Le jeune Camerounais veut apporter les soins de santé au plus grand nombre de personnes dans le pays grâce à son application numérique OuiCare. Le Sénégal est déjà dans son viseur.
Les envies d’immigration qu’Emmanuel Assom (photo) entretenait, il y a près de huit ans, ne sont plus aujourd’hui qu’un souvenir. La healthtech OuiCare qu’il a lancée il y a près de six ans, pour améliorer l’accès des patients aux soins de santé avec le numérique, prend ses marques auprès des utilisateurs et des médecins. Elle l’occupe beaucoup et le passionne. Fin 2021, il indique qu’elle enregistrait déjà 3 000 clients abonnés, sur un effectif de plus de 20 000 utilisateurs.
Emmanuel Assom a développé OuiCare, à la base comme un carnet de santé électronique, pour remplacer le carnet papier et permettre au patient d’avoir toujours à disposition ses informations médicales sur smartphone ou ordinateur. Ainsi, le patient peut être reçu dans une structure hospitalière, peu importe la ville ou le pays dans lequel il se rend. Cette idée a germé dans son esprit après le décès de son père. Malade, il est mort dans un centre de santé où il s’était rendu en urgence sans son carnet médical. Emmanuel estime que le médecin aurait pu agir plus rapidement s’il avait pu accéder à son historique médical.
Le jeune Camerounais formé en maintenance informatique – qui travaillait comme agent d’entretien dans une structure de la place et dépannait des ordinateurs – utilise l’argent qu’il avait économisé pour émigrer en Europe pour s’associer avec quelques amis. En 2016, ils fondent ASTA (Advanced and Suitable Technologies for Africa), une entreprise de développement d’applications web et mobile pour entreprises et particuliers. Grâce à ce premier investissement, OuiCare a vu le jour.
Aujourd’hui, après plusieurs améliorations, OuiCare est désormais composé de deux plateformes. La première, pour les patients, leur permet d’accéder aux médecins, d’accéder à la téléconsultation, à leurs données médicales. La seconde, réservée aux médecins, leur permet d’effectuer le suivi des patients, de gérer leur traitement. La start-up, basée à Yaoundé et Douala, prépare d’autres améliorations comme la géolocalisation des pharmacies.
En 2021, Emmanuel Assom a remporté le prix Orange de l’entrepreneur social des TIC en Afrique et au Moyen-Orient (Poesam). La healthtech a bénéficié ainsi d’un prix de 25 000 euros et d’un accompagnement chez les incubateurs Actives Spaces au niveau national et Bond'innov en France. Elle vient également d’intégrer le Cameroon digital innovation center (CDIC), le nouvel incubateur lancé le 8 février 2022 par le gouvernement. Avec sa trentaine de médecins déjà enregistrée, OuiCare souhaite étendre ses services à toutes les régions du Cameroun, puis à d’autres pays africains, à l’instar du Sénégal où des procédures administratives ont déjà été engagées.
Ruben Tchounyabe
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Fondateur d’Insightiv, une plateforme de télémédecine, cet ingénieur en Machine Learning a décidé de mettre ses capacités au service de l’amélioration de l’imagerie médicale dans les hôpitaux du Rwanda. Avec sa récente levée de fonds auprès de HealthTech Hub Africa, il espère une collaboration avec le système de santé publique.
Alors qu’il était étudiant au Massachusetts Institute of Technology (MIT) aux Etats-Unis, Audace Nakeshimana (photo) a fondé Insightiv en 2019, une start-up spécialisée dans l'intelligence artificielle et la téléradiologie. En plus de ses fonctions de directeur exécutif, il occupe également un poste d’ingénieur chez Apple depuis septembre 2020, où il est spécialisé en Machine Learning. Sa start-up, il a choisi de l’établir au Rwanda pour impliquer les talents locaux dans le développement de la technologie et s'assurer que la solution peut se concentrer sur la résolution du problème dans un contexte africain.
