L’e-commerce est aujourd’hui perçu par plusieurs agences de développement comme l’un des domaines clés de la relance économique de l’Afrique. La croissance que la crise de Covid-19 y a impulsée suscite de plus en plus l’intérêt d’investisseurs dans plusieurs pays.
Pierre-Lionel Ebe, Ivan Kharl Manga, Armel Fotso et Simon Mbelek, tous anciens employés de Jumia Cameroun qui a mis fin à ses activités dans le pays en novembre 2019, ont lancé Kuruba.cm la semaine dernière à Douala. La plateforme de commerce électronique est spécialisée dans la vente en gros. À travers ses services, elle se donne pour mission d’aider les petits commerçants à s’approvisionner rapidement auprès de nombreuses marques référencées et se faire livrer partout dans le pays.
« Nous avons construit Kuruba pour aider ces acteurs de notre vie quotidienne à accéder facilement à des millions de produits et à des prix plus avantageux que ceux proposés par les grossistes actuellement. Nous mettons en relation des commerçants indépendants avec un large choix de fournisseurs, leur donnant ainsi un moyen d'élargir plus facilement leur assortiment », explique Pierre-Lionel Ebe, le président-directeur général de la start-up éponyme au cœur de ce nouveau projet d'e-commerce.
À travers le Cameroun, il existe actuellement plusieurs milliers de supermarchés, boutiques, échoppes de quartiers parfois contraints de traiter avec des grossistes, revendeurs, distributeurs et producteurs pour acquérir de la marchandise. Kuruba.cm veut réduire cette chaîne coûteuse en temps et en argent pour permettre aux commerçants de s’approvisionner directement auprès des producteurs ou distributeurs.
La jeune entreprise se positionne sur un segment de marché à fort potentiel économique sur le continent. Au Maroc, chari.ma se développe avec succès depuis janvier 2020. La start-up qui revendique le traitement de près de 2,5 millions $ de valeur de commande par mois a atteint une valorisation de 100 millions $ en janvier dernier.
Pour tenir ses engagements, Kuruba.cm revendique un entrepôt avec une grande capacité de stockage afin de répondre au mieux à la demande de sa clientèle, ainsi que de nombreux points relais dans plusieurs villes pour réduire le temps et les frais de livraison. Elle affiche aussi une politique commerciale agressive pour séduire rapidement des clients.
L’entreprise assure que toute commande égale ou supérieure à 100 000 FCFA (164,66 $) est livrée gratuitement. Elle a dévoilé aussi être en discussion avec ses partenaires financiers pour la mise en place, au bénéfice des clients, d'un crédit d'approvisionnement avec un paiement différé de 30 jours.
Kuruba.cm — qui revendique déjà plus de 200 références réparties dans plusieurs catégories telles que l’électroménager, l’agroalimentaire, la beauté ou encore l'entretien de maison — ne compte pas limiter sa présence au Cameroun une fois ses activités consolidées. Selon Pierre-Lionel Ebe, « Nous ne sommes qu'au début de l'aventure, car le marché africain du commerce en ligne devient colossal et Kuruba veut en détenir une grande part. Nous voulons proposer un service en ligne innovant, pratique et abordable pour les détaillants sur le continent, qui les aidera à répondre aux besoins quotidiens de leurs clients ».
Muriel Edjo
Lire aussi : Le marocain Chari.ma souhaite se renforcer avec la digitalisation des prêts à la consommation
Le créateur de Kiroo Games, Olivier Madiba, annonce à ses actionnaires avoir créé « un mélange de technologie et de normes pour absorber le désordre du mobile money africain. Nous sommes les premiers à l'avoir fait ! ».
Selon le Camerounais, la technologie du Mobile Money en Afrique est chaotique : « Chaque telcos ou chaque agrégateur a ses propres règles qui changent même entre les pays. ». Jusqu’ici aucun grand acteur de jeu vidéo opérant en Afrique n’avait réussi à l’intégrer dans sa monétisation et l’industrie avait fini par accepter que ce serait impossible tant qu’il n’y aurait pas un agrégateur universel sur le continent, c’est-à-dire dans une dizaine d’années, explique-t-il.
La team Kiroo a franchi un cap historique en interne aujourd'hui.
— Madiba Olivier (@madibaOlivier) April 13, 2022
Nous sommes en train de faire quelque chose qui était jugé impossible dans le gaming mondial : Intégrer le chaos du Mobile Money en Afrique.
En fonction du pays nos jeux vous proposeront le système dispo 🎉🎉 pic.twitter.com/qGbk8TfmsY
Pourtant, il en était persuadé, « le mobile money est la clé pour monétiser rapidement le digital en Afrique, comme vous le voyez dans le rapport du GSMA ou les transactions ont atteint 1000 milliards de USD cette année ».
