Au cours des trois dernières années, les habitudes de consommation d’Internet ont changé sur le continent. Les populations ont découvert de nouveaux usages qui rythment aujourd’hui le quotidien de millions de personnes. Entre flexibilité, efficacité et sécurité, divers services voient le jour, mûrissent et dévoilent de nombreuses opportunités économiques. Cependant, pour saisir tous ces avantages, il est indispensable que les gouvernements définissent dès maintenant des règles de jeu adaptées.
En février 2023, la start-up estonienne de mobilité Bolt a annoncé un investissement de 500 millions € pour développer son activité en Afrique au cours des deux prochaines années. Elle désire créer des opportunités pour enregistrer plus de 300 000 nouveaux chauffeurs et coursiers sur son application mobile, seulement en 2023. Au Kenya, son principal marché, l’entreprise a prévu d’injecter 100 millions € pour étendre son service au-delà des 16 villes où il est déjà présent et dominer des concurrents tels que Farasi Cabs et Yego Global.
En juillet 2022, la capitale Nairobi avait d’ailleurs été retenue par Bolt pour abriter son quartier général régional. L’installation, qui devrait accueillir les cadres supérieurs exécutant des opérations en Afrique, servira également de base opérationnelle d'où sera piloté le développement des activités de l’entreprise dans la sous-région Afrique de l’Est.
Forte d’environ 900 000 chauffeurs qui transportent près de 47 millions de clients dans sept marchés africains que sont le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie, le Nigeria, le Ghana, l’Afrique du Sud et la Tunisie, Bolt renforce son intérêt en Afrique au regard de la maturité qu’enregistre progressivement le segment de marché de la réservation de taxi et véhicule avec chauffeur en ligne sur le continent. Cela s’est traduit au cours des cinq dernières années par une diversification des marchés ciblés par les acteurs étrangers, une multiplication des acteurs locaux, ainsi que par l’accroissement de l’investissement dans le secteur.
Un marché dynamique
Aujourd’hui, les opérateurs étrangers que sont Yango, Uber, Heetch, Bolt, bataillent dur sur le marché africain aux côtés d’opérateurs locaux de moindre envergure mais très ambitieux comme l’ivoirien Moja Ride, le tunisien Amigo, le congolais Hoja Taxi, le marocain Pip Pip Yalah ou encore l’éthiopien RIDE. Des solutions propres aux réalités de certains marchés rencontrent également du succès à l’instar des applications pour moto telles que le togolais Gozem, le camerounais Bee, le nigérian MAX.ng ou l’ougandais Safeboda.
Les services de mobilité ont connu une embellie depuis la Covid-19 et ses restrictions des contacts. Aujourd’hui, près d’une trentaine d’acteurs opèrent à travers le continent. La maladie a en effet influencé les habitudes de consommation de la population et développé la demande en services premium en ligne comme la télé sur Internet, l’achat et la livraison à domicile. Avec un taux de pénétration d’Internet déjà élevé en zones urbaines, un taux de pénétration croissant du smartphone et une classe moyenne de plus en plus en plus forte – elle était de près de 350 millions de personnes en 2010 pour une population d’environ 1,039 milliard d’individus – en quête d’une expérience de transport de meilleure qualité en terme de de confort et de sécurité, les taxis en ligne ont trouvé dans le contexte un environnement propice à leur activité.
Un intérêt croissant
Les investisseurs qui étaient jusqu’alors timides ont vite réagi en conséquence et cela s’est traduit par une croissance du financement au cours des trois dernières années. Entre 2019 et 2021, le volume de fonds mobilisés par les start-up africaines de la mobilité est passé de moins de 20 millions $ à 78 millions $ en 2020, selon le fonds de capital-risque Partech. Puis, il est passé de 105 millions $ en 2021 à 195 millions $ en 2022. Ces investissements sont susceptibles de croître davantage au regard de l’intérêt croissant des consommateurs et des investisseurs pour le secteur de la réservation de taxis et VTC en ligne.
Selon la base de données Statista, le secteur connaîtra encore de la croissance durant les prochaines années. Le chiffre d'affaires du segment « Ride-hailing & Taxi » devrait atteindre 4,13 milliards de dollars en 2023. Le chiffre d'affaires devrait afficher un taux de croissance annuel (TCAC 2023-2027) de 3,83 %, soit un volume de marché projeté de 4,80 milliards de dollars d'ici 2027. Dans le segment des services de navette et des taxis, le nombre d'utilisateurs devrait s'élever à 62,12 millions d'ici 2027. Le taux de pénétration des utilisateurs serait de 4,3 % en 2023 et devrait atteindre 4,5 % en 2027. Si de nombreuses opportunités professionnelles et économiques pointent à l’horizon à travers les multiples investissements qu’annoncent les entreprises détentrices d’applications de réservation de taxi, des sons de mécontentement se multiplient tout de même en l’état actuel du marché africain.
Défis et opportunités
En effet, en l’absence d’actions concrètes dans plusieurs marchés du continent, la grogne grandit. Au Cameroun, le gouvernement avait menacé en février 2023 de suspendre les activités de Yango suite aux protestations des chauffeurs de taxi qui dénonçaient une concurrence déloyale de la plateforme russe. L’Etat exige de la société une mise en conformité de ses activités avec le régime fiscal en vigueur. En Côte d’Ivoire en octobre 2021 et au Sénégal en novembre 2022, les chauffeurs de taxi décriaient déjà la même situation. Il manque à ces nouveaux acteurs un cadre réglementaire adapté, à même d’apaiser le sentiment profond d’injustice que ressentent les syndicats de chauffeurs de taxi.
Dans certains pays, l’Etat a plutôt vite réagit. Au Ghana, la nouvelle directive pour les entreprises de réservation de taxi en ligne a été adoptée et est entrée en vigueur le samedi 1er avril 2023. Elle rend entre autres obligatoire l'enregistrement de tous les véhicules privés destinés à des fins commerciales contre 30 cedis, l’obtention d’une licence annuelle de transport numérique à 33 cedis qui donne droit à un autocollant à apposer sur le pare-brise avant du véhicule. Les usagers doivent également payer une taxe de 1 cedi pour chaque déplacement. Au Kenya, la taxe sur les services numériques entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2021 touche l’activité des applications de transport. L’Etat prélève 1,5 % sur le revenu mensuel réalisé par Uber, Bolt et les autres. En Tanzanie, le gouvernement taxe également les services numériques depuis le 1er juillet 2022.
Selon Google et la Société financière internationale, l’économie numérique pourrait contribuer pour 180 milliards $ à l'économie africaine d’ici 2025. Soit 5,2 % du produit intérieur brut (PIB). D’ici 2050, cette contribution pourrait grimper à 712 milliards $. Pour garantir ce gain potentiel, il est urgent que chaque Etat oeuvre dès maintenant à l’adoption d'un cadre légal propice aux investissements et à la facilitation des affaires dans le secteur numérique. Les applications de VTC ne sont qu’un des nombreux domaines où l’activité se développe rapidement sur le continent et requiert des règles d’engagements claires.
Muriel Edjo
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Le 18 mars 2022, le Togo est devenu le premier pays africain à accueillir Equiano sur ses côtes. Prévu pour être opérationnel d’ici la fin de l’année, il s’agit du premier câble sous-marin de fibre optique de Google dédié au continent. Tout un symbole pour le pays d’Afrique de l’Ouest qui cherche depuis quelques années à devenir un hub technologique majeur et porter la contribution du numérique à 10 % du PIB. De fait, l’arrivée d’Equiano devrait impulser une nouvelle dynamique aux efforts du gouvernement togolais vers l’atteinte de cet objectif.
De grandes ambitions
C’est au Port de Lomé que le président togolais a participé mi-mars à la cérémonie officielle de raccordement de son pays au câble sous-marin Equiano de Google. Pour Faure Gnassingbé, cette infrastructure reliant l’Europe à l’Afrique devrait « transformer durablement le paysage numérique » du Togo. Dans le détail, le gouvernement togolais s’attend aussi bien à une amélioration de la qualité de la connexion Internet que de son coût. Equiano dispose en effet d’une bande passante qui surpasse 20 fois celle de tous les autres câbles sous-marins de la zone et d’après Google, il élargira non seulement le nombre d’utilisateurs d’Internet au Togo, mais permettra également de doubler en trois ans le débit Internet auquel ont accès la plupart des Togolais.
À titre d’exemple, le raccordement en 2012 du West Africa Cable System (WACS), premier câble sous-marin relié au Togo, a permis de passer d’un taux de pénétration d’Internet d’environ 5 % il y a dix ans, à 26 % en janvier 2022, soit 2,23 millions d’utilisateurs d’après les données de Data Reportal. Si cela représente une progression de 420 % en une décennie, c’est au cours des cinq dernières années que la croissance a été la plus forte. Cette progression s’est également suivie d’une amélioration de la qualité de la connectivité, portée par l’internet fixe avec la fibre optique à domicile (FTTH) de Togocom et de GVA (Canalbox).
D’ici 2025, le géant américain table sur une vitesse de 21 Mbps en moyenne, contre 10 Mbps en 2021, en plus d’une réduction de 14 % du prix de l’Internet au détail. Élément essentiel pour n’importe quel pays voulant développer son écosystème numérique, le haut débit en devenant plus abordable au Togo est censé soutenir la vision du gouvernement de devenir un hub digital régional. Lomé cherche ainsi à accélérer les efforts en ce sens et vient d’annoncer son intention de mobiliser 300 millions d’euros pour connecter les foyers togolais à la fibre optique, par le biais des lignes électriques.
« Avec ce nouveau câble sous-marin, nous serons en mesure de satisfaire aux exigences de la Feuille de route gouvernementale portant sur le renforcement du raccordement international au réseau mondial », assure la ministre togolaise de l’Économie numérique Cina Lawson.
Selon une étude commanditée par Google, l’arrivée d’Equiano devrait favoriser la création de 37 000 emplois à l’horizon 2025, grâce aux opportunités offertes par l’économie numérique. Là encore, le gouvernement voit grand et vise, selon la politique sectorielle du secteur du numérique, 400 milliards FCFA (environ 678 millions $) de chiffre d’affaires pour l’économie digitale, contre 187,5 milliards FCFA en 2016.
Des succès notables depuis quelques années
Lorsque le gouvernement entre en contact avec Google en 2019 alors que le géant de l’Internet venait d’annoncer son projet Equiano, c’était fort de cette ambition numérique : faire du pays, jusque-là connecté à un seul câble, un hub numérique. Objectif en marche, d’autant que le Togo qui ne faisait pas partie du programme initial du géant de l’Internet, l'intègre rapidement et en devient 3 ans plus tard la première station d'atterrissage en Afrique. Ce “succès” est d’abord un coup d’accélérateur à sa stratégie digitale « Togo Digital 2025 » dont l’élaboration en cours est soutenue notamment par la Banque mondiale dans le cadre du WARCIP (West African Regional Communications Infrastructure Project). Projet qui aura permis la construction de nouvelles infrastructures notamment l’IXP (Point d’échange Internet) et le carrier Hotel, premier datacenter du pays.
Sur le plan de la modernisation de l’administration togolaise, la dématérialisation de plusieurs services publics est déjà en cours avec notamment la délivrance en ligne du casier judiciaire ou encore la numérisation des moyens de paiement au niveau des services publics. Le lancement en mai 2021 du Lomé Data Centre, s’inscrit aussi dans cette dynamique, car elle ambitionne de contribuer à garder les données personnelles des Togolais sous le contrôle souverain de l’Etat, “tout en offrant aux jeunes pousses technologiques déjà présentes, ou qui veulent s’installer dans le pays, une infrastructure de pointe à coût abordable”.
« Les Data Centres sont des structures incontournables et des centres de connectivité pour toute région, ou pays, qui souhaite se développer », confirme Attia Byll, la DG de la Société d’infrastructures numériques (SIN), la nouvelle entité publique, cheville ouvrière de l’ambition de Lomé dans le numérique. La société chargée de gérer les infrastructures télécoms publiques est détenue à 100% par l’Etat, et a déjà dans son giron plusieurs infrastructures dont le projet e-gouv qui fibre plus de 300 bâtiments de l’administration publique.
En septembre 2021, le gouvernement a annoncé la création de l’Agence Togo Digital. Son rôle sera principalement d’accompagner les divers services publics dans leur marche vers la digitalisation. Pour veiller à la protection de tout l’écosystème, un accent particulier est mis sur la cybersécurité, avec la création en 2019 de l’Agence nationale de la cybersécurité. La tenue au Togo, les 23 et 24 mars derniers, de la première édition du Sommet de la cybersécurité de Lomé, réunissant plusieurs pays africains, est venue rappeler l’ambition du pays de jouer, là aussi, les premiers rôles.
Si le cadre réglementaire et les ambitions sont donc affichés, Lomé reste toutefois confronté à plusieurs défis. Il s’agit notamment de l’amélioration du taux d’électrification qui, si elle a considérablement augmenté ces dernières années, reste cependant loin des objectifs. Réussir à démocratiser davantage l’accès à Internet (la fibre optique à domicile coûte plus du tiers du salaire minimum) et étendre la pénétration aux zones rurales est une autre paire de manches.
La maîtresse d’œuvre Cina Lawson
Membre des gouvernements togolais successifs dès 2010, Cina Lawson a vu ses responsabilités croître depuis lors, gérant successivement et de façon cumulée le portefeuille des Postes, celui de l’Économie numérique et enfin celui de la Transformation digitale du Togo. À ce titre, la technocrate passée par la Banque mondiale et les groupes télécom Alcatel-Lucent et Orange s’est illustrée en supervisant avec succès chacune des avancées de son pays vers la quatrième révolution industrielle, à commencer par le projet e-Gouv devenu opérationnel en 2017. Il relie l’ensemble des bâtiments publics de la capitale togolaise ainsi que ceux de Kara par la fibre optique. Financé à hauteur de 15 milliards FCFA, il a favorisé l’opérationnalisation de plusieurs plateformes de services publics comme togo.gouv.tg ou service-public.gouv.tg.
