Face aux défis de la modernisation, de nombreux pays misent sur la transformation numérique pour améliorer l’accès aux services publics. La numérisation des documents officiels, notamment les diplômes, devient une priorité pour renforcer l’efficacité administrative.
Le gouvernement mauritanien élabore un dispositif innovant pour numériser les diplômes, dans le but de moderniser leur délivrance et d’en renforcer l’authenticité. Les contours de ce projet ont été discutés lors d’une réunion, mercredi 2 avril, au ministère de l’Éducation nationale et de la Réforme du système éducatif. Cette rencontre, présidée par la ministre Houda Mint Babah (photo), s’est tenue en présence du ministre de la Transformation numérique, Ahmed Salem Bede. L’objectif principal est de lier directement les diplômes à l’état civil afin de garantir leur traçabilité et de simplifier l’accès des citoyens.
Concrètement, ce dispositif permettra aux diplômés de récupérer leurs certificats certifiés via l’application « Houwiyeti » (Mon Identité), une plateforme numérique dédiée aux services publics. Déjà utilisée pour l’obtention d’extraits de naissance et de passeports, cette application offrira désormais un accès simplifié aux diplômes, notamment au baccalauréat et aux certificats de l’enseignement préparatoire. En supprimant les déplacements entre les différentes administrations, ce système vise à réduire les délais et à simplifier les démarches.
Ce projet s’inscrit dans un programme plus vaste de transformation numérique initié par le gouvernement. L’année dernière, la Mauritanie a annoncé un investissement de 30 millions de dollars pour moderniser son infrastructure numérique et développer des solutions innovantes dans les services publics. Cependant, malgré ces efforts, le pays affiche un retard important en matière de digitalisation de l’administration. En 2024, la Mauritanie occupait la 165ᵉ place mondiale à l’indice de développement de l’e-gouvernement des Nations unies, avec un score de 0,3491 sur 1, bien en dessous des moyennes africaine (0,4247) et mondiale (0,6382).
En intégrant les diplômes dans son registre numérique, le gouvernement entend non seulement simplifier l’accès aux documents officiels, mais aussi lutter contre la falsification et renforcer la fiabilité des certifications. Cette transformation est essentielle pour améliorer la transparence, accroître l’efficacité des services administratifs et faciliter l’insertion des diplômés sur le marché du travail, tant au niveau national qu’international.
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La plateforme chinoise TikTok attire de plus en plus d’utilisateurs sur le continent. La sécurité des millions d’utilisateurs quotidiens devient un sujet majeur de préoccupation pour les autorités.
TikTok a annoncé avoir supprimé 8 millions de vidéos non conformes aux règles de la communauté en Afrique subsaharienne au quatrième trimestre 2024, une augmentation par rapport aux 7,5 millions du trimestre précédent. Cette hausse illustre les efforts accrus de modération sur le continent, alors que plusieurs pays continuent de critiquer la plateforme pour son manque de contrôle sur les contenus diffusés. En Afrique du Nord, 7 millions de vidéos ont été supprimées au second semestre 2024.
Ces chiffres ont été dévoilés lors du deuxième sommet annuel africain pour un Internet plus sûr, qui s’est tenu la semaine dernière au Cap, en Afrique du Sud. L’événement a réuni des représentants gouvernementaux, des régulateurs et des acteurs de l’industrie venus de plusieurs pays, notamment l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Éthiopie, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Kenya. Les discussions ont porté sur la sécurité en ligne, la modération des contenus et l’élaboration de politiques numériques adaptées aux réalités africaines.
« Des milliards de personnes viennent sur TikTok chaque jour pour créer, partager et se connecter. Nous faisons évoluer continuellement nos politiques et pratiques afin de sécuriser notre plateforme, permettant ainsi à notre communauté de découvrir et de faire ce qu’elle aime », a déclaré Helena Lersch, vice-présidente des politiques publiques chez TikTok.
Ces derniers mois, plusieurs pays africains ont pris des mesures à l’encontre de la plateforme. Au Sénégal, TikTok a été bloqué en août 2023, les autorités l’accusant d’être un canal pour la diffusion de messages haineux et subversifs menaçant la stabilité nationale. Avant son rétablissement en février 2024, le gouvernement avait exigé des garanties sur la modération des contenus jugés contraires aux valeurs nationales et aux bonnes mœurs.
En Somalie, le gouvernement a suspendu TikTok en août 2023, dénonçant son utilisation pour la diffusion de contenus violents et de fausses informations. Au Soudan du Sud, en janvier 2025, TikTok a été suspendu pendant une semaine à la suite de la publication de vidéos graphiques montrant des violences contre des ressortissants sud-soudanais au Soudan. « La montée de la violence liée aux contenus sur les réseaux sociaux au Soudan du Sud souligne la nécessité d'une approche équilibrée qui traite les causes profondes de l'incitation en ligne tout en protégeant les droits de la population », a déclaré Napoleon Adok Gai, directeur général du régulateur des communications sud-soudanais.