« Nous avons créé un mélange de technologie et de normes pour absorber le désordre du mobile money africain. Chaque joueur en Afrique verra les moyens de paiements disponibles dans son pays et vivra un parcours de paiement adapté. Nous sommes les premiers à y arriver au monde », affirme-t-il.
Le système, encore en phase de tests, devrait être implémenté dans le courant du mois de mai en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Burkina Faso. « Avant notre innovation, un studio devait prendre entre 2 et 4 mois pour intégrer un nouvel API de Mobile Money et des semaines pour mettre à jour. Nous arriverons maintenant intégrer en 2 semaines et faire des mises à jour en quelques heures dès acquisition des API. »
Olivier Madiba confie avoir été déjà contacté par des majors intéressées par son innovation : « Notre capacité à monétiser sur tout le continent à court et moyen terme est maintenant une certitude ».
En Afrique, les studios de jeux vidéo peinent encore à commercialiser efficacement leurs productions. Des partenariats stratégiques avec divers acteurs de l’écosystème tech et financier leur font défaut. En Éthiopie, une évolution se profile.
Le studio de production de jeux vidéo éthiopien Qene Games a signé, lundi 11 avril, un accord de partenariat avec l’opérateur de téléphonie mobile Ethio Telecom pour mettre ses jeux mobiles à la disposition du marché local. Le partenariat résoudra la difficile équation du paiement à laquelle se heurte cette industrie. Qene Games va s’appuyer sur les solutions Fintech de l’opérateur éthiopien pour faciliter l’accès à ses produits à travers des modalités telles que les abonnements et les achats intégrés.
Pour Dawit Abraham (photo), le président-directeur général de Qene Games, « l’Afrique a un grand potentiel pour devenir un exportateur majeur de jeux et être compétitif dans l’industrie mondiale de la création et du divertissement. Cependant, la première étape que nous devons franchir pour en faire une réalité est de donner aux créateurs africains un accès facile pour vendre leur contenu sur le marché africain ».
Considéré comme étant le premier studio de production des jeux vidéo en Éthiopie, Qene Games compte déjà à son actif des jeux tels que Kukulu, Gebeta et Feta — d’inspiration africaine à travers leurs styles artistiques ou leurs personnages — qui lui ont permis de se distinguer comme la meilleure application de divertissement sur le continent. Kukulu, le tout premier jeu mobile de Qene, sur lequel sera expérimenté en premier le partenariat, est un célèbre jeu mobile qui partage l’aventure d’une poule qui cherche à sauver la vie de son fermier. Il est disponible en quatre langues éthiopiennes.
La collaboration entre Qene Games et Ethio Telecom intervient après la formation en février dernier par dix studios de jeux vidéo africains d’un éditeur continental dénommé le Pan African Gaming Group (PAGG), dont le but est de renforcer l'industrie en créant plus d'opportunités économiques et d'emplois à travers l'Afrique. La crédibilité que recherchent les dix acteurs, parmi lesquels Qene Games, permettra à cette co-entreprise d’acquérir plus de valeur pour monétiser au mieux les productions africaines.
Une fois passée la phase initiale du partenariat avec Ethio Telecom, Qene Games compte mettre l’intégralité de sa production à la disposition du marché local. Pour le studio éthiopien, c’est le premier pas vers la réalisation de son rêve de conquête du marché africain.
Ruben Tchounyabe
Lire aussi : Jeux vidéo : 10 studios africains créent un éditeur continental et ciblent 680 millions de gamers vers 2025
Depuis 2020, le gouvernement tchadien accorde une attention particulière à la transformation numérique du pays. Pour garantir son succès, il multiplie des accords stratégiques qui contribueront à libérer de la valeur aussi bien pour l’État que pour les populations.
La République du Tchad a obtenu l’accord de la Banque européenne d’investissement (BEI) pour financer la réalisation du système d’information de l’État et la numérisation des services publics. Le ministre tchadien des Postes et de l’Économie numérique, Idriss Saleh Bachar, l’a révélé le lundi 11 avril lors de l’audience qu’il a accordée à la délégation d’experts des cabinets Deloitte et TACTIS, commis par la BEI pour collecter des données et réaliser des études de faisabilité pour le projet de transformation numérique du Tchad qui inclut ces deux axes.
Le ministre Idriss Saleh Bachar a indiqué que la BEI envisage d’investir globalement 150 millions d'euros dans ce projet, qui inclut également l’extension de l’accès aux télécommunications en zones rurales. Une composante indispensable à l'inclusion numérique de tous les Tchadiens.