C’est pour faciliter l'accès aux diagnostics par imagerie médicale qu’Audace Nakeshimana a fondé Insightiv. « En grandissant, nous avons entendu des histoires de gens qui étaient malades et qui ne savaient pas ce qu'ils avaient. Puis cette personne rentrait chez elle et finissait par mourir […] ma grand-mère en fait partie, ainsi qu'une de mes tantes. Si l'on y regarde de plus près, beaucoup de gens meurent à cause du manque de moyens de diagnostic », a-t-il affirmé.
Insightiv développe une technologie avancée pour aider les radiologues à détecter plus rapidement les maladies potentiellement mortelles, rendant ainsi l'imagerie médicale opportune et accessible. La solution, riche en fonctionnalités, fournit des outils basés sur les diverses modalités de visualisation de l'image, ce qui permet aux spécialistes de l'imagerie médicale d'accéder à une large gamme d'outils pour une meilleure analyse. Elle leur permet de créer et de soumettre des rapports à l'aide d'une plateforme unique. En tant que système basé sur le cloud, la plateforme Insightiv Diagnostics aide le personnel de santé à se concentrer sur les soins aux patients plutôt que sur les questions techniques.
Courant 2020, Audace Nakeshimana a été finaliste du PKG Center’s IDEAS Social Innovation Challenge, et a reçu un financement de 16 000 dollars. En décembre 2021, il a remporté le concours de HealthTech Hub Africa et obtenu 30 000 dollars. L’entrepreneur entend utiliser ce financement pour améliorer son service et se rapprocher des législateurs afin de collaborer avec le système de santé publique.
Dans 10 ans, il projette d’atteindre 10 % de la population rwandaise avec sa solution de diagnostic rapide.
« Si vous regardez aujourd'hui, le système de soins de santé actuel n'a la capacité de diagnostiquer qu'environ 200 000 à 300 000 patients […] Nous pensons que si une organisation privée comme Insightiv peut prendre en charge 10 % de la population, cela signifie que nous ferions plus que ce que le système national de soins de santé fait aujourd'hui. C'est un objectif ambitieux, mais réaliste », conclut-il.
Aïsha Moyouzame
Déjà présente dans six Etats, la start-up veut conquérir de nouveaux territoires au Nigeria. Elle nourrit également l’ambition de s’ouvrir à de nouveaux pays dans la sous-région d'Afrique de l’Ouest.
La start-up nigériane Remedial Health a annoncé, lundi 14 février, la réussite d’un tour de table de pré-amorçage d’un montant de 1 million $. Le financement lui permettra d’étendre sa chaîne d’approvisionnement numérique en médicaments à un plus grand nombre de pharmacies, ainsi que sa solution de paiement différé (BNPL).
Fondée en 2019 par Samuel Okwuada (photo, à droite) et Victor Benjamin (photo, à gauche), la start-up fournit une gamme de solutions technologiques qui facilitent l’accès des pharmacies et des prestataires de soins de santé aux médicaments, consommables et dispositifs médicaux de qualité et abordables. Elle propose aussi un financement des stocks et une solution de gestion efficace des opérations pharmaceutiques et des clients en Afrique.
Avec les 1 million $ obtenus au cours de sa levée de fonds menée par Global Ventures et Ventures Platform, avec la participation d’Ingressive Capital, Voltron Capital et d’autres investisseurs dont Victor Asemota de la licorne Flutterwave, Remedial Health veut s’étendre davantage au Nigeria d’ici la fin de l’année. La start-up qui est déjà présente dans 6 Etats du pays souhaite aussi s’ouvrir à d’autres nations de la sous-région ouest-africaine. Pour mûrir davantage sa stratégie de croissance, Remedial Health va rejoindre la cohorte Hiver 2022 de l’accélérateur Y Combinator basé aux Etats-Unis.
En août 2021, la start-up revendiquait déjà 300 pharmacies affiliées à sa chaîne d’approvisionnement numérique. Samuel Okwuada explique qu’à travers ces diverses solutions, Remedial Health répond aux besoins des pharmacies en s’assurant « qu’ils obtiennent les produits quand ils en ont besoin. Ainsi, ils n’ont pas à se rendre au marché et à perdre du temps en passant par 20 à 30 distributeurs individuels pour acheter tous les médicaments et fournitures dont ils ont besoin ».
