L’entrepreneure d’origine congolaise se démarque à l’international dans la valorisation des créations artistiques africaines. Elle s’appuie sur les nouvelles technologies pour concrétiser ses ambitions de faire de sa plateforme, Pavillon 54, le réseau par excellence des acteurs et des passionnés de l’art.
Alors qu’elle mène une carrière internationale riche de 13 ans d’expérience dans le secteur financier, Dana Endundo Ferreira (photo) souhaitait faire quelque chose qui la passionnait. Née de parents collectionneurs, elle a toujours nourri un grand intérêt pour l’art et la culture.
« Je me suis rendu compte que malgré la popularité croissante de l'art africain contemporain sur la scène artistique mondiale ces dernières années, la majorité des gens ne s’imagine pas que l'art africain haut de gamme est prisé sur certains marchés internationaux », relate-t-elle.
Diplômée d’un Master in Business Administration à l’université de Columbia aux Etats-Unis, en 2012, elle s’est ensuite spécialisée dans les stratégies numériques et le marketing digital dans des entreprises américaines. En 2018, elle s’est installée au Royaume-Uni, où elle a travaillé en tant que consultante pour une fintech ayant des aspirations commerciales en Afrique. Son expérience dans le numérique, elle a décidé de la mettre au service de l’art africain, en fondant Pavillon 54, une plateforme digitale autour de l'art moderne et contemporain d'Afrique et de la diaspora.
Pavillon 54 connecte à la fois les artistes, collectionneurs, acheteurs, institutions du domaine et amoureux de l’art. Il s’agit d’une solution centralisée qui relie les différents acteurs, facilitant la découverte et l’investissement dans l’art africain et de la diaspora tout en contribuant à un développement à long terme du marché. Dana a pour objectif de créer « la première plateforme leader dédiée au développement des arts et de la culture de l'Afrique, par les Africains, pour les Africains et pour le reste du monde ».
Pour parvenir à un tel exploit, elle repose sa stratégie, dit-elle, sur les 3 C, à savoir : commercial, contenu & communauté. L’aspect commercial implique tout naturellement les différents achats d’œuvres africaines. Elle entend ensuite proposer un contenu éducatif pour combler le vide d'information sur l'art africain avec un blog bien documenté et d'autres ressources ; et enfin, elle organise des événements qui contribuent à créer une communauté forte où les cultures africaines sont partagées et célébrées. A ce jour, une quarantaine d’artistes réputés sont répertoriés sur Pavillon 54, où ils exposent diverses œuvres entre peintures, photographies et sculptures vendues de 1 000 à 10 000 dollars.
Si les chiffres sont prometteurs, Dana Endundo Ferreira déplore toutefois le manque de soutien financier et d’infrastructures dans les métiers des arts en Afrique, malgré le fort potentiel de cette industrie à l’international.
« Nous consacrerons bientôt également un espace sur notre plateforme pour présenter et offrir plus de visibilité aux jeunes artistes qui n'ont pas de représentation formelle en galerie ou d'autres opportunités d'exposition, mais démontrent un grand talent et beaucoup de potentiel », annonce l’entrepreneure qui ambitionne de faire de Pavillon 54 la référence mondiale en matière d’art contemporain et moderne d’Afrique et de la diaspora.
Aïsha Moyouzame
Ashraf Atia et Ramy Assaf révolutionnent le c-Commerce, une forme de commerce conversationnel au sein des applications de messagerie instantanée. En 5 ans, ils ont réussi à créer la 1re plateforme de c-commerce de la région MENA, et annonce l’expansion de sa solution en Egypte.
En 2016, Ramy Assaf (photo, à droite) et sa femme lançaient une petite activité de vente de chapeaux via une page Instagram, traitant les commandes par WhatsApp. Alors qu’il travaillait à l’époque pour la société de capital-risque Middle East Venture Partners (MEVP), il a décidé de s’aventurer dans l’entrepreneuriat après avoir constaté que sa petite activité de vente en ligne constituait une opportunité à développer dans la zone MENA.
