L'intégration des technologies numériques dans la valorisation du patrimoine immatériel est une approche innovante pour préserver les cultures et les traditions. En Afrique, plusieurs pays utilisent ces outils pour renforcer la visibilité de leur patrimoine et stimuler le développement économique.
Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye (photo), considère l’intégration des technologies numériques dans la préservation et la valorisation du patrimoine immatériel comme une véritable opportunité pour le Sénégal. Lors de la cérémonie d’ouverture de la 15ᵉ Biennale de l'art africain contemporain de Dakar, le jeudi 7 novembre, il a encouragé les acteurs culturels à exploiter les outils numériques pour enrichir et diffuser l’héritage culturel du pays à une échelle mondiale.
« Les technologies numériques ont transformé la chaîne de valeur culturelle, si bien que l’économie culturelle est de plus en plus numérique. Le numérique offre une opportunité à saisir dans la valorisation de notre riche patrimoine immatériel. Le secteur culturel national devra davantage saisir et exploiter les potentialités considérables offertes par le numérique », a déclaré le président Faye.
Cet appel à l’action s’inscrit dans le contexte de la Biennale, un événement majeur qui, au-delà de sa fonction artistique, s’efforce de placer la culture au centre des enjeux contemporains. Il rejoint ainsi les recommandations du rapport de 2018 de l’UNESCO, intitulé « Repenser les politiques culturelles : la créativité au cœur du développement ». Ce rapport met en lumière la transformation de la chaîne de valeur culturelle, soulignant le rôle central du numérique dans l’évolution de l’économie culturelle.
L’impact de cette vision pour le Sénégal est considérable. En intégrant pleinement les technologies numériques, le pays pourrait non seulement préserver et valoriser son patrimoine culturel immatériel, mais aussi stimuler son économie créative, créant de nouvelles sources d’emploi pour les jeunes et les femmes. La transformation numérique facilitera la gestion des données culturelles, l’archivage, l’accessibilité des œuvres, ouvrant ainsi la voie à une redéfinition du rôle du Sénégal sur la scène culturelle mondiale.
Samira Njoya
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Depuis le début de l’année, les véhicules d’investissement se constituent sur le continent pour financer l’écosystème start-up. Plusieurs entreprises se sont associées pour lancer une nouvelle initiative dans ce sens.
Mara Group, un conglomérat fondé par le britannique Ashish Thakkar, a annoncé la création d’un véhicule d’investissement d’un montant de 250 millions $ pour soutenir les start-up africaines. L’accord a été signé en marge de l’édition 2024 de la Future Investment Initiative qui s’est déroulée la semaine dernière à Riyad, en Arabie saoudite.
Mara Group s’est associé à l'accélérateur technologique Startupbootcamp et à Blend Financial Services, une société d’investissement indienne, pour mener à bien ce projet. Le futur fonds se consacrera aux start-up en phase de croissance et aux financements de pré-introduction en bourse. Il se focalisera sur l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya, la Côte d'Ivoire et l’Egypte.
Outre la Côte d’Ivoire, les quatre autres pays ciblés représentent les écosystèmes start-up les plus attractifs en matière de financement sur le continent. Selon les données de Partech Africa, les jeunes entreprises du « Big Four », Afrique du Sud, Nigeria, Kenya et Egypte, ont attiré en 2023 près de 79 % du volume total de financements en capital-investissement, soit 1,79 milliard $. En 2022, elles avaient capté 72 % des financements, pour un montant de 3,5 milliards $. Les start-up ivoiriennes, quant à elles, ont levé 33 millions $ en 2022 et 21 millions $ en 2023, faisant de la Côte d’Ivoire le seul pays francophone inclus dans ce projet.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte de raréfaction des capitaux dans l’écosystème technologique africain depuis 2023, une année marquée par une baisse significative des levées de fonds pour les start-up. Selon les données d'Africa: The Big Deal, les start-up africaines ont levé 1,7 milliard $ depuis le début de l’année, soit une baisse de 32 % par rapport à la même période en 2023.
