Place forte de l’industrie minière mondiale, l’Afrique place plusieurs de ses pays parmi les principaux producteurs de minéraux comme l’or, les platinoïdes, le diamant, le cobalt, le cuivre ou encore la bauxite. Alors que la quatrième révolution industrielle s’étend progressivement au continent, les compagnies qui y sont actives utilisent déjà les nouvelles technologies pour optimiser l’exploration et l’exploitation minière. À leur niveau, les États ne sont pas en reste et c’est leurs efforts destinés à améliorer la gestion du secteur que WeAreTech vous raconte, dans cette quatrième partie de sa série consacrée à la digitalisation d’un certain nombre de secteurs économiques en Afrique.
Si l’implémentation des nouvelles technologies est encore à ses balbutiements dans plusieurs domaines sur le continent, les acteurs du secteur minier ont pris très tôt conscience de leur potentiel pour mieux mener leurs activités. D’après l’Agence Ecofin, le continent joue même un rôle de pionnier dans l’industrie minière mondiale, en matière d’automatisation. Certaines mines du continent témoignent d’ailleurs de cette utilisation de la technologie, en l’occurrence Syama au Mali et Kibali en RDC, où l’automatisation de certaines tâches a permis d'accroître le rendement des opérations et donc les bénéfices pour toutes les parties prenantes, qu’il s’agisse de l’État, des compagnies minières ou encore des communautés locales. Les outils utilisés vont de l’analyse de données permettant de mieux planifier les activités à la mine, à l’internet des objets et ses applications dans le suivi des opérations d’extraction et de traitement. Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, l’utilisation de la technologie dans l’industrie minière a permis par exemple de continuer les activités avec le minimum de risques pour le personnel. La sécurité n’est qu’un avantage parmi tant d’autres, car l’automatisation offre aussi un gain de temps et réduit les coûts de production, un argument de poids pour les compagnies minières.
La digitalisation comme outil de transparence
Les avancées technologiques ne servent pas qu’à optimiser les travaux d’exploration puis d’exploitation des mines. Elles présentent pour les gouvernants et les citoyens plusieurs atouts, dont prennent progressivement conscience les dirigeants africains. L’un de ces avantages reste la transparence. Alors que les États miniers africains tentent de se débarrasser de cette image de pays où règnent en maître les accords opaques autour des obtentions et transferts de titres de propriété miniers, l’option de la digitalisation du cadastre minier gagne de plus en plus du crédit auprès des dirigeants.
Le premier avantage d’un tel système digitalisé est qu’il permet de respecter plus facilement le principe du « premier arrivé, premier servi », une norme internationale au niveau des concessions minières qui n’ont pas encore été attribuées. Avec un journal de bord qui indique la date et l’heure de la demande de permis, les autorités peuvent en effet mettre fin aux contestations qui ne manquent pas de survenir quand plusieurs sociétés soumettent des demandes pour le même permis. De plus, grâce à une carte interactive disponible sur la plateforme, les sociétés minières, mais aussi les citoyens, peuvent connaître à tout moment les différents propriétaires des titres miniers délivrés par le gouvernement sur toute l’étendue du territoire. Enfin, les frais pour une demande de titre minier peuvent être payés de façon électronique (Mobile Money ou virement bancaire) en utilisant l’une des fonctionnalités de la plateforme. Cela évite au demandeur d’être soumis aux désidératas d’un fonctionnaire des Mines indélicat et assure au Trésor public une collecte transparente et efficace des recettes.
Il faut souligner que ces avantages sont des arguments non négligeables pour attirer les investisseurs miniers, car le système participe à l’amélioration du cadre réglementaire. Selon le think tank canadien Fraser Institute qui publie chaque année un classement des juridictions minières les plus attractives dans le monde, les compagnies minières tiennent aussi bien compte du potentiel minier d’un pays que des politiques minières (lois et environnement des affaires notamment), avant d’y investir.