Depuis 2016, la ministre a aussi porté plusieurs initiatives notamment le projet AgriPME, ou plus récemment Novissi. Le projet AgriPME a permis de prendre la mesure des avantages offerts par la technologie à l’agriculture, pilier de l’économie pour de nombreux pays africains. La plateforme a en effet offert aux agriculteurs togolais un moyen d’obtenir directement leurs subventions sur leur portefeuille électronique et d’effectuer en parallèle les achats d’engrais et autres intrants agricoles, via le Mobile Money.
Avec Novissi, le gouvernement a apporté une aide financière aux populations défavorisées dans la période de la Covid-19 en s’appuyant sur le mobile Money et l’Intelligence artificielle. Les algorithmes de Machine learning ont permis de cibler les ménages les plus vulnérables. Le programme a d’ailleurs reçu il y a quelques semaines, une reconnaissance spéciale au dernier salon des innovations South by Southwest (SXSW) à Austin au Texas (USA).
Ainsi, pas à pas, Cina Lawson conduit la politique du gouvernement de Faure Gnassingbé en matière de transformation numérique au Togo.
Emiliano Tossou
En Afrique, la digitalisation entraîne des changements importants dans le fonctionnement traditionnel des secteurs économiques. Du commerce à l'agriculture, en passant par la santé, c'est une multitude d'opportunités qui s'offrent aux différents acteurs grâce aux innovations technologiques. We Are Tech vous raconte ces transformations dans l'économie du continent à travers plusieurs secteurs clés. Alors que le système éducatif africain souffre d’un manque de moyens, la technologie offre des alternatives pour améliorer sa portée et résoudre certains de ses goulots d’étranglement, tout en gardant l’enseignant au cœur du processus.
Contraction des termes « éducation » et « technologie », l’edtech s’assimile à l’utilisation de la technologie pour améliorer l’enseignement et l’apprentissage. Le secteur gagne depuis quelques années en importance sur le continent africain, comme l’illustre notamment la progression des financements obtenus par les start-up qui innovent dans ce domaine. Selon Partech, elles ont ainsi levé 291 millions de dollars l’année dernière, contre 124 millions de dollars en 2019, soit une croissance de 134 % en deux ans. Surtout, l’edtech est devenu en 2021 le troisième secteur ayant mobilisé plus de fonds, derrière l’indétrônable fintech et les start-up de logistique. Seulement, ces statistiques cachent une autre réalité, celle du caractère embryonnaire de l’edtech dans la plupart des pays africains. Comme dans les autres secteurs où la technologie prend de l’importance en Afrique, le Nigeria règne ici aussi en maître avec 240,5 millions USD mobilisés par les jeunes pousses actives dans la première économie du continent, contre 27,5 millions USD pour son dauphin sud-africain, suivi de 10,9 millions en Égypte. Ces trois pays concentrent donc 95 % des investissements dans le secteur des technologies de l’éducation en 2021.
Néanmoins, les perspectives pour le secteur restent prometteuses et davantage de pays et de start-up devraient attirer des financements sur cette décennie. Le Kenya et le Ghana qui ne figuraient pas dans les levées de fonds au profit des edtech recensées par Partech en 2019 ont ainsi respectivement obtenu 4,5 millions USD et 300 000 USD l’année dernière. Cet optimisme peut s’expliquer par les difficultés persistantes rencontrées par l’éducation, sur le continent, et que la technologie peut aider à surmonter. Par exemple, l’Afrique subsaharienne est la région où le pourcentage d’enseignants qui répondent aux normes nationales est le plus faible au monde, selon les données de l’UNESCO issues de son « rapport mondial de suivi sur l’éducation, 2021-2022 ». Soit 57 % au niveau préscolaire, 67 % pour le primaire et 61 % au secondaire. Cela oblige les enseignants formés à gérer pratiquement deux fois plus d’élèves que la moyenne mondiale.
Le recours à la technologie permet de combler ce déficit d’enseignants, car les cours peuvent être mis sur support numérique et rendus accessibles aux apprenants en dehors des situations de classe, sans limitation de nombre. Ces derniers peuvent évoluer donc à leur rythme dans la découverte des notions enseignées. Pour les couches défavorisées, ces cours dématérialisés représentent aussi une alternative à moindre coût aux cours de renforcement à domicile, pour peu que les infrastructures de connexion à Internet et les appareils électroniques soient mis à leur disposition à coût réduit.
Le terreau fertile offert par la Covid-19
Bien que les innovations technologiques dans l’éducation ne rencontrent pas encore en Afrique le même succès que les fintech, davantage de solutions voient le jour depuis deux ans. La crise sanitaire mondiale de la Covid-19 a en effet secoué le fonctionnement classique de presque tous les secteurs d’activité, et l’éducation n’a pas fait exception. Pour survivre à l’assaut du virus, des restrictions ont été mises en place et ont coupé court aux interactions humaines. Selon l’UNESCO, les écoles ont été fermées pendant 28 % des jours et partiellement fermées pendant 26 % des jours, entre mars 2020 et octobre 2021. Pour pallier cette situation handicapante pour l’enseignement, l’apprentissage à distance s’est vite imposé comme une évidence. En Afrique, plusieurs initiatives ont donc vu le jour pour permettre aux élèves et étudiants de continuer à suivre les cours depuis la maison.
Au Bénin, l’accent a notamment été mis sur les classes d’examen (3e et terminale) avec le projet Class19. Il a consisté en une cinquantaine de vidéos produites pour chacune de ces classes dans cinq matières que sont le français, les SVT (sciences de la vie et de la Terre), l’anglais, les mathématiques et la physique chimie et technologie (PCT). L’ensemble a ensuite été distribué via des DVD sur toute l’étendue du territoire national, mais également en ligne. En Côte d’Ivoire, les capsules vidéo ont plutôt été diffusées à la télévision nationale, mais aussi sur les plateformes ecole-ci.online et maformationenligne.cpntic.ci. La radio et la télévision ont aussi permis aux apprenants de suivre les cours au Ghana et dans d’autres pays du continent.
On le remarque, l’usage des nouvelles technologies a été assez marginal et s’est surtout limité à l’enseignement supérieur avec l’utilisation de logiciels de visioconférence. Là encore, un sondage de l'UNESCO auprès des étudiants d’Afrique subsaharienne révèle que seulement 39 % d’entre eux étaient inscrits dans des établissements ayant mis en place des solutions d’apprentissage à distance. Même tendance aux niveaux inférieurs avec une autre enquête de l’organisation onusienne dans six pays d’Afrique subsaharienne. Au Burkina Faso, au Malawi, au Mali, en Ouganda, au Nigeria et en Éthiopie, les applications d’edtech mobiles étaient « l’approche d’apprentissage à distance la moins répandue ». Seuls 12 et 17 % des apprenants l’ont utilisé au Nigeria et en Éthiopie, contre pratiquement aucun dans les autres pays susmentionnés.
Ce faible recours à des plateformes numériques peut s’expliquer par certaines des difficultés communes à toutes les initiatives numériques en Afrique. Il s’agit par exemple du faible taux de pénétration du smartphone (plus de la moitié des Africains ne'en possèdent pas d’après l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie, GSMA). Le coût de l’appareil ne devrait en outre pas améliorer à moyen terme cette statistique puisqu’il faut débourser en moyenne 62 $ pour se le procurer, d’après un rapport de 2020 de l’Alliance for Affordable Internet (A4AI). Cela représentait 62,8 % du revenu national brut mensuel par habitant…
« Avoir un accès Internet de bonne qualité peut représenter jusqu'à 60 % voire même 70 % du SMIG. Le fait de gagner par exemple 60 000 francs CFA et de vouloir accéder à la fibre optique en déboursant 30000 francs CFA relève de l’impossible », précise Abossé Akue-Kpakpo, directeur de l’Économie numérique à la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), relayé par CEO Afrique.
S’adapter pour prospérer
Pour surmonter les obstacles à l’émergence de l’edtech en Afrique, le rôle des gouvernants n’est plus à souligner. Ils doivent notamment œuvrer à l’amélioration de la couverture des infrastructures de télécommunication et sensibiliser les éducateurs et apprenants sur les bénéfices de la technologie. De leur côté, La GSMA et l'A4AI militent pour que ces efforts incluent aussi des mesures pour améliorer l’accessibilité des appareils mobiles. Pour le moment, les start-up africaines actives dans l’edtech s’attèlent à mettre en place des dispositifs qui ne dépendent pas de ces aléas ou les contournent. Que ce soit avec les tablettes éducatives disposant de cours et exercices préenregistrés, du mode hors ligne permettant de poursuivre l’apprentissage sur les applications mobiles même sans accès à Internet ou du recours à des supports physiques comme des DVD ou des clés USB, l’adaptation aux réalités actuelles du continent sera la clé.
Emiliano Tossou
Place forte de l’industrie minière mondiale, l’Afrique place plusieurs de ses pays parmi les principaux producteurs de minéraux comme l’or, les platinoïdes, le diamant, le cobalt, le cuivre ou encore la bauxite. Alors que la quatrième révolution industrielle s’étend progressivement au continent, les compagnies qui y sont actives utilisent déjà les nouvelles technologies pour optimiser l’exploration et l’exploitation minière. À leur niveau, les États ne sont pas en reste et c’est leurs efforts destinés à améliorer la gestion du secteur que WeAreTech vous raconte, dans cette quatrième partie de sa série consacrée à la digitalisation d’un certain nombre de secteurs économiques en Afrique.
Si l’implémentation des nouvelles technologies est encore à ses balbutiements dans plusieurs domaines sur le continent, les acteurs du secteur minier ont pris très tôt conscience de leur potentiel pour mieux mener leurs activités. D’après l’Agence Ecofin, le continent joue même un rôle de pionnier dans l’industrie minière mondiale, en matière d’automatisation. Certaines mines du continent témoignent d’ailleurs de cette utilisation de la technologie, en l’occurrence Syama au Mali et Kibali en RDC, où l’automatisation de certaines tâches a permis d'accroître le rendement des opérations et donc les bénéfices pour toutes les parties prenantes, qu’il s’agisse de l’État, des compagnies minières ou encore des communautés locales. Les outils utilisés vont de l’analyse de données permettant de mieux planifier les activités à la mine, à l’internet des objets et ses applications dans le suivi des opérations d’extraction et de traitement. Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, l’utilisation de la technologie dans l’industrie minière a permis par exemple de continuer les activités avec le minimum de risques pour le personnel. La sécurité n’est qu’un avantage parmi tant d’autres, car l’automatisation offre aussi un gain de temps et réduit les coûts de production, un argument de poids pour les compagnies minières.
La digitalisation comme outil de transparence
Les avancées technologiques ne servent pas qu’à optimiser les travaux d’exploration puis d’exploitation des mines. Elles présentent pour les gouvernants et les citoyens plusieurs atouts, dont prennent progressivement conscience les dirigeants africains. L’un de ces avantages reste la transparence. Alors que les États miniers africains tentent de se débarrasser de cette image de pays où règnent en maître les accords opaques autour des obtentions et transferts de titres de propriété miniers, l’option de la digitalisation du cadastre minier gagne de plus en plus du crédit auprès des dirigeants.
Le premier avantage d’un tel système digitalisé est qu’il permet de respecter plus facilement le principe du « premier arrivé, premier servi », une norme internationale au niveau des concessions minières qui n’ont pas encore été attribuées. Avec un journal de bord qui indique la date et l’heure de la demande de permis, les autorités peuvent en effet mettre fin aux contestations qui ne manquent pas de survenir quand plusieurs sociétés soumettent des demandes pour le même permis. De plus, grâce à une carte interactive disponible sur la plateforme, les sociétés minières, mais aussi les citoyens, peuvent connaître à tout moment les différents propriétaires des titres miniers délivrés par le gouvernement sur toute l’étendue du territoire. Enfin, les frais pour une demande de titre minier peuvent être payés de façon électronique (Mobile Money ou virement bancaire) en utilisant l’une des fonctionnalités de la plateforme. Cela évite au demandeur d’être soumis aux désidératas d’un fonctionnaire des Mines indélicat et assure au Trésor public une collecte transparente et efficace des recettes.
Il faut souligner que ces avantages sont des arguments non négligeables pour attirer les investisseurs miniers, car le système participe à l’amélioration du cadre réglementaire. Selon le think tank canadien Fraser Institute qui publie chaque année un classement des juridictions minières les plus attractives dans le monde, les compagnies minières tiennent aussi bien compte du potentiel minier d’un pays que des politiques minières (lois et environnement des affaires notamment), avant d’y investir.
Depuis près d’une décennie, plusieurs pays du continent ont donc fait appel à des spécialistes afin de mettre en place une plateforme électronique permettant de faire une demande de titre minier (permis de prospection ou d’exploration). L’américain Trimble indique, par exemple, ses différents systèmes de cadastre minier digital sont déjà utilisés en Afrique par la Namibie, le Kenya, le Cameroun, le Lesotho, le Liberia, le Malawi, l’Ouganda, le Rwanda, le Ghana et bien d’autres. En août 2021, le Botswana, déjà classé comme la meilleure juridiction minière en Afrique en matière de politiques minières et de potentiel minéral par Fraser Institute, est même devenu le dernier pays africain à recourir aux services de cette entreprise.
« Depuis plusieurs décennies, le Botswana est admiré pour avoir l'un des meilleurs systèmes de cadastre minier au monde. Nous sommes impatients d'aider le gouvernement à devenir encore plus efficace, responsable et accueillant pour les investisseurs, tout en favorisant la collecte des recettes publiques », commente alors Bill Feast, président de Spatial Dimension, filiale de Trimble.
La technologie au service de la traçabilité de la production minière
L’amélioration du cadre réglementaire n’est pas le seul avantage qu’offre la technologie aux États africains. Le gouvernement ghanéen en a donné récemment l’exemple, en annonçant la numérisation complète de son laboratoire national d’analyse des minerais précieux. Pour le DG de la Precious Minerals Marketing Company, cette avancée permet aux dirigeants de mieux assurer la traçabilité des exportations et lutter contre les fraudes, car la production minière est désormais dotée de certificats d’authenticité difficilement falsifiables.