Adoni Conrad Quenum
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Dans un contexte de croissance urbaine rapide, les solutions de mobilité intelligente deviennent essentielles pour améliorer la sécurité et la fluidité du trafic. Ce type de système connecté optimise les réseaux routiers et répond aux défis de l’urbanisation.
Les axes routiers de Dakar seront bientôt dotés d’un système de transport intelligent et connecté, développé par Huawei dans le cadre d’un partenariat entre le Sénégal et la Chine. Ce système novateur a été présenté le mercredi 6 novembre par l’entreprise technologique chinoise aux membres du gouvernement sénégalais.
Ce mercredi 6 novembre j’ai co-présidé avec mon homologue du Ministère des Infrastructures, des Transports Terrestres et Aériens, Monsieur El Malick Ndiaye, une session de présentation du système de transports intelligents et connectés, développé par HUAWEI.
— SALL Alioune (@SALLAlioune20) November 6, 2024
Ce projet… pic.twitter.com/wf7SYA5hBm
« Ce projet structurant d’envergure nationale, avec une forte composante numérique, constitue une illustration parfaite de l’exigence de coordination des initiatives numériques de l’Etat du Sénégal. Cette démarche concertée s’inscrit dans une logique d’impulsion d’une gouvernance harmonisée du numérique », a déclaré Alioune Sall (photo, à gauche), ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique.
Le projet prévoit d'équiper la ville de Dakar de technologies intelligentes visant à optimiser la mobilité et renforcer la sécurité routière. Les dispositifs envisagés incluent : un système de vidéo-verbalisation pour repérer et sanctionner les infractions ; des panneaux à messages variables (PMV) permettant de diffuser des informations en temps réel aux conducteurs ; ainsi qu'un centre de contrôle urbain doté de technologies de pointe pour superviser le trafic. De plus, des points de contrôle seront installés afin de détecter les excès de vitesse et autres comportements à risque, contribuant ainsi à une gestion plus sécurisée et fluide de la circulation dans la capitale.
Cette initiative s’inscrit dans les ambitions du gouvernement de sécuriser les infrastructures critiques et de bâtir des villes intelligentes et sûres, gages de souveraineté et de développement de l’économie numérique, tel que prévu dans l’Agenda national de transformation « Sénégal 2050 ».
La région de Dakar, avec une population de plus de 4 millions d’habitants selon le recensement national de 2023, fait face à des défis croissants en matière de transport, notamment les embouteillages, la pollution et l’insécurité routière. Une étude du Conseil exécutif des transports urbains de Dakar (CETUD), partagée par son directeur général Thierno Birahim Aw, révèle que les externalités négatives du transport dans la capitale engendrent une perte annuelle de près de 900 milliards FCFA (1,4 milliard de dollars) pour l’économie sénégalaise, soit environ 6 % du PIB national.
Le nouveau système de transport intelligent, une fois déployé, devrait apporter des améliorations significatives en matière de sécurité et de gestion du trafic. Grâce au dispositif de vidéo-verbalisation, les infractions seront détectées en temps réel, augmentant ainsi les recettes pénales et incitant à une meilleure discipline des usagers de la route. En cas d’incidents, le centre de contrôle équipé de technologies de pointe facilitera une intervention rapide, assurant une meilleure coordination avec les services d’urgence.
Samira Njoya
Alors que les échanges mondiaux évoluent rapidement vers des écosystèmes numériques, les collaborations internationales dans ce domaine deviennent essentielles pour renforcer l’innovation et une inclusion numérique plus large.
L’Afrique du Sud et l’Inde vont renforcer leur collaboration dans le numérique. Une réunion stratégique à cet effet s’est tenue le mardi 5 novembre entre le haut-commissaire de l'Inde en Afrique du Sud, Shri Prabhat Kumar (photo, à gauche), et le ministre sud-africain des Communications et des Technologies numériques, Solomon Solly Malatsi (photo, à droite).