Au Kenya, en avril 2024, tandis que le Parlement examinait une proposition de suspension de TikTok pour sa supposée utilisation à des fins de propagande, de fraude et de diffusion de contenus à caractère sexuel, le gouvernement a opté pour une approche de co-régulation. Des débats similaires sur la régulation de TikTok ont également eu lieu au Maroc, en République démocratique du Congo (RDC) et au Burkina Faso.
Cependant, malgré ces efforts de modération et les chiffres impressionnants de suppression de vidéos, des limites subsistent quant à l’efficacité des mesures prises. Une enquête de la BBC, publiée le 3 mars 2024, a mis en lumière de graves dérives, notamment l'exposition de jeunes utilisateurs à des contenus sexuels explicites, dont la plateforme profiterait indirectement. Par ailleurs, un rapport publié en juillet 2024 par la fondation Mozilla et AI Forensics a révélé que TikTok Lite, une version allégée de l’application utilisée dans les pays en développement, souffre de failles de sécurité, favorisant la diffusion de contenus inappropriés.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Sur le continent africain, où les infrastructures météo sont limitées, des prévisions fiables sont essentielles. Elles aident à anticiper les risques climatiques, à sécuriser l’agriculture, à gérer les ressources en eau et à mieux planifier les activités économiques.
Google a récemment annoncé l'intégration de nouvelles prévisions de précipitations à court terme pour l'ensemble de l'Afrique dans son moteur de recherche. Cette initiative vise à améliorer l'accès à des informations météorologiques précises et quasi instantanées, notamment dans les régions où les infrastructures de surveillance sont insuffisantes.
Selon le communiqué de Google, ces prévisions sont rendues possibles grâce aux avancées du modèle de prévision immédiate MetNet, développé par Google Research. Ce système combine des données satellitaires et des observations au sol pour fournir des prévisions de précipitations avec une résolution de 5 kilomètres, mises à jour toutes les 15 minutes pour les 12 heures à venir. L'intégration directe dans les résultats de recherche Google permet aux utilisateurs africains d'accéder facilement à des informations précises en temps réel.
Le déploiement de cette technologie intervient dans un contexte où l'Afrique est l'un des continents les moins couverts par les radars météorologiques, avec seulement une quarantaine de stations radar, contre près de 300 en Amérique du Nord. Cette carence en infrastructures rend les modèles traditionnels peu fiables sur le continent. MetNet, un système basé sur l’intelligence artificielle, fournit des prévisions précises sans nécessiter de radars terrestres. Ce projet a été partiellement développé par Google Research Africa, avec la contribution d'experts locaux à Accra et Nairobi, afin de l'adapter aux réalités spécifiques du terrain.
Pour les petits agriculteurs, cette innovation représente une avancée majeure. L'agriculture, essentielle pour les économies africaines, emploie environ 60 % de la population active et contribue de 30 % à 60 % du PIB dans certains pays. Les petits exploitants, qui représentent près de 60 % des exploitations en Afrique subsaharienne, sont particulièrement vulnérables aux aléas climatiques.
Grâce à des prévisions météorologiques plus précises, ces exploitants pourront mieux planifier les semis, les récoltes et d'autres activités agricoles, réduisant ainsi les risques climatiques et améliorant leurs rendements. Cette technologie contribuera également à renforcer la résilience des communautés rurales face aux effets du changement climatique, en leur fournissant les outils nécessaires pour s'adapter aux conditions météorologiques changeantes.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La lutte contre le chômage est au cœur des ambitions du gouvernement du Sénégal. Dans ce cadre, des initiatives sont mises en œuvre pour faciliter la recherche d’emploi par les citoyens en quête d'opportunités professionnelles.
Le président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye (photo), a procédé, le lundi 1er avril, au lancement officiel de la plateforme numérique « Tabax Sénégal », destinée aux chercheurs d'emploi, aux entrepreneurs et aux investisseurs. L’initiative vise à répondre aux défis de l’emploi, de l’entrepreneuriat et du financement de projet.
Nous lançons officiellement ce 1er avril 2025 la plateforme numérique https://t.co/JVQBszPcHP, un outil innovant au cœur de notre stratégie nationale pour l’emploi, l’entrepreneuriat et l’investissement.
— Bassirou Diomaye Faye (@PR_Diomaye) April 1, 2025
Cette initiative rassemble candidats à l’emploi, porteurs de projets et… pic.twitter.com/2V48Ywrcvy
La plateforme Tabax Sénégal permet de mettre en relation les demandeurs d'emploi avec des opportunités professionnelles correspondant à leurs compétences. Elle propose également un accompagnement pour les porteurs de projets en facilitant l'accès à des financements et à des partenariats stratégiques. Enfin, les investisseurs y trouveront une vitrine d'initiatives à fort potentiel de croissance, favorisant ainsi un environnement propice au développement économique du Sénégal.