Cependant, la notion de suivi des commandes et de gestion des clients restait un point sensible, et il a décidé d’en faire son cheval de bataille en créant la start-up Zbooni en 2017. Quelques mois plus tard, Ashraf Atia (photo, à gauche) le rejoint, et ensembles ils décident de révolutionner les opérations électroniques d’achats et de ventes dans la région du MENA grâce au c-commerce, une nouvelle forme de commerce conversationnel qui permet aux entreprises de vendre davantage par le biais d'applications de chat populaires, comme WhatsApp, Telegram ou Messenger.
Les moyens pour un tel investissement, ils les ont obtenus auprès d’investisseurs régionaux et mondiaux qui les accompagnent dans leur expansion. Très vite, l’idée a séduit dans plusieurs pays, et Zbooni a progressivement ouvert ses bureaux régionaux aux Emirats arabes unis, en Arabie saoudite et en Jordanie, et sert actuellement une base de commerçants de plus de 6 000 entreprises.
En septembre 2021, Zbooni a réalisé un tour de financement de série A de 9,5 millions de dollars pour accélérer son expansion dans la région. Trois mois plus tard, la start-up a signé un partenariat de paiement avec JumiaPay Egypt, la plateforme de paiement égyptienne de Jumia Group. Le 16 février, le duo d’entrepreneurs a annoncé le lancement de sa plateforme en Egypte, ce qui aidera les entreprises locales à utiliser ses outils pour interagir et s'engager avec les clients, avec la sécurité des transactions traitées par JumiaPay.
Zbooni permet ainsi aux entreprises de convertir les conversations en transactions en partageant des paniers d'achat et des liens de paiement en temps réel, tout en assurant un suivi complet des opérations. Elle offre aux utilisateurs la possibilité de saisir des commandes, d'accepter des paiements et de vendre davantage, tout en assurant un suivi complet.
« Le panier moyen du c-Commerce est 2,7 fois plus grand que celui du e-Commerce traditionnel et les taux de conversion sont 20 fois plus élevés […] Zbooni utilise des outils avancés d'apprentissage automatique et d'IA (intelligence artificielle) pour protéger les commerçants et les clients, en garantissant une prévention de la fraude », affirme Ashraf Atia.
Avec le lancement de Zbooni en Egypte, les fondateurs ciblent les 50 millions d'utilisateurs de réseaux sociaux que compte le pays. « Nous sommes ravis de nous lancer en Egypte et de lancer le c-commerce avec des entrepreneurs et des entreprises égyptiennes inspirantes. En tant qu'Américain d'origine égyptienne qui a vécu et travaillé dans toute la région, c'est un honneur de pouvoir apporter de nouvelles solutions technologiques à mon pays d'origine. Avec l'aide de notre partenaire clé JumiaPay et de la National Bank of Egypt, nous espérons aider des milliers d'entreprises égyptiennes à vendre davantage avec Zbooni en 2022 », a-t-il conclu.
Aïsha Moyouzame
Le jeune Camerounais veut apporter les soins de santé au plus grand nombre de personnes dans le pays grâce à son application numérique OuiCare. Le Sénégal est déjà dans son viseur.
Les envies d’immigration qu’Emmanuel Assom (photo) entretenait, il y a près de huit ans, ne sont plus aujourd’hui qu’un souvenir. La healthtech OuiCare qu’il a lancée il y a près de six ans, pour améliorer l’accès des patients aux soins de santé avec le numérique, prend ses marques auprès des utilisateurs et des médecins. Elle l’occupe beaucoup et le passionne. Fin 2021, il indique qu’elle enregistrait déjà 3 000 clients abonnés, sur un effectif de plus de 20 000 utilisateurs.
