Le Rwanda est le troisième producteur africain d’étain derrière la RDC et le Nigeria selon les données de la Banque mondiale datant de 2020. Si le pays produit plusieurs autres minéraux, son secteur minier reste dominé par l’exploitation artisanale et à petite échelle.
Au Rwanda, les mineurs artisanaux pourront désormais être accompagnés dans leurs différentes opérations, y compris leurs échanges sur les marchés mondiaux de métaux, par la plateforme blockchain Minexx.
Cette dernière, basée à Kigali et active également en RDC, a obtenu l’autorisation du gouvernement pour les aider à accéder aux capitaux et vendre leurs produits en accord avec les normes d’approvisionnement responsable de l’OCDE et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.
Selon les détails publiés sur son site, Minexx collaborera avec l’Office rwandais des mines, du gaz et du pétrole (RMB) pour déployer une technologie blockchain qui permettra aux mines artisanales et à petite échelle (ASM) d’être plus efficaces. La technologie en question permettra, apprend-on, d’enregistrer et suivre les principales transactions des mines, notamment les paiements des mineurs, la traçabilité des minéraux, la taxation des minéraux, le processus d’exportation, ou encore les actions correctives sur la chaîne d’approvisionnement entre autres.
« Minexx se réjouit de travailler avec le gouvernement rwandais et d’autres parties prenantes pour apporter traçabilité, transparence et confiance au secteur des minéraux grâce à notre technologie blockchain », a commenté le CEO Marcus Scaramanga.
L’octroi d’une licence à Minexx intervient alors que le gouvernement rwandais cherche à mieux contrôler son secteur de l’exploitation minière artisanale. Les ASM au Rwanda, faut-il le rappeler, produisent plusieurs minéraux comme l’étain, le tungstène, le tantale, le niobium ou encore l’or. Le défi est de pouvoir les transporter, traiter, exporter et commercialiser de manière légale alors que le pays est régulièrement accusé de servir de plaque tournante au trafic de « minerai de conflit » dans la région.
Louis-Nino Kansoun
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L’ambition du président Paul Kagame de faire du Rwanda un carrefour technologique en Afrique prend progressivement forme. Le pays qui continue d’accueillir de nouveaux tech investisseurs de renommée internationale sait adapter l’opportunité aux besoins de son économie.
Le groupe technologique allemand Rohde & Schwarz a ouvert un laboratoire de développement de logiciels à Kigali au Rwanda, lundi 6 juin. C’était au cours d’une cérémonie qui s’est déroulée en présence du président de la République Paul Kagame (photo), en marge de la première journée de la Conférence mondiale sur le développement des télécommunications de l’Union internationale des télécommunications (UIT) qui se tient dans le pays et s’achèvera le 16 juillet.
R&S opens its software development lab in Rwanda as first R&D initiative on the African continent. The team will focus on software development. It has prominent supporters already: President Paul Kagame joined our President and COO, Peter Riedel, for the opening ceremony. pic.twitter.com/Ykzl7LFzyO
— Rohde & Schwarz (@RohdeSchwarz) June 7, 2022
Peter Riedel, président et directeur de l’exploitation de Rohde & Schwarz, a justifié cet investissement en déclarant que « l'Afrique est un énorme marché en croissance et le Rwanda est un pionnier de la numérisation. Rohde & Schwarz s'engage à long terme pour une croissance et une stabilité durables. Nous voulons développer des produits pour le marché mondial avec notre équipe au Rwanda ».
Le laboratoire de logiciels de Rohde & Schwarz à Kigali est à la fois la première filiale de la société basée à Munich en Afrique, ainsi que son tout premier site de recherche et développement sur le continent. L’entreprise allemande, qui était jusqu’alors présente sur le continent à travers des activités commerciales, s’illustre à travers le monde pour ses investissements dans les technologies futures telles que la 6G, la technologie quantique, l'Internet industriel des objets (IIoT), l'intelligence artificielle.
À l’instar de sa filiale de Singapour qui est devenue une plaque tournante asiatique majeure au cours des 25 dernières années, Rohde & Schwarz agrandira en permanence le nouveau laboratoire de Kigali afin d’intégrer au cours des prochaines étapes, des activités dans le domaine de la cybersécurité et de l'assistance d'étudiants et d'ingénieurs locaux.
Ruben Tchounyabe
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Au regard des enjeux de développements inhérents à la transformation numérique, les initiatives internationales de collaboration sont davantage appréciées quand elles touchent plusieurs pays. Elles témoignent de la compréhension des risques d’une marche, en rang dispersé, vers la croissance globale.
L’Alliance Smart Africa, un regroupement de 32 pays africains qui partagent le désir de développer le continent en s’appuyant sur le numérique, et l’Organisation de coopération numérique (DCO) — fondée en 2020 par le Bahrain, Jordanie, Koweït, Nigeria, Oman, Pakistan et l'Arabie saoudite pour favoriser une économie numérique inclusive et globale — ont signé un protocole de coopération le lundi 6 juin à Kigali au Rwanda. Ensemble, ils souhaitent accélérer la transformation numérique de l’Afrique et susciter la prospérité sociale et la croissance économique pour tous.
