Pour Emmanuel Cheriet, directeur général d’Orange Cyberdéfense pour le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest, il devient urgent que les Etats africains investissent dans la sécurité informatique autant qu’ils le font dans la connectivité. D’autant plus que le déficit mondial en compétentes dans ce domaine offre de grandes opportunités aux jeunes Africains.
We Are Tech : Quelle appréciation faites-vous du niveau actuel de préparation de l’Afrique en matière de cybersécurité ?
Emmanuel Cheriet : C’est assez disparate en fonction des pays et aussi en fonction des entreprises. Ça va dépendre de la maturité de chacun, à la fois la maturité des pays en matière de protection cyber mais aussi la maturité des entreprises. Une grande entreprise qui a un chiffre d’affaires conséquent et une position dominante sur son marché va en général réaliser plus d’investissements en matière de protection et aura déjà une politique de sécurité, aura des infrastructures et des ressources compétentes, comparée à une PME qui a moins de moyens pour se protéger.
« Nous observons en Afrique un développement des attaques de type malware et notamment ransomware. »
De ce fait il y a une disparité en termes de préparation en matière de cybersécurité. C’est également le cas au niveau des pays. Il y en a qui ont déjà lancé des stratégies de sécurité et d’autres qui sont plus en retard.
WAT : Dans les marchés où votre groupe opère, quel est le niveau de prise de conscience des décideurs?
EC : Nous avons constaté ces dernières années une accélération des États pour légiférer en matière de cybersécurité et mettre les stratégies en œuvre. Au Maroc, par exemple, la Direction générale de la sécurité des systèmes d’information (DGSSI) a lancé en 2014 un plan sur la sécurité nommé DNSSI (directive nationale de la sécurité des systèmes d’information), dans lequel elle a identifié à la fois les acteurs qu’on appelle organisations d’importance vitale pour la continuité des activités du pays, les infrastructures d’importance vitale et un certain nombre de règles et de mesures auxquelles les entreprises et administrations doivent se conformer pour assurer un minimum de couverture sur les risques de cybersécurité. La DGSSI a également lancé un plan pour identifier et homologuer les prestataires de services capables d’auditer des entreprises d’importance vitale ou des systèmes d’importance vitale (PASSI : Prestataire d’Audit de Sécurité des Systèmes d’Informations).
Orange Cyberdefense s’est d’ailleurs inscrite dans cette démarche d’homologation. Dans d’autres pays du continent, la démarche est déjà également adoptée. On observe qu’au Maroc il y a une poussée de l’Etat pour améliorer la législation et l’écosystème, accompagner les entreprises et inciter les décideurs à considérer les risques de cybersécurité. Dans d’autres pays d’Afrique aussi il existe déjà des administrations dédiées à la cybersécurité, qui mettent en place un cadre correspondant autour de la cybersécurité et de la conformité.
En matière de protection des données par exemple, plusieurs pays ont mis en place des législations pour protéger les personnes en cas de fuite d’informations. Nous remarquons aussi une poussée de la souveraineté. De plus en plus de pays légifèrent pour que le maximum d’opérations soit réalisé dans le pays et non plus sur un autre continent par exemple.
«Nous remarquons aussi une poussée de la souveraineté. De plus en plus de pays légifèrent pour que le maximum d’opérations soit réalisé dans le pays et non plus sur un autre continent par exemple».
Ces différentes initiatives et actions montrent une prise de conscience de l’importance de la cybersécurité. Bien qu’il soit compliqué de donner une vision précise sur le niveau de chaque pays, il ressort tout de même une tendance croissante avec des pays bien avancés. Tout cela dépend de leur maturité, des financements disponibles et du contexte du pays.
A ce sujet, l'Union internationale des télécommunications, agence des Nations unies pour le développement spécialisé dans les TIC, publie chaque année depuis 2014 une étude nommée Global Cybersecurity Index pour classer les pays selon leur niveau de Cybersécurité.
WAT : La législation en matière de cybersécurité semble effectivement importante. Mais qu’en est-il de l’infrastructure de sécurité ?
EC : Les infrastructures suivent à la vitesse des entreprises et des États qui investissent. La Covid a accéléré la digitalisation. Des services publics qui n’étaient pas digitalisés se sont mis à la page. On voit que les infrastructures, applications et ainsi de suite qui n’étaient pas là sont en train d’être mis en place. C’est une question de budget, de compétence et de temps. Il est vrai que cela ne va pas aussi vite que cela devrait mais tout cela se fait en fonction de l’économie locale. Cette évolution est dépendante des moyens alloués par les pays et les entreprises qui doivent investir dans la sécurité. Les infrastructures, il y en a déjà un certain nombre.
« Les réseaux évoluent tous les jours, les infrastructures se modernisent, donc la sécurité doit être une préoccupation perpétuelle.»
L’Afrique connaît un saut technologique très rapide où elle rattrape et utilise déjà les mêmes infrastructures que l’Europe. Il n’y a pas de retard dans l’utilisation des nouvelles technologies. C’est juste qu’elles sont potentiellement moins répandues, mais elles existent.
«L’Afrique connaît un saut technologique très rapide où elle rattrape et utilise déjà les mêmes infrastructures que l’Europe. Il n’y a pas de retard dans l’utilisation des nouvelles technologies».
On parle d’Office 365, on parle d’Azure, du Cloud. Effectivement, il n’y a pas encore le même niveau de couverture que l’on peut observer dans des continents où il y a plus de moyens et plus d’antériorité, comme l’Europe par exemple. Cependant nous observons une tendance qui va vers l’accompagnement de cette digitalisation par l’investissement dans l’infrastructure, les applications, le cloud et donc normalement sur la sécurité.
WAT : Dans la majorité des financements débloqués pour la transformation numérique en Afrique, l’on constate que l’attention est beaucoup focalisée sur la connectivité. Cette approche vous semble-t-elle judicieuse ?
EC : Il y a effectivement une course vers la connectivité, ce qui est tout à fait normal. Il faut démarrer par la connectivité, mais la sécurité n’est pas toujours intégrée par défaut. Et c’est dommage. Quand on met en place des moyens de communication multiple cela augmente la surface d’attaque d’une entreprise, d’un Etat. Si cette mise en place et le développement de services numériques ne sont pas accompagnés dès le début (phase de design) afin d’intégrer la sécurité dans le process, alors le risque de cybersécurité ne sera pas suffisamment couvert et les attaques augmenteront. Il y a une nécessité d’accompagner le développement des infrastructures de connectivité en intégrant la Cybersécurité by Design. L’Afrique accélère vraiment dans la digitalisation pour rattraper un gap. Il faudrait systématiser l’approche intégrée de la cybersécurité au développement des réseaux de connectivité et non la voir comme une contrainte ou une obligation annuelle à remplir. La sécurité doit rentrer dans un cycle continu. Les réseaux évoluent tous les jours, les infrastructures se modernisent, donc la sécurité doit être une préoccupation perpétuelle.
WAT : Avec cette numérisation rapide du monde, quels sont les principaux types de menaces qu’identifie Orange cybersécurité ?
