Le besoin en connectivité s’est accéléré à travers le monde dès 2020. Dans plusieurs pays, l'Internet est aujourd’hui considéré comme un service de base au même titre que l’eau potable et l’électricité. En Afrique, cette perception est porteuse de nombreux changements sur le marché télécoms.
La société technologique suédoise Ericsson indique que l’Afrique subsaharienne enregistrera 78 % d’abonnements Internet mobile haut débit au cours des cinq prochaines années. Dans son rapport de mobilité de juin 2022, elle explique que cela sera dû aux abonnements 4G qui continueront d’augmenter. Rien qu’en 2021, le nombre d'abonnements mobile dans cette technologie a crû de 26 %.
Pour Ericsson, cette forte croissance de la 4G devrait se poursuivre au cours de l'année 2022 portée par la migration des consommateurs vers les appareils adaptés. « Le trafic de données mobiles 3G continue d'augmenter, mais la majorité de la croissance du trafic devrait se faire dans la 4G », souligne l’entreprise. Mais il faut préciser que la 3G enregistrera encore la majorité des abonnements mobiles en 2027, soit 40 % contre 28 % pour la 4G. Pour ce qui est de la 5G, l’ultra haut débit, elle représentera 10 % des abonnements Internet mobile en 2027.
Source : Ericsson.
Dans certains marchés comme l'Afrique du Sud et le Kenya, où ont été effectuées de récentes attributions de fréquence, les fournisseurs de services ont pu étendre la couverture et la capacité des réseaux 3G/4G, ce qui a entraîné une augmentation des abonnements au haut débit mobile. Avec le changement des habitudes de consommation d’Internet induit par la crise de Covid-19, Ericsson estime que le trafic data moyen par smartphone en Afrique subsaharienne devrait atteindre 11 gigaoctets par mois d’ici 2027.
L’Afrique sera le seul marché mondial où la 2G aura encore une présence conséquente en 2027. La technologie représentera près de 20 % des abonnements mobiles contre une moyenne d’environ 7 % sur l’ensemble des autres continents.
Muriel Edjo
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Les problèmes de litiges dans le secteur foncier sont légion en Afrique. Entre la lourdeur administrative et les documents acquis illicitement, l’administration guinéenne a décidé de se tourner vers la technologie pour apporter une solution viable aux populations et aux investisseurs.
Le ministère guinéen de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire a lancé, mercredi 29 juin, l’application habitatguinee.app. L’objectif est d’aider les populations, en l’occurrence les demandeurs de bail, à aisément réaliser les formalités administratives et mettre un terme aux nombreux dysfonctionnements constatés dans le secteur depuis des années.
Ousmane Gaoual Diallo, ministre guinéen de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, explique lors de la cérémonie de lancement que « le projet vise clairement à promouvoir l’efficacité et la sécurisation dans la mobilisation des recettes de l’État en minimisant les risques éventuels qui s’y attachent ».
Présent à la cérémonie, le Premier ministre Mohamed Béavogui (photo, au centre) ajoute « qu'avoir un bail valide et sécurisé est une condition nécessaire aussi bien pour les citoyens qui aspirent à avoir un toit ainsi que pour les investisseurs ».
L’application dispose de dix modules et sa configuration est accessible à une poignée de personnes habilitées. Il est impossible d’y naviguer sans une inscription préalable.
Selon Souleymane Diallo, technicien de Global High Tech, partenaire du ministère dans la conception de la solution, « l’application fait intervenir tous les départements et toutes les structures impliquées dans l’établissement des contrats de baux en Guinée. Elle permet de dématérialiser tout le processus d’attribution de baux et de recueillir l’ensemble des baux existants sur le territoire dans la même plateforme ».
Adoni Conrad Quenum
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Alors que la transformation numérique prend de l’ampleur en Afrique, la dématérialisation des services publics s’intensifie. L’authentification des usagers devient nécessaire pour garantir la confiance en ligne. Certains pays prennent déjà des dispositions à cet effet.
Le ministère des Technologies de la Communication a signé, vendredi 1er juillet, un accord de partenariat avec l’Agence nationale de certification électronique et les opérateurs télécoms pour la mise en œuvre de l’identité numérique mobile « mobile ID ». Ce projet naissant permettra d’associer le numéro de carte d'identité nationale des citoyens à leur numéro de téléphone.
« Ce nouveau service va permettre de renforcer les solutions de confiance numérique en Tunisie, et ce, en mettant à la disposition du citoyen un nouvel outil simple et sécurisé d’utilisation lui permettant d’accéder à tous les services numériques et d’avoir en outre une signature numérique », a indiqué dans un communiqué Nizar Ben Néji, le ministre des Technologies de la Communication.