En ce qui concerne la solution de BNPL, selon Samuel Okwuada, « les pharmacies n’ont pas à payer les produits à l’avance ; dans certains cas, ils paient des acomptes, peut-être 20 %, puis paient le solde au fil du temps, mais en fonction la façon dont nous les connaissons, cela peut même être un financement à 100 % ». Remedial Health est accessible sur le Web et via une application mobile téléchargeable sur Google Play et App Store.
Adoni Conrad Quenum
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En Afrique, la digitalisation entraîne des changements importants dans le fonctionnement traditionnel de plusieurs secteurs stratégiques. Du commerce à l'agriculture en passant par l’éducation, c'est une multitude d'opportunités qui s'offre aux différents acteurs grâce aux innovations technologiques. We Are Tech vous dévoile le potentiel de ces transformations à travers plusieurs secteurs clés. Le premier épisode de la série s'intéresse à la santé.
Selon l’édition 2021 des statistiques sanitaires mondiales de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Afrique compte trois médecins pour 10 000 habitants et se classe dernière pour le taux de couverture sanitaire au niveau mondial. En 12 ans, le déficit de personnel soignant ne s’est d’ailleurs pas beaucoup amélioré puisque la région comptait 2 médecins pour 10 000 habitants en 2009. Cette statistique reflète la triste réalité que partagent plusieurs pays d’Afrique où le système de santé se caractérise encore par un manque de personnel qualifié et de plateau technique adéquat. Mais depuis quelques années, à la faveur de la quatrième révolution industrielle, une flopée d’initiatives voit le jour portée par des start-up en quête de solutions efficaces à l’accès aux soins de qualité sur le continent.
IA, télémédecine, …
Au Rwanda, Insightiv Technologies, a développé ainsi une plateforme utilisant une technologie de pointe associant l’intelligence artificielle et l’imagerie médicale pour aider les radiologues à « détecter plus rapidement les maladies potentiellement mortelles ».
Les healthtech constituent le 2e secteur tech le plus investi en Afrique après les fintech.
Il faut noter que l'utilisation de l'intelligence artificielle dans le système de santé fait déjà ses preuves sur le continent, notamment en Tunisie où Saoussen Ayari, cofondatrice de AI Diagnosis Vision, explique qu’elle contribue à résoudre les retards et les imprécisions dans les diagnostics liés essentiellement à « l’inégalité de répartition des machines radiologiques standards et spécifiques sur le territoire tunisien ».
Il faut noter que l'utilisation de l'intelligence artificielle dans le système de santé fait déjà ses preuves sur le continent.
C’est d’ailleurs conscient de l’impact que la multiplication et la démocratisation de ce type de solutions peut avoir sur le niveau de bien-être des populations dans plusieurs pays du continent, que l’organisme fédéral américain The National Institutes of Health a décidé en 2021 d’investir 74,5 millions $ afin de soutenir la recherche médicale basée sur l’IA et l’analyse de données en Afrique.
Au Cameroun la startup Waspito, lancée par Jean Lobé Lobé, a développé une plateforme mobile de télémédecine utilisant la géolocalisation. Elle met en relation les patients avec des médecins, des hôpitaux et laboratoires et facilite la prise de rendez-vous pour une consultation ou le prélèvement d’échantillons pour analyse. La solution garantit ainsi aux malades l’accès à un spécialiste de la santé et lui évite de longues files d’attente. Waspito qui veut devenir le « Facebook de la santé » en Afrique offre aussi une plateforme de discussions entre patients et praticiens dans un souci de sensibilisation et d’éducation. Les patients peuvent aussi parler à leurs médecins via des appels vidéo.
Waspito veut devenir le « Facebook de la santé » en Afrique.
Au Bénin, l’application goMediCAL offre un service similaire, centré sur la prise de rendez-vous chez le médecin et la téléconsultation. Elle donne aussi la possibilité de prendre rendez-vous pour un proche et de payer la consultation. L’application dispose aussi d’une fonction qui rappelle au patient ses heures de prise de médicaments qu’il peut d’ailleurs acheter en ligne en consultant une liste de pharmacies ouvertes.