Depuis près d’une décennie, plusieurs pays du continent ont donc fait appel à des spécialistes afin de mettre en place une plateforme électronique permettant de faire une demande de titre minier (permis de prospection ou d’exploration). L’américain Trimble indique, par exemple, ses différents systèmes de cadastre minier digital sont déjà utilisés en Afrique par la Namibie, le Kenya, le Cameroun, le Lesotho, le Liberia, le Malawi, l’Ouganda, le Rwanda, le Ghana et bien d’autres. En août 2021, le Botswana, déjà classé comme la meilleure juridiction minière en Afrique en matière de politiques minières et de potentiel minéral par Fraser Institute, est même devenu le dernier pays africain à recourir aux services de cette entreprise.
« Depuis plusieurs décennies, le Botswana est admiré pour avoir l'un des meilleurs systèmes de cadastre minier au monde. Nous sommes impatients d'aider le gouvernement à devenir encore plus efficace, responsable et accueillant pour les investisseurs, tout en favorisant la collecte des recettes publiques », commente alors Bill Feast, président de Spatial Dimension, filiale de Trimble.
La technologie au service de la traçabilité de la production minière
L’amélioration du cadre réglementaire n’est pas le seul avantage qu’offre la technologie aux États africains. Le gouvernement ghanéen en a donné récemment l’exemple, en annonçant la numérisation complète de son laboratoire national d’analyse des minerais précieux. Pour le DG de la Precious Minerals Marketing Company, cette avancée permet aux dirigeants de mieux assurer la traçabilité des exportations et lutter contre les fraudes, car la production minière est désormais dotée de certificats d’authenticité difficilement falsifiables.
« En cliquant sur un bouton, les personnes autorisées peuvent tracer la quantité d'or exportée en kilogrammes et en onces, la destination de l'exportation, la valeur en cédis ghanéens et en dollars, la retenue à la source, l'exportateur et bien d'autres données pertinentes », ajoute-t-il.
Si la technologie utilisée n’a pas été précisée, d’autres outils numériques font davantage l’objet de publicité, à l’image de la blockchain. L’outil, peu connu il y a une décennie, a gagné une publicité importante ces dernières années et ses applications dans l’industrie minière commencent à peine à se généraliser. En Afrique, les compagnies minières sont à nouveau à l’avant-garde et certaines d’entre elles, notamment les producteurs de diamants canadien Lucara et sud-africain De Beers l’utilisent déjà. En garantissant à tous ceux qui y ont accès le caractère infalsifiable de toutes les transactions, la blockchain permet aux clients de ses entreprises de retracer le parcours des pierres précieuses afin de s’assurer que la chaîne d’approvisionnement obéit à des normes responsables. En RDC, des initiatives blockchain voient aussi le jour depuis quelques années pour permettre aux groupes industriels consommateurs de cobalt de suivre la production du pays et s’assurer que le métal n’est pas produit grâce au travail des enfants.
Pour l’instant, les États miniers africains sont peu présents sur cette technologie, mais ses avantages devraient les inciter à y recourir progressivement.
Emiliano Tossou
À la suite de l’agression d’une automobiliste le long de Wangari Maathai Road, qu’il a dénoncée le 8 mars, le président kényan Uhuru Kenyatta appelle à plus de sécurisation de l’activité de transport par moto que le gouvernement a beaucoup œuvré à développer.
Ann Kananu, la gouverneure du comté de Nairobi, a annoncé le jeudi 17 mars l’identification numérique des « boda boda », les motos-taxis qui desservent la capitale. Ces véhicules de transport public seront désormais dotés de plaques biométriques avec des codes couleur uniques propres à chaque comté de la ville.
En scannant les nouvelles plaques, elles pourront révéler à la police le nom, le numéro d'identification et le numéro de téléphone de chaque propriétaire et/ou conducteur, sa zone d'activité, etc. Ces plaques biométriques seront également munies de dispositifs anti-contrefaçon comme des hologrammes, des filigranes ou encore des marqueurs laser pour permettre à la police de les localiser aisément.