Partageant le même point de vue quant aux enjeux de cette collaboration, Lacina Koné (photo, à droite), le directeur général de l'Alliance Smart Africa, s’est réjoui de travailler avec « une organisation aux vues similaires » tandis que Deemah Alyahya (photo, à gauche), la secrétaire générale de la DCO, a exprimé sa confiance dans le « pouvoir de la collaboration avec des organisations partageant les mêmes idées pour permettre la prospérité numérique pour tous ».
L'Alliance Smart Africa et la DCO envisagent à travers leur partenariat d’améliorer l’échange de données entre les pays, avec un accent sur l’autonomisation numérique des femmes, des jeunes et des entrepreneurs ;la création d’un environnement commercial favorable à la croissance des entreprises innovantes ; l’échange de connaissances en matière de gouvernance, de développement de stratégies et de financement d’initiatives.
Des actions qui viendront s’ajouter aux mesures prises par chaque pays membre de l'Alliance Smart Africa et de la DCO pour développer la connectivité qui est le socle de la transformation numérique, accélérer la numérisation des divers secteurs indispensables au développement socioéconomique, développer des compétences locales en matière numérique, favoriser l’inclusion numérique afin que personne ne soit laissé derrière d’ici 2030. La coopération entre l'Alliance Smart Africa et la DCO est survenue en marge de la Conférence mondiale sur le développement des télécommunications de l’Union internationale des télécommunications (UIT) qui s’est ouverte le 6 juin, à Kigali au Rwanda, et s’achèvera le 16 juillet.
Selon Lacina Koné, « ce protocole d’accord augmentera beaucoup la coopération Sud-Sud, en particulier avec les pays du Conseil de coopération du Golfe ». Pour Deemah Alyahya, le numérique sera au cœur de la croissance mondiale et il est urgent de s’y préparer maintenant en créant les bonnes plateformes et les bons modèles commerciaux de relance qui soutiendront les nations dans le développement.
Ruben Tchounyabe
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La transformation numérique prend de l’ampleur en Afrique. Au cœur de cette mutation, les start-up dont le rôle croît dans l’amélioration de l’accès des populations à divers services. L’importance qu’elles ont gagnée en 2020 n’a pas échappé aux investisseurs qui leur font désormais une cour assidue.
Les start-up africaines suscitent actuellement un intérêt grandissant de la part des investisseurs locaux et internationaux. Cela s’observe à travers le volume de financement qu’elles ont déjà réussi à mobiliser depuis le début de l’année 2022. Chaque mois, de janvier à mai, un nouveau record de financement a d’ailleurs été enregistré comparé à la même période de l’année dernière selon la plateforme Africa: The Big Deal.
C’est au total 2,7 milliards $ qui ont été capturés par les start-up en Afrique contre un total d’environ 1,2 milliard $ sur la même période en 2021. Soit une croissance de plus de 100 % dans le volume de financement enregistré depuis le début de l’année.
En janvier 2022, 478 millions $ ont été levés par les start-up ; soit 116 % de fonds en plus mobilisés, comparé au même mois en 2021. En février, c’était 629 millions $ ; soit une croissance de 254 % par rapport à février 2021. Mars a enregistré une levée de fonds de 720 millions $, en croissance de 117 %. En avril, les start-up africaines ont enregistré 437 millions $ de fonds mobilisés ; soit une croissance de 131 % tandis que le mois de mai a été témoin d’une croissance de 90 % dans le financement levé par les tech innovateurs africains avec 430 millions $.
Selon The Big Deal, le Kenya est le grand vainqueur de ces cinq premiers mois de l’année 2022. « En avril 2022, les start-up au Kenya ont levé 83 fois le montant qu'elles avaient levé en avril 2021. Le Nigeria et l'Égypte s'en sortent également très bien, bien qu'ils aient enregistré chacun un mois de croissance négative en glissement annuel en 2022 jusqu'à présent (janvier et avril respectivement) », a expliqué The Big Deal.
« La situation en Afrique du Sud — comme nous l'avons noté précédemment — devient cependant légèrement inquiétante : le pays a sous-performé chaque mois depuis le début de l'année. Dans l'état actuel des choses, les start-up en Afrique du Sud ont levé -30 % au cours de la période janvier-mai par rapport à ce qu'elles avaient levé au cours de la même période l'année dernière. Cela se compare à une croissance de +154 % au Nigeria, +212 % en Égypte et +436 % au Kenya », selon The Big Deal.
Muriel Edjo
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Dans un souci de cohérence dans la conduite du chantier de transformation numérique du Bénin qui inclut plusieurs volets, le gouvernement a opté pour la mutualisation des efforts. Ce choix rationalise l’utilisation des ressources humaines et financières de l’État.
