Si l’écosystème de la tech africaine enregistre la croissance la plus rapide au monde avec des levées de fonds records, il reste encore difficile pour les start-up, en phase de démarrage en particulier, d’avoir accès aux financements. Pour les entrepreneurs nigérians Benedict Afolami et Ose Eromosele, la solution se trouve dans Conectivest.

Le secteur de la finance n’a plus de secret pour Benedict Afolami (photo, à gauche) et Ose Eromosele (photo, à droite). Avec plus de 15 ans d'expérience professionnelle dans la technologie et la finance, ils ont eu le temps de remarquer les failles en matière de levée de fonds et le fossé qui existe entre les entrepreneurs et les investisseurs en Afrique. Bien que la tech africaine ait levé plus d'un milliard de dollars au cours des trois premiers mois de 2022, il est particulièrement difficile pour les jeunes pousses au stade de démarrage de lever des fonds. C’est ce constat qui les a poussés à fonder Conectivest pour s'attaquer au problème.

Benedict Afolami, cofondateur et directeur général, et Ose Eromosele, cofondateur et directeur financier, ont officiellement lancé Conectivest en juin 2021 avec pour objectif de faciliter les investissements en mettant en relation les entrepreneurs et les investisseurs. Selon eux, une levée de fonds réussie commence toujours par une connexion entre les investisseurs et les start-up.

« Il s'agit d'un espace de mise en réseau des investissements qui facilite la connexion entre fondateurs, la connexion entre investisseurs, la connexion entre plateformes et fondateurs et la connexion entre investisseurs et fondateurs », a expliqué Benedict Afolami.

Conectivest se présente sous forme d’un mini-réseau social qui relie l’ensemble des parties prenantes qui interviennent dans les levées de fonds. La plateforme offre ainsi un moyen rapide pour les fondateurs, hubs, accélérateurs et investisseurs de se connecter les uns aux autres et d'échanger. Elle aide les startupers à préparer leurs profils et les investisseurs à gérer leurs transactions et leurs investissements. Connectivest organise également des journées de démonstration hebdomadaires au cours desquelles les entrepreneurs prêts à lever des fonds rencontrent des investisseurs.

En moins d’un an, affirment-ils sur techbuild africa, ils ont réussi à intégrer plus de 350 investisseurs actifs axés sur l'Afrique, issus de trois grands groupes d'investissement, notamment LoftyInc Capital Management, Midlothian Angel Network et South-South-East Angel Network. Selon eux, ces investisseurs ont réalisé directement et indirectement, par le biais de Conectivest, plus de 50 transactions pour un montant total de 2,2 millions de dollars.

Aïsha Moyouzame

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L’opérateur de réseau Safaricom et la banque islamique Gulf African Bank se sont associés pour lancer une solution de financement mobile conforme à la Charia, dénommée Halal Pesa.

Ce service proposera un financement pouvant atteindre 20 000 shillings, assorti d’une maturité de 30 jours et d’une marge de 5 % à verser. « Halal Pesa devient la première solution financière mobile et numérique conforme à la charia dans le pays », a indiqué Safaricom dans une note officielle annonçant le lancement de ce produit.

« Notre stratégie actuelle est axée sur la numérisation pour l'inclusion financièreNotre objectif est de fournir un accès instantané au crédit sans intérêt, via Halal Pesa », a fait savoir Abdalla Abdulkhalik, de Gulf African Bank.

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En un an à peine, Ahmed Ismail et ses associés ont réussi à faire de Bloom, une fintech proposant un service d’épargne, la première start-up du Soudan à intégrer l’accélérateur américain Y Combinator pour sa cohorte de 2022.

Ancien associé de la banque d'investissement Barclays, Ahmed Ismail (photo) est le PDG de Bloom, une solution financière digitale développée par Bloom Financial Technologies (UK) Limited par l'intermédiaire de sa succursale enregistrée au Soudan. Il a cofondé Bloom avec Youcef Oudjidane, Abdigani Diriye et Khalid Keenan, des entrepreneurs africains ayant étudié dans des universités réputées du Royaume-Uni et ayant travaillé chez Goldman, Amazon et IBM. Ensemble, ils ont décidé de mettre leur expérience combinée de l'ingénierie, de la banque d'investissement et du capital-risque, au service de la lutte contre l'inflation et la dévaluation de la monnaie du Soudan.

