Le marché du commerce électronique au Nigeria se transforme rapidement, soutenu par une jeunesse connectée et une adoption croissante des achats en ligne. L’arrivée d’acteurs internationaux intensifie la concurrence, créant à la fois des défis et des opportunités pour l’économie locale.
Trois semaines après son lancement au Nigeria, Temu, le détaillant en ligne chinois, a atteint le sommet des téléchargements sur Android et Apple Store. Ce succès fulgurant repose sur une campagne de marketing ciblée, combinée à une offre attrayante de produits à bas prix, importés directement de Chine. En adaptant ses services aux besoins locaux, notamment avec des paiements en naira et une livraison à domicile, Temu a su capter l’attention des consommateurs nigérians.
Une offensive stratégique des leaders chinoises
L’arrivée de Temu s’inscrit dans une stratégie plus large des géants chinois du commerce électronique, tels que Shein, Aliexpress et TikTok Shop, qui cherchent à pallier les restrictions croissantes sur les marchés occidentaux. Après son lancement en Afrique du Sud, Temu a choisi le Nigeria comme son deuxième marché en Afrique, consolidant ainsi sa présence sur le continent.
Pour conquérir le Nigeria, Temu a misé sur une stratégie de lancement spectaculaire, soutenue par des investissements publicitaires massifs. En 2023, l’entreprise était le principal annonceur de Meta, avec près de 2 milliards de dollars dépensés en publicités. Cette approche lui a permis non seulement de surpasser des acteurs locaux et internationaux établis, mais aussi d’augmenter les coûts publicitaires pour ses concurrents.
Un modèle qui bouscule l’écosystème local
Le principal atout de Temu réside dans son modèle d’expédition directe depuis les fabricants en Chine. En supprimant les intermédiaires, l’entreprise propose une large gamme de produits à des prix ultra-compétitifs, séduisant ainsi les consommateurs d’un marché où la sensibilité au prix est élevée et la fidélité aux marques faible.
Cependant, ce modèle pose des défis majeurs pour l’économie locale. Les produits importés à bas coût exercent une pression accrue sur les plateformes locales comme Jumia et fragilisent les petites entreprises nigérianes, notamment dans les secteurs de la mode et du design, encore en plein essor.
Réactions et enjeux pour l’avenir
L’arrivée de Temu au Nigeria suscite des avis partagés. Si les consommateurs saluent l’accès à des produits variés et abordables, les analystes s’inquiètent des répercussions à long terme sur les entreprises locales. Certains experts appellent le gouvernement à s’inspirer de pays comme l’Indonésie ou le Viêt Nam, qui ont introduit des taxes et droits de douane pour protéger leurs marchés locaux face aux géants du commerce électronique.
Des mesures telles que l’imposition de conditions aux entreprises étrangères, comme la création d’emplois locaux ou l’installation de centres de production, pourraient permettre de limiter l’impact sur l’économie locale tout en profitant des investissements étrangers.
Un marché à fort potentiel
Le marché nigérian du commerce électronique, estimé à 8,53 milliards de dollars en 2024, devrait atteindre 14,92 milliards de dollars d’ici 2029, avec un taux de croissance annuel composé de 11,82 %, selon l’étude E-commerce in Nigeria Market Size & Share Analysis (2024-2029) de Mordor Intelligence. Cette progression rapide reflète l’adoption croissante des achats en ligne par les Nigérians, soutenue par une population jeune et connectée.
Cependant, pour que cette expansion bénéficie réellement à l’économie locale, un équilibre doit être trouvé entre l’ouverture aux acteurs internationaux et la protection des capacités locales. L’ascension de Temu souligne les transformations rapides du commerce électronique au Nigeria, tout en soulevant des questions cruciales sur la manière de préserver un écosystème économique durable.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La transformation numérique offre des opportunités uniques pour réduire les inégalités et favoriser l’inclusion sociale. En Côte d’Ivoire, de nouvelles initiatives mettent en lumière le potentiel du numérique pour autonomiser les femmes.
Le ministère ivoirien de la Femme, de la Famille et de l’Enfant (MFFE), ainsi que les sociétés américaines Cybastion et Cisco Tech, ont signé, le mardi 17 décembre, une convention de partenariat tripartite à Abidjan. Cette initiative ambitieuse vise à former 3000 femmes aux compétences numériques d’ici 2025 grâce à la plateforme éducative « Network Academy » (NetAcad) de Cisco.
