En avril 2021, la fintech Paymob a réussi à lever 18,5 millions $ pour soutenir sa croissance dans la région Afrique du Nord et Moyen-Orient (MENA). Un an plus tard, elle attire d’autres investisseurs et veut s’étendre au-delà.
Paymob, une fintech égyptienne spécialisée dans les services de paiements, a annoncé le lundi 9 mai la réussite d’un tour de table d’un montant de 50 millions $. L’objectif est de développer ses activités en Afrique et en Asie. Des investisseurs comme Kora Capital et Paypal Ventures se sont lancés dans l’aventure.
La fintech, fondée en 2015 par Islam Shawky (photo, au centre), Alain El Hajj (photo, à droite) et Mostafa Menessy (photo, à gauche), intègre plusieurs solutions de paiements en ligne comme les cartes bancaires, les portefeuilles mobiles, les paiements QR, les prélèvements par cartes bancaires ou encore les options de paiement BNPL (Buy Now Pay Later).
Selon Islam Shawky, président-directeur général de la jeune pousse, « Notre mission est que nous voulons aider les commerçants à se développer […] Ainsi, ensemble, nous offrons aux commerçants, qu'il s'agisse d'une petite et moyenne entreprise ou d'une marque internationale, la possibilité d'accepter tous ces modes de paiement et ainsi d'améliorer la probabilité des achats et, espérons-le, de faire croître les revenus ».
Paymob revendique aujourd’hui plus de 100 000 marchands en Égypte et dans le monde. Elle veut atteindre le million de marchands d’ici les deux prochaines années, et pour cela, elle a lancé en partenariat avec Mastercard une solution de paiement sans contact appelée « Tap-on-phone ». Grâce à une application mise au point par la fintech, les commerçants pourront transformer leurs smartphones en un point de vente. Les smartphones doivent néanmoins être équipés de la technologie NFC (Near Field Communication) qui permet entre autres d’autoriser le paiement sans contact.
Selon Ashish Aggarwal, directeur du co-investisseur principal PayPal Ventures, « Paymob partage notre mission et notre ambition de faire progresser l'adoption des paiements numériques ; il a fait des progrès impressionnants pour soutenir la croissance et le succès des petites et moyennes entreprises mal desservies ».
Adoni Conrad Quenum
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L’accès aux soins de santé est un problème majeur sur le continent. Pour diverses raisons, les populations ont du mal à accéder aux soins et la prolifération des solutions d’e-santé ne change pas la donne avec des raisons d’ordre financière.
L’insurtech Turaco a annoncé, jeudi 28 avril, la signature d’un partenariat avec la fintech Power Financial Wellness (PFW). L’objectif est de permettre à davantage de personnes sur le continent d’accéder à une assurance maladie à partir de 2 $ par mois. Les clients de la fintech peuvent ainsi s’inscrire en un clic après l’intégration de l’interface de programmation de Turaco aux supports digitaux de PFW.
PFW est une start-up de technologie financière qui propose à ses clients des services de paiements, de prêts et dorénavant d’assurance. Elle aide à économiser en fonction des objectifs préalablement définis et contribue à la gestion fiscale de vos activités. Présente en Ouganda, au Kenya, au Nigeria et aux États-Unis, Turaco est spécialisée dans le règlement des sinistres. Elle vise les personnes à faible revenu en proposant des forfaits à petits prix.
Brian Dempsey, président-directeur général de PFW, explique que son entreprise « se consacre à fournir un marché de services financiers aux travailleurs à travers l'Afrique. Avec Turaco, elle a désormais un partenaire qui aide à digitaliser des offres d'assurance sur mesure. Grâce à la capacité de Power à financer les primes et à collecter les fonds auprès des travailleurs, ce partenariat contribuera à étendre la fourniture d'une assurance abordable aux travailleurs au Kenya et au-delà ».