Emmanuel Assom a développé OuiCare, à la base comme un carnet de santé électronique, pour remplacer le carnet papier et permettre au patient d’avoir toujours à disposition ses informations médicales sur smartphone ou ordinateur. Ainsi, le patient peut être reçu dans une structure hospitalière, peu importe la ville ou le pays dans lequel il se rend. Cette idée a germé dans son esprit après le décès de son père. Malade, il est mort dans un centre de santé où il s’était rendu en urgence sans son carnet médical. Emmanuel estime que le médecin aurait pu agir plus rapidement s’il avait pu accéder à son historique médical.
Le jeune Camerounais formé en maintenance informatique – qui travaillait comme agent d’entretien dans une structure de la place et dépannait des ordinateurs – utilise l’argent qu’il avait économisé pour émigrer en Europe pour s’associer avec quelques amis. En 2016, ils fondent ASTA (Advanced and Suitable Technologies for Africa), une entreprise de développement d’applications web et mobile pour entreprises et particuliers. Grâce à ce premier investissement, OuiCare a vu le jour.
Aujourd’hui, après plusieurs améliorations, OuiCare est désormais composé de deux plateformes. La première, pour les patients, leur permet d’accéder aux médecins, d’accéder à la téléconsultation, à leurs données médicales. La seconde, réservée aux médecins, leur permet d’effectuer le suivi des patients, de gérer leur traitement. La start-up, basée à Yaoundé et Douala, prépare d’autres améliorations comme la géolocalisation des pharmacies.
En 2021, Emmanuel Assom a remporté le prix Orange de l’entrepreneur social des TIC en Afrique et au Moyen-Orient (Poesam). La healthtech a bénéficié ainsi d’un prix de 25 000 euros et d’un accompagnement chez les incubateurs Actives Spaces au niveau national et Bond'innov en France. Elle vient également d’intégrer le Cameroon digital innovation center (CDIC), le nouvel incubateur lancé le 8 février 2022 par le gouvernement. Avec sa trentaine de médecins déjà enregistrée, OuiCare souhaite étendre ses services à toutes les régions du Cameroun, puis à d’autres pays africains, à l’instar du Sénégal où des procédures administratives ont déjà été engagées.
Ruben Tchounyabe
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Fondateur d’Insightiv, une plateforme de télémédecine, cet ingénieur en Machine Learning a décidé de mettre ses capacités au service de l’amélioration de l’imagerie médicale dans les hôpitaux du Rwanda. Avec sa récente levée de fonds auprès de HealthTech Hub Africa, il espère une collaboration avec le système de santé publique.
Alors qu’il était étudiant au Massachusetts Institute of Technology (MIT) aux Etats-Unis, Audace Nakeshimana (photo) a fondé Insightiv en 2019, une start-up spécialisée dans l'intelligence artificielle et la téléradiologie. En plus de ses fonctions de directeur exécutif, il occupe également un poste d’ingénieur chez Apple depuis septembre 2020, où il est spécialisé en Machine Learning. Sa start-up, il a choisi de l’établir au Rwanda pour impliquer les talents locaux dans le développement de la technologie et s'assurer que la solution peut se concentrer sur la résolution du problème dans un contexte africain.
C’est pour faciliter l'accès aux diagnostics par imagerie médicale qu’Audace Nakeshimana a fondé Insightiv. « En grandissant, nous avons entendu des histoires de gens qui étaient malades et qui ne savaient pas ce qu'ils avaient. Puis cette personne rentrait chez elle et finissait par mourir […] ma grand-mère en fait partie, ainsi qu'une de mes tantes. Si l'on y regarde de plus près, beaucoup de gens meurent à cause du manque de moyens de diagnostic », a-t-il affirmé.
Insightiv développe une technologie avancée pour aider les radiologues à détecter plus rapidement les maladies potentiellement mortelles, rendant ainsi l'imagerie médicale opportune et accessible. La solution, riche en fonctionnalités, fournit des outils basés sur les diverses modalités de visualisation de l'image, ce qui permet aux spécialistes de l'imagerie médicale d'accéder à une large gamme d'outils pour une meilleure analyse. Elle leur permet de créer et de soumettre des rapports à l'aide d'une plateforme unique. En tant que système basé sur le cloud, la plateforme Insightiv Diagnostics aide le personnel de santé à se concentrer sur les soins aux patients plutôt que sur les questions techniques.
