Dans le cadre de ses ambitions de transformation numérique, le Bénin mise sur des partenariats stratégiques. L’objectif est de renforcer la cybersécurité, stimuler l’innovation et former les talents de demain.

En marge de la cinquième édition du Cyber Africa Forum (CAF), tenue à Cotonou la semaine dernière, l’Agence des Systèmes d’Information et du Numérique (ASIN), bras opérationnel du gouvernement béninois dans le secteur du numérique, a signé trois accords majeurs visant à renforcer l’écosystème technologique national.

« Le CAF 2025 était le cadre parfait pour signer ces trois partenariats. Le Bénin, à l’image des autres pays africains, s’engage vraiment dans une dynamique pour devenir producteur de technologie. Nous ne voulons plus être de simples consommateurs de technologie », a déclaré Marc-André Loko (photo), directeur général de l’ASIN.

Deux premiers protocoles ont été conclus respectivement avec l’entreprise sénégalaise Orbus Digital Services (ODS) et la société béninoise Quality Corporate. Ces partenariats visent à consolider l’environnement de la confiance numérique, à travers le renforcement de la cybersécurité, la gouvernance des données et la conformité réglementaire. Une démarche stratégique alors que l’Afrique de l’Ouest enregistre une recrudescence inquiétante des cyberattaques, touchant aussi bien les institutions publiques que les acteurs privés et les citoyens.

Le troisième accord, signé avec l’Institute for Inclusive Digital Africa (IIDiA), soutenu par la Fondation Bill & Melinda Gates, prévoit la création d’un laboratoire d’innovation numérique. Il vise à stimuler l’innovation, à former les talents locaux et à moderniser les services publics, dans une optique d’inclusion numérique et de renforcement des compétences.

Ces accords s’inscrivent dans la stratégie numérique ambitieuse du gouvernement béninois, qui entend faire du digital un levier de croissance inclusive. Selon la GSMA, la numérisation de l’économie béninoise pourrait générer jusqu’à 1 200 milliards FCFA (près de 2,2 milliards USD) de contribution supplémentaire au PIB national d’ici 2028, avec à la clé la création potentielle de plus de 300 000 emplois et une hausse significative des recettes fiscales.

Dans cette perspective, les partenariats récemment signés viennent concrétiser cette ambition, en jetant les bases d’un écosystème numérique plus résilient, innovant et inclusif. Avec ces nouvelles alliances, le Bénin renforce ainsi sa position d’acteur dynamique de l’innovation technologique en Afrique de l’Ouest, en misant sur la confiance numérique, l’inclusion et la montée en compétences locales pour asseoir une souveraineté numérique durable.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

Lire aussi:

 Le Mali renforce son système de protection de l’enfance grâce à une technologie de l’UNICEF

Posted On mercredi, 02 juillet 2025 07:26 Written by

La transformation numérique gagne tous les pans de l’économie sénégalaise, y compris l’agriculture, où une expérimentation est en cours sur un segment précis de la chaîne de production.

Dans le cadre de sa stratégie de modernisation de l’agriculture, le Sénégal a lancé dans la ville de Tivaouane la phase pilote d’un projet de numérisation de la distribution des intrants. L’initiative, qui s’étend également à la ville de Nioro, a déjà permis l’enrôlement de 50 000 producteurs sur les 200 000 visés dans cette première phase.

« Pour la phase test de cette année, 10 000 personnes étaient visées, mais aujourd’hui, nous avons 50 000 producteurs enrôlés. [...] Ce processus a permis de sortir du réseau beaucoup de faux producteurs qui profitaient de l’ancien cadre de travail » a indiqué Alpha Ba, Secrétaire d'État aux Coopératives et à l'encadrement paysan.

