Le marché du paiement électronique gagne en maturité à travers le continent. En témoigne l’intérêt croissant que de nombreux investisseurs lui accordent. C’est d’ailleurs le segment de l’industrie start-up qui a attiré le plus de financements étrangers et locaux au cours des cinq dernières années.
La fintech nigériane Interswitch qui fournit des services intégrés de paiement et de commerce numérique a obtenu un nouveau financement pour étendre ses services sur le continent. L'investissement de 110 millions $, dévoilé le mercredi 11 mai, a été mobilisé par LeapFrog Investments, Tana Africa Capital et deux anciens actionnaires que sont Helios Investment Partners et TA Associates qui conservent leur majorité au capital d'Interswitch.
Présent au Nigeria, au Kenya, en Ouganda et en Gambie, Interswitch propose une suite de solutions de paiement numérique pour particuliers, pour petites et moyennes entreprises, pour grandes entreprises dans divers secteurs comme la santé, l’e-commerce, les transports. Facilitateur de transactions financières, Interswitch, qui contribue déjà à l’inclusion financière de plusieurs millions de personnes à travers sa solution de carte de paiement Verve et sa plateforme multicanal de paiement numérique Quickteller, souhaite aller plus loin en pénétrant de nouveaux marchés.
Karima Ola, associée et responsable des services financiers en Afrique chez LeapFrog Investments, a soutenu que l’investissement dans Interswitch confirme le formidable talent de la société qui est une pionnière « de l'écosystème des paiements en Afrique, perturbe l'économie monétaire, stimule les paiements numériques et promeut une inclusion financière équitable au Nigeria depuis deux décennies ». Elle a souligné qu’Interswitch « est bien placé pour saisir l'opportunité significative d'un paysage en évolution des paiements numériques en Afrique ».
Le nouveau financement d’Interswitch intervient près de trois ans après le dernier en date de 200 millions $, survenue en novembre 2019, et fournit par Visa contre 20 % de son capital. Avec une valorisation estimée à 1 milliard $, Interswitch (fondée en 2002) est l’une des plus grandes sociétés africaines de paiement électronique et d’infrastructures.
Se réjouissant de la confiance exprimée par les nouveaux investisseurs, Mitchell Elegbe (photo), fondateur et directeur général d’Interswitch, a rappelé que la société « est née de la nécessité de développer des solutions qui répondent aux besoins uniques des clients et commerçants locaux ».
Ruben Tchounyabe
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Le rapport 2021 de Chainalysis sur les cryptomonnaies montre que l’Afrique est la troisième économie de cryptomonnaies à la croissance la plus rapide. Ces actifs continuent de gagner du terrain sur le continent au point que la République centrafricaine a officialisé l’usage du bitcoin comme monnaie sur son territoire.
MARA, une start-up spécialisée dans l’échange de cryptomonnaies basée au Kenya et au Nigeria, a annoncé le mercredi 11 mai la finalisation d’un tour de table d’un montant de 23 millions $. La start-up, fondée en 2021 par Chi Nnadi, Dearg OBartuin, Lucas Llinás Múnera, a pour objectif de lancer officiellement ses activités en juillet. Le projet de la start-up a attiré de nombreux investisseurs de la cryptomonnaie et de la web 3 tels que Coinbase Ventures, Alameda Research (FTX) et Distributed Global.
Selon Chi Nnadi, président-directeur général de la jeune pousse, « ce que nous faisons, c'est que nous créons une infrastructure financière pour que les gens puissent bâtir leur vie. Et donc c'est plus que de pouvoir acheter des cryptos ; il s'agit d'ingénieurs africains créant leurs [propres] projets. Nous voulons être la source d'incubation des talents ; nous voulons leur donner une plateforme, grâce à notre bourse, pour lancer leurs projets ».
