L’Intelligence Artificielle se répand dans presque tous les secteurs d'activité. Elle offre de nombreux avantages pour l’Afrique, mais l’intégration limitée des langues du continent freine son adoption complète.
Orange s’engage à améliorer la représentation des langues africaines dans les systèmes d’Intelligence Artificielle (IA). Le groupe télécoms français a annoncé, mercredi 27 novembre, la signature d’un partenariat à cet effet avec OpenAI et Meta. Le lancement du projet, prévu pour le premier semestre 2025, vise à développer des intelligences artificielles capables de reconnaître et d’interagir avec les langues africaines.
Les langues d’Afrique de l’Ouest, telles que le wolof et le pulaar, seront les premières à être intégrées dans le projet. Elles seront incorporées dans les technologies Whisper d’OpenAI et Llama de Meta, deux modèles d’IA spécialisés dans la reconnaissance et la traduction linguistique.
Les modèles d’IA actuels sont majoritairement formés avec des données en anglais, ce qui limite la prise en charge des langues africaines. En raison de la rareté des données disponibles, ces langues sont sous-représentées dans les bases de données utilisées pour entraîner les IA. Pour y remédier, Orange fournira les données de ses applications locales, notamment dans les services clients, afin d’améliorer le traitement des langues africaines par les IA.
L’un des objectifs est de permettre aux utilisateurs d’Orange d’interagir avec le service client dans leur langue maternelle, rendant ainsi l’expérience utilisateur plus fluide et accessible. Les progrès réalisés durant la collaboration ne bénéficieront pas seulement aux services d’Orange, puisque les modèles développés seront également mis à disposition pour des projets non commerciaux, notamment dans les secteurs de la santé publique et de l’éducation.
En parallèle, Orange a signé un accord avec OpenAI pour accéder directement aux derniers modèles d’intelligence artificielle du groupe, disposant d'un traitement et d'un hébergement des données en Europe.
Servan Ahougnon
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La chine veut coopérer avec l’Ethiopie dans le domaine de l’économie numérique
Dans le but de soutenir sa transformation numérique, l’Ethiopie noue des partenariats stratégiques. Elle se rapproche d'un pays d’Asie en ce qui concerne la cybersécurité.
Tigist Hamid (photo, à droite), directrice générale de l'administration de la sécurité des réseaux d'information (INSA), a rencontré Chen Hai (photo, à gauche), l'ambassadeur de Chine en Ethiopie. L’information a été dévoilée le lundi 25 novembre par l’Agence des nouvelles éthiopienne.
Les discussions entre les deux personnalités ont porté sur la cybersécurité. Selon l’Agence des nouvelles éthiopienne, Tigist Hamid a présenté à l’officiel chinois « des produits et services de cybersécurité fournis par l'administration ainsi que des efforts en cours pour améliorer l'infrastructure de cybersécurité du pays ». Elle a également évoqué la nécessité d'un soutien et d'une collaboration continus entre les gouvernements éthiopien et chinois sur le segment de la cybersécurité.
Selon l’Union internationale des télécommunications, l’Ethiopie a été classé dans la catégorie Tier 3 avec un score de 76,34 sur 100 à l’indice mondial de cybersécurité. Pour l’UIT, les pays appartenant à cette catégorie ont fait preuve d'un engagement de base en matière de cybersécurité à l'égard d'actions menées par les pouvoirs publics, qui englobent l'évaluation, l'établissement ou la mise en œuvre de certaines mesures de cybersécurité généralement acceptées et portant sur un nombre modéré de piliers ou d'indicateurs.
Quant à la Chine, son score à l’indice mondial de cybersécurité s’est établi à 91,64 sur 100 en 2024, la positionnant dans la catégorie Tier 2. Bien qu’elle ne fasse pas partie des modèles à suivre sur ce segment, la Chine pourra apporter son expertise à l’Ethiopie, elle qui dispose d’importantes entreprises opérant dans le secteur de la technologie telles que Huawei, ZTE, Tencent ou encore Xiaomi.
Adoni Conrad Quenum
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Les autorités guinéennes et sierra-léonaises se sont rencontrées à plusieurs reprises depuis juillet dans le cadre de négociations visant à concrétiser un projet d'interconnexion numérique. Les échanges ont permis de poser les bases de la collaboration.