Même l’accès aux médicaments est déjà facilité par la technologie. Au Rwanda, AFIAPHARMA a développé une plateforme web et une application mobile sur laquelle le patient peut commander le produit dont il besoin et se faire livrer à domicile.
Un écosystème healthtech bouillonnant
Quelque peu timide par le passé, le secteur de la healthtech a connu une véritable transformation en 2020 et 2021 grâce à la Covid-19 qui a révélé son importance dans la fourniture des services de santé, même en période de crise. Alors que les start-up africaines ont levé environ 4,4 milliards $ l’année dernière, soit plus du double des financements de 2020, la part captée par celles actives dans le secteur de la santé a également augmenté. Elle a dépassé les 300 millions $, soit 8% du montant total capté par les startups en Afrique, selon les données relayées par Techpoint. Une performance qui représente le triple du total des financements obtenus par le secteur de la healthtech en 2020.
Alors que les start-up africaines ont levé environ 4,4 milliards $ l’année dernière, soit plus du double des financements de 2020, la part captée par celles actives dans le secteur de la santé a également augmenté. Elle a dépassé les 300 millions $, soit 8% du montant total.
Mieux, ce montant est supérieur au total des deux années précédentes, ce qui donne une idée de la progression enregistrée en 24 mois. Alors que le segment healtech (et biotech) n’était pas sur le podium des secteurs les plus soutenus par les investisseurs il y a deux ans, il occupe désormais la deuxième place, derrière l’indétrônable segment des entreprises de technologies financière (fintech). Le dynamisme de ce secteur et son impact potentiel sur le développement en Afrique sont sans doute quelques unes des raisons qui ont poussé la fondation Novartis, en collaboration avec la Fondation norvégienne Norrksen, à lancer l’année dernière son HealthTech Hub Africa au Rwanda.
Le HealthTech Hub Africa au Rwanda
L’incubateur est installé dans les locaux de la Norrksen House à Kigali, où la Fondation souhaite consacrer 200 millions $ pour favoriser l’émergence des prochaines licornes africaines.
Démocratiser l’accès aux solutions
Bien que le nombre d’initiatives numériques de fourniture de soins de santé se multiplient à travers l’Afrique, de nombreux défis restent à relever pour leur permettre d’améliorer les conditions de vie de millions de personnes. La grande majorité des innovations actuelles s’adressent surtout à un public habitué à utiliser internet et les smartphones, sur un continent où le taux de pénétration de l’internet mobile n’est encore que de 28%. Pour les populations rurales, c’est un obstacle majeur. De plus, la plupart des healthtech du continent proposent actuellement des solutions reposant sur la proximité avec des infrastructures de santé déjà établies, en milieu urbain et essentiellement privées. Un autre obstacle à l’accès aux soins en milieu rural.
Faciliter le développement des healthtech en Afrique, pour améliorer l’accès des populations aux soins, requiert aussi un meilleur cadre réglementaire propice à des services de qualité, sécurisés.
Emiliano Tossou
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En 2020, le gouvernement mauricien a adopté un nouveau programme quinquennal de développement. Il fait de l’amélioration du bien-être des populations par le biais des technologies de l’information et de la communication une priorité.
Le programme des Nations unies pour le développement (PNUD) accompagne le gouvernement de Maurice dans l’acquisition d’un système national de santé numérique. Un accord de collaboration a été signé à cet effet entre les deux parties mercredi 26 janvier à Port-Louis. Le ministère mauricien de la Santé et du Bien-être a déclaré que l’adoption par le pays de solutions technologiques contribuera à la continuité de soins de haute qualité à des coûts abordables, centrés sur l'utilisateur tout en favorisant la promotion de niveaux plus élevés d'efficience et d'efficacité internes.
Kailesh Kumar Singh Jagutpal (photo), le ministre de la Santé et du Bien-être, a révélé que la contribution financière du PNUD au projet s’élevait à plus de 2,7 millions $. Le gouvernement japonais y a également contribué à hauteur de 418 000 $. Ces sommes s’ajoutent aux plus de 3 millions $ mobilisés par le gouvernement mauricien pour la concrétisation de ce projet à fort impact social.