L’objectif est d’assurer une distribution plus transparente et efficace des engrais et semences subventionnés, en s’appuyant sur des outils digitaux pour, entre autres, identifier les bénéficiaires et éviter les fraudes. Il s’agit aussi de mieux adapter les quantités distribuées aux besoins réels des exploitants. Dans les villes sélectionnées, les autorités locales et les producteurs eux-mêmes ont été sensibilisés à l’importance de cette réforme.

L’initiative survient quelques mois après l’annonce d’une collaboration entre le gouvernement sénégalais et la Société financière internationale (IFC), la filiale de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, pour la numérisation des subventions agricoles. Comme d’autres secteurs de l’économie du pays, l’agriculture se digitalise, dans le cadre du « New deal technologique », la stratégie nationale visant à faire du numérique un moteur de transformation sociale et économique.

Cette phase pilote devrait être suivie d’un déploiement au niveau national, dans le but de renforcer la sécurité alimentaire, d’améliorer les rendements, et de soutenir la transformation digitale du secteur agricole sénégalais.

Adoni Conrad Quenum

Edité par : Feriol Bewa

Lire aussi:

15/03/2023 - Sénégal : la SFI octroie 7 millions $ pour améliorer l’accès au financement dans la filière rizicole

Posted On mardi, 01 juillet 2025 18:23 Written by

Cybastion avait déjà signé un protocole d’accord avec les autorités angolaises en mars dernier, en marge du Mobile World Congress 2025 à Barcelone. L’initiative s’inscrit dans le cadre du programme « Digital Fast Track initiative » de la société.

Le gouvernement angolais s’est associé à la société technologique américaine Cybastion pour renforcer ses capacités en cybersécurité. L’entreprise s’est engagée à investir 25 millions de dollars dans ce domaine.

Cette initiative constitue la première phase d’un programme d’investissement plus large, d’un montant total de 170 millions de dollars, annoncé la semaine dernière en partenariat avec l’opérateur public Angola Telecom. Le programme prévoit notamment la création d’une agence nationale de cybersécurité ainsi que la formation d’une nouvelle génération de professionnels, en collaboration avec la Cisco Networking Academy.

Ces efforts s’inscrivent dans la stratégie nationale de transformation numérique, qui ambitionne de faire des technologies de l’information et de la communication (TIC) un levier du développement socio-économique. La cybersécurité est, à ce titre, considérée par l’Union internationale des télécommunications (UIT) comme un facteur clé de succès pour toute transformation numérique durable.

En 2024, l’Angola figurait dans la catégorie « Tier 4 » de l’indice mondial de cybersécurité établi par l’UIT, soit l’avant-dernier niveau sur une échelle de cinq. Ce classement reflète un engagement encore limité, marqué par quelques avancées sur le plan réglementaire et dans la coopération internationale. En revanche, des efforts importants restent nécessaires pour renforcer les capacités techniques (outils de détection, réponse aux incidents), les mécanismes organisationnels, ainsi que la formation et la sensibilisation des différents acteurs.

Isaac K. Kassouwi

Edité par Sèna D. B. de Sodji

Lire aussi:

Numérisation des services publics : l’Angola s’appuie sur le modèle indien

Posted On lundi, 30 juin 2025 11:22 Written by

Face aux défis croissants de sécurité et d’efficacité administrative, le Niger engage une modernisation ambitieuse de ses systèmes d’identification, s’appuyant sur les technologies biométriques pour mieux servir ses citoyens.

Le ministre d’État nigérien chargé de l’Intérieur, le général Mohamed Toumba (photo, à droite), a signé, le vendredi 27 juin à Niamey, deux mémorandums d’entente avec Wissal Samtali (photo, à gauche), directrice de la société libyenne Al Itissan Al-Jadeed, spécialisée dans les solutions biométriques et les systèmes d'identité numérique. Ces accords lancent un partenariat public-privé visant à refondre les documents d’identité du pays.