Courant 2020, Audace Nakeshimana a été finaliste du PKG Center’s IDEAS Social Innovation Challenge, et a reçu un financement de 16 000 dollars. En décembre 2021, il a remporté le concours de HealthTech Hub Africa et obtenu 30 000 dollars. L’entrepreneur entend utiliser ce financement pour améliorer son service et se rapprocher des législateurs afin de collaborer avec le système de santé publique.
Dans 10 ans, il projette d’atteindre 10 % de la population rwandaise avec sa solution de diagnostic rapide.
« Si vous regardez aujourd'hui, le système de soins de santé actuel n'a la capacité de diagnostiquer qu'environ 200 000 à 300 000 patients […] Nous pensons que si une organisation privée comme Insightiv peut prendre en charge 10 % de la population, cela signifie que nous ferions plus que ce que le système national de soins de santé fait aujourd'hui. C'est un objectif ambitieux, mais réaliste », conclut-il.
Aïsha Moyouzame
L’Afrique affiche la possession de voitures par habitant la plus faible au monde, en raison de l’accès limité aux financements pour l’achat de véhicules. Un problème que Ladi Delano et Jide Odunsi espèrent résoudre avec la start-up Moove Africa.
Ladi Delano (photo, à droite) et Jide Odunsi (photo, à gauche), entrepreneurs d’origine nigériane installés en Angleterre, veulent démocratiser la mobilité en Afrique par le biais des nouvelles technologies. Ils ont fondé Moove Africa, une start-up proposant une plateforme digitale où les utilisateurs et les entrepreneurs du domaine des transports ont accès à des options de prêts pour l’achat de véhicules. De la London School of Economics, à l'université d'Oxford en passant par le MIT, le duo d’entrepreneurs affiche un parcours académique remarquable.
Ladi Delano, un entrepreneur en série, et Jide Odunsi, ancien banquier d'affaires chez Goldman Sachs et ancien consultant en gestion chez McKinsey, cumulent environ 8 années d’expérience dans l’entrepreneuriat, avec trois entreprises créées parmi lesquelles Moove Africa. Animés par la passion commune de contribuer au développement de l’Afrique, ils ont décidé d'y consacrer leur expérience.
Ils ont officiellement lancé Moove Africa en juillet 2020 après avoir constaté que la demande de véhicules en Afrique dépasse largement la production locale, laissant des millions de particuliers et d'entreprises dépendre des importations. Ces véhicules d’occasion, pour la majorité, ne sont pas toujours en bon état. Dans certains pays comme le Nigeria, des mesures gouvernementales ont été mises en place pour limiter l’importation de véhicules au profit de la fabrication locale. Ces mesures ont toutefois rendu l’accès aux véhicules encore plus difficile.
C’est donc pour permettre aux populations d’avoir accès à des véhicules de qualité que Moove Africa est née. La start-up propose une application où les utilisateurs ont la possibilité d’accéder à des services financiers leur permettant d’acheter des véhicules. Grâce à leur solution, les utilisateurs ont la liberté de rembourser leur prêt en 30, 36 ou 48 mois en payant un pourcentage de leur revenu hebdomadaire. A ce jour, les voitures financées par Moove ont effectué plus de 2,6 millions de voyages et parcouru plus de 30 millions de kilomètres sur six marchés, à savoir Lagos, Accra, Johannesburg, Le Cap, Nairobi et Ibadan.
En moins de deux années d’existence, Ladi Delano et Jide Odunsi ont réussi à lever 78 millions de dollars auprès d’investisseurs, dont la plus récente levée de fonds, un financement de 10 millions de dollars auprès de NBK Capital Partners le 1er février.
« L’opération alimentera notre trajectoire de croissance continue, alors que nous étendons nos opérations régionales pour donner du pouvoir à davantage d'entrepreneurs de la mobilité », a déclaré Ladi Delano, cofondateur et directeur général de Moove Africa.