Certains pays africains disposent d’un régime national d'assurance maladie, mais il couvre une minorité de la population. Selon l’Organisation mondiale de la santé, alors qu’au Rwanda 91 % de la population est couverte par le régime national d’assurance maladie, 33 % l'est au Ghana et seulement 3 % au Nigeria.
Outre l’assurance maladie, les clients de PFW ont accès à d’autres produits d’assurance de l’insurtech. Entre autres, on peut citer l'assurance vie sur crédit (protection des emprunteurs et de leurs familles contre les difficultés de remboursement en cas de décès), d'invalidité, de vol pendant la durée du prêt ou encore une assurance complète avec remboursement des dépenses médicales en hospitalisation et en ambulatoire.
Adoni Conrad Quenum
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Avec ses partenaires, il a conçu une API qui a déjà séduit de nombreuses entreprises financières en Afrique du Sud et au Nigeria. Son ambition est de l’ouvrir à un plus grand nombre d’utilisateurs à travers l’Afrique.
Stitch est une fintech qui aide les entreprises à créer, optimiser et à faire évoluer leurs produits financiers. Son président-directeur général et cofondateur, l’entrepreneur sud-africain Kiaan Pillay (photo), la perçoit comme un pont entre différents systèmes financiers dont l’objectif est d’améliorer l’expérience des utilisateurs.
En février 2022, il a réussi une levée de 21 millions $ pour améliorer l’interface de programmation d'application de la start-up et sa plateforme de financement intégré. Le jeune entrepreneur, titulaire d’un bachelor en informatique et finance de l’université du Cap, s’est attiré les faveurs de plusieurs investisseurs comme PayPal Ventures, TrueLayer, Firstminute capital, The Raba Partnership, CRE Venture Capital et Village Global, lors d’un tour de table dirigé par The Spruce House Partnership.
Il explique que « parmi les centaines de clients avec lesquels nous travaillons, petits et grands, nous assistons à un rythme record de développement de nouveaux produits financiers. Notre objectif est d'aider les sociétés de technologie financière et de financement intégré à croissance rapide à lancer plus facilement des produits de plus en plus innovants et sur mesure, à se développer sur de nouveaux marchés et à optimiser leurs solutions ».
Pour Kiaan Pillay, le financement obtenu est une grande marque de confiance pour Stitch qui est déjà présente en Afrique du Sud et au Nigeria. Un succès sur lequel il veille au travers d’une expérience professionnelle modeste, mais riche.
En 2015, il se lance dans l’entrepreneuriat en co-fondant Pelichat. Cette plateforme de médias sociaux basée sur la localisation permet de se connecter aux personnes proches sans révéler son identité. En 2017, il rejoint la société d’assurance numérique Root comme chef des opérations. Smile Identity, le fournisseur de services de vérification d'identité, ouvre ses portes en juin 2018 comme chefs des partenariats. Il partira de là en août 2019 avec Stitch en tête, qu’il concrétisera deux mois plus tard avec Natalie Cuthbert et Priyen Pillay.
Actuellement, Kiann Pillay est aussi conseillé à SEAL, une association de passionnés de blockchain qui désire faire avancer la prochaine vague de décentralisation. Il l’a rejoint depuis 2017.
Melchior Koba
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Il a à son actif une expérience professionnelle d’une dizaine d’années dans le secteur de la comptabilité. Elle lui a permis de s’imprégner des défis à l’investissement auxquels se heurtent les petits commerçants et divers autres acteurs de l’économie africaine.
Babatunde Akin-Moses (photo) est un entrepreneur nigérian qui utilise la technologie pour dynamiser les finances. En 2019, avec Onyinye Okonji et Mayowa Adeosin, il a fondé Sycamore.ng, une start-up spécialisée dans l’évaluation des risques pour octroyer des prêts aux entreprises en 24 heures maximum via un site web et une application mobile. L’application mobile permet également aux utilisateurs de demander un prêt à un ami ou un membre de la famille et de récupérer automatiquement le prêt à une date déterminée.