Tabax Sénégal offre un profil personnalisé à chaque utilisateur, une mise en relation simplifiée entre les acteurs, des opportunités d'affaires, un espace interactif pour le suivi des projets et des candidatures, ainsi qu’une certification des compétences. La plateforme permet à chaque Sénégalais d'intégrer son curriculum vitae (CV) dans une base de données d’offres et de recherches d'emplois, en toute équité et transparence.
L’initiative s’inscrit dans le cadre de la Stratégie nationale pour l’emploi, l’entrepreneuriat et l’investissement. Elle intervient dans un contexte marqué par une légère hausse du chômage dans le pays. Selon les données de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), le taux de chômage au Sénégal a atteint 20,3 % au troisième trimestre 2024, contre 19,5 % à la même période en 2023, soit une hausse de 0,8 point de pourcentage.
Avec plus de 200 000 à 300 000 jeunes arrivant sur le marché de l'emploi chaque année, l’accès à des emplois stables constitue un enjeu majeur. La numérisation des services d'emploi devrait permettre de fluidifier les recrutements et d'améliorer l'adéquation entre l'offre et la demande. Par ailleurs, la plateforme ambitionne de mobiliser des financements locaux et internationaux pour soutenir l'entrepreneuriat.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les menaces cybercriminelles sont en croissance à travers le monde, selon plusieurs entreprises mondiales spécialisées dans la cybersécurité. Au-delà des attaques aux systèmes informatiques et d’informations, l’imprudence des utilisateurs du numérique profite également grandement aux cybercriminels.
À l’ère du numérique, les réseaux sociaux sont des espaces incontournables d’échange, mais aussi de risques. Une étude récente de Kaspersky révèle que la recherche de validation en ligne rend de nombreux utilisateurs vulnérables au harcèlement, aux arnaques et aux manipulations. Près de 45 % des millennials (regroupe les personnes nées entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990) affirment partager des événements majeurs de leur vie – promotions, déménagements, ruptures – sur leurs communautés en ligne avant même d’en informer leurs proches. C’est ce qui ressort d’une étude publiée par Kaspersky le 1er avril.
Selon l’étude, 55 % des personnes interrogées estiment quant à elles que les relations en personne restent plus authentiques, soulignant ainsi une dépendance aux interactions numériques. Cette exposition excessive aux plateformes numériques n’est pas sans conséquences. Plus de 70 % des millennials ne vérifient pas systématiquement l'identité de leurs interlocuteurs en ligne, et 64 % ont déjà interagi avec des individus mal intentionnés. De plus, 14 % admettent avoir utilisé un faux nom ou profil, illustrant une banalisation de l'anonymat en ligne.
« Il y a un besoin profond de validation sociale chez cette génération qui a grandi avec le numérique, mais la quête de reconnaissance en ligne peut brouiller les repères. Lorsqu’un post bien pensé génère un flot de réactions positives, il devient tentant de privilégier cette gratification immédiate au détriment d’échanges authentiques et profonds », analyse Ruth Guest, spécialiste des comportements numériques.
Une vulnérabilité accrue en Afrique
Si ces tendances sont observées à l'échelle mondiale, leur impact est encore plus marqué en Afrique. Le continent connaît une adoption massive des réseaux sociaux, portée par l’essor des smartphones, l’amélioration de la connectivité Internet et l’essor de la jeunesse. Selon une étude de Meltwater et We Are Social, en 2024, l’Afrique comptabilisait près de 276,2 millions d’utilisateurs sur les réseaux sociaux.
Le rapport de Kaspersky intervient dans un contexte où les cybermenaces en Afrique sont en forte augmentation. Selon INTERPOL, les escroqueries en ligne, l'usurpation d'identité et l'ingénierie sociale sont devenues des préoccupations majeures. Les cybercriminels exploitent les informations figurant sur les comptes personnels de médias sociaux pour mener des attaques par ingénierie sociale plus efficaces et accéder aux systèmes en vue de déployer des rançongiciels.
L’absence de sensibilisation et le manque de régulations adaptées dans plusieurs pays africains exposent davantage les internautes aux attaques cybercriminelles. INTERPOL signale notamment que les réseaux sociaux sont de plus en plus exploités pour des fraudes, des arnaques sentimentales et des campagnes de désinformation ciblant les populations vulnérables.
Vers une utilisation plus sécurisée des réseaux sociaux
Le rapport met en avant plusieurs recommandations pour réduire les risques liés à l’utilisation des réseaux sociaux. Il est essentiel de vérifier l’identité des interlocuteurs et de ne pas accepter de demandes d’amis ou d’interactions sans s’assurer de leur authenticité. La protection des informations personnelles passe par une limitation de la diffusion de données sensibles sur les plateformes publiques. L’adoption de mots de passe forts, avec des combinaisons complexes et uniques pour chaque compte, est également recommandée. Enfin, il est crucial de se méfier des liens et messages suspects envoyés par des inconnus, car ils peuvent être à l’origine de tentatives d’hameçonnage.
