Pour mettre en œuvre des politiques de développement efficaces, le gouvernement a besoin de données fiables sur sa population. A Kinshasa, les autorités voient dans les TIC un moyen efficace d’acquérir des données de qualité sur lesquelles baser leurs prévisions.
La commune de Kintambo, dans le nord-ouest de Kinshasa, va tester un projet de registre numérique de la population avec la région de Bruxelles-Capitale. Cela suppose une identification numérique préalable des habitants.
Le test qui sera financée par la coopération bruxelloise au développement, gérée par Brussels International, rentre dans le cadre de l’accord de coopération signé le lundi 21 mars à Kinshasa entre le ministre-président de la région de Bruxelles-Capitale, Rudi Vervoot (photo, à gauche) et le gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka (photo, à droite).
Selon Corinne François, la directrice de l'Association de la ville et des communes de la région Bruxelles-Capitale (Brulocalis), un registre numérique contenant un enregistrement officiel de la population « n'est pas du tout anodin sur le plan démocratique ». Elle a souligné que « c'est à la base de tout, pensons aux élections par exemple. Sans registre, c'est la porte ouverte aux fraudes, à la comptabilisation de voix de personnes décédées. C'est aussi important pour savoir où construire une école, un hôpital, etc. »
C’est depuis 2008 que Kinshasa bénéficie de l’expertise des communes belges dans le renforcement des capacités locales en matière d'état civil et de population. Via le programme fédéral de « Coopération Internationale Communale » que coordonnent l'Association de la ville et des communes de la région Bruxelles-Capitale et l'Union des villes et communes de Wallonie (UVCW) depuis 2017, six communes bruxelloises (Bruxelles-Ville, Ixelles, Uccle, Watermael-Boitsfort, Woluwe-St-Lambert, Saint-Gilles) et sept communes wallonnes (Court-St-Etienne, Flémalle, Herve, Namur, Olne, Waremme et Seraing) sont déjà partenaires avec une des 24 communes kinoises.
Si l'expérimentation du registre numérique de la population est concluante à Kintambo, le projet pourrait être étendu à d’autres communes du pays et même évoluer vers le niveau provincial. Avec une base de données sûre de sa population, le gouvernement congolais aura de précieux atouts pour penser le développement socioéconomique.
Muriel Edjo
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La transformation numérique est engagée en Égypte dès 2016. Elle s’est accélérée depuis 2020 et plusieurs services stratégiques de l’État ont déjà été touchés. Des nouveaux sont ciblés.
L’Égypte a pris la décision d’automatiser son système fiscal. Le ministère des Finances, dirigé par Mohamed Maait (photo), a confié cette tâche au fournisseur allemand de logiciels SAP et à la société technologique américaine International Business Machine (IBM), mercredi 9 mars. L’objectif de cette adoption du numérique est d’améliorer la gestion des déclarations fiscales et d’élargir l’assiette de recouvrement des taxes, droits et autres redevances dus à l’État par les citoyens et entreprises.
SAP, en partenariat avec IBM Consulting, va fournir à l’Égypte une solution intégrée basée sur le progiciel SAP® Tax and Revenue Management for Public Sector. Conçue pour doter le ministère des Finances d'une plateforme complète d'automatisation des opérations commerciales, cette plateforme l’aidera à rationaliser et à automatiser ses processus de gestion de manière intelligente, à renforcer la collaboration et à améliorer l'expérience des citoyens. Le système qui a déjà été testé avec succès dans 10 bureaux des impôts du Grand Caire sera étendu à l’ensemble du pays au cours de l'année.
Pour ce qui est d’IBM, elle mettra en œuvre sa solution IBM Cloud Pak for Business Automation, un outil conçu pour intégrer l’intelligence artificielle (IA) dans les processus du ministère. Il offrira aux contribuables, aux agents des impôts et aux collecteurs un parcours fiscal automatisé plus fluide et bien gouverné, qui améliorera la précision des déclarations des contribuables, favorisera une meilleure compréhension du processus fiscal et permettra au ministère de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée, comme la réduction de l'évasion fiscale et l'augmentation des recettes fiscales nationales.
