Les autorités kényanes affichent un intérêt particulier pour l’intelligence artificielle. Le pays a formé en février dernier un partenariat avec neuf autres, dont l’Allemagne, la France et la Suisse, pour une IA d'intérêt général.
Le gouvernement kényan prévoit de lancer la Stratégie nationale d’intelligence artificielle (IA) pour la période 2025-2030, le jeudi 27 mars. Cette stratégie constitue une feuille de route pour les actions gouvernementales en matière d’IA au cours des cinq prochaines années. L’exécutif entend positionner le pays comme un leader de l’innovation en intelligence artificielle, aussi bien en Afrique qu’à l’échelle mondiale.
« La stratégie d’IA du Kenya est conçue pour faire du pays non seulement un acteur, mais un précurseur sur la scène mondiale de l’intelligence artificielle, avec un accent particulier sur l’Afrique. Nous nous appuyons sur notre réputation de "Silicon Savannah" en mettant en place un cadre robuste qui privilégie l’innovation, la gouvernance éthique et la collaboration », a déclaré John Tanui (photo), secrétaire principal du département d'État des TIC et de l'Économie numérique au sein du ministère de l’Information, des Communications et de l’Économie numérique.
C’est en mai 2024 que le gouvernement kényan a lancé le processus d’élaboration de la stratégie nationale d’IA. Un groupe de travail national et un comité directeur ont été mis en place. S’en sont suivies des consultations impliquant les agences gouvernementales, les acteurs du secteur privé, le monde académique, la société civile, les communautés locales et les partenaires internationaux. Cela inclut l’Allemagne, l’Union européenne, le Canada, le Commonwealth et le Royaume-Uni.
Les initiatives prévues par la stratégie peuvent contribuer à accélérer les ambitions de transformation numérique à en croire le Département des affaires sociales et économiques des Nations unies (DAES). Dans son rapport « E-Government Survey 2024 », l’institution déclare : « Il est largement admis que les technologies d'IA peuvent améliorer les opérations du secteur public en remplaçant les tâches administratives par des processus automatisés, en augmentant l'efficacité et en éliminant les arriérés et les redondances. » Elle ajoute également que l’IA peut aider à atteindre les objectifs de développement durable.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Lire aussi:
Télécoms en Afrique : l’IA, catalyseur de modèles économiques innovants
Le lancement officiel du Conseil africain de l’IA annoncé pour avril
Les cyberattaques sont devenues une menace croissante à l’échelle mondiale, ciblant particuliers, entreprises et institutions financières. Face à l’essor des crimes en ligne, Interpol intensifie ses actions afin de démanteler les réseaux criminels et renforcer la cybersécurité.
Interpol, l'Organisation internationale de police criminelle, a annoncé le lundi 24 mars l’arrestation de 306 personnes et la saisie de près de 2000 appareils électroniques dans sept pays africains : l’Afrique du Sud, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Kenya, le Nigeria, la Tanzanie et l'Ouganda. Baptisée « Red Card » (Carton Rouge), cette opération, menée entre novembre 2024 et février 2025, visait à lutter contre les escroqueries aux services bancaires mobiles, les investissements frauduleux et les arnaques via des applications de messagerie. Plus de 5 000 victimes ont été recensées au cours des investigations.
« Le succès de l'opération Carton Rouge témoigne du pouvoir de la coopération internationale dans la lutte contre la cybercriminalité, qui ne connaît pas de frontières et peut avoir des effets dévastateurs sur les individus et les communautés. La récupération d'actifs et de dispositifs importants, ainsi que l'arrestation de personnes physiques essentielles, envoient un message fort aux cybercriminels, à savoir que leurs activités ne resteront pas impunies », a déclaré Neal Jetton, directeur de la cybercriminalité d'Interpol.
Cette opération intervient dans un contexte de recrudescence des cyberattaques et de multiplication des fraudes numériques, devenues de plus en plus sophistiquées. Au Nigeria, la police a arrêté 130 personnes, dont 113 ressortissants étrangers, impliquées dans des fraudes aux casinos en ligne et aux investissements. Afin de dissimuler leurs activités, les criminels convertissaient leurs gains en actifs numériques. L’enquête a conduit à la saisie de 26 véhicules, 16 maisons, 39 parcelles de terrain et 685 appareils.
Au Rwanda, l’opération a permis l’arrestation de 45 membres d’un réseau criminel spécialisé dans l’ingénierie sociale, qui a escroqué des victimes de plus de 305 000 dollars en 2024. Au total, 103 043 dollars ont été récupérés et 292 appareils saisis.
Ces chiffres témoignent de l’ampleur croissante de la menace et de la nécessité pour les États et les organisations internationales d’intensifier leurs actions pour endiguer ces activités illicites. Selon une étude de Cybersecurity Ventures, la montée en puissance de l’intelligence artificielle devrait encore aggraver la situation, avec une hausse estimée de 11 % des pertes mondiales, atteignant 10,5 milliards de dollars en 2025. En Afrique, la cybercriminalité coûterait chaque année environ 4 milliards de dollars à l’économie du continent, selon une estimation de l’Union africaine.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Lire aussi:
En Afrique, les défis actuels de cybersécurité couvent de belles opportunités
Proposant par le passé ses services financiers via le mobile, avec le concours de partenaires bancaires, Quickpay SA s’adressera directement à ses clients, tout comme ses concurrents. La fintech espère s’étendre à de nouveaux marchés au sein de l’UEMOA autres que le Sénégal.
La fintech Quickpay a annoncé, le lundi 24 mars, l’obtention d’une licence d’établissement de monnaie électronique (EME) délivrée par la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Filiale du groupe EDK, l'entreprise pourra désormais proposer des services financiers mobiles au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) sans avoir besoin de banques partenaires, comme cela était le cas par le passé.