En tant que président-directeur général de la start-up, le jeune Nigérian a réussi un tour de table de plusieurs milliers de dollars pour renforcer sa notoriété sur le marché nigérian où elle n'est pas seule dans ce segment, accroître ses investissements dans l’éducation financière, engager des ingénieurs qualifiés pour augmenter sa capacité et s’étendre à d’autres pays africains.
Diplômé de l’école de commerce de la Pan-Atlantic University de Lagos et de l’Institut d'études supérieures de commerce de Navarre (Espagne) où il a obtenu un master en administration des affaires (MBA) en 2019, le tech entrepreneur a su attirer la confiance de White Hibiscus Capital, une société de capital-risque basée aux États-Unis, et de plusieurs autres investisseurs privés lors de cette levée de fonds.
Sycamore est né de la difficulté d’obtention de prêts par les petites et moyennes entreprises, qui ne remplissent pas toujours les conditions demandées par les banques. « Si vous êtes dans d’autres pays, une fois que vous avez un emploi, vous pouvez facilement obtenir un prêt hypothécaire. Mais ici au Nigeria, même si vous travaillez, vous devez travailler pour une société pétrolière et gazière ou gagner beaucoup d’argent pour accéder à une facilité de crédit importante sans avoir à présenter une propriété foncière en garantie. Vous pouvez voir à quel point c’est un problème majeur dans un pays où il y a 100 millions de pauvres », explique Babatunde Akin-Moses.
Sycamore est l’aboutissement d’une carrière professionnelle débutée en 2010 comme analyste de budget au sein de la compagnie pétrolière Shell au Nigeria. Un an plus tard, il rejoint le cabinet d’expertise comptable KPMG comme analyste fiscal. En 2014, il met son expertise au service de PWC en tant que consultant fiscal puis directeur de la Tax Academy.
Après cinq ans chez PWC, il est recruté chez Pezesha, une fintech de crédit numérique. Il y restera quatre mois. Il capitalisera après sur toute l’expérience acquise au cours de ses différentes fonctions pour lancer Sycamore qu’il dirige actuellement en parallèle à ses activités au sein de Profiliant Development Resources, un cabinet de conseil en vente et marketing B2B.
Melchior Koba
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En deux ans, il a réussi à préserver la rentabilité de plusieurs milliers de commerçants encore dans l’informel. La confiance acquise une fois de plus auprès d’investisseurs conforte sa volonté d’étendre les services de la fintech à plus de marchés en Afrique.
Sebastian Mithika (photo, à droite) est un entrepreneur kényan. Titulaire d’une licence en économie obtenue en 2011 à l’université Kenyatta, il estime être né en Afrique pour contribuer au développement du continent. En 2018, il a fondé la start-up Zanifu avec Steve Biko (photo, à gauche).
À travers sa plateforme éponyme, la fintech propose des prêts numériques à court terme, allant jusqu'à 2 000 $, aux petites et moyennes entreprises. Il leur fournit un financement de roulement pour acheter des marchandises et rembourser l’emprunt avec les recettes réalisées.
Pour Sebastian Mithika, président-directeur général de Zanufi, la start-up « joue son rôle en comblant le déficit de financement des PME dans un pays, qui compte 5 millions de petites entreprises, dont la plupart sont informelles ». Il a contribué à travers elle à fournir à ce jour plus de 85 000 prêts d'une valeur de plus de 13 millions $ à plus de 7 000 entreprises au Kenya. Il souhaite apporter son appui financier à un plus grand nombre de petits commerçants.
En janvier 2022, Sebastian Mithika a réussi à cet effet la levée de 1 million $ auprès de Saviu Ventures, Launch Africa Ventures, Sayani Investments et d’autres investisseurs providentiels du Kenya et du Nigeria. Le financement permettra à la fintech qu’il dirige d’améliorer sa plateforme et d’augmenter le nombre de micro, petites et moyennes entreprises (MPME) auxquelles elle accorde du financement en Afrique.
