Fin octobre dernier, les Etats-Unis ont décidé d’investir 74,5 millions $ dans la recherche médicale basée sur l’IA en Afrique. Si la capacité de l’intelligence artificielle à révolutionner le secteur de la santé est reconnue de tous, on hésite encore, sur le continent, à pleinement se lancer sur cette voie et profiter de toutes les opportunités qu’elle offre. Cependant, de jeunes entreprises africaines montrent le chemin et font office de pionniers. C’est le cas d’AI Diagnosis Vision, dont la cofondatrice Saoussen Ayari, médecin-dentiste, s’est entretenu avec l’Agence Ecofin au sujet de sa solution qui séduit déjà grand monde en Tunisie et qui pourrait bientôt être étendue à un autre pays du Maghreb.
Agence Ecofin : Comment définirez-vous AI Diagnosis Vision, quels enjeux ou opportunités sur le marché ont motivé sa création ?
Saoussen Ayari : AI Diagnostis Vision est une plateforme web basée sur l’intelligence artificielle qui fournit aux dentistes, aux hôpitaux publics et aux cabinets privés, un diagnostic précis et précoce de 20 pathologies à 92% de précision. La plateforme permet aussi de créer automatiquement un rapport de conclusions après la lecture de l’image radiologique. Elle offre également la possibilité de proposer et optimiser les recommandations de traitement en tenant compte des traitements précédents, grâce à l’Intelligence artificielle inversée.
« Face à l'énorme potentiel offert par l’IA, l'Afrique entend s'accrocher pour ne pas rater la marche du monde.»
Tout est organisé dans un système intelligent de gestion du cabinet. Les enjeux en Tunisie sont l’inégalité de répartition des machines radiologiques standards et spécifiques sur le territoire tunisien et leurs accès. Ce qui entraine un manque de précision dans le diagnostic et son retardement.
AE : Qu’est-ce qui fait la particularité de votre entreprise ?
SA : AI Diagnosis Vision a commencé comme un bootstrap avec deux ordinateurs portables et un scanner pour numériser les images radiologiques. Aujourd’hui, grâce à notre relation étroite avec l’université de médecine dentaire et d’autres partenaires cliniques, nous avons accès à l’un des plus grands ensembles de données de radiographies, de données cliniques, de données socio-démographiques.
Nos modèles d’apprentissage automatique de pointe détectent de nombreuses pathologies, outre les pathologies courantes, mais également les pathologies complexes et les restaurations avec une précision supérieure, ce qui apporte une valeur ajoutée significative aux dentistes, aux patients et aux sociétés dentaires.
« Nos modèles d’apprentissage automatique de pointe détectent de nombreuses pathologies, outre les pathologies courantes, mais également les pathologies complexes et les restaurations avec une précision supérieure. »
Les dentistes d’institutions cliniques renommées du monde entier fournissent la base de millions d’annotations dentaires qui constituent le fondement de nos modèles d’apprentissage automatique. Nous possédons une équipe et un réseau de partenaires appropriés pour réussir ce défi. Il s’agit d’un produit développé par des dentistes pour des dentistes.
AE : Comment la communauté des dentistes tunisiens a-t-elle accueilli votre solution ?
Les médecins-dentistes tunisiens pensaient que l’Intelligence artificielle allait les remplacer, mais le rôle assigné à l'Intelligence artificielle est d'aider et de soutenir le corps médical. L’IA et le Machine Learning font des erreurs. L’IA peut réduire le gaspillage et améliorer les résultats. Elle peut apporter transparence et confiance. Elle peut relier la santé bucco-dentaire à la santé systémique. Mais elle doit apprendre à faire ces choses. Tant qu’elle n'aura pas appris, elle fera des erreurs.
Notre responsabilité – celle de tous les prestataires de soins bucco-dentaires, de tous les membres d’un cabinet dentaire – est d'introduire cette nouvelle technologie de la bonne manière, de la guider, de la nourrir et de lui permettre de s'épanouir. Plus tôt nous accepterons, en tant que collectivité, ce rôle de gardiens de la technologie, plus tôt nous commencerons à l’utiliser pour porter les soins bucco-dentaires vers de nouveaux sommets.