« Cet agrément renforce notre position en tant qu’acteur clé de l’inclusion financière et nous permet de mieux répondre aux besoins de nos utilisateurs, en leur offrant des services financiers adaptés. Cela contribue ainsi à l’inclusion financière des populations non bancarisées, soutenant de manière significative le développement économique du continent africain, et plus particulièrement du Sénégal », indique l’entreprise dans un communiqué.
Avec cette nouvelle licence, Quickpay rejoint un cercle restreint d’acteurs capables d’émettre et de gérer de la monnaie électronique de manière autonome, aux côtés de Wave, et d’Orange Finance Mobile qui dominent le marché au Sénégal. L’entrée de Quickpay en tant qu’EME agréé dans ce marché en pleine expansion pourrait dynamiser la concurrence et encourager l’innovation. Si Wave a su s’imposer grâce à une tarification agressive et une facilité d’utilisation inédite, et Orange Money grâce à son réseau étendu, Quickpay devra se différencier en proposant des services innovants à moindre coût et adaptés aux besoins locaux.
Selon un rapport de la BCEAO, le nombre de comptes de monnaie électronique dans l’UEMOA est passé de 94 millions en 2020 à 131 millions en 2021, soit une progression fulgurante de 39%. Au cours de la même période, le Sénégal a observé une augmentation de 63% des souscriptions, confirmant ainsi la demande croissante pour des services financiers dématérialisés.
Bien que le Sénégal affiche une adoption rapide des solutions fintech, une part importante de la population reste non bancarisée, et des disparités persistent, notamment en matière de genre. Selon le rapport de la GSMA « Le point sur le secteur : Les services de Mobile Money dans le monde, 2024 », près de 30% des femmes au Sénégal n’ont pas encore de compte de mobile money, alors que l’adoption de ce service est quasi universelle chez les hommes. Cette fracture numérique constitue un défi majeur que les acteurs du secteur, dont Quickpay, devront relever afin d’assurer une inclusion financière véritablement équitable.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Lire aussi:
PayJustNow propose un paiement échelonné via son application mobile
Face aux enjeux croissants de sécurité urbaine, de nombreuses villes explorent des solutions technologiques avancées. La vidéosurveillance intelligente émerge comme un outil clé pour moderniser la gestion des espaces publics et garantir la sécurité des citoyens.
Le marché mondial de la vidéosurveillance intelligente connaît une croissance rapide, portée par les avancées technologiques en reconnaissance faciale et en analyse automatisée des données. Selon un rapport de Mordor Intelligence, la taille du marché mondial des systèmes de vidéosurveillance est estimée à 81,68 milliards $ en 2024 et devrait atteindre 145,38 milliards $ d’ici 2029, avec un taux de croissance de 12,22 % durant cette période. Plusieurs pays africains, dont le Sénégal, la Côte d’Ivoire et les Seychelles, ont récemment annoncé des investissements dans ces technologies pour renforcer la sécurité urbaine et optimiser la gestion des espaces publics.
Dans cette dynamique, le Maroc s’apprête à franchir une étape importante avec l’installation de 4 000 caméras intelligentes à Rabat d’ici la fin de l’année. Ce projet, piloté par la société publique Rabat Région Aménagements, bénéficie d’un budget global d’environ 100 millions de dirhams (10,4 millions $). Deux entreprises ont été sélectionnées pour sa mise en œuvre : Finatech Group, chargé de l’installation des centres de commandement et de collecte des données, et Alomra Group International, responsable du déploiement des caméras. Ces dispositifs intégreront des technologies avancées comme la reconnaissance faciale et la lecture automatisée des plaques d’immatriculation.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie de transformation numérique du royaume et sa préparation à des événements internationaux majeurs. En tant qu’organisateur de la Coupe d’Afrique des nations 2025 et co-organisateur de la Coupe du Monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal, le Maroc renforce ses infrastructures pour optimiser la sécurité et mieux gérer les flux de population. Ce choix technologique reflète une tendance continentale, où plusieurs pays adoptent la vidéosurveillance intelligente comme levier de modernisation urbaine.
Si les avantages en matière de lutte contre la criminalité et de fluidification du trafic sont souvent mis en avant, ces technologies soulèvent aussi des questions sur la protection des données personnelles et le respect des libertés individuelles. La Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP) a ainsi lancé une série d’auditions pour encadrer leur usage et garantir le respect de la loi 09-08, qui régit la protection des données personnelles au Maroc. L’enjeu est de trouver un équilibre entre innovation sécuritaire et préservation des droits des citoyens, alors que le Maroc franchit un cap dans la gestion intelligente de ses villes.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Lire aussi:
Le Sénégal s'oriente vers un transport intelligent pour une mobilité sécurisée
Le Ghana possède l’un des écosystèmes de start-up les plus dynamiques d’Afrique de l’Ouest. Il abrite des jeunes pousses innovantes comme Mpharma, CarePoint, Zeepay, Complete Farmer et Farmerline.
Le pays fait un pas de plus vers la finalisation de sa loi sur les start-up et l’innovation. La semaine dernière, les acteurs de l’écosystème ont soumis des documents clés à Samuel Nartey George (photo, au centre), ministre de la Communication, des Technologies numériques et de l’Innovation.
Les documents présentés comprennent un plan de travail et une feuille de route pour la rédaction de l’instrument juridique, définissant les étapes stratégiques menant à l’achèvement du projet de loi. « La soumission de ces documents marque une étape significative dans l’élaboration du cadre politique qui renforcera les opportunités pour les start-up, consolidera l’écosystème de l’innovation et encouragera l’entrepreneuriat numérique au Ghana », a déclaré le ministère dans un communiqué publié sur Facebook.