Au départ, ils avaient l'intention d'investir dans des marchés déjà bien établis en matière de banque numérique en Afrique, mais ont finalement décidé d'en construire une à la place, en choisissant le Soudan en raison de leur familiarité avec ce pays, et de leur envie d’avoir un impact dans un écosystème technologique ambigu. En 2021, ils ont lancé Bloom, une néobanque permettant aux Soudanais d'épargner en dollars américains et de dépenser dans leur monnaie locale, la livre soudanaise, parmi d'autres fonctionnalités comme les transferts de fonds et les cartes bancaires en dollars.

Leur objectif est d'aider les utilisateurs, généralement issus de la classe moyenne, à avoir accès à une épargne dans des devises stables et à des services financiers qui leur permettent de dépenser en devise locale, dans un contexte où l'inflation a dépassé 350 % en 2021. Étant donné que l'écosystème technologique du Soudan est très récent, Bloom est la deuxième start-up du pays financée par des fonds de capital-risque en plus de 30 ans, et la première soutenue par l’accélérateur américain Y Combinator dans le pays, représentant ainsi à l’international l'écosystème technologique soudanais. La start-up dit avoir 15 000 personnes sur sa liste d'attente.

Pour les fondateurs, figurer parmi les start-up du programme Y Combinator 2022 pourrait contribuer non seulement à attirer l'attention sur Bloom, mais aussi sur les opportunités qu’offrent d’autres pays sous-représentés dans des compétitions internationales comme le Soudan. 

Aïsha Moyouzame

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L’innovation développée par l’ONG GiveDirectly a été au cœur du soutien gouvernemental en faveur des plus démunis pendant la crise du coronavirus. 817 154 personnes en ont bénéficié. 22,5 millions $ ont été distribués.

Lors du salon des innovations South by Southwest (SXSW) qui s’est tenu du 11 au 20 mars dans la ville d’Austin au Texas (États-Unis), Novissi, la solution mobile de transfert d’argent mise en œuvre depuis 2020 par le gouvernement du Togo, a reçu le prix spécial du jury. Le service s’est illustré pendant la crise de Covid-19 durant laquelle il a permis d’envoyer des fonds de subsistance aux couches les plus défavorisées de la population.

Pour bénéficier de l’aide financière du gouvernement, quatre critères étaient exigés : être Togolais résidant au Togo, être un travailleur ne disposant plus de revenu journalier à cause des mesures de riposte contre le coronavirus, avoir une carte d’électeur et avoir plus de 18 ans. Il fallait composer le code USSD *855# et suivre les instructions pour s’y enregistrer.

Les bénéficiaires de sexe masculin percevaient un soutien mensuel de 10 500 francs CFA (17,76 USD) tandis que la somme de 12 250 francs CFA était attribuée aux femmes. Il était conseillé d’utiliser les fonds Novissi pour l'achat de vivres (nourriture et eau), le paiement de factures d’eau et d’électricité, l’achat de crédit de communication.

Développée par l’Organisation non gouvernementale GiveDirectly, Novissi est née de la volonté du gouvernement togolais de mettre en place un revenu universel de solidarité pour les plus pauvres pendant les restrictions de déplacement imposées lors des temps forts de la pandémie.

Au total, 1 631 101 personnes ont été enregistrées sur Novissi, mais seules 817 154 en ont été bénéficiaires dont 516 847 femmes et 300 307 hommes. 13 308 224 040 FCFA de fonds ont été distribués selon le gouvernement togolais. 

Adoni Conrad Quenum

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Cette application, qui permet un meilleur suivi des dépenses et assure la sécurité des transactions, est le fruit de plusieurs expériences vécues par le jeune ingénieur en génie électrique. Elle se veut plus pratique pour tous.