« Cela signifie qu'aujourd'hui, lorsque l’aide au diagnostic de l’IA nous est présentée, nous devrions probablement ravaler notre fierté. »
Cela signifie qu'aujourd'hui, lorsque l’aide au diagnostic de l’IA nous est présentée, nous devrions probablement ravaler notre fierté. Ma fierté d'être un prestataire de soins bucco-dentaires ne devrait pas reposer uniquement sur ma capacité à interpréter une radiographie.
« L’Intelligence artificielle pourrait permettre d’améliorer le quotidien des patients.»
Si je peux utiliser un assistant numérique en mesure d’accélérer ce processus et le rendre absolument plus précis, plus efficace, plus transparent et plus normalisé, et si je peux le partager avec mon patient, pourquoi ne voudrais-je pas l’utiliser ? Parce que cela me permet de me concentrer sur des choses comme la planification du traitement généré par le visage, le diagnostic systémique, l’apprentissage de la connaissance de mes patients et l’élaboration d’options de plan de traitement mieux adaptées à leurs besoins.
AE : Vous espérez agrandir votre clientèle l’an prochain grâce notamment au passage à une intelligence artificielle qui analyse les radiographies en 3D. En dehors de ce développement, quelle sera la prochaine étape pour rendre votre solution plus performante ?
SA : En dehors de la construction 3D à partir d’une image 2D, nous travaillons sur l’amélioration de la précision de notre algorithme par l’apprentissage progressif et continu de l’algorithme, l’introduction d’autres facteurs dans la décision de diagnostic, l’augmentation des données, la lecture de plusieurs types d'images radiologiques, ainsi que l’image radiologique 3D, pour générer un rapport plus détaillé. Dans un avenir proche, nous allons introduire la détection des pathologies dermatologiques orales à partir d’une simple image et l’introduction de la réalité augmentée.
AE : A part la radiologie dentaire, envisagez-vous de proposer d’autres types de solutions dans d’autres domaines de la santé ?
SA : Nous envisageons de relier, grâce à l’Intelligence artificielle, la santé bucco-dentaire à la santé systémique, aux maladies cardiaques et à la dermatologie buccale ainsi qu’à l’esthétique. Du côté de la santé dentaire, nous allons nous développer pour pouvoir analyser différentes possibilités de traitement et déterminer le potentiel de réussite, la durée du cas, les matériaux qui seraient utilisés, les coûts et d'autres considérations.
Nous allons également aligner les opérations de la clinique avec un logiciel de veille économique qui peut inclure une évaluation personnalisée des patients, des traitements, des budgets, des performances cliniques, des ressources de formation, et ce grâce à l’Intelligence artificielle.
AE : Que pensez-vous de l’e-santé en Tunisie, et en Afrique ? Quels problèmes doivent résoudre des entreprises comme la vôtre pour être efficace ?
SA : Le secteur de la santé en Tunisie présente un potentiel réel, notamment au vu de la volonté des autorités tunisiennes de renforcer et moderniser les infrastructures médicales, ainsi que de digitaliser le secteur à travers la stratégie nationale Tunisie 2020. Malgré tout, cette effervescence constatée dans le monde de la santé et dans les universités de médecine, nous ne la constatons pas dans nos universités pour promouvoir l’Intelligence artificielle en santé. Il n’y a quasiment pas de cours ou de formations orientés vers l’utilisation de l’IA, du Big Data dans le cursus éducatif en médecine.
AE : De nombreuses études ont justement déjà été publiées, montrant le potentiel de l’intelligence artificielle pour le secteur de la santé. Que pensez-vous de cette technologie ?