La gouverneure a déclaré que cette mesure contribuera à assainir le secteur des transports par motos-taxis qui est marqué par la criminalité, l’indiscipline et les accidents. « Cela nous aidera à identifier les vrais conducteurs de boda boda et les voyous qui ont infiltré le secteur. Il y a des gens qui se font passer pour des conducteurs de boda boda alors qu'ils sont des criminels », a déploré Ann Kananu.
L’identification numérique des boda boda fait suite à la rencontre tenue jeudi entre la gouverneure et l’Association des boda boda sur la série de nouvelles réglementations applicables aux motos-taxis. Une rencontre qui est intervenue après l’appel à la répression sécuritaire à l'échelle nationale, contre les boda boda voyous, lancé le 8 mars par le président de la République Uhuru Kenyatta (photo), après l'agression d'une automobiliste le long de Wangari Maathai Road dans le comté de Nairobi.
Lors de son appel à la répression, le chef de l’Etat avait affirmé que « nous voulons soutenir les activités des boda boda, mais ce n'est pas un permis pour conduire dans des allées menaçant les piétons, de se livrer à des fusillades en voiture et ce n'est très certainement pas un permis pour dépouiller et retirer la dignité de nos femmes ».
Adoni Conrad Quenum
Depuis 2008, le gouvernement Kényan déploie une vision de développement qui court jusqu’en 2030. Le numérique y a toujours figuré, mais sans véritablement susciter un intérêt pressant. Aujourd’hui, il est au cœur de toutes les attentions.
Le ministère kényan des Technologies de l’information et de la communication, de la Jeunesse et de l’Innovation a annoncé l’élaboration d’un plan directeur numérique national. Le document décennal, au cœur d’un atelier de validation le vendredi 11 mars, aborde le développement socioéconomique du pays à travers l’exploitation de la technologie.
Il se décline sous plusieurs axes : l’infrastructure numérique, les services numériques et la gestion des données, les compétences numériques et l’innovation numérique, les entreprises et les affaires numériques. Un ensemble d’objectifs à atteindre qui permettront de réaliser les ambitions de création de richesses et d’emplois portées par Vision 2030, le plan de développement national adopté le 10 juin 2008.
Lucy Mulili (photo), secrétaire administrative au ministère des TIC, représentante du Ministre chargé des TIC, Joe Mucheru, a expliqué que « le document s’inspire largement de la politique nationale des TIC de 2019, qui explique comment les TIC, en tant que fondation, créent une économie robuste et améliorent ainsi les conditions de vie des Kényans ».
Les actions stratégiques du gouvernement kényan dans le cadre du plan directeur numérique national traduisent une volonté d’avancer dans la numérisation que la Banque mondiale voit comme un atout de développement. La Covid-19 a d’ailleurs contribué à le montrer à travers toutes les facilités apportées par le numérique durant la crise mondiale qu’elle a suscitée.
Dans son nouveau plan, le gouvernement kényan prévoit entre autres de construire 100 000 km de fibre, dont 52 000 km pour les réseaux gouvernementaux et 48 000 km pour les réseaux privés, afin d’offrir une connectivité fiable et abordable pour tous. Il prévoit aussi de fournir 1,2 million d’ordinateurs portables aux écoles, former 350 000 enseignants à l’utilisation des technologies, connecter 40 000 écoles à un réseau Internet durable. La réalisation du plan est estimée à 5 milliards de shillings kényans (43,7 millions $).
Adoni Conrad Quenum
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La fondation norvégienne Norrsken a ouvert en décembre 2021 à Kigali la Norrsken House, première des 25 hubs technologiques qu’elle prévoit d’installer à travers le monde au cours de la décennie. Le choix de la capitale rwandaise n’est pas anodin et témoigne de l’intérêt que suscite le pays d’Afrique de l’Est auprès des acteurs de la tech en Afrique et dans le monde. Un intérêt qui s’explique par un cadre réglementaire et des infrastructures propices au développement des start-up, fruits de l’ambition du président Paul Kagame de hisser son pays au niveau des mastodontes actuels de la tech africaine.