Pour les Africains installés à l’étranger pour des raisons professionnelles entre autres, il est parfois arrivé que des fonds destinés à une facture d’électricité, de santé, etc. soient détournés à d’autres fins. Pour éviter ces situations au Kenya, Brian Muriu (photo, à gauche) et Alistair Gould (photo, à droite) ont développé Tulix en 2020. L’application a pris part le jeudi 10 mars au Demo Day, organisé par le fonds de capital-risque Antler pour les entreprises en phase de démarrage.

Tulix permet aux Kényans de la diaspora de régler diverses factures directement depuis son interface, de n’importe où dans le monde, comme s’ils étaient au pays. Plus besoin de commissionner un membre de la famille ou un ami. La solution donne accès à plus de 100 000 entreprises et institutions instantanément et directement via le service de paiement mobile M-Pesa. Il permet aussi de payer des produits de première nécessité qui seront simplement retirés par la famille, une facture d’hôpital, des frais de scolarité.

Le portefeuille Tulix est rechargeable grâce à une carte bancaire et le ressortissant kényan vivant à l’étranger peut définir des dépenses et y allouer des fonds. Les utilisateurs peuvent ainsi suivre leurs dépenses ce qui permet de planifier les diverses allocations financières. Lorsqu’une transaction est effectuée, Tulix envoie des notifications via sa messagerie et par mail à l’initiateur du paiement sur l’état de l’opération.

Brian Muriu, titulaire d’un Honors Degree en génie électrique, explique que l’idée de Tulix résulte de sa propre expérience. « Cela commençait généralement par la réception d’un appel téléphonique de mes proches vivant et travaillant aux États-Unis, tard dans la nuit. Ils m’appelaient pour m’informer du code secret que je devais utiliser pour récupérer l’argent qu’ils avaient envoyé via un service tel que Western Union ou Moneygram pendant leur pause de travail. L’argent était destiné à plusieurs choses dont ils avaient besoin chez eux et impliquait souvent des processus fastidieux ».

La fintech assure ne garder aucune trace des informations de paiement, notamment celles se rapportant aux cartes bancaires qui ont éventuellement servi à la recharge de portefeuille. Elle affirme que les informations personnelles sont conservées en toute sécurité. 

Adoni Conrad Quenum

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Le service qui a profité du ralentissement d’activités culturelles et sportives, durant la crise de Covid-19, s’est amélioré dans ses prestations. Il souhaite capitaliser dessus pour gagner davantage d’utilisateurs.

La première plateforme de billetterie intelligente 100 % marocaine Guichet.com, avec à son actif plus de 1 000 événements et spectacles organisés en collaboration avec divers partenaires, envisage également d'aller à la conquête d’autres marchés à fort potentiel sur le continent.

La start-up marocaine de ticket et billetterie numérique Guichet Maroc SARL a obtenu, vendredi 11 mars, un financement de 3 millions de dirhams (309 000 $) auprès de CDG Invest, la filiale d’investissement du groupe CDG. Avec cet investissement, la société fondée en 2019 par Ahmed Tawfik Moulnakhla (photo) prévoit de consolider les activités de sa solution Guichet.com sur le marché local, en touchant davantage le secteur du sport, et de conquérir de nouveaux pays africains à fort potentiel.

Guichet.com est une plateforme d’intermédiation entre le public et les promoteurs d’événements (pièces de théâtre, matchs de football, concerts de musique, festivals, formations, etc.). Elle met à leur disposition des tickets et billets numériques payables en ligne. Une application pratique pour ceux qui n’aiment pas faire la queue au guichet. La plateforme offre également aux partenaires un environnement de management et de pilotage autonome avec un suivi de la billetterie en temps réel.

Depuis son lancement, Guichet.com revendique des dizaines de milliers d’utilisateurs, plus de 1 000 événements et spectacles avec de nombreux partenaires exclusifs que sont entre autres le Festival Mawazine, Festival Marrakech du Rire, Festival de Fès des Musiques sacrées du monde, Oasis Festival.

Disponible en application mobile sur PlayStore et AppleStore, Guichet.com s’est enrichi en 2021 de nouvelles options comme la possibilité de se procurer des packages incluant notamment le logement, la restauration et des produits annexes pour un événement. La société a aussi développé Guichet Store, une plateforme e-commerce mise à la disposition des partenaires pour commercialiser des produits dérivés.