SA : La raison pour laquelle l’IA a un tel potentiel est qu’elle représente un élargissement continu et illimité des connaissances, sans oubli, sans fatigue et sans que des détails insignifiants soient négligés. Les modèles informatiques de l’IA sont basés sur les plans de traitement et les résultats de centaines de milliers de dossiers de patients. L’IA peut offrir une grande précision grâce à un deuxième avis fondé sur une évaluation complète de milliers ou de millions de points de données, qu’il s’agisse d’images, de pathologies, d’antécédents du patient ou de commentaires du patient ou du fournisseur.
« La raison pour laquelle l’IA a un tel potentiel est qu’elle représente un élargissement continu et illimité des connaissances, sans oubli, sans fatigue et sans que des détails insignifiants soient négligés. »
Ces systèmes seront un jour en mesure de nous aider à comprendre la résilience biologique et l’expression phénotypique de nos patients, tout en nous aidant à prédire leur capacité à tolérer et à tirer un bénéfice maximal du traitement que nous leur prescrivons. Étant donné que les résultats les plus positifs possible pour les patients sont notre principal objectif, nous devrions vraiment attendre ce jour avec impatience.
AE : La situation en Tunisie va-t-elle évoluer à votre avis ? Pensez-vous que l’Afrique qui fait encore ses premiers pas dans l’utilisation de l’IA arrivera à bien exploiter cette technologie surtout pour résoudre ses problèmes d’accès aux soins ?
SA : L’Intelligence artificielle en Tunisie n’est aujourd’hui qu’au stade d’embryon, mais va petit à petit gagner la confiance des médecins et se faire une vraie place au sein des cabinets et hôpitaux. En adoptant la numérisation et les flux de travail numériques, nous allons renforcer l'efficacité de la communication analogique. Des décisions plus fondées sur des preuves découleront des informations produites par les systèmes d'IA. Et une fois que nous en serons là, le travail que nous faisons en tant que prestataires de soins bucco-dentaires, des hygiénistes aux chirurgiens en passant par les dentistes, deviendra beaucoup plus important pour la santé et le bien-être de nos patients. Ainsi, l’Intelligence artificielle pourrait permettre d’améliorer le quotidien des patients.
Face à l'énorme potentiel offert par l’IA, l'Afrique entend s'accrocher pour ne pas rater la marche du monde, comme en témoignent les investissements de plus en plus importants dans le domaine. Le domaine de la santé connaît une croissance exponentielle, et le Big Bata ainsi que le Machine Learning vont sûrement permettre de résoudre les problèmes de manque d'équipements spécialisés en radiologie.
AE : Avez-vous des plans d’expansion sur le continent à court terme ?
À court terme, d'ici le milieu de l'année 2022, grâce à nos partenaires, nous prévoyons de nous installer dans un autre pays de la région du Maghreb.
Propos recueillis par Louis-Nino Kansoun
Sofrecom Tunisie célèbre ce jour ses 10 ans d’existence. A cette occasion, M Michaël Trabbia, Directeur Exécutif Technologies et Innovation d'Orange & Président de Sofrecom a réaffirmé l’engagement de l’entreprise et sa volonté d’être l’acteur de référence pour le développement du numérique en Tunisie et sur le continent africain.
Société internationale de conseil et d’ingénierie spécialisée dans les télécoms et les nouvelles technologies de l’information, Sofrecom accompagne la transformation et le développement des opérateurs, des gouvernements et des institutions partout dans le monde. Elle leur apporte conseils et solutions opérationnelles en mettant à leur disposition les expertises de ses 2100 consultants et ingénieurs et l’innovation du groupe Orange.
« Nous sommes heureux de vous retrouver, aujourd’hui à Tunis, pour fêter les 10 ans de Sofrecom Tunisie. Ce sont désormais plus de 1000 emplois créés à Tunis depuis l’implantation de Sofrecom dans le pays. Les compétences hautement qualifiées de nos ingénieurs et développeurs formés dans les universités et écoles tunisiennes contribuent activement aux projets d’Innovation d’Orange. Nous sommes fiers de contribuer au développement économique de la Tunisie. », a déclaré Michaël Trabbia.