Le premier protocole prévoit la conception, le financement, la construction et la maintenance d’un système d’émission de passeports biométriques électroniques, fabriqués en polycarbonate et dotés de puces hautement sécurisées. Ces e-passeports permettront une meilleure protection contre la fraude et renforceront la crédibilité des documents de voyage nigériens sur la scène internationale.

Le second mémorandum porte sur l’introduction d’une nouvelle carte nationale d’identité électronique (e-ID), conçue pour être à la fois sécurisée, interopérable et conforme aux standards internationaux. Elle doit faciliter l’identification des citoyens en ligne, réduire les délais administratifs et poser les bases d’une gouvernance numérique plus efficace.

Au-delà de la modernisation administrative, ces initiatives reflètent une volonté de transformation structurelle. Elles visent à bâtir un véritable écosystème numérique, dans lequel les technologies d’identification pourront servir de support à une large gamme de services tels que l’authentification en ligne, les services d’e-gouvernement, l’accès bancaire, les programmes de protection sociale, le contrôle aux frontières, etc.

Toutefois, pour que la nouvelle carte d’identité devienne un levier de développement et d’inclusion, plusieurs défis devront être relevés. Il s’agira notamment de garantir une couverture nationale équitable, de développer un système d’identification numérique robuste et interconnecté, de veiller au respect du cadre juridique régissant l’identification et de garantir la protection des données devenues des ressources stratégiques à l’ère de la quatrième révolution industrielle.

Cette collaboration marque un pas important dans la stratégie de modernisation du Niger, tout en illustrant la montée en puissance de partenariats techniques intra-africains. Pour Wissal Samtali, il s’agit d’un signal fort qui pourrait ouvrir la voie à d’autres initiatives communes entre pays du continent dans le domaine des technologies d’identification.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

Lire aussi:

Cameroun : la nouvelle CNI ouvre la voie à l’identité numérique

Posted On lundi, 30 juin 2025 07:48 Written by

Alors que l'Afrique connaît une adoption massive des paiements électroniques, notamment via le mobile money, les cybermenaces évoluent tout aussi rapidement, exploitant souvent l’erreur humaine. Au Cyber Africa Forum 2025, experts et acteurs ont rappelé que face à une cybercriminalité de plus en plus rusée, la première ligne de défense reste l’utilisateur lui-même.

Au Cyber Africa Forum 2025, plusieurs experts ont souligné l’urgence de renforcer l’éducation des consommateurs, considérée comme la première ligne de défense contre les cybermenaces dans le secteur des paiements électroniques. La question a notamment été abordée le mercredi 25 juin, lors d’un panel intitulé « Sécurité des moyens de paiement : entre innovations et cybercriminalité ».

Participant au panel, Miguel Sossouhounto, directeur des études et des partenariats au Centre national d'identification numérique (CNIN) du Bénin, a expliqué que la plupart des cyberattaques actuelles reposent sur l’ingénierie sociale, une méthode qui consiste à exploiter l’incrédulité des utilisateurs pour obtenir des informations confidentielles.

Parmi les exemples cités : les faux dépôts d’argent suivis d’un appel urgent demandant un remboursement, le phishing via de faux sites web conçus pour voler les identifiants, ou encore le recours à des « mules », souvent manipulées à distance, pour réaliser des opérations financières frauduleuses à leur insu. Il a également mentionné des attaques plus sophistiquées, ciblant directement les systèmes techniques ou les bases de données des opérateurs, mais qui restent moins fréquentes.

IMG1

De son côté, Athina Niekou, directrice marketing de Wave Côte d’Ivoire, a expliqué que la fintech mise d’abord sur la simplicité de sa plateforme pour réduire le risque humain. « On est énormément dans l'éducation avec nos clients. Nos clients nous reconnaissent justement parce que sur le terrain on a énormément d'agents qui les éduquent. Même au travers de nos supports marketing, on fait passer des messages pour éduquer nos clients à sécuriser leurs comptes et avoir des réflexes plus intelligents », a-t-elle ajouté.

