L’Afrique affiche la possession de voitures par habitant la plus faible au monde, en raison de l’accès limité aux financements pour l’achat de véhicules. Un problème que Ladi Delano et Jide Odunsi espèrent résoudre avec la start-up Moove Africa.
Ladi Delano (photo, à droite) et Jide Odunsi (photo, à gauche), entrepreneurs d’origine nigériane installés en Angleterre, veulent démocratiser la mobilité en Afrique par le biais des nouvelles technologies. Ils ont fondé Moove Africa, une start-up proposant une plateforme digitale où les utilisateurs et les entrepreneurs du domaine des transports ont accès à des options de prêts pour l’achat de véhicules. De la London School of Economics, à l'université d'Oxford en passant par le MIT, le duo d’entrepreneurs affiche un parcours académique remarquable.
Ladi Delano, un entrepreneur en série, et Jide Odunsi, ancien banquier d'affaires chez Goldman Sachs et ancien consultant en gestion chez McKinsey, cumulent environ 8 années d’expérience dans l’entrepreneuriat, avec trois entreprises créées parmi lesquelles Moove Africa. Animés par la passion commune de contribuer au développement de l’Afrique, ils ont décidé d'y consacrer leur expérience.
Ils ont officiellement lancé Moove Africa en juillet 2020 après avoir constaté que la demande de véhicules en Afrique dépasse largement la production locale, laissant des millions de particuliers et d'entreprises dépendre des importations. Ces véhicules d’occasion, pour la majorité, ne sont pas toujours en bon état. Dans certains pays comme le Nigeria, des mesures gouvernementales ont été mises en place pour limiter l’importation de véhicules au profit de la fabrication locale. Ces mesures ont toutefois rendu l’accès aux véhicules encore plus difficile.
C’est donc pour permettre aux populations d’avoir accès à des véhicules de qualité que Moove Africa est née. La start-up propose une application où les utilisateurs ont la possibilité d’accéder à des services financiers leur permettant d’acheter des véhicules. Grâce à leur solution, les utilisateurs ont la liberté de rembourser leur prêt en 30, 36 ou 48 mois en payant un pourcentage de leur revenu hebdomadaire. A ce jour, les voitures financées par Moove ont effectué plus de 2,6 millions de voyages et parcouru plus de 30 millions de kilomètres sur six marchés, à savoir Lagos, Accra, Johannesburg, Le Cap, Nairobi et Ibadan.
En moins de deux années d’existence, Ladi Delano et Jide Odunsi ont réussi à lever 78 millions de dollars auprès d’investisseurs, dont la plus récente levée de fonds, un financement de 10 millions de dollars auprès de NBK Capital Partners le 1er février.
« L’opération alimentera notre trajectoire de croissance continue, alors que nous étendons nos opérations régionales pour donner du pouvoir à davantage d'entrepreneurs de la mobilité », a déclaré Ladi Delano, cofondateur et directeur général de Moove Africa.
Le 10 février, les fondateurs de Moove Africa ont annoncé un partenariat avec CFAO Motors, un département de CFAO Automotive, présent dans 36 pays. « Nous sommes particulièrement fiers de travailler aux côtés du plus grand réseau de distribution automobile d'Afrique et, grâce à cela, nous sommes maintenant dans une position encore plus forte pour donner à une nouvelle génération d'entrepreneurs de la mobilité prospères et productifs les moyens d'agir », a précisé Ladi Delano.
Aïsha Moyouzame
A la tête de ProXalys, une start-up spécialisée dans les opérations de nano-crédit et de commerce électronique B2B du secteur informel, Thierno Sakho entend y réinventer l’ensemble de la chaîne de valeur. Avec sa récente levée de fonds auprès de Haskè Ventures, il projette une expansion à l'international.
Expert en banque, finance et microfinance, le Sénégalais Thierno Sakho (photo) cumule plusieurs années d’expérience dans les marchés financiers, le corporate banking et les assurances. Celui qui se passionne pour les problématiques de transformation digitale a fait usage de ses compétences au profit du secteur informel en fondant ProXalys SAS, une plateforme de commerce électronique B2B simplifiant la chaîne d'approvisionnement entre les producteurs et les détaillants informels.
