Lancée en 2020, avec pour ambition de former les jeunes dans plusieurs pays, l’initiative « Digital School » cherche à assurer une innovation continue et à promouvoir l'apprentissage numérique par des modules basés sur le jeu et l’apprentissage adaptatif piloté par l'IA.
Digital School, l’une des initiatives mondiales lancées par le Premier ministre des Émirats arabes unis, Cheikh Mohammed bin Rashid Al Maktoum, a récemment procédé à l’inauguration de 66 nouveaux centres d’apprentissage numérique en Mauritanie, a annoncé l'Agence de presse des Émirats (WAM).
Secretary General Ahmadu Ould Adahi Ould Akhtira shares the incredible milestones achieved through this collaboration between #TheDigitalSchool and the Ministry of National Education & Educational Reform in Maurtiania. pic.twitter.com/XrkyafpJn5
— The Digital School - المدرسة الرقمية (@digital_sch) June 10, 2023
Les nouveaux centres créés en collaboration avec le Croissant-Rouge des Émirats (ERC) visent à diffuser les compétences et les solutions en matière d'éducation numérique dans la région arabe.
« Notre partenariat avec Mohammed bin Rashid Al Maktoum Global Initiatives, dans le cadre du projet The Digital School en Mauritanie et dans d'autres pays vise à faciliter l'accès des étudiants à un contenu éducatif numérique avancé, encourager l'apprentissage et l'acquisition de connaissances, surmonter les difficultés, lutter contre les taux d'abandon scolaire, enrichir le contenu électronique et soutenir l'éducation qui favorise le développement, la stabilité, le progrès et la prospérité dans les communautés », a déclaré Hamoud Al Junaibi, le secrétaire général adjoint de l’ERC.
L’inauguration de ces centres d’apprentissage numérique en Mauritanie s'inscrit dans le cadre de la deuxième phase d’un projet issu d’un accord signé entre la République islamique de Mauritanie et l’initiative Digital School pour établir l'école numérique en Mauritanie en 2021.
Dans sa phase pilote initiale, ce projet a permis l'ouverture de six centres numériques équipés dans quatre collèges et deux écoles primaires, au profit de 635 élèves. Douze enseignants ont été formés dans le domaine de l'éducation numérique, ainsi que trois membres de l'équipe. Cette formation a débouché sur la remise à l'équipe nationale de certificats de l'Université d'Arizona et sur la distribution de 400 tablettes électroniques.
La deuxième phase du projet vise à étendre cette expérience à 60 nouvelles écoles, au bénéfice de 20 000 élèves des cycles primaire et préparatoire. Elle prévoit également la formation de 146 enseignants et une augmentation du nombre de membres de l'équipe du projet. L’objectif final est d'atteindre 100 000 élèves et 1 000 enseignants dans les trois prochaines années.
Samira Njoya
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En Afrique, plusieurs millions de personnes sont encore privées de l’accès à Internet à haut débit. La situation, qui résulte de plusieurs facteurs tels que l’inaccessibilité du mobile adéquat et la faible couverture télécoms, représente un danger pour l’inclusion numérique porteuse de développement.
La société angolaise LiraLink Tecnology et l'entreprise chinoise ZTE ont signé mardi 13 juin un accord de partenariat pour l'implantation d'une usine de téléphones mobiles en Angola. L’usine de montage qui doit être opérationnelle en 2024 se focalisera sur la production d’appareils 4G et 5G.
Sous la supervision de Mário Oliveira, le ministre des Télécommunications, des Technologies de l'information et de la Communication sociale, les documents qui entérinent cet accord ont été paraphés par le directeur général de LiraLink, Walter João et le vice-président du groupe ZTE, Ni-Fei, en marge du Forum international sur les technologies de l'information et de la communication de l'Angola (ANGOTIC), qui s’est tenu du 12 au 14 juin.
Le bien-fondé de cette usine de montage de smartphones résulte de la volonté de mettre des téléphones de qualité, à des prix abordables sur le marché. Dans son rapport « From luxury to lifeline : Reducing the cost of mobile devices to reach universal internet access » publié en 2020, l’Alliance for Affordable Internet (A4AI) jugeait que le coût des smartphones est encore assez élevé.
Dans les 187 pays étudiés, le coût moyen mondial d'un smartphone représente environ 26 % d'un revenu mensuel moyen par habitant, soit 104 $ selon A4AI. Certains pays et régions présentent un coût encore plus élevé.
Par exemple, en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, le coût moyen d’un smartphone dépasse 40 % du revenu mensuel moyen par habitant. « Pire encore, dans les pays les moins avancés, une personne moyenne devrait consacrer plus de la moitié de son revenu mensuel à l’achat d’un smartphone. Les habitants des pays à faible revenu doivent dépenser près de 70 % de leur revenu mensuel moyen pour acheter le smartphone le moins cher disponible sur le marché ».
Selon Lúcia Yang, la directrice de la zone commerciale de la ZTE, l’usine de montage de smartphones qui sera mise sur pied disposera également d'un centre d'assistance pour répondre aux besoins des clients.
Muriel Edjo
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A l’ère de l’économie numérique, le pouvoir de l’entrepreneuriat tech dans la création de richesse et d’emplois grandit en Afrique. Mais les innovateurs demeurent encore sujets à plusieurs défis. Encourager les talents locaux, favoriser davantage l'accès au financement devient urgent.