« Les engagements que nous avions pris pour la création d’emplois hautement qualifiés dans le secteur numérique, ont été dépassés. Sofrecom Tunisie est devenue aujourd’hui la 1ère entreprise de services numériques en Tunisie, et autre élément de fierté, plus de la moitié de ses ingénieurs sont des femmes. Nous comptons poursuivre cette belle dynamique de croissance et de mixité, et faire de la transformation digitale un levier fort de développement et d’inclusion en Afrique », a ajouté Guillaume Boudin, Directeur Général de Sofrecom.
Une croissance du capital humain X100 en 10 ans
Riche de sa diversité et de la mixité de ses équipes : 33 ans est la moyenne d’âge des équipes, 54% de nos ingénieurs sont des femmes, Sofrecom Tunisie répond à une double promesse : être un centre d’excellence à l’international et à haute valeur ajoutée pour le Groupe Orange et pour ses clients, ainsi qu’un acteur clé du développement numérique en Tunisie et en Afrique.
Afin de réaliser cette croissance, Sofrecom capitalise sur son expérience pour former les compétences du futur et préparer les métiers de demain et s’appuie sur un vivier de jeunes diplômés tunisiens formés dans les universités du pays. En plus des partenariats avec une grande partie des écoles d’ingénieurs locales depuis plusieurs années, l’entreprise mise sur une formation de qualité et une stratégie de rétention des talents qui lui permettent d’atteindre ses objectifs. De nouvelles activités très en vue en ce moment commencent à se développer à Tunis, sur les thèmes de l’Intelligence Artificielle (IA) et de Business Intelligence. En effet, en plus de la recherche, les équipes interviennent sur des composantes IA d’applications et services pour le compte de l’opérateur.
La Tunisie un vivier de compétences dans le numérique
Au cours des célébrations des 10 ans de Sofrecom Tunisie et dans le cadre de la table ronde organisée à cette occasion en présence de partenaires et acteurs de l’écosystème numérique en Tunisie, les intervenants ont rappelé les enjeux de la transformation numérique et l’importance du capital humain comme un élément essentiel à cette transformation.
La Tunisie au travers de son formidable réseau d’enseignement supérieur, est un levier majeur pour Sofrecom pour ses projets de recherche et d’innovation dans le secteur numérique. En effet, il est à noter que le pays est doté de 30 écoles publiques d’ingénieurs et 28 du secteur privé. Ces écoles assurent la formation des ingénieurs en 96 spécialités réparties sur 223 filières dont 60 filières en informatique.
L’objectif de Sofrecom Tunisie pour les années à venir est de former ses ingénieurs à ces métiers du futur et accompagner l’innovation. Son ambition aussi est de renforcer son engagement sociétal auprès de ses parties prenantes et son écosystème. D’abord en développant davantage les programmes déjà en place en faveur de l’inclusion numérique et la réduction de son impact environnemental ; ensuite en allant vers un engagement à plus large échelle via des partenariats à long terme avec les acteurs de la société civile.
À propos de Sofrecom, The Know-How Network
Sofrecom est un acteur de référence du conseil et de l’ingénierie dans le domaine des télécommunications, des NTIC et de la transformation digitale. Filiale du Groupe Orange, la société développe depuis 50 ans un savoir-faire unique dans les métiers de l’opérateur. Son expérience des marchés matures et des économies émergentes, conjuguée à une solide connaissance des évolutions structurantes de son secteur, en font le partenaire stratégique des opérateurs, des gouvernements et des investisseurs internationaux. Sofrecom dont les missions sont intrinsèquement vouées à l’international, compte 11 implantations dans le monde : France, Géorgie, Maroc, Algérie, Tunisie, Côte d’Ivoire, Middle-East (Dubaï et Arabie Saoudite), Bénin, Côte d’Ivoire, Indonésie, Argentine. Depuis sa création, elle a accompagné la transformation de plus 200 acteurs majeurs dans une centaine de pays en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie, en Europe et en Amérique Latine. Forte de 2100 consultants, ingénieurs et analystes issus de plus de 32 nationalités, Sofrecom est riche de sa diversité. Avec l’appui de ses partenaires industriels et des experts de l’innovation d’Orange, elle offre aux organisations un réseau mondial de savoir-faire et d’expertises – The Know-How Network – au service de leur transformation et développement. Pour plus d'informations : www.sofrecom.com
À propos de Sofrecom en Tunisie
Sofrecom Tunisie, est un centre d’excellence et d’expertises digitales et IT qui s’appuie sur ses 1000 chercheurs, développeurs, consultant et ingénieurs hautement qualifiés sur sa proximité avec l’Europe pour répondre de façon souple et réactive aux besoins de ses clients locaux et internationaux. Sofrecom Tunisie est l’un des Hub régionaux de Sofrecom pour adresser ses clients en Afrique et au Moyen-Orient où elle offre des services de veille technologique et concurrentielle, de consulting et d’ingénierie réseaux ainsi que de déploiement de solutions SI.