Cet échange visait à approfondir les partenariats bilatéraux dans les domaines des technologies numériques et de la connectivité, en se concentrant sur des secteurs clés tels que l’informatique, les plateformes de paiement numériques et la cybersécurité. « Il est essentiel de doter les fonctionnaires de compétences numériques pour que l’Afrique du Sud puisse prospérer aux côtés des leaders mondiaux de la technologie », a déclaré Solomon Solly Malatsi.
Cet échange s'inscrit dans le cadre d'un mémorandum d'accord signé entre les deux pays, qui met l'accent sur des objectifs stratégiques, notamment l'expansion de la connectivité à large bande et le renforcement des mesures de cybersécurité. Une évaluation des progrès réalisés dans ce partenariat est prévue pour début 2025, avant le sommet du G20 qui se tiendra en Afrique du Sud, afin de réajuster les priorités et d’aligner les stratégies sur les besoins futurs.
L’Inde, riche de son expérience dans le numérique, peut offrir une expertise précieuse à l'Afrique du Sud. Dans le domaine des paiements numériques, son interface de paiement unifiée (UPI), lancée en 2016, a rencontré un franc succès. La plateforme a enregistré plus de 100 milliards de transactions pour l'année 2023 seulement. En cybersécurité, l'Inde se démarque également avec des initiatives telles que la création, en octobre dernier, d'une unité de 5000 cyber-commandos dédiés à la protection des infrastructures informatiques et à la réponse aux incidents de cybersécurité.
Pour l'Inde, cette collaboration pourra offrir des opportunités significatives pour étendre son influence technologique et économique en Afrique. De plus, cette coopération pourrait contribuer à renforcer l’image de l’Inde en tant que partenaire technologique clé dans le développement numérique global, en particulier à un moment où le continent africain connaît une forte demande de services numériques et de connectivité.
Samira Njoya
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Le pays poursuit la mise en œuvre de sa stratégie spatiale nationale lancée en 2018. Son premier satellite a été lancé en novembre 2022.
Zimsat-2, le deuxième satellite d’observation de la Terre du Zimbabwe, a été lancé le mardi 5 novembre par Glavkosmos, filiale de l’agence spatiale russe Roskosmos. Le nanosatellite est le fruit d’une collaboration entre l’Agence nationale géospatiale et spatiale du Zimbabwe (ZINGSA) et une université publique russe basée dans la ville de Koursk.
Ce lancement fait suite à celui de Zimsat-1, le premier satellite zimbabwéen, en novembre 2022 qui est devenu opérationnel au premier trimestre 2023. Lors de son lancement, les autorités zimbabwéennes avaient annoncé que les données collectées par ce nanosatellite pourraient notamment aider le pays à mieux gérer ses ressources naturelles, à se prémunir contre les catastrophes naturelles et à surveiller les changements climatiques.
Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre du programme spatial zimbabwéen, lancé en 2018 avec la création de la ZINGSA. Cette agence vise à exploiter le « potentiel illimité » de l’espace pour répondre à des défis pressants et explorer de nouvelles perspectives en matière de connaissances et d’opportunités. Elle ambitionne également de rendre la technologie spatiale accessible à tous les segments de la société zimbabwéenne. La ZINGSA collabore déjà avec des partenaires pour développer de nouveaux satellites.
Zimsat-2 devrait faciliter la prise de décision dans plusieurs secteurs de l’économie zimbabwéenne, dont l’agriculture. « Les données recueillies dans le cadre de cette mission seront utiles pour l’investigation et la surveillance de la santé des cultures, la prévision des rendements, la détection des carences en nutriments des plantes, la classification des types de végétation et le calcul de l’indice de végétation par différence normalisée (NDVI) », a déclaré Painos Gweme, coordinateur de la ZINGSA, dans une interview accordée au média local The Sunday Mail.