Lors du Conseil des ministres du mercredi 1er juin, le gouvernement de la République du Bénin a adopté le décret portant création de l’Agence des systèmes d’information et du numérique (ASIN). La nouvelle structure est le fruit de la fusion de l’Agence du développement du numérique (ADN) ; l’Agence des services et systèmes d’information (ASSI), l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) ; l’Agence béninoise du service universel des communications électroniques et de la poste (ABSUCEP).
D'après le gouvernement, la fusion adoptée par le Conseil des ministres répond à des « besoins d’optimisation, en lien avec l’opérationnalisation de la Société béninoise d’infrastructures numériques (SBIN) », pour plus de rationalité, d’efficacité et de cohérence de l’action publique.
La nouvelle agence créée poursuivra les tâches menées par ces prédécesseurs depuis 2016, à savoir la mise en œuvre des projets du secteur du numérique relatifs au déploiement du haut et du très haut débit ; la dématérialisation, la sécurité des systèmes d’information et des réseaux ; le service universel et l’extension des réseaux dans les zones rurales, ainsi que le développement des usages communautaires.
Placée sous la double tutelle du ministère du Numérique et de la Digitalisation, et du ministère de l’Économie et des Finances, l’ASIN sera dirigée par André Loko (photo) alors que le ministre de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni, occupera la poste de président du conseil d’administration.
Ruben Tchounyabe
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Les fintechs prolifèrent sur le continent dans le but d’aider les populations à accéder au financement. La fintech nigériane Indicina, fondée en 2018, attire de nouveaux investisseurs.
La fintech Indicina a annoncé, lundi 6 juin, la réussite d’un tour de table d’un montant de 3 millions $. L’objectif est de permettre aux entreprises spécialisées dans les crédits d’en offrir à grande échelle à leurs clients. L’opération a été menée par le capital-risqueur Target Global avec la participation d’autres start-up nigérianes comme Kuda, Kippa ou encore Edukoya.
Yvonne Johnson (photo), cofondatrice de la société, explique qu’Indicina veut « que les prêteurs soient mieux informés des décisions concernant le crédit afin qu'ils puissent accéder plus rapidement au marché avec leur produit numérique. Nous n'avons donc jamais eu de modèle commercial incluant notre bilan, avec lequel nous avons toujours travaillé avec les prêteurs ».
La fintech, fondée en 2018 par Carlos del Carpio, Jacob Ayokunle, Yemi Ajao, Yvonne Johnson, est également présente au Kenya. Elle propose des solutions technologiques basées sur l’apprentissage automatique pour aider les populations à être éligibles dans les processus d’octroi de crédit. Les entreprises spécialisées dans les crédits peuvent ainsi utiliser leur interface de programmation pour valider les dossiers des prêts de leurs clients et également offrir des sommes plus importantes.
La fintech revendique plus de 100 clients actifs, plus de 3 milliards de nairas (7,2 millions $) de prêts traités et plus de 700 millions de nairas de prêts décaissés. Depuis son lancement en 2018, Indicina a levé au total 7,2 millions $ pour améliorer sa technologie et attirer des talents.
Adoni Conrad Quenum
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En Afrique, la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH/sida contribue à maintenir la maladie hors de contrôle. Au Nigeria où près de 1,9 million de personnes sont séropositives, la technologie a démontré sa capacité à améliorer leur prise en charge.
L'Institut de virologie humaine du Nigeria (IHVN) et la healthtech Vantage Health Technologies ont révélé, jeudi 2 juin, leur collaboration avec succès sur un projet qui a permis de maintenir de nombreux patients séropositifs sous traitement le plus longtemps possible. Les deux partenaires ont réussi ce programme de rétention de patients grâce à l'intelligence artificielle et l'analyse de données qu’offre la plateforme de Vantage Health Technologies. Elle a fourni aux services de santé des informations personnalisées sur les patients séropositifs sous traitement.
Annika Lindorsson Krugel, responsable des solutions de Vantage Health Technologies, a expliqué que « la solution de rétention des patients est un modèle basé sur l'IA qui utilise les données de l'historique des patients pour prédire si les patients manqueront leur prochain rendez-vous à la clinique ». Une liste de ces patients à risque est remise au personnel clinique qui effectue diverses actions pour éviter qu’ils ratent un jour de traitement. Cela va de l’envoi de rappel par SMS, des appels aux visites à domicile pour ceux qui n'ont pas de téléphone. Des entretiens sont organisés pour apporter une aide psychologique à chaque patient à risque avant un rendez-vous à la clinique.
Pour Mercy Omozuafoh, la responsable du programme de soins et de soutien à l'IHVN, « le projet a démontré l'efficacité du suivi proactif des patients vivant avec le VIH (PVVIH) et nous a fait comprendre l'importance des interventions que nous mettons en œuvre ».