Rose Pola Pricemou, la ministre guinéenne des Postes, des Télécommunications et de l'Economie numérique, et Salima Monorma Bah, la ministre sierra-léonaise de la Communication, de la Technologie et de l’Innovation, ont signé le vendredi 22 novembre à Freetown un accord-cadre visant à renforcer l'interconnexion numérique entre leurs 2 pays.
𝗠𝗣𝗧𝗘𝗡 / 𝗦𝗶𝗴𝗻𝗮𝘁𝘂𝗿𝗲 𝗱’𝘂𝗻 𝗮𝗰𝗰𝗼𝗿𝗱 𝗰𝗮𝗱𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗲𝗻𝗮𝗿𝗶𝗮𝘁𝗻𝘂𝗺𝗲́𝗿𝗶𝗾𝘂𝗲 - 𝗶𝗻𝘁𝗲𝗿𝗰𝗼𝗻𝗻𝗲𝘅𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲 𝗯𝗮𝗰𝗸𝗯𝗼𝗻𝗲 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗦𝗶𝗲𝗿𝗿𝗮-𝗟𝗲𝗼𝗻𝗲 𝗲𝘁 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗚𝘂𝗶𝗻𝗲́𝗲
— Rose Pola Pricemou (@rppola) November 22, 2024
Freetown, le 22 novembre 2024 — Dans le cadre du… pic.twitter.com/GIhiVpLPIv
La convention, qui inclut l’interconnexion des dorsales Internet des 2 territoires, vise notamment à améliorer leur connectivité et à favoriser les échanges numériques. Il s'inscrit dans la continuité des discussions initiées au Sommet Chine-Afrique sur le numérique en juillet dernier. En août, une délégation sierra-léonaise conduite par la ministre Monorma Bah s'était rendue à en Guinée pour approfondir ces échanges et finaliser un accord-cadre précisant les modalités techniques du partenariat.
Pour Rose Pola Pricemou, cette initiative devrait permettre d’unifier les politiques postales pour améliorer les services essentiels aux populations, notamment celles des régions rurales, de rendre le réseau plus robuste et fiable pour réduire les coûts et améliorer la qualité des services digitaux, et de développer un écosystème numérique dynamique dans le but d’encourager des initiatives collaboratives dans des domaines comme le big data et la cybersécurité.
Pour rappel, la Guinée comptait 4,87 millions d'utilisateurs d'Internet début 2024, avec un taux de pénétration de l'Internet de 33,9% selon DataReportal. La Sierra Leone recensait quant à elle 2,70 millions d'utilisateurs pour un taux de pénétration de l'Internet de 30,4%.
En ce qui concerne le coût, il fallait débourser en 2023 8,1% du revenu national brut par habitant en Guinée pour souscrire à un forfait d’au moins 5 Go de données mensuelles à haut débit (256 Kbits/s ou plus) chez l'opérateur détenant la plus grande part de marché, selon l’Union Internationale des Télécommunications. Ce pourcentage était de 38,2% en 2017 pour la Sierra Leone.
Adoni Conrad Quenum
La transformation numérique se poursuit sur le continent. Certaines administrations se tournent vers les entreprises privées pour la mise en place de leur projet de numérisation.
Fatima Camara (photo, à gauche), ministre guinéenne de la Pêche et de l’Economie maritime, a reçu la semaine dernière les responsables de Karity & Co Holding, une entreprise basée au Royaume-Uni et spécialisée dans la structuration financière et la numérisation des services. Le but de cette entrevue est la numérisation des services du ministère qui devrait débuter en janvier 2025 pour une durée d’un an.
« Avec l’aide de Karity & Co Holding nous allons améliorer la gestion des ressources halieutiques et assurer une meilleure traçabilité des produits de la pêche. Cela nous permettra de garantir une plus grande transparence et une gestion plus durable de notre patrimoine maritime », a expliqué la ministre.
Cette rencontre fait suite à celle d’octobre où l’entreprise britannique avait présenté la maquette de la plateforme de numérisation du ministère. Elle s’inscrit dans le cadre de la stratégie du gouvernement guinéen qui vise, entre autres, à moderniser les services publics dans le but de renforcer l'efficacité et la transparence dans le pays. Selon les données du ministère, la Guinée disposait en 2023 de 95 navires de pêche industrielle, de 8168 pirogues et le secteur représentait 395 000 emplois directs et indirects. Les données de 2022 de la Banque mondiale indiquent une production halieutique annuelle de 336 050 tonnes.