Cet appel au Cyber Africa 2025 intervient dans un contexte de recrudescence des fraudes sur les moyens de paiement électroniques comme le mobile money, dont l’adoption croissante favorise l’inclusion financière de la population. Cette tendance est confirmée par 84 % des professionnels de l'écosystème du mobile money interrogés par l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA) dans une récente étude.

Face à cette situation, informe Agence Ecofin, la GSMA recommande aux fournisseurs de mobile money de « mener de vastes campagnes de sensibilisation pour informer les clients sur les risques et les mesures de prévention ». Elle recommande également aux autorités publiques de rassembler les différentes parties prenantes afin de collaborer sur diverses initiatives, notamment les programmes de sensibilisation et le partage d’informations.

À titre d’exemple, la GSMA cite deux initiatives mises en œuvre en Ouganda en 2021 et 2023. La première, baptisée « Tonfera », a adopté une approche multicanale combinant radio, télévision, presse écrite et réseaux sociaux pour toucher une large audience à travers le pays. Ces campagnes ont permis d’enregistrer plusieurs résultats positifs, notamment : une baisse des cas de fraude, une hausse des signalements de tentatives, avec désormais plus de tentatives déjouées que de fraudes effectives (avec un ratio estimé à 60:40), ainsi qu’une meilleure autonomisation des consommateurs.

Au terme du panel, les participants se sont engagés à intensifier les initiatives d’éducation des consommateurs. Cependant, ils ont souligné que ces efforts ne porteront leurs fruits que s’ils s’accompagnent d’une coordination renforcée entre les acteurs publics et privés, ainsi que d’une véritable prise de conscience des consommateurs.

Posted On dimanche, 29 juin 2025 17:04 Written by

En quête de diversification économique, la Côte d’Ivoire mise sur le numérique. Les start-up constituent le moteur de cette ambition, dans un pays où l’innovation devient un outil stratégique pour créer de l’emploi et renforcer la souveraineté technologique.

L’exécutif ivoirien mise sur une nouvelle approche pour stimuler la création et la croissance des entreprises tech. Le ministre de la Transition numérique, Ibrahim Kalil Konaté (photo), a récemment lancé un appel solennel aux investisseurs privés pour contribuer à la mise en place d’un fonds de 100 milliards FCFA (environ 178 millions USD) destiné à soutenir les jeunes start-up et projets technologiques du pays.

« Ayons confiance en notre jeunesse car elle crée. Je lance un appel au secteur privé pour accompagner les start-up numériques de Côte d’Ivoire… Ensemble, nous bâtirons ce véhicule financier puissant pour accélérer la transformation digitale de notre pays » a-t-il déclaré lors d’une allocution publique, ajoutant que l’objectif est de renforcer l’accès au financement pour les entrepreneurs souvent freinés par le manque de capital d’amorçage, dans une interview accordée au média Jeune Afrique.

Cette initiative s’inscrit dans un contexte de dynamique numérique marquée. Le pays compte aujourd’hui près de 300 start-up actives et environ 10 000 aspirants entrepreneurs dans les domaines de la fintech, de l’edtech, de l’agritech ou encore de la healthtech. Pour structurer cet écosystème, les autorités ont adopté en novembre 2023 un Startup Act, qui prévoit notamment l’instauration d’un label « Start-up numérique », des avantages fiscaux et douaniers, ainsi que la création d’un comité national de labellisation.

Toutefois, malgré les efforts déployés, les financements privés demeurent insuffisants. Si certains jeunes entrepreneurs peuvent déjà bénéficier du Startup Boost Capital, un fonds lancé en 2023 pour faciliter l’accès au fonds, une large part des start-up reste encore sous-capitalisée et peine à accéder aux ressources nécessaires à leur croissance.