En 2020, le ministère du Développement des entreprises, en collaboration avec le secteur privé, a mis en place un comité chargé de rédiger et de promouvoir l’adoption du projet de loi sur les start-up. Suite à des consultations avec les parties prenantes, le comité a élaboré un projet de loi, qui a depuis fait l’objet de multiples révisions. Selon le ministère de la Communication, des Technologies numériques et de l’Innovation, l’objectif est d’activer le processus d’examen d’ici mai 2025, en vue de sa présentation à l'Assemblée nationale avant la prochaine session de pause parlementaire.
Une fois finalisée et mise en œuvre, la loi visera à « promouvoir la créativité, l’innovation et l’utilisation des nouvelles technologies en vue de générer une valeur ajoutée substantielle et d’améliorer la compétitivité aux niveaux international, régional et national ». Elle inclut, entre autres, la création de l’Agence de l’innovation et des start-up du Ghana, l’instauration d’un fonds de soutien aux start-up et des exonérations fiscales.
L’écosystème des start-up au Ghana est en pleine expansion, soutenu par des investissements directs étrangers, du mentorat, des formations et diverses autres formes d’appui, selon StartupBlink. Dans son rapport « Global Startup Ecosystem Index 2024 », l’organisation classe le Ghana au 4ᵉ rang en Afrique de l’Ouest et au 88ᵉ rang mondial. Ce positionnement repose en grande partie sur Accra, qui occupe la 268ᵉ place parmi les 1 000 villes répertoriées, avec des start-up telles que Mpharma, CarePoint, Zeepay, Complete Farmer et Farmerline.
StartupBlink souligne que l’augmentation du nombre de femmes fondatrices pourrait devenir un moteur de croissance pour l’écosystème. Toutefois, des défis subsistent, notamment le manque de ressources pour le renforcement des capacités et des clauses d’incorporation peu attractives. « En définitive, la scène des start-up au Ghana est encore jeune et dispose d’un fort potentiel d’évolution », conclut l’organisation.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Lire aussi:
Le Ghana veut renforcer sa coopération avec l’Allemagne dans le domaine du numérique
Chaque week-end, la rédaction de We Are Tech Africa vous rappelle les principales informations de la semaine dans le domaine du digital en Afrique, ainsi que leurs implications.
Madagascar lance officiellement la numérisation de ses hôpitaux
Madagascar a lancé la numérisation de ses hôpitaux pour améliorer la gouvernance et la transparence. Les priorités incluent l'optimisation du parcours et de la prise en charge des patients, conformément au Plan stratégique quinquennal du numérique 2023-2028 visant à faire du pays un acteur majeur de l’économie numérique en Afrique.
Madagascar lance officiellement la numérisation de ses hôpitaux
RDC : un plan de 500 millions $ pour connecter 30 millions de personnes à Internet
La République démocratique du Congo a signé un accord de 500 millions de dollars avec l'Agence française de développement et la Banque mondiale pour améliorer l'accès à Internet. Ce projet vise à connecter 30 millions de Congolais en étendant la connectivité nationale, en réduisant les coûts et en modernisant la ville de Boma, touchée par une crise économique liée au ralentissement des activités portuaires.
RDC : un plan de 500 millions $ pour connecter 30 millions de personnes à Internet
Cloudoor et Orange lancent DOOR, un cloud souverain pour l’Afrique
Cloudoor et le Groupement Orange Services ont lancé Door, un cloud souverain 100% africain, pour répondre aux besoins des entreprises locales. Cette plateforme offre une alternative aux infrastructures cloud étrangères, garantissant une sécurité renforcée et une conformité stricte aux réglementations nationales et régionales sur la gestion des données sensibles.
Cloudoor et Orange lancent DOOR, un cloud souverain pour l’Afrique
Le Burkina Faso investit près de 30 millions $ pour accélérer sa transition numérique
Le gouvernement burkinabé a investi plus de 18 milliards FCFA (environ 30 millions de dollars) dans le développement des infrastructures numériques. Ces investissements ont permis d'étendre les réseaux de communication électronique à 44 nouvelles localités, d'interconnecter 104 bâtiments supplémentaires au Réseau informatique national de l'administration publique (RESINA), portant le total à 2 947, et de lancer la construction de deux mini datacenters pour renforcer la souveraineté numérique du pays.
Le Burkina Faso investit près de 30 millions $ pour accélérer sa transition numérique
Le Nigeria prépare un fonds de 40 millions $ pour les start-up technologiques
Le gouvernement nigérian prépare un fonds de 40 millions de dollars, financé par l'Agence japonaise de coopération internationale et l'Autorité souveraine d'investissement du Nigeria, pour soutenir les start-up technologiques en phase de démarrage. Cette initiative vise à renforcer l'écosystème entrepreneurial du pays et à réduire la dépendance des jeunes entreprises aux investisseurs privés.
Le Nigeria prépare un fonds de 40 millions $ pour les start-up technologiques
Adoni Conrad Quenum
Edité par : Feriol Bewa
Cette initiative est issue des « Mali Digital Awards », une compétition digitale annuelle qui récompense les meilleures solutions digitales dans le pays.
Le gouvernement malien a inauguré, le jeudi 20 mars, le « Mali Digital Accélérateur », un programme visant à soutenir le développement de l’écosystème technologique national. Plus concrètement, il fournira aux start-up un accompagnement adapté, des financements stratégiques et un accès privilégié aux marchés.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’ambition des autorités maliennes de bâtir un Mali numérique fort et résilient, en utilisant le numérique comme levier de croissance économique, de modernisation et de prospérité. À travers ce programme, le gouvernement vise à faire émerger des leaders du digital « Made in Mali ».
Selon le ministère de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’administration, le programme permettra de résoudre les principaux défis auxquels sont confrontés les acteurs du secteur. Il s’agit notamment du manque de financement, de l’absence de mentorat et des difficultés d’accès aux infrastructures.