Les opérateurs téléphoniques auront en charge la vérification de l'identité des citoyens et de joindre leurs numéros de carte d'identité nationale à leur numéro de téléphone. Le Centre national de l’Informatique aura la responsabilité de créer un matricule unique pour chaque citoyen.
L’Agence nationale de certification électronique créera un QR Code via lequel le citoyen pourra signer électroniquement des documents administratifs en ligne. A terme, en cas de besoin d’un document administratif, tout Tunisien pourra se connecter sur la plateforme de l’administration en question, s’identifier avec son matricule, demander le document dont il a besoin ; le signer si nécessaire.
Le projet d’identification numérique mobile annoncé depuis le mois de février 2021 entre dans le cadre du processus d’accélération de la transformation numérique dans le pays. Il permettra selon le ministre des Technologies et de la Communication de se débarrasser définitivement de la signature légalisée et de la copie conforme.
« Le Mobile ID » viendra faciliter l’accès des Tunisiens aux 120 services administratifs déjà en ligne dans le pays. Le ministère explique que le service sera déployé progressivement avant sa généralisation à toutes les administrations.
Samira Njoya
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L’espace abrité par Orange Digital Center est une opportunité offerte aux porteurs de projets et aux entreprises d’éprouver la qualité de leurs produits et services tech. Une sorte de test à petite échelle avant le grand lancement.
Le tout premier laboratoire 5G d’Orange (Orange 5G Lab) en Afrique a ouvert ses portes à Dakar au Sénégal. Destiné à l’écosystème numérique et aux acteurs économiques, cet espace dédié à l’expérimentation et au développement de produits et services compatible avec la technologie télécoms a officiellement été inauguré, jeudi 30 juin, par Sékou Dramé, le directeur général de la Société nationale des télécommunications (Sonatel), et le directeur de la technologie et de l’innovation d’Orange, Michaël Trabbia.
Très fier d’inaugurer avec @SekouKDrame l’#Orange5GLab de #Dakar !
— Michaël Trabbia (@MichaelTrabbia) June 30, 2022
Moins de 18 mois après l’Europe, c’est le 1er laboratoire des usages #5G en #Afrique 👍👍👍
Merci à toutes les équipes @GroupeSonatel @orange_sn @Orange #Innovation 🙏 pic.twitter.com/pqN9PXatLR
Michaël Trabbia a déclaré que la 5G est un levier de compétitivité des entreprises et de développement des territoires. C’est la raison pour laquelle Orange est engagée dans une démarche de co-innovation autour de la 5G pour créer les usages de demain. « L’ancrage territorial est clé dans le dispositif Orange 5G Lab, pour soutenir la transformation numérique des acteurs économiques, et aider chacun à tirer parti du potentiel de la 5G », a-t-il soutenu.
Orange 5G Lab Dakar est logé à l’Orange Digital Center de Dakar dans une salle de 108 m² avec plusieurs univers pouvant servir d’espace de démonstration de services de réalité virtuelle et réalité augmentée, d’espace gaming ou de co-working. Cet espace offre des cas d’usages dédiés aux entreprises dans plusieurs domaines (e-Santé, smart port, smart édu, smart Agri) en partenariat avec les fournisseurs de technologie Huawei et Nokia ; des démos en co-innovation avec l’écosystème et les startups : Caytu en partenariat avec la Dakar American University of Science and Technology (DAUST), Senvital en partenariat avec la médecine d’entreprise Sonatel.
Orange 5G Lab Dakar est le 14e espace technologique du genre à être inauguré par le groupe télécoms français sur l’ensemble de ses marchés. Il y en a déjà dix en France et un en Roumanie, en Belgique et en Pologne. Plus de 1 200 entreprises et collectivités ont déjà bénéficié de l’espace technologique, 114 ont pu mettre en œuvre une expérimentation autour de leurs propres cas d’usage.
Au Sénégal, l’introduction de la 5G associée à de nouvelles technologies telles que le Big data, l’IA, la réalité augmentée vise à stimuler la transformation de la société et de l’économie sénégalaise dans des domaines clés comme l’agriculture, la santé publique, l’éducation, l’entrepreneuriat et l’employabilité des jeunes.
Ruben Tchounyabe
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Le tech entrepreneur camerounais Vincent Onana Binyegui n’a rien perdu de sa volonté d’améliorer l’accès de tous à une éducation de qualité, surtout en zone rurale. Depuis 2016, il a multiplié les actions pour développer sa start-up et les solutions qu’elle propose.