L’écosystème tech en Afrique connaît une croissance fulgurante depuis quelques années, marquée par des levées de fonds qui ont quintuplé entre 2018 et 2021 pour les start-up du continent. Cependant, dans la bataille pour attirer les investisseurs, tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne et un quatuor de tête accapare chaque année la plus grosse part du financement destiné aux start-up africaines. A leur tête, on retrouve le Nigeria avec 1,8 milliard de dollars de fonds récoltés en 2021 pour ses start-up. Selon les données de Partech, la première économie du continent est suivie de l'Afrique du Sud (832 millions $), de l'Égypte (652 millions $) et du Kenya (571 millions $). Ces quatre géants ont donc accaparé 3,8 milliards $, soit plus du tiers des 5,2 milliards obtenus par tous les pays du continent l’année dernière.
Des atouts indéniables
Avec 17 millions $ obtenus par des start-up du Rwanda en 2021, le pays a certes évolué (avec une croissance de 46% en glissement annuel), mais apparaît toujours comme un véritable petit poucet dans cette compétition. Le gouvernement rwandais nourrit cependant de grandes ambitions pour améliorer le statut du pays dans le paysage tech en Afrique, et dispose de plusieurs atouts pour y arriver. Sa population est jeune, et environ 73,9% des Rwandais disposent d’une connexion mobile avec à la clé un taux de pénétration Internet de 31,4%, selon des données de DataReportal datant de janvier 2021. Grâce aux efforts menés dans le cadre du plan stratégique Smart Rwanda, l’alphabétisation numérique devient progressivement une réalité dans le pays qui peut se targuer d’une couverture quasi intégrale du territoire par le réseau 4G. De plus, le Rwanda ne souffre pas des mêmes contraintes énergétiques que le géant nigérian et revendique, début 2022, un accès à l’électricité pour environ 70% des ménages du pays.
Porté par l’ambition du président Paul Kagame (photo) de faire de la technologie et de l'innovation « le moteur de la transformation du Rwanda », le gouvernement facilite aussi la création d’entreprises en seulement quelques heures et sans débourser le moindre sou, avec un processus qui peut être effectué en ligne. Ces facteurs ont notamment permis au Rwanda de se hisser à la 2e place en Afrique, dans l’édition 2020 du défunt rapport « Doing Business », qui évalue les pays pour la facilité qu’on y a pour mener des affaires. L’autre carte maîtresse du plan rwandais est le développement de la Kigali Innovation City (KIC), un espace de 61 hectares destiné à abriter des universités de classe mondiale et des incubateurs pour les jeunes pousses technologiques.
« Le programme de transformation sociale et économique du Rwanda nécessite des investissements audacieux dans l'innovation et la technologie. KIC fournit à la fois l'infrastructure physique et l'écosystème alors que nous positionnons le Rwanda pour qu'il devienne un centre d'innovation panafricain », explique Paula Ingabire, ministre rwandaise des TIC et de l'Innovation.
Déjà quelques fruits visibles
Le cadre propice du Rwanda pour les jeunes entreprises et les investisseurs est, de l’aveu même du fondateur de Norrsken Niklas Adalberth, ce qui a incité l’organisation à s’installer à Kigali. « D'après la Banque mondiale, vous savez que Kigali est l'un des pays où il est le plus facile de faire des affaires en Afrique. Et il a construit des infrastructures en termes d'Internet, de trafic, etc. C'est donc une bonne condition préalable à la création de licornes », indique-t-il. A la Norrsken House de Kigali, la fondation veut accueillir jusqu’à 1 000 entrepreneurs d’ici décembre 2022 et espère y soutenir l’émergence des prochaines licornes africaines (start-up valant au moins 1 milliard $). Norrsken a d’ailleurs lancé en début d’année un fonds de 200 millions $ pour atteindre encore plus rapidement ce but.