Depuis 2018, le gouvernement ivoirien s’est engagé à soutenir davantage l’environnement start-up pour en faire un moteur de la croissance nationale. Plusieurs initiatives ont été engagées à cet effet.
Le ministre de l’Economie numérique, des Télécommunications et de l’Innovation, Roger Félix Adom, a procédé le lundi 6 décembre au lancement de l’initiative Startup4Gouv à la Maison des entreprises (CGECI) à Abidjan. Son objectif est de fédérer les meilleures start-up du pays en collège d’entreprises technologiques et innovantes à travers le #CI20. Elles accompagneront ainsi le gouvernement, avec leur expertise technique et pratique dans les différents projets inhérents à la transformation numérique du pays.
Roger Félix Adom a affirmé que le programme Startup4Gouv contribuera à faire de la Côte d'Ivoire un hub digital. Plusieurs jeunes entrepreneurs du numérique ont d’ailleurs été faits ambassadeurs de l’innovation lors de la cérémonie de lancement de l’initiative Startup4Gouv. Ils vanteront le savoir-faire technologique ivoirien. Ils prendront part à la 5e édition du Sommet de l’innovation organique et des startups émergentes Afrique – Europe : EMERGING Valley 2021, prévu les 13 et 14 décembre au palais du Pharo de Marseille.
L’initiative Startup4Gouv s'inscrit dans le cadre de la vision de développement économique axée sur le numérique, pensée par le gouvernement pour faire de la Côte d’Ivoire un pays moderne, numérique, tourné vers les technologies du futur. Cette initiative s’ajoute à plusieurs actions en faveur de l’environnement start-up national annoncées par le gouvernement, notamment la création d’un fonds spécial d’accompagnement de 500 millions FCFA, l’adoption d’une loi sur les start-up.
En 2018, lors de la 6e édition de l’Africa CEO Forum tenue le 26 mars à Abidjan, le Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, soutenait déjà que « l’évolution du numérique offre de nombreuses opportunités à saisir par les jeunes. Car la révolution du digital est susceptible d’aider nos pays à franchir rapidement des étapes pour s’intégrer, de façon harmonieuse, dans le monde ». Avec cette déclaration, il mettait déjà en exergue le potentiel des start-up, dans la création d’emplois et de richesses, à soutenir la croissance économique nationale.
Muriel Edjo
Revendiquant 89% de la population couverte par son réseau 4G, Sonatel réfléchit déjà à la prochaine étape pour améliorer l’expérience des consommateurs. La société qui s’est toujours illustrée par son avant-gardisme dans l’innovation se montre disposée à basculer sur l’ultra haut débit.
A travers un second test de la 5G effectué mardi 14 décembre dans la commune de Saly, dans la région de Thiès, la Société nationale des télécommunications (Sonatel) du Sénégal a validé la compatibilité de plusieurs catégories d’équipements et confirmé sa capacité à offrir des services à ultra haut débit à ses consommateurs. Pour cette nouvelle expérimentation réussie, au cours de laquelle elle affirme avoir atteint un débit de 2 gigabit par seconde, la filiale du groupe télécoms Orange a bénéficié de l’expertise du groupe technologique finlandais Nokia.