Il a eu l’idée de ProXalys SAS en 2021, après avoir constaté que les acteurs et entrepreneurs du commerce informel accèdent difficilement aux services classiques de prêt ou de crédit.
« L’informel est une cible dont la digitalisation est cruciale. Nous comptons innover sur les méthodes opérationnelles en place, en vue de renforcer et moderniser les canaux de distribution. Notre objectif est de permettre aux entrepreneurs informels de résister à la double révolution digitale et de distribution créée par les grandes multinationales présentes sur le continent », a-t-il expliqué.
Le cadre réglementaire d’octroi de crédit étant difficile, il décide alors de proposer un service d’approvisionnement en produits de consommation courante. ProXalys dispose de trois outils de gestion et de capture des flux financiers quotidiens, notamment l’application de prise de commande pour les distributeurs de l’informel, un système informatique de gestion administrative, de suivi des commandes, et de gestion des paiements, et un système de gestion logistique de la chaîne d’approvisionnement. En regroupant l’ensemble de la chaîne de distribution sur une seule plateforme, la start-up renforce la capacité de vente de ses clients et facilite leurs besoins en fonds de roulement.
En moins d’un an, il a réussi à se faire une centaine de clients à Dakar parmi les détaillants, distributeurs et producteurs, sa super app jouant le rôle d’intermédiaire pour leurs différentes opérations. En décembre 2021, Thierno Sakho a réalisé sa première levée de fonds, à hauteur de 150 000 dollars, en phase de pré-amorçage, avec Haskè Ventures comme investisseur principal. Grâce à cet investissement, l’entrepreneur compte renforcer la présence de ProXalys au Sénégal et conquérir à terme toute la sous-région ouest-africaine.
Aïsha Moyouzame
Fondateur d'Open Si, start-up du domaine des nouvelles technologies, cet ingénieur en système d’information et génie logiciel a décidé de mettre ses capacités au service de la transformation numérique de son pays. Plusieurs fois primé au niveau local et à l’international, il projette de s’investir dans de nouveaux marchés.
Diplômé d’avionique de l’Ecole de l’air de Marrakech et de génie logiciel de l’Institut de mathématiques et de sciences physiques de l’université d’Abomey-Calavi, Gilles Kounou (photo) nourrit une grande passion pour le numérique depuis l’âge de 13 ans. Il faisait déjà la fierté du Bénin en se distinguant parmi les plus jeunes codeurs de l’époque. Celui qui a consacré ses premières années professionnelles à la diffusion du principal progiciel open source de gestion des universités au sein de la sous-région ouest-africaine est aujourd’hui à la tête d'Oepn SI, start-up essentiellement orientée vers la transformation numérique et l’innovation technologique.
Le lauréat du Prix francophone de l’innovation numérique de 2015 occupe également un poste important au sein de la mairie de Cotonou où il est conseiller. Distingué par le deuxième Prix Société Générale pour avoir réinventé l’expérience client en agence bancaire, il a également fait ses preuves dans des structures comme le Google Developer Group d’Abomey-Calavi et le Réseau d’éducation et de recherche du Bénin. C’est entre ses fonctions administratives, sa start-up et ses recherches sur l’utilisation du numérique que le trentenaire partage désormais ses journées.
Conscient des enjeux du numérique à l’ère des nouvelles technologies, il a lancé Open Si en 2013 avec pour objectif de résoudre les problématiques locales de développement. Finances, éducation, agriculture, administration, commerce, il regroupe s'intéresse à des domaines stratégiques de développement. Sa start-up accompagne la transformation digitale des organisations et des entreprises en mettant à leur disposition des méthodes et des systèmes d’information innovants.
A son actif, plusieurs réalisations à succès comme la plateforme goMedical, un service de mise en relation entre les professionnels de santé, Orange Banque (Bankiz), une borne de dématérialisation des opérations bancaires en agence. Le féru des nouvelles technologies a également laissé son empreinte dans l’administration, avec la création d'e-Conseil des ministres, une plateforme de planification des opérations du Conseil des ministres et de déroulé des réunions gouvernementales.