La Société financière internationale (IFC) partage cet avis, soutenant que les accélérateurs peuvent révéler le potentiel des start-up sur les marchés émergents. « Les accélérateurs recherchent des entrepreneurs à fort potentiel de croissance et leur offrent formation, mentorat et mise en réseau, souvent accompagnés d'un capital d'amorçage. Ils aident les entrepreneurs à se développer plus rapidement ou à reconnaître lorsque leurs idées ne sont pas viables, les incitant ainsi à pivoter ou à quitter le marché. Une participation réussie à des programmes d’accélération reconnus constitue également un gage de qualité pour les investisseurs », a déclaré l’institution de Bretton Woods dans un rapport publié en février 2025.
Cependant, l’IFC souligne que, pour être efficaces dans les pays à faible revenu, les accélérateurs doivent avoir des incitations alignées sur les conditions du marché local. Dans ce cadre, l’institution recommande aux accélérateurs des pays les moins développés, avec des marchés financiers émergents, de s’intégrer dans des réseaux d'investissement régionaux. Elle préconise également le renforcement des connexions avec le secteur privé local, tout en nourrissant les réseaux d'investissement providentiel et les fonds de capital-risque pour les pays à revenu intermédiaire inférieur.
« Les accélérateurs peuvent se concentrer sur la spécialisation et l'échelle dans les marchés émergents plus développés, en créant des programmes spécifiques à chaque secteur, en construisant des réseaux transfrontaliers pour l'expansion des marchés et en connectant les start-up locales aux chaînes de valeur mondiales », ajoute l’IFC.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Lire aussi:
Mali : les autorités veulent créer une agence pour accélérer la numérisation des actes civils
Mali : Livrado facilite l’accès aux restaurants avec son application mobile
Le Mali lance deux plateformes numériques pour les paiements et le foncier
Le Nigeria abrite un écosystème tech parmi les plus dynamiques d'Afrique. Cependant, le ralentissement du financement commence à freiner l’essor des start-up. À travers de nouvelles initiatives, le gouvernement entend stimuler l’innovation et offrir un soutien essentiel aux jeunes pousses.
Le gouvernement nigérian travaille au lancement d'un fonds de 40 millions de dollars pour soutenir les start-up technologiques en phase de démarrage. Cette initiative vise à renforcer l'écosystème entrepreneurial du pays et à réduire la dépendance des jeunes entreprises aux investisseurs privés.
Le fonds sera financé à parts égales par l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA) et l'Autorité souveraine d'investissement du Nigeria (NSIA), gestionnaire du fonds souverain national. Kashifu Inuwa Abdullahi, directeur de la NITDA, a confirmé que l'accord final serait signé dans le mois à venir.
Cette initiative s'inscrit dans le cadre de la loi nigériane sur les start-up, connue sous le nom de « Nigeria Startup Act », adoptée en octobre 2022. Cette loi vise à offrir un environnement favorable aux start-up en leur accordant des incitations fiscales et un soutien financier. Parmi les mesures phares, un fonds annuel de 10 milliards de nairas (environ 8,6 millions de dollars) a été mis en place pour financer les start-up labellisées, sous forme de fonds d’amorçage, de subventions ou de prêts.
Selon le média Disrupt Africa, entre janvier 2015 et août 2022, l'écosystème des start-up nigérianes a connu une croissance impressionnante, attirant plus de 2 milliards de dollars d'investissements, plaçant le pays en tête de l'Afrique. Des entreprises telles que Flutterwave, Andela et Opay ont atteint des valorisations de plusieurs milliards de dollars, témoignant de l'essor du secteur. Cependant, en 2023, les levées de fonds ont chuté à 224 millions de dollars, contre 531 millions de dollars en 2022 et plus d’un milliard en 2021. Cette baisse illustre la nécessité d'une intervention publique pour revitaliser l'écosystème technologique en réponse à la frilosité des investisseurs.
Le nouveau fonds représente une avancée décisive pour le Nigeria, qui cherche à encourager davantage d'innovations locales. Actuellement, environ 12 948 entreprises sont enregistrées comme start-up, bénéficiant notamment d’une exonération fiscale de trois ans. Toutefois, un manque de sensibilisation aux avantages de la loi persiste, et le gouvernement prévoit une vaste campagne d’information à travers le pays.
En facilitant l'accès au financement, ce fonds pourrait non seulement renforcer le soutien aux start-up existantes, mais aussi stimuler la création de nouvelles entreprises technologiques, consolidant ainsi la position du Nigeria en tant que leader africain de l'innovation numérique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Lire aussi:
LemFi facilite l’envoi de fonds d’Europe et d’Amérique du Nord vers l’Afrique
Le gouvernement sénégalais s’engage dans la transformation numérique pour booster son développement. En collaboration avec ses partenaires, il met en place des initiatives pour renforcer l’inclusion numérique, soutenir l’entrepreneuriat et créer davantage d’opportunités pour les jeunes et les femmes.
Le partenariat stratégique entre le groupe Sonatel et la DER/FJ (Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes), officialisé le lundi 17 mars, marque une étape décisive dans le développement de l'entrepreneuriat numérique au Sénégal. L'initiative a pour ambition de renforcer l’inclusion numérique et de catalyser la création d’un écosystème entrepreneurial numérique et compétitif à travers des initiatives concrètes.
L’entrepreneuriat est un levier essentiel de croissance et d’opportunités pour les jeunes et les femmes au Sénégal. Pour le renforcer, #Sonatel et la Délégation Générale à l'Entrepreneuriat Rapide des Femmes et des Jeunes (@dersenegal) unissent leurs efforts à travers une… pic.twitter.com/23MfH9AWOh
— Groupe Sonatel (@GroupeSonatel) March 17, 2025
Le projet s’appuie sur l'innovation technologique pour consolider l'inclusion sociale et économique. Il prévoit la synergie des ressources des deux partenaires pour créer de nouveaux champions dans le secteur de l'innovation. Cette collaboration met également l’accent sur la transformation du campus numérique de Bambey en un véritable hub d’innovation, un espace où les jeunes Sénégalais pourront acquérir des compétences numériques de pointe, leur permettant ainsi de se préparer aux emplois de demain.
