Après le décès de sa mère malade, il a eu l’idée de créer une plateforme d’assurance santé 100 % numérique. Son objectif est de garantir les soins aux parents loin de soi et d’éviter à d’autres personnes de vivre la même triste expérience.
Bertrand Nkengne (photo) est un ingénieur logiciel diplômé de l’université de technologie de Compiègne en France. Également titulaire d’un certificat supérieur en entrepreneuriat et innovation du Babson College aux États-Unis et d’un master dans le même domaine à HEC Paris, il est le président-directeur général d’Izikare.
Fondé en 2018, Izikare met à la disposition de la diaspora africaine une plateforme numérique qui leur permet d’inscrire leurs proches en Afrique à une assurance santé facilement. La société travaille avec plus de 300 professionnels, 500 centres de santé, 300 laboratoires, une multitude de pharmacies en Afrique. La souscription minimale à l’assurance est de 0,50 euro par jour.
« Izikare fournit une carte d’assurance électronique et physique pour vos proches qui sont en Afrique. Cela leur offre la possibilité d’être soigné sans avancer d’argent lorsqu’ils sont malades, en ayant accès à un réseau de professionnels de santé avec qui nous sommes partenaires, dans les hôpitaux, les laboratoires, les cliniques, les pharmacies, mais aussi les opticiens », déclarait Bertrand Nkengne, le fondateur de la société, à Forbes en 2021.
L’idée d’une telle entreprise émane d’une expérience personnelle qu’a vécue Bertrand Nkengne. Sa maman étant malade pendant qu’il était en France, il envoyait de l’argent à ses parents présents au Cameroun pour les soins. Une bonne partie de cet argent a plutôt été utilisée à d’autres fins. Sa maman est décédée.
Pendant la Covid-19, la société de Bertrand Nkengne a fourni gratuitement aux médecins et aux assurés africains une plateforme de soins appelée AlloDocta qui facilite la téléconsultation médicale, la délivrance de carnet de santé numérique et la fourniture d’un système d’ordonnances sécurisées. Avant Izikare, Bertrand Nkengne avait déjà cofondé en 2006 Cyslog, un éditeur de logiciels basé en France.
Melchior Koba
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AfyaRekod, une start-up kényane spécialisée dans la gestion des dossiers de santé, a annoncé le jeudi 7 juillet le lancement de son portail universel automatisé pour les patients. Cette plateforme, basée sur la blockchain et l’intelligence artificielle, permet aux professionnels de santé d’avoir un accès en temps réel aux dossiers de santé de leurs patients. « Notre outil permet désormais aux patients de créer un portail avec toutes leurs données de santé et surtout donne aux patients des droits souverains de propriété sur leurs données. Le patient se connecte et voit toutes les informations de l'hôpital. Ils n'ont pas à demander à l'hôpital ou à mendier des informations. C'est leur droit d'y avoir accès », a déclaré John Kamara, président-directeur général d’AfyaRekod.
La pandémie Covid-19 a démontré la capacité des innovateurs africains à tirer parti des solutions tech pour transformer la fourniture de soins de santé et des médicaments sur le continent. Avec les investissements adéquats, ils peuvent révolutionner l’ensemble du secteur de la santé.
La société Southbridge A&I, spécialisée dans le conseil stratégique, opérationnel et financier des opérateurs économiques et sociaux ; en partenariat avec Salient Advisory, orientée dans la mise en œuvre des approches transformatrices dans le secteur de la santé et SCIDaR, une organisation à but non lucratif de conseil et de mise en œuvre de systèmes de santé ; a lancé le programme « Investing in Innovation » (i3). Il s’agit d’un fonds de 7 millions $ destiné à soutenir 30 entreprises technologiques de la santé par an sur deux ans.
Les candidatures pour la première cohorte de 30 entreprises sont ouvertes depuis le mercredi 22 juin et seront clôturées le 14 août ; le programme débutera le 19 septembre. L'adresse pour candidater est http://www.innovationsinafrica.com.
Le programme I3 cible des innovateurs en phase de démarrage ou de croissance sur tout le continent, ayant un impact tangible sur la santé publique que ce soit en matière de disponibilité, d’accessibilité, de qualité ou de transparence des flux des produits de santé publique. Les entreprises sélectionnées auront droit à une subvention systématique de 50 000 $, ainsi qu’un programme d’accès aux marchés grâce à des évènements organisés sur tout le continent.