EC : Déjà si l’on regarde au niveau mondial, on constate que les typologies d’attaques sont les mêmes quels que soient les continents. C’est-à-dire qu’on ne voit pas d'attaques particulières en Asie, en Europe ou en Afrique. Il y a un développement des attaques qui est assez similaire quels que soient les continents. Maintenant, nous pouvons tout de même observer des tendances d’attaques et des tendances géographiques dépendant notamment des usages.
Sur la tendance des attaques, nous avons vu sur l’année 2020/2021 – et nous pensons que cela va continuer dans les prochaines années– le développement des menaces du type malware. Ce sont des codes malveillants qui vont permettre potentiellement d’exfiltrer de la donnée, prendre la main sur une machine, chiffrer des données et réclamer une rançon. Les ransomwares sont un type de malware de plus en plus répandu qui et cible l’ensemble des acteurs. A la fois les petites entreprises, les grandes, les administrations, les hôpitaux. Tout le monde est potentiellement victime.
« Les ransomwares sont un type de malware de plus en plus répandu qui et cible l’ensemble des acteurs. A la fois les petites entreprises, les grandes, les administrations, les hôpitaux. Tout le monde est potentiellement victime».
Nous pouvons classifier les attaques en 2 grandes familles, à savoir, les attaques massives et les attaques ciblées. Les premières sont lancées à grandes échelles pour toucher le maximum de personnes peu importe de qui il s’agit. Les secondes ont pour but d’attaquer une cible précise, de déstabiliser une entreprise ou un État précis. Comme sur les autres continents nous observons en Afrique un développement des attaques de type malware et notamment ransomware.
En Afrique nous identifions tout de même certaines tendances en matière de typologie d’attaques. Il s’agit notamment des attaques sur les environnements de Mobile Money. Ces services étant beaucoup plus développés qu’ailleurs, il y a donc automatiquement plus de fraudes en Afrique sur ce service qu’en Europe.
Nous pouvons également citer une autre tendance d’attaque relevée en Afrique ou de l’Afrique vers l’Europe. Il s’agit du « social engineering ». C’est la recherche d’informations sur quelqu’un pour lui soutirer de l’argent, lui envoyer de faux messages. Les attaques sont préparées et diffusées par les réseaux sociaux, les mails, divers vecteurs qui permettent de récolter et diffuser de l’information.
«Nous pouvons également citer une autre tendance d’attaque relevée en Afrique ou de l’Afrique vers l’Europe. Il s’agit du social engineering ».
Nous observons une troisième tendance forte, générée par le déficit de gestion des vulnérabilités. Moins une entreprise gère et traite ses vulnérabilités, plus elle s’expose. De plus cela facilite le travail des attaquants qui s’introduisent dans les systèmes des entreprises et administrations publiques. En Afrique, beaucoup de systèmes sont attaqués via des vulnérabilités connues mais pas traitées par manque de moyens humains et techniques. A cela s’ajoute une absence de cloisonnement qui contribue à la propagation de l’attaque. Enfin, les systèmes de sauvegardes ne sont en général pas suffisamment protégés, ce qui génère un impact fort sur l’activité et empêche la relance rapide après l’attaque.
WAT : Quelle ampleur a pris la cybermenace à ce jour?
EC : On voit clairement qu’il y a une forte progression des attaques. En 2021, Check Point Research a constaté une augmentation de 50 % du nombre de cyberattaques par semaine sur les réseaux d’entreprise par rapport à 2020, avec un pic en décembre, en grande partie dû à la faille de sécurité qui a impacté Log4J. Les pirates ont surtout ciblé l’Afrique, l’Asie-Pacifique et l’Amérique latine, mais l’Europe a connu la plus forte augmentation en pourcentage des cyberattaques d’une année sur l’autre. Les secteurs les plus touchés ont été l’enseignement/Recherche (+75%), le gouvernement/Militaire (+47%), les Communications (+51%), les fournisseurs de services (67%), la santé. Les régions les plus visées ont été l'Europe (+68%), l'Amérique du Nord (+61%), Asie Pacifique (+25%) et l’Afrique (+13%).
Les analystes de Cybersecurity Ventures prédisent que les coûts associés à la cybercriminalité vont croître de 15 % par an au cours des cinq prochaines années. Ils parviennent à cette conclusion en évaluant à 10,5 milliards de dollars les données financières historiques des cyberattaques et l'environnement futur des menaces comme les vols de propriété intellectuelle, le vol d'argent ou la destruction de données.
Nous observons une professionnalisation accrue des pirates informatiques ainsi qu’une très bonne organisation. En effet ils ont formé des sortes de syndicats et s’appuient sur une conjonction d’acteurs spécialisés pour gagner en productivité. Il s’agit d’une spécialisation des acteurs, ceux qui réalisent l’intrusion, d’autres l’exécution, l’exfiltration, la négociation, etc. Ceci est une preuve de l’élévation de la maturité de la filière « hack to cash ».
«Ils ont formé des sortes de syndicats et s’appuient sur une conjonction d’acteurs spécialisés pour gagner en productivité. Il s’agit d’une spécialisation des acteurs, ceux qui réalisent l’intrusion, d’autres l’exécution, l’exfiltration, la négociation, etc.»
Ces groupes mettent aussi à disposition des profanes des attaques déjà prêtes. Il existe aujourd’hui dans le dark web des sortes de place de marché pour les pirates où l’on peut acheter des attaques prêtes à l’emploi pour quelques euros. Cette démarche démocratise la cybercriminalité.
L’autre évolution enregistrée au cours des quatre dernières années est l’augmentation des attaques ciblées pour le maximum d'impacts et la difficulté à mettre la main sur des pirates qui sont basés à l’étranger, changent de groupes quand l’ancien est débusqué. Il y a vraiment une élévation de la maturité de la filière, pas seulement en Afrique mais dans le monde entier.
WAT : Quel est le profil type du hacker?
EC : Généralement il y a trois grands types d’attaquants. Il y a l’adolescent qui veut se prouver quelque chose. Il s'introduit dans le système d’une grande organisation comme un défi pour éprouver de la fierté. Bon, lui il ne fait pas trop de mal en général bien que ce soit embêtant. Il y a les organisations de cybercriminels. Ils sont à l’origine des trois quarts des attaques. Très organisés, ils sont en quête d’argent. Enfin il y a les Etats ou les bandes très organisées qui ont essentiellement des objectifs de déstabilisation à des fins politiques ou économiques.
WAT : Pourquoi en Afrique la question de la cybersécurité semble prendre du temps ?
EC : C’est une impression qui découle du fait qu’au préalable un état ou une entreprise doit d’abord définir une stratégie et cela demande du temps. Ensuite il est nécessaire de débloquer les investissements, ce qui peut aussi être un long processus. Dans certains pays il peut y avoir d’autres contraintes, sociales, économiques, politiques, climatiques qui peuvent impacter la capacité à allouer du budget à d’autres projets ou sujets comme la Cybersécurité. L’autre contrainte impactant le délai de mise en œuvre et de développement est le manque de ressources compétentes en sécurité dans de nombreux pays. Les Etats peuvent débloquer des investissements mais s’il n’y a pas d’équipes compétentes pour mettre en œuvre les solutions, les suivre, alors les gouvernements retarderont ces investissements.
En résumé, se lancer dans la cybersécurité pour un État requiert de définir une stratégie, débloquer le bon niveau d’investissement et avoir les ressources pour gérer tout cela.