Pour Fatima Camara, ce nouveau système devrait permettre de sécuriser les documents administratifs, de suivre le processus de gestion des licences (de la demande à l'émission des documents) ou encore d’améliorer la mobilisation et la sécurisation des recettes du ministère. Il permettra également de lutter contre la prévarication qui est l’un des chantiers importants du gouvernement. Par ailleurs, elle a tenu à mettre l’accent sur la formation du personnel du ministère et des acteurs du secteur de la pêche dans le but de faciliter le processus de transition numérique.
Adoni Conrad Quenum
L’Afrique est le continent où l’Internet mobile est le plus cher au monde, selon l’UIT. Les populations africaines dépensent en moyenne 4,9% du RNB mensuel par habitant pour accéder à un forfait mensuel décent. La moyenne mondiale est de 1,3%.
En 2023, le coût d'accès à l'Internet mobile en Afrique de l'Ouest s'est avéré plus abordable au Nigeria, au Ghana et en Côte d’Ivoire, selon des données de l’Union internationale des télécommunications (UIT), l’agence spécialisée des Nations unies pour les technologies de l'information et de la communication.
Au Nigeria, il faudra débourser 1,61% du revenu national brut (RNB) mensuel par habitant pour accéder au forfait mobile à large bande le moins cher fournissant au moins 2 Go de données mensuelles en utilisant au moins la technologie 3G. Au Ghana et en Côte d’Ivoire, le coût est respectivement de 1,94% et de 2% du RNB mensuel par habitant pour avoir accès au même type de forfait.
Selon les recommandations de l’UIT, Internet est considéré comme abordable quand son coût est égal à 2% ou moins du RNB mensuel par habitant. En Afrique de l’Ouest, seuls le Nigeria, le Ghana et la Côte d’Ivoire sont dans les clous. En Afrique, la moyenne s’est établie en 2023 autour de 4,9% du RNB mensuel par habitant. Le Sénégal (2,47%) et la Mauritanie (3,01%) sont en deçà de ce chiffre.
Quant à la Guinée-Bissau, au Burkina Faso et à la Gambie, ce sont les pays où l’Internet mobile est le plus cher dans la sous-région ouest-africaine. Pour les populations de ces pays, il faudra respectivement dépenser 9,79%, 9,81% et 11% du RNB mensuel par habitant pour accéder au forfait susmentionné.
Source : UIT
Diverses raisons expliquent la cherté d’Internet dans ces pays. Selon le rapport « The State of Broadband 2024: Leveraging AI for Universal Connectivity » publié en juin 2024, la Broadband Commission estime que « le manque d'accessibilité financière reste un obstacle majeur à l'accès à l’Internet, en particulier dans les économies à faible revenu ». Et d’ajouter : « par rapport aux prix pratiqués dans les économies à revenu élevé, le panier de services mobiles à large bande est 5,5 fois moins abordable dans les économies à revenu moyen inférieur et plus de 20 fois moins abordable dans les économies à faible revenu ».
Le rapport « State of Mobile Internet Connectivity 2024 » de l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie, de son côté, indique que l'Afrique subsaharienne est la région où l'écart de couverture est le plus élevé, avec 13 %. Cela est principalement attribuable au manque d'infrastructures de télécommunications, obligeant certains marchés à compenser leur rareté en appliquant des tarifs élevés pour rentabiliser les ressources disponibles. « Les réseaux à large bande fixe sont très coûteux à déployer, à entretenir et à mettre à niveau, en fonction de la géographie et de l'extension du territoire à couvrir », a affirmé l’UIT.
Adoni Conrad Quenum
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La transformation numérique fait partie des priorités du gouvernement béninois. Par exemple, l’exécutif prévoit de consacrer un budget de 16,4 milliards FCFA aux projets numériques en 2025.
Le gouvernement béninois prévoit de connecter 18 communes supplémentaires à la fibre optique d’ici mi-2025 dans le cadre de son ambition de généraliser l’accès au haut débit dans toutes les 77 communes du pays (photo). C’est ce qu’a révélé Aurelie Adam Soulé Zoumarou, ministre du Numérique et de la Digitalisation, le jeudi 21 novembre au cours de l’émission « PAG 2021-2026 : reddition de comptes » sur la télévision nationale.