Signature d’un partenariat historique entre le MFFE avec @Cisco et @cybastion , pour développer les compétences féminines dans les technologies.
— Nasseneba Touré (@Nasseneba_Toure) December 18, 2024
Ensemble, préparons l’avenir numérique des femmes africaines.#𝐌𝐅𝐅𝐄#𝐅𝐞𝐦𝐦𝐞𝐂𝐈𝐕 #𝐍𝐚𝐬𝐬𝐞́𝐓𝐨𝐮𝐫𝐞́ pic.twitter.com/N7CecT0EE3
« Donner aux femmes les moyens de maîtriser la technologie, c’est investir dans l’avenir. C’est semer les graines d’une prospérité durable qui profitera aux générations futures », a déclaré la ministre Nassénéba Touré (photo). Elle a également souligné que ce programme aura des impacts concrets et transformateurs pour les femmes ivoiriennes et pour la société dans son ensemble.
La signature de cette convention s’inscrit dans le cadre des engagements du MFFE visant à réduire le fossé numérique et à autonomiser les femmes grâce aux outils technologiques. Cette démarche intervient après le lancement du programme « DigitFemmes », en partenariat avec Cybastion, pour former 1000 femmes à travers la Côte d’Ivoire.
Depuis sa création en 1997, la plateforme NetAcad a formé plus de 24 millions de personnes dans 191 pays, prouvant son efficacité à ouvrir des perspectives professionnelles dans le numérique. La plateforme offre des formations dans des domaines clés tels que la cybersécurité et l’intelligence artificielle. Son déploiement en Côte d’Ivoire devrait permettre aux femmes ivoiriennes de développer des compétences recherchées sur le marché du travail, renforçant leur leadership et leur autonomie financière tout en stimulant leur contribution à l’économie numérique du pays.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La transformation numérique est devenue un levier essentiel pour accélérer le développement économique. En s’appuyant sur des partenariats stratégiques, les pays ambitionnent de moderniser leurs infrastructures et de créer un écosystème numérique inclusif et durable.
La ministre guinéenne des Postes, Télécommunications et de l’Économie numérique, Rose Pola Pricemou (photo, à gauche), a reçu, le jeudi 12 décembre, une délégation de la Banque islamique de développement (BID). Cette rencontre avait pour objectif d’explorer de nouvelles opportunités de financement dans des secteurs numériques stratégiques tels que l’éducation, l’e-agriculture, la santé numérique, l’inclusion financière via les réseaux postaux, ainsi que le programme « Giga ».
« La ministre a mis un accent particulier sur la vision “Simandou 2040”, portée par le chef de l’État, qui place le numérique au cœur du développement durable et des infrastructures numériques, contribuant ainsi à l’intégration économique, à la transparence dans la gestion des ressources naturelles et à la compétitivité de la Guinée sur les marchés mondiaux », souligne un communiqué du ministère.
Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des ambitions de transformation numérique de la Guinée, qui cherche à moderniser ses services publics, renforcer ses infrastructures et promouvoir un écosystème numérique inclusif. Le programme Simandou 2040, poursuivant les mêmes objectifs, ambitionne de mobiliser toutes les forces vives du pays, notamment les jeunes, pour faire de la Guinée une nation prospère et équitable d’ici 2040.
Cependant, des défis majeurs subsistent en matière de numérisation des services publics. Selon le rapport des Nations unies intitulé « E-Government Survey 2024: Accelerating Digital Transformation for Sustainable Development », la Guinée affiche un score de 0,4006 sur 1 à l’indice de développement de l’administration en ligne (EGDI). Ce résultat place le pays au 29e rang en Afrique et au 160e rang mondial, en deçà des moyennes continentale (0,4247) et mondiale (0,6382).