WAT : Quand on parle de cybersécurité, s’agit-il juste d’une affaire technique ?
EC : Ces dernières années ce secteur a connu de fortes évolutions technologiques. La technologie est une pièce très importante dans la lutte contre la cybercriminalité et la protection des entreprises. Beaucoup d’investissements ont été et continuent d’être réalisés sur ces outillages et ces technologies mais ne permettent pas pour autant de sécuriser efficacement les entreprises contre les cyberattaques.
En effet la sécurité n’est pas qu’une question de technologie. Même si c’est une brique très importante, ce n’est pas la seule.
Il y a un triptyque à considérer dans une démarche Cyber, à savoir : la technologie, l’humain et les process. Une entreprise doit allier tout cela, tout comme les particuliers. La technologie c’est toutes les solutions technologiques qui vont être achetées pour protéger un système. L’humain c’est vous, c’est moi, les utilisateurs, c’est toute la prudence dont il faut faire preuve et aussi les équipes de sécurité en charge de cette activité. Cela passe par la formation, la sensibilisation, etc.
Le process c’est l’ensemble des attitudes et des procédures de sécurité à mettre en œuvre pour éviter, se défendre contre des attaques, les anticiper et réagir.
WAT : Quel est le rôle des CERT dont certains pays d’Afrique se sont déjà dotés ?
EC : Plusieurs pays ont mis en place des équipes de veille/anticipations et de réponses aux incidents contre les Cyberattaques afin d’accompagner les entreprises et administration du pays. C’est une bonne initiative. Les CERT servent principalement à détecter et à anticiper les menaces. Leur tâche c’est d’identifier les attaques qui sont en train de se préparer contre une entreprise, contre un Etat, et d’identifier les vulnérabilités pour prévenir les responsables sécurité. Pour que leurs actions portent leurs fruits, il est nécessaire que les différents acteurs prennent les mesures permettant de traiter ces vulnérabilités. Le CERT a un rôle d’information, de détection et d’anticipation de la menace. Il ne se substitut pas au rôle des responsables de sécurité des entreprises et administrations qui doivent prendre en charge les actions de remédiations. Aussi il faut préciser que les CERT ont plus une mission et démarche défensive qu’offensive.
WAT : Sur le continent, l’on constate une faible proportion des professionnels dans la cybersécurité. Qu’est-ce qui explique cela ?
EC : Déjà, il faut préciser qu’il y a un déficit de compétences dans le monde entier. Ce n’est pas uniquement un problème lié à l’Afrique, c’est un sujet mondial. Selon Cybersecurity Ventures, le nombre d'emplois non pourvus en cybersécurité a augmenté de 350 %, passant d'un million de postes en 2013 à 3,5 millions en 2021. Sur les cinq prochaines années, on estime que le besoin va encore se creuser davantage. L'avenir de la cybersécurité s'annonce radieux.
« De 2013 à 2021, le nombre d'emplois non pourvus en cybersécurité est passé d'un million de postes à 3,5 millions. »
C’est une filière très spécialisée avec des besoins croissants. Cependant il y a aujourd’hui encore trop peu d’ingénieurs formés qui sortent des écoles pour couvrir le besoin en termes de ressources. C’est une préoccupation de l’ensemble des acteurs du marché, que ce soient les clients ou les prestataires de service. Sur le continent africain il y a effectivement un manque de profils en termes qualitatif. Aujourd’hui, on manque de filières spécialisées qu’il va falloir développer. Orange Cyberdéfense investit dans des partenariats avec de grandes écoles, justement pour les accompagner à améliorer leur filière cybersécurité et donc à produire plus de ressources compétentes. Des universités et écoles ont déjà avancé sur ces sujets et sont en train de créer des modules de cybersécurité. Cependant il y a un décalage entre le moment ou les étudiants intègrent ces cursus et le moment où ils en sortent pour accompagner le marché. Dans les prochaines années, nous espérons que ce processus de formation va s’accélérer en Afrique. Pour gérer cette situation actuellement, pour le cas d’Orange Cyberdéfense par exemple, nous prenons en formation des jeunes qui ont des têtes bien faites et qui ont envie d’apprendre, plutôt que des experts parce qu’il n’y en a pas beaucoup et qu’ils ont tendances à se mettre à leur propre compte ou à travailler pour de grosses entreprises à l’étranger.
« Nous prenons en formation des jeunes qui ont des têtes bien faites et qui ont envie d’apprendre, plutôt que des experts parce qu’il n’y en a pas beaucoup et qu’ils ont tendances à se mettre à leur propre compte ou à travailler pour de grosses entreprises à l’étranger.»
La prise de conscience est déjà réelle en Afrique où la population jeune est importante et démontre une grande appétence pour les technologies. Il faut maintenant les orienter. Si les investissements dans la formation suivent, l’Afrique pourrait avoir une belle carte à jouer aussi bien pour elle-même que pour les autres continents.
WAT : En Afrique où le mobile est encore le principal outil d’accès à Internet pour des millions de personnes, quelle approche défensive préconisez-vous, tout en sachant que les solutions payantes ne sont pas à la portée de la grande majorité des utilisateurs ?
EC : C’est la prévention. Quand vous n’avez pas d’argent à investir chaque mois dans une solution de sécurité mobile, il faut faire preuve de bon sens. Si on n’a pas d'outils, il reste l’humain. Cela veut dire être vigilant. Cela passe par plusieurs choses. Par exemple, ne pas utiliser le même mot de passe pour tous ses comptes, changer ses mots de passe régulièrement.
«Comme on est prudent lorsqu’on traverse une route, on doit l’être aussi sur Internet.»
Utiliser une phrase comme mot de passe peut être plus intéressant et sûr qu’une combinaison complexe de chiffres et de mots. Il faut aussi être vigilant sur les mails que l’on reçoit. Ne répondez pas à un mail qui provient d’une source inconnue. Faire attention aux propositions trop alléchantes dans lesquelles sont souvent proposés des formulaires à remplir avec des informations personnelles pour réclamer des prix et autres récompenses. Ne pas télécharger des applications inconnues au risque d’infecter ses appareils. Comme on est prudent lorsqu’on traverse une route, on doit l’être aussi sur Internet.
Entretien réalisé par Muriel Edjo
À la suite de l’agression d’une automobiliste le long de Wangari Maathai Road, qu’il a dénoncée le 8 mars, le président kényan Uhuru Kenyatta appelle à plus de sécurisation de l’activité de transport par moto que le gouvernement a beaucoup œuvré à développer.
Ann Kananu, la gouverneure du comté de Nairobi, a annoncé le jeudi 17 mars l’identification numérique des « boda boda », les motos-taxis qui desservent la capitale. Ces véhicules de transport public seront désormais dotés de plaques biométriques avec des codes couleur uniques propres à chaque comté de la ville.
En scannant les nouvelles plaques, elles pourront révéler à la police le nom, le numéro d'identification et le numéro de téléphone de chaque propriétaire et/ou conducteur, sa zone d'activité, etc. Ces plaques biométriques seront également munies de dispositifs anti-contrefaçon comme des hologrammes, des filigranes ou encore des marqueurs laser pour permettre à la police de les localiser aisément.