La start-up camerounaise Teachmepad Mobile Limited, conceptrice des tablettes éducatives solaire « Teachmepad », recherche 5 millions d'euros pour financer le projet d’implantation d’une usine d’assemblage de ses appareils dans le pays. Il a lancé à cet effet une levée de fonds en pré-série A le mercredi 1er juin. Les 5 millions d’euros seront répartis en financement participatif par action de 420 000 euros et en financement participatif par prêt de 4,573 millions €. L’opération devrait prendre fin au 1er juin 2023.
« Le projet d'implantation au Cameroun d'une usine d'assemblage des tablettes numériques solaires brevetées en pleine deuxième levée de fonds (5 000 000 €) a fait l'objet d'un examen des services techniques de la Société nationale d’investissement (SNI) », a révélé Vincent Onana Binyegui, le fondateur et président-directeur général de Teachmepad, au terme d’une séance de travail à laquelle il était convié par le ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat).
L’usine « Teachmepad Mobile Industry » créera 200 emplois directs, soutient Vincent Onana Binyegui. Après le démarrage des travaux de construction, il sera question pour la start-up de se doter en Chine d’une unité à capacité de production de 5 000 tablettes par jour tournant à moins de 20 % de régime avec 10 employés pour la première année, avant de passer progressivement à une équipe forte de 205.
Au cours des séances de travail avec les experts du gouvernement, la SNI a recommandé un appui de l'État pour redimensionner le projet et le rendre suffisamment bancable pour un accompagnement technique et financier additionnel. SNI recommande par ailleurs d'associer à l'usine d'assemblage, un partenaire technique, de préférence manufacturier de composants mobiles, pour garantir les volets « approvisionnement et préparation de la matière première » conformément à la capacité de production de l'usine.
En 2021, à l’issue d’une première levée de fonds lancée en 2020, la start-up avait réussi à rassembler près de 1,219 millions d’euros d’investisseurs français et camerounais. Ce montant a notamment permis d’acquérir un site d’une superficie de 5 hectares sur lequel sera implantée l’usine ; de passer des prototypes à la production des exemplaires de préséries commerciales à l’imprimante 3D ; et de progresser dans les procédures administratives et les études nécessaires à la réalisation d’un tel projet.
La tablette éducative solaire Teachmepad embarque du contenu éducatif préinstallé et accède à Wikipédia sans Internet. Elle a été conçue comme une solution d’apprentissage dans les zones rurales en proie au faible accès à Internet, au faible nombre d’enseignants et au mauvais accès à l’électricité. Elle a reçu le brevet d’invention de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI).
« Nous ambitionnons de devenir le fournisseur agréé des États africains, en tablettes numériques solaires brevetées « Teachmepad », afin qu’ils réalisent aussi aisément leurs collectes de données ou travaux statistiques de recensement général des populations n’importe où, jusque dans les zones confrontées au problème d’accès à l’électricité et à Internet », a déclaré Vincent Onana Binyegui.
Ruben Tchounyabe
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Dans le but d’améliorer les performances des étudiants guinéens, les autorités ont décidé de se lancer sur la piste de la technologie. Elles se sont mises d’accord avec des partenaires stratégiques.
Le ministère guinéen de l’Enseignement supérieur a signé le lundi 27 juin un protocole d’accord avec la fondation Orange Guinée dans le cadre de la numérisation de son écosystème d’apprentissage. Le projet portera entre autres sur les bibliothèques numériques, la connectivité et l’université virtuelle.
« Le numérique est au centre de notre plan d’action à travers la lettre de mission reçue du Premier ministre, mais aussi par la concrétisation de cela par la feuille de route du ministère. En effet, il devient impératif que nous nous engagions à construire l’avenir du système éducatif guinéen à travers l’usage des technologies », a affirmé Thierno Hamidou Bah (photo, à gauche), chef de cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Diaka Sidibé.
D’après le classement des pays africains selon le niveau de numérisation des services publics, la Guinée occupait le 181e rang mondial en 2018, contre le 183e en 2020. Elle a donc perdu deux places à cause de la covid-19 et compte relancer sa transformation numérique à travers des projets comme celui-ci. Elle peut compter sur Orange, un acteur actif sur le continent africain dans la transformation numérique.
Amina Abou Khalil Nyame (photo, à droite), administratrice générale de la fondation Orange Guinée, explique qu'avec le « constat indéniable, indiscutable de la place du numérique, la fondation orange Guinée a très rapidement décidé de faire du numérique un véritable levier de développement humain ». Elle indique également que la volonté de sa fondation est de rendre accessible le numérique à toutes les couches de la population.