Le projet de numérisation du système fiscal fait partie de la stratégie de développement Egypt Vision 2030 que le gouvernement a lancée depuis 2016. L’un de ses piliers forts est la modernisation des services publics. La transformation du système fiscal actuel fait également partie de la loi fiscale unifiée visant à maximiser les recettes publiques.
Le 22 février dernier, Ragab Mahrous, le porte-parole du ministère des Finances, soutenait que les impôts représentent 75 % des recettes de l’État égyptien. Assainir ce secteur est donc une tâche hautement stratégique pour l’État qui a dans son agenda plusieurs actions de développement à financer.
Adoni Conrad Quenum
Pendant longtemps, le manque d’informations actualisées sur les contribuables et la mauvaise gestion ont entravé la perception efficace des recettes communales par l’État. Sur instruction du président de la République, la technologie a été adoptée pour y remédier.
Soixante communes pilotes testeront la collecte numérisée des impôts au Burundi dès juillet. Le schéma final dudit projet a été validé jeudi 17 mars par les gouverneurs provinciaux, les inspecteurs provinciaux des recettes communales, les administrateurs des communes, au cours d’un atelier organisé par le ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Ce schéma final prévoit entre autres l’adaptation du cadre légal, le recensement de tous les contribuables accompagné de l’attribution du numéro d’identification du contribuable (NIC), l’acquisition du matériel informatique, le déploiement des solutions informatiques à utiliser, la connexion de toutes les communes au réseau électrique national et à Internet, la formation du personnel communal qui sera chargé de gérer au quotidien la collecte des recettes communales.
Niteretse Martin (photo), le secrétaire permanent du ministre de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique, en charge du domaine de l’intérieur et du développement communautaire, a justifié l’introduction du numérique dans la collecte des recettes communales par un souci d’efficacité. Il a souligné l’importance du numérique en tant que vecteur d’amélioration de la relation administration-citoyen, permettant de proposer une offre plus performante de services aux usagers et d’accroître la transparence administrative.
L’atelier de validation du rapport final du schéma de modernisation de la collecte des recettes communales fait suite à celui du 27 janvier, au cours duquel l’étude diagnostique de l’état des lieux de la collecte des recettes communales avait été validée. Le projet de numérisation de la collecte des recettes communales a pris forme après la recommandation à cet effet formulée par le président de la République, Evariste Ndayishimiye, lors de la clôture de la retraite gouvernementale qui s’est tenue du 4 au 5 janvier dernier.
La numérisation du processus de collecte des recettes communales est perçue comme une solution à la mauvaise gestion financière des communes qui a comme conséquence un manque à gagner pour l’État. Elle viendra garantir la bonne gouvernance et assurer à l'État des revenus réguliers.
Ruben Tchounyabe
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Le « coulage » des recettes est un défi face auquel les autorités de Kinshasa sont confrontées depuis plusieurs années déjà. Pour y mettre définitivement fin, l’État a décidé de renforcer les compétences humaines par des atouts technologiques.
Le gouvernement de la République démocratique du Congo a opté pour la numérisation pour sécuriser la perception des droits, taxes et autres redevances financières par le pouvoir central. Il a adopté à cet effet LOGIRAD, un système informatique intégré de gestion de la collecte des ressources financières publiques, lors du Conseil des ministres réuni le vendredi 25 mars à Kinshasa.
Au-delà de sa fonction de dématérialisation de toute la procédure de collectes des droits, taxes et redevances du pouvoir central, la plateforme numérique va également aider le gouvernement dans le contrôle et la gestion des contentieux administratifs et juridiques. L’utilisation du LOGIRAD doit en résumé sécuriser le circuit de perception des taxes, réduire les manipulations humaines, lutter contre la fraude fiscale. Un ensemble de mesures qui favorisera la maximisation des recettes domestiques.
