Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’accès des populations africaines aux médecins demeure encore en dessous des standards internationaux. Pour y remédier, les solutions d’e-santé et de m-santé se multiplient tout comme des partenariats stratégiques.
Zuri Health, start-up kényane spécialisée dans les solutions de soins de santé, a annoncé en décembre, son expansion au Sénégal grâce à un partenariat avec l’opérateur télécom Expresso. L’objectif est d’améliorer l’accès des populations aux soins de santé à des prix abordables, depuis leurs plateformes mobiles et web.
Arthur Ikechukwu Anoke, le fondateur de Zuri Health, explique que sa Start-up « propose des consultations médicales par SMS afin de prendre en charge plus de 65 % de la population qui n’ont pas accès aux smartphones ou à l’internet ». Pour entrer en contact avec un médecin, les abonnés Expresso devront d’abord envoyer un mot-clé par SMS au 28008. Ils pourront par la suite exposer plus en détail leur maux au professionnel de santé indiqué. Le coût du SMS s’élève à environ 0,05 $.
L’option SMS est jugée plus intéressante qu’Internet parce qu’elle requiert la technologique de l’USSD qui fonctionne sur tout type de téléphone mobile et permet l’accès du plus grand nombre au service. L’accès au service via Internet mobile est encore un défi en Afrique.
Selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA), dans son rapport « L’Economie Mobile Afrique Subsaharienne 2021 », le taux de pénétration d’Internet mobile en Afrique subsaharienne est encore faible (28 %) à cause de la cherté du Smartphone. Dans son rapport « From luxury to lifeline: Reducing the cost of mobile devices to reach universal internet access», l’Alliance for Affordable Internet (A4AI) indique que le prix moyen d’un smartphone en Afrique est de 62 USD. Soit 62,8% du revenu national brut mensuel par habitant.
La solution de santé mobile et électronique qu’introduit Zuri Health au Sénégal n’est pas nouvelle sur le continent. L’opérateur ougandais Rocket Health propose également des services similaires en Ouganda et au Kenya.
Il s’agit d’alternatives intéressantes pour les populations africaines. Au Sénégal, le chef de la division de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences du ministère de la Santé et de l’Action sociale, Moussa Diamanka, révèle que le ratio médecin par habitant était de 1 pour 10 000 en 2018. Un chiffre en dessous des objectifs de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui recommande au moins 23 personnels de santé pour le même nombre d’habitants.
Adoni Conrad Quenum
Détentrice d’un doctorat en santé publique et systèmes de santé, l’Ougandaise a réussi à étendre la présence de sa Start-up dans quatre pays d’Afrique en moins de 2 ans. Plus que jamais engagée à améliorer la santé sexuelle et reproductive sur le continent, elle vise aussi un meilleur accès des populations à des soins plus spécialisés.
Margaret Mutumba est une innovatrice technologique spécialisée dans le domaine de la santé. Elle a grandi en Ouganda, avant de s’envoler en 2004 pour l’Angleterre, puis le Canada bien plus tard pour continuer ses études. Ses vingt années d’apprentissage et d’expérience professionnelle acquises dans le secteur de la santé reproductive, elle a décidé de les investir dans l'accès aux soins de fertilité en Afrique. C’est ainsi qu’elle a créé la Start-up MedAtlas en 2020, grâce à un financement de 5000 $ accordé par le Concept Grad Fund de l’université de Waterloo au Canada où elle étudiait en vue d’obtenir un doctorat en santé publique et systèmes de santé.
L’idée de créer MedAtlas est née suite aux difficultés des populations pour accéder aux soins de fertilité, constatées sur le terrain par Margaret Mutumba lors de ses fonctions comme directrice des opérations puis directrice générale du Women's Hospital International and Fertility Centre de Kampala, en Ouganda, de 2011 à 2018. Elle a également été consultante séniore pour le SALI International Hospital de Dar es Salaam en Tanzanie et du Kigali IVF and Fertility Centre du Rwanda, de juin à décembre 2015. D’après Margaret Mutumba, 70 millions de personnes sur le continent africain sont touchées par l'infertilité.