L’accélérateur Impact Lab a été sélectionné pour coordonner le processus de sélection et suivre les entreprises tout au long du programme en Afrique francophone. Startupbootcamp AfriTech s’occupera de l’Afrique Australe, Villgro Africa de l’Afrique de l’Est et Co-creation Hub (CcHUB) de l’Afrique de l’Ouest.
La Fondation Bill et Melinda Gates, l’Agence de développement de l'Union africaine (AUDA NEPAD), la branche africaine de l’Organisation mondiale de la santé Afro (WHO AFRO), le groupe allemand de recherche et de fabrication biopharmaceutique Merck (MSD) et l’entreprise américaine de développement et de commercialisation de produits de santé AmerisourceBergen sponsorisent le programme.
Muriel Edjo
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Après quelques années difficiles pour mettre en œuvre son premier projet, tout s’est emballé dès 2016 pour le jeune entrepreneur qui a multiplié les innovations. A son actif, plusieurs distinctions internationales.
Au Cameroun, le nom d’Arthur Zang s’est fait connaître dans le secteur médical en 2016, lorsque l’innovateur et président-directeur général de la start-up Himore Medical Equipements a démarré la production de son Cardiopad. Il s’agit d’un électrocardiogramme connecté qui se présente sous la forme d’une tablette reliée à des électrodes.
L’outil tactile est doté de plusieurs applications dont l’électrocardiographe qui permet d’enregistrer un examen cardiaque complet sur douze pistes et de stocker le résultat ; l’électrocardioscope qui permet d’enregistrer et d’analyser en temps réel l’activité cardiaque d’un patient ; le cardiodata qui permet de gérer les données issues des différents examens ; la télécardiologie qui permet de transférer les données d’un patient à un spécialiste pour analyse.
Titulaire d’un diplôme d’ingénierie de conception obtenu en 2010 à l’Ecole nationale supérieure polytechnique de Yaoundé, Arthur Zang a commencé à travailler sur son prototype en 2009. Pour le tech entrepreneur qui a grandi à Mbankomo, une bourgade située à vingtaine de kilomètres de la capitale, l’innovation a été pensée pour répondre au nombre insuffisant de cardiologues à travers le pays et en Afrique, surtout hors des grandes agglomérations.
C’est la somme de 45 000 $ reçue du gouvernement camerounais, il y a sept ans, après avoir remporté le prix du président de la République pour l’excellence dans les sciences et l’innovation en 2015, et aux matériels obtenus de sa participation au concours international, Microsoft Imagination Competition qui lui ont permis de développer ses premières tablettes et de se lancer sur le marché.
En 2021, le Cardiopad équipait déjà 267 formations sanitaires publiques du Cameroun. Des cliniques privées l’ont aussi adopté. L’outil s’est même exporté vers d’autres pays notamment le Gabon. Grâce au Cardiopad, l’ancien ingénieur informatique en chef de l’université catholique d’Afrique centrale (2013 à 2014) a obtenu plusieurs distinctions comme le prix de la Fondation Rolex en 2014, la médaille d’or de l’Africa Prize for Engeneering Innovation en 2016.
Durant la crise de Covid-19, le jeune innovateur s’est encore distingué avec une nouvelle conception, l’Oxynnet. Il s’agit d’une station d’oxygène médical capable de produire de manière continue une concentration d’oxygène pure à 95%, à partir de l’air ambiant. Connecté au réseau électrique d’un hôpital ou à un panneau solaire connecté à une batterie, la station, qui peut être piloté à distance depuis un mobile, permet à chaque centre de santé de produire 60 litres d’oxygène médical par minute et de la fournir à plus de 10 patients de manière simultanée.
Melchior Koba
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Avec Healthbotics, le Nigérian Imodoye Abioro numérise le don de sang et les dossiers des patients
Guidé par le besoin constant d’améliorer la qualité des soins de santé dans son pays et en Afrique, il s’est lancé dans l’innovation numérique. Aujourd’hui, il est une figure influente de la scène HealthTech nigériane et mondiale.
Imodoye Abioro (photo) est un entrepreneur et médecin nigérian. Diplômé de l’université d’Ibadan en 2018, il est également un développeur autodidacte de logiciels IBM Cloud. Il est le fondateur et président-directeur général de Healthbotics Ltd.
Healthbotics est une entreprise qui développe des solutions numériques de gestion médicale. Elle s’est démarquée à travers deux produits. Le premier, la banque de sang intelligente Lend an Arm, créée en 2017, connecte les donneurs et les hôpitaux aux banques de sang. Avec cette solution mobile et web, les donneurs et receveurs peuvent discuter entre eux, organiser ou rejoindre des collectes et trouver la banque de sang la plus proche.