L’utilisation du LOGIRAD sera rendue obligatoire par un texte réglementaire conformément à l’article 3 de l’ordonnance-loi n°13/003 du 23 février 2013 portant réforme des procédures relatives à l’assiette, au contrôle et aux modalités de recouvrement des recettes non fiscales, tel que modifié et complété par l’article 47 de la loi de finances n°21/029 du 31 décembre 2021 pour l’exercice 2022.
Dans son cadre budgétaire à moyen-terme 2022-2024 présenté en septembre 2021, le ministère du Budget a fait du LOGIRAD un atout essentiel de sa politique de sécurisation des recettes publiques. Le gouvernement compte beaucoup sur l’argent que le système contribuera à collecter pour financer plusieurs politiques publiques indispensables au développement socioéconomique du pays.
Le cadre budgétaire 2022-2024 situe les dépenses totales du gouvernement à 89 999,8 milliards de francs congolais (44,7 milliards $). Les dépenses du pouvoir central se situeraient à 74 797,8 milliards de francs congolais sur la période.
Muriel Edjo
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La modernisation du service public par les technologies de digitalisation a été lancée en Ouganda il y a plus de dix ans. Les résultats enregistrés aujourd’hui confortent le gouvernement dans ce choix que d’autres pays africains ont fait bien plus tard.
La numérisation des services du gouvernement a permis à l’Etat d’économiser plus de 4 billions de shillings ougandais (1,1 milliard $) en dépenses publiques directes chaque année, au cours des dix dernières années. Hatwib Mugasa, le directeur exécutif de l’Autorité nationale des technologies de l’information d’Ouganda (NITA-U) l’a affirmé mercredi 23 mars lors du Huawei ICT Congress 2022 qui s’est déroulé à Kampala.
Il a déclaré que ce montant « aurait été dépensé en papier, en processus manuels et en frais de service des centres de données pour chaque ministère, département et agence ». Le patron de la NITA-U a rappelé que, dans son projet de numérisation, l’Etat a déjà « déployé plus de 4172 km de câbles à fibre optique dans 62 districts ougandais. Dans quelques semaines, nous aurons achevé 764 km dans le cadre de la phase du dernier kilomètre et les citoyens pourront accéder aux services administratifs en ligne dans 1400 sites administratifs ».
L’Ouganda est actuellement parmi les pays d’Afrique qui affichent les meilleurs taux de préparation au gouvernement électronique. Dans son dernier « E-governement development index 2020 », l’Union internationale des télécommunications classe le pays à la 18ème place sur les 54 que compte le continent. L’indice du pays ; 0,4499 sur 1; est au-dessus de la moyenne d’Afrique de l’Est (0,3738) et d’Afrique (0,3914). En 2010, l’Ouganda avait un indice de développement du gouvernement électronique de 0.2812.
Au-delà du gain financier, Hatwib Mugasa a souligné que la numérisation des services publics a aussi entraîné un gain de temps pour les Ougandais qui peuvent désormais payer leurs impôts en ligne, se faire établir un passeport depuis le confort de leur domicile, enregistrer une entreprise, etc.
Adoni Conrad Quenum
C’est un grand saut numérique que s’apprête à réaliser la Société nationale d’électricité (SNEL) et la Régie de distribution d’eau (REGIDESO) de la République démocratique du Congo. Lors du Conseil des ministres du vendredi 18 mars, le président de la République, Félix Tshisekedi (photo), a instruit la mise en place dans chacune d’elle d’un système d’information intégré et sécurisé pour le paiement électronique des factures d'ici le 31 décembre. L’objectif est d’accroître la transparence financière dans la collecte des recettes des deux sociétés.
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Du 14 au 20 mars, le président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio, a effectué une visite officielle au Vietnam. Au cours de son séjour, plusieurs accords ont été signés dans plusieurs secteurs, dont les nouvelles technologies.
La République de Sierra Leone se tourne vers l’expertise vietnamienne pour soutenir sa transformation numérique. Dimanche 20 mars, le ministre en Chef Jacob Jusu Saffa a signé, à cet effet, un protocole d’accords avec FPT, un fournisseur vietnamien de solutions numériques.