« La facilité avec laquelle nous échangeons en ligne nous fait parfois oublier les précautions essentielles. Vérifier les identités, limiter l’accès aux informations personnelles et apprendre à repérer les signaux d’alerte sont aujourd’hui des réflexes indispensables pour évoluer sereinement sur internet », souligne Marc Rivero, chercheur en cybersécurité chez Kaspersky.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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La Guinée place la transformation numérique au cœur de son développement. Pour accélérer ce processus, le gouvernement mise sur des partenariats stratégiques avec des acteurs internationaux et des collaborations public-privé, visant à moderniser les infrastructures et à renforcer la connectivité.
La ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, Rose Pola Pricemou (photo, au centre), a reçu le mercredi 26 mars une délégation de VINCI Énergies Guinée, une société spécialisée dans les infrastructures énergétiques et numériques. Cette réunion visait à explorer les opportunités de collaboration entre le ministère et l’entreprise afin d’accélérer la transformation numérique en Guinée.
Les discussions ont porté sur plusieurs projets stratégiques du ministère, notamment la création d’un Technopole, la construction de réseaux métropolitains à travers le pays, l’édification d’un second data center et l’amélioration des infrastructures télécoms. La ministre a insisté sur l’importance de la coopération avec les acteurs privés pour réaliser les ambitions numériques de la Guinée.
Depuis son implantation en Guinée en 2016, la société VINCI Énergies a joué un rôle clé dans le développement des infrastructures énergétiques, notamment en participant à la mise en place du réseau électrique dans le cadre du projet OMVG sur l’axe Mali-Labé. Dans le domaine du numérique, l'entreprise investit dans les métiers de la numérisation de l'économie.
La rencontre intervient dans un contexte où la Guinée cherche à moderniser son infrastructure numérique pour soutenir sa croissance économique. Le pays, qui a fait des avancées notables dans la connectivité grâce à des investissements soutenus, reste confronté à des défis tels que l’extension de la couverture Internet en milieu rural et la sécurisation des infrastructures numériques.
La collaboration avec VINCI Énergies pourrait ainsi accélérer le déploiement de solutions innovantes, renforcer les capacités techniques locales et améliorer l’accès aux services numériques pour les citoyens et les entreprises. Cette alliance pourrait également jouer un rôle majeur dans la mise en œuvre de la vision Simandou 2040, un projet ambitieux visant à transformer la Guinée en un hub technologique régional, avec des infrastructures numériques solides et un environnement propice à l’innovation et à la croissance économique.
Avec cette alliance en cours de formalisation, la Guinée se positionne pour franchir une nouvelle étape dans sa transformation numérique, en s’appuyant sur l’expertise d’un acteur international reconnu pour son savoir-faire en matière d’infrastructures énergétiques et numériques. Les discussions futures devraient permettre de formaliser les modalités précises de cette collaboration et d’identifier les projets pilotes qui seront mis en œuvre dans les mois à venir.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Avec l'essor de la connectivité numérique en Afrique et dans le monde, la maîtrise des TIC devient un atout essentiel. Conscient de cet enjeu, le Maroc déploie des initiatives stratégiques pour préparer sa jeunesse aux métiers technologiques et renforcer son positionnement dans l'économie digitale.
Le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, en partenariat avec Huawei Maroc, a lancé, le mardi 25 mars, le programme « DigiSchool 2025 ». Cette initiative, qui succède au succès de la première phase en 2024, vise à renforcer l’intégration des technologies numériques dans le système éducatif marocain.
S'exprimant sur le projet, Mohamed Saad Berrada, ministre de l’Éducation nationale, a déclaré : « ce programme développe les compétences numériques des enseignants et élèves, stimule leur esprit d’innovation et leur ouverture aux technologies modernes. Nous œuvrons pour un avenir résilient et connecté, avec une école publique de qualité accessible à tous ».
Le programme DigiSchool 2025 prévoit la formation de 1800 enseignants aux technologies émergentes comme l’intelligence artificielle, la robotique et la réalité augmentée. Dans le même temps, 36 000 élèves rejoindront les clubs DigiSchool répartis dans 248 établissements à travers les 12 régions du Maroc. Ces clubs offriront une initiation aux technologies de demain et aux compétences transversales, favorisant ainsi l’esprit d’innovation des jeunes générations.
Cette initiative s’inscrit dans la feuille de route 2022-2026 du Maroc pour moderniser son système éducatif, avec pour objectif de préparer une génération d’élèves et d’enseignants à évoluer dans un environnement numérique. En s’appuyant sur le partenariat public-privé, ce programme marque une avancée majeure vers une éducation plus inclusive et innovante.