Ruben Tchounyabe

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Moins de deux mois après sa levée de 10 millions $, la Fintech de mobilité Moove Africa obtient des ressources supplémentaires pour financer son expansion sur et hors du continent, et poursuivre sa croissance.

Moove Africa, une Fintech d’origine nigériane qui facilite aux entrepreneurs africains l’accès aux financements pour l’acquisition de véhicules neufs, a annoncé le lundi 14 mars la levée, en capital et en dettes, de 105 millions $, dans le cadre d’un financement de série A2. L’opération porte à 174,5 millions $ le total des fonds mobilisés à cette date par l’entreprise fondée en 2019 par les Britanniques d’origine nigérianes Ladi Delano et Jide Odunsi.

« Il y a moins de deux ans, nous avons découvert cet espace blanc de la Fintech de la mobilité et avons lancé Moove. Après avoir dépassé les 3 millions de voyages dans des véhicules financés par Moove à travers l'Afrique, déployé notre service dans six nouvelles villes africaines et connecté des entrepreneurs de la mobilité aux marchés du covoiturage, de l'e-logistique et de la livraison, nous sommes aujourd'hui à la tête de cette catégorie en croissance de la Fintech... Nous sommes ravis de pouvoir compter sur le soutien d'investisseurs à travers le monde, qui nous permettront de faire connaître notre modèle dans le monde », a commenté Ladi Delano.

Cette nouvelle levée de fonds intervient moins de deux mois après l’obtention par Moove Africa, d’une facilité de financement de 10 millions $, auprès de la firme d’investissement émiratie NBK Capital Partners. La ressource, mobilisée le 1er février dernier, visait à soutenir l’expansion ouest-africaine du partenaire exclusif d'Uber pour le financement et la fourniture de véhicules en Afrique subsaharienne.

La Fintech de mobilité prévoit, sur les six prochains mois, de poursuivre son expansion géographique dans 7 nouveaux marchés en Asie, en Europe et dans la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena). L’entreprise présente au sein de six villes africaines entend également développer de nouveaux partenariats tout en élargissant sa gamme de véhicules.

En Afrique, moins de 5 % de l’ensemble des véhicules neufs sont achetés avec un prêt contre 92 % en Europe, déplore Moove Africa. Sur le continent, le taux de possession de véhicules est inférieur à 44 voitures pour 1 000 personnes, contre 640 pour 1 000 en Europe et 816 aux États-Unis, poursuit la Fintech de mobilité. L’entreprise pointe du doigt la faible pénétration du crédit qui, de son avis, a limité sur le continent la capacité de plus de 1 milliard d’Africains à acheter de nouveaux véhicules. Selon Ladi Delano, des millions d'entrepreneurs dans des marchés émergents ont un accès limité ou inexistant au financement de véhicules, même si l’opportunité de ce marché est vaste. Le marché de la location d’engins à deux roues est estimé à 80 milliards $ en Afrique subsaharienne, selon des données fournies par Moove. Pourtant le continent a enregistré en 2019 moins de 900 000 ventes de véhicules neufs, contre 17 millions aux États-Unis.

Chamberline MOKO

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L’Agence Ecofin dresse le bilan et une analyse des levées de fonds des start-up africaines au cours des deux premiers mois de 2022. Une année déjà marquée par une flopée de deals, mais aussi, une hausse des montants reçus, des signaux d'une nouvelle série de records après les performances de l’exercice 2021.

Alors que l’année 2021 s’est conclue par un record absolu en matière de levées de fonds, l’écosystème start-up africain a le vent en poupe en ce début d’année. Après un premier mois de janvier prolifique, Février s'est inscrit dans le même trend des records. Jamais le niveau des investissements n’a été aussi haut sur les deux premiers mois de l’année.