En marge de la première journée du salon VivaTech, Jérôme Hénique, le directeur général d'Orange Afrique et Moyen-Orient (OMEA), et Isadora Bigourdan, la directrice générale de Digital Africa, ont signé, ce mercredi 14 juin à Paris, un accord de partenariat stratégique. Il prévoit de tirer parti de l'expertise et des ressources des Orange Digital Centers et de Digital Africa pour favoriser et renforcer la croissance des start-up africaines.
Signature d’un partenariat majeur avec @DigitalAfrica__ aujourd’hui à #VivaTech ! Grâce à des financements d’amorçage pouvant aller jusqu’a 50 000 euros, nous continuerons ensemble à œuvrer pour le développement des startups en Afrique. @Cheydema @IBigourdan @AsmaEnnaifer #ODC pic.twitter.com/Pbb3fBp9iu
— Jérôme Hénique (@jerome_henique) June 14, 2023
De manière pratique, dans le cadre de cette collaboration, les deux entités identifieront et sélectionneront des start-up technologiques prometteuses sur l’ensemble du continent africain. Celles sélectionnées auront la possibilité d'accéder à diverses ressources, notamment des programmes de mentorat, une assistance technique, la mobilisation de financement ainsi que des opportunités de mise en réseau par l'intermédiaire de l'Orange Digital Center et de la communauté Digital Africa.
Considérant que « les talents numériques sont la clé de la transformation du continent africain », Isadora Bigourdan, a soutenu que « ce partenariat avec les Orange Digital Centers s’inscrit totalement dans notre stratégie de déploiement, qui vise à identifier au plus près du terrain les entrepreneurs prometteurs et leur faciliter l’accès à des outils d’accompagnement, de financement comme de plaidoyer à travers un réseau international d’alliés ».
Une idée que partage Jérôme Hénique, qui a précisé que « cette collaboration avec Digital Africa […] ajoute une composante essentielle à notre réseau actuel des Orange Digital Centers, en simplifiant l'accès à des solutions de financement flexibles, spécialement conçues pour répondre aux besoins des entrepreneurs en phase d'amorçage. Cette collaboration représente une réelle valeur ajoutée et contribuera à stimuler la croissance de l'écosystème des startups africaines ».
Orange Digital Center (ODC) est un écosystème déployé dans 17 pays en Afrique et Moyen-Orient et 8 pays en Europe. Il permet d’accompagner, de former et d’encadrer les jeunes et les porteurs d’idées innovantes, pour soutenir leur employabilité et les préparer aux emplois de demain (IA, cybersécurité, …) ou pour les encourager à entreprendre dans le numérique. Chaque ODC réunit dans un seul et même lieu un ensemble de programmes gratuits et ouverts à tous, allant de la formation des jeunes au numérique jusqu'à l'accélération de start-up en passant par l’accompagnement des porteurs de projets et l’investissement dans ces derniers.
La collaboration avec Digital Africa – l’organisme se donne pour mission de renforcer la capacité des entrepreneurs africains à concevoir et déployer à grande échelle des innovations numériques au service de l’économie réelle – épouse plusieurs recommandations formulées en 2022 par le Tony Blair Institute for Global Change pour permettre aux start-up africaines de lever plus de 90 milliards $ d’ici 2030 et de faire de l’Afrique une superpuissance dans le secteur de la technologie.
Parmi celles-ci figurent le développement de véhicules de financement innovants, la libération de capitaux des investisseurs institutionnels et des entreprises, le renforcement des capacités des start-up et des organisations de soutien, le lancement d’un « réseau panafricain de start-up ».
Muriel Edjo
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Internet est considéré aujourd’hui comme un outil incontournable pour la majeure partie des activités de la vie quotidienne. Le service qui a par ailleurs montré toute son importance lors de la crise de Covid-19 est également considéré comme une menace selon le contexte dans lequel il est utilisé.
La connexion internet fixe et mobile, a été fortement perturbée le dimanche 11 juin sur tout le territoire algérien, en raison du premier jour du baccalauréat session 2023. Les réseaux sociaux, les messageries instantanées et certains sites ont été bloqués afin d’éviter la fraude pendant l’examen.
Comme les années précédentes, les autorités procèdent depuis dimanche à une coupure généralisée de la connexion Internet pendant les jours d’examen et durant les horaires des épreuves.
Cette situation devrait également perdurer jusqu’à la fin des épreuves du baccalauréat, prévue le jeudi 15 juin prochain.
Les coupures de l'Internet mobile touchent plus de 49,45 millions d'abonnés à l'internet fixe et mobile, selon le dernier rapport de l'Autorité de Régulation de la Poste et des Communications Électroniques (ARPCE), soit 91,31% des internautes de l’Algérie, où le service est indispensable pour les taxis, les livreurs, les restaurants, les boutiques en ligne de vêtements, etc.
Il faut dire que la période du baccalauréat suscite toujours des frustrations au regard des restrictions d'accès à Internet et de la nuisance qui en découle sur les activités.
La coupure d'Internet est l'option la plus radicale retenue par le gouvernement après plusieurs tentatives infructueuses pour combattre la tricherie à l'examen. Des années auparavant, le gouvernement avait déjà essayé des mesures moins radicales comme des brouilleurs électroniques installés dans les centres d'examen pour empêcher les candidats d'accéder à Internet.