C’est grâce à une application mobile, disponible sur Android et sur iOS, que la start-up va essayer de conquérir le continent dès juillet 2022. L’application va permettre d’acheter, de vendre, d’envoyer et de retirer des actifs fiat et crypto. Elle lancera plus tard dans l’année, en octobre, MARA Chain. C’est un framework basé sur une blockchain de couche 1 alimentée par le jeton natif de la start-up avec lequel les développeurs peuvent créer des applications décentralisées.
Outre ces projets pour l’année 2022, la start-up révèle la signature d’un partenariat avec la République centrafricaine, deuxième pays au monde à adopter le bitcoin comme monnaie légale après Salvador aux Amériques. « Nous sommes là pour conseiller le président sur l'amélioration de son infrastructure technologique afin qu'il puisse généraliser l'adoption de la cryptographie », a affirmé Chi Nnadi.
Adoni Conrad Quenum
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La transformation numérique et la transition énergétique préoccupent les autorités algériennes. Elles souhaitent voir à cet effet un plus grand nombre d’entreprises technologiques de ce domaine éclore.
L’accélérateur public de start-up Algeria Venture (A-Venture) et Schlumberger, fournisseur mondial de technologies pour l’industrie de l’énergie, ont signé le mercredi 11 mai une convention de partenariat à Alger. Elle porte sur l’accompagnement en matière d’expertise technologique des start-up qui opèrent dans le domaine de l’énergie.
Le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l'Économie, de la Connaissance et des Start-up, Yacine El-Mahdi Oualid, a indiqué que « le partenariat entre A-Venture et Schlumberger encouragera davantage les start-up et les porteurs de projets innovants dans le secteur de l’énergie, qui est vital pour l’économie nationale ».
Redha Kelkouli (photo, à gauche), le directeur Afrique du Nord de Schlumberger, a expliqué que ce partenariat est « centré sur le concept de l’open innovation, qui permettra à des groupes internationaux, privés ou étatiques ou autres, de collaborer et d’assister les start-up et porteurs d’idées algériens à faire face aux défis futurs de l’Algérie, notamment dans les domaines de la transformation digitale et de la transition énergétique ».
Les start-up et leurs innovations jouent actuellement un rôle important dans l’amélioration de l’accès des populations à divers services essentiels. En Afrique où le déficit en énergie électrique nuit encore grandement aux activités des ménages et des entreprises, les start-up spécialisées dans l’énergie se présentent comme une alternative intéressante. Elles ne cessent d’ailleurs d’attirer un plus grand nombre d’intérêts. Dans son rapport « 2021 Africa Tech Venture Capital », Partech estime que les CleanTech ont attiré 193 millions $ de dollars d’investissement en 2021, en croissance de 30 % sur un an.
Selon Yacine El-Mahdi Oualid, les CleanTech peuvent aussi contribuer à apporter une réponse au défi de la transition énergétique que connaît l’Algérie. À termes, la convention entre A-Ventures et Schlumberger permettra d’exporter l’expertise des start-up algériennes dans la sous-région Afrique du Nord et au-delà.
Ruben Tchounyabe
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La modernisation de l’administration publique est l’un des points essentiels du plan de développement national de l’Égypte à l’horizon 2030. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement a fait du numérique un atout indispensable à l’efficacité des agents, mais surtout à la bonne gouvernance financière.
Le ministère des Finances a annoncé, mardi 10 mai, l'accélération du processus de mise en œuvre de la gestion automatisée des salaires et des cotisations du personnel de l’État égyptien. Cela se traduira par la numérisation généralisée de la paie au sein des unités de la structure administrative de l’État, des services publics et des autorités économiques, ainsi que dans l’administration locale. Mohamed Maait (photo), le ministre, a estimé que l’opération devrait s’achever d’ici fin 2022.
Selon Mohamed Maait, la gestion numérique offre plus de garanties pour l’exactitude du calcul des droits des agents de l’État et permet d’avoir une base de données précises susceptible de contribuer à la recherche sur l’amélioration des revenus. Mohamed Abdel Fattah, ministre adjoint des Finances, a indiqué que le système numérique de paie a déjà été expérimenté avec succès dans 283 administrations dont sont 64 transférées dans la nouvelle capitale administrative ; 205 administrations locales et 14 autres entités.