Isaac K. Kassouwi
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Face à la hausse des infractions routières, plusieurs pays se tournent vers la technologie pour renforcer la sécurité. La vidéo-verbalisation s’impose comme un outil prometteur pour améliorer le respect du code de la route et dissuader les conduites à risque.
Les Seychelles s’apprêtent à tester un système de contrôle routier numérique basé sur la vidéo-verbalisation. Cette initiative, annoncée par le vice-président, Ahmed Afif, vise à renforcer la sécurité routière dans le pays.
« Le système fournira au gouvernement de précieuses informations, car nous constatons que beaucoup conduisent sans permis valide et que d'autres comportements illégaux persistent sur les routes », a-t-il expliqué.
Ce dispositif s’appuiera sur les caméras de vidéosurveillance installées dans l’espace public, permettant de sanctionner les infractions au code de la route à distance. Lorsqu’une infraction est détectée, l’image du véhicule en cause est capturée, identifiant ainsi sa marque et lisant son numéro de plaque d'immatriculation. Un agent verbalisateur pourra alors éditer un procès-verbal électronique à distance qui sera envoyé par message au conducteur. Parmi les infractions ciblées figurent les excès de vitesse, l’utilisation du téléphone au volant et le non-port de la ceinture de sécurité.
Le projet pilote qui durera huit semaines sera lancé dans le district de Roche Caïman, dans l'île de Mahé. Durant cette phase, les autorités évalueront et affineront la technologie pour l’adapter aux spécificités locales. Les résultats de cette période d’essai seront cruciaux : ils pourront guider les décisions futures concernant la planification des infrastructures et l’application des lois routières. Si les résultats sont concluants, le système pourrait être adopté de manière permanente en partenariat avec la société australienne de technologie Acusensus.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie du gouvernement pour lutter contre les comportements dangereux au volant. Si elle est adoptée, elle permettra de cibler les principales causes d'insécurité routière, notamment en milieu urbain, et d’influencer durablement le comportement des conducteurs. Elle permettra également un traitement automatisé et rapide des infractions, allégeant le travail des forces de l’ordre et améliorant l’efficacité dans l’application des lois routières.
Samira Njoya
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Dans le cadre de son plan de développement de l’économie numérique, le Nigeria met un accent particulier sur la recherche de partenariats stratégiques. Chaque Etat du pays intensifie ses efforts pour offrir aux citoyens des services numériques de qualité.
Le gouverneur de l’Etat de Benue au Nigeria, Hyacinth Alia (photo, au centre), a annoncé le mercredi 30 octobre, la signature d’un partenariat stratégique avec le chinois Huawei pour accélérer la transformation numérique de la région. Cet accord avec l'entreprise technologique vise à moderniser les infrastructures de Benue, à renforcer son économie et à améliorer la qualité de vie de ses citoyens.
Today, we took a giant leap forward in our journey to transform Benue State into a modern, digitally connected hub. At Huawei Technologies Headquarters in Shenzhen, China, we signed a historic partnership to build a Smart Benue State! pic.twitter.com/d27CMOGUZ5
— Fr. Hyacinth Iormem Alia (@HyacinthAlia) October 30, 2024
« Ce partenariat avec Huawei révolutionnera l’infrastructure de notre Etat, renforcera la sécurité, améliorera l’éducation et les soins de santé, et créera d’innombrables opportunités d’emploi pour notre population. Nous devons être déterminés dans le développement de notre Etat, pour nous-mêmes et pour les générations futures », a expliqué Hyacinth Alia sur X.
L'initiative s’inscrit dans une démarche plus large visant à positionner l’Etat de Benue comme un pôle numérique de référence au Nigeria. Elle intervient peu de temps après la signature d’un autre accord avec EVNT Technologies, une entreprise informatique saoudienne de premier plan, dont l’objectif est également de transformer le paysage technologique de l’Etat.