La gouverneure a déclaré que cette mesure contribuera à assainir le secteur des transports par motos-taxis qui est marqué par la criminalité, l’indiscipline et les accidents. « Cela nous aidera à identifier les vrais conducteurs de boda boda et les voyous qui ont infiltré le secteur. Il y a des gens qui se font passer pour des conducteurs de boda boda alors qu'ils sont des criminels », a déploré Ann Kananu.
L’identification numérique des boda boda fait suite à la rencontre tenue jeudi entre la gouverneure et l’Association des boda boda sur la série de nouvelles réglementations applicables aux motos-taxis. Une rencontre qui est intervenue après l’appel à la répression sécuritaire à l'échelle nationale, contre les boda boda voyous, lancé le 8 mars par le président de la République Uhuru Kenyatta (photo), après l'agression d'une automobiliste le long de Wangari Maathai Road dans le comté de Nairobi.
Lors de son appel à la répression, le chef de l’Etat avait affirmé que « nous voulons soutenir les activités des boda boda, mais ce n'est pas un permis pour conduire dans des allées menaçant les piétons, de se livrer à des fusillades en voiture et ce n'est très certainement pas un permis pour dépouiller et retirer la dignité de nos femmes ».
Adoni Conrad Quenum
Baptisé en l'honneur d'Olaudah Equiano, un écrivain, ancien esclave d'origine nigériane, le câble Equiano est une infrastructure qui devrait offrir environ 20 fois plus de capacité de réseau que les derniers câbles construits pour desservir le continent.
Nitin Gajria (photo), directeur général de la branche Afrique subsaharienne chez Google est attendu à Lomé, le vendredi 18 mars, pour lancer le câble Equiano, ont confirmé à Togo First, plusieurs sources proches du dossier. Le Togo deviendra ainsi le premier pays africain à accueillir ce câble sous-marin, Equiano, une place qui était réservée au Nigeria.
Vaste projet d’infrastructure réseau du géant de l’Internet pour connecter l’Europe à l’Afrique, le déploiement de ce câble sous-marin était attendu pour 2021, mais le calendrier a connu plusieurs perturbations en raison d'une due diligence. Le câble dont la construction a été confiée au Français Alcatel Submarine Networks, filiale de Nokia, partira de Lisbonne au Portugal pour aller rejoindre Cape Town en Afrique du Sud.
« Equiano, un câble Internet sous-marin de nouvelle génération financé par Google, ira du Portugal jusqu'à l'Afrique du Sud, le long de la côte africaine de l'océan Atlantique. En 2022, il devrait atterrir à Sesimbra (Portugal), Lomé (Togo), Lagos (Nigeria), Swakopmund (Namibie) et Le Cap (Afrique du Sud), avec des branchements en place pour les phases suivantes du projet. L'année dernière, le câble a atterri à Ruperts Bay (Sainte-Hélène) », a confié Togo First, une source chez Google.
Avec l’arrivée d’Equiano, le Togo sera désormais alimenté par deux câbles sous-marins, le premier étant le câble sous-marin ouest-africain (WACS) inauguré en 2012. Par ailleurs, Maroc Télécom qui détient Moov Africa a reçu depuis l’an passé, le feu vert du gouvernement togolais pour déployer aussi son câble sous-marin. Celui-ci devrait relier Casablanca à Lomé.
Fiacre E. Kakpo
Le service qui a profité du ralentissement d’activités culturelles et sportives, durant la crise de Covid-19, s’est amélioré dans ses prestations. Il souhaite capitaliser dessus pour gagner davantage d’utilisateurs.
La première plateforme de billetterie intelligente 100 % marocaine Guichet.com, avec à son actif plus de 1 000 événements et spectacles organisés en collaboration avec divers partenaires, envisage également d'aller à la conquête d’autres marchés à fort potentiel sur le continent.
La start-up marocaine de ticket et billetterie numérique Guichet Maroc SARL a obtenu, vendredi 11 mars, un financement de 3 millions de dirhams (309 000 $) auprès de CDG Invest, la filiale d’investissement du groupe CDG. Avec cet investissement, la société fondée en 2019 par Ahmed Tawfik Moulnakhla (photo) prévoit de consolider les activités de sa solution Guichet.com sur le marché local, en touchant davantage le secteur du sport, et de conquérir de nouveaux pays africains à fort potentiel.
Guichet.com est une plateforme d’intermédiation entre le public et les promoteurs d’événements (pièces de théâtre, matchs de football, concerts de musique, festivals, formations, etc.). Elle met à leur disposition des tickets et billets numériques payables en ligne. Une application pratique pour ceux qui n’aiment pas faire la queue au guichet. La plateforme offre également aux partenaires un environnement de management et de pilotage autonome avec un suivi de la billetterie en temps réel.
Depuis son lancement, Guichet.com revendique des dizaines de milliers d’utilisateurs, plus de 1 000 événements et spectacles avec de nombreux partenaires exclusifs que sont entre autres le Festival Mawazine, Festival Marrakech du Rire, Festival de Fès des Musiques sacrées du monde, Oasis Festival.
Disponible en application mobile sur PlayStore et AppleStore, Guichet.com s’est enrichi en 2021 de nouvelles options comme la possibilité de se procurer des packages incluant notamment le logement, la restauration et des produits annexes pour un événement. La société a aussi développé Guichet Store, une plateforme e-commerce mise à la disposition des partenaires pour commercialiser des produits dérivés.
Ruben Tchounyabe
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Moins de deux mois après sa levée de 10 millions $, la Fintech de mobilité Moove Africa obtient des ressources supplémentaires pour financer son expansion sur et hors du continent, et poursuivre sa croissance.
Moove Africa, une Fintech d’origine nigériane qui facilite aux entrepreneurs africains l’accès aux financements pour l’acquisition de véhicules neufs, a annoncé le lundi 14 mars la levée, en capital et en dettes, de 105 millions $, dans le cadre d’un financement de série A2. L’opération porte à 174,5 millions $ le total des fonds mobilisés à cette date par l’entreprise fondée en 2019 par les Britanniques d’origine nigérianes Ladi Delano et Jide Odunsi.
« Il y a moins de deux ans, nous avons découvert cet espace blanc de la Fintech de la mobilité et avons lancé Moove. Après avoir dépassé les 3 millions de voyages dans des véhicules financés par Moove à travers l'Afrique, déployé notre service dans six nouvelles villes africaines et connecté des entrepreneurs de la mobilité aux marchés du covoiturage, de l'e-logistique et de la livraison, nous sommes aujourd'hui à la tête de cette catégorie en croissance de la Fintech... Nous sommes ravis de pouvoir compter sur le soutien d'investisseurs à travers le monde, qui nous permettront de faire connaître notre modèle dans le monde », a commenté Ladi Delano.
Cette nouvelle levée de fonds intervient moins de deux mois après l’obtention par Moove Africa, d’une facilité de financement de 10 millions $, auprès de la firme d’investissement émiratie NBK Capital Partners. La ressource, mobilisée le 1er février dernier, visait à soutenir l’expansion ouest-africaine du partenaire exclusif d'Uber pour le financement et la fourniture de véhicules en Afrique subsaharienne.