Grâce à l'intelligence artificielle, l'IHVN a été en mesure de prédire et d'influencer positivement le comportement des personnes à haut risque liées au VIH/sida. Le modèle prédictif a été déployé auprès d'environ 30 000 patients à l'hôpital général de Kudwa à Bwari dans le territoire de la capitale fédérale ; à l'hôpital spécialisé Dalhatu Araf à Lafia dans l'État de Nasarawa ; et à l'hôpital général d'Ahoada dans l'État de Rivers.
En prélude à la journée mondiale de lutte contre le VIH/Sida 2021, le directeur général de l'Agence nationale de lutte contre le sida (NACA), le Dr Gambo Gumel Aliyu, avait déclaré dans une interview au journal The Guardian que « notre estimation montre qu'entre 1,8 et 1,9 million de Nigérians vivent actuellement avec le VIH/SIDA. Parmi eux, 1,6 million sont déjà sous traitement. Donc, nous en avons 300 000 autres à enregistrer ».
Selon le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), l’un des enjeux de la lutte contre l'épidémie en Afrique demeure le maintien des personnes séropositives sous traitement durable. Lors du projet, l'Institut de virologie humaine du Nigeria et Vantage Health Technologies ont identifié la stigmatisation, les effets secondaires, les défis logistiques, les obstacles économiques et l'oubli comme les principaux obstacles à l'adhésion au traitement. Les deux partenaires ont également constaté que le soutien des soignants, des pairs et la compréhension de son statut aident les patients à surmonter ces obstacles.
Ruben Tchounyabe
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Le Kenya espère accompagner les mineurs de Bitcoin dans leur transition écologique. Selon l’Agence Ecofin, plusieurs entreprises spécialisées dans le minage bas-carbone ont déjà approché KenGen, le principal producteur d’énergie géothermique du pays.
Kenya Electricity Generating Company (KenGen), le principal producteur d’électricité géothermique au Kenya, a invité les fermes de minage de bitcoin à s’installer dans le pays, pour profiter de son excédent de production, a rapporté le site d’information spécialisé dans les cryptomonnaies CryptoSlate le 4 juin.
« Nous sommes prêts à accueillir les fermes de minage de bitcoin ici, car nous avons l'espace nécessaire et l'électricité est proche, ce qui contribue à la stabilité », a déclaré le directeur du développement géothermique de KenGen, Peketsa Mwangi, cité par CryptoSlate.
M. Mwangi a également révélé que certaines sociétés spécialisées dans le minage de bitcoin ont déjà pris langue avec la compagnie kenyane. « Certaines fermes de minage ont demandé une capacité initiale de 20 mégawatts (MW) avant de monter en puissance par la suite, étant donné que leur activité est très énergivore », a-t-il précisé.
Selon le journal kenyan The Standard, KenGen espère installer des fermes de minage de bitcoin aux alentours de sa principale centrale géothermique située près de la ville Naivasha (123 km à l’ouest de Nairobi).
Le Kenya est le premier producteur d'énergie géothermique en Afrique. Sa production est estimée à 14 000 MW d’électricité pour une capacité installée de 863 MW seulement.
Alors que le minage des cryptomonnaies requiert d'énormes besoins en électricité pour faire fonctionner les ordinateurs qui réalisent les calculs nécessaires à la validation des transactions et à la création des monnaies virtuelles, les entreprises spécialisées sont sous pression, en raison des émissions très élevées de gaz à effet de serre générées par leurs activités.
Expulsés de Chine l’an dernier, plusieurs fermes de minage cherchent asile dans des pays ayant des offres excédentaires d’énergies renouvelables.
Le Maroc est en quête de nouveaux partenaires internationaux à travers lesquels créer davantage de valeur pour son économie. Les entreprises indiennes qui ont démontré par le passé leurs capacités dans l’informatique et le numérique sont une opportunité à saisir. Elles recherchent aussi de nouveaux marchés.
La ministre marocaine de la transition numérique et de la réforme administrative, Ghita Mezzour, a signé un mémorandum d’entente samedi 28 mai avec Roshni Nadar Malhotra, présidente de Hindustan Computers Ltd (HCL). Cet accord prévoit l’installation de la multinationale indienne de services et de conseil en technologies de l'information au Maroc. En s’appuyant sur le pays comme hub d’externalisation, HCL ambitionne de conquérir l’Afrique à long terme.
Ghita Mezzour a déclaré, mercredi 1er juin, que « le Maroc a une forte pénétration d’Internet et celle-ci connaît une croissance exponentielle. Le pays dispose également d’une main-d’œuvre éduquée et qualifiée en plus d’avoir l’avantage d’une population qui peut parler l’arabe et le français en plus de l’espagnol. Comme le français est largement parlé, cela pourrait également aider les entrepreneurs indiens à atteindre les pays africains où le français est largement parlé ».