Selon la Sonatel, ce deuxième test revêt un caractère spécial, car il permet également de réaffirmer que la société « investit massivement sur tous les territoires et qu’elle a la même ambition de qualité de service pour tous les sénégalaises et sénégalais, quelle que soit leur zone de vie ».
L’opérateur télécoms a souligné son ambition de faire « en sorte que la 5G soit un levier essentiel dans la transformation de notre société et de notre économie, dans des domaines clés comme l’agriculture, l’amélioration de la santé publique, l’éducation de nos enfants, l’entrepreneuriat et l’employabilité des jeunes dans l’acquisition de nouvelles compétences ».
Sonatel a testé pour la première fois la 5G au Sénégal le 24 novembre 2020, trois années après le lancement de la 4G+ survenu en septembre 2018. La société révèle avoir investi 439 milliards de Fcfa (757 millions de dollars) dans son réseau au Sénégal, depuis le renouvellement de la licence en 2016, pour offrir à ses clients une expérience incomparable. Elle réclame aujourd’hui une couverture de 89% de la population par la 4G. La 5G n’est en somme que l’évolution logique de ses ambitions de porter plus loin sa qualité de service.
La Sonatel a expliqué « qu’au-delà de l’amélioration de la vitesse, la 5G devrait faciliter l’émergence d’un immense écosystème IoT (Internet des objets) dans lequel les réseaux pourront répondre aux besoins en communication de milliards d’objets connectés, grâce à un compromis équilibré entre vitesse, latence et coût. La 5G permettra, en complément des réseaux 4G existants, de connecter plus de monde simultanément avec des débits jamais atteints jusque-là ».
La technologie laisse présager des revenus supplémentaires pour la Sonatel qui est à l’heure actuelle la seule société télécoms prête à la lancer sur le marché sénégalais.
Muriel Edjo
De plus en plus sollicitées dans divers secteurs économiques, les technologies basées sur l’IA ont dans leur développement alimenté des maux sociétaux tels que la discrimination ou encore le racisme.
Timnit Gebru (photo), ancienne experte en éthique de l’Intelligence artificielle (IA) chez Google, a annoncé la semaine dernière, le lancement d’un institut de recherche en IA. L’initiative baptisée DAIR (Distributed Artificial Intelligence Research) a pour objectif de documenter les dommages et de développer une vision pour les applications basées sur l’IA qui peuvent avoir un impact positif sur les groupes de personnes marginalisées.
Selon le communiqué de presse qui annonce son lancement, DAIR est « un institut indépendant destiné à contrer l’influence omniprésente des grandes entreprises sur la recherche, le développement et le déploiement de l’intelligence artificielle ».
Mme Gebru se lance dans cette aventure, car selon elle, il faudrait remettre en question les processus utilisés par des entreprises comme Google, Amazon ou encore Meta. Pour avoir une meilleure IA, les chercheurs du secteur doivent être libres de publier les résultats de leurs travaux sans être sous le joug d’une multinationale.
« L’IA doit être ramenée sur terre. Elle a été élevée à un niveau surhumain qui nous pousse à croire qu’elle est à la fois inévitable et hors de notre contrôle. Lorsque la recherche, le développement et le déploiement de l’IA sont ancrés dans les personnes et les communautés dès le départ, nous pouvons aller au-devant de ces préjudices et créer un avenir qui valorise l’équité et l’humanité », a-t-elle indiqué.
Pour rappel, en décembre 2020, Timnit Gebru a été licenciée par Google pour avoir ouvertement critiqué l’IA qui, selon elle, est contraire à l’éthique. Plusieurs exemples semblent corroborer les propos de l’experte. Chez Amazon par exemple, la flotte de livreurs du service Amazon Flex serait gérée par un programme informatique qui licencierait sans « véritable raison » ou à cause de « problèmes techniques ». De plus, des « suspects » auraient été interpellés aux Etats-Unis à cause des systèmes de reconnaissance faciale mal entraînés.