Le système de santé numérique ouvrira de nouvelles voies et guidera la planification, l'allocation, le suivi et l'évaluation des ressources, a affirmé Kailesh Kumar Singh Jagutpal qui a ajouté « qu'il offrira également la technologie requise pour améliorer les niveaux de sensibilisation à la santé des citoyens, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle ère dans la prestation des soins de santé à Maurice ».
Durant la Covid-19 et ses restrictions sociales et sécuritaires en 2020, l’écosystème sanitaire mauricien s’est heurté à de nombreux défis qui ont mis en exergue les difficultés d’accès aux soins de santé de qualité pour une grande partie de la population. L’e-santé, composante du Plan stratégique 2020-2024 pour le développement du secteur de la santé lancé le 12 août 2020, est la solution qu’a adoptée le gouvernement pour y faire face avec plus d’efficacité. Dans le pays, le taux de pénétration d'Internet en 2020 avait déjà atteint 68 %, selon We Are Social et Hootsuit dans leur Digital Report 2020.
Hormis l’appui financier que le PNUD apporte au gouvernement mauricien, l’agence compte également apporter son soutien dans la réalisation du projet national en sollicitant des manifestations d'intérêt d'organisations et de consortiums pour la mise en œuvre de la solution nationale d'e-santé. Cela permettra à Maurice de faire son choix parmi les meilleures expertises.
Muriel Edjo
Incubée il y a peu au Next Health Accelerator, la plateforme se projette déjà au Kenya et au Nigeria. Elle garde à cœur son ambition d’apporter les soins au plus près d’un plus grand nombre de personnes en Afrique.
Rocket Health est une plateforme de santé numérique développée et lancée en 2018 par The Medical Concierge Group, une clinique, un laboratoire et une pharmacie autorisés et enregistrés en Ouganda. Accessible par USSD et SMS sur téléphone mobile basique ; par WhatsApp ou directement en ligne sur smartphone, tablette ou ordinateur, elle propose diverses prestations 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Rocket Health, fruit de la collaboration entre les docteurs Davis Musinguzi, John Mark Bwanika, William Lubega et Hope Achiro, a été lancé en réponse aux problèmes d'isolement des établissements de santé, des longues files d'attente, des faibles ratios médecins/patients et du manque d'accès à des informations crédibles sur la santé.
« Le ratio médecin-patient en Ouganda est maintenant de 1/2500. Cela signifie qu'un si grand nombre de personnes n'ont pas accès à des soins de santé de qualité, et il n'y a pas que les médecins. Les pharmaciens et les services de pharmacie ou les services de laboratoire sont également très difficiles à trouver pour la plupart des gens. Et s'ils le font, il y a de longues files d'attente dans les cadres traditionnels », explique Hope Fortunate Achiro, directrice des services pharmaceutiques de Rocket Health.
Sur Rocket Health, les utilisateurs peuvent entre autres se faire consulter à distance par des médecins, contacter une équipe médicale pour des prélèvements d’échantillons de laboratoire à domicile, se faire livrer des médicaments, faire vacciner les enfants. Les utilisateurs peuvent également, à travers le centre d'appels, obtenir un soutien sur les questions de santé sexuelle et reproductive (SSR) ou accéder à une e-boutique où acheter et se faire livrer des produits comme les préservatifs, la contraception d'urgence, les autotests de VIH, etc. Le tout dans un environnement privé et confidentiel.
Rocket Health est actuellement accessible à Kampala. La solution qui a bénéficié en 2021 de six mois d’incubation au sein du Next Health Accelerator (NHA), un accélérateur d'innovation en santé conçu par Intrepid Entrepreneurs pour les entrepreneurs africains, et d’un fonds d’amorçage de 15 000 $ rêve plus grand. Ses promoteurs veulent étendre sa portée au Grand Kampala, puis à tout le pays et l’ouvrir ensuite au Kenya et au Nigeria où le service a déjà une présence légale enregistrée. Rocket Health a remporté plusieurs récompenses, dont le prix de la start-up de l’année 2021 et celui de la meilleure start-up de l’année 2021 dans la santé, décernés par Start-up Uganda lors du Kampala Innovation Week organisé en partenariat avec le Fonds d’équipement des Nations unies (UNCDF).