Avec ce nouveau fonds, le gouvernement ambitionne de mobiliser des capitaux privés et institutionnels en complément des aides publiques existantes, afin de stimuler l’essor de start-up à fort potentiel socio-économique. L’objectif affiché dans la stratégie Côte d’Ivoire Numérique 2030 est clair : faire du numérique un contributeur à 10% du PIB d’ici 2028.

Samira Njoya

Edité par : Feriol Bewa

Lire aussi:

Algérie : une nouvelle plateforme numérique pour financer les projets des jeunes

Algérie : cap sur 20 000 start-up d’ici 2029 grâce à l’université

Posted On dimanche, 29 juin 2025 16:12 Written by

Chaque week-end, la rédaction de We Are Tech Africa vous rappelle les principales informations de la semaine dans le domaine du numérique en Afrique, ainsi que leurs implications.

Coopération numérique : le Sénégal courtise les leaders chinois de la tech

Le Sénégal, dans le cadre de son « New Deal Technologique », cherche à renforcer sa transformation numérique via une visite de haut niveau en Chine. La délégation, conduite par le Premier ministre Ousmane Sonko et le ministre chargé des TIC Alioune Sall, a rencontré des géants comme Alibaba, BrainCo et CHINT pour nouer des partenariats dans la 5G, la fibre, l’IA et le cloud. L’objectif est de soutenir les start‑up, de transférer les compétences et de construire des infrastructures numériques stratégiques, entre autres pour les Jeux olympiques de la jeunesse qui se dérouleront à Dakar en 2026.

Numérisation fiscale : le Burundi s’appuie sur la coopération régionale pour avancer 

Le Burundi mise sur la coopération régionale et internationale pour accélérer la numérisation de son système fiscal. En novembre 2024, il a joint la Communauté est-africaine sur les réseaux TIC, et en février 2025, a entamé des discussions avec la SFI/IFC pour financer des projets TIC. Classé 46ᵉ sur 47 en développement des TIC (score 24,4/100), le pays bénéficie d’un projet PAFEN de 92 M$ soutenu par la Banque mondiale. Cette stratégie vise à moderniser l’administration fiscale, améliorer le recouvrement des impôts et stimuler la croissance économique via un numérique inclusif.

Le Mali renforce son système de protection de l’enfance grâce à une technologie de l’UNICEF

Le Mali a déployé en juin 2025 CPIMS+/Primero, une solution numérique de l’UNICEF destinée à renforcer la protection de l’enfance. Ce système centralise et sécurise les dossiers des enfants vulnérables, améliore la coordination entre professionnels, évite les doublons et assure une traçabilité complète des interventions. Lancé quelques semaines après un protocole d’accord signé en mai, il modernise la gestion des cas et s’inscrit dans une dynamique régionale.

A Luanda, le Gabon renforce ses alliances pour accélérer sa transformation numérique

Le Gabon renforce sa transformation numérique à Luanda, lors du 17ᵉ Sommet USA‑Afrique (23 juin). Le président Oligui Nguema a noué des partenariats avec le président botswanais, pour s’inspirer de la digitalisation bostwanaise, et avec Cybastion, pour construire un data center national et former 1000 jeunes Gabonais au numérique. Ces initiatives s’inscrivent dans la stratégie numérique « Gabon Digital » qui ambitionne d’accroître la contribution du numérique au PIB de 5% à 10‑12% d’ici fin 2025. 

Algérie : cap sur 20 000 start-up d’ici 2029 grâce à l’université

Le gouvernement algérien vise la création de 20 000 start‑up d’ici 2029, avec l’université comme pilier central de cette stratégie. Un partenariat entre ministère, universités et incubateurs permet de domicilier des start‑up sur les campus, allège les démarches, soutient la R&D, l’IA et la deep tech, et mobilise la diaspora pour bâtir un écosystème national compétitif.