L’accord entre le Maroc et HCL est intervenu en marge de la visite qu’effectue la ministre marocaine de la Transition numérique et de la Réforme administrative en Inde depuis le 28 mai pour nouer des partenariats avec de grandes entreprises indiennes. Elle a vendu le Maroc comme l’une des trois meilleures destinations d’externalisation en Afrique, notamment pour les entreprises informatiques indiennes au regard de sa stabilité politique, de ses nombreux pactes commerciaux avec des Etats européens, et son ouverture commerciale à travers le continent.
HCL projette d'établir un « delivery center » au Maroc, dans l’objectif de produire des services technologiques à haute valeur ajoutée pour ses clients mondiaux, a indiqué un communiqué du ministère de la Transition numérique et de la réforme de l’administration.
La société qui opère dans une cinquantaine de pays et emploie plus de 200 000 personnes dans le monde avec un chiffre d’affaires de plus 11 milliards $ en 2022, se focalisera sur le codage, les logiciels et les technologies de l’information au Maroc. L’entreprise entend également investir dans la formation initiale et continue des talents marocains dans le domaine du numérique, selon le ministère.
Ruben Tchounyabe
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Dans un souci d'efficacité des services publics, le gouvernement nigérian a fait de la modernisation et de l’automatisation de l’administration publique une priorité. Les ministères et agences publiques se sont approprié cette instruction et multiplient les actions à cet effet depuis 2020.
Le service des douanes du Nigeria a signé, lundi 30 mai, une convention de concession avec le consortium Trade Modernization Project Limited constitué par l’Africa Finance Corporation (AFC) et la firme chinoise Huawei Technologies Limited. Il porte sur la numérisation des opérations de sécurité aux frontières et de collecte des recettes de l’administration douanière. À travers ce projet baptisé « e-customs », le gouvernement projette de gagner 176 milliards $ au cours des 20 ans prochaines années.
Le contrôleur général du service des douanes, Hameed Ali (photo), a affirmé que « nous sommes heureux de dire qu’au Nigeria, nous allons être entièrement électroniques, numérisés et modernisés. Le succès de ce projet mettra le Nigeria sur la carte ». Président de Trade Modernization Project Limited et président du projet, Alhaji Saleh Ahmadu, a assuré le gouvernement que « l’objectif de 176 milliards $ sera atteint, voire dépassé ».
Le projet de numérisation de la douane est financé à hauteur de 3,2 milliards $ par l’Africa Finance Corporation ; Huawei s’occupant de la partie technique. Les autorités nigérianes comptent ainsi s’appuyer sur le numérique pour améliorer l’efficacité opérationnelle et financière de l’administration douanière.
« e-customs » apportera plusieurs avantages, tant pour l’économie nationale que pour le service des douanes. « Pour les douanes nigérianes, cela va changer tout le processus commercial. Cela va donner aux douanes le meilleur parti en termes de fonctionnement des affaires. Cela supprimera tout arbitraire et toute erreur humaine », a expliqué Hameed Ali, qui révèle par ailleurs que le processus réduirait le coût des affaires et augmenterait la productivité du service, grâce à son processus de gestion et de surveillance simple.
Le président de Trade Modernization Project Limited souligne pour sa part les avantages pour l’économie du pays, « en termes de croissance commerciale pour les exportateurs et les entreprises dépendantes des importations ». Il note l’amélioration des chaînes d’approvisionnement mondiales et de l’utilisation des capacités industrielles, ainsi que la création des opportunités d’emploi.
Ruben Tchounyabe
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Après la levée d’un financement de pré-série A en novembre 2021, Appetito rachète et fusionne ses activités avec celles du tunisien Lamma. L’opération créera un nouvel acteur présent dans 3 pays maghrébins tout en explorant des opportunités de développement en Afrique de l’Ouest.
La plateforme égyptienne de livraison d’épiceries et produits ménagers, Appetito, a annoncé ce mercredi 1er juin, le rachat de l’entreprise tunisienne Lamma évoluant dans le secteur de la livraison et la vente en ligne. Le montant déboursé n’a pas été divulgué, mais plusieurs médias avancent une somme comprise entre 10 et 15 millions $.
Les deux entreprises ont décidé de fusionner leurs activités pour créer une entreprise unique qui prendra l’appellation d’Appetito. Cette entité sera présente au Maroc et en Tunisie, deux pays dans lesquels Lamma était présent, mais aussi dans de nouveaux territoires non encore dévoilés, en Afrique de l’Ouest.
« Avoir Lamma à bord nous mettra sur la bonne voie pour devenir le plus grand acteur du e-commerce sur le continent […] Nous pensons que c'est le meilleur moment pour nous développer en Afrique, afin de résoudre les énormes inefficacités de la chaîne d'approvisionnement du commerce de détail », a souligné Shehab Mokhtar, directeur général d'Appetito.