Le jeune économiste a démarré sa carrière professionnelle à Nairobi comme représentant du développement commercial chez Orange, en mai 2011. Il y reste deux mois avant de rejoindre Standard Chartered Bank. Pendant 10 mois, de juillet 2011 à avril 2012, il y est directeur des ventes pour les nouvelles entreprises. En 2014, il est recruté comme directeur de produit chez Kopo Kopo Inc, une fintech qui propose des solutions de paiements marchands par Mobile Money aux commerçants. En 2016, c’est KOKO Networks qui lui ouvre ses portes comme chef de produit. En 2017, il a également été chef de produit sénior de la zone Afrique de Youtap Inc, une société de logiciels de services financiers basée à Singapour.
C’est la somme des expériences acquises avec ses différentes fonctions, liées parfois à l’économie, qui lui a permis de comprendre le besoin financier réel de nombreux petits commerçants sans véritables capitaux.
Melchior Koba
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L’Afrique est la région qui enregistre la plus grande population jeune. Elle est également celle où le taux de chômage est le plus élevé. Si l’entrepreneuriat innovant peut contribuer à répondre à la question de l’emploi, il est indispensable que les États prennent des mesures favorables conséquentes.
Avec le temps, un plus grand nombre de pays d’Afrique ont rejoint le groupe des 100 meilleurs écosystèmes propices à l’éclosion des start-up dans le monde. En une année, des changements ont été enregistrés sur le continent qui a vu son nombre de représentants passer de onze en 2020 à quatorze en 2021, selon le Global Startup Ecosystem Index 2021 de StartupBlink.
Bien que cette progression puisse être considérée comme minime au regard du faible nombre de pays qui ont rejoint le club des champions, elle reflète cependant l’investissement conséquent engagé par ces diverses nations pour offrir à leur jeunesse un cadre entrepreneurial innovant adéquat.
Plusieurs pays africains ont en effet compris que les start-up représentent un pilier sur lequel le continent peut et pourra s’appuyer pour améliorer l’accès des populations à divers services publics et privés – de base comme l’électricité et l’eau ou avancés comme l’assurance ou encore la finance – et à l’emploi dans un contexte de numérisation accélérée.
L'Afrique centrale n'est toujours pas représentée dans le classement, tandis que l'Afrique de l'Est est passée de 4 à 6 pays dans le top 100 mondial. L'Afrique du Nord a conservé ses trois représentants, mais deux de ces trois nations (la Tunisie et le Maroc) ont perdu du terrain.
En Afrique australe, non seulement l'Afrique du Sud a rejoint le top 50 mondial, mais un deuxième pays (la Namibie) a rejoint le classement. Enfin, l'Afrique de l'Ouest a connu une bonne année, tous les pays classés (Nigeria, Ghana et Cap-Vert) ont amélioré leur classement.
Pour figurer parmi les 100 meilleurs du monde pour 2021, les 14 pays africains ont présenté un écosystème start-up favorable en matière de quantité (nombre de start-up, d'espaces de coworking, d'accélérateurs, de rencontres liées aux start-up, d’organismes de financement, etc.) ; de qualité (nombre d'employés par start-up, présence de licornes, de succursales et de centres de R&D de sociétés technologiques internationales, succursales de sociétés multinationales, événements mondiaux pour les start-up…).
La qualité de l’environnement des affaires (facilité à créer une entreprise, débit Internet, liberté de l'Internet, investissement en R&D, disponibilité de divers services technologiques comme l’e-paiement, etc.) est le troisième critère qu’ont remplir les 14 pays.