La gestion numérique de la paie des agents de l’État cadre avec les directives du président de la République, Abdel Fattah Al-Sissi, sur le recours aux technologies de l’information et de la communication pour la bonne gouvernance et le développement. Des Directives conformes à la vision nationale de développement Égypte 2030 qui accorde une grande importance à l’efficacité de l’administration publique.
1 189 agents publics ont déjà été formés à l’usage des nouveaux systèmes de gestion numérique de la paie. Le ministère des Finances, qui continue à offrir son assistance technique et une réponse à toute demande de renseignement, prépare, en collaboration avec la société publique de paiement e-finance, une campagne d’information et de sensibilisation sur la gestion numérique de la paie des agents de l’État.
Ruben Tchounyabe
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Depuis 1996, les autorités algériennes multiplient les actions pour préserver leur patrimoine culturel des actes de vandalisme, de vol, de recel, de contrebande…
Soraya Mouloudji, ministre algérienne de la Culture et des Arts, a lancé le lundi 9 mai la plateforme Turathi.dz, réalisée en collaboration avec l'ambassade des États-Unis. L’objectif est de lutter contre la contrebande et le trafic illicite des biens culturels. Cette plateforme sera la nouvelle arme des policiers, des gendarmes et des douaniers algériens pour mieux protéger les biens culturels du pays.
Selon Soraya Mouloudji, la plateforme qui se présente sous la forme d’un guide photo numérique « est constituée d'une base de données numériques sur les différents biens culturels les plus exposés au vol, à la contrebande et à la commercialisation illicite ». Les objets de la période préhistorique, les sculptures et statues, les manuscrits ou encore les arts funéraires sont autant de biens répertoriés dans la base de données de Turathi.dz.
Malgré les mesures prises pour la protection des biens culturels depuis 1996, plus 35752 biens volés ont été signalés aux autorités algériennes. Le ministère de la Culture a multiplié les actions dans ce sens ce qui a débouché à l’élaboration d’un programme d'action conjoint visant à lutter contre tous les types de préjudices à l'égard du patrimoine culturel. Un protocole d’accord a été signé en 2019 par l'Algérie et les États-Unis d'Amérique, portant sur la limitation de l'exportation d'objets archéologiques vers le pays de l’Oncle Sam et l'arrêt de la spoliation et du trafic de ces objets conformément à la convention de l'UNESCO de 1970.
En plus d’être une arme pour protéger le patrimoine culturel algérien, Turathi.dz peut être également utilisé à des fins éducatives puisqu’elle contient un inventaire et des descriptifs de nombreux biens culturels du pays. Les élèves, les étudiants et même les chercheurs peuvent utiliser cette base de données à des fins académiques.
Adoni Conrad Quenum
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En trois ans d’activité, l’égyptien Mylerz annonce sa première mobilisation de fonds réalisée avec la participation de Lorax Capital Partners et Fawry. La ressource financera son expansion sur son marché local ainsi qu’en Algérie, en Tunisie et au Maroc.
La start-up égyptienne de logistique et de livraison du dernier kilomètre, Mylerz, a procédé à la levée d’un financement de 9,6 millions $, dirigée par la société de capital-investissement égyptienne Lorax Capital Partners, avec la participation de la société de paiement électronique Fawry.
La ressource dégagée sera consacrée aux plans d’expansion de Mylerz sur le marché égyptien ainsi que ses projets de pénétration de trois nouveaux marchés nord-africains, à savoir : l’Algérie, la Tunisie et le Maroc, d’ici le troisième trimestre 2022.
« Nous prévoyons de tirer parti de nos expériences en Égypte pour commencer nos opérations en Tunisie, en Algérie et au Maroc, d'ici le troisième trimestre 2022. Cette empreinte régionale permettra à nos clients de bénéficier de corridors commerciaux connectés entre les marchés. Ce qui est essentiel pour notre stratégie plus large visant à positionner Mylerz comme le partenaire logistique de premier plan pour le e-commerce à travers l'Afrique », a commenté Samer Gharaibeh (photo), fondateur et directeur général de Mylerz.