Cette acquisition intervient sept mois après la levée de 2 millions $, sous forme de financement de pré-série A, réalisée par Appetito en novembre dernier. Les capitaux obtenus auprès d’un groupe d’investisseurs, dont la firme américaine de capital-risque Jedar Capital, avaient servi à étendre la présence d’Appetito dans de nouvelles régions en Égypte et à planifier sa croissance régionale.
Suite à la fusion-absorption avec Lamma, dont la finalisation est attendue d’ici le troisième trimestre, la start-up égyptienne de livraison créée en mars 2020 ambitionne de devenir « le plus grand acteur de l'e-épicerie et du e-commerce en Afrique ». À partir des 3 pays maghrébins dans lesquels il opérera (Égypte, Tunisie, Maroc), Appetito s’appuiera sur les synergies entre les deux sociétés fusionnées pour se développer sur de nouveaux marchés africains en commençant par l’Afrique de l’Ouest.
Selon Shehab Mokhtar, son fondateur et directeur général, le marché de l'épicerie au détail en Égypte est évalué à 60 milliards $. Dans ce vaste marché, 2 % des acteurs sont en ligne. Ce qui constitue une énorme opportunité de croissance, selon Shebab.
Au-delà du marché égyptien, le Moyen-Orient et l'Afrique de l’Ouest représentent des marchés fragmentés dans lesquels peu d'entreprises ont réussi à créer des acteurs régionaux dans le domaine du e-commerce, mais à fort potentiel, selon Shebab Mokhtar.
Chamberline MOKO
Avoir des compétences numériques est désormais un atout pour attirer l’attention des entreprises ou s’auto-employer. Plusieurs initiatives privées de formation l’ont comprise et proposent, à cet effet, des formations abordables aux jeunes, là où les offres des États sont parfois onéreuses et élitistes.
L’incubateur de start-up « Ose ton emploi » basé à Conakry a officiellement lancé, samedi 28 mai, son nouvel espace numérique dénommée « Sanku Lab ». Financé à hauteur de 55 000 euros par la fondation Orange Guinée, il a pour vocation la formation aux métiers des TIC, notamment la création et la fabrication numériques.
2 100 personnes bénéficieront de la formation de Sanku Lab. Elles pourront prototyper et fabriquer divers objets dans les prochaines années. L’espace met à la disposition des apprenants des outils tels que des ordinateurs portables, une imprimante 3D, une découpe laser vinyle, une presse à chaud, de l’outillage électronique, des brodeuses numériques…
Sanku Lab sera au cœur des activités et programmes d’accompagnement « d'Ose ton emploi », a déclaré son fondateur Danda Diallo. Youssouf Boundou Sylla, le secrétaire général du ministère de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, a apprécié l’initiative. Il a affirmé que « ces types d’incubateurs sont de véritables vecteurs de développement ».
L’incubateur « Ose ton emploi », créé en 2018, s’est fixé comme objectif l’accompagnement des jeunes entreprises porteuses de projets innovants. Avec plusieurs start-up incubées, il fait partie du réseau Afric’Innov qui rassemble de nombreux incubateurs africains. « Ose ton empfaloi » joue un rôle révélateur de nouveaux talents pour les jeunes en décrochage afin de permettre leur réinsertion professionnelle.
La représentante de la société Orange Guinée a expliqué que « vu la place que le numérique a dans ce monde, nous appuyons ces outils numériques pour faire en sorte que ces jeunes puissent se les approprier, découvrir des passions, se révéler, mettre en contribution toutes leurs créativités pour ensuite se former, créer des start-up, grandir, se lancer sur le marché et avoir une autonomie assurée ».
Ruben Tchounyabe
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Dans de nombreux pays africains, l’insertion professionnelle de la population à l’ère du numérique est devenue une préoccupation majeure. Au niveau national et international, les réflexions se multiplient sur les stratégies les mieux adaptées pour aborder cette question.
La République de Tunisie recevra au cours des quatre prochaines années de l’aide internationale pour la création d’emplois basés sur les technologies de l’information et de la communication pour jeunes et les femmes. Le projet « IPTIC », financé par l’Agence coréenne de coopération internationale (KOICA) et mis en œuvre par le Bureau de l’Organisation internationale du travail (OIT) pour l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie, a officiellement été lancé à cet effet le lundi 30 mai, à Gammarth, par le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle.
Le projet « IPTIC » s’articule autour de trois axes : améliorer les capacités des agences dédiées de l’État dans la mise en œuvre efficace de la stratégie nationale de l’emploi, concevoir et réaliser des diagnostics régionaux sur l’emploi dans les TIC, développer les chaînes de valeur dans le secteur des TIC. Les deux premiers axes porteront sur les gouvernorats de Tunis, Sousse, Sfax, Manouba, Kairouan, Zaghouan, Sidi Bouzid, Jendouba, Kasserine et Gabès. Le dernier sur ceux de Tunis, Sousse et Sfax.