Adoni Conrad Quenum
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Après le Bridge Fund porté par Digital Africa et déployé par Proparco en novembre 2020, les deux institutions s’associent à nouveau pour un nouveau projet, Fuzé, attendu d’ici trois mois. Ce dispositif vise à soutenir des entreprises innovantes en phase d’amorçage en Afrique.
La plateforme Digital Africa, dédiée au soutien des start-up numériques et à fort potentiel en Afrique et Proparco qui finance des entreprises privées, dans plusieurs régions dans le monde, dont l’Afrique, lanceront conjointement en septembre prochain, le fonds Fuzé. Présenté comme « une solution de financement adaptée à l’amorçage des start-up d’Afrique francophone », ce nouveau véhicule soutiendra près de 200 start-up africaines, à différents stades de leur croissance.
Conscient du fait que « l’amorçage est l'un des moments les plus difficiles du parcours entrepreneurial en Afrique », le fonds Fuzé a choisi de s'intéresser spécifiquement aux entreprises en phase d'amorçage, avec pour objectif de « créer l’effet de levier nécessaire pour passer le cap des débuts, autrement difficile à franchir sans soutien », explique Proparco.
Bien avant cette nouvelle initiative, Digital Africa et Proparco avaient conjointement lancé en novembre 2020, le fonds Bridge doté d’un capital de 5 millions d’euros et dédié au financement d’entreprises innovantes en Afrique. En deux ans d’existence, ce fonds a financé 11 start-up, pour un montant total de 3,88 millions d’euros.
Avec le nouveau véhicule, les deux structures financeront des start-up dont les besoins de financement oscillent entre 20 000 et 30 000 euros. Le financement sera accordé par palier et conditionné aux progrès et à la réussite des entreprises. Au-delà du capital, les deux associés mettront à disposition des entreprises bénéficiaires, un large éventail d’offres et de solutions pour renforcer leur croissance dans leurs marchés respectifs.
En Afrique, la tech poursuit sa dynamique de croissance. En 2021, l’ensemble des start-up du continent ont levé 5,2 milliards $ en equity, selon Partech. Par rapport à 2020, les montants investis ont triplé et les activités de financement ont doublé. Selon la plateforme Africa : the big deal, ce montant pourrait encore progresser jusqu’à atteindre 7,3 milliards $ de fonds levés d’ici la fin de l’année, à condition que la collecte de fonds entamée depuis le début de l’année 2022 poursuive le même rythme tout au long de l’année.
Chamberline MOKO
Depuis 2021, l’Afrique est officiellement un vaste marché commun avec de nombreuses facilités pour les différents acteurs nationaux. Mais diverses barrières non tarifaires posent encore des problèmes, notamment dans les transactions financières. Une menace pour l'inclusion commerciale recherchée.
Le Sud-Africain Wamkele Mene (photo, à gauche), le tout premier Secrétaire général de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), a présenté au ministre camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana (photo, à droite), le lundi 27 juin à Yaoundé, le projet d’une plateforme digitale de paiement dédiée aux PME africaines.
Selon Wamkele Mene, un marché digital sera créé à terme pour faciliter les échanges. Afin que les PME en bénéficient, la Zlecaf est en négociation avec des institutions bancaires qui pourraient apporter des garanties, car cette catégorie d’entreprises est souvent confrontée aux problèmes d’éligibilité au crédit et d’accès au financement dans le circuit formel des banques.
Si la question de l’accès aux financements est réglée, les PME, grâce à cette plateforme, pourront mener des transactions, acheter et vendre, grâce au soutien des institutions bancaires qui devront couvrir certains risques. Dans un premier temps, quatre secteurs pourront accéder à cette plateforme numérique de paiement. À savoir : l’agriculture, le textile, l’industrie pharmaceutique et les transports.
La Zlecaf est une initiative prioritaire de l’agenda 2063 de l’Union africaine (UA). Cette zone regroupe pour l’instant 44 pays, dont le Cameroun. Elle vise à accélérer le commerce intra-africain et à renforcer la position commerciale du continent sur le marché international.
S.A.
L’e-éducation a démontré toute sa valeur lors de la pandémie de Covid-19. Au-delà de son côté pratique, c’est surtout la richesse et la grande diversification des contenus qui lui donnent son importance. De nombreux pays africains ont décidé de l’adopter.