Le 10 février, les fondateurs de Moove Africa ont annoncé un partenariat avec CFAO Motors, un département de CFAO Automotive, présent dans 36 pays. « Nous sommes particulièrement fiers de travailler aux côtés du plus grand réseau de distribution automobile d'Afrique et, grâce à cela, nous sommes maintenant dans une position encore plus forte pour donner à une nouvelle génération d'entrepreneurs de la mobilité prospères et productifs les moyens d'agir », a précisé Ladi Delano.
Aïsha Moyouzame
A la tête de ProXalys, une start-up spécialisée dans les opérations de nano-crédit et de commerce électronique B2B du secteur informel, Thierno Sakho entend y réinventer l’ensemble de la chaîne de valeur. Avec sa récente levée de fonds auprès de Haskè Ventures, il projette une expansion à l'international.
Expert en banque, finance et microfinance, le Sénégalais Thierno Sakho (photo) cumule plusieurs années d’expérience dans les marchés financiers, le corporate banking et les assurances. Celui qui se passionne pour les problématiques de transformation digitale a fait usage de ses compétences au profit du secteur informel en fondant ProXalys SAS, une plateforme de commerce électronique B2B simplifiant la chaîne d'approvisionnement entre les producteurs et les détaillants informels.
Il a eu l’idée de ProXalys SAS en 2021, après avoir constaté que les acteurs et entrepreneurs du commerce informel accèdent difficilement aux services classiques de prêt ou de crédit.
« L’informel est une cible dont la digitalisation est cruciale. Nous comptons innover sur les méthodes opérationnelles en place, en vue de renforcer et moderniser les canaux de distribution. Notre objectif est de permettre aux entrepreneurs informels de résister à la double révolution digitale et de distribution créée par les grandes multinationales présentes sur le continent », a-t-il expliqué.
Le cadre réglementaire d’octroi de crédit étant difficile, il décide alors de proposer un service d’approvisionnement en produits de consommation courante. ProXalys dispose de trois outils de gestion et de capture des flux financiers quotidiens, notamment l’application de prise de commande pour les distributeurs de l’informel, un système informatique de gestion administrative, de suivi des commandes, et de gestion des paiements, et un système de gestion logistique de la chaîne d’approvisionnement. En regroupant l’ensemble de la chaîne de distribution sur une seule plateforme, la start-up renforce la capacité de vente de ses clients et facilite leurs besoins en fonds de roulement.
En moins d’un an, il a réussi à se faire une centaine de clients à Dakar parmi les détaillants, distributeurs et producteurs, sa super app jouant le rôle d’intermédiaire pour leurs différentes opérations. En décembre 2021, Thierno Sakho a réalisé sa première levée de fonds, à hauteur de 150 000 dollars, en phase de pré-amorçage, avec Haskè Ventures comme investisseur principal. Grâce à cet investissement, l’entrepreneur compte renforcer la présence de ProXalys au Sénégal et conquérir à terme toute la sous-région ouest-africaine.
Aïsha Moyouzame
Fondateur d'Open Si, start-up du domaine des nouvelles technologies, cet ingénieur en système d’information et génie logiciel a décidé de mettre ses capacités au service de la transformation numérique de son pays. Plusieurs fois primé au niveau local et à l’international, il projette de s’investir dans de nouveaux marchés.
Diplômé d’avionique de l’Ecole de l’air de Marrakech et de génie logiciel de l’Institut de mathématiques et de sciences physiques de l’université d’Abomey-Calavi, Gilles Kounou (photo) nourrit une grande passion pour le numérique depuis l’âge de 13 ans. Il faisait déjà la fierté du Bénin en se distinguant parmi les plus jeunes codeurs de l’époque. Celui qui a consacré ses premières années professionnelles à la diffusion du principal progiciel open source de gestion des universités au sein de la sous-région ouest-africaine est aujourd’hui à la tête d'Oepn SI, start-up essentiellement orientée vers la transformation numérique et l’innovation technologique.