Selon des données combinées de la plateforme Africa : The Big Deal et de l’Agence Ecofin, au moins 1,2 milliard $ ont été déjà levés par les jeunes pousses opérant en Afrique cette année. À titre de comparaison, ce chiffre n’a pas excédé les 400 millions $ en 2021 sur la même période. L’an dernier, il a fallu cinq mois pour atteindre ce niveau d’investissements, et neuf mois en 2020. A ce rythme, les injections de fonds dans les start-up africaines pourraient atteindre plus de 7 milliards $ en 2022, soit près du double des réalisations de 2021.

159 opérations, 2 big deals

La confiance des investisseurs dans l’univers de l’entrepreneuriat et de l'innovation africaine va crescendo. Quelque 159 opérations ont marqué ce début d’année, c’est presque le double du nombre de deals recensés à la même période en 2021 (83 opérations recensées). Les tours d’amorçage continuent de se tailler la part du lion. Et même si les rondes de petites tailles semblent tenir le pari, les opérations plus avancées maintiennent également le cap.

D’abord, les séries A se sont multipliées. On en recense déjà au moins 9. Autre fait intéressant, l’écosystème a battu en deux mois, le record du nombre de séries D sur une année calendaire, avec les opérations du Ghanéen mPharma (35 millions $) qui fournit des médicaments en dépôt aux pharmacies et la fintech nigériane Flutterwave (250 millions $). L’autre opération d’envergure est le tour de table de 100 millions $ d’InstaDeep, la start-up tunisienne, spécialiste de l’intelligence artificielle, qui travaille dans la biotech.

 La fintech toujours en tête

Menée par la licorne nigériane, devenue la plus importante start-up africaine en matière de valorisation, la fintech africaine démarre 2022 sur les chapeaux de roue. Pas moins de 50 opérations sur les 160 dénombrées concernaient les solutions de technologies financières, soit 20 de plus qu’en 2020 à la même période. Les investissements dans le secteur ont franchi la barre des 530 millions $. A la même période en 2021, la fintech n’avait capté que 150 millions $. 

Derrière la fintech, les solutions en matière d’énergie et d’eau sont celles qui ont attiré le plus d’opérations, au total 22 transactions, mais des deals, dans leur grande majorité, de petites tailles pour un total de seulement de 26 millions $. Ce montant reste deux fois plus faible que celui de 2021 (plus de 50 millions $)

 

Des Percées et des baisses

En collectant 91 millions $ en février, le Sud-Africain des communications mobiles et du chat-commerce, Clickatell, a fortement contribué à la percée du secteur des télécoms, média Entertainment. Ce progrès est également à l’actif de Poa Internet, le fournisseur d’accès à Internet kényan qui a annoncé en janvier le premier closing de son tour de financement de 28 millions $, une opération menée par Africa50. Au total, le secteur timide en 2021, a déjà reçu sur les deux premiers mois, en seulement 6 opérations, six fois plus d’investissements que pendant toute l’année 2021. Cependant, certains secteurs comme l’EdTech et le recrutement ou l’e-santé ont perdu du terrain en glissement annuel.

 

 Le Nigeria, la start-up nation africaine

Avec plus de 34% des deals, le Nigeria continue de consolider son hégémonie dans  l’univers start-up africain, drainant trois fois plus d’investissements qu’à fin février 2021.  Les start-up opérant au Nigeria ont reçu au total 392 millions $, soit environ 32% des levées de fonds globaux. Ces financements sont allés dans leur plus grande majorité à la fintech (335 millions $, un peu près de 85%), ce qui représente plus de 70% des fonds levés par le secteur au cours de la période sous-revue.

De leur côté, le Kenya, l’Egypte, l’Afrique du sud, de loin les poursuivants directs de la première économie africaine en termes de PIB, suivent le pas. Ensemble, ces “top start-up nations africaines” concentrent plus de 80% des financements reçus des capital-risqueurs axés sur l’Afrique.

 

 

Qui investit dans les start-up africaines ?

Plus de 320 investisseurs ont déjà participé aux différents cycles de financement des start-up africaines durant ces deux premiers mois de l'année.