Cette levée est le premier cycle de financement obtenu par la société depuis sa création en 2019. En trois ans d’activité, elle affirme avoir franchi le cap des deux millions de colis livrés. Elle exploite actuellement une flotte de plus de 350 véhicules et 21 centres de distribution locaux positionnés à travers l'Égypte.
La start-up qui propose des services de paiement à la livraison ainsi qu'une gamme complète de services de livraison et d'outils marchands technologiques évolue dans le secteur en plein essor du commerce électronique. Selon ses dirigeants, ce segment d’activité devrait atteindre 180 milliards $, d'ici 2025.
Dans le cadre de son expansion sur son premier marché d’exploitation, qu’est l’Égypte, Mylerz entreprend de construire, d’ici le quatrième trimestre 2022, un centre de distribution automatisé de 25 000 m².
Mylerz qui projette de devenir l’un des principaux fournisseurs de solutions logistiques de commerce électronique intégré en Afrique s’appuiera également sur son nouvel actionnaire Fawry qui renforcera ses collectes de fonds auprès de sa clientèle.
Chamberline MOKO
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La transformation numérique prend de l’ampleur en Afrique. Au cœur de cette mutation, le développement des ressources humaines est une des préoccupations majeures. Former les jeunes aux compétences du nouveau monde devient urgent.
L’Agence de développement du digital (ADD) a procédé le mardi 10 mai au lancement, à Rabat, d'Academia Raqmya. Cette plateforme nationale d’e-learning doit contribuer au renforcement des compétences de la jeunesse dans les métiers du numérique et valoriser l’apprentissage à travers les technologies de l’information et de la communication.
La ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, Ghita Mezzour (photo), qui présidait la cérémonie, a expliqué que « le lancement de cette plateforme est une étape importante dans le cadre de l’opérationnalisation du nouveau modèle de développement dans le domaine de la transition numérique, en droite ligne avec les indications du roi Mohammed VI, précisément concernant la valorisation du capital humain ».
Academia Raqmya arrive dans un contexte mondial post-Covid marqué par l’accélération de la numérisation dans la majorité des pays africains. La mutation de divers secteurs stratégiques pour la croissance économique et le développement social est engagée et la formation en fait partie. Avec une offre pédagogique constituée de formations multidisciplinaires diversifiées dans le domaine du numérique, permettant de s’imprégner de nouvelles compétences, le Maroc veut s’assurer d’une meilleure inclusion numérique pas seulement dans l’accès aux services numériques, mais également dans la capacité de sa population à participer à l’économie numérique.
Deux parcours de formation sont proposés, à savoir le « perfectionnement numérique » pour la formation continue dans le domaine du numérique ; et « l'acculturation numérique » pour la sensibilisation et l’initiation du grand public au numérique.
La plateforme compte atteindre 12 500 bénéficiaires par an, en dispensant 173 cours pour un total de plus de 1 200 heures de formation, a précisé la ministre. Le déploiement d'Academia Raqmya se fera en deux phases : une phase pilote, les trois premiers mois, en faveur de 1 350 bénéficiaires ; et une phase de généralisation du quatrième au douzième mois pour atteindre les 12 500 bénéficiaires.
Ruben Tchounyabe
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Avec l’accélération de la transformation numérique en Afrique, les attaques cybercriminelles connaissent également une augmentation. Alors que le nombre de professionnels de la sécurité informatique demeure faible, divers partenariats se tissent pour combler ce déficit.
L’université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) du Maroc et Deloitte Morocco Cyber Center (Deloitte MCC), un centre d’expertise spécialisé en cybersécurité, ont signé le lundi 9 mai un accord de partenariat pour promouvoir la recherche scientifique et technologique de haut niveau dans le domaine de la cybersécurité. L’objectif est de construire les talents de demain et des solutions de sécurité inédites pour le pays et l’Afrique.