Posted On samedi, 28 juin 2025 10:15 Written by

L’identité constitue un pilier essentiel de la transformation numérique, une priorité stratégique pour le gouvernement congolais. Dans ce cadre, l’exécutif a engagé l’an dernier des démarches avec la société Trident pour concrétiser cette ambition.

La société singapourienne Trident Digital Tech Holdings Ltd. a annoncé, le mercredi 25 juin dans un communiqué, la signature d’un accord définitif de partenariat avec le gouvernement de la République démocratique du Congo. Ce contrat ouvre la voie au déploiement national de « DRCPass », le futur système d'identification numérique du pays.

« Au cours des derniers mois, nos équipes ont travaillé main dans la main avec le gouvernement de la RDC pour préparer ce moment. Nous félicitons les dirigeants de la République d'avoir embrassé un avenir numérique et nous nous réjouissons de soutenir un déploiement national que d'autres pays d'Afrique ne manqueront pas d'imiter », a déclaré Soon Huat Lim (photo, à gauche), fondateur et PDG de Trident.

Dans le cadre de cet accord, Trident devient le fournisseur exclusif de la solution nationale e-KYC (electronic Know Your Customer), une technologie de vérification d’identité numérique basée sur le Web 3.0. Celle-ci permet de centraliser et de sécuriser l’identité numérique des citoyens. Le système donnera également aux Congolais un accès simplifié aux services à travers une application unique, Tridentity, liée à leur carte nationale d’identité.

Quatre cas d’utilisation prioritaires sont prévus : l’enregistrement des cartes SIM, l’accès simplifié aux plateformes administratives via un guichet unique, l’octroi de permis de paiement numérique, et la mise en place d’un identifiant citoyen numérique sécurisé.

Cette initiative s’inscrit dans la continuité du cadre de collaboration établi en décembre 2024 entre Trident et le cabinet du président, dans le cadre d’un programme national visant à numériser l’administration et renforcer la souveraineté numérique de la RDC.

Avec près de 60 millions d’abonnés à la téléphonie mobile et une population de plus en plus connectée, la RDC espère amorcer une transition vers une gouvernance numérique plus efficace, inclusive et tournée vers l’avenir grâce à DRCPass. L’objectif est de renforcer la transparence des services publics, réduire la fraude, favoriser l’inclusion financière et poser les bases d’une économie numérique formelle. Il pourrait également contribuer à la modernisation de l’état civil, à l'amélioration de la couverture sociale et à l'accès facilité aux services bancaires et à l’éducation en ligne.

Cependant, le succès de cette transformation dépendra de plusieurs facteurs, notamment l’adhésion des populations rurales, la protection des données personnelles, la cybersécurité, ainsi que la capacité des infrastructures numériques à supporter un tel système à grande échelle.

Selon le ministère chargé du Numérique, un test pilote restreint est prévu prochainement afin de garantir la robustesse et la sécurité du système. Une campagne de communication nationale sera également lancée pour sensibiliser la population avant toute phase de déploiement.

Samira Njoya

Edité par Sèna D. B. de Sodji

Lire aussi:

La RDC se rapproche de la mise en œuvre de son système d'identification numérique

La RDC s’associe à Trident pour développer un système d’e-gouvernance

Posted On vendredi, 27 juin 2025 08:06 Written by

Dans un environnement connecté en pleine évolution, les décisions économiques et politiques influencent directement l’accès aux services numériques. Les taxes appliquées aux appels, à l’Internet et aux transactions pèsent sur les utilisateurs et limitent l’inclusion de tous.

La République démocratique du Congo (RDC) impose à ses services mobiles une fiscalité sectorielle lourde, répercutée sur le prix des services de voix, de data et de mobile money. Selon le rapport « Mobile Sector Taxation : Comparative Fiscal Burden in DRC » de l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) publié en juin 2025, cette pression fiscale limite l’accès aux services numériques, freine l’inclusion financière et nuit à la transformation digitale du pays.