En parallèle, le partenariat prévoit des programmes de formation adaptés aux besoins spécifiques des jeunes et des femmes, notamment par la création de hubs numériques dans les antennes départementales ciblées et dans les Orange Digital Centers (ODC). Ces centres, qui ont prouvé leur efficacité en tant qu’accélérateurs d’entreprises, serviront de tremplin pour l’émergence d’un écosystème entrepreneurial dynamique et innovant.
Cette collaboration s’inscrit dans les efforts conjoints des deux parties pour bâtir un écosystème propice à l'émergence de talents locaux. Elle constitue également une avancée vers la réalisation de la vision Sénégal 2050 et de la nouvelle stratégie nationale de transformation numérique, le New Deal Technologique, qui vise, d’ici 2034, à labelliser 500 start-up technologiques et à créer 150 000 emplois directs.
Depuis 2019, des initiatives telles que l'Orange start-up center et l'Orange Digital Center ont permis à plus de 39 000 jeunes de bénéficier de formations, avec un taux d’insertion professionnelle de 95 % au Sénégal. En 2024, Sonatel a déclaré avoir investi 800 millions de FCFA (1,3 million $) dans les start-up sénégalaises et a accompagné 1600 femmes grâce à son programme Maisons Digitales.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Lire aussi:
France — Sénégal : vers une coopération renforcée dans l’entrepreneuriat numérique
La première phase de l’expansion du centre de données a été finalisée en 2022. Wingu se renforce en Afrique de l’Est, où il est déjà présent en Éthiopie, à Djibouti et au Somaliland.
L’opérateur de centre de données Wingu Group, présent en Afrique de l’Est, a annoncé le mardi 18 mars le lancement de la deuxième phase de l’expansion de son centre de données à Dar es Salaam. L’entreprise se donne ainsi les moyens de mieux répondre aux besoins évolutifs de ses clients.
Jusque-là, le centre de données de Wingu en Tanzanie est certifié Tier 3 par l’Uptime Institute. Il garantit une maintenance sans interruption grâce à des équipements et circuits redondants. Son alimentation électrique et son système de refroidissement suivent plusieurs chemins redondants, limitant l’indisponibilité à 1,6 heure par an. De plus, il est neutre vis-à-vis des opérateurs, ce qui lui permet d’héberger tous les fournisseurs.
« Parmi les principales améliorations figure le doublement de la puissance par rack afin de soutenir efficacement les applications énergivores. L’installation offre désormais une surface blanche considérablement élargie pour accueillir davantage de baies, de pods et d’enceintes, garantissant ainsi une capacité de croissance adaptée aux besoins croissants des opérations numériques modernes », a déclaré l’entreprise dans un communiqué.
Cette expansion vise à renforcer la position de Wingu sur un marché en pleine croissance, soutenu par la transformation numérique en cours dans le pays. En effet, selon les données de plateformes de statistiques Statista, le marché tanzanien des centres de données devrait générer un revenu de 108,97 millions de dollars en 2025. Ce chiffre devrait enregistrer un taux de croissance annuel moyen de 7,54 % pour atteindre 145,74 millions de dollars en 2029.
Il convient toutefois de notifier que pour profiter des opportunités qu’offre le marché tanzanien des centres de données, Wingu doit faire face à la concurrence. La société Raxio Group est en train de construire un centre de données Tier 3 neutre vis-à-vis des opérateurs à Dar es Salaam. Le fournisseur de services informatiques Oman Data Park a également signé un protocole d’accord pour construire un centre de données à Zanzibar.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Lire aussi:
Le gouvernement tanzanien encourage la production locale d’équipements TIC
Le gouvernement malien souhaite faire du numérique un levier de croissance pour l'économie nationale. Pour y parvenir, il met l'accent sur les services publics, qui constituent un pilier central de la stratégie de numérisation.
Le Premier ministre malien, Abdoulaye Maïga (photo, au centre), a présidé, mardi 18 mars, le lancement de deux plateformes destinées à améliorer les services publics pour les citoyens. Il s’agit de « Trésor Pay » et du Système d’informations foncières / Guichet unique du foncier (SIF/GUF).
La plateforme « Trésor Pay », qui collabore avec l’ensemble des opérateurs de mobile money au Mali, a pour objectif de simplifier et sécuriser les paiements pour des services tels que les frais d’émission de cartes d’identité nationale, de passeports, ainsi que le règlement des infractions routières et amendes forfaitaires. Déjà déployée à la direction générale des transports et à la mairie de la commune IV, cette plateforme a été développée par la Cellule d’appui à l’informatisation des services fiscaux et financiers (CAISFF), en partenariat avec la direction nationale du Trésor et de la comptabilité publique.
Le SIF/GUF, quant à lui, vise à moderniser les formalités domaniales et foncières en permettant aux usagers d’effectuer toutes les opérations liées à la gestion foncière en un même lieu. Ce système sera opérationnel courant l'année dans les sept arrondissements du district de Bamako, conformément aux objectifs du Programme d’actions gouvernemental (PAG).
Le lancement de ces plateformes s’inscrit dans la volonté du gouvernement malien de renforcer la numérisation des services administratifs, facilitant ainsi l’accès des citoyens aux démarches publiques. Il intervient quelques jours seulement après la mise en ligne d’une plateforme numérique dédiée à faciliter l’accès aux documents administratifs, d’identité et de voyage pour la diaspora malienne.
Bien que le Mali ait progressé de 13 places dans le classement de l’e-gouvernement des Nations unies (EGDI) publié en 2024, se positionnant désormais à la 141e place sur 193 pays, des défis demeurent pour améliorer davantage l’accessibilité et l’efficacité des services numériques. Les efforts récents du gouvernement devraient permettre de gagner davantage de places dans ce classement, tout en contribuant à l’optimisation des recettes publiques et à une gouvernance plus efficace dans les années à venir.