La Fintech de mobilité prévoit, sur les six prochains mois, de poursuivre son expansion géographique dans 7 nouveaux marchés en Asie, en Europe et dans la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena). L’entreprise présente au sein de six villes africaines entend également développer de nouveaux partenariats tout en élargissant sa gamme de véhicules.
En Afrique, moins de 5 % de l’ensemble des véhicules neufs sont achetés avec un prêt contre 92 % en Europe, déplore Moove Africa. Sur le continent, le taux de possession de véhicules est inférieur à 44 voitures pour 1 000 personnes, contre 640 pour 1 000 en Europe et 816 aux États-Unis, poursuit la Fintech de mobilité. L’entreprise pointe du doigt la faible pénétration du crédit qui, de son avis, a limité sur le continent la capacité de plus de 1 milliard d’Africains à acheter de nouveaux véhicules. Selon Ladi Delano, des millions d'entrepreneurs dans des marchés émergents ont un accès limité ou inexistant au financement de véhicules, même si l’opportunité de ce marché est vaste. Le marché de la location d’engins à deux roues est estimé à 80 milliards $ en Afrique subsaharienne, selon des données fournies par Moove. Pourtant le continent a enregistré en 2019 moins de 900 000 ventes de véhicules neufs, contre 17 millions aux États-Unis.
Chamberline MOKO
Depuis 2008, le gouvernement Kényan déploie une vision de développement qui court jusqu’en 2030. Le numérique y a toujours figuré, mais sans véritablement susciter un intérêt pressant. Aujourd’hui, il est au cœur de toutes les attentions.
Le ministère kényan des Technologies de l’information et de la communication, de la Jeunesse et de l’Innovation a annoncé l’élaboration d’un plan directeur numérique national. Le document décennal, au cœur d’un atelier de validation le vendredi 11 mars, aborde le développement socioéconomique du pays à travers l’exploitation de la technologie.
Il se décline sous plusieurs axes : l’infrastructure numérique, les services numériques et la gestion des données, les compétences numériques et l’innovation numérique, les entreprises et les affaires numériques. Un ensemble d’objectifs à atteindre qui permettront de réaliser les ambitions de création de richesses et d’emplois portées par Vision 2030, le plan de développement national adopté le 10 juin 2008.
Lucy Mulili (photo), secrétaire administrative au ministère des TIC, représentante du Ministre chargé des TIC, Joe Mucheru, a expliqué que « le document s’inspire largement de la politique nationale des TIC de 2019, qui explique comment les TIC, en tant que fondation, créent une économie robuste et améliorent ainsi les conditions de vie des Kényans ».
Les actions stratégiques du gouvernement kényan dans le cadre du plan directeur numérique national traduisent une volonté d’avancer dans la numérisation que la Banque mondiale voit comme un atout de développement. La Covid-19 a d’ailleurs contribué à le montrer à travers toutes les facilités apportées par le numérique durant la crise mondiale qu’elle a suscitée.
Dans son nouveau plan, le gouvernement kényan prévoit entre autres de construire 100 000 km de fibre, dont 52 000 km pour les réseaux gouvernementaux et 48 000 km pour les réseaux privés, afin d’offrir une connectivité fiable et abordable pour tous. Il prévoit aussi de fournir 1,2 million d’ordinateurs portables aux écoles, former 350 000 enseignants à l’utilisation des technologies, connecter 40 000 écoles à un réseau Internet durable. La réalisation du plan est estimée à 5 milliards de shillings kényans (43,7 millions $).
Adoni Conrad Quenum
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L’Agence Ecofin dresse le bilan et une analyse des levées de fonds des start-up africaines au cours des deux premiers mois de 2022. Une année déjà marquée par une flopée de deals, mais aussi, une hausse des montants reçus, des signaux d'une nouvelle série de records après les performances de l’exercice 2021.
Alors que l’année 2021 s’est conclue par un record absolu en matière de levées de fonds, l’écosystème start-up africain a le vent en poupe en ce début d’année. Après un premier mois de janvier prolifique, Février s'est inscrit dans le même trend des records. Jamais le niveau des investissements n’a été aussi haut sur les deux premiers mois de l’année.
Selon des données combinées de la plateforme Africa : The Big Deal et de l’Agence Ecofin, au moins 1,2 milliard $ ont été déjà levés par les jeunes pousses opérant en Afrique cette année. À titre de comparaison, ce chiffre n’a pas excédé les 400 millions $ en 2021 sur la même période. L’an dernier, il a fallu cinq mois pour atteindre ce niveau d’investissements, et neuf mois en 2020. A ce rythme, les injections de fonds dans les start-up africaines pourraient atteindre plus de 7 milliards $ en 2022, soit près du double des réalisations de 2021.
159 opérations, 2 big deals
La confiance des investisseurs dans l’univers de l’entrepreneuriat et de l'innovation africaine va crescendo. Quelque 159 opérations ont marqué ce début d’année, c’est presque le double du nombre de deals recensés à la même période en 2021 (83 opérations recensées). Les tours d’amorçage continuent de se tailler la part du lion. Et même si les rondes de petites tailles semblent tenir le pari, les opérations plus avancées maintiennent également le cap.
D’abord, les séries A se sont multipliées. On en recense déjà au moins 9. Autre fait intéressant, l’écosystème a battu en deux mois, le record du nombre de séries D sur une année calendaire, avec les opérations du Ghanéen mPharma (35 millions $) qui fournit des médicaments en dépôt aux pharmacies et la fintech nigériane Flutterwave (250 millions $). L’autre opération d’envergure est le tour de table de 100 millions $ d’InstaDeep, la start-up tunisienne, spécialiste de l’intelligence artificielle, qui travaille dans la biotech.
La fintech toujours en tête
Menée par la licorne nigériane, devenue la plus importante start-up africaine en matière de valorisation, la fintech africaine démarre 2022 sur les chapeaux de roue. Pas moins de 50 opérations sur les 160 dénombrées concernaient les solutions de technologies financières, soit 20 de plus qu’en 2020 à la même période. Les investissements dans le secteur ont franchi la barre des 530 millions $. A la même période en 2021, la fintech n’avait capté que 150 millions $.
Derrière la fintech, les solutions en matière d’énergie et d’eau sont celles qui ont attiré le plus d’opérations, au total 22 transactions, mais des deals, dans leur grande majorité, de petites tailles pour un total de seulement de 26 millions $. Ce montant reste deux fois plus faible que celui de 2021 (plus de 50 millions $)
Des Percées et des baisses
En collectant 91 millions $ en février, le Sud-Africain des communications mobiles et du chat-commerce, Clickatell, a fortement contribué à la percée du secteur des télécoms, média Entertainment. Ce progrès est également à l’actif de Poa Internet, le fournisseur d’accès à Internet kényan qui a annoncé en janvier le premier closing de son tour de financement de 28 millions $, une opération menée par Africa50. Au total, le secteur timide en 2021, a déjà reçu sur les deux premiers mois, en seulement 6 opérations, six fois plus d’investissements que pendant toute l’année 2021. Cependant, certains secteurs comme l’EdTech et le recrutement ou l’e-santé ont perdu du terrain en glissement annuel.