Le partenariat avec Huawei devrait contribuer à renforcer les initiatives numériques locales, notamment le programme Benue Tech Skills, qui ambitionne de créer plus de 50 000 emplois en formant les jeunes aux compétences numériques essentielles. Ce programme inclut la formation en codage, en analyse de données avancée, en design UI/UX, en marketing digital et en commerce électronique, autant de compétences indispensables pour répondre aux exigences de l’économie numérique mondiale.
Ces efforts soutiennent également les objectifs définis par le ministère fédéral des Communications, de l’Innovation et de l’Economie numérique dans son plan stratégique « Accelerating our Collective Prosperity through Technical Efficiency ». Ce plan vise à porter à 22 % la contribution du secteur numérique au PIB du Nigeria d’ici 2027, positionnant ainsi le pays comme un leader africain dans le domaine de l’économie numérique et de l’innovation technologique.
Samira Njoya
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Nigeria : Techstars met un terme à son programme d'accélération basé à Lagos
Après avoir soutenu le développement d’une vingtaine de start-up prometteuses, l’accélérateur mondial Techstars annonce son retrait du Nigeria, un pays où l'écosystème start-up est en pleine expansion.
L’accélérateur mondial de start-up et de capital-risque Techstars a annoncé qu’il mettait fin à ses activités au Nigeria après deux ans de présence. Cette fermeture survient après la fin de son partenariat avec ARM Labs, l'organisme d'innovation nigérian avec lequel il a lancé le programme ARM Labs Lagos Techstars Accelerator.
« Nous ne procéderons pas à un troisième programme ARM Labs Lagos Techstars Accelerator. Les deux premières cohortes ont mis en vedette des entreprises et des fondateurs exceptionnels, soutenus par un groupe de mentors dévoués. Nous demeurons optimistes quant à la collaboration avec la communauté locale des start-up pour maintenir notre présence dans ce centre d’innovation dynamique », a déclaré Matthew Grossman, directeur de la marque et de la communication de Techstars.
C’est en décembre 2022 que Techstars et ARM Labs avaient uni leurs efforts pour créer ce programme d’accélération qui visait à soutenir le développement des start-up en phase de démarrage basée en Afrique en leur fournissant un accès direct à des investisseurs et des réseaux internationaux. Le programme a été exécuté en deux cohortes, intégrant 24 start-up dans le portefeuille de Techstars. Chaque entreprise a reçu des financements allant jusqu'à 120 000 dollars.
La fermeture de Techstars au Nigeria intervient dans un contexte de réajustements financiers pour l'accélérateur, qui a récemment licencié près de 17 % de ses effectifs à l'échelle mondiale. Au Nigeria, cette décision marque une étape significative dans le paysage entrepreneurial, soulevant des inquiétudes sur l'accès des start-up locales aux ressources et au soutien nécessaires pour prospérer. Toutefois, les start-up déjà financées par ARM Labs Lagos Techstars Accelerator resteront des entreprises du portefeuille de Techstars, continuant de bénéficier de son réseau mondial.
Samira Njoya
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L’Afrique reste confrontée à des enjeux de santé parmi les plus cruciaux. Dans ce contexte, l'utilisation des technologies de l'information et de la communication (TIC) pourrait jouer un rôle clé dans la lutte pour améliorer la santé et l'accès aux soins sur le continent.
La Mauritanie va se doter prochainement d’une stratégie nationale de santé numérique à l’horizon 2030. Le document a été présenté le mardi 29 octobre à Nouakchott lors d’un atelier visant sa révision et son adoption, sous la supervision du ministre de la Santé, Abdallahi Ould Wedih, et du ministre de la Transformation numérique et de la Modernisation de l’Administration, Ahmed Salem Ould Bedda. Ce projet, soutenu par des partenaires tels que l'Union européenne et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), vise à moderniser les services de santé en intégrant des solutions numériques.
« La santé numérique est une priorité stratégique émergente qui aura un impact significatif sur le resserrement de la politique nationale en matière de santé et le plan national de développement sanitaire (PNDS), en vue d’atteindre une couverture sanitaire complète », a déclaré Abdallahi Ould Wedih.