MedAtlas est dans son essence une plateforme de télémédecine à travers laquelle les patients peuvent consulter un spécialiste de partout en Afrique. La plateforme a pour objectif de créer un réseau numérique de spécialistes agréés afin de proposer des soins de qualité à des prix accessibles pour la majorité. Margaret Mutumba s’est rendue en Ouganda en 2021 pour achever le développement du prototype. Une fois cette étape terminée, la construction de l’application de santé mobile a été entamée.
Les soins de fertilité fournis à travers MedAtlas prennent en compte aussi bien l’aspect physique que psychologique de la question. La conceptrice estime que l'utilisation de la technologie numérique rend plus pratique les consultations avec des spécialistes étrangers, en plus d’apporter de l’intimité à tout le processus de prise en charge.
En moins de 2 ans de conception, MedAtlas compte déjà une dizaine de médecins desservant quatre pays, notamment l’Ouganda, la Zambie, la Tanzanie et le Rwanda. Margaret Mutumba ne compte pas s'arrêter sur sa lancée. Elle a l’ambition de développer davantage la solution MedAtlas afin qu'elle offre des soins plus spécialisés sur tout le continent. Elle envisage désormais une expansion aux pays d'Afrique de l'Ouest, et d'ajouter 20 médecins supplémentaires à l'équipe.
« Les liens que j'établis grâce à Waterloo et à Concept me permettront d'avoir un impact au niveau international (…) Je veux que MedAtlas crée l'avenir des soins de santé spécialisés en Afrique », conclut-elle.
Aïsha Moyouzame
Au Tchad, il y a seulement 2 000 médecins pour près de 17 millions d’habitants. Pour l’entrepreneur et ingénieur Abakar Mahamat, la solution se trouve dans les nouvelles technologies, avec sa plateforme e-santé Telemedan.
Telemedan, un outil de consultation en ligne, se présente sous la forme d’une borne médicale tactile dotée d’un logiciel et d’un kit d’objets médicaux. Le système est connecté à Internet pour permettre aux patients de bénéficier de consultations et de suivis médicaux à distance. Le dispositif les connecte à des spécialistes de santé pour des consultations, où qu’ils se trouvent. Il fournit un diagnostic et une ordonnance rédigée par le médecin, qui pourra être imprimée via la borne.
Abakar Mahamat, 23 ans, est le concepteur de Telemedan. Ce jeune ingénieur n’en est pas à son coup d’essai. Il a commencé dans l’entreprenariat avec « Kalakooka Games », un studio de développement de jeux mobiles pour Android, puis pendant la pandémie de Covid-19, il fabrique la « Box Nadif », une cabine de désinfection corporelle automatique fonctionnant à l’énergie solaire. Il a eu l’idée d’un outil de consultation à distance après avoir observé la difficulté de la prise en charge spécialisée des personnes nécessiteuses.
Avec une population de 17 millions d’habitants, le Tchad ne compte que 2 000 médecins environ. Ces statistiques sont loin de la norme de l’OMS qui recommande au moins 23 médecins pour 10 000 habitants. Cette situation est particulièrement difficile pour les populations rurales, pour qui l’accès à un hôpital ou un médecin relève du parcours du combattant, certaines effectuant le déplacement vers la capitale N’Djamena.
Disponible en ligne et adapté à toute classe sociale, le système médical virtuel Telemedan vient ainsi réduire les difficultés d’accès à des soins spécialisés de la population tchadienne.
« A travers une vidéoconférence, le médecin consulte son patient, et après diagnostic il procède à un ensemble d’examens qu’il juge nécessaire. Tout ceci, en faisant recours à des dispositifs médicaux essentiels connectés », a précisé le concepteur.
En 2020, le gouvernement tchadien avait annoncé l’instauration de la télémédecine dans les grands hôpitaux, dans le cadre de la coopération Tchad-Espagne. Telemedan pourrait s’inscrire dans les ambitions du pays de combler le manque d’infrastructures médicales.
Aïsha Moyouzame
Fin octobre dernier, les Etats-Unis ont décidé d’investir 74,5 millions $ dans la recherche médicale basée sur l’IA en Afrique. Si la capacité de l’intelligence artificielle à révolutionner le secteur de la santé est reconnue de tous, on hésite encore, sur le continent, à pleinement se lancer sur cette voie et profiter de toutes les opportunités qu’elle offre. Cependant, de jeunes entreprises africaines montrent le chemin et font office de pionniers. C’est le cas d’AI Diagnosis Vision, dont la cofondatrice Saoussen Ayari, médecin-dentiste, s’est entretenu avec l’Agence Ecofin au sujet de sa solution qui séduit déjà grand monde en Tunisie et qui pourrait bientôt être étendue à un autre pays du Maghreb.