"The #1 thing that would safeguard us from unsafe uses of AI is curbing the power of the companies who develop it and increasing the power of those who speak up against the harms of AI and these companies’ practices." @timnitGebru on how to rein in the harms from AI https://t.co/77T3EbdMyZ pic.twitter.com/cjsdR0tOws
— Ellen K. Pao (@ekp) December 6, 2021
En septembre, Michelle Bachelet, haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l’Homme, a lancé un appel pour l’instauration d’un moratoire sur certaines applications de l’IA. Quoi qu’il en soit, une coexistence entre l’humain et l’IA est inévitable de nos jours, mais il est important de reprendre le contrôle sur cette technologie qui contribue de plus en plus aux bons résultats de nombreux secteurs d’activité.
Adoni Conrad Quenum
En cette année mouvementée, la cryptomonnaie native de Cardano, l’ADA, a perdu sa place de troisième token la plus capitalisée de la planète. Pourtant, son fondateur Charles Hoskinson continue d’annoncer des projets dans le but d’étendre l’influence de Cardano en Afrique et dans le monde.
Cardano veut lancer des services de finance décentralisée (DeFi) en Afrique à partir du second semestre de 2022. C’est son fondateur Charles Hoskinson (photo) qui a annoncé la nouvelle dans une vidéo publiée la semaine dernière.
« Nous avons complètement contourné le système bancaire en Afrique […] Qu’est-ce qu’une bonne identité, qu’est-ce qu’un bon score de crédit, quels autres produits et scores devraient exister dans la finance en Afrique ? Et comment les diffuser dans toute l’Afrique ? En 2022, toutes les infrastructures sont en place pour que cela se produise », a déclaré Hoskinson.
Selon lui, la mauvaise situation financière des pays en développement peut être modifiée grâce à la DeFi. Hoskinson prévoit ainsi de continuer à étendre la portée de Cardano sur le continent africain en permettant aux populations d’avoir accès, plus facilement, aux « services bancaires classiques » tels que la perception des intérêts, l’obtention des crédits ou encore l’épargne, via sa blockchain.
Pour rappel, après une tournée dans plusieurs pays d’Afrique en 2021, Charles Hoskinson a conclu plusieurs partenariats sur le continent en occurrence au Burundi et à Zanzibar. L’entreprise a également lancé Emurgo Africa dans le but de soutenir la croissance des start-up à fort potentiel se concentrant sur la création de solutions à impact social sur le continent.
Adoni Conrad Quenum
La Zone de libre-échange continentale africaine est opérationnelle depuis le 1 janvier. Elle est porteuse de nombreuses opportunités d’affaires pour le secteur de l’e-commerce en Afrique. Il est donc crucial que les politiques des pays soient adaptées. Smart Africa Alliance a décidé de s’en enquérir.
Le conseil d’administration du groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé, vendredi 17 décembre, l’attribution d’une subvention de 1,5 million $ à la Smart Africa Alliance, un regroupement de 32 pays d’Afrique, d'organisations et de sociétés internationales qui partagent la vision d’un marché numérique unique sur le continent.
L’argent qui provient du Fonds africain de développement, le guichet concessionnel de la Banque, servira à l’évaluation des lacunes politiques dans les écosystèmes du commerce numérique et électronique de dix pays que sont la Côte d'Ivoire, Bénin, Ghana, Liberia, Ouganda, Soudan du Sud, Zimbabwe, République du Congo, São Tomé et Príncipe et République démocratique du Congo.
Lacina Koné (photo), le président-directeur général de Smart Africa Alliance, a déclaré que « l'un des principaux défis qui empêchent le continent de se préparer à son nouvel avenir audacieux est l'incapacité d'effectuer des paiements transfrontaliers pour des biens et des services en raison d'un manque de solutions et de politiques paralysantes. Notre partenariat avec la Banque africaine de développement est crucial pour créer un environnement propice à la promotion des paiements électroniques, et l'économie numérique est essentielle pour la renaissance de l'Afrique ».