L’accord prévoit la fourniture par FPT de services de consultation à la Sierra Leone sur le développement socio-économique et les stratégies de transformation numérique. Il stipule également que la société vietnamienne accompagnera le gouvernement sierra-léonais dans la mise en œuvre du gouvernement numérique, le développement de l’économie numérique. Cette coopération touchera aussi le secteur de l’éducation avec des formations en compétences numériques et technologiques de jeunes sélectionnés pour leurs aptitudes intellectuelles.
Pour Trương Gia Bình, le président-directeur général de FPT, la collaboration avec la Sierra Leone contribuera « à affirmer les capacités technologiques de FPT et sa position au niveau mondial, et à réaliser l'objectif de l’entreprise de devenir l'un des 50 principaux fournisseurs de services de transformation numérique dans le monde ».
L’accompagnement technique qu’obtiendra la Sierra Leone de FPT est l'une des retombées de la visite officielle effectuée au Vietnam du 14 au 20 mars par le président de la République Julius Maada Bio. Au cours de son séjour, il s’est entretenu avec son homologue Nguyen Xuan Phuc. Il lui a exprimé son désir de voir les deux pays coopérer dans les domaines de la haute technologie, des télécommunications, de la transformation numérique et de l'innovation technologique.
Dans son dernier rapport mondial sur le développement de l’e-gouvernement, l’Union internationale des télécommunications (UIT) classe la Sierra Leone parmi les pays avec une faible administration numérique. Sur le plan international, le pays occupe la 174e place sur 193. Au niveau continental, il est 3e sur 54 nations. L’appui de FPT peut l’aider à améliorer sa position et ses capacités.
Adoni Conrad Quenum
Dans le nouveau plan de développement national 2021-2025, dévoilé le 22 décembre 2021, le Nigeria fait de la numérisation des services publics un axe indispensable. Mais pour garantir l’efficacité de ces services, une ressource humaine compétente est également requise.
Idongesit Udoh, le responsable nigérian du programme d'accès numérique du gouvernement britannique, a dévoilé le vendredi 18 mars l’intention du Royaume-Uni d’accompagner le Nigeria dans la formation des fonctionnaires aux compétences numériques de base. Lors de la grande finale du DigitalForAll Challenge organisé par Tech4Dev en partenariat avec Microsoft, il a soutenu que cette activité devrait se dérouler dans plusieurs États du pays afin de préparer l’administration publique de chaque région à l’e-gouvernement qui s’accélère.
Idongesit Udoh a affirmé que le soutien du Royaume-Uni à la formation des fonctionnaires nigérians aux compétences numériques de base n’est que la continuité d’une vieille collaboration technologique avec l’État du Nigeria qui a déjà porté plusieurs fruits. « Le Royaume-Uni soutient activement le Nigeria par le biais du développement technologique. Et bien sûr, nous avons travaillé avec le gouvernement fédéral dans le passé sur des sujets tels que l'élaboration du plan national sur le haut débit. Sur le front de la cybernétique, nous avons fourni une assistance technique pour élaborer la nouvelle politique et stratégie nationale de cybersécurité du Nigeria. Et actuellement, nous travaillons avec le secteur privé sur plusieurs fronts, notamment sur les compétences numériques des femmes et des jeunes filles », a-t-il expliqué.
Former ses fonctionnaires aux compétences numériques n’est qu’une échelle réduite de l’ambition de développement grâce au numérique que porte le Nigeria. Le gouvernement veut que 95% de sa population soit apte à utiliser les technologies de l’information et de la communication d’ici 2030. Pour atteindre cet objectif, Mallam Kashifu Abdullahi, le directeur général de l’Agence nationale de développement des technologies de l’information (NITDA), interpelait le secteur privé en janvier dernier sur la nécessité d’investir dans cette tâche.
Une ressource humaine apte à évoluer sans heurts dans l’écosystème de l’administration en ligne est indispensable au Nigeria pour garantir l’efficacité et la rapidité de la nouvelle fonction publique qui ne sera pas uniquement technologique, mais également humaine. Traiter les demandes, initier les procédures, achever le service exigera une connaissance des systèmes numériques et leur manipulation. C’est dans la maîtrise de ces différents outils que le Royaume-Uni souhaite accompagner le Nigeria.