L’appui financier de la BEI au Tchad rentre dans la continuité de l’accord de coopération signé entre les deux parties en décembre 2020 pour accélérer la numérisation et la connectivité rurale. L’accord entre les deux parties est survenu cinq mois après la validation par le gouvernement tchadien de son plan stratégique de développement du numérique (2020-2030), au cours d’un atelier organisé du 15 au 16 juillet 2020.
Lors de la signature de l’accord de coopération de décembre 2020, Idriss Saleh Bachar avait souligné « qu'un investissement à fort impact dans la digitalisation est essentiel pour renforcer la croissance économique future et le progrès social dans un Tchad sans littoral ».
À travers la mise en œuvre du système d’information de l’État, le gouvernement tchadien souhaite une plus grande efficacité dans la collaboration entre ses différents départements. Pour ce qui est de la numérisation des services publics, elle contribuera à une amélioration de la qualité des prestations de l’État aux citoyens.
Ruben Tchounyabe
Lire aussi : Le Kenya lance un nouveau plan directeur numérique d'une durée de dix ans
Au cours de la dernière décennie, de nombreux investissements ont été réalisés par le gouvernement kényan pour faire du pays un carrefour technologique en Afrique de l’Est. Avec le nouvel élan pris, l’ambition est plus grande.
Le ministre kényan de la Jeunesse, de l’Innovation et des Technologies de l’information et de la communication, Joe Mucheru (photo), a lancé le plan numérique national 2022-2032 le mardi 12 avril, en marge du sommet Connected Kenya qui se tient du 10 au 14 avril à Diani. C’est la nouvelle boussole qui orientera les investissements du gouvernement en matière de transformation numérique au cours des dix prochaines années. Sa mise en œuvre est évaluée à 45 millions $.
Joe Mucheru a expliqué que « le plan directeur national du numérique guidera l'orientation de nos discussions vers un Kenya numérique transformé où la technologie joue un rôle central dans le développement économique ». Il a affirmé ne point douter « qu'avec la mise en œuvre réussie des programmes et projets identifiés dans le plan directeur, ce pays puisse être à la hauteur de sa réputation de Silicon Savannah en matière de TIC et de développement économique ».
D’ici 2032, le Kenya prévoit, entre autres, le déploiement de 100 000 km de fibre optique pour connecter 40 000 écoles et autres établissements d'enseignement, 20 000 institutions gouvernementales, 13 000 établissements de santé. Il compte également déployer 25 000 points d'accès Internet pour soutenir les jeunes et les innovateurs ; créer 1 450 pôles d'innovation numérique, deux usines de logiciels et deux autres pour la fabrication électronique, qui desserviront la région ; créer plus de 10 000 emplois pour les ingénieurs en logiciel.
Le plan directeur accorde une grande importance à la formation aux compétences numériques nationales. Il prévoit le renforcement des capacités de 20 millions de citoyens, 300 000 fonctionnaires, 10 000 professionnels. Sur le plan régional, il est convenu de la mise en place d’un hub sur les technologies futures et d’un autre dédié à la maintenance des câbles sous-marins.
Du côté de l'administration publique, l’automatisation et la numérisation accélérées des services publics, au niveau central comme dans les régions, sont prioritaires. Le gouvernement veut numériser plus de 5 milliards de documents administratifs avec pour finalité de mettre en œuvre un « guichet unique » pour les services publics.
Ruben Tchounyabe
Lire aussi : Le gouvernement nigérian s’est doté d’un plan pour accélérer la numérisation de son économie d’ici 2025
Fondateur de Sendy, une plateforme kényane d’e-logistique, Meshack Alloys s’est donné pour objectif de faciliter le commerce par le biais des nouvelles technologies. La start-up qu’il a lancée en 2015 est déjà présente dans plusieurs pays à travers le continent.
Dès l’âge de 13 ans, Meshack Alloys (photo) s’est passionné pour les nouvelles technologies. Il a commencé à apprendre la programmation informatique à la Laser Hill Academy et à l'Institute of Software Technology. Plus tard, il poursuit ses études à l'université de Nairobi et rejoint le College of Architecture and Engineering. À partir de 2008, il crée sa première start-up baptisée Merlloyds Technologies, qui sera rachetée plus tard par Multimedia Mobile Ltd, une agence publicitaire. En 2011, il crée une autre start-up de logiciels, MTL Systems, et se met au service des entreprises de logistique et transport et des institutions financières.
Le succès qu’il a rencontré avec la vente de son premier logiciel a été le véritable déclencheur de son intérêt pour le monde de l’entrepreneuriat technologique. « Le fait de gagner mon premier million a dû être mon "moment de vérité". J'ai su tout de suite que je voulais passer du temps dans l'espace technologique, et pas ailleurs. Pas seulement pour l'argent, mais aussi pour l'importance et l'impact de ce que je construisais », relate-t-il.