Les ministères camerounais de l’Enseignement supérieur (Minesup) et des Enseignements secondaires (Minesec) ont convenu de numériser de manière concertée leur système éducatif. Jacques Fame Ndongo, le ministre de l’Enseignement supérieur, et son homologue des Enseignements secondaires, Nalova Lyonga, se sont engagés, à cet effet, le vendredi 24 juin à Yaoundé.
« Les deux membres du gouvernement ont pris acte des efforts déployés par l’État en matière de digitalisation des enseignements, notamment à travers le Centre national de supervision du réseau interuniversitaire du Minesup et le Centre d’éducation à distance du Minesec. Ils ont décidé de mutualiser lesdits efforts afin de réaliser des économies d’échelle, et de parvenir à l’efficience escomptée », indique un communiqué publié après la réunion interministérielle.
Il est aussi prévu la coopération entre les infrastructures et ressources numériques des deux ministères notamment les Centres de développement du numérique universitaire des Institutions publiques d’enseignement supérieur et les structures déconcentrées du Minesec, tout comme le renforcement des capacités des enseignants du secondaire en techno-pédagogie numérique, à travers tous les départements d’informatique des Écoles normales supérieures et des Écoles normales supérieures d’enseignement technique du Cameroun.
La transformation numérique du système éducatif supérieur et secondaire du Cameroun rentre dans le cadre de la modernisation de l’éducation nationale contenue dans la Stratégie nationale de développement 2030 (SND30). L’objectif est de fournir aux apprenants et aux enseignants des cadres d’apprentissage et de partage de connaissances plus propices au développement de la connaissance.
Les deux ministres ont pris l’engagement de procéder à une évaluation régulière de la collaboration ainsi amorcée.
Ruben Tchounyabé
Présent dans le pays depuis plus d’un an déjà, la fintech qui a été accueillie en fanfare par les consommateurs, accumule cependant au fil des mois le mécontentement de ses partenaires. Ils craignent à long terme que son action ait un impact dévastateur sur l’inclusion financière et l’emploi.
Les propriétaires de points Mobile Money de Côte d’Ivoire devront encore patienter pour obtenir une réponse claire et satisfaisante quant à l’amélioration de leur rémunération qui s’est détériorée progressivement depuis avril 2021, date d’entrée officielle de Wave sur le marché avec des tarifs cassés.
La réunion de concertation organisée le 24 juin entre les opérateurs télécoms et la fintech américaine, sur instruction du ministre de l’Emploi et de la Protection sociale, pour déterminer une grille tarifaire qui profiterait aux consommateurs, aux prestataires de service et aux sociétés émettrices de monnaie électroniques, n’a finalement abouti à aucune résolution efficace selon le Syndicat national des propriétaires des points de vente mobile money (Synamci).
Le dossier devrait être transmis pour étude au Premier ministre à travers les procès-verbaux des différentes rencontres initiées par le ministère de l’Emploi et de la Protection sociale, dans l’espoir qu’une solution définitive à la situation soit trouvée. Dans l’attente, les exploitants de points de vente Mobile Money continueront à vaquer à leur occupation avec la crainte de voir leur activité perdre en valeur.
Un modèle économique fâcheux
Depuis le 1er juin, le marché du Mobile Money a enregistré de nombreux soubresauts provoqués par la décision de Wave d’introduire une nouvelle grille de rémunération qui réduisait le montant des commissions versées aux exploitants de points de vente Mobile Money. « Quelqu’un qui percevait 2400 Fcfa pour un palier de transaction atteignable facilement par les prestataires se retrouvait déjà avec 1350 Fcfa de commission dans la nouvelle grille de rémunération. Alors que vous pouviez vous retrouver avec 4600 Fcfa, vous ne perceviez plus que 2675 Fcfa », explique Félix Coulibaly. Il poursuit en indiquant « que lorsque Wave a réduit les commissions que nous percevions, elle a instauré un nouveau système qu’elle nomme « partage de revenu ». Mais pour nous ce n’était pas transparent au-delà du fait que nous n’avions aucun regard dessus. Ce n’était pas du tout transparent. Nous l’avons rejeté ».
C’est l’entêtement de Wave à appliquer ce nouveau modèle, finalement annulé lors de la réunion du 17 juin entre les différents syndicats du segment du paiement mobile, les sociétés télécoms, Wave et le ministère de l’Emploi et de la Protection sociale, qui a tout d’abord donné lieu à une grève de certains exploitants de point de vente Mobile Money du 2 au 4 juin.