Le lauréat du Prix francophone de l’innovation numérique de 2015 occupe également un poste important au sein de la mairie de Cotonou où il est conseiller. Distingué par le deuxième Prix Société Générale pour avoir réinventé l’expérience client en agence bancaire, il a également fait ses preuves dans des structures comme le Google Developer Group d’Abomey-Calavi et le Réseau d’éducation et de recherche du Bénin. C’est entre ses fonctions administratives, sa start-up et ses recherches sur l’utilisation du numérique que le trentenaire partage désormais ses journées.
Conscient des enjeux du numérique à l’ère des nouvelles technologies, il a lancé Open Si en 2013 avec pour objectif de résoudre les problématiques locales de développement. Finances, éducation, agriculture, administration, commerce, il regroupe s'intéresse à des domaines stratégiques de développement. Sa start-up accompagne la transformation digitale des organisations et des entreprises en mettant à leur disposition des méthodes et des systèmes d’information innovants.
A son actif, plusieurs réalisations à succès comme la plateforme goMedical, un service de mise en relation entre les professionnels de santé, Orange Banque (Bankiz), une borne de dématérialisation des opérations bancaires en agence. Le féru des nouvelles technologies a également laissé son empreinte dans l’administration, avec la création d'e-Conseil des ministres, une plateforme de planification des opérations du Conseil des ministres et de déroulé des réunions gouvernementales.
Grand gagnant du deuxième prix au concours prix Mission Billion, édition « Wuri Afrique de l'Ouest » de la Banque Mondiale, il a été sélectionné la même année dans la liste des jeunes dirigeants africains par le Choiseul 100 Africa. L’entrepreneur qui ne cesse d’aller de succès en succès ne se repose pas sur ses lauriers. Il porte désormais l’ambitieux projet de conquérir l’Afrique de l’Ouest.
Aïsha Moyouzame
L’entrepreneur social s’engage pour le développement d’une agriculture africaine appuyée sur les nouvelles technologies. « On peut utiliser des robots ou des tracteurs connectés, ou bien des capteurs qui permettent un contrôle à distance » est-il venu expliquer à la cheffe du gouvernement togolais Victoire Tomégah-Dogbé, la semaine passée.
Né à Kaolak, au Sénégal, au sein d’une famille modeste de 28 enfants, Thione Niang se décrit à la fois comme un « stratège politique, entrepreneur social, auteur, leader communautaire, conférencier international et consultant ». Arrivé aux Etats-Unis en 2000 avec seulement 20 $ en poche, il est aujourd’hui à la tête de six organisations internationales dont Akon Lighting Africa, un projet d’électrification de l’Afrique, ou encore JeufZone Farms, qui veut répondre aux besoins alimentaires de l’Afrique. Grâce à son travail acharné, il a réussi à devenir une célébrité internationale et une source d’inspiration pour la jeune génération africaine.
Sa carrière professionnelle aux Etats-Unis, Thione Niang l’a débutée par des petits métiers. Après quelques mois dans le Bronx à New York, où il travaille dans un restaurant, il déménage à Cleveland où il rejoint le monde politique et travaille dès 2005 comme volontaire pour la campagne municipale du conseiller local démocrate Kevin Conwell. Il devient ensuite directeur adjoint de la campagne du candidat à la mairie Frank Jackson. Bien plus tard, il est directeur de campagne de la députée noire Shirley Smith qui veut devenir Sénatrice. C’est elle qui lui présente le sénateur Barack Obama en 2006, à Columbus.
Deux ans plus tard, Thione Niang devient l’organisateur communautaire pour le Président Barack Obama lors des élections présidentielles de 2008. Il est ensuite nommé co-président national de « gen44 », la 44e initiative de collecte de fonds des jeunes américains, pour la campagne de réélection de 2012 du président.
Panafricain dans l’âme, il a décidé de revenir dans son pays natal en 2014 pour y développer des projets à impact à l’instar de JeufZone Farms qu’il a fondé en 2015. Son objectif, répondre aux besoins agricoles de l'Afrique en développant ce secteur par le biais des nouvelles technologies.