Selon la ministre, le déploiement de la fibre optique dans les nouvelles communes permettra de renforcer la dorsale nationale qui relie déjà 50 communes sur environ 2550 km. A terme, le gouvernement cible une couverture totale de 3300 km de fibre optique. De plus, neuf autres communes seront connectées grâce à des technologies alternatives.
Ces plans du gouvernement font partie du projet de déploiement de l’Internet haut et très haut débit sur l’ensemble du territoire national qui vise à « apporter le haut et le très haut débit au plus près des populations et des entreprises béninoises par le biais des investissements publics et privés ». D’un coût estimé à environ 207 milliards de francs CFA (330,63 millions $), l’initiative elle-même s'inscrit dans le cadre du Programme d’action du gouvernement 2021-2026. L’exécutif cherche à « transformer le Bénin en la plateforme de services numériques de l’Afrique de l’Ouest pour l’accélération de la croissance et l’inclusion sociale ».
Amélioration de la couverture et de l’usage
Le projet du gouvernement pourrait contribuer à améliorer la couverture de la population en services de télécommunications, en particulier l’Internet. Le gouvernement revendique un taux de couverture de la 4G de l’ordre de 90 %. Ces données sont confirmées par la plateforme ICT DataHub de l’Union internationale des télécommunications (UIT). L’organisation ajoute que la 2G et la 3G couvrent respectivement 98 % et 90 % de la population. La 5G quant à elle est en début de commercialisation.
En ce qui concerne l’usage, l’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (ARCEP) a recensé 11,06 millions d’abonnés à l’Internet mobile et 20 000 utilisateurs d’Internet fixe en juin 2024 sur une population estimée à environ 13,7 millions par la Banque mondiale (2023). Le nombre d’abonnements à la téléphonie mobile s’élève à 17,8 millions, contre 1363 pour la téléphonie fixe. Cependant, l’UIT estime que les taux de pénétration de l’Internet et de la téléphonie mobile sont respectivement de 33,8 % et 53,9 % à fin 2023.
Isaac K. Kassouwi
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Les Etats du Nigeria multiplient les initiatives pour accélérer leur transformation numérique dans le cadre de l’objectif du gouvernement fédéral. L’initiative touche tous les secteurs de l’économie, dont l’éducation.
Au Nigeria, le Territoire de la capitale fédérale (FCT) envisage de déployer plus de 1000 ordinateurs portables dans ses écoles secondaires. D’un coût estimé à environ 990 millions de nairas (environ 589 000 $), l’acquisition de ces appareils a été approuvée par le Conseil exécutif du FCT lors de sa réunion du lundi 25 novembre.
Selon Danlami Hayyo, secrétaire à l’éducation du FCT, les ordinateurs portables seront préchargés avec des contenus éducatifs et des matériaux d’apprentissage axés sur les compétences professionnelles.
« Les écoles du FCT vont maintenant se transformer en système d'éducation numérique, nous allons passer d'une salle de classe normale d'enseignement et d'apprentissage à un système d'apprentissage basé sur l'éducation aux médias », a déclaré Chidi Amadi, chef de cabinet du ministre du FCT.
L’acquisition des ordinateurs portables fait partie d’une stratégie plus large visant à numériser le système éducatif afin d’améliorer la qualité de l’enseignement dans le FCT. Le Conseil exécutif a récemment approuvé un contrat pour l’acquisition de matériels d’examen. En septembre dernier, le FCT a lancé un programme de formation de 3000 enseignants du primaire aux méthodes d'enseignement numérique.
L’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) estime que la technologie numérique offre deux grands types de possibilités. « Premièrement, elle peut améliorer l'enseignement en comblant les lacunes en matière de qualité, en multipliant les occasions de s'exercer, en augmentant le temps disponible et en personnalisant l'enseignement. Deuxièmement, elle peut engager les apprenants en variant la façon dont le contenu est représenté, en stimulant l'interaction et en incitant à la collaboration », peut-on lire dans le Global Education Monitoring Report 2023.
Isaac K. Kassouwi
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Nigeria : l’Etat de Bauchi veut renforcer son infrastructure numérique
Face aux défis de modernisation administrative, la Guinée explore des solutions numériques pour optimiser ses processus. Cette démarche marque un tournant dans la gestion des ressources publiques, avec un accent sur l'innovation et la collaboration internationale.