DigiSchool 2025 s’inscrit également dans la stratégie nationale « Maroc Digital 2030 », qui ambitionne de positionner le pays comme un hub technologique majeur en Afrique. Parmi les objectifs clés figurent la formation de 100 000 jeunes par an aux métiers du numérique et la création de 240 000 emplois dans le secteur numérique d’ici 2030. Cette initiative répond ainsi aux besoins croissants de compétences, tout en contribuant à développer une main-d'œuvre qualifiée, prête à relever les défis de l’ère numérique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Avec sa population jeune, l'Afrique pourrait s'imposer comme un acteur majeur de la main-d'œuvre mondiale dans les 10 à 15 ans à venir. Cependant, pour concrétiser ce potentiel, des investissements massifs dans l'éducation et la formation sont indispensables pour préparer cette jeunesse aux défis de demain.
Grâce au projet « Compétences innovantes en Afrique de l'Est » (dSkills-EA), plus de 4000 jeunes ont acquis des compétences numériques dans les sept pays de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) — Burundi, République démocratique du Congo, Kenya, Rwanda, Soudan du Sud, Tanzanie et Ouganda. Porté par la coopération allemande via la GIZ et mis en œuvre par le Conseil interuniversitaire pour l'Afrique de l'Est (IUCEA), ce programme a pour objectif de renforcer l’employabilité des jeunes et de stimuler l’innovation numérique dans la région.
Lancé en 2021, dSkills-EA prendra fin le 31 mars 2025, après quatre ans de mise en œuvre. Dans un communiqué publié le mercredi 26 mars, la CAE a salué l’impact du projet et annoncé de nouvelles initiatives pour poursuivre cet élan. « DSkills-EA démontre la force de la collaboration entre les gouvernements, le monde universitaire et l'industrie. En dotant des milliers de jeunes de compétences durables, nous avons jeté les bases d'un écosystème numérique florissant en Afrique de l'Est. L’Alliance régionale de l’IA de la CAE s’appuiera sur ce succès pour développer les infrastructures d’intelligence artificielle et renforcer les capacités régionales, afin d’assurer la place de l’Afrique de l’Est dans l’avenir numérique », a souligné David Roos, directeur du projet dSkills-EA.
Une réponse au déficit de compétences numériques
L’économie de la CAE souffre d’une faible productivité et compétitivité, entraînant un taux de chômage élevé, notamment chez les jeunes. D’après la GIZ, le développement socio-économique dépend fortement de l’innovation et de l’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC). Pourtant, les universités peinent encore à répondre aux besoins du secteur privé et des jeunes entrepreneurs.
Pour pallier ces lacunes, dSkills-EA a introduit des formations courtes adaptées aux besoins de l’industrie, soutenu les jeunes entrepreneurs dans le développement de solutions numériques et amélioré le programme de maîtrise en systèmes embarqués et mobiles au Centre d'excellence pour les TIC en Afrique de l'Est (CENIT-EA), hébergé à la Nelson Mandela African Institution of Science and Technology (NM-AIST). L'initiative a réuni plus de 300 partenaires privés et 100 universités, établissant une base solide pour la transformation numérique en Afrique de l'Est.
Un enjeu crucial pour l’avenir de l’Afrique
Selon une étude de la Société financière internationale (SFI), 230 millions d’emplois en Afrique nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030. Pourtant, en 2022, le continent affichait un indice de déficit de compétences numériques compris entre 1,8 et 5, bien en dessous de la moyenne mondiale de 6, d’après la Banque mondiale. L’institution précise également que 12 des 20 pays ayant les niveaux les plus faibles de compétences numériques se trouvent en Afrique, entravant l’émergence d’une économie numérique compétitive.
Des initiatives comme dSkills-EA sont essentielles pour réduire cet écart et préparer la jeunesse africaine aux métiers de demain. En offrant une formation ciblée et adaptée aux besoins du marché, dSkills-EA permet aux jeunes de s’insérer rapidement dans le monde professionnel, en leur fournissant des compétences techniques et pratiques adaptées à des secteurs en pleine expansion.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le Sénégal ambitionne de devenir un pôle d’excellence technologique en Afrique d’ici 2034. Pour concrétiser cette vision, le gouvernement renforce ses partenariats stratégiques avec des acteurs clés pour accélérer sa transformation numérique.
Le gouvernement sénégalais envisage une collaboration avec l’entreprise technologique chinoise Huawei pour accélérer la mise en œuvre de sa stratégie de transformation numérique et de ses projets de modernisation. Cette volonté s’est concrétisée lors d’une rencontre, le mardi 25 mars, entre Alioune Sall (photo, à gauche), ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, et Shen Li (photo, au centre), président de Huawei pour l’Afrique de l’Ouest, du Nord et du Centre.