« En cliquant sur un bouton, les personnes autorisées peuvent tracer la quantité d'or exportée en kilogrammes et en onces, la destination de l'exportation, la valeur en cédis ghanéens et en dollars, la retenue à la source, l'exportateur et bien d'autres données pertinentes », ajoute-t-il.
Si la technologie utilisée n’a pas été précisée, d’autres outils numériques font davantage l’objet de publicité, à l’image de la blockchain. L’outil, peu connu il y a une décennie, a gagné une publicité importante ces dernières années et ses applications dans l’industrie minière commencent à peine à se généraliser. En Afrique, les compagnies minières sont à nouveau à l’avant-garde et certaines d’entre elles, notamment les producteurs de diamants canadien Lucara et sud-africain De Beers l’utilisent déjà. En garantissant à tous ceux qui y ont accès le caractère infalsifiable de toutes les transactions, la blockchain permet aux clients de ses entreprises de retracer le parcours des pierres précieuses afin de s’assurer que la chaîne d’approvisionnement obéit à des normes responsables. En RDC, des initiatives blockchain voient aussi le jour depuis quelques années pour permettre aux groupes industriels consommateurs de cobalt de suivre la production du pays et s’assurer que le métal n’est pas produit grâce au travail des enfants.
Pour l’instant, les États miniers africains sont peu présents sur cette technologie, mais ses avantages devraient les inciter à y recourir progressivement.
Emiliano Tossou
La fondation norvégienne Norrsken a ouvert en décembre 2021 à Kigali la Norrsken House, première des 25 hubs technologiques qu’elle prévoit d’installer à travers le monde au cours de la décennie. Le choix de la capitale rwandaise n’est pas anodin et témoigne de l’intérêt que suscite le pays d’Afrique de l’Est auprès des acteurs de la tech en Afrique et dans le monde. Un intérêt qui s’explique par un cadre réglementaire et des infrastructures propices au développement des start-up, fruits de l’ambition du président Paul Kagame de hisser son pays au niveau des mastodontes actuels de la tech africaine.
L’écosystème tech en Afrique connaît une croissance fulgurante depuis quelques années, marquée par des levées de fonds qui ont quintuplé entre 2018 et 2021 pour les start-up du continent. Cependant, dans la bataille pour attirer les investisseurs, tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne et un quatuor de tête accapare chaque année la plus grosse part du financement destiné aux start-up africaines. A leur tête, on retrouve le Nigeria avec 1,8 milliard de dollars de fonds récoltés en 2021 pour ses start-up. Selon les données de Partech, la première économie du continent est suivie de l'Afrique du Sud (832 millions $), de l'Égypte (652 millions $) et du Kenya (571 millions $). Ces quatre géants ont donc accaparé 3,8 milliards $, soit plus du tiers des 5,2 milliards obtenus par tous les pays du continent l’année dernière.
Des atouts indéniables
Avec 17 millions $ obtenus par des start-up du Rwanda en 2021, le pays a certes évolué (avec une croissance de 46% en glissement annuel), mais apparaît toujours comme un véritable petit poucet dans cette compétition. Le gouvernement rwandais nourrit cependant de grandes ambitions pour améliorer le statut du pays dans le paysage tech en Afrique, et dispose de plusieurs atouts pour y arriver. Sa population est jeune, et environ 73,9% des Rwandais disposent d’une connexion mobile avec à la clé un taux de pénétration Internet de 31,4%, selon des données de DataReportal datant de janvier 2021. Grâce aux efforts menés dans le cadre du plan stratégique Smart Rwanda, l’alphabétisation numérique devient progressivement une réalité dans le pays qui peut se targuer d’une couverture quasi intégrale du territoire par le réseau 4G. De plus, le Rwanda ne souffre pas des mêmes contraintes énergétiques que le géant nigérian et revendique, début 2022, un accès à l’électricité pour environ 70% des ménages du pays.
Porté par l’ambition du président Paul Kagame (photo) de faire de la technologie et de l'innovation « le moteur de la transformation du Rwanda », le gouvernement facilite aussi la création d’entreprises en seulement quelques heures et sans débourser le moindre sou, avec un processus qui peut être effectué en ligne. Ces facteurs ont notamment permis au Rwanda de se hisser à la 2e place en Afrique, dans l’édition 2020 du défunt rapport « Doing Business », qui évalue les pays pour la facilité qu’on y a pour mener des affaires. L’autre carte maîtresse du plan rwandais est le développement de la Kigali Innovation City (KIC), un espace de 61 hectares destiné à abriter des universités de classe mondiale et des incubateurs pour les jeunes pousses technologiques.
« Le programme de transformation sociale et économique du Rwanda nécessite des investissements audacieux dans l'innovation et la technologie. KIC fournit à la fois l'infrastructure physique et l'écosystème alors que nous positionnons le Rwanda pour qu'il devienne un centre d'innovation panafricain », explique Paula Ingabire, ministre rwandaise des TIC et de l'Innovation.
Déjà quelques fruits visibles
Le cadre propice du Rwanda pour les jeunes entreprises et les investisseurs est, de l’aveu même du fondateur de Norrsken Niklas Adalberth, ce qui a incité l’organisation à s’installer à Kigali. « D'après la Banque mondiale, vous savez que Kigali est l'un des pays où il est le plus facile de faire des affaires en Afrique. Et il a construit des infrastructures en termes d'Internet, de trafic, etc. C'est donc une bonne condition préalable à la création de licornes », indique-t-il. A la Norrsken House de Kigali, la fondation veut accueillir jusqu’à 1 000 entrepreneurs d’ici décembre 2022 et espère y soutenir l’émergence des prochaines licornes africaines (start-up valant au moins 1 milliard $). Norrsken a d’ailleurs lancé en début d’année un fonds de 200 millions $ pour atteindre encore plus rapidement ce but.
Rappelons toutefois que le hub de l’organisation norvégienne n’est pas le premier à voir le jour au Rwanda. D’autres acteurs y sont présents depuis quelques années et accompagnent les jeunes pousses au niveau financier, technique et juridique. C’est le cas du projet 250STARTUPS dont le but est d’accueillir par cohortes des start-up pendant six mois, afin de les aider à peaufiner progressivement leurs idées pour les présenter à des bailleurs de fonds sollicités pour l’occasion. C’est aussi une initiative similaire que pilote Impact Hub Kigali en offrant notamment aux porteurs d’idées un espace de coworking pour échanger et solutionner des problèmes du quotidien grâce à la technologie. Signalons aussi la présence de l’américain Andela dans le pays depuis 2018, à travers un accord conclu avec les autorités pour la création d’un centre technologique panafricain. La start-up de recrutement et de formation de développeurs africains a ouvert un bureau à Kigali pour assurer aux start-up qui se lancent dans le pays une main-d’œuvre de qualité.
Une attention particulière à l’égalité des genres
En Afrique, les financements alloués aux start-up fondées par des femmes restent assez marginaux et s’élèvent fin 2021 à 16% du total, contre 14% un an plus tôt, indique Partech. Le Rwanda entend se démarquer sur ce plan et compte appliquer aux start-up la recette de promotion du potentiel féminin qui lui a réussi dans les autres secteurs. Selon l’indice mondial sur l’écart entre les sexes, publié annuellement par le Forum économique mondial, le pays se classe en effet septième mondial et deuxième en Afrique, en matière d’efforts fournis pour se rapprocher de la parité. A travers l'Institut africain des sciences mathématiques installé dans le pays et qui offre des cohortes paritaires pour les hommes et les femmes, ou le concours Miss Geek qui permet aux filles de présenter leurs solutions innovantes en science et technologie, le pays prépare une génération de jeunes femmes susceptibles de réduire le gap actuel avec les hommes dans le paysage tech en Afrique.
Emiliano Tossou
En Afrique, la digitalisation entraîne des changements importants dans le fonctionnement traditionnel de plusieurs secteurs stratégiques. Du commerce à l'agriculture en passant par l’éducation, c'est une multitude d'opportunités qui s'offre aux différents acteurs grâce aux innovations technologiques. We Are Tech vous dévoile le potentiel de ces transformations à travers plusieurs secteurs clés. Dans ce troisième épisode de la série, découvrez comment les jeunes pousses technologiques du continent utilisent l’internet des objets, le big data et d’autres outils numériques pour simplifier et réduire le coût de la logistique et du transport.
Potentiel énorme mais peu développé
Le 1er janvier 2021, la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) est entrée en vigueur, marquant la création d’un marché commun de 1,4 milliard de consommateurs et cumulant un PIB de 2,6 billions $. Pour faire de cette grande avancée vers l’intégration économique chère à l’Union Africaine, un succès, l’un des défis réside dans la mise en liaison des fournisseurs avec les consommateurs. Si la suppression des barrières douanières doit aider à atteindre ce but, la contribution des plateformes de logistique et de transport est tout aussi vitale. Cependant, connecter efficacement quelques millions, voire dizaines de millions d’acteurs ne demande pas les mêmes moyens qu’en connecter des centaines de millions, de Durban au Caire. Cet agrandissement du marché ou de l’espace couvert habituellement par les plateformes de transport, nécessite un recours accru à la technologie pour favoriser l’automatisation de certaines tâches et permettre un suivi en temps réel de la chaîne d’approvisionnement.
Les start-up d’e-logistique disposent d’applications mobile pour géolocaliser les clients.
Ce domaine, connu sous la dénomination e-logistique, est certes à ses balbutiements sur le continent, mais son potentiel économique ne laisse pas de place au doute, quant à la croissance des investissements qu’il enregistre. Si le mastodonte que constitue la fintech est loin devant, avec 63% de la totalité des investissements obtenus par les start-ups africaines en 2021 selon Partech, la place de dauphin en revanche est âprement disputée par les autres secteurs. D’après la même source, c’est l’e-logistique qui est sorti vainqueur de cette bataille en 2021, passant de la septième place en 2020 à la deuxième un an plus tard. Les start-up actives dans le domaine ont ainsi levé 388 millions $ en 2021, environ cinq fois le montant total levé en 2020 (79 millions $), soit une progression de 391% en glissement annuel.
Les start-up actives dans le domaine ont ainsi levé 388 millions $ en 2021, environ cinq fois le montant total levé en 2020 (79 millions $), soit une progression de 391% en glissement annuel.
Notons tout de même qu’il s’agit d’une tendance commune aux start-up africaines, avec une progression de 264% en glissement annuel du montant total des financements levés en 2021 par les start-up du continent (5,2 milliards $).
Pandémie et e-commerce comme moteurs
La pandémie a joué un rôle important dans l’augmentation des financements obtenus en 2021 par les start-up. La réduction des interactions sociales au profit des interactions numériques, rendue nécessaire par la crise sanitaire, a en effet montré tout l’intérêt des solutions de digitalisation développées par ces jeunes pousses, encourageant les investisseurs à s’y intéresser davantage. Le confinement imposé par certains États africains pour lutter contre la propagation du virus a empêché par exemple les commerçants sur les marchés habituels de se réapprovisionner et le recours à la technologie s’est avéré décisif pour connecter les fournisseurs et les détaillants.
Kobo360, le « Uber pour camions » est déjà présent dans 6 pays africains.
« TradeDepot [une plateforme de e-logistique nigériane, ndlr] m'a permis d'approvisionner mon magasin beaucoup plus facilement sans quitter mon emplacement […] Je n'avais pas besoin d'aller au marché et leurs prix sont bons », confie Blessing Chibueze, une propriétaire d’un petit magasin de quartier à Lagos, dans un compte-rendu de la Société Financière Internationale.
«TradeDepot [une plateforme de e-logistique nigériane, ndlr] m'a permis d'approvisionner mon magasin beaucoup plus facilement sans quitter mon emplacement […] Je n'avais pas besoin d'aller au marché et leurs prix sont bons».
Avec la mise en place de la Zlecaf, les start-up d’e-logistique tiennent un moyen supplémentaire de se démarquer auprès des véhicules d’investissements et autres business angels. Il convient toutefois de rappeler qu’elles n’ont pas attendu cette conjugaison de vents favorables pour hisser les voiles et lever l’ancre. Le développement des start-ups de logistique a été favorisé au préalable par celui de l’e-commerce, les deux ayant besoin l’un de l’autre pour atteindre leurs objectifs. Face au problème d’adressage des appartements et bureaux dans de nombreuses villes africaines, les start-up d’e-logistique disposent par exemple d’applications mobiles permettant, en plus de la géolocalisation des clients, un contact permanent entre ces derniers et les livreurs, évitant ainsi les erreurs dans les adresses et réduisant le temps nécessaire pour acheminer les produits.
Des pionniers et une diversité d’offres
À l’heure actuelle, il n’existe pas encore de sociétés de logistique basées sur l’utilisation de la technologie à l’échelle continentale. Les pionniers qui se sont lancés dans l’aventure élargissent néanmoins peu à peu leur empreinte au-delà de leur pays d’origine comme le nigérian Kobo 360. Lancé en 2018 et désormais présent dans cinq autres pays africains (Ghana, Ouganda, Kenya, Côte d'Ivoire, Burkina Faso), le « Uber pour camions » s’est spécialisé dans la mise en relation des propriétaires de gros porteurs avec des entreprises souhaitant déplacer des produits. La plateforme permet de réduire le coût du transport en assignant chaque course au chauffeur le plus proche grâce à son logiciel basé sur l’intelligence artificielle Global Logistics Operating System.
Le client peut aussi suivre en temps réel la livraison de son article et peut payer les chauffeurs grâce à des moyens de paiement dématérialisés. Sur des routes pas toujours sûres, Kobo360 améliore ainsi la sécurité des chauffeurs qui n’ont plus à se déplacer avec de fortes sommes. D’autres start-up proposent un service similaire, comme les kényans Sendy et Lori Systems.
La plateforme permet de réduire le coût du transport en assignant chaque course au chauffeur le plus proche grâce à son logiciel basé sur l’intelligence artificielle Global Logistics Operating System.
En revanche, c’est une offre un peu différente que propose le sénégalais Paps depuis 2016. Fondée par Bamba Lo, la start-up basée à Dakar propose des livraisons au dernier kilomètre pour une large gamme de produits et services, mais aussi du stockage et du transport pour les petites et moyennes entreprises.
Paps, la start-up basée à Dakar, propose des livraisons au dernier kilomètre.