Rappelons toutefois que le hub de l’organisation norvégienne n’est pas le premier à voir le jour au Rwanda. D’autres acteurs y sont présents depuis quelques années et accompagnent les jeunes pousses au niveau financier, technique et juridique. C’est le cas du projet 250STARTUPS dont le but est d’accueillir par cohortes des start-up pendant six mois, afin de les aider à peaufiner progressivement leurs idées pour les présenter à des bailleurs de fonds sollicités pour l’occasion. C’est aussi une initiative similaire que pilote Impact Hub Kigali en offrant notamment aux porteurs d’idées un espace de coworking pour échanger et solutionner des problèmes du quotidien grâce à la technologie. Signalons aussi la présence de l’américain Andela dans le pays depuis 2018, à travers un accord conclu avec les autorités pour la création d’un centre technologique panafricain. La start-up de recrutement et de formation de développeurs africains a ouvert un bureau à Kigali pour assurer aux start-up qui se lancent dans le pays une main-d’œuvre de qualité.
Une attention particulière à l’égalité des genres
En Afrique, les financements alloués aux start-up fondées par des femmes restent assez marginaux et s’élèvent fin 2021 à 16% du total, contre 14% un an plus tôt, indique Partech. Le Rwanda entend se démarquer sur ce plan et compte appliquer aux start-up la recette de promotion du potentiel féminin qui lui a réussi dans les autres secteurs. Selon l’indice mondial sur l’écart entre les sexes, publié annuellement par le Forum économique mondial, le pays se classe en effet septième mondial et deuxième en Afrique, en matière d’efforts fournis pour se rapprocher de la parité. A travers l'Institut africain des sciences mathématiques installé dans le pays et qui offre des cohortes paritaires pour les hommes et les femmes, ou le concours Miss Geek qui permet aux filles de présenter leurs solutions innovantes en science et technologie, le pays prépare une génération de jeunes femmes susceptibles de réduire le gap actuel avec les hommes dans le paysage tech en Afrique.
Emiliano Tossou
En deux ans, la transformation numérique s’est accélérée à travers l’Afrique, sous l’effet de la Covid-19. Le continent a pleinement pris conscience des enjeux de développement en rapport avec Internet. Plusieurs pays ont engagé des actions pour ne pas rater la prochaine révolution mondiale.
Le gouvernement de la République de Côte d’Ivoire veut rendre Internet accessible à toute la population au regard de son impact sur l’amélioration des conditions de vie socioéconomiques. Mais pour y parvenir, il lui faut au préalable identifier les obstacles actuels à la concrétisation de cette ambition. D’où le lancement, le lundi 7 mars à Abidjan, de l’étude sur l’universalité d’Internet par le ministre de l’Economie numérique, des Télécommunications et de l’Innovation, Roger Adom (photo).
Cette étude qui est à l’initiative de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), à travers la Chaire Unesco, sera réalisée avec le suivi d’un comité consultatif du secteur du numérique. « Après avoir effectué des constats consensuels, nous ferons des recommandations pour améliorer la situation d’Internet en Côte d’Ivoire », a déclaré le professeur Alain Kiyindou, représentant de la Chaire Unesco.
Il a indiqué qu’une cérémonie officielle de validation de l’étude est prévue « entre mai et juin 2022 » et le cas ivoirien sera présenté comme un cas d’école en décembre 2022 à Addis-Abeba, au Forum mondial sur la gouvernance d’Internet.
Selon l’Autorité de régulation des télécommunications/TIC de Côte d’Ivoire (ARTCI), le taux de pénétration d’Internet était d’environ 78% au troisième trimestre 2021. Ce taux de pénétration, qui est calculé en comparant le nombre d’abonnements Internet au nombre total la population, peut toutefois ne pas refléter le véritable niveau d’accès à Internet dans le pays. En effet, plusieurs individus en zone urbaine détiennent plusieurs cartes SIM qui augmentent le nombre d’abonnements. Dans leur Digital Report 2022, We Are Social et Hootsuite estiment à 36,3% le taux de pénétration d’Internet en Côte d’Ivoire.