Bien que leurs pays ne figurent pas dans le top 100 des meilleurs écosystèmes start-up du monde, plusieurs villes africaines sont toutefois considérées par StartupBlink comme des endroits où l’innovation n’est plus à négliger. Raison pour laquelle elles figurent dans le top 1000 des villes propices à l’éclosion des entreprises innovantes. S’y retrouvent Luanda, Dakar, Douala, Buea et Yaoundé ; Kinshasa, Cotonou, Alger, Ouagadougou, Bamako, Conakry.
Tableau récapitulatif des meilleurs écosystèmes start-up d'Afrique en 2021
Muriel Edjo
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A travers son parcours professionnel riche et diversifié, dans plusieurs pays, il a acquis la certitude qu’éduquer les populations sur la manière de dépenser leur argent peut aider à leur éviter des dettes. Son objectif final est de lutter contre la pauvreté en Afrique.
Winston Reid (photo) est un entrepreneur kényan. En 2021, il a fondé Alvin Technologies. La fintech a développé une application mobile de gestion financière intelligente. Elle aide ses utilisateurs à mieux gérer leur revenu et à épargner. Elle permet de s’élaborer un budget sur mesure, d’éviter des dépenses superflues, d’avoir une traçabilité sur toutes ses sorties d’argent et d’éviter de s’endetter parfois inutilement.
Titulaire d’une licence ès arts en diplomatie et politique mondiale, obtenue en 2014 à l’École des arts et des sciences de l’université de Miami, Winston Reid a créé Alton Technologies pour éduquer les Africains sur la gestion de l’argent et leur donner le pouvoir sur leurs finances.
En janvier 2022, le tech entrepreneur a réussi à obtenir un financement de pré-amorçage de 740 000 $ auprès de Zephyr Acorn, de B2B Saas Forum Ventures, de Future Africa, de Voltron Capital et de Tahseen Consulting, lors d’un tour de table dollars dirigé par la société nigériane Ingressive Capital. Il utilisera l’argent pour embaucher du personnel et étendre la part de marché d’Alton Technologies au Nigeria au cours du second semestre 2022.
Winston Reid a dit vouloir créer « une application de finances personnelles encore plus intuitive et puissante pour toute l'Afrique, plus rapidement et avec plus d'efficacité ». Il a souligné que le financement permettra à l’application « d'évoluer plus rapidement alors que nous passons de la phase bêta privée de l'application Alvin v1 : Labrador à la première version publique d'Alvin plus tard dans le trimestre ».
Au cours de sa carrière professionnelle riche d’une dizaine d’années, Winston Reid a roulé sa bosse dans divers domaines, principalement dans la finance. Son premier poste, il l’occupe en 2011 chez Vector Marketing comme conseil en ventes sur le terrain. En 2012, il change de domaine et devient consultant de langue anglaise chez Shan Herald Agency for News. Une douzaine de fonctions sont ainsi occupées par ce touche-à-tout qui a aussi fait ses preuves dans les secteurs de l’agriTech et l’edTech. Il a travaillé dans plusieurs pays notamment aux États-Unis, au Sénégal, au Nigeria, en Thaïlande et au Kenya.
À travers Alvin Technologies, Weston Reid fournit également aux banques et fintech des fonctions d’interface de programmation applicative pour les aider à améliorer l'engagement de leurs clients et leurs habitudes financières via leurs propres applications.
Melchior Koba
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En quelques mois, il a su s’insérer dans le secteur bancaire en proposant un service éloigné des traditionnelles prestations financières. Ce qu’il vend, son expertise technique et sa célérité dans la production d’outils financiers réclamés par diverses entreprises.
Afin de faire gagner plus de temps aux particuliers et aux entreprises au cours de l’émission des cartes de paiement, il crée une API. Contrairement aux banques qui prennent des semaines voire des mois pour émettre les cartes, il réalise cette action en quelques jours.