Agence Ecofin : Comment définirez-vous AI Diagnosis Vision, quels enjeux ou opportunités sur le marché ont motivé sa création ?
Saoussen Ayari : AI Diagnostis Vision est une plateforme web basée sur l’intelligence artificielle qui fournit aux dentistes, aux hôpitaux publics et aux cabinets privés, un diagnostic précis et précoce de 20 pathologies à 92% de précision. La plateforme permet aussi de créer automatiquement un rapport de conclusions après la lecture de l’image radiologique. Elle offre également la possibilité de proposer et optimiser les recommandations de traitement en tenant compte des traitements précédents, grâce à l’Intelligence artificielle inversée.
« Face à l'énorme potentiel offert par l’IA, l'Afrique entend s'accrocher pour ne pas rater la marche du monde.»
Tout est organisé dans un système intelligent de gestion du cabinet. Les enjeux en Tunisie sont l’inégalité de répartition des machines radiologiques standards et spécifiques sur le territoire tunisien et leurs accès. Ce qui entraine un manque de précision dans le diagnostic et son retardement.
AE : Qu’est-ce qui fait la particularité de votre entreprise ?
SA : AI Diagnosis Vision a commencé comme un bootstrap avec deux ordinateurs portables et un scanner pour numériser les images radiologiques. Aujourd’hui, grâce à notre relation étroite avec l’université de médecine dentaire et d’autres partenaires cliniques, nous avons accès à l’un des plus grands ensembles de données de radiographies, de données cliniques, de données socio-démographiques.
Nos modèles d’apprentissage automatique de pointe détectent de nombreuses pathologies, outre les pathologies courantes, mais également les pathologies complexes et les restaurations avec une précision supérieure, ce qui apporte une valeur ajoutée significative aux dentistes, aux patients et aux sociétés dentaires.
« Nos modèles d’apprentissage automatique de pointe détectent de nombreuses pathologies, outre les pathologies courantes, mais également les pathologies complexes et les restaurations avec une précision supérieure. »
Les dentistes d’institutions cliniques renommées du monde entier fournissent la base de millions d’annotations dentaires qui constituent le fondement de nos modèles d’apprentissage automatique. Nous possédons une équipe et un réseau de partenaires appropriés pour réussir ce défi. Il s’agit d’un produit développé par des dentistes pour des dentistes.
AE : Comment la communauté des dentistes tunisiens a-t-elle accueilli votre solution ?
Les médecins-dentistes tunisiens pensaient que l’Intelligence artificielle allait les remplacer, mais le rôle assigné à l'Intelligence artificielle est d'aider et de soutenir le corps médical. L’IA et le Machine Learning font des erreurs. L’IA peut réduire le gaspillage et améliorer les résultats. Elle peut apporter transparence et confiance. Elle peut relier la santé bucco-dentaire à la santé systémique. Mais elle doit apprendre à faire ces choses. Tant qu’elle n'aura pas appris, elle fera des erreurs.
Notre responsabilité – celle de tous les prestataires de soins bucco-dentaires, de tous les membres d’un cabinet dentaire – est d'introduire cette nouvelle technologie de la bonne manière, de la guider, de la nourrir et de lui permettre de s'épanouir. Plus tôt nous accepterons, en tant que collectivité, ce rôle de gardiens de la technologie, plus tôt nous commencerons à l’utiliser pour porter les soins bucco-dentaires vers de nouveaux sommets.
« Cela signifie qu'aujourd'hui, lorsque l’aide au diagnostic de l’IA nous est présentée, nous devrions probablement ravaler notre fierté. »
Cela signifie qu'aujourd'hui, lorsque l’aide au diagnostic de l’IA nous est présentée, nous devrions probablement ravaler notre fierté. Ma fierté d'être un prestataire de soins bucco-dentaires ne devrait pas reposer uniquement sur ma capacité à interpréter une radiographie.
« L’Intelligence artificielle pourrait permettre d’améliorer le quotidien des patients.»