Ruben Tchounyabe
En décembre 2021, la jeune entreprise technologique orientée dans les services de santé a reçu 20 000 $ pour financer son développement. Elle demeure déterminée à fournir aux malades une prise en charge de qualité.
Klarah est une start-up d’e-santé qui permet aux utilisateurs de recevoir des soins de qualité à domicile. Son principe est de mettre des patients en relation avec des infirmiers à proximité, grâce à sa plateforme accessible en ligne. Elle propose divers services dont le soin de plaies, les bilans de santé, les soins pour diabétique, hypertendu, les soins post-hôpital, l’éducation des patients.
Ce projet basé à Buea, dans la région Sud-Ouest du Cameroun a été développé par Innocentia Kwalar (photo, au centre), une infirmière riche d’une vingtaine d’années d’expérience. Il lui a été inspiré il y a quelques années. Son père était malade, son frère installé en Allemagne, en manque d’informations sur l’évolution de son état de santé et inquiet, a dû se déplacer pour le voir. La fratrie embauche alors une infirmière qui s’occupera du père à domicile jusqu’à son rétablissement complet. Après cette expérience, Innocentia Kwalar se dit que si son frère s’est autant inquiété pour la prise en charge de leur père, alors d’autres Africains installés à l’étranger ont les mêmes préoccupations pour des membres de leur famille restés au pays.
« Lorsqu’infirmières et patients s’inscrivent, nous sommes en mesure de les jumeler en fonction de leur proximité, mais surtout en fonction des besoins du patient et de l’expérience de l’infirmière », explique la fondatrice de Klarah.
Le nombre d’infirmières enregistrées à ce jour sur la plateforme avoisine 200. Innocentia Kwalar indique que ce nombre est déjà supérieur à celui de la plupart des hôpitaux du pays. Elle soutient que sa solution vient répondre à un problème de prise en charge sanitaire en Afrique où plus de 25 milliards $ sont dépensés chaque année en factures médicales, mais où les hôpitaux restent sous-financés, surpeuplés et difficilement accessibles. Avec Klarah, le suivi est personnalisé. L’idée est de bâtir le « Uber des infirmiers en Afrique », plaisante l’innovatrice, qui annonce le développement d’un réseau de médecins qui viendra enrichir Klarah. Ces professionnels consulteront les patients à l’aide d’applications mobiles.
Le 2 décembre 2021, la start-up a remporté le 3e des cinq prix mis en compétition par HealthTech Hub Africa. Elle a reçu la somme de 20 000 $ et a intégré l’accélérateur de projets d’e-santé soutenu par la Fondation Novartis, en collaboration avec la Fondation Norrsken, basée à Kigali au Rwanda.
Ruben Tchounyabe
Avec la Covid-19, les solutions de santé numériques ont fleuri sur le continent. Au Gabon, elles séduisent de plus en plus, avec le fort taux de pénétration d’Internet dont jouit le pays. Pour les populations rurales éloignées des spécialistes de santé, elles deviennent progressivement des alternatives viables.
YUbile Technologie, start-up gabonaise de prestation de services informatiques, lauréate du concours eStartup Challenge en avril 2021, annonce le lancement de son application d’e-santé baptisée Hosto. La solution numérique qui met en relation les patients et les professionnels de la santé, disponible en ligne sur PlayStore, App Store et sur la plateforme www.hostosante.com, sera officiellement présentée au public mercredi 27 janvier lors d’une cérémonie prévue à l’auditorium Arambo du ministère de l’Economie à Libreville.
« Hosto est une plateforme d’e-santé qui s’adresse à la fois aux malades, aux personnes en bonne santé, aux professionnels du domaine et aux décideurs. Sa principale vocation est l’amélioration de la santé des populations par la mise à disposition de services utiles et innovants », indique YUbile Technologies.
Pour les professionnels de la santé, l’application web et mobile contribue à un meilleur suivi de leurs activités. Ils s’y inscrivent gratuitement et peuvent ensuite coordonner leur travail à travers plusieurs outils de gestion qui leur donnent une visibilité sur les dossiers des patients, les rendez-vous et consultations, les diagnostics et traitements, le stock de matériel médical disponible, les statistiques sur l’activité, etc.