L’initiative s'inscrit dans le cadre du programme électoral du président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, qui considère la numérisation comme le principal moteur de la modernisation de l’économie du pays. L’exécutif vise d’ici 2030 une numérisation des secteurs clés du pays grâce aux nouvelles technologies.
La stratégie de e-Santé qui sera déployée dans le pays devrait ainsi transformer le secteur pour offrir un accès équitable aux services de santé de qualité, étendre la couverture dans les zones reculées, et faciliter les consultations à distance via la télémédecine. Elle contribuera également à la rationalisation des coûts dans le secteur de la santé.
Selon un rapport publié l’an dernier par le cabinet McKinsey & Company, l’utilisation massive des outils de santé numériques, comme les téléconsultations, les dossiers médicaux électroniques et les applications mobiles de gestion des maladies chroniques, pourra permettre aux systèmes de santé africains de réaliser des gains d'efficacité allant jusqu'à 15 % des dépenses totales d'ici à 2030. Ce potentiel explique entre autres l'importance de la transformation numérique dans le secteur de la santé en Mauritanie.
Samira Njoya
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Le chômage des jeunes en Afrique est une priorité pour de nombreux gouvernements qui, conscients des défis, misent sur les nouvelles technologies pour transformer les formations. Cette approche vise à adapter les méthodes pédagogiques et les compétences enseignées au marché du travail.
Dans le cadre de la modernisation du secteur éducatif, le Bénin ambitionne de mettre en place une stratégie nationale de numérisation de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels (EFTP). Cette démarche a pris un tournant officiel le jeudi 31 octobre, avec le lancement d’un atelier à Cotonou par le ministre des Enseignements secondaire, technique et de la Formation professionnelle, Kouaro Yves Chabi.
« L'initiative de transformation digitale de l'EFTP vise à construire un réseau panafricain et un écosystème permettant d'accélérer la transition numérique sur l'ensemble du continent, à améliorer la qualité de l'éducation inclusive, et à renforcer l'employabilité des apprenants », a déclaré le ministre, soulignant l'impact attendu de cette transition pour les jeunes apprenants béninois.
Ce projet s’intègre dans la vision plus large de l'Initiative panafricaine pour la transformation numérique de l’EFTP, lancée en 2021 par l’UNESCO et ses partenaires dans le cadre de la Stratégie continentale pour l'éducation de l'Union africaine (CESA 2016-2025), en ligne avec l'Agenda Education 2030. L’objectif est de créer un socle solide pour des compétences modernes et adaptées, répondant aux exigences d'un marché du travail en mutation rapide.
Dans un contexte marqué par le chômage des jeunes en Afrique, où chaque année plus de 10 millions de jeunes entrent sur le marché du travail souvent sans qualifications adaptées, la numérisation de l’EFTP constitue une réponse essentielle. Ce programme de transformation permettra non seulement de moderniser l’éducation technique et professionnelle, mais aussi de doter les jeunes de compétences en phase avec les standards internationaux, intégrant ainsi le Bénin à l’économie numérique mondiale et préparant les apprenants aux défis futurs.
Samira Njoya
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Des données plurisectorielles de qualité disponibles, aisément, favorisent une meilleure lecture de la situation macroéconimiques des pays. Mais parvenir à cette évolution nécessite toutefois un saut technologique que plusieurs pays tardent encore à effectuer. L’Ethiopie en a décidé autrement.
l'Ethiopie accélère la numérisation de son service de statistique pour renforcer ses capacités de collecte et d'analyse de données. C’est ce qu’a annoncé la ministre de la Planification et du Développement, Fitsum Assefa, lors de son discours d'ouverture au 9e Forum africain de la statistique, mercredi 30 octobre. Cette transformation vise à améliorer la qualité et l'accessibilité des données et à exploiter les technologies novatrices pour diversifier et optimiser les sources d'information.