Le tech entrepreneur a eu cette idée après le décès d’un ami suite à une hémorragie massive en salle d’urgence dans un hôpital où travaillait en tant que médecin de garde. « Cette perte m’a presque brisé et j’étais donc motivé à faire quelque chose à propos de certains de ces problèmes permanents auxquels sont confrontés nos hôpitaux et notre système de prestation de soins », explique Imodoye Abioro.
Le deuxième produit développé par Healthbotics, Mediverse, est un logiciel de dossiers de santé électronique à commande vocale soutenu par une blockchain. Il permet aux médecins et infirmiers de saisir et de récupérer les dossiers des patients vocalement sur n’importe quel appareil.
Grâce à ces deux innovations, Imodoye Abioro a remporté plusieurs prix en 2020, notamment l’AI for development Challenge, le prix du jeune innovateur aux World Summit Awards du SMSI des Nations unies, le concours African App Launchpad Cup. En 2021, il s’est vu décerné le troisième prix du jeune innovateur africain pour la santé de l’International Federation of Pharmaceutical Manufacturers & Associations.
En 2018, Imodoye Abioro a cofondé Bimi Online for africa, une plateforme d’agrégation d’informations de santé, dont il fut jusqu’en décembre 2019 le directeur des nouvelles technologies. Il a aussi été de 2019 à 2020 le directeur de la technologie de Future Food Project, une start-up technologique axée sur l'avenir des protéines.
Melchior Koba
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L’idée née pendant ses études supérieures, mise en œuvre plus tard, lui vaut aujourd’hui une renommée internationale. Grâce à elle, il a contribué à sauver de nombreuses vies sur le continent.
Sedric Degbo (photo) est un médecin et un entrepreneur béninois. Diplômé de la faculté de médecine de l’université d’Abomey-Calavi du Bénin en 2017, il est le fondateur et président-directeur général de Rema (Réseau d’échange entre médecins d’Afrique). Il pense que « l’échange et la collaboration médicale ont toujours permis de sauver des vies ». Il propose de digitaliser cela afin qu’il soit plus efficace. Il a reçu plusieurs prix pour la pertinence de cette innovation.
La start-up propose un service de collaboration médicale à distance, de solidarité et d’intelligence collective entre médecins qui exercent sur le continent. À travers sa plateforme mobile, elle donne à ces confrères l’opportunité d’échanger, de collaborer en temps réel sur des cas pratiques, afin de prendre les meilleures décisions médicales dans l’intérêt des patients. La plateforme, professionnelle et sécurisée, enregistre déjà une communauté active de plus de 6 000 médecins. En majorité d’Afrique de l’Ouest.
« Rema a véritablement démarré en 2016, lors d’une recherche pour la fin de mes études de médecine, où je suis tombé complètement par hasard sur un article scientifique évoquant l’incidence des erreurs médicales dans le monde. Les conclusions étaient vraiment alarmantes, j’ai donc décidé par curiosité de m’intéresser au cas de l’Afrique », explique Sedric Degbo, qui est depuis septembre 2021 membre du conseil d’administration de Bluemind Foundation, une organisation à but non lucratif qui s’est donné pour mission de déstigmatiser la santé mentale et de rendre les soins accessibles en Afrique.
Le jeune médecin, qui a travaillé de 2016 à 2019 à Caritas Internationalis, souligne que « les chiffres avancés par plusieurs auteurs faisaient étalage d’événements indésirables liés aux soins, un problème majeur de santé publique sur notre continent. Après analyse, on se rend compte qu’au-delà des limites organisationnelles du système sanitaire africain, ces chiffres sont dus au faible niveau d’information des médecins, à l’isolement des médecins, à la distance et au manque de moyens de communication adapté entre eux ».
Pour la plateforme Rema, Sedric Degbo a été récompensé à plusieurs reprises. En 2019, il a été lauréat du premier prix Inwidays à Casablanca et du premier prix BreizhAfrica à Paris. Il a également reçu le deuxième prix Afric'Up à Tunis. En 2020, il a reçu le prix Solidarité Covid-19 de l’Organisation internationale de la francophonie. Cette année 2022, il figure dans le Top 50 mondial des voix les plus influentes de l’industrie de la santé selon le magazine américain Medika Life.
Melchior Koba
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Avec la crise de la Covid-19, les autorités ont pris conscience de l’importance de la technologie au XXIe siècle. Elle peut contribuer à la résolution de la plupart des problèmes inhérents aux sociétés du continent.