La BID pourrait jouer un rôle déterminant dans cette dynamique en mobilisant des ressources financières et en apportant son expertise technique. Elle pourrait notamment soutenir des initiatives dans divers domaines tels que l’e-agriculture, l’éducation numérique, la santé connectée, l’inclusion financière, ou encore le développement d’infrastructures numériques robustes, favorisant ainsi une transformation durable et inclusive en Guinée.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le pays veut miser sur la coopération internationale pour atteindre ses objectifs en ce qui concerne la technologie spatiale. Il avait déjà signé en juin un accord avec YahClick, filiale du groupe émirati Yahsat spécialisée dans la fourniture de solutions de connectivité Internet par satellite.
Le Nigeria envisage des opportunités de partenariat avec la France dans le domaine de la technologie spatiale. Cette ambition a été au cœur de discussions tenues le mercredi 11 décembre entre Jane Egerton-Idehen (photo, au centre), directrice générale de la société publique de communications par satellite NigComSat, et Marc Fonbaustier (photo, à gauche), ambassadeur de France au Nigeria. Le pays aspire particulièrement à tirer parti de l’expertise française pour progresser dans la réalisation de ses objectifs en matière de satellites.
En effet, le Nigeria ambitionne notamment de se doter de deux nouveaux satellites télécoms d’ici 2025 afin de remplacer le NigComSat 1-R qui arrivera au terme de sa durée de vie de 15 ans en 2026. En octobre dernier, le président Bola Tinubu a approuvé la mise en place de quatre nouveaux satellites de télédétection pour renforcer les capacités du pays.
« […] Le partage d’expertise nous permet d’apprendre des leaders mondiaux, ce qui à son tour accélère l’innovation. Cela compte aussi parce que cela stimule l’économie. La technologie satellitaire a le potentiel massif de transformer des industries comme l’agriculture, l’éducation et la santé. Et enfin, cela compte à cause de son impact global. Les avancées dans la technologie spatiale améliorent la connectivité et la durabilité pour tous », a déclaré Jane Egerton-Idehen, dans un communiqué publié sur sa page Facebook le jeudi 12 décembre.
Le Nigeria est particulièrement intéressé par des entreprises leaders dans l’industrie spatiale comme le groupe Eutelsat et Thales. Ce dernier, à travers Thales Alenia Space, a déjà collaboré avec plusieurs pays africains, dont l’Égypte pour qui il a construit le satellite NileSat-301 qui a été mis en orbite en juin 2022. Il a signé en octobre un protocole d’accord avec la société marocaine Panafsat pour le développement d’un système marocain de communications par satellite. La République démocratique du Congo (RDC) s’est également rapprochée de lui et de son partenaire Monacosat pour un projet d’Internet par satellite.
Si la France dispose de l’expertise nécessaire pour aider le Nigeria à atteindre ses objectifs, il est important de rappeler que la rencontre entre Mme Egerton-Idehen et M. Fonbaustier a été principalement décrite comme « une courtoisie formelle ». Aucun accord officiel n’a pour l’instant été conclu entre les deux parties, ni même annoncé. Il faudra donc attendre des développements ultérieurs avant de s’avancer sur les perspectives de la collaboration.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le pays poursuit son évolution vers la modernisation en introduisant des solutions numériques dans ses processus administratifs. Ce développement témoigne de la volonté des autorités de faciliter les démarches et d’optimiser l’accès aux services publics.
Le ministre tchadien des Finances, du Budget, de l’Économie et du Plan, Tahir Hamid Nguilin (photo), a procédé, le mercredi 11 décembre, au lancement officiel de la plateforme électronique de délivrance du visa électronique (e-Visa) au Tchad. Ce système vise à simplifier et à accélérer les démarches des voyageurs étrangers souhaitant se rendre au Tchad.
« Le Tchad est le 26e pays au monde à mettre en place le visa électronique, et nous devons nous en féliciter. Cela témoigne de l’engagement du maréchal Mahamat Idriss Déby Itno [président de la République] pour la digitalisation de nos services publics, une réalité désormais concrète et soutenue par le gouvernement », a déclaré Tahir Hamid Nguilin.
La plateforme « eVisa.td », déjà accessible, permet aux voyageurs de soumettre leur demande de visa, de payer les frais nécessaires et de recevoir leur visa par voie électronique. Le prix de l’e-visa pour un séjour de courte durée à entrées multiples et valable 90 jours est de 100 euros. Il est recommandé de faire la demande au moins sept jours avant la date d’entrée au Tchad.