Alors que de plus en plus d’investisseurs à travers le monde se tournent vers l’Afrique, ce sont les sociétés américaines de capital-risque qui semblent les plus actives sur le continent. Elles sont citées au moins 180 fois dans les cycles de financement de ce début d’année. La première place revient à l’accélérateur californien Y Combinator qui apparaît dans 14 opérations. L’US African Development Foundation (USADF), nouvellement arrivé sur le marché africain, monte déjà sur la deuxième marche du podium. Les investisseurs asiatiques eux sont menés par le Japon. Le Japonnais Kepple Africa Ventures continue d’étendre ses intérêts sur le continent alors que d’importants acteurs nippons, notamment SoftBank Group font leur première semence sur le continent depuis 2019. 

Au-delà de tout, l’Afrique se finance en partie, en témoigne la présence marquée d’investisseurs africains traditionnels tels que le Mauricien Launch Africa (13 deals en 2022 et 80 depuis 2019), et le Nigerian LoftyInc Capital Management (8 deals, 54 depuis 2019). Aussi, de nouveaux capital-risqueurs comme le Nigerian All On (13 deals) émergent-ils.

 

 

Fiacre E. Kakpo

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Après une récente levée de fonds de 10,5 millions $, Naqla, 5 ans d’existence, se prépare à une nouvelle étape portant sur le développement de son activité en Egypte.

La plateforme logistique égyptienne Naqla a annoncé, le lundi 7 mars, la levée d’un financement de pré-série A, d’un montant de 10,5 millions $. L’entreprise, qui relie des propriétaires de camions aux sociétés de fret, utilisera le produit de cet investissement pour investir dans la technologie et la numérisation de ses activités.

Selon Sherif Taher, co-fondateur et directeur général de Naqla, cet investissement permettra « une accélération rapide de l’activité de Naqla et son expansion verticale prévue dans de nouveaux segments ». L’entreprise prévoit de « développer son offre de logistique numérique et sa présence sur le marché, en apportant une infrastructure technologique indispensable à la logistique égyptienne mal desservie et l'industrie du camionnage », poursuit Sherif Taher.

Cette levée de fonds intervient trois ans après l’extension des activités de Naqla dans le secteur du camionnage lourd en 2019, avec une flotte de camions transportant des objets lourds représentant 16 % de l'activité de l'entreprise, et deux ans après le développement de la société dans le camionnage léger domestique en 2020, transportant pour des PME des matériaux légers. Depuis sa création en 2017, Naqla qui travaille avec plus de 400 expéditeurs et 10 500 chauffeurs à travers l'Egypte affirme avoir livré plus de 4,6 millions de tonnes de marchandises.

L’Egypte compte plus de 1,5 million de chauffeurs titulaires d'un permis qui entreprennent des trajets pour livrer des marchandises, selon un article de mars 2022 publié par Naqla. L'industrie égyptienne de la logistique a une valeur estimée à 13 milliards $ et représente près de 3,5 % du produit intérieur brut (PIB), selon des données de décembre 2021 de la plateforme de logistique Naqla.

Chamberline MOKO

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Bien que leur nombre soit encore très réduit, elles multiplient les initiatives fortes pour se fédérer et briser les barrières qui les ont retenus jusqu’à présent. Formation, réseautage, financement sont au cœur de la stratégie panafricaine d’éveil en cours de déploiement avec le soutien de divers partenaires.

Dans son rapport « 2021 AFRICA TECH VENTURE CAPITAL », Partech révèle qu’un total de 134 start-up fondées par des femmes enregistrées en 2021 a effectué un tour de table contre 47 opérations financières comptabilisées en 2020, soit une croissance de +285%. Les start-up fondées par des femmes ont réalisé 20% des 681 tours de table enregistrés l’année dernière, en croissance de 7% comparé à 2020 (13%). Elles ont obtenu 834 millions $, en croissance  de +281% par rapport à 2020. Ce montant représente 16% du total des 5,2 milliards $ d’investissement levés en 2021 par des start-up, en hausse de 2% par rapport à 2020 (14%).

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Pourcentage de fonds levés et de tours de tables effectués par des tech entrepreneurs africaines (Source : Partech)

Bien que ces données montrent une progression dans le volume d’investissements captés par les tech entrepreneurs africaines d’une année à une autre, Briter Bridges déplore tout de même un niveau très faible au cours des neuf dernières années.