Au cours de cette rencontre, les discussions ont porté sur plusieurs axes de la transformation numérique du Sénégal, notamment l'amélioration de la connectivité à travers les réseaux haut débit, le déploiement de la 5G, ainsi que l'implantation de plateformes numériques et de services cloud souverains. L'inclusion numérique a également été abordée, avec la proposition de rendre des smartphones accessibles dès 8000 FCFA (environ 14 dollars) pour faciliter l'accès à la connectivité pour tous les Sénégalais. Huawei a souligné son engagement pour accélérer la numérisation des services publics et moderniser les infrastructures numériques du pays, tout en collaborant avec le secteur privé local pour soutenir cette dynamique.
Cette rencontre intervient dans le cadre du New Deal Technologique, un programme stratégique qui marque la nouvelle vision numérique du Sénégal. Ce plan vise à structurer le secteur numérique et à centraliser la gouvernance des technologies pour améliorer l'efficacité des services publics et favoriser une transition numérique inclusive. Les objectifs incluent la dématérialisation de 90 % des services publics d'ici 2034, la formation de 100 000 experts du numérique, la création de pôles d’excellence technologiques, et la sécurisation des données sensibles au Sénégal.
Huawei, déjà bien implanté au Sénégal, a contribué à des projets majeurs dans les secteurs des télécommunications et de la formation des talents locaux en technologies de l’information. Cette rencontre ouvre la voie à une collaboration renforcée et à des initiatives communes pour soutenir la croissance économique du pays, notamment à travers l’implémentation réussie du New Deal Technologique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les autorités de l’État de Benue au Nigeria attachent une grande importance à la transformation numérique, tout comme le gouvernement fédéral. Dans cette dynamique, l’État a signé un partenariat avec Huawei en novembre 2024.
L’État de Benue s’est engagé cette semaine à former 40 000 fonctionnaires aux outils numériques et aux compétences en TIC. Les formations seront notamment dispensées par la Commission nigériane de protection des données (NDPC).
Cette formation permettra aux fonctionnaires d’utiliser les plateformes mises en œuvre par le gouvernement de l’État pour soutenir la transformation numérique. Parmi ces solutions, on retrouve un système de gestion électronique des documents, un portail d'information géographique, une plateforme de soutien aux start-up et un site Web dédié au Bureau du chef de service de l'État.
« Grâce à cette formation, nous favorisons une main-d'œuvre prête pour l'avenir, capable de s'adapter aux exigences d'un monde en évolution rapide », a déclaré Hyacinth Iormem Alia, gouverneur de l'État de Benue. Cet avis est également soutenu par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui partage cette vision dans ses recommandations.
Dans son rapport intitulé « Developing skills for digital government: A review of good practices across OECD governments », l’organisation estime que « pour soutenir le passage à l'administration numérique, les pays doivent absolument investir dans le développement des compétences des fonctionnaires ».
L’OCDE ajoute que les technologies numériques ont et vont avoir un impact profond sur les économies, les marchés du travail et les sociétés. Cette tendance est confirmée par la Banque mondiale, qui prévoit que près de 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d’ici 2030.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Le marché des voitures de transport avec chauffeur (VTC) a connu un succès rapide en Tunisie. Cependant, la récente suspension des plateformes, notamment Bolt, met en lumière les défis auxquels sont confrontés les chauffeurs et l'économie locale, créant ainsi une incertitude considérable.
Le lundi 24 mars, le ministère tunisien de l’Intérieur a annoncé la suspension des applications de taxi VTC dans le pays en raison d’une enquête pour blanchiment d’argent et fraude fiscale. Selon les autorités tunisiennes, les sociétés concernées opéraient sans licence légale et transféraient des fonds à l’étranger via des comptes bancaires non conformes à la réglementation locale. Bien que la société estonienne Bolt ne soit pas directement nommée dans le communiqué officiel, une source proche du dossier a confirmé à l'AFP qu'elle était la principale entreprise visée par cette décision.
Les chauffeurs de Bolt face à l'incertitude
Bolt, qui a débuté ses opérations en Tunisie en 2019, a rapidement capté une part importante du marché, notamment dans les grandes villes comme Tunis et Sfax. L’application a permis à des milliers de chauffeurs de devenir indépendants et de faire de cette activité leur source principale de revenus. Selon les estimations du secteur, plus de 5 000 chauffeurs étaient inscrits sur la plateforme en Tunisie. La suspension de l'application plonge ces travailleurs dans une situation d'incertitude, avec des risques d'aggravation du taux de chômage dans le pays. D'après l'Institut national de la statistique, le taux de chômage en Tunisie atteignait 16 % au troisième trimestre de 2024.
En outre, la majorité des chauffeurs de Bolt ne disposent pas d'une licence de taxi classique et ne peuvent pas se reconvertir facilement dans le secteur formel du transport. L'impact économique est également ressenti par ceux ayant investi dans des véhicules pour cette activité, avec des crédits souvent en cours de remboursement. De plus, la suspension de l’application crée un vide dans le secteur des transports urbains, où les alternatives, comme les taxis traditionnels, sont souvent critiquées pour leur manque de fiabilité ainsi que leur régulation.