Samira Njoya
Lire aussi:
Le Mali adopte le numérique pour fluidifier ses services consulaires
Le Mali et la Banque mondiale discutent de coopération numérique
Avec la croissance rapide du numérique en Afrique, la souveraineté des données devient une priorité pour les entreprises. Des initiatives innovantes émergent à travers le continent, offrant des solutions locales pour garantir la conformité aux réglementations et protéger les données sensibles.
L’Afrique de l’Ouest s'apprête à accueillir Door, un cloud souverain 100% africain, conçu pour répondre aux besoins des entreprises locales. Développée par Cloudoor, une entreprise spécialisée dans les solutions de stockage et de gestion des données, en collaboration avec le Groupement Orange Services (GOS), cette plateforme offre une alternative locale aux infrastructures cloud étrangères. Elle ambitionne de garantir une sécurité renforcée et une conformité stricte aux réglementations nationales et régionales concernant la gestion des données sensibles.
« Cette initiative marque une étape décisive vers une souveraineté numérique renforcée pour les entreprises africaines. Grâce à cette offre cloud souveraine, nous donnons aux acteurs économiques locaux les outils nécessaires pour innover, se développer et rivaliser à l’échelle mondiale tout en conservant un contrôle total sur leurs données », a déclaré Aliou Ba (photo), CEO de Cloudoor.
Cette innovation s'inscrit dans un contexte où la protection des données constitue une priorité stratégique pour les entreprises et les gouvernements africains. Le rapport « Africa Cloud Business Survey 2023 – Unlocking the transformational power of cloud in Africa », de PricewaterhouseCoopers (PwC), met en lumière plusieurs obstacles à l’adoption du cloud en Afrique, tels que les contraintes budgétaires et le manque de fournisseurs locaux proposant des services cloud de qualité. Néanmoins, conscients de son importance, plus de 50 % des entreprises africaines l’ont déjà adopté, selon la même étude.
Pour répondre à ces défis, Cloudoor et GOS ont conçu Door afin de rendre le stockage des données plus abordable et accessible. Ce nouveau cloud repose sur l’infrastructure du datacenter Tiers III du GOS, une composante essentielle du réseau de data centers d'Orange en Afrique. Ce datacenter, construit en 2016 à Grand Bassam, en Côte d’Ivoire, s'étend sur une superficie de 16 600 m². Dans cette dynamique, Door sera officiellement lancé à Abidjan le 24 avril et à Dakar le 29 avril, marquant une étape clé dans le renforcement de la souveraineté numérique en Afrique.
En plus de l’hébergement sécurisé des données, Door propose des services spécifiques visant à accélérer l’innovation et moderniser les systèmes d’information des entreprises africaines. La plateforme inclut une offre DevOps managée, conçue pour optimiser les processus de développement et réduire le time-to-market, permettant ainsi aux entreprises de mieux répondre aux défis technologiques actuels. Par ailleurs, Door Deploy, une solution complémentaire, simplifie le déploiement des applications, bases de données ou modèles d’intelligence artificielle (IA) sur des serveurs GPU (processeur graphique).
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Lire aussi:
Google ouvre son premier centre de données à Johannesburg en Afrique du Sud
La pénurie de main-d'œuvre dans le secteur du numérique en Afrique représente un risque majeur pour le développement du continent. Combler ce vide au cours des cinq prochaines années constitue un double enjeu : réduire le chômage d’une population majoritairement jeune et contribuer à la croissance économique.
Alors que l'Afrique connaît une transformation numérique sans précédent, portée par une jeunesse connectée et des innovations locales, certains métiers tech émergent comme incontournables pour les prochaines années. En effet, si la contribution potentielle projetée de l'économie Internet en Afrique pourrait atteindre 712 milliards de dollars d'ici 2050, Google et la Société financière internationale (SFI) indiquent toutefois qu’elle ne pourra se concrétiser qu’avec une main-d’œuvre locale dotée des compétences de haute qualité et de classe mondiale. Mais l’Afrique en manque encore. D'ici 2030, des compétences professionnelles seront fortement recherchées dans divers domaines numériques pour matérialiser cette croissance.
Développement de logiciels et d'applications
Avec l'explosion des start-up et des plateformes numériques, ainsi que l’adoption progressive du numérique par les entreprises en Afrique, la demande en développeurs augmente. Que ce soit pour créer des applications mobiles, des logiciels de gestion ou des solutions sur mesure dans divers secteurs (santé, commerce, finances, transport, etc.), leur expertise est cruciale. Dans son étude « Africa Developer Ecosystem 2021 » publiée en février 2022, la société américaine Google indiquait une hausse du nombre de développeurs professionnels à 716 000 en 2021 contre 690 000 l'année précédente. Soit une progression de 3,8 % représentant 0,4 % de la main-d'œuvre non agricole du continent. La crise de la Covid-19, qui a accéléré la transformation numérique de l’Afrique et accentué le besoin de développeurs, a suscité des opportunités dans ce secteur.
Cybersécurité
Sans sécurité dans les systèmes électroniques qui servent à communiquer, payer, travailler, pas de confiance dans l’économie numérique. Dans son rapport « Interpol african cyberthreat assessment report 2024 Outlook by the african cybercrime operations desk », l’organisation intergouvernementale de police estime que le nombre d'attaques cybercriminelles continue d'augmenter sur le continent africain. En 2023, le nombre moyen de cyberattaques hebdomadaires par organisation en Afrique a augmenté de 23 % d'une année sur l'autre. Cette moyenne était la plus élevée au monde. Pour Kaspersky, société de cybersécurité, qui dit menace croissante accentuée avec l’usage de l’intelligence artificielle, dit opportunités d’emploi pour des millions de jeunes Africains dans diverses spécialisations.