En 2015, il laisse MTL Systems pour fonder, avec ses collègues Evanson Biwott, Don Okoth et Malaika Judd, la start-up Sendy, après avoir constaté que le marché de la logistique était fragmenté et informel. Dès lors, il s’est donné pour objectif d’offrir une meilleure expérience utilisateur aux clients du secteur. Pour y arriver, il a misé sur les nouvelles technologies, avec une plateforme digitale pour la livraison du dernier kilomètre et les services logistiques. Sendy permet aux clients d'envoyer des colis à l'aide d'une application mobile qui les met en relation avec des conducteurs.
Ce qui a commencé au départ comme une plateforme de commande de petites livraisons à moto ou en tricycles, s’est rapidement développé pour proposer une autre échelle de livraison par camions et pick-up. La plateforme, qui réclamait quelque 30 000 utilisateurs en 2020, dessert le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie. Pour assurer l’expansion de Sendy, Meshack Alloys et ses collègues ont réussi à lever 20 millions de dollars en 2020 auprès de Toyota Tsusho Corporation et d’autres investisseurs. La start-up compte parmi ses clients de grands noms comme Unilever, DHL, Toyota, Jumia, Safaricom ou CFAO.
Cet investissement a permis d'accélérer la croissance des activités de Sendy. Fin 2021, Meshack Alloys a annoncé avoir acquis une part importante dans Kamtar, une start-up de logistique numérique présente en Côte d'Ivoire et au Sénégal. À court terme, l’entrepreneur ambitionne d’introduire progressivement Sendy en Afrique de l'Ouest, et d’étendre sa présence au-delà de ses opérations actuelles en Afrique de l'Est.
Aïsha Moyouzame
Pendant longtemps, divers acteurs publics ont déployé des plateformes de santé qui n'ont pas contribué à une prise en charge efficace des patients à travers le pays. Le gouvernement, de plus en plus préoccupé par la prise en charge inclusive des malades, est décidé à mettre fin à cette cacophonie.
Au cours d’une communication publique, samedi 9 avril, Khalid Ait Taleb (photo), le ministre marocain de la Santé et de la Protection sociale, a annoncé le lancement prochain d’un système national de santé en ligne (e-santé). Il permettra l’accès égal des citoyens aux dossiers de santé et autres services en ligne.
À travers la nouvelle plateforme, le gouvernement veut mettre fin au système fragmenté de santé en ligne existant, mis en œuvre par les hôpitaux universitaires, les autorités sanitaires régionales et les différents programmes nationaux de santé, a déclaré Khalid Ait Taleb. En effet, au niveau national, deux programmes possèdent des plateformes électroniques établies. Il s’agit du Programme national de santé maternelle et infantile et celui de lutte contre la tuberculose.
L’idée d’un système national intégré d’e-santé est une recommandation de l'Université Mohammed V de Rabat. Dans un rapport de synthèse sur la santé électronique au Maroc dressé par son Centre d'innovation en e-santé, l’institution académique a évalué le système national de santé, identifié les opportunités et les défis des solutions d'e-santé qui cadrent bien avec la stratégie de transformation numérique menée ces vingt dernières années par le gouvernement.
Le ministre de la Santé et de la Protection sociale a souligné que les solutions innovantes de santé en ligne, pendant la crise de Covid-19, ont accru la résilience et la réactivité du système de santé du pays. Il a affirmé que la télémédecine et l'accès en ligne aux services de santé sont conformes au cadre légal du pays pour la protection des données personnelles et l'exercice de la médecine.
Ruben Tchounyabe
Créateur de richesses et d’emplois, le commerce électronique est une mine d’opportunités au potentiel encore mal exploité sur le continent. La mise en œuvre d’une véritable stratégie de développement est nécessaire pour permettre aux économies africaines d’en tirer le maximum de profit.
Durant la crise de Covid-19 en 2020, l’e-commerce s’est révélé indispensable pour la poursuite des activités commerciales à travers un monde en proie à diverses restrictions sociales. Les revenus mondiaux de ce segment qui s’élevaient à 3,351 milliards $ en 2019 sont ainsi passés à 4,248 milliards $ en 2020 selon Statista.
Bien que l’Afrique ait vu ses revenus du commerce en ligne croître de plus de 6 milliards $ pour se stabiliser autour de 27,97 milliards $ en 2020, ce chiffre (qui représente moins de 3 % de la valeur de l'e-commerce mondial) n’est que le reflet de la faible préparation du continent aux nouvelles opportunités du commerce.