Dans le cadre de sa mission d’évaluation, Smart Africa Alliance consultera les acteurs des secteurs public et privé pour développer un programme de formation en ligne qui bénéficiera directement à 600 parties prenantes, dont des représentants du gouvernement, des petites et moyennes entreprises, des opérateurs de réseaux mobiles du secteur privé, et bénéficiera indirectement à 2 500 autres.
Depuis le 1er janvier 2021, la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) est officiellement entrée en activité. Elle offre un accès au marché à 1,2 milliard de personnes et un produit intérieur brut (PIB) de 2 500 milliards de dollars dans les 55 Etats membres de l'Union africaine. Elle est présentée par la Commission économique africaine des Nations unies (CEA) comme un atout pour une véritable éclosion de l’e-commerce sur le continent. Mais pour que cette perspective se concrétise, il est important que le cadre légal du e-commerce, propre à chaque nation, soit favorable aux échanges internationaux.
Nicholas Williams, le chef de division de la Banque pour les opérations TIC, a affirmé que « ce projet est à la fois opportun et vital. Pour que le continent crée un marché numérique unifié d'ici 2030, les efforts doivent se concentrer sur l'harmonisation et la construction d'un environnement politique cohérent pour le commerce intracontinental ».
Muriel Edjo
Au cours de la dernière décennie, le gouvernement ghanéen a multiplié les actions pour freiner la prolifération des médicaments contrefaits dans le pays. Au regard des succès relatifs enregistrés par le passé, l’accent a cette fois été mis sur le numérique comme gage de traçabilité et d’efficacité.
Le vice-président de la République du Ghana, Mahamudu Bawumia (photo), a lancé le processus de numérisation des pharmacies. La première étape, le lancement officiel du cadre réglementaire régissant le programme national de pharmacie électronique, a été franchie avec succès le mercredi 22 décembre. La seconde étape, la mise en service de la plateforme d’e-pharmacie, interviendra au cours de l’année 2022. L’ensemble du programme contribuera à améliorer l’accès des populations aux médicaments de qualité.
La plateforme e-pharmacie, développée avec la contribution de plusieurs parties prenantes dont le Conseil de la pharmacie et la Société pharmaceutique, sera reliée à la base de données de la Food and Drugs Authority (FDA) pour authentifier l'approbation ou non des médicaments proposés ; vérifier les opérations de pharmacie non agréées ; réduire les disparités dans le coût des médicaments et minimiser certains problèmes administratifs et de livraison qui nuisent à l’activité des pharmaciens.
Mahamudu Bawumia a expliqué que la plateforme e-pharmacie est « une innovation de premier plan qui transformera l'accès aux soins pharmaceutiques au Ghana, complétant la tentative du gouvernement d'améliorer l'accès et la prestation des soins de santé à nos plus de 30 millions d'habitants […] L'innovation dans l'amélioration de l'accès aux pharmacies pour notre population grâce à la pharmacie électronique peut changer la donne en préservant l'avenir de nos jeunes et en garantissant un accès rationnel et responsable aux médicaments à une échelle que nous n'avons pas encore pu atteindre ».
En 2009, la FDA avait indiqué que pour les seuls antipaludéens le taux de contrefaçons était de 39,9%. Consciente de la probabilité que la proportion soit plus grande sur l’ensemble de l’industrie pharmaceutique, l’Autorité avait accepté en 2013 l’aide de la Chine pour identifier les médicaments de mauvaise qualité. En 2017, c’est l’aide de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) et du département américain de la Santé et des Services sociaux qu’elle avait acceptée pour le même objectif. La plateforme e-pharmacie du gouvernement s’inspire de l’idée développée par la Start-up ghanéenne m-Pedigree pour vérifier l’authenticité des médicaments. m-Pedigree a été désignée Grand Prix du Forum Netexplorateur 2011.
Le vice-président du Ghana estime que « le marché mondial de la pharmacie en ligne vaut aujourd'hui environ 81 milliards $ et qu'il devrait atteindre 244 milliards $ d'ici 2027. Avec la plate-forme nationale de pharmacie électronique, le Ghana fera partie de cette nouvelle économie numérique pharmaceutique ».
Muriel Edjo