Grand gagnant du deuxième prix au concours prix Mission Billion, édition « Wuri Afrique de l'Ouest » de la Banque Mondiale, il a été sélectionné la même année dans la liste des jeunes dirigeants africains par le Choiseul 100 Africa. L’entrepreneur qui ne cesse d’aller de succès en succès ne se repose pas sur ses lauriers. Il porte désormais l’ambitieux projet de conquérir l’Afrique de l’Ouest.
Aïsha Moyouzame
L’entrepreneur social s’engage pour le développement d’une agriculture africaine appuyée sur les nouvelles technologies. « On peut utiliser des robots ou des tracteurs connectés, ou bien des capteurs qui permettent un contrôle à distance » est-il venu expliquer à la cheffe du gouvernement togolais Victoire Tomégah-Dogbé, la semaine passée.
Né à Kaolak, au Sénégal, au sein d’une famille modeste de 28 enfants, Thione Niang se décrit à la fois comme un « stratège politique, entrepreneur social, auteur, leader communautaire, conférencier international et consultant ». Arrivé aux Etats-Unis en 2000 avec seulement 20 $ en poche, il est aujourd’hui à la tête de six organisations internationales dont Akon Lighting Africa, un projet d’électrification de l’Afrique, ou encore JeufZone Farms, qui veut répondre aux besoins alimentaires de l’Afrique. Grâce à son travail acharné, il a réussi à devenir une célébrité internationale et une source d’inspiration pour la jeune génération africaine.
Sa carrière professionnelle aux Etats-Unis, Thione Niang l’a débutée par des petits métiers. Après quelques mois dans le Bronx à New York, où il travaille dans un restaurant, il déménage à Cleveland où il rejoint le monde politique et travaille dès 2005 comme volontaire pour la campagne municipale du conseiller local démocrate Kevin Conwell. Il devient ensuite directeur adjoint de la campagne du candidat à la mairie Frank Jackson. Bien plus tard, il est directeur de campagne de la députée noire Shirley Smith qui veut devenir Sénatrice. C’est elle qui lui présente le sénateur Barack Obama en 2006, à Columbus.
Deux ans plus tard, Thione Niang devient l’organisateur communautaire pour le Président Barack Obama lors des élections présidentielles de 2008. Il est ensuite nommé co-président national de « gen44 », la 44e initiative de collecte de fonds des jeunes américains, pour la campagne de réélection de 2012 du président.
Panafricain dans l’âme, il a décidé de revenir dans son pays natal en 2014 pour y développer des projets à impact à l’instar de JeufZone Farms qu’il a fondé en 2015. Son objectif, répondre aux besoins agricoles de l'Afrique en développant ce secteur par le biais des nouvelles technologies.
“Réponse de Thione Niang à un expert hollandais qui lui demandait son plan de développement pour l’Afrique sur 3 ans” #Afrique pic.twitter.com/Tm1pQSvuRg
— Ndaya Kankolongo (@lisapongeC) January 30, 2022
JeufZone Farms est spécialisé dans la production, la commercialisation, la conservation et la distribution de produits agricoles. Sur une surface de 75 hectares, les jeunes qu’il encadre pratiquent des activités agricoles, contre 50 % de leurs bénéfices. La structure approvisionne ses propres restaurants au Sénégal, et dispose d’un site Internet pour la livraison. Elle fournit également les outils, formations et les expériences nécessaires aux jeunes qui souhaitent se lancer dans ce secteur.
« Ce n’est pas un travail de pauvre dans des villages sans eau ni électricité qu’il faut absolument quitter pour trouver un job de gardien à Dakar. L’agriculture est noble, elle compte parce qu’elle est la base de notre indépendance économique. C’est elle qui nourrit le pays », affirme-t-il.