Certains Algériens de la diaspora se demandent encore si une fouille minutieuse des candidats - pour déceler tout dispositif de communication sans fil - avant l'accès aux salles d'examen et des brouilleurs de secteur ne suffiraient pas amplement pour enrayer la tricherie.
Samira Njoya
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Après le rétablissement de l’Internet mobile le mardi 6 juin, les autorités sénégalaises ont pris une autre décision importante concernant la reprise des cours dans les universités.
Les universités publiques sénégalaises vont adopter l’enseignement en ligne, dans les prochains jours, en attendant un retour à la normale dans les établissements. Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Pr Moussa Baldé, l’a annoncé le dimanche 11 juin lors de son passage sur l’émission Grand Jury sur la radio RFM.
« Les universités qui ont été saccagées sont celles de Dakar et de Ziguinchor (sud). Ils [les recteurs, NDLR] vont se réunir pour voir dans quelle mesure les enseignements à distance pourront démarrer avec l'espoir qu’après la Tabaski, le présentiel reprenne. C'est la même chose que pour l'Université de Thiès », a déclaré le Pr Moussa Baldé.
Il y a trois ans, lors de l’avènement de la Covid-19 au Sénégal, les universités du pays avaient déjà testé les enseignements à distance grâce aux plateformes développées par le gouvernement à cet effet. Elles avaient permis aux apprenants de suivre les cours à partir de leurs domiciles sans avoir à se déplacer. C’était aussi une occasion pour les étudiants de se familiariser avec les nouveaux modes d'apprentissage.
Cette décision d’instaurer à nouveau l’enseignement en ligne dans les universités publiques intervient quelques jours après de fortes manifestations liées à la condamnation d’Ousmane Sonko, le président du parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef). Au cours de ces actes de violence, plusieurs universités ont été détruites, dont six facultés de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD).
C’est grâce à des investissements initiés depuis 2013 par le gouvernement que l’enseignement supérieur du Sénégal peut offrir aux étudiants des cours à distance. Le projet Smart Education lancé en 2019 dans le cadre du Plan Sénégal Emergent (2019-2035) - pour déployer des plateformes technologiques pour améliorer l’enseignement et l’apprentissage dans les universités, les écoles élémentaires, les collèges et lycées du Sénégal - continue de renforcer cet investissement au fil du temps.
Samira Njoya
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Le secteur agricole constitue depuis toujours, l'un des piliers de l'économie ivoirienne. 1er producteur mondial de fèves de cacao et de noix de cajou, le pays mène des actions visant à multiplier des partenariats afin de développer davantage le secteur.
La Côte d’Ivoire bénéficiera dans les prochains mois d’une prestigieuse école d’agriculture digitale en faveur des jeunes passionnés par l'AgriTech. L’OCP Africa et l’université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) ont procédé le vendredi 9 juin à Yamoussoukro au lancement des travaux de construction de ladite école.
Baptisée Digital Farming School, la nouvelle école est réalisée en étroite collaboration avec l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INPHB-Côte d’Ivoire) et sera la première antenne de l’université Mohammed VI Polytechnique en Afrique subsaharienne.
OCP Africa & @UM6P_officiel posent la 1ère pierre de la #Digital #Farming School à Yamoussoukro, en collaboration avec @inphbpolytech. Avec son approche pédagogique axée sur du Peer Learning et du Learning by farming, cette école, 1ère du genre en Afrique, sera adossée à une… pic.twitter.com/TmOfDxL014
— OCP AFRICA (@OCP_Africa) June 9, 2023
Selon Adama Diawara, le ministre ivoirien de l’Enseignement supérieur, la Digital Farming School permettra de « former une ressource humaine de qualité susceptible de contribuer au développement du pays en apportant des solutions innovantes aux problèmes de la chaîne de valeur agricole, d’améliorer l’employabilité de nos diplômés mais surtout booster l’entrepreneuriat ».
D’une valeur d'environ milliards FCFA (4,9 millions USD), la Digital Farming School ouvrira ses portes dans les 10 à 12 prochains mois. Selon le communiqué d’OCP Africa, la première cohorte sera constituée d'une centaine de jeunes. Ces derniers bénéficieront d’une formation approfondie sur l’utilisation du numérique et des nouvelles technologies dans le domaine agricole. L’école sera adossée à une ferme expérimentale permettant aux apprenants de mettre en pratique les leçons et de partager leurs expériences entre pairs.
La mise en œuvre de cette nouvelle infrastructure s’inscrit dans le cadre des projets importants réalisés par le Maroc en Côte d’Ivoire, conformément aux directives du roi Mohammed VI en faveur d’une coopération mutuelle entre les deux pays.
Pour la Côte d'Ivoire, la Digital Farming School, est l'un des résultats des efforts du gouvernement visant à développer le secteur agricole qui selon les perspectives de la Banque africaine de développement (BAD) pour 2022-2023, devrait enregistrer une croissance pour atteindre 6,7%.
Samira Njoya
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l'Etat d'Israël et la République fédérale du Nigeria entretiennent des relations bilatérales solides dans divers secteurs depuis plusieurs années. Récemment, les deux pays ont décidé d’accentuer leur coopération dans le domaine du numérique.
L'ambassade d'Israël au Nigeria a procédé le jeudi 8 juin au lancement officiel de la troisième cohorte de la bourse d'innovation pour les inventeurs et chercheurs en herbe baptisée i-FAIR (Innovation Fellowship for Aspiring Inventors and Researchers).