“Réponse de Thione Niang à un expert hollandais qui lui demandait son plan de développement pour l’Afrique sur 3 ans” #Afrique pic.twitter.com/Tm1pQSvuRg
— Ndaya Kankolongo (@lisapongeC) January 30, 2022
JeufZone Farms est spécialisé dans la production, la commercialisation, la conservation et la distribution de produits agricoles. Sur une surface de 75 hectares, les jeunes qu’il encadre pratiquent des activités agricoles, contre 50 % de leurs bénéfices. La structure approvisionne ses propres restaurants au Sénégal, et dispose d’un site Internet pour la livraison. Elle fournit également les outils, formations et les expériences nécessaires aux jeunes qui souhaitent se lancer dans ce secteur.
« Ce n’est pas un travail de pauvre dans des villages sans eau ni électricité qu’il faut absolument quitter pour trouver un job de gardien à Dakar. L’agriculture est noble, elle compte parce qu’elle est la base de notre indépendance économique. C’est elle qui nourrit le pays », affirme-t-il.
Son projet mené avec succès, celui dont l’action rayonne désormais dans de nombreux pays africains et au-delà, a déjà formé plus de 200 jeunes. Pour l’année 2022, le quadragénaire envisage de conquérir le marché togolais, où il entend développer l’agriculture et intervenir dans plusieurs autres domaines. Il a échangé à cet effet jeudi 3 février avec le Premier ministre togolais Victoire Tomégah-Dogbé. « La spécificité, c’est que l’on peut utiliser des robots ou des tracteurs connectés, ou bien des capteurs qui permettent un contrôle à distance pour éviter les déplacements sur les grandes exploitations dans le domaine agricole, par exemple. Nous allons voir dans quelles mesures ça peut se faire au Togo », a-t-il expliqué.
Aïsha Moyouzame
Diplômé de l’université d’Oxford Brookes au Royaume-Uni, l’entrepreneur d’origine ghanéenne Danny Manu est connu pour avoir conçu myManu, des oreillettes avec traduction intégrée. Pour 2022, il annonce le lancement de Titan, le premier modèle d’écouteurs connectés à la 4G.
Danny Manu, entrepreneur britannico-ghanéen, se décrit comme « un ingénieur très ambitieux et travailleur qui s'efforce de développer des solutions susceptibles de changer la vie des gens ». Agé de 33 ans, le diplômé de l’université d’Oxford Brookes est né au Royaume-Uni de parents ghanéens. Il a travaillé auparavant pour les entreprises Quanta Networks Inc. et Medybird avant de se lancer dans l’entrepreneuriat en 2014, en fondant sa start-up MyManu, sur fonds propres.
Pour l’année 2022, Danny Manu a annoncé le lancement de Titan, les premières oreillettes connectées à la 4G, lors du CES (Consumer Electronic Show) de Las Vegas. Les oreillettes Titan, équipées d'une eSIM, permettent d’émettre et de recevoir des appels indépendamment du smartphone.
Elles ont la capacité de garder l'utilisateur en contact et connecté via les données cellulaires. Elles peuvent être contrôlées par une interface vocale, ce qui évite d'avoir recours à un écran ou à des boutons de commande. « Il existe de nombreuses situations dans lesquelles vous ne voulez pas emporter votre téléphone ou vous ne pouvez pas l'avoir sur vous, mais vous voulez quand même rester connecté. Titan résout ce problème », assure-t-il.
La technologie de Titan établit de nouvelles normes en matière de fiabilité et de sécurité des réseaux, les écouteurs utilisant les données cellulaires grâce à la carte eSIM qu'ils contiennent. Pour Danny Manu, cette nouvelle invention pourrait progressivement rendre les téléphones obsolètes. « Il s'agit d'une véritable percée pour l'industrie de la téléphonie, et cela va bouleverser la façon dont nous pouvons communiquer en utilisant la technologie en général. Disposer d'un appareil qui ne nécessite ni le toucher ni la vue pour fonctionner, c'est enfin éloigner la technologie de cette dépendance aux écrans dont souffre le consommateur d'aujourd'hui et c'est un pas dans la bonne direction pour une technologie plus accessible », explique-t-il.