We must embrace technology and digital tools to improve the accuracy, accessibility, and timeliness of our data, ensuring that we meet the growing demands for high-quality information at both the national and global levels.#StatCom #Africa pic.twitter.com/3YycE2QqeH
— Fitsum Assefa Adela (@FitsumAdela) October 30, 2024
« Nous devons adopter la technologie et les outils numériques pour améliorer l’exactitude, l’accessibilité et l’actualité de nos données, en veillant à répondre aux demandes croissantes d’informations de haute qualité aux niveaux national et mondial », a déclaré Fitsum Assefa, soulignant ainsi l'engagement de l'Ethiopie à devenir un acteur clé dans le domaine statistique.
Cette initiative s'inscrit dans le cadre du Programme national de développement des statistiques, qui repose sur des technologies de pointe comme les systèmes géospatiaux numériques et les outils de collecte de données mobiles. Ce projet de modernisation, soutenu par des institutions nationales et internationales, vise à rendre l'infrastructure statistique plus réactive et mieux adaptée aux besoins complexes du pays.
La numérisation des statistiques s’inscrit également dans une dynamique continentale soutenue par la Commission économique pour l'Afrique des Nations unies (CEA), qui a élaboré une feuille de route visant à moderniser les systèmes statistiques des pays africains d'ici 2030. En encourageant l'adoption de standards internationaux, la CEA vise à fournir aux Etats des systèmes de données fiables, essentiels pour guider un développement durable et renforcer une prise de décision fondée sur des informations précises et actualisées.
Samira Njoya
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En juillet dernier en Algérie, le haut-commissaire à la numérisation, Meriem Benmouloud, a annoncé la mise en place d’une nouvelle stratégie de transformation numérique. Ceci a suscité de l’intérêt pour le secteur des TIC.
Des hommes d’affaires russes se sont rendus en Algérie les lundi 28 et mardi 29 octobre dans le but d’explorer les opportunités qu’offre le pays dans divers secteurs dont les TIC. Selon Ivan Nalitch, le chef de cette mission économique, près d’une quinzaine d’entreprises russes ont été représentées au cours de ces deux jours.
« Il y a pas mal de projets en Algérie qui peuvent constituer de réelles opportunités d'affaires pour la partie russe, notamment pour ce qui est de la stratégie de développement numérique adoptée récemment en Algérie. [...] Même si pendant les deux jours de nos travaux, les entreprises n'arrivent pas à conclure des accords ou n'arrivent pas à finaliser leurs négociations, nous sommes disponibles pour vous accompagner dans cette démarche, ou vous aider à trouver d'autres partenaires russes, s'il le faut », explique Ivan Nalitch.
Cette visite intervient quelques mois après la mise en place d’une stratégie de transformation numérique. Elle s’inscrit dans le cadre du projet de numérisation de l’Algérie porté par le président Abdelmadjid Tebboune qui a fait du numérique l’un des leviers de développement du pays. Selon le rapport « Measuring digital development – ICT Development Index 2024 » publié en juin dernier, l’Union internationale des télécommunications classe l’Algérie à la 6e place continentale avec un score de 80,9 sur 100. Ce score est en progression par rapport à 2023 où il s’était établi à 77,8.
Cependant, Charef Rabah, vice-président de la Chambre de commerce et d'industrie, s’exprimant sur la visite, a tenu à souligner que « l'Algérie est totalement ouverte aux investissements étrangers IDE et le secteur privé représente environ 80% du capital national. L'investissement est également pleinement ouvert, couvrant toutes les formes possibles. Nous maintenons la balance commerciale positive avec des réserves de changes qui sont très appréciables ».
Adoni Conrad Quenum
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La transformation numérique est un levier essentiel pour dynamiser les économies locales et moderniser les petites entreprises. En intégrant des solutions numériques, ces commerces améliorent leur efficacité et leur compétitivité face aux évolutions du marché.
L’opérateur télécoms Orange Maroc et la plateforme de commerce en ligne Chari.ma ont annoncé, le lundi 28 octobre, un partenariat stratégique visant à accélérer la transformation numérique des détaillants de proximité du Maroc.