S’exprimant sur le bien-fondé de l’événement, l'ambassadeur d'Israël au Nigeria, Son Excellence Michael Freeman (photo, au centre), a fait savoir que le programme s’inscrit en droite ligne de certains objectifs du nouveau gouvernement nigérian visant à développer l’économie numérique et créer un million d'emplois dans le secteur.
« Israël est un leader mondial dans le domaine de l'économie numérique et de l'attraction des investissements ainsi que de l'investissement dans d'autres lieux. Il adhère pleinement à cette vision et souhaite être un partenaire du président Tinubu et de son administration pour aider à créer un environnement propice à l'investissement et à la création de ce million d'emplois dans l'économie numérique ».
Pour devenir l'un des premiers pays numériques dans le monde, l’Israël a tout misé sur l’innovation. En l'espace de 50 ans, l'écosystème israélien de l'innovation est devenu l'un des plus attractifs, denses et productifs de la planète. Le pays compte près de 9 000 start-up et plus de 70 licornes.
Le programme i-FAIR lancé au Nigeria est basé sur l’expérience d’Israël dans l'innovation. Il s’agit d’un programme de 6 mois permettant aux participants de transformer des idées en réalité en fournissant des outils technologiques et éducatifs, des plateformes, des conseils et un mentorat par des experts de l'Etat d'Israël et du Nigeria.
Le programme I-Fair, qui existe depuis trois ans, a déjà bénéficié à plus d'une centaine de personnes et d'organisations, dont des participants notables tels que Soilless Farms, Project 3R et Think Bike. L’objectif est de former une nouvelle génération d'entrepreneurs et d'innovateurs nigérians capables de stimuler la croissance de l'emploi et d'améliorer l'économie dans son ensemble.
Samira Njoya
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Les start-up africaines spécialisées dans la blockchain commencent à émerger, mais font face à un manque de financement, un accès limité aux formations et aux fausses idées répandues sur cette technologie injustement associée aux fraudes liées aux cryptoactifs.
80,5% des fondateurs de start-up blockchain africaines déplorent le manque de soutien de la part des Etats au développement de cette technologie dont les domaines d’application et les cas d’usage sont extrêmement variés, selon un rapport publié en avril 2023 par le think tank Africa Blockchain Institute, en collaboration avec Algorand Foundation, une organisation à but non lucratif qui œuvre pour le développement de la technologie blockchain à travers le monde.
Intitulé "Africa Blockchain Report 2023", le rapport se base sur une enquête réalisée auprès d’un échantillon représentatif de fondateurs de jeunes pousses du secteur dans quatre pays africains, le Sénégal, le Maroc, Maurice et l'Ethiopie. Evoquant le soutien dont ils ont besoin, ces acteurs de l’écosystème blockchain ont notamment cité le financement (58,5%), la formation (43,9%), le mentorat entrepreneurial (29,3%), les programmes d’accélération (26,8%), l’appui à l’accès aux marchés (22%) et les programmes d’incubation (17,1%).
Le rapport confirme que le principal défi auquel font face ces start-up en Afrique reste le manque de financement (56,1%). L’insuffisance de l’accès à des programmes de formation et les fausses idées répandues sur la technologie blockchain arrivent ex-aequo en deuxième position (39%), devant le cadre réglementaire inadéquat (31,7%) et le manque d’incubateurs (17,1%).
D’après les entrepreneurs interrogés, les fausses idées répandues sur la blockchain en Afrique tiennent au fait que la majorité de la population pense que cette technologie ne concerne que les cryptomonnaies, et l’associe souvent aux escroqueries et aux fraudes financières liées aux cryptoactifs. Malgré le manque de soutien des Etats, les start-up africaines actives sur ce segment parviennent à développer des solutions innovantes.
Les applications blockchain les plus développées par celles couvertes par l’enquête sont les contrats intelligents (24,4%), les systèmes de gestion des identités (22%), les solutions de paiement transfrontalier (17,1 %), les plateformes d'échange de cryptomonnaies (14,6 %), la création des jetons non fongibles/NFT (14,6 %), les systèmes de gestion des chaînes d’approvisionnement et de logistique (12,2%). D’autres applications concernent notamment la publicité et le marketing, la lutte contre le blanchiment d’argent et le vote électronique.
58,5% des promoteurs interrogés travaillent sur leurs applications depuis moins d'un an, tandis que 24,4% y planchent depuis plus de cinq ans. Cela montre que l'adoption des innovations de la blockchain en est encore à ses débuts en Afrique, particulièrement en ce qui concerne le développement de cas d'usage ayant un impact direct sur les individus, les entreprises et la société dans son ensemble. Le rapport note dans ce cadre que les cas d’usage de la technologie blockchain sont beaucoup plus variés en Afrique anglophone qu’en Afrique francophone, où la majorité des jeunes pousses se concentrent sur le segment de la finance.
Sur un autre plan, Africa Blockchain Institute fait remarquer que la majorité des start-up blockchain du continent sont encore aux premiers stades de leur développement. 43,9% des start-up sont au stade de l'idéation et 29,3% en phase d’amorçage. 9,8% de ces entités sont déjà bien établies et rentables, alors que 2,3% seulement sont en phase de scaling.