La Guinée s’inspire du modèle rwandais pour mettre en place son tout premier système numérique de passation des marchés publics. Un nouvel accord stratégique a été signé à cet effet entre le gouvernement guinéen et la Rwanda Cooperation Initiative (RCI) le mercredi 20 novembre, lors d’une réunion présidée par le Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah.
Le Rwanda et la Guinée signent un accord stratégique pour moderniser et digitaliser le système des marchés publics en Guinée pic.twitter.com/fk25ryZo5F
— RwandainGuinea (@RwandainGuinea) November 24, 2024
« Nous avons une expertise avérée dans la digitalisation des marchés publics, notamment dans la gestion des finances publiques, et c’est cette expérience que nous souhaitons partager avec la Guinée. Nous avons signé ce contrat pour formaliser notre engagement et accompagner le pays dans la mise en place de ce système numérique », a déclaré Patricie Uwase, directrice générale de la Rwanda Cooperation Initiative.
La signature de ce contrat s’inscrit dans la continuité d’une collaboration amorcée en 2023 entre la RCI et la Guinée, visant à tirer parti de l’expertise rwandaise dans le cadre du projet E-Procurement. Porté par le président de la transition, Mamady Doumbouya, ce projet a pour objectif d’améliorer la transparence, de renforcer l’efficacité des procédures administratives et d’optimiser la gestion des ressources publiques. Il représente également une arme essentielle dans la lutte contre la corruption, qui reste un problème majeur dans la gestion des marchés publics en Guinée, souvent critiquée pour son opacité et ses pratiques douteuses.
Grâce à ce système numérique, le processus d’approvisionnement sera non seulement simplifié, mais aussi mieux contrôlé, garantissant ainsi une traçabilité des transactions. En outre, la numérisation des marchés publics permettra de réduire les délais et les coûts associés, tout en favorisant la confiance des investisseurs étrangers, attirés par des pratiques administratives transparentes et modernes.
En s’appuyant sur l’expérience reconnue du Rwanda, la Guinée espère poser les bases d’une gouvernance efficace et transparente. Si cette initiative est menée à bien, elle pourrait redéfinir les standards de gestion des marchés publics en Afrique de l’Ouest et faire de la Guinée un exemple à suivre en matière d’innovation numérique et de lutte contre la corruption. Le gouvernement vise une mise en œuvre rapide, avec pour objectif que, dès le 1er janvier prochain, tous les plans de passation des marchés publics soient entièrement numérisés.
Samira Njoya
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Les Etats du Nigeria multiplient les initiatives à leur niveau pour accélérer leur transformation numérique dans le cadre de l’objectif du gouvernement fédéral. L’Etat d’Anambra a validé, plus tôt ce mois, un projet de déploiement d'une plateforme de gestion des données.
Le gouvernement de l’Etat de Bauchi au Nigeria s’est associé à la société publique Galaxy Backbone (GBB), spécialisée dans la fourniture de solutions et produits TIC, pour renforcer l’infrastructure numérique et généraliser l’usage des technologies de l’information et de la communication (TIC) à travers l’Etat. Les deux parties ont signé un protocole d’accord à cet effet la semaine dernière.
Ce partenariat vise à améliorer la connectivité, développer les compétences locales en TIC, fournir des services de conseil spécialisés et proposer des solutions TIC hébergées. Ces initiatives visent à moderniser la gouvernance et à optimiser la prestation des services publics dans l’Etat de Bauchi. Pour atteindre ces objectifs, GBB s’appuiera notamment sur ses centres de données situés à Abuja et Kano.
La signature de ce protocole d’accord s’inscrit dans la vision du gouverneur Bala Abdulkadir Mohammed de transformer l’Etat en « un pôle d'innovation numérique, garantissant une gouvernance efficace et une meilleure prestation de services pour nos citoyens ». Par exemple, l’Etat travaille à la transformation numérique de son système éducatif avec la mise en place d’un système d'information sur la gestion des enseignants (TMIS) et d’un système d'information sur la gestion de l'éducation.
« Il est attendu que cette collaboration permette de renforcer les infrastructures TIC de l'Etat, grâce aux ressources et à l'expertise de GBB, d'approfondir les services de formation et de conseil, tout en favorisant la croissance économique, attirant des investissements, créant des emplois, et stimulant les opportunités économiques par une connectivité numérique et une prestation de services améliorées au sein de l'Etat », a déclaré GBB dans un communiqué.