Le programme de ce partenariat sera articulé autour de trois piliers principaux, apprend-on dans le communiqué. À savoir le développement d’un parcours académique certifiant et diplômant reconnu au niveau des meilleurs standards internationaux ; la création de programmes de recherche et développement ambitieux visant à accroître l’innovation et à anticiper les grandes transformations à venir (cryptographie post-quantique, utilisation de l’intelligence artificielle…) ; et la conception d’un parcours d’intégration professionnelle au sein de Deloitte MCC et plus généralement au sein du réseau Deloitte.
Le président de l’UM6P, Hicham El Habti (photo, à droite), a exprimé sa conviction que ce « partenariat avec nos collègues du Deloitte MCC contribuera de manière significative au renforcement du lien entre la recherche académique et le monde professionnel au Maroc et en Afrique ».
Tournée vers la recherche et la formation dans les domaines de l’ingénierie, du business et des sciences économiques et sociales, l’UM6P a adopté la numérisation comme catalyseur d’innovation et voit depuis un moment, souligne Hicham El Habti, son écosystème de start-up croître et ses parcours académiques en informatique, cybersécurité ou intelligence artificielle érigés en références nationales. Deloitte, à travers cet accord, exprime sa volonté de soutenir ce développement de référents nationaux dans les domaines de l’innovation numérique.
Pour Imane Elbaraka (photo, à gauche), associé responsable des activités cyber chez Deloitte France et Afrique francophone et directeur général de Deloitte MCC, « ce rapprochement est le seul moyen de créer des écosystèmes à même de former et de maintenir des talents d’un haut niveau d’expertise tout en favorisant l’émergence de nouveaux modèles économiques attractifs pour les start-up, les scale-up, ou les fonds d’investissement spécialisés ».
Il a souligné que ce partenariat constitue une clé pour le renforcement d’une souveraineté numérique marocaine et africaine indispensable pour relever les défis cybercriminels croissants auxquels fait face le continent.
Ruben Tchounyabe
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Depuis la pandémie de la covid-19, les plateformes d’éducation à distance sont devenues des alternatives intéressantes pour acquérir la connaissance. Une start-up américaine axée sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord offre une opportunité pour les férues de l’informatique de cette partie du monde.
Manara, une edtech américaine spécialisée dans les formations en programmation de logiciels, a annoncé le lundi 9 mai la réussite d’un tour de table d’un montant de 3 millions $. L’objectif est de développer le vivier de talents technologiques dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA). Pour cette levée de fonds, la start-up, fondée en 2021 par Iliana Montauk (photo, à gauche) et Laila Abudahi (photo, à droite), a réussi à attirer des investisseurs comme Stripe, Reid Hoffman (fondateur de LinkedIn) ou encore Paul Graham (fondateur de Y Combinator).
« J'ai grandi en Palestine et j'ai vite réalisé que pour devenir un ingénieur de classe mondiale, je devais travailler sur des produits hautement évolutifs avec des équipes expérimentées. Après avoir réalisé mon rêve à travers de nombreux essais et erreurs, je voulais qu'il soit plus facile pour les gens de chez moi de faire de même », a indiqué Laila Abudahi.
La start-up forme deux cohortes par an, celle d’hiver qui débute le 1er octobre et celle d’été à partir du 1er avril. Il faut passer un test constitué d’un questionnaire axé sur le candidat et ses objectifs, un test de codage et une interview vidéo pour être admis dans une des cohortes. Après admission, elle contribue à la formation de tous et aide à décrocher le boulot de rêve dans de grandes structures technologiques telles que Google, Meta ou encore Noon.
Manara ne prend pas de frais de formation ou de scolarité, mais les diplômés ont l’obligation de payer 10 % de leur salaire pendant deux ans à la start-up. Ce sont les frais de remboursement de la scolarité et le candidat paie uniquement s’il a obtenu un emploi bien rémunéré. D’ailleurs, la jeune pousse affirme que 86 % des ingénieurs formés reçoivent des offres d'emploi dans les cinq mois suivant l'obtention de leur diplôme, tandis que d'autres obtiennent jusqu'à 300 % d'augmentation de salaire après la formation. Aussi, Manara prévoit d’augmenter sa capacité de formation en passant de 60 ingénieurs par an à 6 000.