Présente aussi au Burkina Faso, elle revendique plus de 10 millions de livraisons sur ces deux marchés en bientôt six ans d’existence. Pour poursuivre sur sa lancée, elle a obtenu en janvier un financement de 4,5 millions $ auprès de divers investisseurs conduits par Orange et la société de capital-risque 4DX Ventures. Les fonds lui permettront notamment d’optimiser son infrastructure technologique basée actuellement sur trois éléments, à savoir une plateforme pour les clients (MyPaps) permettant aux clients de faire leurs demandes et d’en suivre l’évolution, une plateforme pour l’équipe (Paps Ops), assurant la gestion des commandes, et enfin l’application des livreurs Paps App. Une interface de programmation d'application (API) est également disponible pour permettre aux sites marchands des clients spécialisés dans le e-commerce d’automatiser les livraisons.
Améliorer les infrastructures routières pour favoriser l’intégration
Les start-up d’e-logistique en Afrique proposent une variété de solutions mais elles se limitent pour le moment aux grandes villes ou à des chaines d’approvisionnement au niveau national. Le manque de volonté ou d’ambition ne peut servir d’explication à cette absence sur le segment des approvisionnements transfrontaliers et il faut plutôt interroger la disponibilité et surtout l’état des infrastructures routières reliant les pays africains. Cela entraine des tarifs de fret routier deux à quatre fois plus élevés par kilomètre que ceux pratiqués aux Etats-Unis par exemple, note un rapport de la BAD.
« Le réseau routier de l'Afrique est inadéquat […] L'Afrique doit moderniser certaines sections de ses routes pour faire face à l'augmentation du fret généré par la Zlecaf », indique de son côté Robert Lisinge, chef de la Section des infrastructures de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique.
Alors que la Zlecaf est opérationnelle depuis quelques mois, la modernisation et le développement des infrastructures de transport, surtout dans l’interconnexion des Etats africains, est nécessaire pour l’émergence du secteur de la e-logistique. Elle permettra aussi aux acteurs traditionnels du secteur de la logistique d’exploiter pleinement le potentiel de ce marché commun.
Emiliano Tossou
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L’Afrique s’empare de la tech pour bâtir un système de santé plus performant
Le 16 février 2022, la fintech Flutterwave, fondée par les Nigérians Olugbenga Agboola et Iyinoluwa Aboyeji, a annoncé la clôture d’un tour de table de série D qui lui a permis d’obtenir 250 millions $ auprès des investisseurs. Cette opération a également porté la valorisation de la société à 3 milliards $, ce qui en fait la start-up la mieux valorisée d'Afrique. Tout un symbole qui témoigne de la domination des fintech dans le paysage des sociétés technologiques en Afrique. Le deuxième épisode de la série que vous propose We Are Tech sur la transformation digitale africaine s’intéresse à ce dynamisme qui fait progressivement de l’inclusion financière une réalité sur le continent.
2021, l’année de tous les records
Pour évaluer le succès des jeunes pousses technologiques dans un secteur d’activité, nous avons entre autres comme indicateurs le montant et la fréquence des investissements qu’elles obtiennent. Et si l’Afrique bénéficie de plus en plus de l’intérêt des investisseurs, tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Ce sont en effet les fintech qui obtiennent largement les faveurs des investisseurs et 2021 n’a pas dérogé à la règle, bien au contraire.
Au cours de cette année record pour les start-up africaines, qui a vu les investissements mobilisés passer de 1,4 milliard $ en 2020 à 5,2 milliards $ (+264 % en glissement annuel), selon les données de Partech, le secteur de la fintech a vu aussi sa part du gâteau grossir davantage. D’une part, les sociétés de technologie financière ont attiré environ 3,28 milliards $ en 2021, une progression de plus de 800 % en un an. Cette somme représente 63 % du montant total levé par les start-up africaines durant l’année, en nette augmentation par rapport aux 25 % de 2020.
La dynamique a continué en ce début d’année 2022, avec les sociétés fintech qui ont obtenu plus du quart (25,3 %) des 419 millions $ mobilisés par les start-up africaines en janvier, d’après les données d’Intelligence by Techpoint. En dehors des levées de fonds record, l’année 2021 a été marquée aussi par l’arrivée de nouvelles start-up dans le cercle restreint des licornes (start-up valant au moins 1 milliard $) actives en Afrique. Preuve de la domination des fintech, quatre des cinq nouveaux arrivants appartiennent à ce secteur, en l’occurrence Flutterwave, OPay, Chipper Cash et Wave.
Le rôle de la pandémie
La progression de ces sociétés traduit aussi l’intérêt croissant des investisseurs pour les fintech, car, là où il a fallu plus d’une décennie à leurs prédécesseurs Fawry (Egypte) et Interswitch (Nigeria), les nouvelles licornes n’ont eu besoin que de trois à cinq ans pour obtenir le même résultat. Le rôle de la pandémie de Covid-19 dans cette évolution n’est pas à négliger, car si elle a eu un impact négatif sur plusieurs entreprises, la crise sanitaire a permis aux solutions technologiques de progresser fortement. Profitant des restrictions et de la limitation des interactions humaines, les plateformes de commerce en ligne se sont développées, et avec elles les solutions de paiement proposées par les fintech du continent.
Notons que cette situation n’est pas propre à l’Afrique où les fintech profitent d’un besoin considérable pour les solutions de paiement, d’envoi et de transfert d’argent. Dans les zones économiques d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale (UEMOA et CEMAC), par exemple, le taux de bancarisation (correspondant à la proportion de la population titulaire d’un compte bancaire) était encore inférieur à 20 % en 2020, d’après des sources concordantes, et témoigne de l’accès restreint des populations de ces deux régions aux services financiers.
La situation est meilleure au Nigeria, pays le plus peuplé du continent, mais selon la BAD, 55 % des Nigérians vivant en milieu rural n’ont toujours pas accès aux services financiers. L’intérêt des investisseurs pour les fintech actives dans la première économie du continent n’est d’ailleurs pas surprenant compte tenu des larges parts de marché restant à conquérir. Le taux d’adoption du Mobile Money n’y est en effet que de 4 %, précise la BAD. D’autres facteurs comme l’insuffisance ou les coûts élevés des moyens de paiement, pour les échanges commerciaux et les transferts d’argent intra-africains, ont aussi facilité le développement des fintech sur le continent, plus que partout ailleurs dans le monde. Une statistique relative au Mobile Money illustre d’ailleurs parfaitement cette particularité bien africaine. En 2021, la région comptait en effet 548 millions de comptes, soit près de la moitié des 1,2 milliard de comptes au niveau mondial. Sur les 767 milliards $ échangés dans le monde la même année par ce moyen, l’Afrique a représenté 490 milliards $, soit environ les deux tiers.
L’exemple Flutterwave
Cofondée en 2016 par celui qui est surnommé le prince de la fintech africaine (Olugbenga Agboola), Flutterwave a atteint le statut de licorne en mars 2021, en clôturant une levée de fonds de 170 millions $. Moins d’un an plus tard, la société a triplé sa valeur et est devenue en février 2022 la start-up africaine la plus valorisée avec 3 milliards $. Spécialisée dans le traitement des paiements, Flutterwave met à disposition des entreprises, qu’il s’agisse de grandes boîtes ou de PME, des interfaces de programmation d'application (API) pour la création de plateformes de paiement personnalisables. Couvrant 33 pays africains, la start-up revendiquait à la mi-2021 le traitement de 140 millions de transactions pour 290 000 entreprises pour un montant total de 9 milliards $, à travers 150 devises et de multiples modes de paiement. Flutterwave propose en effet, en plus d’un portefeuille mobile accessible via une application pour l’envoi et le transfert de fonds ainsi que les paiements, une application dénommée Barter by Flutterwave. Elle permet, entre autres, la création de cartes virtuelles en dollars, sans passer par une banque traditionnelle, pour les achats en ligne et le paiement d’abonnements.
Au plus fort de la pandémie, en 2020, la société a même lancé une boutique (Flutterwave Store) pour permettre aux commerçants de vendre leurs produits et recevoir les paiements grâce à sa plateforme. En novembre dernier, le service qui comptait plus de 30 000 commerces s’est agrandi avec le lancement de Flutterwave Market. Une nouvelle opportunité de tirer profit d’un marché du commerce électronique africain qui devrait atteindre 29 milliards $ cette année selon la plateforme de données statistiques, Statista.
« Depuis le lancement réussi de Flutterwave Store, nous avons écouté nos clients et agi en fonction de ce dont ils ont besoin pour faire évoluer leurs entreprises. Le lancement de la nouvelle place de marché va transformer leurs activités […] Nous ne nous contentons pas de regrouper les magasins existants, nous les positionnons de manière à ce qu'ils réalisent davantage de ventes », assure Olugbenga Agboola, cofondateur et DG de la société.
Fort du succès des services qu’elle a lancés jusqu’ici, Flutterwave voit grand en 2022 et pour les années à venir. Elle veut consacrer les 250 millions de dollars de son financement de série D à la conquête de nouveaux marchés, aussi bien en Afrique subsaharienne que dans le Nord du continent. Des partenariats sont également envisagés, comme celui conclu l’année dernière avec l’américain PayPal. L’association avec le géant américain du paiement électronique a davantage ouvert les portes des marchés internationaux aux marchands africains qui peuvent désormais recevoir les paiements de leurs produits ou services avec la fonctionnalité « Pay with Paypal » de Flutterwave.
« Nous apportons plus de 300 millions d'utilisateurs PayPal aux entreprises africaines, afin qu'elles puissent accepter des paiements », se félicitait alors le patron de la licorne basée à Lagos et San Francisco.
Un écosystème en quête de diversification
Les insuffisances des services financiers traditionnels expliquent le succès rencontré jusqu’ici par le Mobile Money et les autres fintech actives dans le transfert d’argent sur le continent. La crise sanitaire a aussi favorisé le développement des solutions de paiement à l’échelle du continent. Cependant, la multiplication des offres de Flutterwave depuis quelques mois montre bien que le modèle économique des fintech africaines doit être diversifié. Alors que les quatre start-up valorisées l’année dernière à plus d’un milliard de dollars proposent plus ou moins les mêmes services, à savoir paiements, envoi et transfert d’argent, les jeunes pousses qui veulent devenir les prochaines licornes du secteur devront innover pour se faire une place au soleil. Comme leurs prédécesseurs, elles feront néanmoins face à des contraintes que les Etats doivent les aider à surmonter. Il s’agit notamment de l’amélioration de l’accès à l’électricité ainsi que du taux de pénétration de l’Internet mobile, sans oublier l’éducation des populations à la digitalisation en cours dans tous les secteurs d’activité en Afrique.
Emiliano Tossou
Lire aussi : Grâce à une levée de 250 millions $, Flutterwave possède les ressources pour mener son expansion africaine
L’année 2021 a vu plusieurs groupes internationaux nouer des partenariats ou lancer de nouvelles offres pour investir dans le domaine du cloud en Afrique. Il s’agit de conquérir un marché quasiment vierge, qui dispose d’à peine plus de 1 % des datacenters (essentiels aux services cloud) installés dans le monde. A un moment où la transformation numérique du continent s’est accélérée avec la pandémie de Covid-19, l’intérêt pour les services cloud ne devrait pas s’essouffler de sitôt. Ce qui laisse présager des changements positifs dans un secteur riche en opportunités. Décryptage.
Le cloud, quoi et pourquoi ?
Elément essentiel, parmi tant d’autres, de la quatrième révolution industrielle, le cloud computing regroupe un ensemble de services numériques à la demande. Il offre à ses utilisateurs des ressources informatiques allant simplement du stockage de données en ligne à la puissance de calcul ou des logiciels, sans oublier des serveurs et des applications. Ces divers services peuvent être mis à disposition dans leur ensemble ou seulement en partie par le fournisseur du cloud, selon l’offre sollicitée par le client. Trois types d’offres sont ainsi généralement proposées par les sociétés actives dans le cloud, à savoir l’infrastructure en tant que service (Iaas), la plate-forme en tant que service (Paas) et l’application en tant que service (Saas).
Comme son nom l’indique si bien, la première offre, l’Iaas, fournit aux utilisateurs les infrastructures que sont les serveurs virtuels, de la capacité de stockage et le réseau. Les clients n’ont plus besoin d’acheter du matériel informatique plus ou moins avancé pour faire fonctionner leurs logiciels ou stocker leurs données. Ils doivent néanmoins continuer à s’occuper de l’installation, de la configuration et de la mise à jour des systèmes d’exploitation, logiciels et autres applications devant fonctionner sur les infrastructures mises à disposition. Une partie de ces contraintes est levée dans le cadre de l’offre Paas qui assure, en plus de l’infrastructure, l’accès à des outils de gestion de base de données ou simplifiant le développement d’applications et de sites web.
« Le PaaS est conçu pour prendre en charge l’intégralité du cycle de vie de l’application web : conception, test, déploiement, gestion et mise à jour. Il permet d’éviter les dépenses et problèmes liés à l’achat et à la gestion de licences logicielles, de l’infrastructure sous-jacente aux applications et des intergiciels », indique Microsoft, l’un des leaders mondiaux de services cloud.
En plus de toutes ces commodités, le dernier type de services, le Saas, fournit aux clients des applications « clé en main », c’est-à-dire prêtes à l’emploi. Les exemples les plus connus d’utilisation de Saas sont les outils de bureautique en ligne comme la suite Microsoft Office ou Google Docs et Google Sheets. Alors que le Saas est davantage destiné aux utilisateurs finaux des services informatiques, ce qui en fait le segment le plus important du marché actuellement, notons que l’Iaas sert surtout les exploitants informatiques, alors que le Paas est orienté vers les développeurs.
Il faut souligner que les services cloud sont hébergés selon trois modèles. Le cloud public est caractérisé par l’hébergement des ressources informatiques chez un hébergeur tiers qui les met à la disposition de tous ceux qui peuvent les payer. En obligeant l’utilisateur à héberger lui-même l’infrastructure et les ressources qu’il utilise, le cloud privé semble plus adapté aux entreprises qui doivent obéir à des impératifs de sécurité et de confidentialité élevés. Une troisième solution est néanmoins possible, le cloud hybride, qui permet d’externaliser une partie de l’hébergement des ressources tout en gardant la main sur le contenu sensible.