Cette initiative pourrait également contribuer à la transformation numérique générale du Nigeria alors que l’économie numérique en Afrique devrait valoir au moins 712 milliards $ en 2050, soit 8,5 % du PIB continental, selon une étude conjointe de la Société financière internationale (SFI) et de Google. Dans ce pays, le secteur des TIC a contribué à hauteur de 19,78% au PIB réel au deuxième trimestre 2024 selon les données de la National Bureau of Statistics (NBS).
Isaac K. Kassouwi
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La révolution numérique transforme profondément les économies africaines, plaçant les infrastructures technologiques au cœur de cette mutation. Dans ce contexte, les datacenters émergent comme des leviers essentiels pour garantir l'accès à des services numériques performants et souverains.
Le fournisseur de services cloud camerounais ST DIGITAL a entamé, le vendredi 22 novembre, la construction de son datacenter Tier 3 au sein du parc technologique du VITIB à Grand-Bassam. Ce projet stratégique vise à renforcer la souveraineté numérique de la Côte d’Ivoire et à répondre à la demande croissante en services numériques de pointe.
« Notre datacenter, qui s’étendra sur une superficie de 4000 m², sera une infrastructure de haute sécurité, à la fois à la pointe de la technologie et écoresponsable, avec une empreinte de carbone réduite. Nous avons même envisagé des projets innovants comme la création de lacs artificiels et de potagers en utilisant tout ce qui sort des climatisations », a déclaré Steve Tchouaga, directeur général de ST DIGITAL.
Ce projet intervient dans un contexte où la transformation numérique s’intensifie en Afrique, et où les solutions cloud connaissent une adoption croissante. Le rapport « Africa Cloud Business Survey 2023 » de PwC, publié en février 2024, révèle que 50 % des entreprises africaines ont déjà intégré le cloud dans leurs opérations, et que 61 % prévoient de migrer entièrement vers cette technologie d’ici 2026.
Le futur datacenter, qui devrait être opérationnel d’ici la fin du premier trimestre 2025, proposera des services innovants, tels que des espaces de colocation modulaires, une station d'atterrissage pour câbles sous-marins, et une infrastructure dédiée à l’intelligence artificielle. Pour la Côte d’Ivoire, le datacenter représente un levier stratégique pour accélérer la transformation numérique, développer l’économie locale et positionner Grand-Bassam comme un hub technologique de référence en Afrique de l’Ouest, stimulant ainsi l’innovation et attirant de nouveaux investissements.
Samira Njoya
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Dans un monde de plus en plus tourné vers le numérique, les pays cherchent à renforcer leurs capacités technologiques. Les solutions locales, notamment les logiciels libres et open source, jouent un rôle essentiel dans cette dynamique.
Le ministre algérien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, a présidé, mardi 19 novembre, à l’Université Dr Moulay Tahar de Saïda, le lancement officiel du premier système d’exploitation algérien basé sur Linux. Ce système, développé à partir de logiciels libres et open source, marque une étape clé dans la modernisation numérique du pays et dans le renforcement de ses capacités technologiques.
« Ce système 100 % algérien est le fruit des efforts conjoints d’étudiants et de chercheurs spécialisés dans le domaine du logiciel, issus de plusieurs institutions universitaires. Cette distribution Linux, qui allie facilité d’utilisation et sécurité, contribuera à améliorer les performances des systèmes d’exploitation de nos ordinateurs et à sécuriser nos systèmes d’information. Elle ouvre également la voie à une économie technologique ouverte, en offrant une base solide pour la création de nombreuses start-up dans le domaine des logiciels », a déclaré Kamel Baddari lors de la cérémonie.
Ce projet s’inscrit dans une stratégie nationale visant à moderniser les universités algériennes et à les positionner comme des hubs d’innovation technologique. L’Université Dr Moulay Tahar de Saïda, qui porte ce projet pionnier, a organisé un concours national mobilisant 10 équipes universitaires pour concevoir ce système d’exploitation. Cette initiative fait écho à d’autres projets technologiques récents, comme le lancement en avril 2023 de la fabrication de la première voiture électrique algérienne, conçue par le Centre de recherche en technologies industrielles (CRTI).
Le lancement du système d’exploitation algérien arrive à un moment où le marché des logiciels open source connaît une forte croissance mondiale. Selon un rapport de la société d'études GitNux de 2024, le marché global de l’open source était évalué à 21,7 milliards de dollars en 2021 et devrait atteindre les 66,84 milliards de dollars 2026. En outre, l’utilisation de logiciels open source permettrait aux entreprises d’économiser environ 60 milliards de dollars par an à l’échelle mondiale.
