En moins de trois années d’existence, la start-up développée par trois jeunes tunisiens affiche des ambitions folles. Après le marché national de Tunisie, puis le Maroc, de nouvelles destinations internationales sont ciblées.

Animés par une volonté de participer activement à la transition numérique en Tunisie, Yassir El Ismaili El Edrissi, Hamza Guesmi et Koussi Aymen ont fondé la start-up Lamma en juin 2020. Initialement spécialisée dans les services de covoiturage, la jeune pousse a vite fait de développer ses prestations dans le Quick Commerce, bien consciente de la rude concurrence qui prévaut dans le secteur tunisien des solutions de transports. Elle capitalise aujourd’hui sur les 15 000 clients fidélisés par son activité de covoiturage.

 Le terme de Quick Commerce désigne en effet les activités commerciales de distribution basées sur la promesse d'une livraison effectuée dans un délai très court de l'ordre de 10 à 15 minutes. Les activités relevant du Quick Commerce desservent des zones à forte densité urbaine et s'appuient généralement sur des entrepôts situés en centre-ville. Le Quick commerce peut parfois être opéré à partir d'opération de picking en points de vente traditionnels.

A travers sa plateforme web et mobile, l’argument de vente de Lamma, c’est le temps. La start-up livre aux utilisateurs, principalement répertoriés dans le Grand Tunis, des produits d'épicerie, alimentaires, des soins corporels, des produits électroniques, des articles de mode, etc. Yassir El Ismaili El Edrissi, Hamza Guesmi et Koussi Aymen assurent que la livraison est effectuée en moins de 45 minutes, grâce à de nombreux magasins de relai et son réseau de partenaires. Lamma répond au désir des jeunes Tunisiens d’acheter en ligne et d’entrer en possession de leurs courses sans contrainte de déplacement.

En moins de deux ans, les trois co-fondateurs de Lamma ont réussi à développer leur projet et comptent à ce jour 1000 unités de stockage, travaillent avec plus de 150 commerçants. En fin d’année 2021, ils annonçaient déjà l’ouverture de trois magasins supplémentaires, couvrant ainsi 80 % de la population du Grand Tunis ; et procédaient à l’acquisition de Farm Trust, start-up spécialisée dans l’e-commerce de produits issus de l’agriculture saine et biologique.

Aujourd’hui, les trois associés annoncent l’expansion avec succès de Lamma au Maroc. Une internationalisation rendue possible grâce à un investissement dont le montant demeuré secret a été obtenu auprès d’Orange Ventures en octobre 2021, après leur participation à l'accélérateur Flat6Labs Tunis.

Avec les fonds à leur disposition, les trois compatriotes se projettent bien au-delà de la Tunisie et du Maroc. Ils prévoient de pousser l’expansion de Lamma sur plusieurs autres marchés du continent. Pour Yassir El Ismaili El Edrissi, Lamma est une nouvelle aventure tech loin du secteur des solutions de transports qu’il connait bien. Fondateur de la start-up marocaine Mobilitech et sa marque Taxiii, il avait officiellement cédé l’entreprise le 26 mars 2015 au groupe de Dubaï Careem Networks, propriétaire de l’application de réservation de taxi Careem.

Aïsha Moyouzame

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A la tête d’Alsoug, l’avocate de formation a réussi en quelques années à développer une start-up florissante dans un pays frappé par plusieurs années d’embargo international. Elle a désormais l’ambition d’étendre son succès au reste du continent africain.

Après un parcours académique et une carrière professionnelle à l’international, la Soudanaise Tarneem Saeed n’entrevoyait véritablement pas son avenir au Soudan dont l’économie était fragilisée depuis une trentaine d’années par des conflits et un embargo international. Pourtant, elle est aujourd’hui l’une des plus puissantes femmes d’affaires du pays. Elle est la fondatrice d’Alsoug, une start-up qui fournit une plateforme d’e-commerce, une infrastructure de paiement électronique et une branche logistique pour garantir la livraison au dernier kilomètre.

Tarneem Saeed a quitté le Soudan à l'âge de 14 ans pour poursuivre ses études au Canada. Diplômée de la London School of Economics and Political Science (LSE), elle a entamé une carrière professionnelle en tant qu'avocate d'entreprise chez Allen et Overy, un cabinet d'avocats présent dans plus de 60 pays.