Le lancement du projet est l’aboutissement de la convention d’implémentation signée en décembre 2021 par Rania Bikhazi, directrice du Bureau de l’OIT pour l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie, et Kim Hanvit, le directeur pays par intérim de la KOICA en Tunisie.
C’est la continuité du projet EDJEF « des emplois décents pour les jeunes et les femmes » mené de 2018 à 2020 et dont l’objectif était de favoriser l’employabilité des jeunes et des femmes dans les gouvernorats de Kairouan, Zaghouan, Tunis et Manouba, dans le cadre d’un dialogue social tripartite.
Nasreddine Nsibi, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, a déclaré que dans un souci d’adéquation des formations avec les besoins des entreprises dans un contexte de numérisation rapide, son département réfléchit à une réforme de la formation professionnelle.
Muriel Edjo
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La transformation numérique est repartie de plus belle sur le continent suite à la pandémie de Covid-19. Les Etats africains se sont engagés à renforcer les infrastructures télécoms et à développer la couverture réseaux. Cependant, pour que ces investissements soient pleinement productifs, encore faut-il que les services proposés restent accessibles aux revenus les plus modestes. C’est pourquoi, en surtaxant ces services les Etats se tirent parfois eux-mêmes une balle dans le pied.
En 2010, le volume fiscal indexé au secteur des télécommunications en Afrique subsaharienne faisait déjà l’objet d’un débat passionné entre les gouvernements et les opérateurs de téléphonie mobile. Les premiers, soucieux d’assurer de nouvelles ressources financières pour le trésor public, n’ont cessé de clamer un juste gain sur un secteur en croissante richesse. De son côté, l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) n’a cessé d’interpeller sur le danger qu’une fiscalité trop gourmande représente à long terme, non seulement pour la viabilité des sociétés télécoms, mais également pour le développement. Dix ans plus tard, la question fiscale a évolué mais pas en faveur des opérateurs télécoms.
L’Afrique subsaharienne est devenue la région la plus taxée au monde, devant l’Afrique du Nord-Moyen-Orient et l’Asie pacifique.
En 2017, les taxes se sont en effet multipliées sur le marché, suscitées par la croissance enregistrée au fil des ans par le secteur des télécoms qui a su séduire davantage de clients à travers de nouveaux services à valeur ajoutée. L’Afrique subsaharienne était considérée, il y a sept ans, comme la troisième région la plus taxée au monde, après l’Europe centrale et de l’Est et l’Union Européenne, mais devant l’Amérique latine. Selon le rapport « Global Mobile Tax Review 2010/2011» de GSMA et de l’UIT, elle est devenue la première, devant l’ Afrique du Nord - Moyen-Orient et l’Asie pacifique. Les paiements moyens d'impôts représentaient 25% des revenus du secteur. En 2016, le secteur des télécoms a contribué à hauteur de 13 milliards $ au revenu fiscal de l’Afrique subsaharienne. En 2018, cette contribution est passée à 15,6 milliards $. 2020 a toutefois enregistré un recul de 600 millions $ par rapport à l’année précédente.
La fiscalité du secteur télécoms dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne est une combinaison de la fiscalité générale et de la fiscalité sectorielle. La première comprend la TVA standard, l'impôt sur les sociétés, l'impôt sur le revenu et la sécurité sociale des entreprises et des employés, tandis que la seconde comprend les taxes à la consommation spécifiques au secteur, telles que la TVA sur les services mobiles et les droits d'accise sur les cartes de recharges et les téléphones mobiles.
Menace sur l’inclusion numérique
Si la fiscalité sur les activités de l’entreprise pèse sur la rentabilité des opérateurs télécoms, c’est surtout celle sectorielle qui est la plus préoccupante car elle touche directement au pouvoir d’achat des consommateurs qui sont au cœur de tout le marché télécoms. Si les populations ne peuvent plus souscrire aux services télécoms devenus chers du fait d’une fiscalité importante, les opérateurs télécoms redoutent une chute de leurs revenus.
Cette chute des revenus aura un impact direct sur la rentabilité des sociétés télécoms et par ricochet sur les gains tirés par les Etats. La Banque mondiale estimait en 2019 à près de 85% le nombre de personne vivant avec moins de 5 $ par jour en Afrique subsaharienne. Dans la région, où le taux de pénétration du mobile était de 46% en 2020, l’internet mobile représentait 28% du taux de pénétration d’internet estimé à 34% sur le continent par Hootsuite et We Are Social. Le coût moyen d’un forfait data mobile de 1,5 Gigabit coûtait 6,1 $, soit 6,4% du revenu national brut (RNB) par habitant selon l’UIT. Or selon la Commission du haut débit, un forfait data est jugé abordable lorsqu’il représente 2% du RNB.
Le coût moyen d’un forfait data mobile de 1,5 Gigabit coûtait 6,1 $, soit 6,4% du revenu national brut (RNB) par habitant selon l’UIT. Or selon la Commission du haut débit, un forfait data est jugé abordable lorsqu’il représente 2% du RNB.