Ces données renforcent l’importance de ce projet pour l’Algérie, qui pourrait ainsi se positionner favorablement sur le marché mondial de l'open source, tout en stimulant l’innovation locale. Le système d’exploitation algérien, conçu pour répondre aux besoins de sécurité informatique et d’efficacité, pourrait jouer un rôle central dans la transition numérique du pays, tout en valorisant les talents des jeunes chercheurs et entrepreneurs.
Samira Njoya
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Le gouvernement djiboutien fait de l’économie numérique un pilier de son développement. Afin de garantir sa pleine contribution à la croissance du pays, un grand intérêt est aussi accordé à la sécurité du cyberespace national.
Mariam Hamadou Ali (photo, à gauche), ministre djiboutienne de l’Economie numérique et de l’Innovation, a effectué une visite officielle au Qatar pour discuter de cybersécurité, apprend-on des réseaux sociaux du ministère le mardi 19 novembre. Elle a rencontré en marge de cette visite Abdulrahman bin Ali Al Farahid Al Malki (photo, à droite), le chef de l'Agence nationale de cybersécurité du Qatar. Les discussions ont tourné autour de cette problématique et des « moyens de développer et de renforcer le partenariat dans ce domaine », a rapporté la Qatar news agency.
Cette visite s’inscrit dans la continuité des priorités annoncées par le président de la République de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh, lors de la rentrée politique nationale en août dernier. Il avait souligné l’importance du secteur du numérique et des télécommunications pour le développement du pays. Elle intervient également en prélude au lancement imminent de la stratégie nationale de cybersécurité de Djibouti, un projet qui repose sur la création d’alliances stratégiques pour renforcer les capacités du pays face aux cybermenaces.
Selon le rapport « Global Cybersecurity Index 2024 » publié en septembre 2024, l’Union internationale des télécommunications (UIT) classe le pays dans la catégorie Tier 4 avec un score 31,47 sur 100. Pour l’UIT, les pays de cette catégorie ont fait « preuve d'un engagement fondamental en matière de cybersécurité dans le cadre d'actions menées par les pouvoirs publics, qui englobent l'évaluation, l'établissement ou la mise en œuvre de certaines mesures de cybersécurité généralement acceptées dans au moins un pilier, ou plusieurs indicateurs et/ou sous-indicateurs ».
A l’inverse de Djibouti, le Qatar s’impose comme un modèle en matière de cybersécurité. Selon le rapport de l’UIT susmentionné, le pays a obtenu un score parfait de 100 sur 100 à l’indice mondial de cybersécurité. Pour Djibouti, une coopération avec le Qatar pourrait représenter une opportunité. Parmi les attentes potentielles figurent l’échange d’expertises, le partage d’informations sur les cybermenaces émergentes, le renforcement des infrastructures numériques et des investissements ciblés. Ces collaborations pourraient jouer un rôle clé dans la construction d’un écosystème cyber résilient et performant pour Djibouti.
Adoni Conrad Quenum
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La transformation numérique s’impose aujourd’hui comme un levier essentiel pour le développement économique et social à l’échelle mondiale. Les gouvernements et leurs partenaires multiplient les initiatives pour exploiter le potentiel du numérique et réduire les inégalités technologiques.
Le gouvernement ivoirien a procédé, le lundi 18 novembre, au lancement de l’évaluation de l’état de préparation au numérique (DRA) et du projet de référence pour le numérique en Afrique de l’Ouest (Digital Flagship for West Africa). Ces initiatives, menées par le ministère de la Transformation numérique et de la Digitalisation, en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et l’ambassade d’Italie, visent à renforcer l’écosystème numérique et à propulser la Côte d’Ivoire vers une société connectée et inclusive.
#Économie | Transformation numérique : deux initiatives lancées pour accélérer la digitalisation en Côte d'Ivoire
— Gouvernement de Côte d'Ivoire (@Gouvci) November 19, 2024
Abidjan, le 18 novembre 2024 – L'évaluation de l'état de préparation au numérique (DRA) et le projet de référence pour le numérique en Afrique de l'Ouest (Digital… pic.twitter.com/gWw3sxxtV7
« Bien qu’une simple étape, nous concrétisons ici une vision, celle d’une Côte d’Ivoire résolument engagée sur la voie de la transformation digitale comme préconisé par le président de la République, Alassane Ouattara », a affirmé Ibrahim Kalil Konaté, ministre de la Transition numérique et de la Digitalisation.