L’Afrique du Sud reste le meilleur écosystème start-up africain devant Maurice, le Kenya, le Nigeria et l’Egypte. Lagos est quant à elle l’unique cité africaine figurant dans le Top 100 des villes « start-up friendly » à l’échelle mondiale.
Quinze pays africains figurent dans le Top 100 des écosystèmes les propices à l’éclosion et au développement des start-up dans le monde, selon un rapport publié le 30 mai par StartupBlink. Pour établir ce classement, le cabinet de recherche spécialisé dans l'analyse des écosystèmes start-up se base sur plus de 30 indicateurs répartis en trois grandes catégories.
Il y a la quantité (nombre de start-up, espaces de coworking, accélérateurs, rencontres liées aux start-up, etc.) ; la qualité (total des investissements dans les jeunes pousses, nombre et tailles des licornes, présence de centres de recherche & développement implantés par de grandes entreprises technologiques internationales, présence de filiales des multinationales, etc.) ; et l’environnement des affaires (débit Internet, dépenses en recherche & développement, taux de taxation appliqué aux jeunes pousses, disponibilité de divers services technologiques comme le paiement électronique et les cryptomonnaies, niveau de corruption, etc.).
Intitulé "Global Startup Ecosystem Index 2023", le rapport révèle que l’Afrique du Sud (53e mondial) dispose du meilleur système de start-up à l’échelle africaine malgré un recul de quatre rangs dans le classement mondial par rapport à 2022. La république de Maurice (61e mondial) occupe la deuxième marche du podium africain devant le Kenya (62e mondial), le Nigeria (64e modnial) et l’Egypte (67e mondial).
Viennent ensuite le Ghana, le Cap-Vert, le Sénégal, la Namibie et la Tunisie qui ferme le Top 10 africain. Le rapport précise également que cinq pays africains ont progressé au classement général. Maurice et le Sénégal ont réalisé les plus fortes progressions par rapport à l’édition 2022, gagnant chacun 10 rangs. Ces deux pays ont respectivement rejoint le Top 100 des meilleurs écosystèmes de start-up en 2021 et 2022.
Les plus fortes régressions concernent le Maroc qui a perdu 14 rangs par rapport à 2022 pour occuper la 93e position à l’échelle mondiale cette année, et le Rwanda (-11 rangs). L'Ouganda est le seul pays africain qui réintègre l'indice en 2023 après une année d'absence.
StartupBlink a par ailleurs classé les écosystèmes start-up dans 1 000 villes à travers le monde. Lagos (82e mondial) est l’unique ville africaine présente dans le Top 100. Le pole économique nigérian doit notamment son rang à son écosystème très dynamique regroupant plus de 400 jeunes pousses, dont les licornes Jumia et Flutterwave, et 35 incubateurs actifs.
Les pays les mieux représentés dans le classement des 1 000 villes dotées des meilleurs systèmes de start-up dans le monde sont le Nigeria (5 villes), l’Afrique du Sud (4 villes) et le Kenya (2 villes). La plus forte progression a été réalisée par Victoria (Seychelles), qui a gagné 592 rangs pour grimper à la 232e position. Viennent ensuite Port-Louis (+269 rangs), Dakar (+155), Tunis (+57), le Caire (+36) et Accra (+28).
Malgré la hausse continue des levées de fonds réalisées par les start-up africaines sur les dernières années, les inégalités de genre restent très évidentes. En 16 mois, les start-up dirigées par des femmes n’ont capté que 119 millions USD.
Les start-up africaines ayant à leur tête des femmes ont levé un montant cumulé de 119,05 millions USD sur la période du 1er janvier 2022 au 30 avril 2023, selon un rapport publié le 7 juin par Disrupt Africa, une plateforme d’information spécialisée dans les écosystèmes tech en Afrique, en collaboration avec Madica, un programme d'investissement de pré-amorçage qui cible les fondateurs sous-financés en Afrique
Intitulé "Diversity Dividend : Exploring Gender Equality in the African Tech Ecosystem", il précise que ce montant représente 2,9% du total des levées de fonds réalisées par les jeunes pousses du continent durant la période sous revue, et qui est de 4,05 milliards USD.
Sur les 711 start-up ayant levé des fonds, 83 sont dirigées par des femmes (11,7%), tandis que 149 comptent au moins une femme dans leur équipe fondatrice (21%). Cette dernière catégorie a levé 369,10 millions USD. Le Nigeria arrive en tête des pays d’origine des start-up avec au moins une femme dans leur équipe fondatrice, devant le Kenya, l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Maroc, le Ghana et la Tunisie.
Le rapport souligne aussi que le paysage de la tech en Afrique est largement dominé par les hommes. Sur un total de 2 395 pépites suivies par Disrupt Africa, 350 seulement (14,6%) ont été fondées ou cofondées par des femmes tandis que 230 seulement (9,6%) ont à leur tête des femmes.
Bien que les chiffres varient d’un pays à l’autre, le paysage africain des start-up est encore très loin de la parité. Aucun pays ne compte plus de 23% de femmes fondatrices. Les pays avec le plus de femmes fondatrices ou cofondatrices sont dans l’ordre, le Rwanda, la Tunisie, le Sénégal, l’Ethiopie et l’Ouganda. Les quatre écosystèmes les plus développés du continent (Nigeria, Afrique du Sud, Kenya et Egypte) ne brillent pas par leur mixité.