L'impact sur les usagers et l’écosystème local
L’arrivée des VTC a permis de pallier les lacunes des services de transport public souvent insuffisants en Tunisie. De nombreux Tunisiens ont adopté les taxis sur commande pour leurs trajets quotidiens, attirés par leur fiabilité et leurs prix compétitifs. Ce secteur a ainsi répondu à un besoin croissant de transport de qualité, notamment dans les zones urbaines où les infrastructures publiques restent limitées.
L'arrêt des activités des VTC a des conséquences bien au-delà des usagers. Cette décision impacte l’ensemble de l’écosystème économique associé aux VTC. Les stations-service pourraient enregistrer une baisse de la consommation de carburant, tandis que les concessionnaires automobiles et les loueurs de véhicules risquent de perdre une clientèle précieuse. De plus, les petits entrepreneurs spécialisés dans des services annexes, tels que le lavage et la maintenance de véhicules, verront leurs activités réduire de manière significative.
Le vide juridique et les ambitions gouvernementales
La suspension de Bolt et les autres opérateurs met en lumière le manque de réglementation claire autour des applications de VTC en Tunisie. Contrairement à d'autres pays où des cadres juridiques ont été mis en place pour réguler ces plateformes, la Tunisie peine à établir des règles claires. Certains observateurs estiment que cette situation pourrait être utilisée par le gouvernement pour lancer une alternative locale. En janvier dernier, le gouvernement avait annoncé son intention de créer une application de VTC nationale, projet qui devrait être opérationnel d’ici la fin du premier semestre 2025, selon les autorités.
La réponse de Bolt
Dans un communiqué, Bolt a mis en avant son impact économique positif sur la Tunisie : plus de 10 millions d’euros investis en trois ans, une contribution significative à l’amélioration de la mobilité urbaine, et un rôle crucial dans l’emploi local. L’entreprise cite également une enquête selon laquelle 85 % des Tunisiens considèrent le transport à la demande comme un complément essentiel aux transports publics, avec une utilisation hebdomadaire par plus de la moitié de la population.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les autorités kényanes affichent un intérêt particulier pour l’intelligence artificielle. Le pays a formé en février dernier un partenariat avec neuf autres, dont l’Allemagne, la France et la Suisse, pour une IA d'intérêt général.
Le gouvernement kényan prévoit de lancer la Stratégie nationale d’intelligence artificielle (IA) pour la période 2025-2030, le jeudi 27 mars. Cette stratégie constitue une feuille de route pour les actions gouvernementales en matière d’IA au cours des cinq prochaines années. L’exécutif entend positionner le pays comme un leader de l’innovation en intelligence artificielle, aussi bien en Afrique qu’à l’échelle mondiale.
« La stratégie d’IA du Kenya est conçue pour faire du pays non seulement un acteur, mais un précurseur sur la scène mondiale de l’intelligence artificielle, avec un accent particulier sur l’Afrique. Nous nous appuyons sur notre réputation de "Silicon Savannah" en mettant en place un cadre robuste qui privilégie l’innovation, la gouvernance éthique et la collaboration », a déclaré John Tanui (photo), secrétaire principal du département d'État des TIC et de l'Économie numérique au sein du ministère de l’Information, des Communications et de l’Économie numérique.
C’est en mai 2024 que le gouvernement kényan a lancé le processus d’élaboration de la stratégie nationale d’IA. Un groupe de travail national et un comité directeur ont été mis en place. S’en sont suivies des consultations impliquant les agences gouvernementales, les acteurs du secteur privé, le monde académique, la société civile, les communautés locales et les partenaires internationaux. Cela inclut l’Allemagne, l’Union européenne, le Canada, le Commonwealth et le Royaume-Uni.
Les initiatives prévues par la stratégie peuvent contribuer à accélérer les ambitions de transformation numérique à en croire le Département des affaires sociales et économiques des Nations unies (DAES). Dans son rapport « E-Government Survey 2024 », l’institution déclare : « Il est largement admis que les technologies d'IA peuvent améliorer les opérations du secteur public en remplaçant les tâches administratives par des processus automatisés, en augmentant l'efficacité et en éliminant les arriérés et les redondances. » Elle ajoute également que l’IA peut aider à atteindre les objectifs de développement durable.
Isaac K. Kassouwi
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Les cyberattaques sont devenues une menace croissante à l’échelle mondiale, ciblant particuliers, entreprises et institutions financières. Face à l’essor des crimes en ligne, Interpol intensifie ses actions afin de démanteler les réseaux criminels et renforcer la cybersécurité.