L’initiative s’inscrit dans une dynamique de modernisation des services publics et de transformation numérique du Tchad. Elle intervient quelques jours seulement après le lancement du Projet d’appui à la transformation numérique (PATN) du Tchad financé par la Banque mondiale à hauteur de 76,45 milliards FCFA (environ 123,2 millions $). Le projet vise entre autres à réduire la fracture numérique, améliorer la connectivité et faciliter l’accès aux services publics numériques.
La mise en place du visa électronique au Tchad représente ainsi un progrès majeur pour la gestion des flux entrants et sortants sur le territoire. En centralisant les données et en utilisant des paiements électroniques, cette initiative permet non seulement de renforcer la sécurité et la transparence, mais aussi de simplifier l’accès aux services administratifs, réduisant ainsi les contraintes géographiques et les longues attentes dans les ambassades.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La transformation numérique de l’éducation s’impose comme une priorité pour répondre aux défis d’inclusion et de qualité dans l’enseignement. En Afrique, des initiatives innovantes permettent de réinventer les méthodes pédagogiques en intégrant des outils technologiques adaptés aux besoins locaux.
Le projet Imaginecole, lancé par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) en réponse aux défis éducatifs posés par la pandémie de Covid-19, entre dans une nouvelle phase. Il sera désormais placé sous la responsabilité de l’État sénégalais et des acteurs locaux de l’enseignement, qui devront l’adapter aux spécificités du pays. Ce transfert, précédé d’un double atelier organisé à Dakar du lundi 9 au vendredi 13 décembre, symbolise la volonté de renforcer les capacités locales pour intégrer durablement les outils numériques dans l’enseignement.
« Nous arrivons à une étape où nous allons confier le projet au Sénégal. Nous avons développé de nombreuses formations sur le numérique, l’éducation et même l’utilisation de l’intelligence artificielle en classe. Il est temps que les autorités nationales prennent le relais pour poursuivre cette dynamique », a déclaré Idalina Ndiaye Rodriguez, coordonnatrice régionale de l’initiative Imaginecole pour l’UNESCO.
Conçue pour garantir la continuité pédagogique durant les crises, Imaginecole est une plateforme régionale accessible dans 11 pays d’Afrique francophone. Elle met à disposition des enseignants et des élèves des ressources numériques variées, allant des bandes dessinées éducatives aux outils d’intelligence artificielle. Ce projet s’inscrit dans un contexte où le Sénégal intensifie ses efforts pour bâtir une éducation inclusive et efficace. À cet égard, le pays a récemment obtenu un financement de 70 millions d’euros de la Development Bank of Southern Africa (DBSA) pour soutenir la transformation numérique de son système éducatif.
Le transfert d’Imaginecole promet de moderniser l’enseignement au Sénégal, en rendant les apprentissages plus interactifs et accessibles. Cette initiative pourrait également renforcer la motivation des élèves, réduire les inégalités éducatives et positionner le Sénégal comme un acteur clé de la transformation numérique en Afrique francophone.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La numérisation des institutions culturelles est devenue un enjeu majeur pour de nombreux pays souhaitant préserver leur patrimoine tout en facilitant l’accès à la connaissance. Dans ce contexte, la collaboration internationale joue un rôle crucial pour soutenir ces initiatives de modernisation.
La République démocratique du Congo (RDC) sollicite l’assistance de la France pour la modernisation et la numérisation de sa Bibliothèque nationale. Ce projet ambitieux a été présenté par le député national Léonard She Okitundu lors de la visite de l’ambassadeur de France en RDC, Remy Maréchaux, à cette institution emblématique, le lundi 9 décembre.
« Doter la République démocratique du Congo, premier pays francophone, d’une bibliothèque nationale moderne revêt une importance cruciale pour la promotion et la préservation de la langue française dans le cadre de la diversité linguistique mondiale », a déclaré Léonard She Okitundu. Il a également souligné l’urgence de numériser cette institution pour répondre aux exigences actuelles, rappelant que le président Emmanuel Macron s’était déjà montré réceptif à cette initiative.