Ntchina est une plateforme numérique développée par une start-up gabonaise du même nom. Elle aide à mettre en relation les patients et les potentiels donneurs de sang. La start-up a lancé la plateforme, son produit phare, le mardi 14 juin à l’occasion de la journée mondiale du don de sang.
Alvine Yeno, promotrice de la jeune pousse, explique que « Ntchina est née d’un sentiment d’impuissance qui a envahi une famille librevilloise lorsqu’elle a été confrontée au besoin et à l’urgence de devoir trouver du sang pour sauver la vie d’un proche, en attente de transfusion sanguine, atteint de lupus ».
La plateforme dispose d’une application mobile, disponible sur Android et iOS, où il est possible d’accéder à toutes les fonctionnalités. Il faut s’inscrire en renseignant plusieurs informations personnelles comme la ville de résidence, le groupe sanguin, indispensable dans ce cas de figure. Il est possible de devenir un donneur de sang, d’être à la recherche d’un donneur d’un groupe spécifique ou encore de recevoir une alerte qui stipule la disponibilité de sang. « Notre cheval de bataille est de faciliter l’accès au don de sang via notre application, pour une meilleure prise en charge des personnes dans le besoin, les malades, les femmes enceintes, les accidentés, etc. », a indiqué Alvine Yeno.
Ntchina a également mis en place un jeu en ligne pour sensibiliser sur l’importance du don de sang. Cette action est nécessaire, d’autant plus qu’au Gabon les dons de sang ont considérablement diminué depuis la pandémie de la Covid-19. Avant la pandémie, les autorités recueillaient 23 000 poches de sang chaque année. Cette quantité ne satisfaisait pas la demande avant de s’effondrer durant la période de la Covid-19. Avec Ntchina qui signifie « sang » en langue Omyene, l’intérêt du don du sang pourrait être relancé pour sauver des vies.
Adoni Conrad Quenum
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Au Nigeria, la plateforme Clafiya aide les populations des zones rurales à
Le faible plateau technique des centres de santé de plusieurs pays à revenu faible ou intermédiaire rallonge encore le temps de prise en charge efficace des populations. Mais le numérique a le pouvoir de relever ce défi en améliorant la base de toute intervention médicale : le diagnostic médical.
Le National Institute of Health Research (NIHR), une agence gouvernementale qui finance la recherche sur la santé en Angleterre, a débloqué un financement de 3 millions de livres sterling (3,6 millions $) pour soutenir le développement de diagnostics numériques dans les systèmes de santé de sept pays africains. L’Imperial College de Londres, qui a dévoilé l’information le mardi 14 juin, a expliqué que l’argent a été mis à la disposition de ses chercheurs et de 13 institutions collaboratrices au Burkina Faso, en Gambie, au Ghana, au Kenya, aux Pays-Bas, au Soudan, en Ouganda, au Royaume-Uni et en Zambie.
Le Dr Aubrey Cunnington, chef de section des maladies infectieuses pédiatriques à l’Imperial College de Londres, qui dirigera le programme de recherche, a expliqué que « nous évaluerons le potentiel de la technologie de diagnostic numérique pour s'attaquer aux problèmes courants, notamment le paludisme et d'autres infections infantiles. Les chercheurs du projet possèdent un large éventail d'expertises, allant de l'ingénierie électronique et de conception à la médecine clinique, en passant par la recherche sur les systèmes de santé et à la modélisation mathématique ».
Il a par ailleurs souligné que le projet répond à un énorme besoin non satisfait d'accès à des diagnostics précis dans les pays à revenu faible et intermédiaire. « À l'heure actuelle, moins de la moitié de la population africaine a accès à des diagnostics essentiels et précis. Il est donc difficile d'identifier et d'administrer les traitements appropriés et de cibler la prévention des maladies là où elle est le plus nécessaire », a-t-il souligné.
Le financement du NIHR rentre dans le cadre de son programme Global Health Research Group (GHRG) qui finance la recherche, soutient des partenariats de recherche entre les chercheurs et les institutions du Royaume-Uni et ceux des pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI). Le GHRG vise à générer les preuves scientifiques qui peuvent améliorer les résultats de santé pour les personnes à faibles ressources en améliorant les pratiques et en informant les politiques. Il renforce aussi la recherche pour soutenir sa durabilité future dans les pays partenaires.