Le Nigeria, la start-up nation africaine
Avec plus de 34% des deals, le Nigeria continue de consolider son hégémonie dans l’univers start-up africain, drainant trois fois plus d’investissements qu’à fin février 2021. Les start-up opérant au Nigeria ont reçu au total 392 millions $, soit environ 32% des levées de fonds globaux. Ces financements sont allés dans leur plus grande majorité à la fintech (335 millions $, un peu près de 85%), ce qui représente plus de 70% des fonds levés par le secteur au cours de la période sous-revue.
De leur côté, le Kenya, l’Egypte, l’Afrique du sud, de loin les poursuivants directs de la première économie africaine en termes de PIB, suivent le pas. Ensemble, ces “top start-up nations africaines” concentrent plus de 80% des financements reçus des capital-risqueurs axés sur l’Afrique.
Qui investit dans les start-up africaines ?
Plus de 320 investisseurs ont déjà participé aux différents cycles de financement des start-up africaines durant ces deux premiers mois de l'année.
Alors que de plus en plus d’investisseurs à travers le monde se tournent vers l’Afrique, ce sont les sociétés américaines de capital-risque qui semblent les plus actives sur le continent. Elles sont citées au moins 180 fois dans les cycles de financement de ce début d’année. La première place revient à l’accélérateur californien Y Combinator qui apparaît dans 14 opérations. L’US African Development Foundation (USADF), nouvellement arrivé sur le marché africain, monte déjà sur la deuxième marche du podium. Les investisseurs asiatiques eux sont menés par le Japon. Le Japonnais Kepple Africa Ventures continue d’étendre ses intérêts sur le continent alors que d’importants acteurs nippons, notamment SoftBank Group font leur première semence sur le continent depuis 2019.
Au-delà de tout, l’Afrique se finance en partie, en témoigne la présence marquée d’investisseurs africains traditionnels tels que le Mauricien Launch Africa (13 deals en 2022 et 80 depuis 2019), et le Nigerian LoftyInc Capital Management (8 deals, 54 depuis 2019). Aussi, de nouveaux capital-risqueurs comme le Nigerian All On (13 deals) émergent-ils.
Fiacre E. Kakpo
Depuis 2019, le groupe télécoms déploie sa stratégie de développement des compétences 4.0 dans ses différents marchés de la zone MENA. Il a déjà touché la Tunisie, le Sénégal, l’Ethiopie, le Mali, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, l’Egypte et la Jordanie.
Jeudi 10 mars, Madagascar est officiellement devenu le neuvième pays d’Afrique et du Moyen-Orient à rejoindre officiellement le réseau de formation numérique et de soutien à l’innovation du groupe télécoms Orange. La société y a inauguré à Antananarivo, dans La Tour Redland à Ankorondrano, son « Orange Digital Center ».
Il s’agit d’un écosystème entièrement mis en œuvre avec la coopération allemande et dédié au développement des compétences numériques et à l’accompagnement des porteurs de projets innovants. Il est opérationnel depuis le 19 octobre 2021.
Selon Alioune Ndiaye, le président-directeur général d’Orange Afrique et Moyen-Orient, Orange Digital Center Madagascar « fait partie du réseau des 32 Orange Digital Centers du groupe Orange, qui seront déployés sur l’ensemble de nos pays de présence en Afrique et au Moyen-Orient, mais également en Europe. L’objectif est de démocratiser l’accès au numérique pour les jeunes, diplômés ou non diplômés, leur donner accès aux dernières compétences technologiques pour renforcer leur employabilité, et les préparer aux emplois de demain ».
Déployé sur une superficie de 800 m2, le site malgache réunit une Ecole du Code, un atelier de fabrication numérique FabLab Solidaire de la Fondation Orange installé à l’université d’Antananarivo et un accélérateur de start-up Orange Fab, soutenu par Orange Ventures, le fonds d'investissement du Groupe Orange. L’ensemble des programmes de formation et d’encadrement est gratuit et ouvert à tous.
La collaboration entre Orange et la coopération allemande à Madagascar rentre dans le cadre du partenariat de développement du « programme develoPPP » que cette dernière met en œuvre pour le compte du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ). L’objectif est de concrétiser leur vision commune : favoriser l’employabilité des jeunes et l’accès aux emplois TIC pour les femmes et les jeunes filles, tout en soutenant la croissance durable et la transformation numérique du pays.
Pour contribuer à l’accès d’un nombre encore plus grand de jeunes Malgaches aux connaissances en rapport avec le numérique, il est aussi prévu l’installation de deux Orange Digital Center Club, extensions de l’Ecole du Code, à l’université de Fianarantsoa et à l’université d’Antsiranana.
Muriel Edjo
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En 2018, le gouvernement a pris conscience des faibles moyens du pays en matière de connectivité. Il avait alors engagé des investissements à cet effet. Quatre ans plus tard, le câble PEACE a atterri sur les côtes de l'archipel.
La République insulaire des Seychelles est désormais reliée à un second système sous-marin de fibre optique qui renforcera l’accès de sa population à de la connectivité de qualité. Le système Pakistan East Africa Cable Express (PEACE) a en effet atterri, le lundi 7 mars, sur la côte de Persévérance, une île artificielle située au nord-est de Mahé, la plus grande île du pays.
Benjamin Choppy (photo), le secrétaire principal du ministère des Technologies de l’information et de la Communication, voit dans cette infrastructure une opportunité pour le pays de sécuriser et d’améliorer ses moyens de communication. Depuis 2011 les Seychelles n’étaient connectées qu’à un seul câble sous-marin de fibre optique, le Seychelles East Africa System (SEAS), qui le reliait à la Tanzanie.
« Nous n’en avions qu’un seul et cela présentait un risque pour nous si quelque chose arrivait, surtout aujourd’hui. Si vous regardez la quantité de trafic que nous avons sur le câble, plus de 95 % sont sur le câble SEAS. Si quelque chose se passait mal, ce serait catastrophique », a déclaré Benjamin Choppy.
Le PEACE est un système de câbles sous-marins de 15 000 km parcourant l’Afrique, l’Europe et l’Asie. Dans sa conception, il intègre la dernière technologie 200G et la technologie WSS qui permettent de transmettre plus de 16 térabits de données par seconde par paire de fibres. Des capacités qui lui donnent les moyens de répondre aux besoins croissants en connectivité dans le pays.
Le gouvernement des Seychelles a investi 20 millions $ pour se connecter à cette nouvelle infrastructure télécoms à haut débit qui soutiendra la numérisation des services publics et le développement de l’économie numérique. Amadou Dina, directeur général d’Airtel Seychelles, a déclaré que la société télécoms a déjà conçu de nouveaux produits qui seront lancés lorsque le nouveau système sera mis en service en mai prochain.
Adoni Conrad Quenum
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En deux ans, la transformation numérique s’est accélérée à travers l’Afrique, sous l’effet de la Covid-19. Le continent a pleinement pris conscience des enjeux de développement en rapport avec Internet. Plusieurs pays ont engagé des actions pour ne pas rater la prochaine révolution mondiale.
Le gouvernement de la République de Côte d’Ivoire veut rendre Internet accessible à toute la population au regard de son impact sur l’amélioration des conditions de vie socioéconomiques. Mais pour y parvenir, il lui faut au préalable identifier les obstacles actuels à la concrétisation de cette ambition. D’où le lancement, le lundi 7 mars à Abidjan, de l’étude sur l’universalité d’Internet par le ministre de l’Economie numérique, des Télécommunications et de l’Innovation, Roger Adom (photo).