Son projet mené avec succès, celui dont l’action rayonne désormais dans de nombreux pays africains et au-delà, a déjà formé plus de 200 jeunes. Pour l’année 2022, le quadragénaire envisage de conquérir le marché togolais, où il entend développer l’agriculture et intervenir dans plusieurs autres domaines. Il a échangé à cet effet jeudi 3 février avec le Premier ministre togolais Victoire Tomégah-Dogbé. « La spécificité, c’est que l’on peut utiliser des robots ou des tracteurs connectés, ou bien des capteurs qui permettent un contrôle à distance pour éviter les déplacements sur les grandes exploitations dans le domaine agricole, par exemple. Nous allons voir dans quelles mesures ça peut se faire au Togo », a-t-il expliqué.
Aïsha Moyouzame
Diplômé de l’université d’Oxford Brookes au Royaume-Uni, l’entrepreneur d’origine ghanéenne Danny Manu est connu pour avoir conçu myManu, des oreillettes avec traduction intégrée. Pour 2022, il annonce le lancement de Titan, le premier modèle d’écouteurs connectés à la 4G.
Danny Manu, entrepreneur britannico-ghanéen, se décrit comme « un ingénieur très ambitieux et travailleur qui s'efforce de développer des solutions susceptibles de changer la vie des gens ». Agé de 33 ans, le diplômé de l’université d’Oxford Brookes est né au Royaume-Uni de parents ghanéens. Il a travaillé auparavant pour les entreprises Quanta Networks Inc. et Medybird avant de se lancer dans l’entrepreneuriat en 2014, en fondant sa start-up MyManu, sur fonds propres.
Pour l’année 2022, Danny Manu a annoncé le lancement de Titan, les premières oreillettes connectées à la 4G, lors du CES (Consumer Electronic Show) de Las Vegas. Les oreillettes Titan, équipées d'une eSIM, permettent d’émettre et de recevoir des appels indépendamment du smartphone.
Elles ont la capacité de garder l'utilisateur en contact et connecté via les données cellulaires. Elles peuvent être contrôlées par une interface vocale, ce qui évite d'avoir recours à un écran ou à des boutons de commande. « Il existe de nombreuses situations dans lesquelles vous ne voulez pas emporter votre téléphone ou vous ne pouvez pas l'avoir sur vous, mais vous voulez quand même rester connecté. Titan résout ce problème », assure-t-il.
La technologie de Titan établit de nouvelles normes en matière de fiabilité et de sécurité des réseaux, les écouteurs utilisant les données cellulaires grâce à la carte eSIM qu'ils contiennent. Pour Danny Manu, cette nouvelle invention pourrait progressivement rendre les téléphones obsolètes. « Il s'agit d'une véritable percée pour l'industrie de la téléphonie, et cela va bouleverser la façon dont nous pouvons communiquer en utilisant la technologie en général. Disposer d'un appareil qui ne nécessite ni le toucher ni la vue pour fonctionner, c'est enfin éloigner la technologie de cette dépendance aux écrans dont souffre le consommateur d'aujourd'hui et c'est un pas dans la bonne direction pour une technologie plus accessible », explique-t-il.
L’idée de créer Titan est née de son ambition d’offrir aux populations un moyen de rester connectées sans avoir recours aux appareils mobiles. La technologie peut également s'avérer utile pour les personnes avec un handicap visuel.
Danny Manu n’est pas à sa première innovation en matière de communication mobile. Il est connu pour avoir conçu, en 2014, MyManu Click, les premiers écouteurs dotés d’un système de traduction intégré et capables de traduire 40 langues en temps réel, une technologie qu’on retrouve également dans le nouveau modèle Titan. Plusieurs fois primé pour ses innovations, Danny Manu a été reconnu par Google pour ses contributions à la science, aux arts et à la culture. Ses inventions ont acquis une grande popularité aux États-Unis, en Europe et en Asie, qui sont les principaux marchés de la start-up MyManu.
Aïsha Moyouzame
Fondé il y a deux ans, Chari.ma a atteint une valorisation de 100 millions $ en janvier dernier. La start-up est aujourd’hui au cœur de plusieurs projets de développement, soutenue par des investisseurs de haut calibre.