L’Etude sur l’universalité d’Internet en Côte d’Ivoire est financée par la Banque d’investissement et de développement de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à hauteur de 13,250 millions FCFA (22,3 millions $). Ses retombées doivent permettre aux Ivoiriens de bénéficier des 180 milliards $ de revenus que l'économie numérique devrait générer en Afrique d’ici 2025, selon Google et la Société financière internationale (SFI).
Muriel Edjo
Ingénieur en informatique, son application lui a valu en 2020 une distinction du ministère de l’Économie numérique et des Télécommunications. Un an plus tard, elle a encore fait l’unanimité face à un jury, cette fois du secteur privé.
Adji Anta Dabo (photo) est une Sénégalaise passionnée par les technologies de l’information et de la communication. Diplômée en informatique, management et entrepreneuriat, la jeune femme a fondé avec des partenaires la start-up Digital Nisa. En 2021, l’une des solutions développée par la jeune pousse, a savoir Sama Keyittu Juddu, a remporté la troisième récompense du prix Orange de l'entrepreneur social en Afrique et Moyen-Orient 2021 (Poesam).
En wolof, Sama Keyittu Juddu signifie littéralement « mon extrait de naissance ». La solution numérique se décline en une plateforme sur laquelle les parents peuvent déclarer la naissance de leur enfant. La plateforme est associée à un bracelet fixé au poignet des bébés. Au septième ou huitième jour, le bracelet clignotera pour rappeler aux parents qui n’ont pas encore enregistré la naissance de leur nouveau-né de le faire. La plateforme Sama Keyittu Juddu peut être installée dans les maternités.
Elle « permettra d’enregistrer les naissances et d’envoyer les données à l’état civil, le plus proche pour permettre à chaque enfant d’avoir un bulletin de naissance », indique Adji Anta Dabo. Elle indique que cette sécurisation de l’identité des enfants se fera avec l’appui des conseillères de quartier, des imams ou encore des prêtres.
« L’absence de documents d’identité touche la plupart du temps la petite enfance et ce phénomène viole le droit à la nationalité, le droit à la déclaration de naissance, le droit de prétendre à une protection civile », déplore Adji Anta Dabo qui estime que sa solution permettra de lutter efficacement contre ce fléau.
La jeune ingénieure en informatique a déjà à son actif quelques récompenses. En 2020, elle a remporté la 7e édition du concours JIGGEN CITIC organisée par le ministère de l’Économie numérique et des Télécommunications et la somme de 1,5 million FCFA (près de 2500 $) qui s’ajoutent au 3 000 000 du Poesam.
Adoni Conrad Quenum
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Depuis 2019, le gouvernement a accentué ses actions en faveur du développement de l’économie numérique au Congo. Au-delà des infrastructures de connectivité, il a également fait de l’industrie de l’innovation – riche en opportunités d’emplois pour la jeunesse – une priorité.
Le gouvernement de la République du Congo planche sur un cadre juridique spécifique aux start-up. Le projet de loi y afférent a été approuvé par le Conseil des ministres du mercredi 2 mars et transmis au Parlement. Il avait été soumis pour examen par Léon Juste Ibombo (photo), le ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Economie numérique. Une fois adopté par les députés, le texte de loi contribuera à la mise en œuvre de diverses mesures administratives, financières, fiscales, etc. qui favoriseront le développement du tech entrepreneuriat dans le pays.
Léon Juste Ibombo a expliqué que C’est « l’absence d’un cadre juridique spécifique aux acteurs de l’industrie numérique, le manque de financements adaptés, les difficultés d’accès à la commande publique et l’absence d’une stratégie de promotion de l’innovation qui justifie la proposition d’un environnement propice au développement de ces jeunes entreprises ». Dans la loi, il est prévu un label de qualité « start-up ». Il ne sera délivré qu’aux jeunes entreprises qui auront rempli certaines conditions.