Muriel Edjo
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Le Gabon disposera bientôt d’un Data center qui assurera la gestion et le stockage des données cadastrales, a annoncé la ministre de l’Habitat Olivier Nang Ekomie.
D’après Le Nouveau Gabon, les autorités gabonaises ont jugé cette mesure nécessaire dans un contexte international marqué par la recrudescence des attaques cybercriminelles ou des piratages informatiques.
Pour l’acquisition de fournitures, l’installation et la configuration dudit Data Center, des dossiers d’appel d’offres ont été élaborés et transmis à la direction générale des marchés publics (DGMP) pour avis de non-objection.
Le Gabon prévoit également l’interconnexion des directions provinciales du Cadastre en vue du rapatriement, de la centralisation et du traitement de l’information foncière dans la perspective de l’exécution des travaux sur le même système d’information. Sur cette question, des dossiers d’appel d’offres ont également été transmis à la DGMP pour avis de non-objection.
SG
Place forte de l’industrie minière mondiale, l’Afrique place plusieurs de ses pays parmi les principaux producteurs de minéraux comme l’or, les platinoïdes, le diamant, le cobalt, le cuivre ou encore la bauxite. Alors que la quatrième révolution industrielle s’étend progressivement au continent, les compagnies qui y sont actives utilisent déjà les nouvelles technologies pour optimiser l’exploration et l’exploitation minière. À leur niveau, les États ne sont pas en reste et c’est leurs efforts destinés à améliorer la gestion du secteur que WeAreTech vous raconte, dans cette quatrième partie de sa série consacrée à la digitalisation d’un certain nombre de secteurs économiques en Afrique.
Si l’implémentation des nouvelles technologies est encore à ses balbutiements dans plusieurs domaines sur le continent, les acteurs du secteur minier ont pris très tôt conscience de leur potentiel pour mieux mener leurs activités. D’après l’Agence Ecofin, le continent joue même un rôle de pionnier dans l’industrie minière mondiale, en matière d’automatisation. Certaines mines du continent témoignent d’ailleurs de cette utilisation de la technologie, en l’occurrence Syama au Mali et Kibali en RDC, où l’automatisation de certaines tâches a permis d'accroître le rendement des opérations et donc les bénéfices pour toutes les parties prenantes, qu’il s’agisse de l’État, des compagnies minières ou encore des communautés locales. Les outils utilisés vont de l’analyse de données permettant de mieux planifier les activités à la mine, à l’internet des objets et ses applications dans le suivi des opérations d’extraction et de traitement. Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, l’utilisation de la technologie dans l’industrie minière a permis par exemple de continuer les activités avec le minimum de risques pour le personnel. La sécurité n’est qu’un avantage parmi tant d’autres, car l’automatisation offre aussi un gain de temps et réduit les coûts de production, un argument de poids pour les compagnies minières.
La digitalisation comme outil de transparence
Les avancées technologiques ne servent pas qu’à optimiser les travaux d’exploration puis d’exploitation des mines. Elles présentent pour les gouvernants et les citoyens plusieurs atouts, dont prennent progressivement conscience les dirigeants africains. L’un de ces avantages reste la transparence. Alors que les États miniers africains tentent de se débarrasser de cette image de pays où règnent en maître les accords opaques autour des obtentions et transferts de titres de propriété miniers, l’option de la digitalisation du cadastre minier gagne de plus en plus du crédit auprès des dirigeants.