Intelligence artificielle (IA)
L'IA révolutionne progressivement des secteurs clés comme l'agriculture, la santé et la finance. Les professionnels capables de concevoir des algorithmes et des systèmes intelligents sont de plus en plus demandés. C’est la raison pour laquelle plusieurs pays d’Afrique se dotent depuis 2023 d’une stratégie d’IA. D’autres, plus ambitieux, comme le Rwanda ou encore le Kenya songent déjà à introduire l’IA dans divers services publics. Les initiatives de formations voient également le jour un peu partout. Un ensemble d’actions qui laissent transparaître l’importance que l’IA aura sur la croissance socio-économique. Un avis que partage la Banque africaine de développement (BAD). Au-delà des ingénieurs et des spécialités propres au domaine, l’IA aura aussi une influence sur la création de nombreux métiers dans d’autres domaines comme la création graphique.
Data Sciences et Data Analysis
A l’ère du numérique, les données sont les nouvelles ressources précieuses. Avec un nombre croissant de jeunes Africains qui adoptent Internet, les réseaux, les services numériques, c’est un volume important d’informations diverses qui est produit chaque jour en ligne. Des données qui intéressent aussi bien les entreprises que les Etats. Le cabinet-conseil BearingPoint estime qu’à l'horizon 2030, les revenus générés directement par le Big Data en Afrique atteindront 10 milliards de dollars soit plus de dix fois le niveau enregistré en 2019. Mais pour cela, il faut des spécialistes qui sachent analyser et interpréter ces informations pour les transformer en valeur au travers de prises de décisions éclairées aussi bien dans le marketing, le commerce, l’économie ou encore la défense. Ce sont aussi de nouvelles spécialités professionnelles en perspectives, notamment des juristes spécialisés dans la protection des données.
Expérience et interface utilisateurs (UX/UI)
L'expérience utilisateur est au cœur des applications et des plateformes numériques. Les concepteurs UX/UI, qui créent des interfaces intuitives et attractives, sont de plus en plus essentiels pour répondre aux attentes de satisfaction des utilisateurs. Le cabinet d’intelligence économique Mordor Intelligence indique que la taille du marché mondial de l’UI/UX est estimée à 2,20 milliards $ en 2025 et devrait atteindre 9,28 milliards $ d'ici 2030. Bien que l’Afrique soit une zone où la demande restera moins importante, comparativement aux autres régions du monde, en raison de sa faible vitesse de transformation numérique, il n’en demeure pas moins que le continent sera un marché en croissance pour ce secteur professionnel.
E-commerce
Le commerce en ligne explose en Afrique, avec une concurrence qui se renforce au fil des années. Au-delà des acteurs exclusivement locaux, des acteurs internationaux comme Jumia, Takealot, Temu ou encore Alibaba investissent pour développer leur présence et leur activité. Au-delà de l’activité d’e-commerçant, des profils en gestion de plateformes, logistique et marketing digital sont des spécialités connexes que l’activité va développer. C’est tout un écosystème que plusieurs acteurs comme MasterCard, l’Organisation mondiale du Commerce ou encore la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) cherchent à organiser et développer. La taille du marché africain du commerce électronique devrait passer de 55 à 112,73 milliards de dollars entre 2024 en 2029, enregistrant ainsi une croissance de 105% sur une période de cinq ans, estime le cabinet de conseil en économie numérique TechCabal Insights.
Blockchain et fintech
La blockchain et les technologies financières transforment les services bancaires et sécurisent les transactions. Depuis la Covid-19, la plupart des grandes banques africaines ont entamé la numérisation de leurs services financiers pour plus de sécurité et de commodité, mais également pour faire face à la concurrence des fintech qui se multiplient sur le continent. Ces dix dernières années, la Fintech est demeurée le secteur qui enregistre le plus de start-up et qui attire le plus de financement en Afrique. Avec 1,034 milliard USD levés en 2024, les start-up opérant dans la technologie financière ont capté 47% des capitaux investis dans l’écosystème tech du continent, contre 42% en 2023. C’est un secteur en croissance où le besoin en main-d’œuvre s’annonce croissant au regard des initiatives d’inclusion financières qui se multiplient.
Cloud computing
Selon le cabinet-conseil McKinsey, l’adoption du Cloud computing progresse rapidement en Afrique. Les entreprises, dans plusieurs secteurs comme la Banque, les télécommunications, le pétrole font ce choix pour optimiser leurs coûts informatiques et réduire les charges opérationnelles. Cette tendance séduit et suscite depuis quelques années des investissements conséquents dans le cloud. Des acteurs internationaux comme Amazon, Google, Equinix, Huawei, Oracle se déploient aux côtés de plusieurs acteurs locaux comme Africa Data Centre, Raxio Group ou encore Wingu. Le cabinet d’audit et de conseil PricewaterhouseCoopers (PwC) révèle que 12% des entreprises africaines ont opéré une migration totale vers le Cloud alors que 38% ont adopté la technologie dans la plupart de leurs opérations. 32% des entreprises actives en Afrique ont également commencé à déplacer certaines de leurs opérations vers le cloud, et 19% sont en train de l’explorer. Mais PwC voit dans la pénurie de compétences un obstacle à l’accélération de cette migration. Le secteur du Cloud computing abrite une diversité de profils qu’il faudra développer pour concrétiser les prévisions de croissance qui estiment que le marché devrait voir ses revenus passer d’environ 20 milliards $ en 2025 à près de 45 milliards $ d’ici 2031, selon le cabinet 6W Research.