« Ce partenariat avec Chari.ma démontre notre volonté et notre engagement à accompagner le Maroc dans sa transformation numérique. En équipant les détaillants de proximité marocains des outils numériques les plus performants, nous contribuons à renforcer l'attractivité de notre écosystème numérique », a expliqué Hendrik Kasteel, directeur général d’Orange Maroc.
Dans le cadre de cet accord, Chari.ma intégrera directement les services d’Orange dans son application e-commerce, offrant ainsi aux commerçants une opportunité de croissance et de modernisation essentielle à leur activité. L’initiative s’inscrit dans la stratégie Maroc Digital 2030, qui ambitionne de développer l’économie numérique et de promouvoir l’inclusion financière dans le pays.
Ce projet intervient dans un contexte où le commerce de proximité est en pleine expansion dans le royaume. Selon des chiffres fournis en 2023 par le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, le commerce de proximité représente 58 % des transactions du secteur, 6 % des opportunités d’emploi et 80 % des points de vente au Maroc. Cette collaboration devrait ainsi permettre de stimuler la compétitivité des petits commerces et de renforcer l'écosystème numérique marocain en rendant les outils numériques plus accessibles et adaptés aux besoins des détaillants de proximité.
Samira Njoya
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La numérisation des soins de santé en Afrique représente une opportunité cruciale pour améliorer l'accès et la qualité des services médicaux. Dans ce contexte, de nouvelles initiatives innovantes émergent pour répondre aux défis pressants du secteur de la santé.
L'Afrique dispose désormais d'une place de marché numérique dédiée à la santé. La plateforme, développée par la Digital Impact Alliance en collaboration avec le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC), a été dévoilée le mardi 29 octobre lors du 3e sommet africain sur les technologies de la santé, l'Africa HealthTech Summit, au Rwanda. Cette initiative se veut un guichet unique pour des solutions de santé numérique ciblées et accessibles, apportant une réponse concrète aux défis du secteur.
Exciting news – the Africa #HealthTech Marketplace is officially live! Created by the Digital Impact Alliance in partnership with @AfricaCDC, this platform serves as a one-stop shop for targeted, accessible digital health solutions. It simplifies the process for government… pic.twitter.com/HKaJcp2Bsn
— Africa HealthTech Summit - AHTS24 (@AfricaHTSummit) October 29, 2024
« Le marché africain de la santé (Africa HealthTech Marketplace) change la donne pour les soins de santé en Afrique. En offrant une plateforme qui présente des solutions ciblées et évolutives, nous donnons aux prestataires de soins de santé à travers le continent l'accès aux outils dont ils ont besoin pour améliorer les résultats en matière de santé », explique Jean Kaseya, directeur général d'Africa CDC.
Ce projet intervient dans un contexte où les systèmes de santé en Afrique sont souvent débordés, confrontés à des défis majeurs tels que le manque d'infrastructures, l'insuffisance du personnel médical et le sous-financement des services publics. Selon l'Organisation mondiale de la santé, plus de 110 millions de personnes en Afrique n'ont pas accès aux soins de santé de base, soulignant l'urgence de la situation.
Les innovations en matière de santé numérique, telles que la télémédecine, les applications mobiles de santé et les dossiers médicaux électroniques, apparaissent comme des solutions prometteuses pour surmonter ces défis. Toutefois, ces innovations demeurent fragmentées, sans plateforme centrale permettant aux prestataires de soins de santé, aux gouvernements et aux organisations de trouver les outils adéquats pour répondre à leurs besoins spécifiques.
La nouvelle place de marché souhaite répondre à cette problématique en favorisant l'identification, l'évaluation et l'acquisition des outils numériques. La plateforme vise l'amélioration de l'accès aux solutions numériques de santé, la promotion des innovations locales, l'amélioration des résultats en matière de soins de santé, ainsi que la facilitation de la collaboration et des partenariats entre les acteurs du secteur.
Samira Njoya
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