Le document recense plusieurs prélèvements spécifiques. Les revenus issus de la vente de services mobiles sont soumis à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) à 16 %, à laquelle s’ajoute un droit d’accise de 10 %. Sont également imposées une contribution de 2 % au fonds de service universel, prélevée sur le chiffre d’affaires, ainsi qu’une redevance RAM de 3,6 %, destinée à financer la connectivité Internet dans les établissements universitaires. Bien que la taxe dédiée au mobile money ait été levée, ces opérations restent soumises à la TVA et au droit d’accise, ce qui en augmente le coût.

Répercussions sur l’accès aux services

L’addition de ces taxes alourdit le prix final pour les utilisateurs, en particulier ceux dont les revenus sont les plus bas. Cette situation affecte notamment les populations rurales, les jeunes et les femmes, pour qui les services mobiles représentent un levier essentiel d’accès à l’information, à l’éducation et aux services financiers. La GSMA souligne que cette pression fiscale limite la diffusion des outils numériques auprès des groupes les plus exposés à l’exclusion.

Les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT) confirment ce constat. En 2024, le coût moyen des services mobiles en RDC représentait 16,4 % du revenu national brut par habitant, alors que l’UIT fixe à 2 % le seuil d’abordabilité. Cet écart s’explique notamment par la structure fiscale du secteur, qui pèse sur les opérateurs et les consommateurs.

Recommandations et perspectives

Face à ce diagnostic, la GSMA recommande une révision de la politique fiscale appliquée aux services mobiles. Elle suggère de ramener le droit d’accise à 3 %, de réduire le nombre de prélèvements spécifiques et de simplifier les mécanismes de perception afin de renforcer l’investissement et d’améliorer la conformité des acteurs du secteur. L’organisation préconise aussi l’exonération des petites transactions de mobile money pour en favoriser l’usage auprès des ménages à faibles revenus.

En 2018, l’Association affirmait que « la réforme fiscale du secteur conduirait à un développement considérable de la pénétration et de l’utilisation des services mobiles, au sein notamment des catégories de population à faibles revenus. Cette croissance est également susceptible d’accroître le PIB et les recettes fiscales du gouvernement à moyen terme ». Dans son rapport « Promouvoir la transformation numérique des économies africaines », la GSMA estime qu’en réduisant ou supprimant diverses taxes que payent les acteurs, le prix de l’Internet mobile pourrait baisser de 13 % d’une année sur l’autre, d’ici 2028.

Melchior Koba

Edité par Sèna D. B. de Sodji

Lire aussi:

Algérie : cap sur 20 000 start-up d’ici 2029 grâce à l’université

Posted On vendredi, 27 juin 2025 07:38 Written by

Portée par l’innovation numérique et une demande mondiale en plein essor, l’apiculture africaine connaît une croissance rapide. Mais pour s’imposer durablement à l’échelle internationale, le secteur doit encore surmonter de nombreux obstacles.

Bien qu’encore considérée comme une filière mineure dans de nombreux pays africains, l’apiculture joue un rôle économique, social et environnemental de plus en plus important sur le continent. En 2023, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a estimé la production mondiale de miel à 1,894 million de tonnes, l’Afrique affichant le taux de croissance le plus élevé. Avec un volume de production annuel de 223 000 tonnes en 2023, l’Afrique représente 12 % de la production mondiale de miel. Ce chiffre marque une progression notable : en 2013, la part de l’Afrique était d’environ 10 % avec 155 000 tonnes produites.

Selon le rapport « Technologies et solutions numériques pour l’apiculture », publié par la FAO en mai 2025, cette production peut encore augmenter tout comme le gain financier pour l’Afrique grâce à l’adoption de nouvelles approches faisant la part belle à la technologie pour améliorer la gestion des colonies, assurer la traçabilité des produits et accéder à de nouveaux débouchés.