Le marché du cloud en Afrique
Selon les chiffres du rapport « Global Cloud Computing Market (2021 to 2028) », le marché mondial du cloud a pesé 445 milliards $ l’année dernière. Un chiffre qui devrait tripler d’ici 2028 pour atteindre 1 200 milliards $ . Si l’Afrique représente actuellement une part marginale de ce marché, la possibilité d'accroître sensiblement cette contribution existe, compte tenu des acteurs présents sur le marché, de leurs investissements et d’une concurrence qui s’annonce encore plus féroce dans les années à venir. Il faut souligner que la présence du continent sur le marché mondial du cloud est essentiellement portée par l’Afrique du Sud. Pays africain le plus industrialisé, la nation arc-en-ciel accueille quelques-uns des plus grands acteurs mondiaux du secteur.
Microsoft, à travers son offre Azure, a installé ses centres de données au Cap et à Johannesburg en 2019, devenant ainsi le premier fournisseur de niveau mondial à proposer des services cloud à partir de centres de données situées en Afrique. Amazon Web Services lui a emboîté le pas un an plus tard, avec le lancement de trois centres de données dans différentes zones du Cap en 2020. Le prochain grand acteur à investir l’Afrique est Oracle qui a révélé en début d’année son intention de faire de Johannesburg sa première région cloud sur le continent. Notons aussi la présence du fournisseur sud-africain de centres de données neutres Teraco Data Environments à Durban, au Cap et à Johannesburg. Alors que, selon les données de Xalam Analytics datant de 2020, l’Afrique du Sud représente déjà 70 % de l’offre de centres de données sur le continent, cette domination devrait perdurer, vu le nombre croissant d’entreprises qui choisissent le pays pour établir leurs installations. Cependant, une diversification est progressivement à l’œuvre, portée aussi bien par des entreprises locales qu’internationales.
L’Africa Data Centers du milliardaire zimbabwéen Strive Masiyiwa héberge ainsi deux de ses cinq centres de données hors d’Afrique du Sud, en l’occurrence à Nairobi au Kenya et à Lagos au Nigeria. Le Nigeria est d’ailleurs l’autre grande région du continent hébergeant des centres de données, avec notamment la présence de Rack Center. Les sociétés d’investissement Actis et Convergence Partners y ont pris une participation majoritaire en 2020, apportant le capital nécessaire à l’agrandissement des installations de Rack Center. Il s’agit notamment de doubler la capacité de l’alimentation électrique à 1,5 MW, déjà achevé, et un second projet cette année pour ajouter 13 MW. Aussi, avant d’annoncer en janvier son arrivée en Afrique du Sud, le groupe texan Oracle a conclu un accord de partenariat, en octobre 2021, avec Orange pour la construction de plusieurs régions Oracle Cloud en Afrique de l’Ouest, à partir des infrastructures du groupe français au Sénégal et en Côte d’Ivoire. La nation éburnéenne devrait aussi voir l’installation prochaine de Raxio Group, filiale de la société américaine d’investissement Roha Group. La société veut aussi installer des datacenters en Ethiopie, en RDC, au Mozambique et en Ouganda, dans le cadre d’une stratégie visant à établir un réseau de datacenters connectées à travers le continent d’ici 2023.
Renforcer les infrastructures pour tirer profit du cloud
Plusieurs Etats commencent aussi à investir dans le domaine, dans le but d’assurer leur souveraineté numérique. L’année dernière, le Togo et le Sénégal ont ainsi inauguré leurs premiers datacenter souverains.
« Ce Datacenter est le lieu d’impulsion de la transformation digitale du Sénégal […] il favorise le fonctionnement du guichet unique Sénégal Services présent dans tous les départements et où les citoyens peuvent disposer de l’ensemble des services de l’administration », indique Cheikh Bakhoum, DG de l’Agence de l’Informatique de l’Etat, à propos des avantages offerts aux Etats par les datacenters souverains.
L’installation de datacenters locaux représente aussi une opportunité de réduction du chômage des jeunes diplômés. 700 emplois directs devraient être ainsi créés par l’installation du datacenter sénégalais et jusqu’à 15 000 emplois indirects. Selon un rapport de 2018 publié par l’International Data Corporation, l’adoption des services cloud a la capacité de générer environ 112 000 emplois en Afrique du Sud d’ici la fin de l’année 2022. Il ne faut pas oublier les avantages inhérents aux datacenters, à savoir une sécurité plus maîtrisée des données, un gain financier pour les entreprises qui n’ont plus à investir de gros moyens dans l’acquisition des infrastructures informatiques, surtout les petites et moyennes entreprises, pour obtenir des performances élevées. La multiplication des datacenters sur le continent devrait même réduire le coût d’accès aux services cloud et renforcer leur fiabilité.
Cependant, plusieurs obstacles empêchent encore les acteurs africains de profiter pleinement des avantages offerts par les services cloud. Il s’agit surtout de la fiabilité de la connexion Internet. L’insuffisance des infrastructures et donc du nombre de datacenters disponibles entraîne aussi un coût élevé pour les services cloud, ce qui limite son accès aux petites entreprises. Si les acteurs privés élargissent déjà leur empreinte au continent, davantage d’efforts peuvent être fournis par les Etats, notamment dans la construction de datacenters souverains qui peuvent, par exemple, soutenir les ambitions de dématérialisation des services publics.
Emiliano Tossou
Lire aussi : L’Afrique s’empare de la tech pour bâtir un système de santé plus performant
En Afrique, la digitalisation entraîne des changements importants dans le fonctionnement traditionnel de plusieurs secteurs stratégiques. Du commerce à l'agriculture en passant par l’éducation, c'est une multitude d'opportunités qui s'offre aux différents acteurs grâce aux innovations technologiques. We Are Tech vous dévoile le potentiel de ces transformations à travers plusieurs secteurs clés. Le premier épisode de la série s'intéresse à la santé.
Selon l’édition 2021 des statistiques sanitaires mondiales de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Afrique compte trois médecins pour 10 000 habitants et se classe dernière pour le taux de couverture sanitaire au niveau mondial. En 12 ans, le déficit de personnel soignant ne s’est d’ailleurs pas beaucoup amélioré puisque la région comptait 2 médecins pour 10 000 habitants en 2009. Cette statistique reflète la triste réalité que partagent plusieurs pays d’Afrique où le système de santé se caractérise encore par un manque de personnel qualifié et de plateau technique adéquat. Mais depuis quelques années, à la faveur de la quatrième révolution industrielle, une flopée d’initiatives voit le jour portée par des start-up en quête de solutions efficaces à l’accès aux soins de qualité sur le continent.
IA, télémédecine, …
Au Rwanda, Insightiv Technologies, a développé ainsi une plateforme utilisant une technologie de pointe associant l’intelligence artificielle et l’imagerie médicale pour aider les radiologues à « détecter plus rapidement les maladies potentiellement mortelles ».
Les healthtech constituent le 2e secteur tech le plus investi en Afrique après les fintech.
Il faut noter que l'utilisation de l'intelligence artificielle dans le système de santé fait déjà ses preuves sur le continent, notamment en Tunisie où Saoussen Ayari, cofondatrice de AI Diagnosis Vision, explique qu’elle contribue à résoudre les retards et les imprécisions dans les diagnostics liés essentiellement à « l’inégalité de répartition des machines radiologiques standards et spécifiques sur le territoire tunisien ».
Il faut noter que l'utilisation de l'intelligence artificielle dans le système de santé fait déjà ses preuves sur le continent.
C’est d’ailleurs conscient de l’impact que la multiplication et la démocratisation de ce type de solutions peut avoir sur le niveau de bien-être des populations dans plusieurs pays du continent, que l’organisme fédéral américain The National Institutes of Health a décidé en 2021 d’investir 74,5 millions $ afin de soutenir la recherche médicale basée sur l’IA et l’analyse de données en Afrique.
Au Cameroun la startup Waspito, lancée par Jean Lobé Lobé, a développé une plateforme mobile de télémédecine utilisant la géolocalisation. Elle met en relation les patients avec des médecins, des hôpitaux et laboratoires et facilite la prise de rendez-vous pour une consultation ou le prélèvement d’échantillons pour analyse. La solution garantit ainsi aux malades l’accès à un spécialiste de la santé et lui évite de longues files d’attente. Waspito qui veut devenir le « Facebook de la santé » en Afrique offre aussi une plateforme de discussions entre patients et praticiens dans un souci de sensibilisation et d’éducation. Les patients peuvent aussi parler à leurs médecins via des appels vidéo.
Waspito veut devenir le « Facebook de la santé » en Afrique.
Au Bénin, l’application goMediCAL offre un service similaire, centré sur la prise de rendez-vous chez le médecin et la téléconsultation. Elle donne aussi la possibilité de prendre rendez-vous pour un proche et de payer la consultation. L’application dispose aussi d’une fonction qui rappelle au patient ses heures de prise de médicaments qu’il peut d’ailleurs acheter en ligne en consultant une liste de pharmacies ouvertes.
Même l’accès aux médicaments est déjà facilité par la technologie. Au Rwanda, AFIAPHARMA a développé une plateforme web et une application mobile sur laquelle le patient peut commander le produit dont il besoin et se faire livrer à domicile.
Un écosystème healthtech bouillonnant
Quelque peu timide par le passé, le secteur de la healthtech a connu une véritable transformation en 2020 et 2021 grâce à la Covid-19 qui a révélé son importance dans la fourniture des services de santé, même en période de crise. Alors que les start-up africaines ont levé environ 4,4 milliards $ l’année dernière, soit plus du double des financements de 2020, la part captée par celles actives dans le secteur de la santé a également augmenté. Elle a dépassé les 300 millions $, soit 8% du montant total capté par les startups en Afrique, selon les données relayées par Techpoint. Une performance qui représente le triple du total des financements obtenus par le secteur de la healthtech en 2020.
Alors que les start-up africaines ont levé environ 4,4 milliards $ l’année dernière, soit plus du double des financements de 2020, la part captée par celles actives dans le secteur de la santé a également augmenté. Elle a dépassé les 300 millions $, soit 8% du montant total.
Mieux, ce montant est supérieur au total des deux années précédentes, ce qui donne une idée de la progression enregistrée en 24 mois. Alors que le segment healtech (et biotech) n’était pas sur le podium des secteurs les plus soutenus par les investisseurs il y a deux ans, il occupe désormais la deuxième place, derrière l’indétrônable segment des entreprises de technologies financière (fintech). Le dynamisme de ce secteur et son impact potentiel sur le développement en Afrique sont sans doute quelques unes des raisons qui ont poussé la fondation Novartis, en collaboration avec la Fondation norvégienne Norrksen, à lancer l’année dernière son HealthTech Hub Africa au Rwanda.
Le HealthTech Hub Africa au Rwanda
L’incubateur est installé dans les locaux de la Norrksen House à Kigali, où la Fondation souhaite consacrer 200 millions $ pour favoriser l’émergence des prochaines licornes africaines.
Démocratiser l’accès aux solutions
Bien que le nombre d’initiatives numériques de fourniture de soins de santé se multiplient à travers l’Afrique, de nombreux défis restent à relever pour leur permettre d’améliorer les conditions de vie de millions de personnes. La grande majorité des innovations actuelles s’adressent surtout à un public habitué à utiliser internet et les smartphones, sur un continent où le taux de pénétration de l’internet mobile n’est encore que de 28%. Pour les populations rurales, c’est un obstacle majeur. De plus, la plupart des healthtech du continent proposent actuellement des solutions reposant sur la proximité avec des infrastructures de santé déjà établies, en milieu urbain et essentiellement privées. Un autre obstacle à l’accès aux soins en milieu rural.
Faciliter le développement des healthtech en Afrique, pour améliorer l’accès des populations aux soins, requiert aussi un meilleur cadre réglementaire propice à des services de qualité, sécurisés.
Emiliano Tossou
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Dans le rapport bisannuel publié en juillet 2020 par l’Organisation des Nations unies sur le gouvernement en ligne (e-gouvernement) dans le monde, l’Afrique est la région où un plus grand nombre de pays ont enregistré une amélioration de leur niveau de préparation à la gouvernance électronique. Bien que le continent ait encore un long chemin à parcourir pour se hisser au niveau des leaders mondiaux, c’est tout de même le signe d’une prise de conscience progressive par les dirigeants africains du potentiel offert par la dématérialisation des services publics.
Le gouvernement en ligne peut être appréhendé comme la mise à contribution des technologies de l’information et de la communication pour offrir aux administrés, citoyens comme entreprises, des services publics de manière plus efficace. Alors que la numérisation facilite de plus en plus le fonctionnement d’un grand nombre de secteurs économiques, l’Etat ne peut en effet plus rester en marge de cette évolution et a dû s’adapter plus ou moins rapidement à cette réalité. Loin du fantasme de « Big Brother » popularisé par Hollywood et les livres de science-fiction, la technologie utilisée correctement par le pouvoir public permet avant tout de faciliter la vie du citoyen, mais améliore aussi la gestion publique. On peut, entre autres, citer la lutte contre la corruption facilitée par l’absence de contact direct entre l’agent de l’Etat et le citoyen, la rapidité dans le traitement des demandes des administrés grâce à l’automatisation de certaines tâches, ainsi qu’une meilleure collecte des recettes publiques grâce à la transparence offerte par un système informatisé sécurisé.
Etat des lieux de l’e-Gov en Afrique
Comme le montre le dernier rapport du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, le déploiement de l’e-Gov est bien plus avancé sur tous les autres continents qu’en Afrique. L’Europe est ainsi la première région dans le classement E-Government Development Index (EGDI), avec 33 pays occupant le niveau le plus élevé de l’indice, contre 15 en Asie, 2 en Océanie et aucun en Afrique.
« Les classements en matière d'administration électronique ont tendance à être corrélés au niveau de revenu d'un pays », avance Liu Zhenmin, secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des affaires économiques et sociales, pour expliquer ces différences importantes.