Cette étude qui est à l’initiative de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), à travers la Chaire Unesco, sera réalisée avec le suivi d’un comité consultatif du secteur du numérique. « Après avoir effectué des constats consensuels, nous ferons des recommandations pour améliorer la situation d’Internet en Côte d’Ivoire », a déclaré le professeur Alain Kiyindou, représentant de la Chaire Unesco.
Il a indiqué qu’une cérémonie officielle de validation de l’étude est prévue « entre mai et juin 2022 » et le cas ivoirien sera présenté comme un cas d’école en décembre 2022 à Addis-Abeba, au Forum mondial sur la gouvernance d’Internet.
Selon l’Autorité de régulation des télécommunications/TIC de Côte d’Ivoire (ARTCI), le taux de pénétration d’Internet était d’environ 78% au troisième trimestre 2021. Ce taux de pénétration, qui est calculé en comparant le nombre d’abonnements Internet au nombre total la population, peut toutefois ne pas refléter le véritable niveau d’accès à Internet dans le pays. En effet, plusieurs individus en zone urbaine détiennent plusieurs cartes SIM qui augmentent le nombre d’abonnements. Dans leur Digital Report 2022, We Are Social et Hootsuite estiment à 36,3% le taux de pénétration d’Internet en Côte d’Ivoire.
L’Etude sur l’universalité d’Internet en Côte d’Ivoire est financée par la Banque d’investissement et de développement de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à hauteur de 13,250 millions FCFA (22,3 millions $). Ses retombées doivent permettre aux Ivoiriens de bénéficier des 180 milliards $ de revenus que l'économie numérique devrait générer en Afrique d’ici 2025, selon Google et la Société financière internationale (SFI).
Muriel Edjo
Elles ont été choisies parmi les huit candidates en lice, originaires du continent, retenues en février. Leurs projets ont été jugés en phase avec les grands enjeux de la société.
Une Gabonaise, une Ivoirienne, une Ougandaise et une Sud-Africaine figurent parmi les sept lauréates de la 10e édition du prix Les Margaret. Il s’agit respectivement d’Ariane Akeret Soufiano, Cléo Ngokoudi, Malebina Tsotsotso et Shamim Nabuuma Kaliisa. L’identité des quatre femmes a été dévoilée mardi 8 mars. Leur projet respectif, retenu parmi huit africains finalistes en février dernier.
- Ariane Akeret, s’est distinguée dans la catégorie Entrepreneur Afrique avec son projet CaPay. C’est une application destinée à faciliter le paiement des salaires et autres transactions financières, via le mobile money au Gabon. C’est une plateforme numérique proposée aux salariés, retraités et autres populations non bancarisées des entreprises, des caisses de prestations sociales, organismes, associations et administrations publiques.
- Cléo Ngokoudi est la directrice financière d’Anka. Elle s’est illustrée dans la catégorie Intrapreneur Afrique avec Anka, une plateforme qui fournit aux commerçants ivoiriens des solutions intégrées de gestion digitale, la facilitation des transactions financières internationales.
- La jeune Malebina Tsotsotso a 15 ans. Elle a été distinguée dans la catégorie Junior Afrique avec MTutor. Il s’agit d’une plateforme d'apprentissage en ligne conçue pour fournir un outil edtech adaptable, évolutif, sûr et sécurisé en Afrique du Sud.
- Shamim Nabuuma Kaliisa a reçu le prix Espoir du jury. Elle est la fondatrice de Chil AI Lab, une start-up qui utilise l'intelligence artificielle et l'apprentissage automatique pour étendre les services de santé essentiels aux femmes pauvres et marginalisées en Ouganda.
Selon Delphine Remy-Boutang, présidente-directrice générale de The Bureau et de la JFD qui organise le prix, le projet porté par chaque lauréate a été meilleur parmi des centaines. « Nous avons reçu plus de 300 candidatures », soulignait-t-elle en février.
Entre plusieurs gains, Les Margaret 2022 bénéficieront du programme d’accélération de croissance de la JFD pendant 1 an. Ce qui inclut : une exposition médiatique d’une valeur de 1 million d’euros, un mentoring et coaching en collaboration avec les partenaires JFD.
La Margaret Junior bénéficiera du programme d’accélération de croissance de la JFD pour développer son projet entrepreneurial, d’une bourse d’étude et participera digitalement à la mission ARTEMIS I, le premier vol préparatoire du retour de l’être humain sur la Lune. Le Prix Espoir du Jury s’est vu offrir une œuvre originale de l’artiste Caroline Corbasson, spécialement conçue pour la JFD.
Muriel Edjo
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En neuf ans, la start-up a réussi à se faire un nom sur le marché local et sous-régional de l’industrie du divertissement sur mobile. Elle souhaite maintenant franchir un nouveau palier dans ce segment de marché en forte croissance sur le continent.
Le studio camerounais de jeux vidéo sur mobile et PC, Kiro’o Games, est en mode séduction pour attirer de nouveaux investissements. Ils lui permettront non seulement de renforcer sa présence, mais aussi d’enrichir son offre de jeux et de se développer davantage.
La start-up a lancé à cet effet une invitation pour une rencontre Zoom, jeudi 10 mars à 20h, heure de Yaoundé, au cours de laquelle Olivier Madiba (photo), son fondateur et président-directeur général, compte présenter le plan d’affaires de l’entreprise et les résultats attendus. Il discutera aussi avec les potentiels nouveaux actionnaires sur les risques et retour sur investissement.
Kiro’o Games, qui a lancé ses premiers produits en 2013, revendique à ce jour une levée de 530 000 $ par Equity Crowdfunding. Les fonds lui ont permis de mettre sur le marché des nouveautés et d’enregistrer plus de 150 000 téléchargements de ses produits. Au regard de l’intérêt grandissant des joueurs africains pour les jeux locaux, la start-up veut grandir rapidement pour pouvoir tirer profit d’une industrie d’une valeur potentielle de plusieurs milliards de dollars.
« A Kiro'o Games nous nous préparons depuis 2017 pour cette opportunité de plusieurs milliards de dollars que représente le marché du jeu mobile africain. C’est pourquoi en 2019 nous avions ouvert notre capital pour lever 1 million USD », explique Olivier Madiba.
La nouvelle levée de capitaux que prépare la start-up camerounaise intervient quelques jours après avoir formé le Pan African Gaming Group (PAGG) aux côtés de 9 autres studios africains spécialisés dans les jeux vidéo. A travers cet éditeur continental de jeux vidéo dévoilé le 23 février dernier, leur objectif est de créer plus d'opportunités économiques et d'emplois dans le domaine des jeux à travers l'Afrique. Un marché estimé à 680 millions d'individus d’ici 2025.
Kiro’o Games compte sur la crédibilité acquise au Cameroun et en Afrique centrale au cours des dernières années pour convaincre de nouveaux investisseurs. Une crédibilité qui lui a valu en 2021 plusieurs distinctions de Games Industry Africa dans plusieurs catégories, notamment le prix Innovation de l'année, Equipe de l'année, Jeu mobile ayant le plus d'impact et Débuts de l'année.