Dans son rapport « E-Commerce and the Digital Economy in LDCs: At Breaking Point in COVID-19 Times » publié le 15 mars 2022, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) déplore la modeste performance mondiale de l’Afrique dans l’e-commerce à cause de divers facteurs négatifs.
Le manque d’intérêt politique ; l’accès difficile à Internet ; la fracture dans l'adoption des TIC et de la connectivité ; la faible capacité d’investissement dans la croissance des activités de commerce électronique ; les perturbations des chaînes d'approvisionnement et de la logistique commerciales ; le manque de protection des consommateurs et de concurrence loyale ; la culture persistante du paiement à la livraison sont les principaux freins au développement du e-commerce sur le continent qui sont soulevés par la CNUCED.
En observant l’indice du commerce électronique Business to Consumer (B2C) de la CNUCED, indicateur qui mesure la préparation d’une économie à s’engager dans le commerce électronique et à en tirer profit, l’Afrique occupe la dernière place depuis six ans. Cette position, la CNUCED incite les gouvernements du continent à la changer en adoptant des actions fortes qui leur garantiront des dividendes de l’économie numérique.
Depuis 2017, la CNUCED aide les pays à améliorer leur niveau de préparation au commerce électronique. A travers l'eTrade Readiness Assessments (eT Readies), elle les aide à évaluer et à corriger entre autres leur formulation de stratégies sur le commerce électronique, la qualité des infrastructures et services TIC, la logistique commerciale et la facilitation du commerce, les solutions de paiement, le cadre juridique et réglementaire, le développement des compétences et l’accès au financement.
Sur les 46 demandes d’accompagnement reçues en décembre 2021 par la CNUCED, dont 26 africaines, elle indique avoir réalisé 29 eT Readies dont 15 africains. Trois sont encore en cours de réalisation dont 2 africains. Onze demandes ne sont pas encore traitées dont 7 africaines.
Muriel Edjo
Lire aussi :
Depuis 2020 la pandémie de Covid-19 a accéléré l’adoption des paiements numériques en Afrique. Les opérateurs de télécommunication renforcent leurs offres de services financiers pour faciliter les achats pour les populations.
La société de télécommunications Orange Egypt a signé un accord exclusif avec la société de paiement électronique Visa. L’accord annoncé sur le compte Twitter de l’opérateur télécoms, le mardi 12 avril, vise à fournir aux clients d’Orange Cash des solutions de paiements numériques exclusives par le biais de cartes bancaires virtuelles et physiques.
اورنچ مصر توقع اتفاقاً حصرياً مع شركة "فيزا" العالمية لتوفير حلول دفع رقمي مبتكرة وحصرية لعملاء محفظة "اورنچ كاش" لتسهيل إتمام جميع تعاملاتهم المالية بطريقة أسرع واكفاء واكثر أماناً.
— Orange Egypt (@Orange_Egypt) April 12, 2022
رقم التسجيل الضريبي
205-006-930 pic.twitter.com/jStfKmG5rZ
À travers ce partenariat d’une durée de cinq ans, Visa va lier ses services et produits au portefeuille Orange Cash. Cela permettra aux clients d’Orange Egypt d’effectuer des transactions d'achat en ligne et en magasin en utilisant les différents services de paiement de Visa, aussi bien au niveau national qu’international, à partir du portefeuille d'Orange Cash. Il permettra également de développer le service de code QR pour aider les commerçants à accepter les paiements à partir du portefeuille numérique.
Le partenariat avec Visa s’inscrit dans le cadre de la volonté d’Orange de « fournir à ses clients des fonctionnalités nouvelles et uniques pour faciliter leurs paiements quotidiens et leur faire gagner du temps et de l'énergie ». Pour Visa, l’initiative s'inscrit dans le cadre de ses plans visant à « diversifier les méthodes de paiement, à encourager les paiements numériques et à soutenir l'évolution de l'Égypte vers une économie sans numéraire ». La société avait signé en mai 2017 un protocole d’entente avec les autorités égyptiennes pour développer l'infrastructure nécessaire pour faire du pays un centre régional du paiement numérique.
Ce nouveau partenariat permettra aux clients d’Orange Egypt d'effectuer des transactions financières de manière simple, rapide, efficace et sûre. Il permettra également à l’opérateur d’attirer de nouveaux clients et d’améliorer sa position sur le marché du paiement numérique en Égypte. Visa Inc., quant à lui veut saisir « l’extraordinaire opportunité » que lui offre cette collaboration pour poursuivre ses ambitions de croissance.
Ce partenariat contribuera également aux efforts de l'État égyptien pour passer au cashless alors que pays est engagé depuis 2016 dans un processus de transformation numérique, qui s’est accéléré en raison de la pandémie de Covid-19.