Beaucoup reste à faire

Dans son rapport « In Search Of Equity Exploring Africa’s Gender Gap in Startup Finance » publié en octobre 2021, Briter Bridges indique qu'entre janvier 2013 et mai 2021, un total de 1 112 start-up opérant à travers l'Afrique ont mobilisé un total de 1,7 milliard $ de financements de démarrage. Parmi ces entreprises, 75% avaient des équipes exclusivement masculines, 9% des équipes exclusivement féminines et 14% des équipes fondatrices mixtes. « Seulement 3% des financements de démarrage sont allés à des équipes fondatrices entièrement féminines, contre 76% pour les équipes entièrement masculines », souligne la société de recherche axée sur les données, basée à Londres et fondée en 2018. Selon elle, cela signifie que pour chaque « dollar investi dans des équipes fondatrices entièrement féminines, les équipes entièrement masculines ont reçu 25 $ ».

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Volume d’investissement levé par genre de fondateur (Source : Briter Bridges)

Sur la faible présence des tech entrepreneurs africaines dans le captage de l’investissement, Partech et Briter Bridges s’accordent à dire qu’elle s’explique en partie par la faible présence des femmes dans les segments porteurs comme la Finance, la logistique, le transport. Elles préfèrent en majorité les secteurs du commerce de détail et des services, qui nécessitent moins de capitaux et présentent moins d'obstacles à l'entrée. De plus, les tech entrepreneurs masculins, d’abord plus nombreux, sont également plus susceptibles d'opérer dans des sous-secteurs qui attirent moins d'investissements tels que l'edtech ou la healthtech, accentuant la concurrence.

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La représentation du genre dans les différents secteurs tech (Source : Briter Bridges)

Il y a aussi le tempérament des investisseurs. « Même lorsqu'elles travaillent dans des secteurs suscitant un grand intérêt de la part des investisseurs, les équipes entièrement féminines sont toujours moins susceptibles de recevoir un financement que les équipes entièrement masculines, et elles reçoivent des montants plus faibles lorsqu'elles obtiennent un financement », note Briter Bridges. Enfin, plusieurs autres types d’obstacles entravent encore une plus grande présence des femmes dans la tech industrie africaine, notamment la faible présence des jeunes filles dans les filières scientifiques (STEM) ; un réseau d’affaires plus faible, essentiellement composé de femmes. Mais des initiatives se multiplient pour aider les tech innovatrices à surmonter ces barrières.

Formation et financements ciblés

Au cours des dix dernières années, le soutien aux Africaines dans le numérique a gagné en intérêt. La transformation numérique s’accélérant au fil des ans, les formations dans les compétences numériques à leur endroit se sont multipliées. De nombreux partenaires internationaux et locaux comme la Banque mondiale, l’Agence française de développement (AFD), la Banque africaine de développement (BAD) ou encore la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UNECA), la Fondation Bill et Melinda Gates, Google, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) s’y sont impliqués. De son côté, depuis 2015, Orange a investi dans des maisons digitales dans ses 16 marchés d’Afrique pour former les femmes aux compétences numériques, en plus des programmes dédiés que le groupe soutient déjà. Des pôles de financement ciblés ont également déjà été lancés par divers acteurs, notamment Alitheia Capital, fonds de capital-investissement de 100 millions de dollars, cofondé par Tokunboh Ishmael et Polo Leteka Radebe. Il y a FirstCheck Africa, collectif d'investisseurs et fonds d'investissement dirigés par des femmes et axés sur les femmes, cofondé par Eloho Omame et Emmanuel Bocquet. Il y a aussi WeFundWomen, communauté d'investissement intelligente fondée par Hope Ditlhakanyane pour les start-up en Afrique en les connectant à des capitaux démocratisés. Akazi Capital de Liebe Jeannot, est un fonds d'impact « crowdfunding », qui investit jusqu'à 250 000 $ dans des entreprises en phase de démarrage détenues et dirigées par des femmes en Afrique subsaharienne.                         

Muriel Edjo

Lire aussi : Des bourses de formation au numérique pour les femmes africaines

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