Interpol, l'Organisation internationale de police criminelle, a annoncé le lundi 24 mars l’arrestation de 306 personnes et la saisie de près de 2000 appareils électroniques dans sept pays africains : l’Afrique du Sud, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Kenya, le Nigeria, la Tanzanie et l'Ouganda. Baptisée « Red Card » (Carton Rouge), cette opération, menée entre novembre 2024 et février 2025, visait à lutter contre les escroqueries aux services bancaires mobiles, les investissements frauduleux et les arnaques via des applications de messagerie. Plus de 5 000 victimes ont été recensées au cours des investigations.
« Le succès de l'opération Carton Rouge témoigne du pouvoir de la coopération internationale dans la lutte contre la cybercriminalité, qui ne connaît pas de frontières et peut avoir des effets dévastateurs sur les individus et les communautés. La récupération d'actifs et de dispositifs importants, ainsi que l'arrestation de personnes physiques essentielles, envoient un message fort aux cybercriminels, à savoir que leurs activités ne resteront pas impunies », a déclaré Neal Jetton, directeur de la cybercriminalité d'Interpol.
Cette opération intervient dans un contexte de recrudescence des cyberattaques et de multiplication des fraudes numériques, devenues de plus en plus sophistiquées. Au Nigeria, la police a arrêté 130 personnes, dont 113 ressortissants étrangers, impliquées dans des fraudes aux casinos en ligne et aux investissements. Afin de dissimuler leurs activités, les criminels convertissaient leurs gains en actifs numériques. L’enquête a conduit à la saisie de 26 véhicules, 16 maisons, 39 parcelles de terrain et 685 appareils.
Au Rwanda, l’opération a permis l’arrestation de 45 membres d’un réseau criminel spécialisé dans l’ingénierie sociale, qui a escroqué des victimes de plus de 305 000 dollars en 2024. Au total, 103 043 dollars ont été récupérés et 292 appareils saisis.
Ces chiffres témoignent de l’ampleur croissante de la menace et de la nécessité pour les États et les organisations internationales d’intensifier leurs actions pour endiguer ces activités illicites. Selon une étude de Cybersecurity Ventures, la montée en puissance de l’intelligence artificielle devrait encore aggraver la situation, avec une hausse estimée de 11 % des pertes mondiales, atteignant 10,5 milliards de dollars en 2025. En Afrique, la cybercriminalité coûterait chaque année environ 4 milliards de dollars à l’économie du continent, selon une estimation de l’Union africaine.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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Proposant par le passé ses services financiers via le mobile, avec le concours de partenaires bancaires, Quickpay SA s’adressera directement à ses clients, tout comme ses concurrents. La fintech espère s’étendre à de nouveaux marchés au sein de l’UEMOA autres que le Sénégal.
La fintech Quickpay a annoncé, le lundi 24 mars, l’obtention d’une licence d’établissement de monnaie électronique (EME) délivrée par la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Filiale du groupe EDK, l'entreprise pourra désormais proposer des services financiers mobiles au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) sans avoir besoin de banques partenaires, comme cela était le cas par le passé.
« Cet agrément renforce notre position en tant qu’acteur clé de l’inclusion financière et nous permet de mieux répondre aux besoins de nos utilisateurs, en leur offrant des services financiers adaptés. Cela contribue ainsi à l’inclusion financière des populations non bancarisées, soutenant de manière significative le développement économique du continent africain, et plus particulièrement du Sénégal », indique l’entreprise dans un communiqué.
Avec cette nouvelle licence, Quickpay rejoint un cercle restreint d’acteurs capables d’émettre et de gérer de la monnaie électronique de manière autonome, aux côtés de Wave, et d’Orange Finance Mobile qui dominent le marché au Sénégal. L’entrée de Quickpay en tant qu’EME agréé dans ce marché en pleine expansion pourrait dynamiser la concurrence et encourager l’innovation. Si Wave a su s’imposer grâce à une tarification agressive et une facilité d’utilisation inédite, et Orange Money grâce à son réseau étendu, Quickpay devra se différencier en proposant des services innovants à moindre coût et adaptés aux besoins locaux.
Selon un rapport de la BCEAO, le nombre de comptes de monnaie électronique dans l’UEMOA est passé de 94 millions en 2020 à 131 millions en 2021, soit une progression fulgurante de 39%. Au cours de la même période, le Sénégal a observé une augmentation de 63% des souscriptions, confirmant ainsi la demande croissante pour des services financiers dématérialisés.
Bien que le Sénégal affiche une adoption rapide des solutions fintech, une part importante de la population reste non bancarisée, et des disparités persistent, notamment en matière de genre. Selon le rapport de la GSMA « Le point sur le secteur : Les services de Mobile Money dans le monde, 2024 », près de 30% des femmes au Sénégal n’ont pas encore de compte de mobile money, alors que l’adoption de ce service est quasi universelle chez les hommes. Cette fracture numérique constitue un défi majeur que les acteurs du secteur, dont Quickpay, devront relever afin d’assurer une inclusion financière véritablement équitable.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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