Muriel Edjo
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Après une récente levée de fonds de 10,5 millions $, Naqla, 5 ans d’existence, se prépare à une nouvelle étape portant sur le développement de son activité en Egypte.
La plateforme logistique égyptienne Naqla a annoncé, le lundi 7 mars, la levée d’un financement de pré-série A, d’un montant de 10,5 millions $. L’entreprise, qui relie des propriétaires de camions aux sociétés de fret, utilisera le produit de cet investissement pour investir dans la technologie et la numérisation de ses activités.
Selon Sherif Taher, co-fondateur et directeur général de Naqla, cet investissement permettra « une accélération rapide de l’activité de Naqla et son expansion verticale prévue dans de nouveaux segments ». L’entreprise prévoit de « développer son offre de logistique numérique et sa présence sur le marché, en apportant une infrastructure technologique indispensable à la logistique égyptienne mal desservie et l'industrie du camionnage », poursuit Sherif Taher.
Cette levée de fonds intervient trois ans après l’extension des activités de Naqla dans le secteur du camionnage lourd en 2019, avec une flotte de camions transportant des objets lourds représentant 16 % de l'activité de l'entreprise, et deux ans après le développement de la société dans le camionnage léger domestique en 2020, transportant pour des PME des matériaux légers. Depuis sa création en 2017, Naqla qui travaille avec plus de 400 expéditeurs et 10 500 chauffeurs à travers l'Egypte affirme avoir livré plus de 4,6 millions de tonnes de marchandises.
L’Egypte compte plus de 1,5 million de chauffeurs titulaires d'un permis qui entreprennent des trajets pour livrer des marchandises, selon un article de mars 2022 publié par Naqla. L'industrie égyptienne de la logistique a une valeur estimée à 13 milliards $ et représente près de 3,5 % du produit intérieur brut (PIB), selon des données de décembre 2021 de la plateforme de logistique Naqla.
Chamberline MOKO
Bien que leur nombre soit encore très réduit, elles multiplient les initiatives fortes pour se fédérer et briser les barrières qui les ont retenus jusqu’à présent. Formation, réseautage, financement sont au cœur de la stratégie panafricaine d’éveil en cours de déploiement avec le soutien de divers partenaires.
Dans son rapport « 2021 AFRICA TECH VENTURE CAPITAL », Partech révèle qu’un total de 134 start-up fondées par des femmes enregistrées en 2021 a effectué un tour de table contre 47 opérations financières comptabilisées en 2020, soit une croissance de +285%. Les start-up fondées par des femmes ont réalisé 20% des 681 tours de table enregistrés l’année dernière, en croissance de 7% comparé à 2020 (13%). Elles ont obtenu 834 millions $, en croissance de +281% par rapport à 2020. Ce montant représente 16% du total des 5,2 milliards $ d’investissement levés en 2021 par des start-up, en hausse de 2% par rapport à 2020 (14%).
Pourcentage de fonds levés et de tours de tables effectués par des tech entrepreneurs africaines (Source : Partech)
Bien que ces données montrent une progression dans le volume d’investissements captés par les tech entrepreneurs africaines d’une année à une autre, Briter Bridges déplore tout de même un niveau très faible au cours des neuf dernières années.
Beaucoup reste à faire
Dans son rapport « In Search Of Equity Exploring Africa’s Gender Gap in Startup Finance » publié en octobre 2021, Briter Bridges indique qu'entre janvier 2013 et mai 2021, un total de 1 112 start-up opérant à travers l'Afrique ont mobilisé un total de 1,7 milliard $ de financements de démarrage. Parmi ces entreprises, 75% avaient des équipes exclusivement masculines, 9% des équipes exclusivement féminines et 14% des équipes fondatrices mixtes. « Seulement 3% des financements de démarrage sont allés à des équipes fondatrices entièrement féminines, contre 76% pour les équipes entièrement masculines », souligne la société de recherche axée sur les données, basée à Londres et fondée en 2018. Selon elle, cela signifie que pour chaque « dollar investi dans des équipes fondatrices entièrement féminines, les équipes entièrement masculines ont reçu 25 $ ».
Volume d’investissement levé par genre de fondateur (Source : Briter Bridges)
Sur la faible présence des tech entrepreneurs africaines dans le captage de l’investissement, Partech et Briter Bridges s’accordent à dire qu’elle s’explique en partie par la faible présence des femmes dans les segments porteurs comme la Finance, la logistique, le transport. Elles préfèrent en majorité les secteurs du commerce de détail et des services, qui nécessitent moins de capitaux et présentent moins d'obstacles à l'entrée. De plus, les tech entrepreneurs masculins, d’abord plus nombreux, sont également plus susceptibles d'opérer dans des sous-secteurs qui attirent moins d'investissements tels que l'edtech ou la healthtech, accentuant la concurrence.
La représentation du genre dans les différents secteurs tech (Source : Briter Bridges)
Il y a aussi le tempérament des investisseurs. « Même lorsqu'elles travaillent dans des secteurs suscitant un grand intérêt de la part des investisseurs, les équipes entièrement féminines sont toujours moins susceptibles de recevoir un financement que les équipes entièrement masculines, et elles reçoivent des montants plus faibles lorsqu'elles obtiennent un financement », note Briter Bridges. Enfin, plusieurs autres types d’obstacles entravent encore une plus grande présence des femmes dans la tech industrie africaine, notamment la faible présence des jeunes filles dans les filières scientifiques (STEM) ; un réseau d’affaires plus faible, essentiellement composé de femmes. Mais des initiatives se multiplient pour aider les tech innovatrices à surmonter ces barrières.
Formation et financements ciblés
Au cours des dix dernières années, le soutien aux Africaines dans le numérique a gagné en intérêt. La transformation numérique s’accélérant au fil des ans, les formations dans les compétences numériques à leur endroit se sont multipliées. De nombreux partenaires internationaux et locaux comme la Banque mondiale, l’Agence française de développement (AFD), la Banque africaine de développement (BAD) ou encore la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UNECA), la Fondation Bill et Melinda Gates, Google, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) s’y sont impliqués. De son côté, depuis 2015, Orange a investi dans des maisons digitales dans ses 16 marchés d’Afrique pour former les femmes aux compétences numériques, en plus des programmes dédiés que le groupe soutient déjà. Des pôles de financement ciblés ont également déjà été lancés par divers acteurs, notamment Alitheia Capital, fonds de capital-investissement de 100 millions de dollars, cofondé par Tokunboh Ishmael et Polo Leteka Radebe. Il y a FirstCheck Africa, collectif d'investisseurs et fonds d'investissement dirigés par des femmes et axés sur les femmes, cofondé par Eloho Omame et Emmanuel Bocquet. Il y a aussi WeFundWomen, communauté d'investissement intelligente fondée par Hope Ditlhakanyane pour les start-up en Afrique en les connectant à des capitaux démocratisés. Akazi Capital de Liebe Jeannot, est un fonds d'impact « crowdfunding », qui investit jusqu'à 250 000 $ dans des entreprises en phase de démarrage détenues et dirigées par des femmes en Afrique subsaharienne.
Muriel Edjo
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