Si je peux utiliser un assistant numérique en mesure d’accélérer ce processus et le rendre absolument plus précis, plus efficace, plus transparent et plus normalisé, et si je peux le partager avec mon patient, pourquoi ne voudrais-je pas l’utiliser ? Parce que cela me permet de me concentrer sur des choses comme la planification du traitement généré par le visage, le diagnostic systémique, l’apprentissage de la connaissance de mes patients et l’élaboration d’options de plan de traitement mieux adaptées à leurs besoins.
AE : Vous espérez agrandir votre clientèle l’an prochain grâce notamment au passage à une intelligence artificielle qui analyse les radiographies en 3D. En dehors de ce développement, quelle sera la prochaine étape pour rendre votre solution plus performante ?
SA : En dehors de la construction 3D à partir d’une image 2D, nous travaillons sur l’amélioration de la précision de notre algorithme par l’apprentissage progressif et continu de l’algorithme, l’introduction d’autres facteurs dans la décision de diagnostic, l’augmentation des données, la lecture de plusieurs types d'images radiologiques, ainsi que l’image radiologique 3D, pour générer un rapport plus détaillé. Dans un avenir proche, nous allons introduire la détection des pathologies dermatologiques orales à partir d’une simple image et l’introduction de la réalité augmentée.
AE : A part la radiologie dentaire, envisagez-vous de proposer d’autres types de solutions dans d’autres domaines de la santé ?
SA : Nous envisageons de relier, grâce à l’Intelligence artificielle, la santé bucco-dentaire à la santé systémique, aux maladies cardiaques et à la dermatologie buccale ainsi qu’à l’esthétique. Du côté de la santé dentaire, nous allons nous développer pour pouvoir analyser différentes possibilités de traitement et déterminer le potentiel de réussite, la durée du cas, les matériaux qui seraient utilisés, les coûts et d'autres considérations.
Nous allons également aligner les opérations de la clinique avec un logiciel de veille économique qui peut inclure une évaluation personnalisée des patients, des traitements, des budgets, des performances cliniques, des ressources de formation, et ce grâce à l’Intelligence artificielle.
AE : Que pensez-vous de l’e-santé en Tunisie, et en Afrique ? Quels problèmes doivent résoudre des entreprises comme la vôtre pour être efficace ?
SA : Le secteur de la santé en Tunisie présente un potentiel réel, notamment au vu de la volonté des autorités tunisiennes de renforcer et moderniser les infrastructures médicales, ainsi que de digitaliser le secteur à travers la stratégie nationale Tunisie 2020. Malgré tout, cette effervescence constatée dans le monde de la santé et dans les universités de médecine, nous ne la constatons pas dans nos universités pour promouvoir l’Intelligence artificielle en santé. Il n’y a quasiment pas de cours ou de formations orientés vers l’utilisation de l’IA, du Big Data dans le cursus éducatif en médecine.
AE : De nombreuses études ont justement déjà été publiées, montrant le potentiel de l’intelligence artificielle pour le secteur de la santé. Que pensez-vous de cette technologie ?
SA : La raison pour laquelle l’IA a un tel potentiel est qu’elle représente un élargissement continu et illimité des connaissances, sans oubli, sans fatigue et sans que des détails insignifiants soient négligés. Les modèles informatiques de l’IA sont basés sur les plans de traitement et les résultats de centaines de milliers de dossiers de patients. L’IA peut offrir une grande précision grâce à un deuxième avis fondé sur une évaluation complète de milliers ou de millions de points de données, qu’il s’agisse d’images, de pathologies, d’antécédents du patient ou de commentaires du patient ou du fournisseur.
« La raison pour laquelle l’IA a un tel potentiel est qu’elle représente un élargissement continu et illimité des connaissances, sans oubli, sans fatigue et sans que des détails insignifiants soient négligés. »
Ces systèmes seront un jour en mesure de nous aider à comprendre la résilience biologique et l’expression phénotypique de nos patients, tout en nous aidant à prédire leur capacité à tolérer et à tirer un bénéfice maximal du traitement que nous leur prescrivons. Étant donné que les résultats les plus positifs possible pour les patients sont notre principal objectif, nous devrions vraiment attendre ce jour avec impatience.
AE : La situation en Tunisie va-t-elle évoluer à votre avis ? Pensez-vous que l’Afrique qui fait encore ses premiers pas dans l’utilisation de l’IA arrivera à bien exploiter cette technologie surtout pour résoudre ses problèmes d’accès aux soins ?
