises de fonds pour leurs besoins quotidiens.
TerraPay, un fournisseur de paiements numériques axé sur l'Afrique, a obtenu un financement par emprunt de 95 millions de dollars. L’opération, annoncée le jeudi 18 juillet, vise à améliorer les transferts de fonds à faible coût à travers l'Afrique, à stimuler les activités commerciales et à améliorer la fiabilité et la vitesse des transactions.
Le financement est constitué d’un prêt de 75 millions de dollars de la Société Financière Internationale (SFI) et d’un prêt garanti de 20 millions de dollars de la British International Investment (BII) via la facilité garantie de premier rang existante de Lendable.
Ce financement intervient alors que les transferts de fonds vers l’Afrique se multiplient, mais à des coûts encore jugés élevés. Selon la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne reste la région où les frais d’envoi de fonds sont les plus élevés, avec une moyenne de 7,9 % pour envoyer 200 dollars en 2023, contre 7,4 % en 2022. L’un des objectifs de développement durable des Nations unies est que, d’ici 2030, les frais de transfert de fonds devraient être inférieurs à 3 % et que le total des frais d’envoi et de réception d’argent entre deux pays ne devrait pas dépasser 5 %.
Avec ce financement, TerraPay prévoit d'élargir ses opérations et de renforcer son réseau de partenaires à travers l'Afrique. L'entreprise aspire à rendre les transferts de fonds plus accessibles et abordables en collaborant avec divers opérateurs de transfert d’argent et institutions financières, tout en intégrant de nouvelles technologies pour optimiser la rapidité et la sécurité des transactions.
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