Adoni Conrad Quenum
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Avec l’entrée en service de la Zone de libre-échange continental africaine en janvier 2021, les opportunités d’affaires se sont multipliées sur le continent. Mais de nombreux acteurs demeurent exclus à cause d’un faible accès aux bonnes informations.
Les petites et moyennes entreprises africaines ont depuis le lundi 9 mai l’opportunité d’accéder en ligne à un facilitateur pour leurs activités commerciales dans les marchés d’Afrique de l’Est et de l’Ouest. Lancée à Nairobi au Kenya, avec déjà une présence à Abuja au Nigeria, Ancestral House Eastern Africa se veut une maison du commerce avec pour objectif de promouvoir les échanges intra-africains à travers l’accompagnement des investisseurs dans divers besoins administratifs, techniques, logistiques, commerciaux, etc.
Ose Imoukhuede (photo), président d’Ancestral House Eastern Africa, a expliqué que « le plus grand défi auquel la plupart des PME du continent sont confrontées est qu’elles ne peuvent pas facilement exporter des marchandises sur le continent, mais elles peuvent facilement exporter et importer des marchandises d’autres continents malgré un potentiel commercial intra-africain supérieur à 1 milliard de dollars par an ».
L’idée d’établir cette maison de commerce vise à apporter une solution à un certain nombre de problèmes auxquels le secteur des PME est confronté en Afrique. À savoir « le manque d’informations sur le marché, des exportateurs ou importateurs inexpérimentés, des infrastructures logistiques médiocres, des systèmes ou infrastructures de paiement transfrontaliers inefficaces, des différences culturelles, des lacunes, un déficit de confiance et un paysage concurrentiel varié », selon Shreyas Patel, partenaire de ce projet.
Le lancement de cette plateforme intervient dans un contexte marqué par l’entrée en scène de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) en janvier 2021, qui constitue un marché de 1,2 milliard de personnes et un produit intérieur brut de 2,5 milliards $ avec les 55 États membres de l’Union africaine. Les PME qui comptent pour 80 % des entreprises de cette zone sont confrontées à des difficultés pour pénétrer les marchés étrangers mieux structurés ; mais grâce à cette initiative, elles pourront s’appuyer sur les marchés régionaux pour s’exporter au-delà du continent.
Cette nouvelle plateforme de commerce électronique offrira des services tels que le jumelage d’entreprises, les études de marché, la logistique, les tendances et les comportements des consommateurs. « Nous connecterons les producteurs et les consommateurs de biens et de services à travers l’Afrique grâce à des informations et à une expertise axées sur la technologie. La promesse de l’Afrique a tout au long de notre histoire plané au-dessus de nous presque comme un idéal, quelque chose de souhaité, mais inaccessible, alors que l’espace terrestre africain est diversement doté de ressources et de talents abondants pour tenir cette promesse », souligne le président d’Ancestral House Eastern Africa.
Ruben Tchounyabe
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Depuis la crise de la Covid-19, les pays africains accélèrent la digitalisation de leurs services publics. Le royaume chérifien n’échappe pas au vent de la révolution technologique en cours.
La Caisse marocaine des retraites (CMR), l'entité qui gère les retraites des fonctionnaires et des militaires du royaume, a signé le jeudi 5 mai une convention-cadre de partenariat avec l’Agence du développement digital (ADD). Cette signature s’est effectuée sous la présidence de Mme Nadia Fettah Alaoui (photo, à droite), ministre de l’Économie et des Finances, et de Mme Ghita Mezzour (photo, à gauche), ministre de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration. L’objectif est de fournir un service public de qualité et d’offrir un climat de confiance et de transparence à l’ensemble des usagers.