Le classement se base non seulement sur l’étendue et la qualité des services en ligne, mais aussi sur l'état de l’infrastructure et les capacités humaines existantes, deux derniers points où les Etats africains ont longtemps péché par le manque d’investissements. Cependant, les avancées enregistrées ces dernières années montrent une réelle volonté d’amélioration de la situation chez la plupart des gouvernements. A titre d’illustration, seuls 5 pays africains ont obtenu la note « élevé » en matière de préparation à la gouvernance électronique dans le classement de l’ONU en 2016. Quatre ans plus tard, ils étaient désormais 14, soit pratiquement le triple. La progression des pays de la région est encore plus visible quand on observe les pays appartenant au niveau le plus bas du classement. 26 pays africains s’y trouvaient en 2016, contre seulement 7 en 2020. Le premier pays du continent, l’île Maurice, est aussi passé de la 66e à la 63e place mondiale, suivi des Seychelles (83e à 76e). Ces améliorations au niveau des Etats africains, loin de se résumer à des cases à cocher dans des enquêtes ou des rapports, ont un impact positif direct sur la vie des citoyens qui mérite qu’on s’y attarde.
La success-story béninoise
Au Bénin par exemple, les avancées enregistrées en matière de dématérialisation des services publics sont beaucoup plus importantes que ce que pourrait laisser penser la progression de seulement deux places au classement de l’EGDI entre 2016 et 2020. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Patrice Talon en 2016, des dizaines de services publics se font désormais en ligne, en ce qui concerne aussi bien le citoyen que les entreprises. Par exemple, avant la dématérialisation du casier judiciaire, l’obtention de ce document indispensable pour plusieurs procédures administratives devait se faire par le citoyen lui-même (ou une personne ayant obtenu de lui une procuration) exclusivement dans sa commune de naissance. Pour un Béninois vivant hors de sa commune d’origine, il fallait préparer un voyage et un court séjour dans ladite commune pour avoir la pièce, à défaut d’avoir un proche à qui donner procuration.
Ce service, ainsi que beaucoup d’autres comme le certificat de nationalité, le permis de construire, la carte d’identité biométrique, se fait déjà en ligne. Témoin du succès de l’initiative, le gouvernement affirme avoir délivré 100 000 casiers judiciaires en ligne de juillet 2020 à août 2021, dont 80 % en moins de 72 heures, pour près de 200 millions FCFA de recettes collectées (350 000 $). La situation n’est pas tellement différente du côté des entreprises où le Bénin est considéré comme « l’endroit le plus rapide au monde pour démarrer une entreprise sur un téléphone mobile », d’après la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Grâce à une plateforme en ligne, la création d’une société ne prend en effet que quelques heures. Si le petit pays ouest-africain n’est ni le premier ni le seul du continent où la création d’entreprises se fait en ligne, cette performance montre néanmoins que « les ressources financières ne sont pas le seul facteur critique pour faire progresser l'administration numérique ». Rappelons que c’est en s’inspirant de l’Estonie, un autre petit Etat (européen) devenu l’un des leaders mondiaux en matière de gouvernement numérique, que le Bénin poursuit la numérisation de son administration.
« La volonté politique, le leadership stratégique et l'engagement d'un pays à faire progresser les services numériques peuvent améliorer son classement comparatif », assure donc M. Zhenmin.
Opportunités et défis
En dehors des avantages déjà cités plus haut, la dématérialisation des services publics représente en elle-même une opportunité d’affaires pour les start-up. Sur un continent où la maîtrise des outils numériques n’est pas encore une réalité pour des millions de citoyens, des entrepreneurs se lancent déjà dans des services de soutien aux démarches administratives en ligne. Contre un prix forfaitaire, ils se proposent de livrer le document demandé par le citoyen en effectuant la procédure à sa place. Un service peu développé pour le moment, mais qui devrait connaître une progression au fur et à mesure de la dématérialisation définitive de certains services publics. La pandémie de Covid-19 a d’ailleurs offert un terreau fertile à ces jeunes pousses puisque les gouvernements ont rendu obligatoire l’utilisation de plateformes en ligne pour certains services publics. Ces plateformes représentent d’ailleurs une autre opportunité pour des start-up locales de se positionner, comme fournisseur d’agrégateurs de paiement ou développeurs de nouvelles solutions numériques toujours plus innovantes. L’écosystème tech des pays africains n’en sortirait que grandi.
Si les écueils habituels liés à la transformation numérique en Afrique sont bien connus, à savoir notamment le manque d’infrastructures (entraînant une faible couverture Internet) et un coût élevé de la data, d’autres contraintes sont à surmonter par les Etats qui se lancent dans la dématérialisation des services publics. Les défis de sécurité inhérents à tout système informatique sont l’une de ces contraintes, surtout en ce qui concerne les données personnelles des citoyens transitant par ces plateformes gouvernementales. Données qui, dans les pays beaucoup plus avancés en la matière, font déjà régulièrement l’objet d’attaques de pirates. De plus, l'usurpation d’identité pourrait être facilitée par la simplicité liée au processus d’obtention de certains documents administratifs. Un cadre réglementaire pour punir ces dérives est donc indispensable, de même que des mesures de prévention adaptées.
Emiliano Tossou
D’ici 2025, l’avancée de la société de l’information accélérée par la Covid-19 accentuera la demande en connectivité à haut débit à travers le monde. De nombreux opérateurs se positionnent déjà en conséquence pour tirer profit de la croissance qui se dessine dans le marché de la data. Cependant, certaines solutions mises en œuvre par de grandes entreprises télécoms pour satisfaire leurs consommateurs, mêmes ceux des zones les plus enclavées de la planète, pourraient s’avérer à double tranchant.
Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), certains modèles de trafic data deviendront permanents au regard du changement d’habitude de consommation d’Internet suscité durant la pandémie mondiale. Dans son rapport « Economic impact of COVID-19 on digital infrastructure » publié en 2020, l’agence spécialisée des Nations-unies affirme : « Cela signifie très probablement que la connectivité à haut débit domestique et les systèmes informatiques à distance resteront de plus en plus critiques en termes de vitesse, de latence, de sécurité, de fiabilité et de coût».
Dans cet environnement télécoms en profonde mutation, plusieurs opérateurs satellites de renom tels qu’Intelsat, Eutelsat, Yahsat, Inmarsat, SES ou encore O3B accélèrent leur expansion. Certains ont l’idée de développer des constellations de satellites. Mais là où ils envisagent moins de 30 appareils, les sociétés américaines SpaceX et Amazon, l’indo-britannique OneWeb et la chinoise Hongyan parlent de méga-constellations, fortes pour certaines de plus de 5000 mini appareils qui seront déployés en orbite basse terrestre. C’est-à-dire entre 200 et 2000 km de la Terre. Assez proche comparée à la traditionnelle orbite géostationnaire située à près de 36 000 km.
Les sociétés américaines SpaceX et Amazon, l’indo-britannique OneWeb et la chinoise Hingyan parlent de méga-constellation, fortes pour certaines de plus de 5000 mini appareils qui seront déployés en orbite basse terrestre.
Leur objectif, sur le segment de marché de la data où la concurrence se développe à grands pas, est d’apporter la connectivité à haut débit partout sur la planète. Chacune veut fournir Internet même dans les zones les plus reculées de la terre, jusqu’à présent coupées du monde numérique. Une ambition qui leur garantira également des revenus assez importants avec le marché de l’Internet des Objets qui émerge.
Concurrents
Le 26 mai, SpaceX a ajouté une soixantaine de satellites à sa méga-constellation initiée depuis 2019. A travers ce énième lancement, la société a porté son effectif spatial à plus de 1500 appareils placés à 550km de la Terre. Près de 700 ont déjà été lancés cette année, D’ici 2025, Elon Musk, le PDG de SpaceX, prévoit de placer un total de 12 000 satellites dans l’espace.
OneWeb avance également dans la mise en œuvre de sa méga-constellation, bien que moins rapidement que SpaceX. Il faut dire que l’entreprise s’est retrouvée à cours de moyens financiers dès mars 2020 à cause de la Covid-19 qui a déjoué un certain nombre de promesses de financement. Sauvée de la faillite en juillet 2020 par Bharti Airtel et le gouvernement britannique, puis par le français Eutelsat, la société a franchi la barre des 200 satellites dans l’espace le 28 mai. OneWeb prévoit d’entourer la Terre d’une flotte de 650 mini-satellites. Les lancements sont tous gérés par Arianespace.
Pour Jeff Bezos, patron d’Amazon, c’est le lancement de 3236 mini-satellites que prépare l’entreprise. La méga-constellation est baptisée Kuiper. Fin juillet 2020, Amazon avait obtenu l'accord des autorités américaines chargées du contrôle des fréquences pour le déploiement de ses équipements à des altitudes de 590, 610 et 630 km sous réserve qu'ils n'interfèrent pas avec d’autres méga-constellations en cours de déploiement et que soit déployée au moins la moitié de la constellation d'ici 2026. Amazon prévoit d'investir 10 milliards USD dans le projet.
La Chine également planche sur sa méga-constellation. Le projet baptisé Hongyan porte sur un total de 12 992 mini-satellites. La China Aerospace Science and Technology Corp. (CASC), principal entrepreneur spatial chinois, prévoit la mise en orbite des 60 premiers satellites d'ici 2022.
Dans son rapport « The State of Mobile Internet Connectivity 2020 », l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) estime que près de la moitié de la population mondiale utilise désormais l’Internet mobile. 3,8 milliards de personnes sont déjà connectées mais 600 millions de personnes demeurent privées de l’accès au réseau télécom. Les méga-constellations contribueront pour beaucoup à leur intégration au monde numérique. Cependant, cet intérêt pour une meilleure couverture mondiale en connectivité suscite de nombreuses préoccupations.
Embouteillage spatial
Pour les opérateurs concurrents des méga-constellations, le nombre élevé de mini-satellites qui seront disséminés en orbite basse autour de la terre déjà utilisée par les satellites de télédétection, de télécommunications et scientifiques, mais aussi par la station spatiale internationale, viendront congestionner l'environnement spatial proche. Une crainte qui n’inquiète pas vraiment l’Union internationale des télécommunications qui estime que « l’orbite basse est en fait un continuum d'orbites dont les altitudes s'échelonnent entre 200 et 2000 km. Tous ces satellites sont donc positionnés à des altitudes différentes. Certaines altitudes pourraient se retrouver congestionnées, mais d'autres resteront disponibles ».
« L’orbite basse est en fait un continuum d'orbites dont les altitudes s'échelonnent entre 200 et 2000 km. Tous ces satellites sont donc positionnés à des altitudes différentes.»
Sur l’usage de l’orbite basse choisie par les promoteurs de méga-constellation, les réponses de l’UIT suscitent toutefois des inquiétudes. « Afin de préserver des ressources fréquentielles pour les besoins futurs des États membres, l'UIT a développé et inclus dans le règlement des radiocommunications des plans spatiaux qui attribuent à chaque pays membre, notamment ceux d’Afrique, un ensemble de fréquences radio associées à une ou des positions orbitales géostationnaires. À ce stade, les plans spatiaux concernent uniquement l'orbite des satellites géostationnaires car c'est celle qui est la plus rare en termes de caractéristiques orbitales. Les autres orbites étant des continuums d'altitude et donc moins sujettes à la rareté, il n'y a jusqu'à présent aucune disposition similaire », explique l’Union. En clair, sur les orbites basses c’est premier arrivé premier servi puisque l’espace n’est la propriété d’aucun pays, selon le Traité de l’espace de 1967. Un gros désavantage pour un grand nombre de pays qui balbutient encore dans le développement des télécommunications spatiales, notamment ceux d’Afrique.
« Certaines altitudes pourraient se retrouver congestionnées, mais d'autres resteront disponibles »
Si les opérateurs télécoms peinent à se faire entendre sur la gestion de l’orbite basse terrestre, les astronomes du monde entier quant à eux se montrent plus teigneux dans la défense de leurs intérêts. L’Union astronomique internationale (IAU) estime que les méga-constellations vont venir compliquer davantage le travail des astrophysiciens dans l’étude des corps astraux, déjà assez difficile comme ça. « Premièrement, les surfaces de ces satellites sont souvent constituées de métal hautement réfléchissant, et les réflexions du soleil dans les heures qui suivent son coucher et avant son lever les font apparaître comme des points dans le ciel nocturne. Bien que la plupart de ces réflexions puissent être si faibles qu'elles sont difficiles à repérer à l'œil nu, elles peuvent être préjudiciables aux capacités sensibles des grands télescopes astronomiques au sol, y compris les télescopes de surveillance à grand angle extrême actuellement en construction. Deuxièmement, malgré des efforts notables pour éviter d'interférer avec les fréquences de radioastronomie, les signaux radio agrégés émis par les constellations de satellites peuvent encore menacer les observations astronomiques ». L’Union a d’ailleurs déjà saisi les Nations unies afin de l’inciter à statuer sur un cadre réglementaire qui atténuera ou éliminera les effets néfastes sur l'exploration scientifique. Après une réunion préliminaire du 19 au 30 avril, le Comité des utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique (COPUOS) de l’ONU devra se prononcer au mois d’août. Pour l'Académie internationale d'astronautique, la pollution grandissante de l’espace inquiète aussi.
Quid de la pollution
Après la pollution de la terre, qui représente actuellement un défi énorme pour les futures générations, les défenseurs de l’environnement dénoncent la pression que la quatrième révolution industrielle fait subir au ciel. Ils considèrent que la mauvaise gestion d’une minorité viendra à nouveau peser sur les épaules de tous. Au 20 mai 2021, l’Agence spatiale européenne (ESA) estimait à 11 670 le nombre de satellites envoyés dans l’espace depuis 1957. Parmi ceux-ci, 7200 sont encore présents dans l’espace, pour 4300 toujours fonctionnels. La masse totale des objets spatiaux en orbite terrestre est évaluée à plus de 9400 tonnes.
Train de satellites Starlink.
Avec les méga-constellations, la masse totale de débris spatiaux risque de se multiplier, tout comme les rentrées atmosphériques potentiellement dangereuses. « On estime qu’il y a eu à peu près 25 000 rentrées atmosphériques depuis Spoutnik 1 en 1957. Sur ces 25 000 rentrées, il y a eu 10 000 gros objets », déclare Christophe Bonnal, chercheur au Centre national d'études spatiales (CNES) en France et président des commissions « Débris spatiaux » de l'Académie internationale d'astronautique (IAA).