Près d’un an et demi après avoir fondé Sudo Africa, le jeune Nigérian Aminu Ibrahim Bakori (photo, à droite) s’est illustré en mars 2022 à travers une levée de fonds de pré-amorçage réussie d’une valeur de 3,7 millions $. Il a suscité la confiance de divers investisseurs de renom parmi lesquels Global Founders Capital Picus Capital, LoftyInc Capital, Rallycap Ventures, Kepple Africa, Berrywood Capital, ZedCrest, Suya Ventures, Olugbenga GB Agboola, le PDG de Flutterwave.
Avec ces fonds, Aminu Ibrahim Bakori a prévu de consolider et développer les activités de Sudo Africa, lancé en janvier 2021 avec Kabir Shittu (photo, à gauche), dont il est le président-directeur général. La société fournit une interface de programmation applicative pour l’émission de carte de paiement physique ou virtuelle au Nigeria.
La solution est née du besoin de raccourcir le temps d’attente assez long que doivent observer les entreprises désireuses d’émettre divers types de cartes (paiement, crédit à la consommation, fidélité, dépenses professionnelles, etc.) pour leurs employés ou clients.
« À un moment donné, nous avons voulu émettre des cartes et avons travaillé avec l’une des banques locales au Nigeria. Ils ont dû imprimer jusqu’à 1 000 cartes, mais cela a pris beaucoup de temps et aucune d’entre elles n’a fonctionné, car la banque n’a pas été en mesure de nous fournir d’API pour gérer les cartes ou même contrôler l’utilisation de ces cartes », se rappelle le jeune homme, qui est titulaire d’une licence scientifique en statistiques obtenue à l’université Ahmadu Bello du Nigeria en 2015.
Sudo Africa est le fruit d’une certaine maturité d’Aminu Ibrahim Bakori, résultant des sept années d’expérience entrepreneuriale qu’il a accumulées avant de se lancer dans cette aventure. En 2013, alors qu’il est encore à l’université, il fonde Friendstie Concept, un réseau social pour nouer des liens à travers le monde dans le but de développer des logiciels. Grâce à Friendstie, Aminu Bakori a permis de développer entre autres un logiciel de gestion scolaire, un logiciel de gestion de stock, un logiciel de gestion de magasin et un autre de gestion de base de données.
En 2017, il poursuit sa fougue créatrice et fonde payant.ng. La start-up propose un logiciel de facturation et de paiement permettant aux freelances et aux petites et moyennes entreprises de créer des factures, d'envoyer des rappels de paiement et d'accepter des paiements instantanés directement sur leurs comptes bancaires en ligne, à tout moment et partout dans le monde.
Aminu Ibrahim Bakori se définit comme « un programmeur et un développeur passionné ». Il dit aimer « développer des applications Web et des applications Windows HTML5 […] J'aime les technologies Microsoft et enseigner aux autres comment utiliser la technologie à bon escient ».
Melchior Koba
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Il s’est lancé dans l’entrepreneuriat depuis 13 ans avec l’ambition d’apporter des changements importants dans les marchés émergents grâce à des solutions durables. Grâce à la confiance de certains investisseurs, il voit les choses en grand.
Le Nigérian Fehintolu Olaogoun (photo, à gauche) est détenteur d’une licence scientifique en électronique et génie électrique, obtenue en 2008 à l’université Obafemi Awolowo du Nigeria. En 2018, il a fondé la start-up CredPal, dont il est le PDG, avec Olorunfemi Jegede (photo, à droite), quatre ans après l’obtention de son Master en technologies de l’information à l’université de Lagos.
En mars 2022, Fehintolu Olaogoun a réussi à lever 15 millions $ pour étendre la présence de la start-up, qui propose des services de crédit à la consommation, à de nouveaux marchés que sont le Kenya, l’Égypte, le Ghana et le Cameroun. Ce sont plusieurs millions de nouveaux utilisateurs qui verront leur pouvoir d’achat relevé, tout comme le revenu de nombreux commerçant. Cette marque de confiance des investisseurs traduit la crédibilité qu’il a su faire gagner à l’entreprise, avec son équipe, au cours des quatre dernières années.