« À travers cette convention, l’ADD et la CMR ambitionnent de mutualiser leurs efforts pour une transformation digitale réussie à travers le développement de projets communs autour des technologies digitales avancées (intelligence artificielle, blockchain…), l’interopérabilité et échange de données, la formation numérique et le développement de l’inclusion numérique », peut-on lire dans un communiqué.
C’est dans le but d’amorcer sa transformation numérique que le Maroc a lancé en 2017 l’ADD, une institution disposant d’une autonomie juridique et financière. Sa principale mission est la mise en œuvre de la stratégie de l’État en matière de développement digital et de promouvoir la diffusion des outils numériques et le développement de leur usage auprès des citoyens. D’après le département des affaires économiques et sociales des Nations unies, le Maroc occupe le septième rang au classement 2020 des pays d’Afrique selon le niveau de numérisation des services publics.
« Ce partenariat vient confirmer la volonté et la détermination des deux parties à faire de l’innovation technologique un levier d’amélioration du service rendu au citoyen », indique le communiqué.
Adoni Conrad Quenum
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En avril 2021, la fintech Paymob a réussi à lever 18,5 millions $ pour soutenir sa croissance dans la région Afrique du Nord et Moyen-Orient (MENA). Un an plus tard, elle attire d’autres investisseurs et veut s’étendre au-delà.
Paymob, une fintech égyptienne spécialisée dans les services de paiements, a annoncé le lundi 9 mai la réussite d’un tour de table d’un montant de 50 millions $. L’objectif est de développer ses activités en Afrique et en Asie. Des investisseurs comme Kora Capital et Paypal Ventures se sont lancés dans l’aventure.
La fintech, fondée en 2015 par Islam Shawky (photo, au centre), Alain El Hajj (photo, à droite) et Mostafa Menessy (photo, à gauche), intègre plusieurs solutions de paiements en ligne comme les cartes bancaires, les portefeuilles mobiles, les paiements QR, les prélèvements par cartes bancaires ou encore les options de paiement BNPL (Buy Now Pay Later).
Selon Islam Shawky, président-directeur général de la jeune pousse, « Notre mission est que nous voulons aider les commerçants à se développer […] Ainsi, ensemble, nous offrons aux commerçants, qu'il s'agisse d'une petite et moyenne entreprise ou d'une marque internationale, la possibilité d'accepter tous ces modes de paiement et ainsi d'améliorer la probabilité des achats et, espérons-le, de faire croître les revenus ».
Paymob revendique aujourd’hui plus de 100 000 marchands en Égypte et dans le monde. Elle veut atteindre le million de marchands d’ici les deux prochaines années, et pour cela, elle a lancé en partenariat avec Mastercard une solution de paiement sans contact appelée « Tap-on-phone ». Grâce à une application mise au point par la fintech, les commerçants pourront transformer leurs smartphones en un point de vente. Les smartphones doivent néanmoins être équipés de la technologie NFC (Near Field Communication) qui permet entre autres d’autoriser le paiement sans contact.
Selon Ashish Aggarwal, directeur du co-investisseur principal PayPal Ventures, « Paymob partage notre mission et notre ambition de faire progresser l'adoption des paiements numériques ; il a fait des progrès impressionnants pour soutenir la croissance et le succès des petites et moyennes entreprises mal desservies ».
Adoni Conrad Quenum
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L’accès aux soins de santé est un problème majeur sur le continent. Pour diverses raisons, les populations ont du mal à accéder aux soins et la prolifération des solutions d’e-santé ne change pas la donne avec des raisons d’ordre financière.
L’insurtech Turaco a annoncé, jeudi 28 avril, la signature d’un partenariat avec la fintech Power Financial Wellness (PFW). L’objectif est de permettre à davantage de personnes sur le continent d’accéder à une assurance maladie à partir de 2 $ par mois. Les clients de la fintech peuvent ainsi s’inscrire en un clic après l’intégration de l’interface de programmation de Turaco aux supports digitaux de PFW.