Marketing digital
Avec plus de 400 millions d'utilisateurs actifs sur les réseaux sociaux en Afrique (Digital Report 2025), les spécialistes du marketing digital sont une ressource dont la demande est amenée à croître au cours des prochaines années. Professionnels clés pour les campagnes en ligne, ils sont devenus des outils incontournables pour atteindre les consommateurs. Pour les marques et les agences de communications, ce sont des atouts précieux qui font aujourd’hui des réseaux sociaux des espaces commerciaux de choix. Raison pour laquelle certains pays, conscients que c’est une niche d’emploi et de richesse, réfléchissent à un moyen de les taxer. Au Kenya, les autorités ont annoncé au dernier trimestre 2023 l'institution d'une taxe de 15% pour les créateurs de contenus et les influenceurs.
Energie numérique et solutions vertes
La transition vers les énergies renouvelables et les solutions numériques pour la gestion de l'énergie sont aujourd’hui au cœur des préoccupations de nombreux acteurs du développement, notamment l’Agence française de développement (AFD). Les hackatons qu’ils multiplient sur ces questions témoignent de l’importance de profils adaptés à ces préoccupations pour les prochaines années et du besoin de les identifier déjà. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) souligne l'importance de ces technologies pour moderniser le secteur énergétique mondial, notamment africain.
Ces domaines numériques et les différents nouveaux métiers technologiques qu’ils englobent représentent une opportunité majeure pour la jeunesse africaine, qui représente 60 % de la population du continent. Dans son rapport 2025 « Future of Jobs », le World Economic Forum (WEF) explique que les compétences technologiques devraient gagner en importance plus rapidement que tout autre type de compétences. Parmi celles-ci, l'IA et le Big Data figurent en tête des compétences affichant la croissance la plus rapide. En complément de ces compétences technologiques, la pensée créative et deux attitudes socio-émotionnelles - la résilience, la flexibilité et l'agilité, ainsi que la curiosité et l'apprentissage tout au long de la vie – gagneront aussi en importance. Cependant, pour saisir ces opportunités, il est essentiel d'investir dès maintenant dans l'éducation et la formation. Les gouvernements, les entreprises et les institutions éducatives doivent travailler ensemble pour préparer la main-d'œuvre de demain.
Muriel EDJO
Lire aussi:
Compétences numériques : Give1project propose son expertise au Congo
Le Maroc opte pour la formation de ses enfants au numérique
Algérie : le gouvernement déploie des centres pour former les jeunes aux TIC
L’intelligence artificielle (IA) redéfinit les économies et les sociétés, transformant les services publics, l’industrie, l’innovation, entre autres. En investissant dans cette technologie, le Maroc ambitionne de renforcer sa compétitivité et sa souveraineté numérique.
Le Maroc et les États-Unis intensifient leur coopération dans le domaine du numérique et de l’intelligence artificielle (IA). Ces enjeux ont été au centre des discussions entre Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, et Steve Lang, ambassadeur itinérant des États-Unis pour le cyberespace et la politique numérique, lors de sa visite officielle à Washington le lundi 17 mars.
(1)Minister @AmalElfallah held today, at the U.S. Department of State, in Washington, D.C., discussions with Ambassador Steve Lang, Chief of Cyberspace and Digital Policy, in the presence of Mr. Youssef Amrani, Ambassador of the Kingdom of Morocco to the USA. pic.twitter.com/4J725UHY0C
— Ministère Délégué auprès du CG chargé de la TN&RA (@Ministere_TNRA) March 17, 2025
La ministre a également échangé avec Leila Elmergawi, directrice de la Stratégie et de la Politique mondiale en matière d’IA au Département d'État américain. Les discussions ont porté sur la feuille de route ambitieuse du Maroc pour l’IA et le Plan Maroc Numérique 2030, réaffirmant l’engagement des deux nations à promouvoir l’innovation et la transformation numérique.
« Nous avons réaffirmé le solide partenariat maroco-américain, faisant progresser la coopération en matière de transformation numérique et d’intelligence artificielle afin de favoriser l'innovation et une prospérité partagée », a déclaré Youssef Amrani, ambassadeur du Maroc aux États-Unis.
Minister Amal El Fallah also held a productive meeting at the @StateDept with Ms. Leila Elmergawi, Director for Strategy and Global AI Policy. They discussed Morocco’s ambitious AI Roadmap and the Digital Morocco 2030 plan, reaffirming their commitment to advancing AI development… pic.twitter.com/7XJQRj9vK1
— Youssef Amrani (@youamrani) March 17, 2025
Cette collaboration s’inscrit pleinement dans la stratégie nationale « Digital Maroc 2030 », qui ambitionne de faire du pays un hub technologique en Afrique. L’IA y joue un rôle clé, notamment dans la modernisation des services publics. Le Maroc prévoit d’intégrer des solutions basées sur l’IA pour automatiser les procédures administratives, analyser les données et améliorer la qualité des services, avec l’objectif de passer de la 90e à la 50e place dans l’Indice des services en ligne des Nations unies d’ici 2030.
Selon le classement du Stanford Institute for Human-Centered AI (HAI), l’AI Index, les États-Unis, leaders mondiaux de l’IA, excellent dans la recherche, le développement et l’économie de cette technologie. Le pays surpasse largement la Chine en investissement privé (67,2 milliards de dollars contre 7,8 milliards de dollars) et en nombre de modèles d’apprentissage automatique créés (61 contre 15).
En s’appuyant sur l’expertise et les meilleures pratiques américaines, le Maroc entend accélérer sa transformation numérique et renforcer sa compétitivité sur la scène internationale. La coopération avec les États-Unis pourrait notamment permettre au pays d’accéder à des technologies de pointe, de développer des infrastructures numériques avancées et d’attirer davantage d’investissements dans le secteur de l’IA. Grâce au partage d’expériences et aux transferts de savoir-faire, le Maroc pourrait également renforcer ses capacités en recherche et en innovation, tout en stimulant l’émergence d’un écosystème local d’IA dynamique et compétitif.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Lire aussi:
Télécoms en Afrique : l’IA, catalyseur de modèles économiques innovants