Le secteur des technologies juridiques (legal-tech) arrive en tête de ceux comptant le plus de femmes fondatrices et cofondatrices (26,9%). Viennent ensuite la healthtech (22,1%), le recrutement et la gestion des ressources humaines (22%), l’ed-tech (17,8%) et le commerce électronique (17,3%).
Disrupt Africa a d’autre part réalisé un sondage auprès des fondatrices et cofondatrices des start-up africaines couvertes par le rapport. Il en ressort que 80,8% des sondées déclarent avoir perçu des préjugés à leur encontre sur le plan professionnel parce qu’elles sont des femmes, alors que 50% affirment avoir perdu des opportunités professionnelles pour le même motif.
69,2% des fondatrices ont également indiqué qu’elles se sentent négativement impactées par le fait d'être une femme lorsqu’elles s’adressent à un investisseur potentiel.
Les données personnelles représentent un enjeu stratégique en Afrique où la transformation numérique continue de s’accélérer. Les gouvernements œuvrent pour la protection de ces données qui peuvent être exploitées pour le développement socioéconomique, la sécurité, etc.
Le Nigeria souhaite établir un partenariat avec les Pays-Bas pour la protection des données à caractère personnel. C’est ce qu’a affirmé il y a quelques jours Vincent Olatunji, commissaire national du Bureau nigérian de protection des données (NDPB) lors de la session exécutive de la consultation économique Nigeria-Pays-Bas. Cette potentielle collaboration porterait notamment sur la sensibilisation, le renforcement des capacités, le cadre légal et réglementaire, etc.
The National Commissioner/CEO, NDPB, Dr. Vincent Olatunji at the Nigeria-Netherlands Economic Consultation. During the executive session, the National Commissioner articulated on the importance of the Nigeria Data Protection Bureau (NDPB) and its major significance in the pic.twitter.com/egRR9bXFZu
— ndpbngr (@ndpbngr1) June 6, 2023
C’est en février 2022 que le gouvernement nigérian créé le NDPB pour superviser la mise en œuvre du règlement sur la protection des données dans le pays (NDPR). Ceci dans un contexte de transformation numérique accélérée où un volume important de données personnelles est produit à chaque instant. Le Nigeria compte 223,6 millions d’abonnés mobiles et 158,2 millions d’internautes, selon les chiffres du régulateur télécom.
Un rapport Ecofin Pro intitulé « Données personnelles : l’enjeu stratégique d’une Afrique de plus en plus numérisée » indique que ces données représentent des actifs stratégiques et qu'elles peuvent être exploitées pour le développement socioéconomique, la sécurité, entre autres. Le marché des données personnelles du Nigeria est estimé à 5,5 milliards de nairas (11,9 millions USD), selon le NDPB.
En 2022, le Kenya a établi un cadre juridique pour obliger les multinationales à assumer la responsabilité de la pollution causée par leurs produits électroniques tout au long de leur cycle de vie. Samsung pose des actions concrètes dans ce sens.
Dans le cadre de la journée mondiale de l’environnement des Nations unies, la filiale est-africaine du géant coréen de la téléphonie mobile Samsung a lancé, le lundi 5 juin, un programme de collecte de déchets électroniques à recycler de la marque avec le magasin d'appareils électroménagers Housewife's Paradise. L’objectif est d’encourager la prise de conscience et l'action mondiale pour protéger l’environnement.
Pour recourir au service, il faudra contacter un numéro de téléphone mobile pour fournir à Housewife’s Paradise les heures et la date appropriées pour le passage pour la collecte des déchets. Ils seront ensuite livrés à un partenaire de recyclage officiel de Samsung avant d’être jetés conformément aux normes mondiales établies s’ils ne peuvent être recyclés.
« Nous nous consacrons à la gestion responsable des déchets électroniques depuis quelques années et nous voulons maintenant l'intensifier pour nous assurer que nous minimisons l'impact négatif de nos produits sur l'environnement. Il s'agit notamment d'assumer la responsabilité de la phase de fin de vie de nos produits afin d'éviter toute atteinte à l'environnement. Notre programme de gestion des déchets électroniques et notre programme de recyclage constituent une part importante de cet engagement », a déclaré Ronald Mitei, chef de la division des services chez Samsung.
C’est en 2022 que Samsung Electronics a dévoilé son document de stratégie environnementale dans le but de lutter contre le changement climatique. Ces actions s’inscrivent dans cette lignée. Ronald Mitei explique que la firme coréenne « s'engage fermement à éliminer correctement les déchets électroniques et nous croyons en la protection de notre environnement grâce à une élimination et un recyclage responsables des déchets électroniques, en les transformant de dangereux à bénéfiques ».
Par ailleurs, le service est uniquement présent dans la capitale kényane, Nairobi. Il sera étendu au reste du pays d’ici la fin de l’année. Selon le rapport mondial de surveillance des déchets électroniques paru en 2020, plus de 53,6 millions de tonnes métriques de déchets électroniques sont produites chaque année.
Adoni Conrad Quenum
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L’absence d’une régulation spécifique aux plateformes de réservation de taxi en ligne devient un problème en Afrique. Elle a été à l’origine d’un mouvement d’humeur récemment en Côte d’Ivoire et il y a deux ans au Sénégal. Le numérique change tout et il est urgent que les marchés africains s’adaptent.