En 2014, alors qu’elle est au Soudan pour des affaires personnelles, elle constate à quel point le pays est déconnecté de l'économie numérique. « Les gens et les entreprises n'exploitaient pas toute la puissance de l'internet. Venant de Londres, le Soudan semblait vraiment vide. Ce qui m'a le plus irrité, c'est la difficulté de connaître le prix de n'importe quoi. Il fallait demander à quelqu'un pour obtenir le prix d'une voiture, d'une maison et même du bétail », explique-t-elle.

Pour remédier à cette situation, elle lance en 2015 le projet Alsoug. Au départ, c’est juste une plateforme de courtage où les consommateurs peuvent vérifier les prix des biens et des services, où les vendeurs et acheteurs peuvent discuter. En 2016, malgré le faible accès à Internet dans le pays, elle enrichit son offre de service en introduisant de petites annonces. Au fil des années, Alsoug évolue dans son modèle commercial. La plateforme intègrera par la suite la vente en ligne ainsi que divers autres outils dont une solution de paiement dénommée Cashi.

En six ans, Tarneem Saeed a réussi à faire d’Alsoug la première start-up d’e-commerce du pays grâce aux multiples fonds récoltés auprès d’investisseurs en capital-risque. Le dernier financement d’une valeur de 5 millions $ obtenu en octobre 2021 auprès de l’égyptien Fawry et d’autres structures d’investissements est le premier du genre après la levée des sanctions économiques contre le pays en 2020.

Malgré les défis persistants liés au genre auxquels sont confrontées les entrepreneures au Soudan, Tarneem Saeed est décidée à aller bien plus loin dans le développement d’Alsoug. La femme d’affaires prépare déjà son entrée dans la finance électronique à travers un système national de paiement qui permettra des transactions rapides, faciles et sûres pour tous les Soudanais(es).

Aïsha Moyouzame

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La Zone de libre-échange continentale africaine est opérationnelle depuis le 1 janvier. Elle est porteuse de nombreuses opportunités d’affaires pour le secteur de l’e-commerce en Afrique. Il est donc crucial que les politiques des pays soient adaptées. Smart Africa Alliance a décidé de s’en enquérir.

Le conseil d’administration du groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé, vendredi 17 décembre, l’attribution d’une subvention de 1,5 million $ à la Smart Africa Alliance, un regroupement de 32 pays d’Afrique, d'organisations et de sociétés internationales qui partagent la vision d’un marché numérique unique sur le continent.

L’argent qui provient du Fonds africain de développement, le guichet concessionnel de la Banque, servira à l’évaluation des lacunes politiques dans les écosystèmes du commerce numérique et électronique de dix pays que sont la Côte d'Ivoire, Bénin, Ghana, Liberia, Ouganda, Soudan du Sud, Zimbabwe, République du Congo, São Tomé et Príncipe et République démocratique du Congo.

Lacina Koné (photo), le président-directeur général de Smart Africa Alliance, a déclaré que « l'un des principaux défis qui empêchent le continent de se préparer à son nouvel avenir audacieux est l'incapacité d'effectuer des paiements transfrontaliers pour des biens et des services en raison d'un manque de solutions et de politiques paralysantes. Notre partenariat avec la Banque africaine de développement est crucial pour créer un environnement propice à la promotion des paiements électroniques, et l'économie numérique est essentielle pour la renaissance de l'Afrique ».

Dans le cadre de sa mission d’évaluation, Smart Africa Alliance consultera les acteurs des secteurs public et privé pour développer un programme de formation en ligne qui bénéficiera directement à 600 parties prenantes, dont des représentants du gouvernement, des petites et moyennes entreprises, des opérateurs de réseaux mobiles du secteur privé, et bénéficiera indirectement à 2 500 autres.

Depuis le 1er janvier 2021, la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) est officiellement entrée en activité. Elle offre un accès au marché à 1,2 milliard de personnes et un produit intérieur brut (PIB) de 2 500 milliards de dollars dans les 55 Etats membres de l'Union africaine. Elle est présentée par la Commission économique africaine des Nations unies (CEA) comme un atout pour une véritable éclosion de l’e-commerce sur le continent. Mais pour que cette perspective se concrétise, il est important que le cadre légal du e-commerce, propre à chaque nation, soit favorable aux échanges internationaux.

Nicholas Williams, le chef de division de la Banque pour les opérations TIC, a affirmé que « ce projet est à la fois opportun et vital. Pour que le continent crée un marché numérique unifié d'ici 2030, les efforts doivent se concentrer sur l'harmonisation et la construction d'un environnement politique cohérent pour le commerce intracontinental ».

Muriel Edjo

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