« Avec les trois opérateurs de téléphonie mobile, nous étions rémunérés par transaction. »
Après, leur colère a évolué vers l’imposition unilatérale de frais de service de 100 Fcfa sur les dépôts et retraits (annulé aussi lors de la réunion du 17 juin). « C’était pour permettre aux prestataires de joindre les deux bouts. De faire face à leurs charges en attendant que le ministre de l’Emploi et de la Protection sociale qui avait le dossier en main puisse contribuer à trouver une solution à notre problème », affirme le SG du Synamci qui doute finalement de la viabilité du modèle à 1% tant vanté par Wave et dénonce son impact sur le marché.
« Avec les trois opérateurs de téléphonie mobile, nous étions rémunérés par transaction. C’est-à-dire qu’à chaque opération de dépôt ou de retrait d’argent, vous aviez une commission spécifique liée à la transaction effectuée. Depuis le 1er avril, Orange a décidé d’emboiter le pas à Wave en nous rémunérant par cumul des transactions journalières. Ce que nous reprochons aujourd’hui à Wave c’est que, par son système qui a modifié l’état du marché, nos commissions ont été réduites. C’est l’avènement de Wave qui a suscité tout ce remue-ménage. Ils ont toujours maintenu que leur système a été pensé et éprouvé et ils croient en lui et donc le repenser serait tuer toute l’activité à leur niveau. Leur entrée sur le marché n’est pas totalement négative puisqu’elle a permis à la population de la sous-région de comprendre qu’il était possible de prélever seulement 1% de frais de service sur une transaction. C’était un mythe pour nous et pour les consommateurs. C’est maintenant à eux de prouver à l’Etat de Côte d’Ivoire que leur système est viable », soutient Félix Coulibaly.
Menace sur l’inclusion financière
« Le marché du Mobile Money en Côte d’Ivoire était relativement calme avant l’arrivée de Wave. Les frais de services tournaient autour d’une moyenne de 2 à 3%. D’un opérateur à un autre, il y avait une grille de répartition avec les acteurs de la distribution selon une organisation bien précise. Jusqu’à l’avènement de Wave tout se passait très bien. Mais lorsqu’elle est arrivée avec son modèle économique complètement différent de celui des opérateurs mobiles tout a été chamboulé », déclare Sidibé Aboubacar, le président de l'Association des marchands indépendants mobile money de Côte d’Ivoire (Amimomoci).
Il explique qu’en octobre 2020, lorsque Wave a fait ses premiers pas en Côte d’Ivoire et suscité l’engouement des consommateurs avec des frais de 1% alors que les autres tournaient autour de 1%, 1,8%, ça a profité à la population, mais ça a détruit l’activité des prestataires. Sidibé Aboubacar révèle qu’au départ, les opérateurs télécoms ont essayé de maintenir les commissions que percevaient les agents Mobile Money pendant quatre à cinq mois. Mais après, ne pouvant plus continuer à subventionner ces commissions vu qu’ils tournaient à perte, des mesures ont été prises. MTN et Moov n’ont pas changé de modèle économique comme Orange mais ont été contraints de revoir à la baisse leurs commissions.
Sidibé Aboubacar révèle qu’au départ, les opérateurs télécoms ont essayé de maintenir leurs commissions pendant quatre à cinq mois. Mais après, ne pouvant plus continuer à subventionner ces commissions vu qu’ils tournaient à perte, des mesures ont été prises.
Au-delà de la réduction des commissions qui nuit au revenu des agents Mobile Money, Sidibé Aboubacar déplore aussi le fait que Wave fait porter la faiblesse de son réseau à la chaîne de distribution. « Quand Wave dit dépôt à 0 Fcfa et retrait à 0 Fcfa, il arrive que certains clients déposent de l’argent dans leur compte à Abidjan et le retirent à Yamoussoukro sans frais. Mais ce qui se passe ici c’est que Wave va retirer des commissions aux points de vente où l’argent a été déposé et retiré. La société estime cela justifié parce que la transaction n’a pas généré de commissions. Elle soupçonne même le point Mobile Money d’être de mèche avec lesdits clients. Nous trouvons cela injuste », confie-t-il.
A terme, si aucune solution pérenne n’est véritablement trouvée par l’Etat pour stabiliser les tarifs, comme le réclament les exploitants de points Mobile Money, ils redoutent de nombreuses pertes d’emplois du fait de points de vente qui fermeront car plus viables. Conséquence, l’inclusion financière reculera également. Les populations n’ayant plus accès à des points de proximité devront parcourir plusieurs kilomètres et engager des frais de transport pour effectuer leurs opérations financières.
Contacté par notre rédaction, Wave n'a pas souhaité répondre.