Pendant trois mois, les véhicules de transport avec chauffeur (VTC) commandés en ligne n’accèderont pas aux centres commerciaux de Soweto, un banlieue sud-africaine située à 15 km au sud-ouest de Johannesburg, dans la province du Gauteng. L’accord a été négocié le jeudi 8 juin par la municipalité de la capitale, après les violentes attaques dont ont été victimes des véhicules des sociétés de VTC telles que Bolt, Uber ou encore Taxify de la part des chauffeurs de taxi. Ils les accusent de voler leurs clients dans les centres commerciaux.
Lundi 5 juin, au moins trois véhicules appartenant à des sociétés de réservation de VTC en ligne (e-hailing) ont été incendiés. L'interdiction d’accès a été introduite comme une forme de cessez-le-feu entre e-hailing Association et Soweto Taxi Services (STS) afin d’avoir du temps pour trouver une solution permanente.
« Il n'est pas certain que la solution soit la meilleure actuellement, mais c'est néanmoins une solution. En fin de compte, nous devons essayer quelque chose pour assurer la sécurité de la communauté et la nôtre », a déclaré Vhatuka Mbelengwa, porte-parole national de la South African E-hailing Association.
« Il s'agit d'un accord et non d'un accord définitif. Nous le faisons pour la sécurité de tous et pour nous assurer que tout le monde est protégé. Nous avons convenu qu'ils n'entreront pas dans les centres commerciaux et ne s'arrêteront qu'aux portes des centres commerciaux. Une solution permanente sera encore discutée ultérieurement », a indiqué Myekeleni Madlala, le président des chauffeurs de taxi.
Au cours des trois dernières années, les services de réservations de taxi en ligne ont gagné rapidement en activité en Afrique. Dans les pays développés comme l’Afrique du Sud où le marché enregistre de nombreuses opportunités, cela fait maintenant dix ans que les plateformes de réservation de VTC prolifèrent. Cependant, elles ne sont soumises à aucune régulation. Une situation qui frustre les chauffeurs de taxi qui considèrent cela comme de la concurrence déloyale.
« Le projet de loi d'amendement sur les transports aurait déjà dû être promulgué pour répondre à la question de la légitimité de l'e-hailing. En dépit de la note de pratique, la loi devrait officiellement introduire l'e-hailing dans l'écosystème des transports et donc uniformiser les règles du jeu et permettre la coexistence entre les homologues. Nous avons joué notre rôle en plaidant pour l'officialisation de l'e-hailing […] Malheureusement, nous n'avons guère été reconnus alors que nous sommes la solution qui aurait permis d'éviter tous les problèmes que nous connaissons aujourd'hui », a déploré le Conseil des partenaires de l'e-hailing le mardi 6 juin.
Muriel Edjo
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La première édition du GITEX s’est tenue du 31 mai au 2 juin à Marrakech au Maroc. Au cours du salon technologique qui a réuni des entreprises tech et start-up, délégations gouvernementales, investisseurs mondiaux, conférenciers internationaux et des dizaines de milliers de cadres technologiques de plus de 100 pays, We Are Tech Africa a échangé avec un conseiller du ministre congolais en charge du Numérique.
WAT : le président Félix Tshisekedi veut faire du numérique un levier d'intégration, de bonne gouvernance, de croissance économique et de progrès social. Quels sont les principaux projets en cours pour y parvenir ?
Freddy Mpinda : effectivement, la RDC connaît un tournant numérique décisif depuis la venue du président Tshisekedi, c’est lui qui porte la vision de faire du numérique un levier d’intégration, de croissance économique et de bonne gouvernance. Cette vision est traduite dans le Plan National du Numérique (PNN) Horizon 2025 et exécutée dans un programme gouvernemental « le Programme de Transformation Numérique (PTNRDC) » mis en œuvre par le ministère du Numérique. Le PTNRDC porte un focus sur 8 projets prioritaires (Code du Numérique, e-Gouv (e-Citoyen, e-Cadastre), Data Center National, Intranet Gouvernemental, Agrégateur de paiements électroniques, Télé-expertise médicale, e-Education).
Aujourd’hui, nous sommes en plein chantier numérique et nous avons plusieurs projets en cours. Nous avons des projets d’infrastructure parce que nous sommes un grand pays et nous voulons connecter le maximum de Congolais. Nous avons exprimé le besoin d’avoir 50 000 km de fibre optique parce que les récentes études ont démontré que plus de 40 millions de Congolais sur les 100 millions ne sont connectés à rien, car les opérateurs mobiles s’installent dans des régions économiquement rentables et parfois, le monde rural est abandonné. Il faut donc la fibre optique pour connecter le maximum de Congolais. A côté de ça, nous avons des projets d’e-gouv, d’éducation aux métiers du numérique pour la jeunesse, d’accompagnement dans l’entrepreneuriat, de data centers, de déploiement de la plateforme nationale de création et de génération des code à barres au préfixe national 605, etc. Donc, nous sommes en plein chantier et nous essayons de le faire avec plusieurs partenaires.
WAT : le pays s’est doté d’un plan ayant pour horizon l’année 2025. Maintenant, dites-nous à l'heure actuelle, qu’est-ce que le gouvernement espère réaliser à cet horizon 2025 ?