PFW est une start-up de technologie financière qui propose à ses clients des services de paiements, de prêts et dorénavant d’assurance. Elle aide à économiser en fonction des objectifs préalablement définis et contribue à la gestion fiscale de vos activités. Présente en Ouganda, au Kenya, au Nigeria et aux États-Unis, Turaco est spécialisée dans le règlement des sinistres. Elle vise les personnes à faible revenu en proposant des forfaits à petits prix.
Brian Dempsey, président-directeur général de PFW, explique que son entreprise « se consacre à fournir un marché de services financiers aux travailleurs à travers l'Afrique. Avec Turaco, elle a désormais un partenaire qui aide à digitaliser des offres d'assurance sur mesure. Grâce à la capacité de Power à financer les primes et à collecter les fonds auprès des travailleurs, ce partenariat contribuera à étendre la fourniture d'une assurance abordable aux travailleurs au Kenya et au-delà ».
Certains pays africains disposent d’un régime national d'assurance maladie, mais il couvre une minorité de la population. Selon l’Organisation mondiale de la santé, alors qu’au Rwanda 91 % de la population est couverte par le régime national d’assurance maladie, 33 % l'est au Ghana et seulement 3 % au Nigeria.
Outre l’assurance maladie, les clients de PFW ont accès à d’autres produits d’assurance de l’insurtech. Entre autres, on peut citer l'assurance vie sur crédit (protection des emprunteurs et de leurs familles contre les difficultés de remboursement en cas de décès), d'invalidité, de vol pendant la durée du prêt ou encore une assurance complète avec remboursement des dépenses médicales en hospitalisation et en ambulatoire.
Adoni Conrad Quenum
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En cinq ans, le nombre de gamers a augmenté en Afrique. Avec la Covid-19, l’industrie a trouvé un catalyseur et affiche actuellement un fort potentiel de création d’emplois et de richesses sur le continent. Le support mobile à lui seul laisse entrevoir de nombreuses opportunités.
L’institut culturel allemand du Burkina Faso (Goethe-Institut) et Enter Africa, le réseau africain créatif initié par 15 Goethe-Instituts en Afrique subsaharienne, ont lancé le projet Goethe Games Station le samedi 7 mai. Son objectif est de créer une plateforme axée sur les connaissances et les compétences autour des jeux vidéo/de la réalité virtuelle (VR).
À travers une caravane organisée chaque premier week-end du mois, sur des sites populaires de la capitale Ouagadougou, les jeunes seront mis en relation avec la communauté nationale des jeux vidéo.
D’après Evelia Gadegbeku, la présidente d’Enter Africa, « l’objectif à travers ce projet est de permettre aux jeunes Burkinabés de découvrir les jeux vidéo, mais aussi de leur montrer les opportunités, les plans de carrière qu’il peut y avoir dans cet écosystème ». Les jeunes seront également sensibilisés à une bonne utilisation du numérique et sur les risques liés à l’addiction aux jeux vidéo, notamment la fracture sociale, le développement de comportements violents inspirés de certains jeux.
Dans une étude publiée l'année dernière, Newzoo, une société d'analyse de jeux, indiquait que sur les 1,14 milliard d'habitants d'Afrique subsaharienne, 186 millions joueraient à des jeux en 2021 (16 %). Sur ces 186 millions de joueurs, 177 millions joueraient sur mobile (95 %). Avec un taux de croissance annuel composé de +9,4 % de 2020 à 2024, l’étude souligne que l'audience des joueurs mobiles d'Afrique subsaharienne devrait connaître la croissance la plus rapide au monde. Elle souligne aussi que sur ces 186 millions de joueurs, 63 millions paient pour des jeux (34 %). Un groupe qui devrait également connaître la croissance la plus rapide au monde selon l’étude.
Selon Newzoo, les revenus générés par l'industrie des jeux vidéo en Afrique ont atteint 590 millions $ en 2021 et devraient encore croître au cours des prochaines années. Des revenus que pourraient capturer de jeunes Burkinabés comme c’est déjà le cas pour de nombreux Sud-Africains, Nigérians, Ghanéens, Kényans et Éthiopiens.
Muriel Edjo
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