« La Terre se compose à 70% d’eau, de 10 à 12% de savanes et de déserts et de 3% de zones densément peuplées. Le risque pour l’Homme est donc faible en effet, mais il n’est pas nul, il existe bel et bien […] Il y a hier. Et il y a demain. Tant que la situation ressemble à hier, il n’y a pas encore trop d’objets. Demain, le gros risque est l’explosion du nombre de nouveaux satellites dans l’espace, avec tout ce que l’on appelle le « New Space », l’« Espace 4.0 », les « méga-constellations », dans les décennies à venir. Et cela change vraiment la donne », poursuit-il. Avec la bataille de l’Internet qui se développe en orbite basse, la probabilité que le ciel finisse par nous tomber sur la tête augmente.
Muriel Edjo
Facebook a récemment annoncé que les investissements dans Facebook Reality Labs, sa branche dédiée à la réalité virtuelle et à la réalité augmentée, devraient atteindre au moins 10 milliards $ cette année. Ce montant est appelé à croître sur la décennie afin d’aider Mark Zuckerberg à réaliser l’un de ses rêves, celui de construire le « métavers », un monde virtuel calqué sur le réel. Alors que les géants technologiques sont déjà à ce niveau de sophistication présenté comme la « nouvelle frontière d’Internet », l’Afrique découvre à peine le potentiel de la réalité virtuelle, malgré quelques initiatives prometteuses. Explications.
Facebook a fait plusieurs annonces au cours de la publication de ses résultats du troisième trimestre, lundi 25 octobre. Le géant technologique a non seulement indiqué que les investissements dans la branche Facebook Reality Labs (FRL) devraient réduire le bénéfice d’exploitation global d’environ 10 milliards $ cette année, mais il a aussi indiqué que les résultats financiers de cette branche seraient désormais séparés, dès le quatrième trimestre 2021, des autres activités du groupe.
Un carrefour virtuel et connecté donnant l’illusion du réel.
Si cette décision a surtout pour but d’éviter que les investissements importants prévus au cours des prochaines années plombent le bilan financier général de l’entreprise, ils démontrent tout de même l’importance que Mark Zuckerberg accorde au développement de la réalité virtuelle (VR) et de la réalité augmentée (AR). Le PDG de Facebook a même expliqué aux investisseurs que l’entreprise va s’atteler à passer du statut de géant des réseaux sociaux à celui d’entreprise axée sur le métavers, même si cela suppose que Facebook devra attendre des années avant d’obtenir des bénéfices dans le secteur. « Ce n'est pas un investissement qui va être rentable pour nous dans un avenir proche […] Mais nous croyons fondamentalement que le métavers va être le successeur de l'internet mobile », a déclaré le PDG de Facebook.
« Ce n'est pas un investissement qui va être rentable pour nous dans un avenir proche […] Mais nous croyons fondamentalement que le métavers va être le successeur de l'internet mobile », a déclaré le PDG de Facebook.
Pour refléter cette transformation, le groupe a d’ailleurs fait part jeudi 28 octobre de son changement de nom, de Facebook à Meta. « À partir de maintenant, nous allons être le métavers en premier. Et non plus Facebook avant tout », a annoncé Mark Zuckerberg, lors de son discours d’ouverture de « Connect », un évènement annuel consacré au matériel informatique, notamment celui produit par FRL.
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Le groupe prévoit d’embaucher 10 000 personnes en Europe, au cours des cinq prochaines années. Ce personnel va œuvrer exclusivement pour que « la prochaine génération d'expériences sociales en ligne » voie le jour. Faut-il le rappeler, Facebook Reality Labs, qui s’appelait jusqu’à l’année dernière Oculus Research, du nom de la start-up de réalité virtuelle acquise en 2014 pour 2 milliards $, se consacre actuellement aux casques et lunettes de VR et d’AR.
La nouvelle frontière d’internet
Si le concept « métavers » est encore peu connu du grand public, sa première apparition remonte à 1992, dans une œuvre de l’écrivain américain de roman de science-fiction Neal Stephenson intitulé Snow Crash. Contraction des mots meta et univers, il s’agit d’un carrefour virtuel et connecté donnant l’illusion du réel, et dans lequel les utilisateurs (humains) évoluent en 3D grâce à leurs avatars. Ce nouveau monde devrait combiner diverses technologies actuellement en déploiement, comme la 5G, les cryptomonnaies, les jetons non fongibles (NFT). Pour ces derniers, par exemple, l’existence d’un monde virtuel similaire au réel donnerait plus de sens aux acquisitions d’œuvres sous forme de NFT. Comme dans le monde physique, on pourrait vendre, acquérir et y détenir des biens, travailler à distance, étudier à distance, tout en ayant le sentiment d’être présent dans les différents lieux en question.
L’un des avantages de ce métavers pourrait par exemple être la possibilité d’essayer des vêtements dans cet univers avant de passer commande pour les utiliser dans le monde réel.
L’un des avantages de ce métavers pourrait par exemple être la possibilité d’essayer des vêtements dans cet univers avant de passer commande pour les utiliser dans le monde réel.
« On peut considérer le métavers comme un internet incarné, où l'on ne se contente pas de regarder le contenu, on y est. Et vous vous sentez présent avec d'autres personnes comme si vous étiez dans d'autres lieux, vivant des expériences différentes que vous ne pourriez pas nécessairement faire sur une application ou une page web en 2D, comme la danse, par exemple », détaille, enthousiaste, Mark Zuckerberg.
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Le PDG de Facebook n’est d’ailleurs pas le seul homme d’affaires qui accorde un intérêt important à ce concept. Il faut dire que le métavers pourrait être accessible aussi bien à travers les accessoires de réalité virtuelle actuellement disponibles, qu’à travers les appareils mobiles, les ordinateurs portables et les consoles de jeux. Dans ce dernier domaine par exemple, plusieurs plateformes de jeux vidéo expérimentent à petite échelle certaines futures fonctionnalités de ce métavers.
L’autre grand promoteur du métavers est d’ailleurs Tim Sweeney, PDG d’Epic Games, société propriétaire de plusieurs jeux en vogue comme Fortnite. Avec ses 350 millions de joueurs sur la planète, Fortnite a ainsi déjà servi de cadre à des concerts virtuels (Ariana Grande ou Travis Scott) et accueilli en avant-première les bandes-annonces de certains films. Comme Facebook, son patron prévoit aussi d’investir massivement afin de réussir le passage vers ce métavers.
Un marché de près de 70 milliards $ d’ici 2028.
Il faut rappeler que la mise en œuvre d’une innovation majeure n’est pas la seule motivation des groupes technologiques qui veulent investir dans le métavers. Les marchés de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée représentent chaque année des milliards de dollars et ils sont en pleine croissance. Selon un rapport du cabinet Grand View Research paru en mars dernier, le marché de la réalité virtuelle pourrait représenter 69,60 milliards $, d’ici 2028. En 2020, le même marché représentait seulement 15,81 milliards $, soit un taux de croissance annuelle composé de 18%.
Opportunités en Afrique
Il existe actuellement peu de chiffres pour évaluer la place qu’occupe l’Afrique sur le marché mondial de la réalité virtuelle. Pour s’en rendre compte, il faut plutôt s’intéresser aux initiatives qui éclosent ici et là sur le continent, comme l’AR/VR Africa Community qui regroupe les « créateurs de contenu, les passionnés, les créatifs, les développeurs et les technologues qui souhaitent faire la différence avec la réalité virtuelle et augmentée ».
Ce type de projet peut devenir un moyen pour tous les pays du continent de mieux exporter leurs richesses culturelles, contribuant à détruire le mythe du « misérabilisme africain. »
Des start-up essayent aussi de se frayer un chemin pour tirer parti du potentiel de cette technologie, mais elles ont encore besoin d’importants financements pour croître. On peut citer, entre autres, la jeune pousse algérienne Shédio qui veut œuvrer pour le tourisme avec la VR et l’AR. Encore à ses débuts, elle entend offrir un service de tourisme digital mêlant la reconstitution 3D de sites culturels et historiques et la création de musées interactifs en 3D. Cela pourrait démocratiser l’accès aux sites touristiques de l’Algérie pour les locaux et offrir aussi aux expatriés l’accès à leur patrimoine national.
Mais à terme, ce type de projet peut devenir un moyen pour tous les pays du continent de mieux exporter leurs richesses culturelles, contribuant à détruire le mythe du « misérabilisme africain » et la tendance de certains Occidentaux à considérer le continent comme un seul pays avec une culture uniforme.
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Alors que la pandémie de Covid-19 a révélé les différentes possibilités qu’offre la réalité virtuelle et augmentée pour l’accès à distance à des cours et à des conférences, sa démocratisation sur le continent peut offrir de nouvelles possibilités d’études à la jeunesse africaine, sans que celle-ci ait besoin de s’expatrier.
Sa démocratisation sur le continent peut offrir de nouvelles possibilités d’études à la jeunesse africaine, sans que celle-ci ait besoin de s’expatrier.
D’autres solutions dans le domaine de la santé, avec des opérations chirurgicales par des praticiens locaux assistés des meilleurs spécialistes mondiaux en la matière seraient également possibles, même dans des régions reculées en Afrique. Enfin, la réalité virtuelle représente une opportunité pour les commerçants africains, détaillants ou grossistes.
Des opérations chirurgicales par des praticiens locaux assistés des meilleurs spécialistes mondiaux en la matière seraient également possibles, même dans des régions reculées en Afrique.
« Les avantages sont nombreux - il est beaucoup plus rapide et moins cher de tester de nouveaux concepts, de lancer de nouveaux produits et d'offrir un processus d'achat plus expérientiel », explique Oliver Baillie, PDG et fondateur de l’organisation sud-africaine La Maison Des Arts (LMDA).
Tout comme pour l’IA et d’autres nouvelles technologies similaires, le taux de pénétration et la qualité d’Internet restent néanmoins des obstacles de taille à franchir pour atteindre ces objectifs. La volonté politique est donc nécessaire pour offrir un cadre dans lequel les start-up qui évoluent dans le secteur pourraient atteindre la maturité et aider les pays du continent à réussir la quatrième révolution industrielle.
Emiliano Tossou
Selon un rapport publié, il y a quelques semaines par le géant britannique de la téléphonie par satellite Inmarsat, l’adoption des technologies liées à l’Internet des Objets s’est accélérée dans le monde entier, à cause de la pandémie de Covid-19. Mais en Afrique, le monde agricole n’a pas attendu une catastrophe sanitaire planétaire pour entamer l’adoption de ce nouveau concept ainsi que des technologies qui y sont liées. Décryptage.
Contrairement à l’intelligence artificielle ou au machine learning, il est difficile d’avoir une définition exhaustive, mais simple de l’internet des objets (IoT- internet of things, en anglais), car il ne s’agit tout simplement pas d’une technologie. Il faut plutôt le comprendre comme un concept qui vise à tirer profit des données émises par la multitude d’objets connectés, utilisés dans tous les secteurs d’activité. Grâce à internet et au fonctionnement en réseau, ces objets connectés, dotés de capteurs, peuvent transmettre continuellement des informations les unes aux autres et permettre aux utilisateurs d’améliorer les processus de production ou le quotidien des particuliers.
L’Afrique mise sur la technologie pour améliorer le rendement des entreprises agricoles.
Il faut aussi souligner que l’IoT intègre les autres technologies suscitées, à savoir l’IA, l’apprentissage automatique ou encore la blockchain. Pour le moment, les usages de l’IoT connus du grand public se limitent parfois à des montres connectées, des voitures connectées ou encore la maison connectée. Mais les applications de l’IoT pour les entreprises sont celles qui offrent encore le plus de potentiel de croissance, en raison des besoins auxquels elles peuvent répondre.
L’agriculture en Afrique à l’ère de l’IoT
D’après l’ONU, le monde doit multiplier par deux sa production alimentaire d’ici 2050, pour répondre à la forte croissance attendue de la population. Alors que les surfaces cultivables ont davantage tendance à rétrécir et que le changement climatique affecte la disponibilité de l’eau, le leitmotiv de l’industrie agricole est désormais l’efficience. Les différentes innovations technologiques offrent une solution à cette quête d’efficacité et les agriculteurs africains, continent le plus visé par ce boom démographique, s’en emparent déjà.
Alors que les surfaces cultivables ont davantage tendance à rétrécir et que le changement climatique affecte la disponibilité de l’eau, le leitmotiv de l’industrie agricole est désormais l’efficience.
Dans plusieurs pays africains, l’agriculture représente l’un des principaux contributeurs à la création de richesse et la part du secteur dans le PIB de l’Afrique est estimée à 30%. Elle emploie aussi 60% de la population active, tout en produisant 80% des besoins alimentaires du continent. Après avoir migré progressivement, des méthodes d’exploitation peu industrialisées à la mécanisation et à l’usage intensif d’intrants agricoles et de pesticides, les agriculteurs du continent peuvent désormais profiter des nouvelles technologies adaptées à leur activité. Entre usage de produits chimiques et effets du changement climatique, l’agriculture traditionnelle fait en effet face à de multiples défis qui ont pour conséquences de réduire les récoltes et d’accroître la sous-alimentation. Selon des estimations concordantes en effet, la population africaine, déjà marquée en partie par des problèmes de sécheresse et de faim, devrait croître de 91% d’ici 2050, passant de 1,3 milliard en 2020 à 2,6 milliards.
IBM et l’agritech Hello Tractor développent des solutions au Kenya et au Nigeria.
Pour relever ces défis, plusieurs start-up tentent d’apporter des solutions en misant sur la technologie pour améliorer le rendement des entreprises agricoles. Dans ce contexte, l’internet des objets joue un rôle de premier plan, comme l’a démontré un accord conclu, il y a deux ans, entre IBM et l’agritech Hello Tractor, présente au Nigeria et au Kenya. Fin décembre 2018, le géant américain s’est en effet associé, à travers sa filiale IBM Research, à la jeune pousse ouest-africaine pour développer une plateforme basée notamment sur l’IA et la blockchain, au profit des agriculteurs africains. La méthode est plutôt simple. Il s’agit d’installer des objets connectés dotés de capteurs dans les champs tout au long de l’année, afin qu’ils puissent récolter et transmettre des données sur la pluviométrie, les prédateurs des plantes, l’usage des intrants, etc.