L’attention particulière que le gouvernement du Congo a décidé d’accorder à son industrie start-up fait suite au grand intérêt financier que ce secteur suscite déjà auprès des investisseurs en Afrique. Les start-up africaines, qui n’avaient réussi à lever que 277 millions $ de fonds en 2015, ont atteint la somme de 5,2 milliards $ en 2021. La fintech, l'e-logistique, l’e-commerce, l’e-santé, ont gagné en valeur avec la Covid-19. La transformation numérique s’étant accélérée sur le continent, le gouvernement congolais souhaite permettre aux innovateurs locaux de bénéficier aussi des opportunités d'affaires qui se multiplient.
Dans son rapport « 2021 AFRICA TECH VENTURE CAPITAL», Partech révèle que les start-up congolaises ont réussi à lever un million $ auprès de fonds d’investissement et autres entreprises de capital-risque en 2021. Le Sénégal, qui jouit d’une loi sur les start-up depuis le 28 décembre 2019, a vu le volume de fonds levé par ses start-up atteindre 353 millions $ en 2021. Il était de 6,50 millions $ en 2016 selon Partech.
Avec un écosystème favorable à l’éclosion des start-up, le Congo pourra davantage s’enrichir de tech innovateurs et entrepreneurs à même de l’accompagner dans sa transformation numérique avec des solutions locales adaptées à ses réalités. Une industrie locale dynamique qui favorisera la création d’emplois pour sa population jeune et de la richesse pour le pays.
Muriel Edjo
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En cinq ans, le gouvernement ghanéen a développé divers moyens pour sécuriser les revenus fiscaux issus de l’exploitation des ressources de son sous-sol. Ces précautions ont été renforcées avec l’ajout des technologies de l’information et de la communication.
La République du Ghana a numérisé son laboratoire national d’analyse de tous les minerais précieux destinés à l'exportation. La mutation de la structure que gère l'expert national, la Precious Minerals Marketing Company (PMMC), a été dévoilée le mercredi 2 mars à Accra par Mahamudu Bawumia, le vice-président de la République.
Nana Akwasi Awuah, le directeur général de la PMMC, a expliqué que la numérisation des analyses rendra désormais possible la production « de certificats d'analyse dotés de caractéristiques de sécurité uniques. Ces caractéristiques uniques rendront les certificats difficiles à falsifier par les fraudeurs de l'or ».
La numérisation rendra également « possible le suivi en temps réel des exportations d'or passant par le laboratoire. En cliquant sur un bouton, les personnes autorisées peuvent suivre, en temps réel, la quantité d'or exportée en kilogrammes et en onces, la destination de l'exportation, la valeur en cédis ghanéens et en dollars, la retenue à la source, l'exportateur et bien d'autres données pertinentes afin de faciliter la planification économique nationale ».
La transformation du laboratoire d’analyse des minerais précieux rentre dans le cadre du processus de sécurisation par l’Etat des recettes fiscales issues de ce secteur, engagé depuis 2017. Il y a cinq ans, le président de la République a ordonné au gouvernement d'identifier un moyen de vérifier de manière indépendante les exportations d'or. Le PMMC a officiellement commencé ses opérations en février 2018 à la suite de plusieurs engagements avec la Chambre des mines du Ghana, l'Association des exportateurs d'or, la Chambre des négociants en lingots du Ghana.
Mahamudu Bawumia a indiqué que la numérisation du laboratoire « est un ajout majeur au portefeuille d'initiatives numériques du gouvernement déjà mis en œuvre ». Il a souligné que la numérisation des services publics au Ghana se poursuivra, car « c'est un chemin critique pour que notre nation reste compétitive dans le monde d'aujourd'hui et de demain ».
Adoni Conrad Quenum
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Au cours des dix dernières années, la nation insulaire a investi considérablement dans les TIC pour prendre part à l’économie numérique annoncée depuis 2010. Cette vision lui vaut aujourd’hui une meilleure réponse à la crise économique suscitée par la Covid-19.