Muriel Edjo
L’intérêt des investisseurs pour la tech africaine ne cesse de croître tant le nombre d’entreprises innovantes se multiplie. Dans les différentes sous-régions, des pays s’affirment progressivement en leader. Ils cristallisent une communauté de tech entrepreneurs désireux de conquérir le monde.
Le Nigeria est depuis janvier 2019 l’industrie start-up la plus dynamique d’Afrique de L'Ouest en matière de levée de capitaux. Au mois de mai 2022, le pays avait confisqué à lui seul 3,6 milliards $ sur les 4,2 milliards $ attirés par la sous-région Afrique de l’Ouest depuis 2019. Soit 86 % de l’ensemble des fonds levés par les start-up d’Afrique de l’Ouest, sur la période.
Les start-up nigerianes ont attiré plus de financements que celles d’Afrique du Nord et de l'Est combinées au cours de la période. 3,6 milliards $ contre 3,8 milliards $. Depuis 2019, 6 $ sur 7 levés en Afrique de l’Ouest vont au Nigeria, selon la plateforme Africa : The Big Deal.
Bien que la part totale des financements perçus par les start-up du Nigeria ait diminué progressivement, elle reste toutefois bien imposante. En 2019, le Nigeria a confisqué 93 % des 760 millions $ levés en Afrique de l’Ouest. En 2020, le pays a compté pour 87 % des 504 millions $ attirés. En 2021, c’est 85 % des 2 milliards $ de financement suscité dans la sous-région. Au mois de mai 2022, le Nigeria pesait pour 84 % des 983 millions $ déjà mobilisés en Afrique de l’Ouest.
Au niveau du continent, l’industrie start-up du Nigeria est également demeurée championne en matière de levées de fonds selon les données de Partech. En 2021, elle a obtenu la plus grosse part des 6 milliards $ mobilisés en Afrique. Soit 1,8 milliard $. En 2020, le pays a attiré 21 % des 1,43 milliard $ que les start-up ont réussi à lever en Afrique. Soit 307 millions $. Enfin, en 2019, une fois encore le Nigeria avait pris la tête des start-up les plus financées avec 747 millions $ levées sur les 2 milliards perçus par le continent.
Au-delà du Nigeria, le Ghana et le Sénégal sont deux autres industries start-up performantes en Afrique de l’Ouest. Bien sûr, ils ne sont pas au même niveau que le Nigeria. Le Ghana a obtenu 7 % du total des fonds levés par la sous-région entre 2019 et 2021, soit 279 millions $. Le Sénégal quant à lui a attiré 243 millions $ sur la même période. Ensemble, le Nigeria, le Ghana et le Sénégal ont mobilisé 99 % des financements de la sous-région depuis 2019.
Muriel Edjo
Lire aussi : Les start-up africaines ont réalisé une levée de fonds record chaque mois en 2022, pour un total de 2,7 milliards $
Le marché de la grande distribution présente de belles marges de progression en Égypte. Il représente un segment porteur pour diverses offres financières comme le microcrédit ou le prêt à la consommation. Une aubaine à saisir pour des investisseurs en quête de nouvelles sources de revenus.
La fintech égyptienne MNT-Halan, spécialisée dans la fourniture de solutions de paiements numériques et de microcrédits aux populations non bancarisées, a procédé à l’acquisition de la start-up d’e-commerce business-to-business Talabeyah. L’annonce a été faite le dimanche 26 juin par Karim Nassef, le président-directeur général et cofondateur de Talabeyah. Le montant de l’opération n’a pas été dévoilé.
Justifiant la cession de son entreprise, Karim Nassef a expliqué qu'en « faisant équipe avec MNT-Halan, nous bénéficions d'un grand nombre de talents et d'une puissance technologique et financière qui nous permettront de développer rapidement nos opérations ».
Pour Mounir Nakhla, le président-directeur général de MNT-Halan, cette association est bénéfique pour la fintech, car elle « permet de continuer à étendre notre offre de produits aux détaillants égyptiens et à développer davantage notre portefeuille de prêts et nos marges ».
Fondée en juillet 2020 par Karim Nassef, Amr Abbas, Khaled Hussein et Adel Hodroj, Talabeyah permet aux commerçants de détail de commander des marchandises en un clic, directement sur son application mobile et web. La start-up, qui collabore avec plusieurs fournisseurs de produits de grande consommation, donne aux commerçants à travers sa solution numérique un moyen de mieux gérer leurs stocks.