L’évaluation de l’état de préparation au numérique, développée par le PNUD, constitue un outil stratégique pour définir des priorités numériques fondées sur des données probantes. Elle permet également de repérer des opportunités technologiques susceptibles d’accélérer les objectifs de développement durable et d’améliorer l’état de préparation numérique du pays.
Financé par le gouvernement italien, le projet de référence pour le numérique en Afrique de l’Ouest se concentre sur l’amélioration de la connectivité dans les zones rurales et isolées, le renforcement des infrastructures numériques et la création de systèmes numériques publics efficaces.
Ces deux projets s’inscrivent dans le cadre de la Stratégie nationale de développement numérique à l’horizon 2025, qui vise notamment à connecter l’ensemble du territoire, à développer les compétences numériques des fonctionnaires et des jeunes, et à soutenir l’entrepreneuriat numérique. Grâce aux efforts déjà déployés, la Côte d’Ivoire affiche des progrès remarquables avec plus de 30 240 km de fibre optique installés, couvrant 94,86 % des localités du pays au 31 mars 2024 selon le régulateur télécoms.
Ces nouvelles initiatives devraient permettre de dresser un diagnostic précis des infrastructures existantes, des lacunes à combler et des priorités stratégiques à adopter pour un développement harmonieux du secteur. D’autre part, elles ambitionnent de réduire la fracture numérique en connectant les zones encore dépourvues d’un accès Internet de qualité, renforçant ainsi l’intégration numérique et l’équité territoriale.
Samira Njoya
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Les autorités somaliennes veulent renforcer l’infrastructure numérique. Le régulateur télécoms travaillent avec la Société financière internationale (SFI) pour développer un nouveau cadre réglementaire pour les câbles sous-marins à fibre optique.
Le gouvernement somalien travaille sur l’élaboration d’une politique unifiée de déploiement de la fibre optique pour coordonner et faciliter l’installation de cette infrastructure, ainsi que son extension à travers le pays. Le ministère des Communications et des Technologies a organisé une consultation publique les dimanche 17 et lundi 18 novembre pour recueillir les avis et les contributions des différentes parties prenantes.
« La politique unifiée de déploiement de la fibre optique vise à guider les entreprises de télécommunications nationales vers une collaboration pour l’installation et l’expansion des câbles de fibre optique. Cette initiative permettra de réduire les coûts associés au déploiement et à l’extension des infrastructures de fibre optique, tout en favorisant la croissance de l’économie numérique moderne et l’interconnexion nationale », a déclaré le ministère dans un communiqué publié le dimanche 17 novembre sur sa page Facebook.
Dans son rapport « Digital Economy Diagnostic – Somalia » publié en mars 2024, la Banque mondiale a souligné que le réseau domestique de fibre optique du pays reste largement sous-développé et fragmenté. Elle relève que seuls des segments isolés ont été déployés par des opérateurs sous-régionaux, tandis que les liaisons transfrontalières demeurent faibles. Malgré la connexion de la Somalie à cinq câbles sous-marins internationaux et l’arrivée prévue d’un sixième en 2025, cette infrastructure déficiente entrave une répartition équitable de la capacité disponible.
« L’absence d’un réseau de dorsale robuste empêche la distribution de la capacité internationale à travers le pays, ce qui entraîne un accès inégal au haut débit, une qualité de réseau hétérogène, une redondance limitée et freine la concurrence sur le marché », peut-on lire dans le rapport de l’institution de Bretton Woods.
La densification du réseau national de fibre optique, qui devrait résulter de la mise en œuvre de la politique, peut donc contribuer à améliorer la qualité et la couverture de l’Internet en Somalie. Toutefois, des défis subsistent, comme l’a souligné la Banque mondiale, et ils pourraient freiner l’adoption d’Internet, qui affichait un taux de pénétration de seulement 27,6 % début 2024, d’après DataReportal. Parmi ces obstacles figurent l’accès limité à des appareils abordables et compatibles avec le haut débit, le manque de services attractifs basés sur les données, l’insuffisance de contenu local pertinent, ainsi que le déficit de compétences numériques.
Isaac K. Kassouwi
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