Sophia Alj (photo, à gauche) et Ismael Belkhayat (photo, à droite), cofondateurs de la start-up Chari.ma, ont été désignés « Entrepreneurs Endeavor » lors de la sélection internationale du jury qui s’est tenue du 24 au 26 janvier 2022. Cette consécration attribuée par Endeavor Global, une communauté mondiale d’entrepreneurs à fort impact, est le résultat du succès qu’enregistre leur service de centrale d’achat numérique pour commerçant de proximité, du développement à fort potentiel dans lequel la start-up est engagée et de leur disponibilité à s’engager à partager leurs connaissances et leurs expériences avec d'autres entrepreneurs.
Fondée en janvier 2020, Chari.ma a enregistré de nombreux succès au cours des deux dernières années. En décembre 2020, elle revendiquait déjà le traitement de près de 2,5 millions $ de valeur de commande par mois. Le même mois, elle a remporté le Middle East Africa Seed Challenge organisé par Orange Ventures. L’année qui a suivi, en août, elle a acquis l'application le carnet de crédit sur mobile Karny.ma. Elle a ensuite levé 5 millions $ au cours d’un tour de table dirigé par Rocket Internet, Global Founders et P1 Ventures en octobre 2021.
En janvier 2022, elle a réussi une nouvelle levée de fonds lors d’une opération menée par Khwarizmi Ventures, Air Angels (Airbnb Alumni Investors) et Afri Mobility. Plug and Play, Combinateur Y, Village Capital / Fondation MetLife, Orange Ventures, Air Angels, SPE Capital, Pincus Private Equity, Reflect Ventures, la famille Chandaria, Michael Lahyani (PDG et fondateur de Propertyfinder et la société de gestion d’une université américaine Ivy League) y ont pris part. Avec cet argent, Chari.ma veut se lancer dans le segment du crédit à la consommation et pousser plus loin son expansion africaine.
En devenant « Entrepreneurs Endeavor », Sophia Alj et Ismael Belkhayat ont une opportunité de réaliser ces ambitions. Leur distinction leur donne « accès à des services de soutien complets, stratégiques et mondiaux, y compris des présentations à des mentors d'affaires locaux et internationaux, des investisseurs et des bénévoles de sociétés de conseil du Fortune 500 qui les aideront à répondre à leurs besoins clés », indique Endeavor Global.
Cette année, Sophia Alj et Ismael Belkhayat sont les deux seuls entrepreneurs africains sur les douze sélectionnés par Endeavor Global dans sept marchés au niveau mondial que sont le Vietnam, le Maroc, la Bulgarie, le Brésil, le Mexique, les Emirats arabes unis et la Jordanie.
Muriel Edjo
Lire aussi : Le marocain Chari.ma souhaite se renforcer avec la digitalisation des prêts à la consommation
Elles figurent parmi les 19 nominées sur plus de 300 candidatures reçues par la Journée de la femme digitale (JFD), un mouvement de l’innovation au féminin. Elles se sont démarquées dans les catégories Entrepreneur, Intrapreneur et Junior pour la région Afrique.
Les délibérations pour la 10e édition du Prix Les Maragaret se tiendront le 10 février à la Sorbonne à Paris. Une Egyptienne, une Ougandaise, une Sénégalaise, deux Gabonaises, une Kényane, une Ivoirienne et une Sud-Africaine sont en lice pour le titre dans ses trois catégories ouvertes en Afrique.
Entrepreneur
- Farah Emara, égyptienne, est finaliste avec son projet FreshSource. C’est une plateforme agricole reliant les fermes aux entreprises et fournissant des solutions du dernier kilomètre. Sa mission, rationaliser la chaîne de valeur des produits frais et responsabiliser les agriculteurs pour réduire les pertes alimentaires.
- Shamim Nabuuma Kaliisa est Ougandaise. Elle est la fondatrice de Chil AI Lab, start-up qui utilise l'intelligence artificielle et l'apprentissage automatique pour étendre les services de santé essentiels aux pauvres et aux marginalisés en Ouganda, les femmes en particulier.