SA : L’Intelligence artificielle en Tunisie n’est aujourd’hui qu’au stade d’embryon, mais va petit à petit gagner la confiance des médecins et se faire une vraie place au sein des cabinets et hôpitaux. En adoptant la numérisation et les flux de travail numériques, nous allons renforcer l'efficacité de la communication analogique. Des décisions plus fondées sur des preuves découleront des informations produites par les systèmes d'IA. Et une fois que nous en serons là, le travail que nous faisons en tant que prestataires de soins bucco-dentaires, des hygiénistes aux chirurgiens en passant par les dentistes, deviendra beaucoup plus important pour la santé et le bien-être de nos patients. Ainsi, l’Intelligence artificielle pourrait permettre d’améliorer le quotidien des patients.
Face à l'énorme potentiel offert par l’IA, l'Afrique entend s'accrocher pour ne pas rater la marche du monde, comme en témoignent les investissements de plus en plus importants dans le domaine. Le domaine de la santé connaît une croissance exponentielle, et le Big Bata ainsi que le Machine Learning vont sûrement permettre de résoudre les problèmes de manque d'équipements spécialisés en radiologie.
AE : Avez-vous des plans d’expansion sur le continent à court terme ?
À court terme, d'ici le milieu de l'année 2022, grâce à nos partenaires, nous prévoyons de nous installer dans un autre pays de la région du Maghreb.
Propos recueillis par Louis-Nino Kansoun
Au cours de la dernière décennie, le gouvernement ghanéen a multiplié les actions pour freiner la prolifération des médicaments contrefaits dans le pays. Au regard des succès relatifs enregistrés par le passé, l’accent a cette fois été mis sur le numérique comme gage de traçabilité et d’efficacité.
Le vice-président de la République du Ghana, Mahamudu Bawumia (photo), a lancé le processus de numérisation des pharmacies. La première étape, le lancement officiel du cadre réglementaire régissant le programme national de pharmacie électronique, a été franchie avec succès le mercredi 22 décembre. La seconde étape, la mise en service de la plateforme d’e-pharmacie, interviendra au cours de l’année 2022. L’ensemble du programme contribuera à améliorer l’accès des populations aux médicaments de qualité.
La plateforme e-pharmacie, développée avec la contribution de plusieurs parties prenantes dont le Conseil de la pharmacie et la Société pharmaceutique, sera reliée à la base de données de la Food and Drugs Authority (FDA) pour authentifier l'approbation ou non des médicaments proposés ; vérifier les opérations de pharmacie non agréées ; réduire les disparités dans le coût des médicaments et minimiser certains problèmes administratifs et de livraison qui nuisent à l’activité des pharmaciens.
Mahamudu Bawumia a expliqué que la plateforme e-pharmacie est « une innovation de premier plan qui transformera l'accès aux soins pharmaceutiques au Ghana, complétant la tentative du gouvernement d'améliorer l'accès et la prestation des soins de santé à nos plus de 30 millions d'habitants […] L'innovation dans l'amélioration de l'accès aux pharmacies pour notre population grâce à la pharmacie électronique peut changer la donne en préservant l'avenir de nos jeunes et en garantissant un accès rationnel et responsable aux médicaments à une échelle que nous n'avons pas encore pu atteindre ».
En 2009, la FDA avait indiqué que pour les seuls antipaludéens le taux de contrefaçons était de 39,9%. Consciente de la probabilité que la proportion soit plus grande sur l’ensemble de l’industrie pharmaceutique, l’Autorité avait accepté en 2013 l’aide de la Chine pour identifier les médicaments de mauvaise qualité. En 2017, c’est l’aide de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) et du département américain de la Santé et des Services sociaux qu’elle avait acceptée pour le même objectif. La plateforme e-pharmacie du gouvernement s’inspire de l’idée développée par la Start-up ghanéenne m-Pedigree pour vérifier l’authenticité des médicaments. m-Pedigree a été désignée Grand Prix du Forum Netexplorateur 2011.
Le vice-président du Ghana estime que « le marché mondial de la pharmacie en ligne vaut aujourd'hui environ 81 milliards $ et qu'il devrait atteindre 244 milliards $ d'ici 2027. Avec la plate-forme nationale de pharmacie électronique, le Ghana fera partie de cette nouvelle économie numérique pharmaceutique ».
Muriel Edjo