Ce plaidoyer s’inscrit dans le cadre de la transformation numérique que la RDC mène à travers son Plan National du Numérique « Horizon 2025 ». La Bibliothèque nationale, créée en 1989 et véritable patrimoine du pays, se trouve confrontée à des défis majeurs liés à son état de dégradation, alors qu’elle conserve plus de 120 000 ouvrages et 700 000 photographies historiques en noir et blanc. Sans un processus de numérisation rapide, ces ressources précieuses risquent de se détériorer irrémédiablement ou d’être perdues en cas de catastrophe, telle qu’un incendie, mettant en péril des décennies d’efforts de conservation et d’enrichissement culturel.
Si les discussions sur un financement, évoquées par Remy Maréchaux, aboutissent, la numérisation de la Bibliothèque nationale apporterait plusieurs avantages notables. Elle permettrait non seulement de préserver les documents historiques face à l’usure du temps, mais aussi d’améliorer leur accessibilité en les rendant disponibles sur des plateformes numériques, facilitant ainsi leur consultation par un public plus large et diversifié. De plus, cette numérisation contribuerait à renforcer la diffusion du savoir et de la culture congolais à l’échelle mondiale.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Malgré l’intérêt de nombreux pays africains pour l’e-gouvernement, financer ce type de projet sur fonds propres demeure un défi. Multiplier les sources de financement au niveau continental pourrait s’avérer une approche judicieuse.
Depuis Lomé, la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et la banque de développement allemande KfW ont récemment procédé au lancement officiel du Fonds de transformation digitale (FTD), destiné à la sous-région de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Ce lancement fait suite à plusieurs années de préparation, le projet étant en gestation depuis 2020. Pour l’occasion, l’initiative a été présentée par Moustapha Ben Barka, vice-président de la BOAD.
Un levier pour la modernisation numérique
Conçu comme un outil financier et stratégique, le FTD vise à soutenir les projets de digitalisation dans les huit pays membres de l’UEMOA. Ce fonds cible exclusivement la transformation numérique des administrations publiques, incluant la modernisation des infrastructures technologiques, le développement de systèmes d’information et l’implémentation de solutions numériques innovantes. Ses ressources, modulables et flexibles, seront adaptées aux priorités spécifiques de chaque pays concerné.
« Le FTD incarne notre ambition collective de bâtir des administrations modernes, capables de répondre efficacement aux besoins de nos populations dans un monde en constante évolution », a déclaré Moustapha Ben Barka lors du lancement.
Au Togo, ce fonds s’annonce dans un contexte où le pays ambitionne de renforcer sa digitalisation et de moderniser ses services publics. Ces dernières années, le ministère chargé de la digitalisation, avec l’appui opérationnel de l’Agence Togo Digital, a initié plusieurs réformes majeures dans le domaine des services publics, incluant la numérisation de nombreux services administratifs. L’objectif affiché est ambitieux : atteindre 75 % de services publics digitalisés d’ici à 2025.
Ayi Renaud Dossavi
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Djibouti s’engage résolument dans l’ère numérique pour moderniser ses services publics et renforcer son développement durable. En établissant des partenariats stratégiques avec des acteurs mondiaux, le pays entend devenir un modèle de transformation digitale en Afrique de l’Est.
Le ministère djiboutien de l’Économie numérique et de l’Innovation (MDENI) a annoncé, le mardi 10 décembre, la signature d’un protocole d’accord avec la Fondation eGov, une organisation indienne spécialisée dans les solutions open-source pour les services publics. Ce partenariat vise à catalyser la transformation numérique de Djibouti à travers l’utilisation de la plateforme DIGIT, développée par eGov, afin d’améliorer la prestation des services publics, d’encourager l’innovation et de soutenir l’agenda numérique national.
📢Réaffirmant son engagement en faveur de la transformation digitale,le @MENIDjib ,sous la direction de Madame la Ministre @MariamHamadou1,a signé un accord de partenariat stratégique avec l’organisation Internationale eGov Foundation,pour la transformation numérique 1/5 pic.twitter.com/LDwP5hzfc0
— MDENI (@MENIDjib) December 10, 2024
« Ce partenariat représente une étape cruciale dans la réalisation de notre vision d’un Djibouti numériquement autonome. La mise en œuvre de solutions telles que le système de permis de construire va non seulement transformer les services publics, mais aussi positionner Djibouti comme un leader dans l’utilisation de la technologie pour stimuler la croissance urbaine durable », a déclaré Mariam Hamadou Ali (photo, à gauche), ministre de l’Économie numérique et de l’Innovation.