En octobre 2021, Talabeyah avait levé 1,1 million $ auprès de divers investisseurs pour faire évoluer ses opérations, développer davantage sa technologie et tirer parti de l'utilisation de l'intelligence artificielle et des algorithmes d'apprentissage automatique pour améliorer l'expérience client, accroître l'efficacité tout au long de la chaîne de valeur et développer son équipe pour mieux servir le marché.
Ruben Tchounyabé
Lire aussi : En 3 ans, Mounir Nakhla et Ahmed Mohsen ont fait d’une solution de covoiturage une Fintech à succès
Depuis le début de l’année, la RDC accélère la modernisation de son administration. L’introduction des TIC dans les paiements des services publics accompagne la transformation des différentes administrations de l’État.
La ministre d’État en charge du Portefeuille a présenté, lors du Conseil des ministres du vendredi 24 juin, le projet de numérisation des entreprises du portefeuille de la République démocratique du Congo (RDC). Adèle Kayinda a soutenu que ce projet qui concerne 29 entreprises a pour objectif d’assurer la traçabilité de leurs opérations et d’instaurer une gestion transparente.
Ce projet de numérisation sera réalisé via un financement privé déjà négocié. Le ministre du Numérique Désiré Cashmir Eberande Kolongele, qui participera à cette opération, a indiqué qu’il est prévu entre autres l’acquisition de la plateforme des services mutualisés, la formation des équipes techniques locales, le renforcement des capacités des employés des entreprises.
« Ce processus de numérisation des entreprises du portefeuille permettra non seulement d’améliorer la gouvernance et la performance en vue d’une rentabilité économique nationale transparente, mais aussi de transformer les supports papier en supports numériques pour réduire la masse des documents physiques », a estimé le gouvernement qui est favorable à cette transformation.
C’est lors du Conseil des ministres du 18 mars 2022 que le chef de l’État, Félix Tshisekedi, avait émis la directive relative à la numérisation des entreprises du portefeuille de l’État. Soulignant l’importance de la numérisation, il avait chargé la ministre du Portefeuille de s’assurer que toutes les entreprises concernées puissent produire et mettre en œuvre, à court terme, des feuilles de route adaptées pour répondre à cet impératif.
Le projet de numérisation des entreprises du portefeuille de l’État rejoint le programme de modernisation de l’administration publique présenté en 2019 par le gouvernement à travers le Plan national numérique horizon 2025.
Ruben Tchounyabe
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Face au e-commerce qui se développe au Nigeria, une nouvelle tendance de marché prend de l’ampleur dans le pays. Le commerce social mise sur l’esprit de communauté pour encourager l’interaction entre les personnes et susciter de bonnes affaires.
La plateforme de commerce social et de paiement PocketApp a obtenu de la Banque centrale du Nigeria (CBN) un accord de principe pour l’acquisition d’une licence d’opérateur Mobile Money. L’annonce a été faite le lundi 27 juin par la société de services financiers Piggytech Global Limited,qui a développé PocketApp. Cet accord marque la première étape avant l’obtention définitive de la licence, après respect de certaines conditions stipulées par la CBN.
Pour cette évolution stratégique de PocketApp, Patricia Adoga (sa directrice d’exploitation) explique « qu’au cours des 18 derniers mois, nous nous sommes concentrés sur la construction de l'infrastructure de base qui permettra un commerce social sécurisé et des paiements à grande échelle ».
« Nous croyons que le commerce social prospérera mieux dans un environnement plus fiable. Nous avons donc ajouté l'entiercement à notre infrastructure de paiement, protégeant les acheteurs et les vendeurs, et de nombreuses autres fonctionnalités, garantissant une expérience d'achat fluide sur l'application », a-t-elle ajouté.
Lancée en 2021 sous le nom Abeg App, l’application qui n’offrait que des services d’envoi et de réception d’argent s’est développée au fil des mois pour devenir une application connectant acheteurs et vendeurs à travers le Nigeria. Elle cible l’Afrique et envisage de proposer d’autres fonctionnalités. Elle compte près de 2 millions d’utilisateurs à ce jour.
La licence d'opérateur de Mobile Money permettra à PocketApp d'exercer entre autres des activités de création et de gestion de portefeuille, d'émission de monnaie électronique, ainsi que le recrutement et la gestion d'agents, la collaboration avec des commerçants pour le paiement marchand, l'acquisition de cartes et toute autre activité pouvant être autorisée par la CBN.
Selon le cabinet Research And Markets, l'industrie du commerce social au Nigeria devrait croître de 82,4 % sur une base annuelle pour atteindre 1 003,8 millions $ fin 2022. En 2028, sa valeur devrait atteindre 23 817,4 millions $.
Muriel Edjo
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