- Ariane Akeret, Gabonaise, est finaliste avec son projet CaPay. C’est une application destinée à faciliter le paiement des salaires et autres transactions financières, via le mobile money. C’est une plateforme numérique proposée aux salariés, retraités et autres populations non bancarisées des entreprises, des caisses de prestations sociales, organismes, associations et administrations publiques.
Intrapreneur
- Adjaratou Wakha Aidara est Sénégalaise, directrice exécutive de Partners West Africa-Sénégal. Elle est finaliste avec son un projet de mobilité propre, sûre, durable et connectée avec des motos-taxis.
- Patricia Ndikumana est Kényane. Responsable des partenariats Sokowatch. Elle est finaliste avec Sokowatch, plateforme d’e-commerce dont l’objectif est de fournir tout ce dont un détaillant a besoin, sans grossiste ni banque.
- L’Ivoirienne Cléo Ngokoudi est la directrice financière d’Anka. Elle est finaliste avec Anka, plateforme qui fournit aux commerçants locaux des solutions intégrées de gestion digitale, la facilitation des transactions financières internationales.
Junior
- Maylis Kouakoua, Gabonaise de 13 ans. Finaliste avec son jeu sur Scracth, présenté sous forme de quizz. Elle sensibilise les adolescents sur les dangers d’Internet, notamment le cyber-harcèlement.
- Malebina Tsotsotso est une Sud-Africaine de 15 ans. Elle a créé MTutor, une plateforme d'apprentissage en ligne conçue pour fournir un outil edtech adaptable, évolutif, sûr et sécurisé.
Selon Delphine Remy-Boutang, présidente-directrice générale de The Bureau et de la JFD, le projet que porte chaque jeune femme a été meilleur parmi des centaines. « Nous avons reçu plus de 300 candidatures. C’est une opportunité unique pour faire émerger nos futures championnes européennes et africaines de la tech. Leurs projets répondent tous à de grands enjeux de société ».
Elle a indiqué que le prix répond à la nécessité « d’orienter plus d’investissements vers l’entrepreneuriat féminin qui porte, lui aussi, des solutions à la transformation digitale en la mettant au service de nos sociétés et de l’environnement ».
Pour cette édition du prix, le vote du public comptera pour une voix pendant les délibérations du jury. Le Prix les Margaret a été lancé en 2013 par la JFD. Il récompense chaque année des femmes entrepreneurs et intrapreneurs, en Europe et en Afrique, dont les projets et innovations répondent aux grands enjeux de la société. Ce prix rend hommage à Margaret Hamilton, ancienne directrice du département génie logiciel au sein du MIT Instrumentation Laboratory qui a développé les logiciels embarqués du programme spatial Apollo de la NASA.
Brice Gotoa
Ecolia Labs jouit aujourd’hui de la confiance de plusieurs acteurs du secteur numérique. Elle revendique plus de 1 000 jeunes formés aux compétences numériques, 500 entrepreneurs pris sous mentorat, 30 start-up accompagnées.
Lancée en 2014, Ecolia Labs est une structure d’accompagnement à l’entrepreneuriat innovant (SAEI). C’est une idée de l’ingénieur informatique Yves Cédric Ntsama (photo). C’est le fruit d’une expérience personnelle, alors qu’il était employé à l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) de 2013 à 2014. Piqué par la fibre entrepreneuriale, il commence à fréquenter des espaces de travail partagés (coworking space) où il rencontre d'autres jeunes porteurs d'idées ou de projets qui rencontrent des défis similaires aux siens.
« Le fait de me connecter à ces jeunes, partager mes idées et mes difficultés, mais surtout m'inspirer de leurs parcours et de leurs expériences, m'a permis d'évoluer dans mes projets ; j'ai compris l'importance de ce type d'espace et son impact dans le développement et la réussite des projets portés par des jeunes », raconte Yves Cédric Ntsama. Ainsi naît l'incubateur Ecolia Labs. Pour améliorer son expertise en accompagnement de porteurs de projets innovants, le jeune tech entrepreneur camerounais retourne se former. Il obtient en 2015 un diplôme de l’université de Lille en recherche pour l’éducation numérique.