Taxer internet, comme le font certains pays comme l’Ouganda qui l’a fixé à 12%, rend le service plus cher et exclut de fait un plus grand nombre de personnes de l’économie numérique. La taxe met également en danger l’activité de plusieurs entreprises comme celles du segment de l’e-commerce ou de la vidéo à la demande.
Selon GSMA, sur les 1,084 milliard de personnes recensées en Afrique subsaharienne en 2020, 303 millions de personnes (28%) étaient connectées à Internet par mobile. 570 millions de personnes (57%) était couvertes par un réseau mobile mais n’utilisaient pas Internet et 210 millions (15%) n’étaient pas du tout couvertes par un réseau mobile. Au total, 495 millions de personnes étaient abonnées à des services mobiles, soit 46 % de la population. Le taux d’adoption du smartphone était de 48%. Une situation que l’Alliance for Affordable Internet (A4AI) explique par la cherté du smartphone. Certains équipementiers télécoms proposent des appareils plus basiques, mais qui restent inaccessibles pour la majorité de la population dans de nombreux pays africains à cause des taxes à l’importation. C’est d’ailleurs conscient de cette réalité que le gouvernement du Tchad a exonéré de taxe pendant cinq ans, depuis le 24 janvier dernier, les importateurs de téléphones pour réseaux cellulaires sans fil (téléphones portables et smartphones de tout type), de machines automatiques de traitement de l’information (ordinateurs et tablettes, fixes et mobiles, de tout type) et des accessoires dédiés.
Obstacle à l’inclusion financière
Devenu au cours des dix dernières années un segment fort des télécommunications, avec plusieurs millions d’utilisateurs et des milliards $ échangés, le Mobile Money est aussi aujourd’hui l’objet d’un intérêt croissant des Etats africains. Il y a quatre ans, quelques rares pays ont cédé à la tentation de taxer cette nouvelle dynamique. C’est le cas de l’Ouganda qui a introduit une taxe de 0,5% sur le retrait d’argent en juillet 2018. La même année, la Tanzanie a fixé la sienne à 1% avant de la réduire à 0,5% en octobre. Et en 2019, le Zimbabwe a décidé de prélever 2% sur la valeur de chaque transaction.
Cependant, la croissance enregistrée par le Mobile Money, renforcée pendant la Covid-19, a fini de convaincre davantage de gouvernements de puiser dans cette manne pour financer la relance économique post-pandémie. La taxe de 0,2% sur les transactions électroniques a ainsi fait son apparition au Cameroun en 2021. Au Ghana, c’est plutôt une imposition fiscale de 0,5% que le gouvernement a institué cette année. Dans ces différents marchés, anciens comme nouveaux, l’imposition fiscale a toujours suscité une forte contestation des consommateurs qui ont dénoncé une augmentation de leurs charges. Au parlement ghanéen, l’impôt sur le Mobile Money a même donné lieu à un affrontement physique entre pro et anti-taxe.
La taxe contestée a permis au gouvernement de certains pays, comme l’Ouganda, d’enregistrer deux fois plus de revenus que ceux attendus (l’Autorité fiscale ougandaise estime que de juillet à décembre 2018, l’impôt a produit 28,3 millions de dollars. Soit 13,5 millions de dollars de plus 14,8 prévus par l’Etat). Mais cette taxe a freiné l’inclusion financière des plus pauvres qui accèdent à divers services depuis leur mobile. La Banque mondiale révèle qu’elle a fait basculer les nantis vers les banques tandis que les populations à petits revenus, qui dépendent des transferts de fonds de la famille pour vivre, ont vu leurs faibles moyens se réduire encore.
La Banque mondiale révèle que cette taxe a fait basculer les nantis vers les banques tandis que les populations à petits revenus, qui dépendent des transferts de fonds de la famille pour vivre, ont vu leurs faibles moyens se réduire encore.
Le Fonds d'équipement des Nations Unies (UNCDF) indique que la taxe a démotivé les consommateurs d’énergie renouvelable hors-réseau, généralement installés en zone rurales, qui avaient pris l’habitude de régler leurs factures par mobile. Cette situation est perçue comme un danger à la rentabilité du marché qui a créé de nombreux emplois dans le pays. Le même scénario peut être transposé au secteur de l’e-commerce ou encore de l’agriculture où de nombreux petits exploitants fermiers peuvent déjà acheter des intrants agricoles, effectuer une micro-épargne, etc., depuis le Mobile Money. Comme dans le segment des services télécoms par mobile, les sociétés télécoms ne refusent pas d’être assujetties à des taxes. D’après GSMA, elles se disent favorables à une taxation efficace du segment du Mobile Money « sans que cela n’entrave inutilement la croissance du secteur et ait un impact négatif sur les groupes marginalisés qui l'utilisent ». L’impôt sur le revenu est privilégié car plus il augmente avec les gains des fournisseurs de services.
Muriel EDJO