Dans son Global cybersecurity index 2024, l’Union internationale des télécommunications reconnait que l’Afrique accuse encore un grand retard par rapport aux autres continents. Cependant, avec les bonnes politiques et incitations à l’investissement, la situation peut vite changer.
L'Afrique est l’une des régions du monde les moins préparées à faire face aux cyberattaques majeures. Selon le rapport Global Cybersecurity Outlook 2025, publié récemment par le Forum économique mondial (WEF), 36 % des entreprises africaines doutent de la capacité de leur pays à gérer une cyberattaque majeure sur les infrastructures critiques, 27 % adoptent une position neutre, et seulement 9 % se déclarent confiantes. Ces chiffres édifiants soulignent la vulnérabilité du continent face à une menace croissante dans un monde de plus en plus numérique.
Les secteurs les plus exposés
Selon le Rapport d'évaluation des cybermenaces en Afrique, publié par Interpol en 2023, des rançongiciels ciblent régulièrement le secteur de la Finance, les messageries électroniques, les médias sociaux, la logistique/transport, le commerce (dont électronique) le paiement, les télécommunications. Les infrastructures critiques, notamment dans les secteurs de l’énergie et du transport, figurent également parmi les cibles des cybercriminels, ce qui compromet la stabilité des services essentiels.
Ces attaques perturbent non seulement les activités économiques, mais aussi la confiance des citoyens et des investisseurs.
Les banques africaines, particulièrement vulnérables, subissent une augmentation des attaques visant leurs systèmes de paiement numérique.
Les causes de la vulnérabilité
Plusieurs facteurs expliquent cette situation préoccupante. Tout d’abord, les budgets consacrés à la cybersécurité restent insuffisants dans de nombreux pays africains. Par ailleurs, il existe un déficit criant d'experts qualifiés dans ce domaine en Afrique. Malgré des progrès en matière de législation sur la protection des données dans certains pays, beaucoup restent à la traîne.
De plus, les entreprises et les citoyens sous-estiment souvent la gravité des cybermenaces. Selon le rapport Security Navigator 2023 d’Orange Cyberdefense, les cyberattaques pourraient entraîner une perte de 10 % du PIB en Afrique, tandis que le nombre d’extorsions a augmenté de 70 % en 2023, illustrant l’escalade des menaces sur le continent.
Opportunités
Malgré les défis, le marché de la cybersécurité en Afrique présente un potentiel de croissance significatif. Selon Mordor Intelligence, la taille du marché africain de la cybersécurité est estimée à 0,6 milliard USD en 2024 et devrait atteindre 1,28 milliard USD d’ici 2029, avec un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 13,5 % sur la période 2024-2029.Cette croissance démontre le potentiel économique pour des entreprises locales spécialisées dans ce secteur, ainsi que des investisseurs internationaux, qui voient l’Afrique comme un marché porteur. Cela représente une véritable opportunité pour développer des solutions adaptées aux défis spécifiques du continent.
Les universités et centres de formation africains ont également une occasion d’enrichir leurs programmes de formation pour répondre à la demande croissante de professionnels qualifiés. Cette dynamique pourrait permettre au continent de renforcer sa résilience tout en créant de nouvelles perspectives professionnelles pour la jeunesse africaine.Les entreprises, en particulier les start-up locales, peuvent innover dans la cybersécurité en développant des produits et services qui répondent aux besoins locaux. De plus, les gouvernements africains pourraient soutenir cette transformation en mettant en place des politiques favorables à l’innovation et à l’investissement dans les solutions de cybersécurité adaptées au contexte africain.
La cybersécurité en Afrique est une composante indispensable de la transformation numérique réussie du continent. Surmonter les faiblesses qui persistent encore est essentiel pour garantir la confiance dans le monde 4.0.
Samira Njoya
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