Le premier avantage d’un tel système digitalisé est qu’il permet de respecter plus facilement le principe du « premier arrivé, premier servi », une norme internationale au niveau des concessions minières qui n’ont pas encore été attribuées. Avec un journal de bord qui indique la date et l’heure de la demande de permis, les autorités peuvent en effet mettre fin aux contestations qui ne manquent pas de survenir quand plusieurs sociétés soumettent des demandes pour le même permis. De plus, grâce à une carte interactive disponible sur la plateforme, les sociétés minières, mais aussi les citoyens, peuvent connaître à tout moment les différents propriétaires des titres miniers délivrés par le gouvernement sur toute l’étendue du territoire. Enfin, les frais pour une demande de titre minier peuvent être payés de façon électronique (Mobile Money ou virement bancaire) en utilisant l’une des fonctionnalités de la plateforme. Cela évite au demandeur d’être soumis aux désidératas d’un fonctionnaire des Mines indélicat et assure au Trésor public une collecte transparente et efficace des recettes.
Il faut souligner que ces avantages sont des arguments non négligeables pour attirer les investisseurs miniers, car le système participe à l’amélioration du cadre réglementaire. Selon le think tank canadien Fraser Institute qui publie chaque année un classement des juridictions minières les plus attractives dans le monde, les compagnies minières tiennent aussi bien compte du potentiel minier d’un pays que des politiques minières (lois et environnement des affaires notamment), avant d’y investir.
Depuis près d’une décennie, plusieurs pays du continent ont donc fait appel à des spécialistes afin de mettre en place une plateforme électronique permettant de faire une demande de titre minier (permis de prospection ou d’exploration). L’américain Trimble indique, par exemple, ses différents systèmes de cadastre minier digital sont déjà utilisés en Afrique par la Namibie, le Kenya, le Cameroun, le Lesotho, le Liberia, le Malawi, l’Ouganda, le Rwanda, le Ghana et bien d’autres. En août 2021, le Botswana, déjà classé comme la meilleure juridiction minière en Afrique en matière de politiques minières et de potentiel minéral par Fraser Institute, est même devenu le dernier pays africain à recourir aux services de cette entreprise.
« Depuis plusieurs décennies, le Botswana est admiré pour avoir l'un des meilleurs systèmes de cadastre minier au monde. Nous sommes impatients d'aider le gouvernement à devenir encore plus efficace, responsable et accueillant pour les investisseurs, tout en favorisant la collecte des recettes publiques », commente alors Bill Feast, président de Spatial Dimension, filiale de Trimble.
La technologie au service de la traçabilité de la production minière
L’amélioration du cadre réglementaire n’est pas le seul avantage qu’offre la technologie aux États africains. Le gouvernement ghanéen en a donné récemment l’exemple, en annonçant la numérisation complète de son laboratoire national d’analyse des minerais précieux. Pour le DG de la Precious Minerals Marketing Company, cette avancée permet aux dirigeants de mieux assurer la traçabilité des exportations et lutter contre les fraudes, car la production minière est désormais dotée de certificats d’authenticité difficilement falsifiables.
« En cliquant sur un bouton, les personnes autorisées peuvent tracer la quantité d'or exportée en kilogrammes et en onces, la destination de l'exportation, la valeur en cédis ghanéens et en dollars, la retenue à la source, l'exportateur et bien d'autres données pertinentes », ajoute-t-il.
Si la technologie utilisée n’a pas été précisée, d’autres outils numériques font davantage l’objet de publicité, à l’image de la blockchain. L’outil, peu connu il y a une décennie, a gagné une publicité importante ces dernières années et ses applications dans l’industrie minière commencent à peine à se généraliser. En Afrique, les compagnies minières sont à nouveau à l’avant-garde et certaines d’entre elles, notamment les producteurs de diamants canadien Lucara et sud-africain De Beers l’utilisent déjà. En garantissant à tous ceux qui y ont accès le caractère infalsifiable de toutes les transactions, la blockchain permet aux clients de ses entreprises de retracer le parcours des pierres précieuses afin de s’assurer que la chaîne d’approvisionnement obéit à des normes responsables. En RDC, des initiatives blockchain voient aussi le jour depuis quelques années pour permettre aux groupes industriels consommateurs de cobalt de suivre la production du pays et s’assurer que le métal n’est pas produit grâce au travail des enfants.
Pour l’instant, les États miniers africains sont peu présents sur cette technologie, mais ses avantages devraient les inciter à y recourir progressivement.
Emiliano Tossou