Créée en Inde, la Fondation eGov est un acteur mondial reconnu pour ses solutions numériques open-source destinées à améliorer la gouvernance et l’expérience des citoyens. Ce partenariat s’inscrit dans son engagement à fournir des biens publics numériques et à accompagner les pays en développement dans leur transformation numérique d’ici 2030. Pour Djibouti, il s’inscrit dans le cadre de la feuille de route « Djibouti Smart Nation », élaborée pour préparer la stratégie nationale de souveraineté numérique.
Dans le cadre de cette collaboration, plusieurs projets seront déployés, notamment la phase pilote d’un système de permis de construire pour rationaliser les processus administratifs et améliorer la transparence. La plateforme DIGIT sera également utilisée pour moderniser d’autres secteurs clés tels que la santé, l’assainissement, les finances publiques et la gouvernance locale. En outre, un programme de renforcement des capacités sera mis en place avec en projet un transfert de connaissances aux équipes locales pour une gestion autonome des outils numériques.
Ce partenariat marque une avancée majeure dans les efforts de modernisation des services publics à Djibouti. Bien que le pays se classe actuellement au 174e rang mondial selon l’indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) 2024, avec un score de 0,2911 sur 1, en dessous des moyennes régionale (0,3903) et mondiale (0,6382), cette collaboration témoigne de la volonté du gouvernement djiboutien de relever ces défis.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’IA révolutionne les modèles économiques et sociaux à travers le monde, offrant des solutions innovantes aux défis complexes. En Afrique, elle suscite de grands espoirs pour accélérer le développement durable, réduire les inégalités et stimuler l’innovation locale.
Le gouvernement congolais voit dans l’intelligence artificielle (IA) un levier stratégique pour accélérer son développement numérique et économique. Lors de la 3ᵉ édition de la Conférence africaine des start-up, tenue à Alger du jeudi 5 au samedi 7 décembre, Léon-Juste Ibombo (photo), ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie Numérique du Congo, a exposé la vision du pays en matière d’IA, axée sur l’innovation et la collaboration régionale et internationale.
Parmi les priorités majeures identifiées, l’amélioration de la recherche en IA occupe une place centrale. Pour répondre à ce défi, le Congo a lancé, en partenariat avec la Commission Économique pour l’Afrique (CEA), le Centre Africain de Recherche en Intelligence Artificielle (CARIA). Situé à Brazzaville, ce centre se veut un catalyseur pour l’innovation et la coopération sud-sud dans des domaines tels que la vision par ordinateur, la robotique ou encore le calcul génétique.
Léon-Juste Ibombo a également mis en avant les initiatives du Congo pour orienter l’utilisation de l’IA vers le développement économique et social. Depuis près de sept ans, le pays récompense l’innovation numérique à travers le Prix Sassou-Nguesso, une initiative complétée par le programme Seeds for the Future, en collaboration avec Huawei, afin de promouvoir les start-up locales. En 2022, une loi spécifique sur la labellisation des start-up a été promulguée pour encourager leur croissance et attirer des investissements dans ce secteur stratégique.
Le Congo entend également jouer un rôle clé dans la formation et le développement des compétences locales en collaborant avec le Cameroun pour créer une université Inter-État sur le numérique. Ce projet stratégique vise à établir un lien solide entre les universités et les industries afin de promouvoir l’innovation et de soutenir les jeunes talents dans des domaines tels que l’IA et la robotique.
Outre la recherche et la formation, le pays ambitionne d’explorer le potentiel transformateur de l’IA dans des secteurs critiques tels que la santé, l’agriculture, les transports et la finance.
Tous ces projets s’inscrivent dans une dynamique continentale, où l’IA est perçue comme une technologie capable de répondre à des défis sociaux et économiques majeurs. Pour le continent, tirer parti de cette technologie constitue une occasion de combler le fossé numérique, de moderniser les économies et de renforcer les capacités locales. À en croire Olumide Balogun, directeur de Google pour l’Afrique de l’Ouest, l’intelligence artificielle pourrait contribuer à hauteur de 1500 milliards de dollars au produit intérieur brut de l’Afrique d’ici 2030.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Les TIC offrent un potentiel important pour stimuler la créativité et l’apprentissage dès le jeune âge. Pourtant, en Afrique, leur adoption dans l’éducation reste limitée, freinée par un manque de préparation et d’infrastructures adaptées.