L’idée de créer Titan est née de son ambition d’offrir aux populations un moyen de rester connectées sans avoir recours aux appareils mobiles. La technologie peut également s'avérer utile pour les personnes avec un handicap visuel.
Danny Manu n’est pas à sa première innovation en matière de communication mobile. Il est connu pour avoir conçu, en 2014, MyManu Click, les premiers écouteurs dotés d’un système de traduction intégré et capables de traduire 40 langues en temps réel, une technologie qu’on retrouve également dans le nouveau modèle Titan. Plusieurs fois primé pour ses innovations, Danny Manu a été reconnu par Google pour ses contributions à la science, aux arts et à la culture. Ses inventions ont acquis une grande popularité aux États-Unis, en Europe et en Asie, qui sont les principaux marchés de la start-up MyManu.
Aïsha Moyouzame
Fondé il y a deux ans, Chari.ma a atteint une valorisation de 100 millions $ en janvier dernier. La start-up est aujourd’hui au cœur de plusieurs projets de développement, soutenue par des investisseurs de haut calibre.
Sophia Alj (photo, à gauche) et Ismael Belkhayat (photo, à droite), cofondateurs de la start-up Chari.ma, ont été désignés « Entrepreneurs Endeavor » lors de la sélection internationale du jury qui s’est tenue du 24 au 26 janvier 2022. Cette consécration attribuée par Endeavor Global, une communauté mondiale d’entrepreneurs à fort impact, est le résultat du succès qu’enregistre leur service de centrale d’achat numérique pour commerçant de proximité, du développement à fort potentiel dans lequel la start-up est engagée et de leur disponibilité à s’engager à partager leurs connaissances et leurs expériences avec d'autres entrepreneurs.
Fondée en janvier 2020, Chari.ma a enregistré de nombreux succès au cours des deux dernières années. En décembre 2020, elle revendiquait déjà le traitement de près de 2,5 millions $ de valeur de commande par mois. Le même mois, elle a remporté le Middle East Africa Seed Challenge organisé par Orange Ventures. L’année qui a suivi, en août, elle a acquis l'application le carnet de crédit sur mobile Karny.ma. Elle a ensuite levé 5 millions $ au cours d’un tour de table dirigé par Rocket Internet, Global Founders et P1 Ventures en octobre 2021.
En janvier 2022, elle a réussi une nouvelle levée de fonds lors d’une opération menée par Khwarizmi Ventures, Air Angels (Airbnb Alumni Investors) et Afri Mobility. Plug and Play, Combinateur Y, Village Capital / Fondation MetLife, Orange Ventures, Air Angels, SPE Capital, Pincus Private Equity, Reflect Ventures, la famille Chandaria, Michael Lahyani (PDG et fondateur de Propertyfinder et la société de gestion d’une université américaine Ivy League) y ont pris part. Avec cet argent, Chari.ma veut se lancer dans le segment du crédit à la consommation et pousser plus loin son expansion africaine.
En devenant « Entrepreneurs Endeavor », Sophia Alj et Ismael Belkhayat ont une opportunité de réaliser ces ambitions. Leur distinction leur donne « accès à des services de soutien complets, stratégiques et mondiaux, y compris des présentations à des mentors d'affaires locaux et internationaux, des investisseurs et des bénévoles de sociétés de conseil du Fortune 500 qui les aideront à répondre à leurs besoins clés », indique Endeavor Global.
Cette année, Sophia Alj et Ismael Belkhayat sont les deux seuls entrepreneurs africains sur les douze sélectionnés par Endeavor Global dans sept marchés au niveau mondial que sont le Vietnam, le Maroc, la Bulgarie, le Brésil, le Mexique, les Emirats arabes unis et la Jordanie.
Muriel Edjo
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