Pour les usagers, Hosto offre diverses fonctionnalités qui facilitent entre autres la prise de rendez-vous à distance avec un professionnel de la santé, la recherche des médicaments en pharmacie, la localisation d’un laboratoire pour des examens médicaux spécifiques, les téléconsultations, l’acquisition d’un carnet de santé virtuel qui aide les médecins à une meilleure prise charge.
Selon les données de Perspective Monde, site de l'École de politique appliquée de l'Université de Sherbrooke au Canada qui compile les données sur les grandes tendances mondiales, le Gabon comptait 6,8 médecins pour 10 000 habitants en 2017. Dans son document de statistiques mondiales 2009, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) jugeait peu convenables les interventions essentielles en matière de soins de santé primaires dispensés à 10 000 habitants par moins de 23 professionnels de santé.
Avec un taux de pénétration d’Internet de 126,15% en juin 2021 selon l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) du Gabon, Hosto offrira aux populations, aussi bien rurales qu’urbaines, un accès plus aisé aux spécialistes de la santé.
Adoni Conrad Quenum
Lorsqu’une personne doit être prise en charge en urgence par une équipe médicale, le médecin a besoin sans attendre de la meilleure information possible sur l’état de santé du patient. Est-il diabétique ? Est-il sujet à des allergies ? Présente-t-il une fragilité cardiaque ? C’est pour apporter des réponses immédiates à toutes ces questions que Corine Ouattara a inventé le Pass Santé Mousso.
Son idée est née de sa propre expérience de malade en France. Lauréat du Challenge App Afrique 2020 organisé par RFI, le service qui est déjà disponible au Mali couve une expansion à l’échelle du continent.
Le mardi 18 janvier, Amara Diawara (photo) a annoncé un partenariat avec Synapse Medicine, entreprise française de logiciels de santé qui permettra à la start-up Afriqcare, dont il est co-fondateur aux côtés de Mariam Coulibaly, d'améliorer davantage les services fournis aux populations.
A travers sa plateforme destinée aux professionnels de la santé et aux patients, le tech entrepreneur, détenteur d’un doctorat d’Etat en médecine de l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry, veut révolutionner l’accès aux soins de santé dans son pays la Guinée. Le reste de l’Afrique de l’Ouest est également sa cible.
Afriqcare permet la prise de rendez-vous en ligne, la téléconsultation, la téléexpertise, tout en donnant aux médecins l'accès au dossier médical du patient grâce à un livret de santé et à un carnet de vaccination électronique. Avec environ 37 spécialités médicales recensées actuellement sur sa plateforme, Afriqcare est déjà disponible à Conakry en Guinée et à Bamako au Mali.
La solution numérique a germé dans l’esprit d’Amara Diawara alors qu’il suivait des soins pour une tumeur au poumon en France où il s’était envolé en 2015 pour faire un master en santé publique, après avoir travaillé à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le cadre de la riposte contre l’épidémie d'Ebola dans son pays. Durant son traitement, il découvre l’utilisation d’outils numériques pour le suivi de soins et veut les appliquer sur le continent africain.
« Je me suis dit qu'il fallait donner aux patients et aux professionnels de santé africains le moyen d'interagir avec des outils numériques. Quand je recevais mes patients, une fois sorti de l'hôpital, je n'avais plus d'informations sur leur parcours. Il fallait que ça change », déplorait-il. En 2020, Afriqcare voit le jour.
En gagnant le prix Challenge App Afrique 2020 de RFI, Amara Diawara a pu bénéficier d'un financement de 15 000 euros. Il expliquait en février 2021, lors de la remise des récompenses, que l’argent servirait à développer une nouvelle version améliorée de l'application Afriqcare.
« Nous allons rendre l'application plus facile d'utilisation, afin qu'elle soit accessible même avec un faible débit d'Internet. La nouvelle version sera également plus fiable et plus sécurisée », pour atteindre l'objectif de devenir leader du secteur de la santé numérique en Afrique francophone d’ici 2025, indiquait-il.
Aïsha Moyouzame