SCHOOLAP, une plateforme numérique dédiée à l’éducation à distance, a annoncé, le vendredi 6 décembre, la signature d’un partenariat stratégique avec l’Union Nationale des Établissements Privés d’Enseignement Laïc (UNEPEL) au Burkina Faso. Ce projet ambitieux vise à moderniser plus de 1400 écoles privées laïques à travers le pays grâce à des solutions technologiques adaptées.
« Quelques écoles pilotes à Ouagadougou sont en cours d’activation avec la collecte des données, la formation des acteurs et la dotation de tablettes éducatives. Les premiers retours sont très positifs, notamment sur les outils dédiés aux directeurs d’école », précise SCHOOLAP dans un communiqué.
Ce projet s’inscrit dans un contexte continental marqué par une ambition renouvelée pour l’éducation. L’Union africaine a désigné 2024 comme « Année de l’éducation », incitant les pays à renforcer leurs efforts pour garantir une éducation inclusive et de qualité. Dans cette dynamique, la Stratégie d’éducation numérique de l’Union africaine (2023-2028) prévoit notamment le développement d’infrastructures numériques dans les écoles, avec pour objectif qu’au moins 50 % des établissements disposent d’une connectivité à haut débit d’ici 2027 et qu’un tiers des étudiants et tous les enseignants aient accès à des appareils numériques d’ici 2030.
Ce partenariat entre SCHOOLAP et l’UNEPEL marque une avancée importante pour le Burkina Faso, où les infrastructures éducatives numériques restent encore insuffisantes. En modernisant la gestion des écoles et en fournissant des outils pédagogiques adaptés, cette initiative contribue non seulement à améliorer l’enseignement, mais aussi à inscrire le pays dans une dynamique continentale tournée vers l’avenir de l’éducation en Afrique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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L’IA représente une opportunité majeure pour accélérer le développement technologique et économique en Afrique. Face à ses immenses potentialités, les pays du continent cherchent à unir leurs efforts pour définir des stratégies communes et maximiser son impact.
Les ministres africains du Numérique souhaitent mettre en place des politiques unifiées sur l’intelligence artificielle (IA) à l’échelle du continent. Cet appel a été formulé dans la « Déclaration ministérielle d’Alger sur le développement des start-up et de l’IA », adoptée lors de la 3e édition de la Conférence africaine des start-up, qui s’est tenue du jeudi 5 au samedi 7 décembre à Alger. Les 45 ministres ont souligné l’importance de renforcer la coopération entre les pays africains dans ce domaine en définissant un cadre réglementaire commun, adapté aux enjeux du développement numérique.
L’objectif de ces politiques est de créer un écosystème propice à l’innovation et au développement technologique en Afrique. Un cadre commun permettrait d’harmoniser les réglementations, de favoriser le partage des connaissances et de mobiliser des ressources pour des projets d’envergure. Il ouvrirait également la voie à des investissements stratégiques dans les infrastructures numériques, tout en créant des opportunités pour les start-up africaines sur les marchés régionaux et internationaux.
Toutefois, ces ambitions nécessitent de relever plusieurs défis, notamment le déficit en compétences spécialisées dans l’IA, les inégalités d’accès à la technologie entre zones rurales et urbaines, et l’insuffisance des infrastructures comme les centres de données et les réseaux à haut débit. En réponse, les ministres appellent à intensifier la formation, à multiplier les partenariats publics-privés et à garantir un accès équitable aux technologies sur tout le continent.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, qui promeut l’innovation et la transition numérique comme moteurs de développement socio-économique. L’IA se présente comme une innovation majeure qui pourrait contribuer à hauteur de 1200 milliards de dollars au PIB de l’Afrique d’ici 2030, selon le rapport « Africa Development Insights » du Programme des Nations unies pour le développement.