Le gouvernement de l’île Maurice a décidé de capitaliser sur ses atouts numériques pour relever le secteur touristique dont la contribution au produit intérieur brut (PIB) a reculé de 62,1 % en 2020 à cause de la Covid-19. Elle est passée de 19,5 % pour un revenu de 2,4 milliards $ en 2019 à 8,7 % pour un revenu de 945,5 millions $ en 2020. Pour la nation insulaire, il ne s’agit plus d’utiliser Internet et le web comme moyen de communication sur la destination, mais plutôt son solide environnement numérique qui favorise le travail en mobilité pour inciter les travailleurs étrangers à s’y installer.
Depuis le mois dernier, Nilen Vencadasmy (photo), le président de l’Autorité de promotion du tourisme de Maurice, est en tournée dans certains pays africains pour vendre cette nouvelle vision touristique. Samedi 26 février, il était en Afrique du Sud qui est considéré comme un marché important. 130 000 Sud-Africains ont visité l’île Maurice en 2019.
Le Premium Travel Visa est le premier atout numérique sur lequel compte l’île Maurice pour concrétiser ses nouvelles ambitions. Lancé le 16 novembre 2020, ce permis de séjour d’un an renouvelable accordé aux ressortissants non mauriciens est accessible en ligne. Le Comité de développement économique de Maurice précise que les demandeurs de ce titre doivent remplir plusieurs critères, notamment ne pas intervenir sur le marché du travail mauricien, prouver que le lieu principal d'activité et la source de revenus et de bénéfices sont en dehors de l'île Maurice.
Les autres atouts numériques de l’île Maurice sont regroupés au sein d’un écosystème numérique propice au travail à distance. Le pays occupait la 8e place africaine en matière de débit Internet mobile moyen en janvier 2022 avec 20,59 mégabits par seconde (Mbps), ainsi que la 7e place africaine pour le débit Internet fixe moyen avec 19,88 Mbps, selon Speedtest Global Index.
Pour ce qui est du coût d’Internet, Cable.co.uk, dans son rapport « Worldwide mobile data pricing 2021. The cost of 1GB of mobile data in 230 countries », classe Maurice à la 5e place en Afrique sub-saharienne pour ce qui est du coût moyen d’accès d’1 Gigabit (GB) : 0,75 $. En matière de couverture du réseau Internet, le Network Readiness Index 2021 de Portulans Institute et STL classe Maurice parmi les meilleurs en Afrique. Dans le Global Cybersecurity Index 2020 de l’Union internationale des télécommunications (UIT), Maurice occupe la première place en matière de niveau de sécurité de ses systèmes d’informations depuis 2014.
En ciblant les nomades numériques, l'île Maurice qui envisage « d'assouplir le protocole d'entrée dans les semaines à venir », selon Nilen Vencadasmy, espère refaire du tourisme un fort contributeur au PIB, non seulement en récupérant le niveau de dynamisme précédent de l'industrie, mais également en attirant des visiteurs de qualité.
Muriel Edjo
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Le ministère béninois du Numérique et de la Digitalisation a annoncé, mercredi 2 mars, l’intégration des prestations de l’Agence nationale des transports terrestres liées au permis de conduire sur le portail national des services publics « service-public.bj ». Les Béninois peuvent désormais faire des demandes en ligne pour, entre autres, avoir l’attestation de succès à l’examen du permis de conduire, le certificat d’authenticité ou encore un duplicata en cas de perte ou de vol.
Les prestations de l'Agence Nationale des Transports Terrestres, liées au permis de conduire sont désormais disponibles sur le Portail National des Services Publics « https://t.co/Zzkow7KvNz »
— Ministère du Numérique et de la Digitalisation (@numeriquebenin) March 2, 2022
Pour en savoir plus et faire une demande => https://t.co/I1GEGL3Ls9 #BeninNumerique pic.twitter.com/v19jkpGp5y
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