Le financement permettra au GHRG de développer et d'évaluer des diagnostics numériques de prochaine génération pour les maladies infectieuses au cours des quatre prochaines années. Ces diagnostics numériques utiliseront un appareil électronique portatif développé par une équipe de chercheurs de l'Imperial College de Londres. Dénommé Lacewing, il détecte les acides nucléiques tels que l'ADN à la surface d'une micropuce.
D’après les experts, les tests ont une précision similaire à celle des grandes machines de laboratoire, mais sont rapides, peu coûteux et portables. Les résultats sont envoyés à un smartphone qui permet la transmission de données pour surveiller la détection en temps réel de différentes maladies à différents endroits.
Ruben Tchounyabe
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L’accès aux soins de santé dans certaines zones du continent n’est pas une sinécure. Entre le manque de personnels de santé et la difficulté d’accès à ces endroits, les solutions technologiques s’avèrent être des alternatives intéressantes.
Clafiya est une plateforme d’e-santé qui permet aux populations d’accéder à des soins de santé à des tarifs abordables. Elle relie les patients des zones rurales et semi-urbaines aux agents de santé communautaires. La plateforme a été développée par une start-up nigériane du même nom, fondée en 2020 par Itoro Inoyo et Jennie Nwokoye.
Selon Itoro Inoyo, « peu importe votre race, votre sexe ou votre statut socio-économique, la santé est un droit humain fondamental et personne ne doit être laissé de côté ». C’est grâce à cette vision des choses doublée des expériences personnelles de Jennie Nwokoye que les deux femmes se sont lancées dans le secteur, pour aider les populations vivant dans des zones reculées.
Elles ont pris en compte le taux de pénétration d’Internet, qui évolue certes, mais il est toujours inaccessible dans des endroits visés par les cofondatrices de Clafiya. Dans les faits, un code USSD a été mis au point (*347*58 #) et permet d’accéder aux services de la healthtech sans avoir à télécharger une application. C’est donc en lançant ce code que l’utilisateur pourra s’inscrire sur Clafiya en renseignant un certain nombre d’informations personnelles. Après l’inscription il est possible de prendre des rendez-vous à tout moment et profiter des soins primaires rapides et abordables.
La healthtech propose divers forfaits tarifés entre 5 000 nairas (12 $) et 8 000 nairas. Ces forfaits offrent différents avantages comme le dépistage de l’hypertension et de la glycémie, la consultation pour des soins primaires, le test de diagnostic rapide pour le paludisme et la fièvre typhoïde, et en cas de pathologie grave, il y a une orientation vers un médecin spécialiste (virtuellement ou dans un établissement médical).
Adoni Conrad Quenum
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Depuis 2020, le groupe télécoms Orange a accéléré la réalisation de son ambition de devenir un opérateur numérique et multiservices en Afrique. Il a investi à cet effet dans de nombreuses expertises spécialisées qui contribuent à enrichir progressivement son offre de service.
L’opérateur de téléphonie mobile Orange Côte d’Ivoire lance sa plateforme d’e-santé ce lundi 13 juin dans le pays. Baptisée Orange Santé, le service a été développé en partenariat avec DabaDoc, une start-up marocaine dans laquelle Orange a investi en juin 2021.
La solution numérique permettra la prise de rendez-vous en ligne. D’autres services innovants tels que le paiement des consultations à distance par la diaspora, le dossier médical numérisé ou la téléconsultation s’ajouteront progressivement d’ici 2023.
Orange Santé s’adresse tout particulièrement aux établissements de soins ivoiriens, puisqu’elle leur permet d’être référencés sur la plateforme et de numériser la gestion de leur centre de soins, depuis la prise de rendez-vous en ligne jusqu’à la création du dossier médical digitalisé du patient. La plateforme permet ainsi d’assurer, aux professionnels de santé adhérents, de la visibilité, une meilleure gestion du flux et d'optimiser leur organisation.
Le lancement d’Orange Santé en Côte d’Ivoire s’inscrit dans la stratégie du groupe Orange à devenir un opérateur digital de référence et un acteur clé de l'e-santé en Afrique et au Moyen-Orient. DabaDoc, qui fait ses preuves au Maghreb depuis 8 ans et qui a apporté une réponse à la problématique d’accès limité et inégal à la santé pour les populations africaines, a convaincu Orange de son expertise pour pallier le déficit de médecins qui perdure sur le continent (1 médecin pour 1 000 habitants) et touche plus durement les régions rurales.
Après la Côte d’Ivoire, la plateforme Orange Santé sera lancée dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne d’ici 2023. Le service est déjà disponible au Maroc, en Tunisie et en Algérie depuis plusieurs années.
Muriel Edjo
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