Une telle politique unifiée pourrait ainsi transformer le paysage numérique africain. Elle permettrait de créer un écosystème numérique intégré, de favoriser la coopération interafricaine, d’établir des partenariats stratégiques entre universités, centres de recherche et entreprises, et de positionner l’Afrique comme un acteur clé de l’intelligence artificielle à l’échelle mondiale.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La Somalie s’engage activement dans le développement de ses infrastructures numériques pour répondre aux besoins croissants du marché. L’extension des centres de données verts devient ainsi une priorité pour soutenir l’économie numérique locale et mondiale.
Hormuud Telecom, l’un des principaux opérateurs de télécommunications en Somalie, a annoncé son intention de construire davantage de centres de données verts pour répondre aux besoins croissants de l’économie locale et mondiale en solutions d’intelligence artificielle (IA). Cette annonce, faite par le directeur général Ahmed Mohamud Yusuf (photo), marque une nouvelle étape dans l’engagement de l’entreprise envers des infrastructures numériques durables.
« La Somalie est l’un des pays les plus ensoleillés au monde, et nombre de nos centres de données fonctionnent déjà à l’énergie solaire pendant la journée. Nous opérons dans un environnement complexe avec des défis liés à la sécurité et aux infrastructures, mais notre pays regorge d’opportunités », a précisé Ahmed Mohamud Yusuf.
Cette ambition s’inscrit dans un contexte où la demande pour des solutions numériques durables et fiables ne cesse d’augmenter, tant au niveau local que mondial. Hormuud dispose actuellement de 11 centres de données avec une capacité combinée de 10 mégawattheures, dont jusqu’à 95 % de l’énergie provient de l’énergie solaire. La capacité des nouvelles installations sera ajustée en fonction de la demande, reflétant une approche flexible et durable.
En Afrique, les centres de données verts revêtent une importance capitale dans une région où les coupures d’électricité sont fréquentes et où les infrastructures énergétiques sont limitées. En misant sur l’énergie solaire, Hormuud offre non seulement une solution écologique mais également une résilience accrue face aux interruptions d’alimentation électrique, garantissant ainsi une continuité des services numériques essentiels pour le développement économique et social.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Paratus intensifie ses efforts pour améliorer l'accès à la connectivité haut débit en Afrique et répondre à la demande croissante sur le continent. L'entreprise s'engage à renforcer ses infrastructures numériques tout en diversifiant ses solutions technologiques dans la région.
Le fournisseur panafricain de connectivité à haut débit Paratus a annoncé, mercredi 4 décembre, le début des travaux d’une nouvelle route de fibre optique baptisée « SADC Highway » (Autoroute de la SADC). Ce projet vise à relier le Botswana, le Zimbabwe et la Zambie, tout en renforçant les infrastructures numériques dans la région.
« Ce projet témoigne de l’engagement de Paratus à diversifier l’économie du Botswana et à répondre aux besoins croissants en connectivité dans la région. La Route de la SADC, qui s’ajoute aux trois autres routes en fibre optique existantes, renforce notre position stratégique en Afrique australe. Elle est très attendue, comme en témoignent les nombreux opérateurs qui ont déjà manifesté leur intérêt pour nos services », a déclaré Shawn Bruwer, directeur général de Paratus Botswana.
Le projet prévoit un premier tronçon de 500 km, reliant Gaborone à Plumtree au Botswana, dont l’achèvement est prévu en février 2025. Une fois opérationnelle, la SADC Highway offrira une capacité de 11 térabits, renforçant les réseaux numériques au Zimbabwe et en Zambie tout en apportant une redondance essentielle aux routes déjà existantes via l’Afrique du Sud.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie continentale de Paratus, qui a récemment achevé le réseau BKF (Botswana Kalahari Fiber), une infrastructure de 840 km reliant Gaborone à la frontière namibienne. Ce projet, d’un coût de 70 millions de pulas (5,1 millions $), est déjà opérationnel.
Outre l’amélioration de la couverture des réseaux ruraux et la réduction des coûts par mégabit pour les petits fournisseurs, la Route de la SADC permettra une connexion directe au câble sous-marin Equiano en Namibie et au centre de données Teraco à Johannesburg. En offrant des temps de latence plus faibles et une capacité accrue, ce projet devrait jouer un rôle clé dans le développement économique et numérique de la région. Il devrait également garantir des revenus supplémentaires pour Paratus et les opérateurs locaux grâce à l’augmentation de la demande en connectivité et des services numériques.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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