« Nous avons construit une suite marchande pour répondre aux besoins de ceux qui ont des sites Web de commerce électronique à part entière, de ceux qui ont des magasins physiques et des marchands de commerce social. Nous sommes des commerçants agnostiques et notre technologie permet également aux consommateurs de se connecter à CredPal sur un large éventail de canaux », explique Fehintolu Olaogoun.
L’aventure CredPal est le fruit d’un esprit entrepreneurial qu'a développé Fehintolu Olaogoun après l’obtention de sa licence. En 2009, il fonde en effet la société Exolve Technologies Limited Lagos, spécialisée dans le développement d'applications Web et mobiles, les applications d'entreprise, le multimédia interactif et les communautés sociales. En parallèle, il devient en 2014 chef de produit de Tutor.ng, une plateforme d’apprentissage en ligne et hors ligne développée par Exolve Technologies Limited Lagos.
Le succès enregistré par ses différentes initiatives technologiques lui a valu une certaine reconnaissance, aussi bien au niveau national qu’international. Le 21 avril 2022, Fehintolu Olaogoun était convié au sommet Africa Fintech organisé à Washington DC aux États-Unis. Il y a parlé de la finance intégrée et de l’impact de la technologie sur les services financiers et de crédit à la consommation en Afrique.
Melchior Koba
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Le paiement différé commence à gagner de l’ampleur en Afrique. Depuis quelques années, des start-up spécialisées s’installent sur le continent pour profiter d'un marché en plein essor, et des solutions locales émergent pour offrir de la concurrence aux géants du secteur.
Klump est une plateforme financière mise en place par une start-up nigériane éponyme. Elle permet aux utilisateurs d’acheter maintenant et de payer plus tard. La start-up, fondée en 2021 par Celestine Omin (photo, à droite) et Olufunbi Falayi (photo, à gauche), a réussi son premier tour de table de pré-amorçage en mars 2022 d’un montant de 780 000 $ pour, entre autres, agrandir son équipe et améliorer sa technologie. Des investisseurs comme Olugbenga Agboola, président-directeur général de la licorne Flutterwave ; Babs Ogundeyi, président-directeur général de Kuda Bank ou encore Abdul Hassan, président-directeur général de la fintech Mono ; ont été attirés par le projet de Klump.
Selon Célestine Omin, « notre offre BNPL est une étape naturelle dans le développement du secteur du commerce électronique en Afrique, et nous avons l’intention d’être à l’avant-garde en développant la capacité de prendre des décisions de crédit sur les clients en temps réel et d’offrir des paiements flexibles pour aider à réduire la pression économique du paiement unique qui a augmenté de façon astronomique depuis l’émergence de la Covid-19 ».
La plateforme a signé des partenariats avec divers sites de commerce électronique pour se proposer comme un moyen de paiement. Il suffit ainsi de s’enregistrer au préalable sur Klump en fournissant certaines informations personnelles pour profiter des services offerts. L’objectif est d’aider les commerçants à atteindre la prospérité commerciale en fournissant les outils pour offrir à leurs clients la possibilité de payer en petits versements.
Klump, dont les applications sur iOS et sur Android ne sont pas encore disponibles, permet de payer en quatre versements. Les décisions d’octroi de crédit se prennent en 3 minutes avec la vérification d’identité ou encore le niveau de revenu. Les informations fournies lors de la création de comptes sont primordiales dans la prise de décision.
Une fois le crédit accordé, le client paye 25 % de la somme à l’achat et le reste est étalé sur les trois prochains mois à des dates fixes avec des intérêts tournant autour de 2 à 3 %. La fintech n’encourage pas plusieurs prêts, mais il est possible de rembourser plus tôt en se rendant sur sa plateforme.
Adoni Conrad Quenum
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