A ses débuts, l’écosystème créé par Yves Cédric Ntsama est constitué d’un incubateur de start-up pour l’accompagnement personnalisé des jeunes dans la création et la croissance de leur entreprise ; un Tech Hub dédié au développement des compétences digitales ; un espace de coworking pour fédérer les énergies et s’améliorer réciproquement ; un club de programmation pour apprendre aux jeunes de 6 à 16 ans comment coder, créer un site Web, une application ; enfin un centre de recherche en éducation numérique axé sur le développement de solutions et d’approches pédagogiques innovantes adaptables dans le système éducatif national.
Ecolia Labs a évolué au fil du temps, suscitant en parallèle la confiance de plusieurs acteurs intéressés par le développement du numérique. Orange Cameroun lui a déjà confié plusieurs missions comme l’organisation du Hackathon ODC Code Week ou encore la formation de jeune au codage. Il y a aussi le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour qui l’incubateur a organisé un atelier de renforcement de capacités pour les incubateurs locaux. En 2018, Ecolia Labs rejoint la communauté Afric'innov, un réseau de structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat innovant basé à Dakar au Sénégal.
Aujourd’hui, l’incubateur propose de nouveaux services parmi lesquels la pré-incubation, la formation aux technologies émergentes ou encore l’organisation de hackathons. Depuis 2020, Ecolia Labs travaille sur son projet de bibliothèque pour entrepreneurs (BookLabs), avec l’appui financier de l’ambassade des Etats-unis, pour stimuler la créativité chez les jeunes en s'inspirant du parcours et des expériences des plus grands entrepreneurs du monde.
Avec le développement de nouvelles technologies, Ecolia Labs fait aussi de l’intelligence artificielle l’un de ses nouveaux centres d’intérêt. A ce jour, le centre d’accompagnement à l’innovation technologique revendique plus de 1000 jeunes formés aux compétences du numérique, plus de 500 entrepreneurs formés et pris sous mentorat, plus de 30 start-up accompagnées.
Ruben Tchounyabe
La Tunisie figure dans le top 5 des nations africaines les mieux préparées en matière de gouvernance électronique, la base de données interactive UNeGovKB des Nations unies. Cependant des faiblesses demeurent. Idaraty veut y répondre.
A travers son site Internet Idaraty.tn, Ahmed Zoghlami est aujourd’hui une référence en matière d’orientation administrative en Tunisie. Il fournit aux usagers une aide pour plus de 1 800 procédures dans près de 3 500 administrations publiques. Sa plateforme lui a été inspirée en 2020 alors que la pandémie gagne en intensité à travers le monde. Des mesures sanitaires restrictives sont prises et les voyageurs venant en Tunisie peinent à trouver la bonne information malgré les mesures prises par le gouvernement. En août, Idaraty.tn est lancée.
« Nous avons résumé les papiers nécessaires à présenter à l’aéroport sur le portail. Chose, que l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes n’a pas réussi à communiquer convenablement… Les informations précises qu’on fournissait sur le portail ont intéressé 10 000 internautes. Un score record, qui nous a révélé qu’on devrait développer cette piste, très utile pour les utilisateurs », relate Ahmed Zoghlami.
Détenteur d’une licence fondamentale en science de l’informatique de l’université de Carthage depuis 2013, le jeune Tunisien lance Idaraty fort d’une dizaine d’années d’expérience professionnelle acquise dans la communication, la gestion de contenu, les technologies numériques. Le service à valeur ajoutée qu’il offre contribue à accéder à la bonne information depuis le confort de chez soi et à passer moins de temps dans les bureaux de l'administration publique lorsque l’on vient introduire sa demande de service.