La méthode est plutôt simple. Il s’agit d’installer des objets connectés dotés de capteurs dans les champs tout au long de l’année, afin qu’ils puissent récolter et transmettre des données sur la pluviométrie, les prédateurs des plantes, l’usage des intrants, etc.
Ces informations, associées à celles obtenues grâce à la météo et analysées grâce à l’intelligence artificielle et à l’apprentissage automatique, fournissent ensuite aux agriculteurs de précieuses indications. Ces dernières peuvent concerner le moment idéal pour planter, protéger les cultures grâce aux pesticides, irriguer, afin d’obtenir les meilleurs rendements possibles.
Unitrans Africa vulgarise l’usage du drone au Malawi et au Mozambique.
L’usage des objets connectés ne s’arrête pas là, comme le montre Unitrans Africa. Spécialisée dans la fourniture de diverses solutions aux agriculteurs africains, elle a acquis cette année une flotte de drones au profit de ses clients du Malawi et du Mozambique, dans un premier temps. Les engins peuvent non seulement assurer la pulvérisation aérienne à un coût inférieur à celui des avions, mais en plus, grâce aux capteurs dont ils sont dotés, ils peuvent fournir à l’agriculteur des informations sur les cultures qui ont plus ou moins besoin d’intrants agricoles, tout en identifiant rapidement, sur des champs de plusieurs milliers d’hectares, des zones subissant divers stress.
L’autre aspect qui peut passer inaperçu, mais qui est tout aussi précieux dans une agriculture numérisée, c’est la disponibilité de données fiables sur les récoltes, ce qui peut encourager les établissements de crédit à accorder plus facilement du financement aux entrepreneurs agricoles.
Par ailleurs, des capteurs peuvent aussi être installés sur les machines agricoles et prévenir ainsi les propriétaires de potentielles réparations ou travaux de maintenance à faire. Cela limite les imprévus et participe aussi à l’amélioration du rendement des cultures. Enfin, l’autre aspect qui peut passer inaperçu, mais qui est tout aussi précieux dans une agriculture numérisée, c’est la disponibilité de données fiables sur les récoltes, ce qui peut encourager les établissements de crédit à accorder plus facilement du financement aux entrepreneurs agricoles.
Des contraintes
Faut-il le rappeler, les agritech ne sont pas l’apanage de l’Afrique. Dans son rapport intitulé « Industrial IoT in the time of Covid-19 », élaboré avec l’appui du cabinet Vanson Bourne, Inmarsat rappelle que « les investissements dans les technologies destinées à soutenir la production alimentaire ont été multipliés par six depuis 2012, pour atteindre 20 milliards de dollars en 2019 ». Sur ce total, il faut souligner que les technologies centrées sur l’amélioration génétique des cultures ou l’agriculture de précision occupent une belle place. Par ailleurs, à travers le monde, les entreprises qui sont plus enclines à effectuer les investissements nécessaires sont celles de grande taille (250 à 3000 employés et plus). En Afrique où les petites et moyennes entreprises dominent encore le secteur, se pose donc le problème du financement pour mener cette nouvelle révolution technologique.
En Afrique où les petites et moyennes entreprises dominent encore le secteur, se pose donc le problème du financement pour mener cette nouvelle révolution technologique.
A cela, il faut ajouter un problème tout aussi important qui concerne la fracture numérique. L’agriculture se pratique en zone rurale et il s’agit encore malheureusement des régions les plus délaissées par les opérateurs, en ce qui concerne l’accès à internet. Le taux de pénétration de l’internet mobile s’élève ainsi à 28% en Afrique subsaharienne, selon les chiffres de 2020 de l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA). Le coût de l’internet constitue aussi un obstacle, sans oublier la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée pour exploiter les données, ainsi que les besoins de formation des agriculteurs à l’utilisation de cette technologie. Il ne s’agit heureusement pas de difficultés insurmontables et une forte volonté politique peut permettre de démocratiser l’usage de l’Internet des Objets dans l’agriculture africaine.
Emiliano Tossou
Pour la première fois au monde, en juin dernier, une école a été imprimée en 3D au Malawi, un pays en manque « cruel » de salles de classe. En à peine 18h, l’entreprise danoise COBOD s’est servi de son imprimante 3D BOD2 pour construire sur un système de portique modulaire, cette infrastructure mesurant 56 m2. Si cette réalisation a suscité de l’émerveillement de par le monde, elle montre aussi que la fabrication additive gagne du terrain en Afrique. Depuis ses premiers pas, il y a quelques années, le continent a fait bien du chemin, et le futur ne peut qu’être reluisant.
Un marché en pleine croissance
L’impression 3D (ou fabrication additive) est une méthode de production consistant à créer des objets en trois dimensions en empilant des couches de matière à partir d’un modèle numérique. Si le procédé parait encore aujourd’hui relativement nouveau, il faut noter qu’il remonte aux années 80.
Depuis les premières fois où cette technologie a été utilisée par le pionnier Charles Hull et son entreprise 3D Systems, elle a beaucoup évolué et les objets imprimés en 3D sont de plus en plus grands. De nos jours, elle est commercialisée à grande échelle et utilisée dans plusieurs secteurs, en l’occurrence la santé, l’aviation, l’architecture, l’agriculture, le design, l’alimentation, etc.
Preuve de l’essor du marché de la fabrication additive, sa taille est passée d’un peu plus de 3 milliards de dollars en 2014 à 9,11 milliards en 2019 (selon Reports and Data), et à 12 milliards de dollars en 2020 (selon Lux Research). Les perspectives laissent penser que le marché ne va cesser de grandir. Dans son rapport publié début août et intitulé « Will 3D Printing Replace Conventional Manufacturing ? », Lux Research, une firme américaine de recherche sur la technologie, indique que le marché va croître à un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 15 % pour atteindre 51 milliards de dollars en 2030. Selon elle, cette croissance sera portée par les industries médicales et dentaires, mais également l’aérospatial.
« L'impression 3D sera une clé dans le futur paysage manufacturier grâce aux avantages qu'elle peut apporter par rapport au moulage par injection, à l'usinage, au moulage ou à d'autres méthodes conventionnelles », a commenté Anthony Schiavo, directeur de recherche, et l’un des principaux auteurs du rapport.
« L'impression 3D sera une clé dans le futur paysage manufacturier grâce aux avantages qu'elle peut apporter par rapport au moulage par injection, à l'usinage, au moulage ou à d'autres méthodes conventionnelles ».
Il a ajouté que « ces avantages comprennent la personnalisation et l'adaptation, la possibilité de créer des géométries complexes, la consolidation des pièces et, dans certains cas, la réduction des coûts ». Pour Reports and Data, les prévisions sont pratiquement identiques. Selon lui, l’adoption croissante de la fabrication additive dans les industries automobiles et aérospatiales devrait stimuler la demande. Le marché va croître à un TCAC de 14,4% pour atteindre 26,68 milliards $, d’ici 2027.
Etat des lieux en Afrique
Si l’infrastructure réalisée par le danois COBOD au Malawi est la première école au monde conçue grâce à la fabrication additive, il est important de noter que ce n’est pas la première fois qu’un bâtiment est construit grâce à cette technologie. L’impression 3D a déjà permis ailleurs dans le monde de construire une maison, un immeuble résidentiel et d’autres types de bâtiments.
En Afrique, la start-up espagnole Be More 3D a construit la première maison imprimée en 3D du continent au Maroc en 2019. C’était à l’occasion du Solar Decathlon Africa, un événement qui promeut l’utilisation des énergies renouvelables dans le secteur immobilier. La réalisation de Be More 3D, une maison de 32 m² achevée en 12h lui a permis de se voir décerner le prix de l’entreprise la plus innovante.
Aujourd’hui, les observateurs s’accordent pour dire que le secteur a évolué sur le continent, et le cas de l’Afrique du Sud en est la parfaite illustration. La nation arc-en-ciel n’a cessé de progresser depuis deux décennies sur cette technologie clé de la 4e révolution industrielle grâce notamment au RAPDASA, son association pour le développement rapide de produits.
La nation arc-en-ciel n’a cessé de progresser depuis deux décennies sur cette technologie clé de la 4e révolution industrielle grâce notamment au RAPDASA, son association pour le développement rapide de produits.
Le pays se concentre actuellement sur les activités de R&D et les applications médicales possibles de la fabrication additive. Entre autres initiatives, citons celle de iMedTech, une entreprise qui imprime des poitrines prothétiques pour les femmes qui ont survécu au cancer du sein. C’est également dans le pays qu’a eu lieu en 2019 une opération révolutionnaire réalisée à l'Hôpital universitaire Steve Biko, où un homme de 40 ans est devenu le premier patient au monde à recevoir un os de l'oreille moyenne imprimé en 3D. De leur côté, Axial3D et l’entreprise sud-africaine MedTech3D collaborent pour mettre à disposition des hôpitaux, des modèles imprimés en 3D de qualité et à des prix abordables.
« L’impression en 3D devrait être la prochaine révolution dans le domaine des soins de santé. Medtech3D vise à faire en sorte que le système de santé sud-africain participe à cette transformation de la médecine, en fournissant une impression 3D médicale de qualité supérieure à des prix abordables et dans nos hôpitaux locaux », a déclaré en janvier 2020, le DG de MedTech3D, Dipika Maharaj, selon des propos rapportés par 3D Adept.
Au Nigeria, la start-up Elephab veut améliorer la production locale en utilisant des pièces de rechange imprimées en 3D. En Egypte et au Maroc, les autorités ont mis en place des laboratoires de recherche sur la fabrication additive. C’est l’entreprise Thales qui soutient le royaume chérifien dans ce projet. Elle a lancé en 2017 son centre spécialisé dans la fabrication additive métallique.
Au Cameroun, l’Etat a intégré l’impression 3D à son centre de haute technologie situé à l’Ecole nationale supérieure polytechnique de Yaoundé. Il est soutenu dans le projet par l’entreprise israélienne Sela Educational Initiatives.
Au Cameroun, l’Etat a intégré l’impression 3D à son centre de haute technologie situé à l’Ecole nationale supérieure polytechnique de Yaoundé. Il est soutenu dans le projet par l’entreprise israélienne Sela Educational Initiatives. L’objectif, en dehors du volet apprentissage et recherche, est de permettre d’assister les hôpitaux dans la production de prothèses, et les industriels dans leurs besoins de fabrication. Les autres nations qu’on peut ajouter à la liste comprennent le Togo, le Congo, le Botswana, la Tanzanie, le Ghana, le Kenya et l’Algérie.
Dans la lutte contre la covid-19
La santé reste l’un des secteurs où le potentiel disruptif de l’impression 3D se remarque le plus dans le monde. L’Afrique n’y échappe pas, en témoigne le nombre d’initiatives susmentionnées ayant rapport à ce domaine. Pour faire face à la crise sanitaire qui sévit dans le monde depuis plusieurs mois, on a ainsi pu constater que la fabrication additive a été utilisée dans les efforts de lutte contre la pandémie. Par exemple, l’organisation panafricaine basée au Togo et au Ghana, Energy Generation, s’est lancé comme défi de produire des pièces, comme des masques et des visières, pouvant être utilisées pour réduire la propagation du virus.
Par exemple, l’organisation panafricaine basée au Togo et au Ghana, Energy Generation, s’est lancé comme défi de produire des pièces, comme des masques et des visières, pouvant être utilisées pour réduire la propagation du virus.
En Tunisie, les étudiants de l’Ecole nationale d’ingénieurs de Sousse ont produit des milliers de masques et visières avec l’appui de la start-up 3DWave. C’est également le cas au Maroc ou encore au Burkina Faso. Au pays des hommes intègres, c’est l’Institut 2iE qui produit grâce à la 3D ces équipements, mais aussi des pièces de rechange des respirateurs et des valves.
Quelles perspectives ?
En juillet dernier, la start-up américaine Inkbit a obtenu un financement de 30 millions $ pour étendre la portée de vente de sa nouvelle imprimante 3D dotée d’une Intelligence artificielle (IA) qui lui permet de corriger les erreurs pendant le processus d’impression.
« Les opportunités pour la fabrication additive augmentent à mesure que l’adoption de l’impression 3D pour la production à grande échelle augmente. Nous sommes impatients d’utiliser les capitaux levés pour continuer à évoluer et à innover dans ce secteur dynamique », a commenté le cofondateur et PDG, Davide Marini, qui a cité l’Afrique parmi les nouveaux marchés que la société veut conquérir.
Ce midi, j'étais à Orange digital center. J'ai eu le privilège de décrocher un pass pour la formation en impression 3D qu'offre Wetech de @MarchesdElodie en partenariat avec @Orange_Cameroun .
— Badal Fohmoh ?? (@fohmoh_badal) April 19, 2021
Pour cette première journée de formation, je me félicite d'avoir été aussi curieuse. pic.twitter.com/pYw0TQl3fT
Si la fabrication additive est en pleine croissance sur le continent, voir de plus en plus de sociétés du secteur s’intéresser à l’Afrique ne peut qu’augurer un futur encore plus prometteur. Toutefois, pour mieux se positionner sur ce marché, le continent a plusieurs défis à relever, à savoir ; les questions de compétences adaptées à cette technologie, « d’accès au financement ou encore d’adaptabilité du matériel ». Selon Reports and Data, l’augmentation du soutien gouvernemental pour améliorer la technologie de la fabrication additive dans diverses régions serait un facteur clé qui influence la demande du marché. Tenant compte de cet aspect, la firme de recherche prévoit que les Etats-Unis et les pays d’Europe occidentale continuent d’être les principales régions génératrices de revenus pour le marché de l’impression 3D. Reste à savoir si les gouvernements africains sont prêts à parier sur ce secteur qui a beaucoup à apporter à leurs économies.
Louis-Nino Kansoun