FM : Bon, le plan a pour horizon 2025 car nous avons tiré les leçons des autres pays africains et nous avons voulu un plan limité dans le temps. Et quand vous lisez le PNN, il intègre le fait qu’en 2025, il va être évalué et amendé puis relancé. Nous sommes conscients que les chantiers, notamment l’infrastructure, ne sont pas des chantiers qui ont comme horizon 2025. Par contre, on s'était donné comme principe de lancer le maximum de choses et de faire le point en 2025. Donc, 2025 sera une étape qui va permettre d’évaluer. On va voir ce qui a marché puis, il y aura un nouveau plan qui sera déployé. Le ministère du Numérique a déjà réalisé de grandes choses en très peu de temps, notamment l’adoption du Code du numérique, les normes et standards du numérique en RDC, le Startup Act (loi dédiée aux start-up, riches d’incitation et de facilités, Ndlr), le recrutement des agents de carrière des services publics de l'Etat au secrétariat général au numérique.
WAT : votre pays a signé beaucoup de partenariats ces deux dernières années en l'occurrence avec l'Estonie et la Chine. Qu'est-ce que la RDC a obtenu de ces partenaires et qu'est-ce qu'elle a donné en retour ?
FM : Disons que c'est facile à dire. Qu'est-ce que la RDC a donné en retour ?
La RDC a tout donné en retour et fournit les principaux intrants de la révolution numérique. Nous détenons près de 60 % de cobalt ordinaire du monde ; le Coltan qui est utilisé dans les téléphones mobiles ; le Niobium ; nous avons tous ces métaux-là. La vraie question, c'est de savoir qu’est-ce que la RDC va recevoir en retour parce que ça fait de nombreuses années que nous contribuons par nos minerais à l’éclosion de cette quatrième révolution. Et c'est pour ça d'ailleurs que nous, notre politique est d’être ouvert. Nous discutons autant avec les Chinois, autant avec les Estoniens, qu'avec les Emiratis et aussi avec nos partenaires africains comme les Sud-Africains, les Zambiens, etc. Ce dont nous avons besoin, c'est de transformer en local une partie de nos matières premières qui sont aujourd'hui juste un potentiel de richesse, mais pas une vraie richesse. Et cela passe par des projets communs avec des pays africains, des projets communs avec les pays du monde, mais des projets qui doivent être rentables pour la RDC parce que ça fait 60 ans que nous donnons nos matières premières et que nous recevons très peu. Pour ce qui est de la transformation numérique, le retour d’expérience est une chose capitale pour nous avec les partenaires. Il ne faut pas refaire la roue numérique !
WAT : Justement, principalement sur le numérique, que gagne la RDC ?
FM : le numérique, il faut le voir comme un outil. La preuve, c'est un ministère transversal c'est-à-dire au service de tous. Aujourd’hui, lors du panel du GITEX Africa, j’ai fait remarquer que la priorité est de résoudre les principaux problèmes de l’Afrique. Le numérique est un puissant outil pour résoudre nos problèmes. La priorité des priorités chez nous, d’ailleurs la crise de la Covid-19 l’a démontré, c'est qu'il faut produire notre nourriture au plus près des consommateurs. Donc pour nous, l’agriculture est une priorité. La deuxième priorité, c'est l’éducation. On s'est retrouvé aux mois de mars et avril 2020 avec 18 millions d'écoliers congolais qui étaient obligés de rester à la maison avec zéro possibilité de pouvoir apprendre à distance. Donc pour nous, le numérique doit permettre l’éducation à distance. Idem pour la santé. On s'est retrouvé du jour au lendemain avec une pandémie et il fallait trouver les respirateurs, les masques et autres. Le numérique doit aider à améliorer notre stratégie sanitaire, notamment la stratégie de vaccination. On doit savoir qui est vacciné, qui ne l’est pas. Nous sommes un pays, heureusement, qui avait déjà connu une pandémie avant, Ebola. Le numérique doit être au service de la santé et de la surveillance épidémiologique. Agriculture, Education et Santé sont nos priorités.
WAT : Pour résumer, vous dites que le numérique est un outil qui va permettre à la RDC d'atteindre les objectifs de développement durable et plus. Mais quelle place les compétences numériques, quelle place occupent-elles ?
FM : Les compétences numériques, lorsque vous lisez le plan, vous verrez aisément que nous avons un plan qui se repose sur quatre piliers. L'infrastructure, les contenus, les usages applicatifs et la gouvernance et la régulation. Mais en réalité, nous avons un cinquième pilier qui est l’éducation. Mais on s'est dit non, on ne peut pas faire de l’éducation un pilier parce que dans les infrastructures, on a besoin d'éducation. On a besoin des ingénieurs, on a besoin des techniciens, etc. Dans le volet contenu, ceux qui vont développer des applications, c'est-à-dire des codeurs et tout, on a besoin d'éducation. Dans les usages applicatifs, ceux qui vont travailler pour permettre à l'Etat d'être de plus en plus digital, ont besoin d'éducation. Les fonctionnaires, il faut les mettre à niveau. La régulation et la réglementation de la gouvernance a besoin d'éducation. Donc, l'éducation est partout. En réalité, notre plan, c'est quatre piliers debout et un pilier couché qui est l’éducation. Le ministre du Numérique fait du développement des compétences numériques un axe majeur de son action. Le développement des compétences numériques congolaises est un point qui revient dans le dernier mémorandum d'entente signé en Chine par les deux ministres du numérique.
Propos recueillis par Adoni Conrad Quenum
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