Des outils connectés pour une apiculture de précision 

Dans certains pays, la transformation numérique du secteur est déjà en cours via des applications adaptées aux réalités locales. Au Burkina Faso, la start-up Smart-Apic a mis au point une plateforme qui permet de surveiller les ruches à distance à l’aide de capteurs connectés et d’une application mobile. Les données collectées (poids, température, humidité, comportement des abeilles) facilitent la détection précoce des maladies, optimisent les récoltes et réduisent les pertes.

En Ethiopie, Abiye Tadeos, via sa start-up Anabi Agritech Solutions, propose des services d’apiculture intelligente basés sur l’Internet des objets (IoT), permettant de suivre en temps réel l’état des ruches, même dans les zones rurales reculées.

Ces innovations numériques, souvent développées par des start-up locales, ont pour objectif principal l’augmentation de la productivité tout en allégeant la pénibilité du travail.

Traçabilité, blockchain et accès aux marchés internationaux 

L’un des principaux défis de l’apiculture africaine reste la valorisation du miel sur les marchés formels et à l’export. La traçabilité, désormais facilitée par les applications mobiles et la blockchain, devient un atout commercial majeur. Elle garantit la lutte contre la contrefaçon qui déprécie la valeur du produit auprès des consommateurs. D’après la FAO, l’intégration de la blockchain dans la chaîne de valeur apicole atteste de l’origine, de la pureté et de la qualité du miel, des critères de plus en plus recherchés par les marchés internationaux et les labels bio.

La numérisation favorise également l’accès à l’information sur les prix, la demande et les tendances du marché grâce à des plateformes d’échange ou des groupes WhatsApp et Telegram, ajoute la FAO. Les petits producteurs peuvent ainsi mieux négocier et limiter leur dépendance vis-à-vis des intermédiaires souvent coûteux.

Renforcement des capacités et inclusion numérique 

L’adoption des technologies numériques dépasse les seuls outils de production : plateformes d’information, applications de formation et les réseaux sociaux professionnels jouent un rôle déterminant dans le renforcement des compétences des apiculteurs. Elles facilitent l’accès à l’expertise, la diffusion des bonnes pratiques et encouragent la création de communautés d’entraide, essentielles pour renforcer la résilience du secteur face aux aléas climatiques et sanitaires.

Cependant, l’adoption de ces innovations reste freinée par le coût des équipements, le manque d’accès au crédit et la faible maîtrise des outils numériques dans certaines zones rurales. Les experts de la FAO recommandent de privilégier des solutions simples, abordables et adaptées au contexte local, ainsi que développer des programmes de formation spécifiquement destinés aux femmes et aux jeunes.

Perspectives et enjeux pour les acteurs économiques

Selon Global Market Insights, le marché mondial de l’apiculture a dépassé 10,5 milliards de dollars en 2024 et devrait croître de 4,2 % par an jusqu’en 2034, tiré par la demande de produits naturels, de miel bio et de solutions de pollinisation pour l’agriculture durable. Dans ce contexte, la croissance rapide de la production africaine, qui représente déjà 12 % du volume mondial, place le continent en position stratégique pour capter une part croissante de ce marché, à condition d’investir intelligemment dans la numérisation, la certification et la formation des acteurs de la filière.

Pour les investisseurs, les ONG et les pouvoirs publics, l’enjeu est de faciliter l’accès aux technologies, de renforcer les infrastructures numériques et de promouvoir des modèles d’apiculture durable et inclusive. Des initiatives comme Smart-Apic ou Anabi Agritech Solutions illustrent le potentiel de l’innovation locale pour transformer durablement la filière, à condition d’être soutenues par des politiques publiques ambitieuses et des financements adéquats.

Melchior Koba

Edité par Sèna D. B. de Sodji

Lire aussi:

IA et Deepfake : l’Afrique face aux défis de la désinformation numérique

Posted On jeudi, 26 juin 2025 10:24 Written by
Page 21 sur 168

Please publish modules in offcanvas position.