Isaac K. Kassouwi
Lire aussi : Orange teste le réseau télécoms spatial d’AST SpaceMobile pour connecter les populations des zones reculées d’Afrique
Les trois pays comptent s’appuyer sur la blockchain The Open Network (TON) qui s'intègre avec le réseau social Telegram. Ils entrevoient à travers cette opération un moyen de stimuler davantage leur économie.
Le Cameroun, la République démocratique du Congo (RDC) et la République du Congo ont dévoilé, lundi 11 avril, leur intention d'adopter des solutions basées sur la crypto-monnaie et la blockchain pour stimuler leur progrès économique futur. The Open Network (TON) est la blockchain qu’ils ont choisie à cet effet. La RDC a également confirmé qu'elle envisageait une nouvelle crypto-monnaie nationale construite sur la blockchain TON.
TON s'est engagé avec les trois pays indépendamment pour une certaine durée et a pris l'initiative de leur fournir des solutions de crypto-monnaie et de blockchain. Ces pays entreprendront chacun une adoption progressive de cette crypto-monnaie.
S'exprimant sur la question, Minette Libom Li Likeng, la ministre camerounaise des Postes et Télécommunications a estimé que « le partenariat avec TON peut jouer un rôle fondamental dans l'écosystème numérique nationale pour dynamiser les solutions de paiement et l'inclusion financière via CAMPOST, l'opérateur postal public ».
Pour Léon Juste Ibombo, le ministre congolais des Postes, des Télécommunications et de l'Économie numérique, « la République du Congo est sur cette voie depuis plusieurs années, ayant encouragé et assisté à l'adoption généralisée du paiement mobile à travers le pays. Il s'agit de la prochaine étape de ce voyage et nous pensons que TON est le bon partenaire pour faciliter cela ».
Désiré Cashmir Eberande Kolongele (photo), le ministre de l'Économie numérique de la République démocratique du Congo, quant à lui, a exprimé la fierté de son pays qui franchit une « étape pionnière en adoptant de nouveaux instruments économiques pour propulser notre future économie ».
L’intérêt des gouvernements camerounais, de la République du Congo et de la RDC pour la crypto-monnaie fait suite à l’attrait croissant que ces actifs financiers numériques suscitent, depuis environ 3 ans, auprès de la communauté tech et financière de chaque pays. Un attrait qui a amené la Commission de surveillance du marché financier d’Afrique centrale(Cosumaf) à s’engager depuis l’année dernière dans l’élaboration d’une réglementation sur ces devises numériques.
TON est une blockchain de troisième génération conçue à l'origine en 2018 par les frères Durov, les fondateurs de Telegram Messenger. Conçue pour traiter des millions de transactions en quelques secondes, la plateforme décentralisée veut développer des intégrations uniques avec l'application Telegram pour offrir à ses utilisateurs une expérience de blockchain transparente dans un format portable et familier.
En décembre dernier, Anouar Hassoune, directeur général et actionnaire de la West African Rating Agency (WARA), une agence de notation basée à Dakar et majoritairement contrôlée par le sud-africain Global Credit Ratings, suggérait l'adoption de la blockchain et de la crypto-monnaie par l’Afrique comme alternative pour pallier la difficulté de mobiliser des ressources et financer son développement et son économie.
Ruben Tchounyabe
Lire aussi :
Kenya : la banque centrale ouvre une consultation publique sur les monnaies numériques
Déployée grâce à un financement de la Banque mondiale, la solution a été pensée pour susciter de la valeur entre tous les acteurs du secteur agricole. L’objectif qui lui est attribué est l’amélioration de la quantité et de la qualité de la production vivrière.
Le ministère de l'Économie numérique, des Télécommunications et de l'Innovation a lancé une plateforme numérique des services agricoles, jeudi 7 avril, dans la localité de Daloa. Baptisée AgriStore, la solution contribuera à améliorer la productivité des exploitants agricoles, à faciliter la mise en relation commerciale des acteurs de la chaîne de valeurs agricoles, en l’occurrence les producteurs, transporteurs, acheteurs, établissements financiers, et les populations.
« Notre secteur agricole n’a pas droit de rater l’introduction du numérique dans ses pratiques et chaîne de valeur », a mentionné le ministre de l’Économie numérique, Roger Félix Adom (photo, à gauche), lors de la cérémonie de lancement à laquelle ont assisté ses homologues de l’Agriculture et du Développement rural et de la Promotion de la bonne gouvernance.