Quelques mois après son lancement, Idaraty.tn a suscité un grand intérêt des populations qui l’ont adopté rapidement. Aujourd’hui, près de 350 000 visiteurs ont déjà été accompagnés par le portail, qui traduit même les différentes démarches administratives proposées dans les dialectes locaux. Pour Ahmed Zoghlami, « il s’agit de faciliter aussi le numérique pour la population, et de contribuer à la transformation digitale dans le pays ».
Outre les procédures administratives, Idaraty.tn permet également de se renseigner sur plusieurs autres services comme le dépistage du coronavirus ou encore les mesures sanitaires spéciales Covid-19 pour le retour des Tunisiens résidant à l’étranger. Elle intègre également un calendrier pour différents évènements fiscaux et sociaux qui touchent les personnes physiques et morales comme les dates de paiement des vignettes fiscales et de déclaration d'impôt pour les personnes physiques et morales, les fêtes religieuses, les jours fériés, etc.
Aïsha Moyouzame
Alors que l’entreprise qu’il représente – premier écosystème blockchain et première bourse de crypto-monnaies au monde– négocie déjà jusqu’à 76 milliards $ par jour, son directeur Afrique souhaite que cette croissance profite également aux populations du continent.
Pour Emmanuel Babalola, 2022 est une année de défis. Le directeur Afrique de Binance, plateforme mondiale d'échange de crypto-monnaies, veut s’y consacrer à généraliser l’adoption des crypto-monnaies en Afrique. Dans un contexte où la perception des monnaies virtuelles est encore empreinte de méfiance, la tâche du Nigérian de 27 ans ne s’annonce pas de tout repos. Mais il est déterminé à y arriver.
L’ex-directeur général de Binance Nigeria, porté à la tête de la division africaine de l’entreprise en 2021, compte accentuer les campagnes de sensibilisations et des formations sur l’utilité des monnaies virtuelles. Il a déjà contribué à de nombreuses initiatives en matière d'éducation, en l’occurrence Binance Academy et Binance Masterclass. L’objectif de ces programmes est d’enseigner aux Africains les principes fondamentaux des crypto-monnaies, comment identifier les escroqueries et protéger leur aventure dans cette monnaie que beaucoup découvrent encore.
« Notre priorité absolue est la sécurité des utilisateurs, c'est pourquoi nous avons lancé notre initiative d'éducation - pour enseigner les principes de base de la cryptographie, expliquer les cas d'utilisation quotidiens et garantir que les utilisateurs savent comment éviter les escroqueries. Nous avons également lancé une campagne appelée My Crypto Life, une initiative qui met en lumière d'incroyables histoires de crypto de personnes du monde entier, montrant comment la cryptomonnaie peut être utilisée par les gens ordinaires », explique Emmannuel Babalola.
Le travail qu’il a exécuté jusqu’ici porte déjà ses fruits. En Afrique, le volume d'échange des utilisateurs africains sur la plateforme Binance a augmenté de 589 %, assure-t-il. Ce chiffre prometteur est pour lui, un moyen de convaincre les sceptiques, inquiets de la fraude, de la fuite des capitaux et des dommages environnementaux liés au bitcoin.
Sous sa direction, la Binance Masterclass estime avoir fourni des ressources éducatives à plus de 350 000 Africains en 2021. D’après lui, Binance créé l'infrastructure éducative dont les Africains ont besoin pour être financièrement libres et informés. Pour attirer plus d’utilisateurs, la plateforme mondiale d’actifs numériques multiplie les actions sur le continent, devenant officiellement un des sponsors de la 33e édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football (CAN) le 9 janvier dernier.
Depuis 2020, les divers programmes de Binance auraient ainsi déjà profité à plus de 541 000 Africains. Le nouveau partenariat avec la CAN, qui est l’un des événements les plus médiatisés du continent, offre une opportunité à Emmanuel Babalola de toucher 160 pays et une audience avoisinant les 300 millions de personnes. Il estime « qu’une plus grande adoption de la blockchain ouvre la porte à davantage d'opportunités pour de nombreuses entreprises de développer encore plus d'applications basées sur la blockchain et de créer plus d'opportunités d'emploi ».
Aïsha Moyouzame