AgriStore fournira des informations agro-météorologiques et du conseil agricole à ses utilisateurs, grâce à la collaboration de l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER). Les informations sur les stocks de produits, leur localisation et les prix pratiqués seront quant à elles collectées par l’Office d’aide à la commercialisation des produits vivriers (OCPV) dont les capacités opérationnelles ont été renforcées pour sillonner l’ensemble des zones couvertes par le projet, assure son coordonnateur, Adjoumani Boffoué.
AgriStore est conçue dans le cadre du Projet de solutions numériques pour le désenclavement des zones rurales et l’e-Agriculture (PSNDEA). Démarré en novembre 2018 avec le soutien de la Banque mondiale et financé à hauteur de 37 milliards FCFA (61,3 millions $) par un prêt de l’Association internationale de développement (IDA), ce projet vise à rendre l’agriculture ivoirienne performante et compétitive en coût de production et en qualité.
Des alertes sur le marché seront envoyées aux agriculteurs inscrits sur la plateforme sous forme de messages courts (SMS) et de messages vocaux, dans les langues les plus parlées dans les zones du projet. Ces messages porteront sur le riz, le maïs, le manioc, l’igname, la banane plantain, le karité, le poulet, la pintade et les produits maraîchers, a indiqué Aboul Karim Koné, le coordonnateur chargé des services numériques au sein du PSNDEA. Il a souligné que les services de la plateforme sont entièrement gratuits, depuis l’inscription jusqu’à son utilisation.
AgriStore couvrira dix régions administratives de forte production agricole que sont le Haut Sassandra, la Marahoué, le Bounkani, le Poro, le Tchologo, la Bagoué, le Kabadougou, le Folon, le Gôh et le Loh-Djiboua. Pour garantir son succès, le ministre de l’Économie numérique a insisté sur les investissements connexes qui doivent l’accompagner, notamment la connectivité rurale, la fourniture des services numériques aux communautés rurales, la réhabilitation des routes rurales.
Ruben Tchounyabe
Lire aussi : La Côte d'Ivoire évalue son niveau de connectivité afin de rendre Internet plus accessible à tous
La plateforme numérique iTTS — lancée officiellement il y a plus d’une semaine par l’Association est-africaine de commerce de thé (EATTA), après deux années d'expérimentation — offre plusieurs avantages aux producteurs. Suivi en temps réel des opérations, accélération des paiements...
Les transactions sur la place de vente aux enchères de thé de Mombasa se font désormais en ligne à travers une plateforme électronique : iTTS (Integrated Tea Trading System). L'iTTS, dont le coût est évalué à 2,12 millions $, met fin aux interactions physiques entre commerçants de thé au niveau de la maison de vente aux enchères.
Le président de l'EATTA, Arthur Sawe, a affirmé que la plateforme, qui a été financée par l'Agence danoise de développement international (Danida), augmentera les bénéfices des agriculteurs et des concessionnaires en réduisant les coûts d'exploitation. Selon lui, « la numérisation vise à combler les lacunes des procédures actuelles, qui se font manuellement, y compris l'adhésion et le catalogage ».
Pour Morgens Strunge Lursen, conseiller à l'ambassade du Danemark au Kenya, « le lancement de l'iTTS est particulièrement excitant, car il aide à positionner un secteur critique pour la croissance et le succès futurs, en stimulant l'efficacité et en soutenant à la fois une traçabilité et un échange d'informations accrus ».
La maison de vente aux enchères de thé de Mombasa dessert le Kenya, le Mozambique, la Tanzanie, le Malawi, le Burundi, l'Éthiopie, la RDC, le Rwanda, Madagascar et l'Ouganda. Le projet de numérisation a démarré en mai 2020, au début de la pandémie de Covid-19. Il a aidé l'industrie à répondre aux exigences de distanciation sociale conformément au protocole Covid-19. Les acheteurs pouvaient enchérir sur le thé dans le confort de leur bureau ou de leur domicile.
D'après Arthur Sawe, la numérisation réduira les coûts et le temps dans le cycle commercial du thé d'environ 65 %. Il passera de 45 à 60 jours actuellement à moins d'un mois. La numérisation accélèrera également les paiements.
Les utilisateurs n'auront besoin que de simples gadgets tels que les téléphones portables pour suivre le mouvement de leur thé dans les usines et les compagnies maritimes, et il a des fonctionnalités pour aider les revendeurs à analyser les tendances du marché dans le monde. Selon le secrétaire permanent chargé de la Communauté de l'Afrique de l'Est du Kenya, Kevit Desai, « la procédure manuelle implique des intermédiaires, des producteurs, des entrepôts, des courtiers, des acheteurs. Et les agriculteurs avaient peu à dire sur les prix de leur thé, mais le nouveau système est inclusif ».
Le directeur général de l'EATTA, Edward Mudibo, a déclaré que la plateforme garantira que les parties prenantes de la vente aux enchères de thé — agriculteurs, acheteurs et vendeurs — reçoivent des informations en temps réel sur ce qui se passe lors de la vente aux enchères, ce qui apportera de la transparence et renforcera la confiance dans le processus.
Ruben Tchounyabe
L'introduction des TIC a plusieurs objectifs, notamment réduire le temps de collecte et de traitement des données. L'opération, sous cette forme, offre plus de flexibilité à l'État dans l'usage des informations recueillies.
Les Seychelles procéderont au lancement de leur premier recensement national numérisé le 22 avril. Cet exercice vise à recueillir des données sur la population, les ménages et les électeurs, a déclaré le mardi 5 avril, la directrice générale adjointe du Bureau national des statistiques (NBS), Helena Butler-Payette. Par rapport aux années précédentes où le recensement était effectué en remplissant des formulaires, cette année cela se fera numériquement.
« L'un des plus grands changements dans la façon dont nous faisons des choses est dans la numérisation du recensement », explique Helena Butler-Payette, qui souligne par ailleurs que des sessions de formation ont déjà commencé, pour environ 500 agents qui feront du porte-à-porte pour mener les enquêtes.
Les Seychelles ont effectué six recensements depuis leur indépendance, le premier en 1977 ensuite un autre en 1987. Les recensements suivants (1994, 1997, 2002 et 2010) visaient à répondre à des besoins nationaux, en particulier la démarcation des frontières administratives. Selon le NBS, en décembre 2021, la population des Seychelles était de 99 728, soit un taux de croissance annuel de 0,8 % par rapport à 2020. Le recensement (qui a normalement lieu tous les 10 ans) était prévu pour 2020, mais en raison de la pandémie de Covid-19, il a été repoussé à 2022.
En plus des données sur la population et les ménages, les agents collecteront également des informations sur les électeurs. Mme Butler-Payette a expliqué qu'il est préférable d'utiliser les mêmes ressources maintenant et de réaliser les deux enquêtes plutôt que de dépenser de l'argent pour mener deux exercices à des moments différents, ce qui coûterait plus cher. C’est environ 904 000 $ que gouvernement investira dans ce processus.
Pour le NBS, l’introduction du numérique va permettre d’avoir les résultats beaucoup plus rapidement. « Auparavant, il nous fallait presque un an pour produire des rapports basés sur les données recueillies lors du recensement, mais cette fois, ça ne prendra que des semaines ou quelques mois », a relevé la directrice générale adjointe du NBS.
Ruben Tchounyabe
Lire aussi : Éthiopie : le gouvernement intègre la passerelle de services de paiement de Mastercard à son portail d’e-services
En avril 2021, le gouvernement éthiopien s’est tourné vers la technologie pour garantir un suivi sécurisé des performances académiques des établissements d’enseignement secondaire. De nombreuses attentes sont placées dans ce projet.
IOHK, une entreprise américaine de recherche et d'ingénierie blockchain connue pour la plateforme Cardano, annonce le lancement de son projet d’identification numérique des étudiants éthiopiens dans deux mois.
Ledit projet contribuera à la vérification de l’identité des apprenants, des notes, à contrôler à distance les performances académiques des écoles. Des données qui contribueront à obtenir une vision claire sur la politique éducative nationale et à estimer son impact sur l’emploi dans tout le pays.
Selon John O'Connor, le directeur des opérations africaines de IOHK, « nous avons terminé la phase pilote et nous commençons à former les agents du ministère de l'Éducation sur les fonctionnalités et l'utilisation ». Le projet d’identification dont la première phase démarre en juin ciblera 800 000 élèves. IOHK va utiliser à cet effet sa solution basée sur la blockchain Atala Prism.
Le projet, débuté depuis avril 2021, s’inscrit dans le cadre de la stratégie Digital Ethiopia 2025 lancée en 2020 par le gouvernement pour transformer plusieurs secteurs d’activités stratégiques comme l’administration publique, la santé, l’agriculture ou encore l’éducation. À terme, l’identification numérique des élèves devrait toucher 3 500 écoles, 5 millions d'élèves et 750 000 enseignants comme prévu par l’accord signé entre le gouvernement éthiopien et IOHK.
John O’Connor, a souligné que ce projet pourrait susciter une « vague d'innovation blockchain de troisième génération à travers l'Afrique et le monde en développement, apportant des services vitaux à ceux qui n'étaient pas en mesure d'y accéder auparavant ».
Adoni Conrad Quenum
Lire aussi : Éthiopie : le gouvernement intègre la passerelle de services de paiement de Mastercard à son portail d’e-services