Depuis quelques années, la technologie s’impose de plus en plus comme l’alternative pour régler plusieurs problèmes dans différents secteurs d’activité. C’est dans cette optique qu’une start-up nigériane a mis en place une solution.
Au Nigeria, la start-up Koniku, fondée en 2017 par Oshiorenoya Agabi (photo), a développé Konikore, un appareil combinant les cellules informatiques et les neurones biologiques vivants pour donner aux ordinateurs le pouvoir de détecter les odeurs.
Cet appareil a permis à la start-up de conclure en 2020, un accord avec le constructeur aéronautique Airbus pour développer des solutions de sécurité aérienne permettant de détecter les risques biologiques et de repérer les menaces chimiques et explosives.
Konikore, basé sur l’Intelligence artificielle (IA) et le machine learning, intègre une connectivité Bluetooth et a besoin, apprend-on, de cinq secondes pour détecter une odeur. Il a été mis au point à la base pour détecter les maladies en analysant les composés organiques volatils que le corps humain dégage. Dans le cadre des menaces explosives, l’appareil peut être entrainé à détecter des matières explosives comme le triperoxyde de triacétone (TATP), entre autres.
Outre la sécurité et la santé, la solution de la start-up peut être utilisée dans plusieurs secteurs d’activité en Afrique. Néanmoins, avec le manque de personnel de santé en Afrique, 0,23 médecin pour 10 000 habitants alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en recommande 23 pour 10 000 habitants, des solutions qui peuvent efficacement aider dans le secteur sanitaire seront des alternatives pour les populations du continent.
Adoni Conrad Quenum
Au Tchad, il y a seulement 2 000 médecins pour près de 17 millions d’habitants. Pour l’entrepreneur et ingénieur Abakar Mahamat, la solution se trouve dans les nouvelles technologies, avec sa plateforme e-santé Telemedan.
Telemedan, un outil de consultation en ligne, se présente sous la forme d’une borne médicale tactile dotée d’un logiciel et d’un kit d’objets médicaux. Le système est connecté à Internet pour permettre aux patients de bénéficier de consultations et de suivis médicaux à distance. Le dispositif les connecte à des spécialistes de santé pour des consultations, où qu’ils se trouvent. Il fournit un diagnostic et une ordonnance rédigée par le médecin, qui pourra être imprimée via la borne.
Abakar Mahamat, 23 ans, est le concepteur de Telemedan. Ce jeune ingénieur n’en est pas à son coup d’essai. Il a commencé dans l’entreprenariat avec « Kalakooka Games », un studio de développement de jeux mobiles pour Android, puis pendant la pandémie de Covid-19, il fabrique la « Box Nadif », une cabine de désinfection corporelle automatique fonctionnant à l’énergie solaire. Il a eu l’idée d’un outil de consultation à distance après avoir observé la difficulté de la prise en charge spécialisée des personnes nécessiteuses.
Avec une population de 17 millions d’habitants, le Tchad ne compte que 2 000 médecins environ. Ces statistiques sont loin de la norme de l’OMS qui recommande au moins 23 médecins pour 10 000 habitants. Cette situation est particulièrement difficile pour les populations rurales, pour qui l’accès à un hôpital ou un médecin relève du parcours du combattant, certaines effectuant le déplacement vers la capitale N’Djamena.
Disponible en ligne et adapté à toute classe sociale, le système médical virtuel Telemedan vient ainsi réduire les difficultés d’accès à des soins spécialisés de la population tchadienne.
« A travers une vidéoconférence, le médecin consulte son patient, et après diagnostic il procède à un ensemble d’examens qu’il juge nécessaire. Tout ceci, en faisant recours à des dispositifs médicaux essentiels connectés », a précisé le concepteur.
En 2020, le gouvernement tchadien avait annoncé l’instauration de la télémédecine dans les grands hôpitaux, dans le cadre de la coopération Tchad-Espagne. Telemedan pourrait s’inscrire dans les ambitions du pays de combler le manque d’infrastructures médicales.
Aïsha Moyouzame
Samba Sow a fondé SudPay, une start-up numérique de transactions financières au Sénégal. Parmi ses solutions de paiement, l’offre baptisée TownPay, qui a pour objectif d’améliorer le système de collecte de taxes, afin de servir au développement des communes.
Au Sénégal, comme dans plusieurs autres pays africains, la défaillance du système de collecte de taxes est causée par de nombreux facteurs, notamment un contrôle inefficace des recettes collectées, et un système obsolète favorisant les fraudes fiscales. Par ailleurs, on note un manque de transparence dans les opérations et de communication sur l’usage des ressources financières locales collectées.
Pourtant, les taxes sont utiles au gouvernement pour la construction des écoles, des hôpitaux, et l’installation d’infrastructures routières et énergétiques. Pour développer une bonne décentralisation financière dans les collectivités locales, l’entrepreneur Samba Sow a élargi l’offre de sa fintech SudPay, en créant une nouvelle solution baptisée TownPay, spécialisée dans les opérations de paiement de taxes en ligne.
La start-up identifie l’ensemble des contribuables de chaque commune afin d’établir un système organisé de paiements. Après identification, l’argent est débité sur des comptes mobile money avec des cartes conçues par la start-up.
En plus de fiabiliser le paiement des taxes, SudPay a également travaillé à la conception d’une application de suivi budgétaire. L’idée est de permettre aux différentes communes de suivre en temps réel l’évolution leur budget et de mieux organiser sa gestion. La start-up travaille avec des mairies et autres administrations en charge de la fiscalité pour mener à bien les opérations.
Ce 17 octobre, SudPay a été sélectionnée avec 6 autres start-up pour remporter un financement de 670 000 euros octroyés par MEA Seed Challenge d’Orange Ventures, un fonds d’investissement technologique pour les jeunes pousses innovantes.
Aïsha Moyouzame
Dénommé Min Security, le dispositif est composé d’une ceinture de sécurité équipée d’un système de localisation, et une application qui permet de suivre le travail des mineurs. Son concepteur, Victoire Shukuru, espère limiter les dégâts humains causés par les effondrements de mines en RDC.
Min Security est une technologie connectée embarquant une ceinture de sécurité équipée d’un GPS, qui permet de suivre l’activité des travailleurs des mines. Lorsqu’un mineur se trouve en danger, la ceinture envoie un signal à l’application, et les secours peuvent être rapidement mobilisés.
Victoire Shukuru explique sur Africanews que chaque fois qu'un mineur veut descendre dans un tunnel, il porte la ceinture connectée, ce qui aide l’équipe de surveillance à observer tous les mouvements sous terre. La ceinture permet aussi de surveiller la qualité de l’air sous terre, ce qui permet d'envoyer de l'oxygène en cas de besoin.
En RDC, les mineurs artisanaux travaillent dans des conditions difficiles, sans respect des normes de sécurité. Des milliers de mineurs clandestins travaillent dans ou autour des mines du sud de la RDC, d’où est extraite plus de la moitié du cobalt mondial, utilisé dans les batteries d’appareils. Le pays enregistre des effondrements de terre fréquents et souvent meurtriers dans les puits.
Ces drames ont motivé la conception de Min Security. Le dispositif nouvellement déployé sur le terrain est de plus en plus sollicité par les gestionnaires de mines. Les mineurs généralement issus de milieux pauvres sont contraints de pratiquer cette activité de manière clandestine pour gagner leur pain, au péril de leur vie. Et nombreux ont été arraché à l’affection de leurs proches, coincés dans les fosses.
Victoire Shukuru a voulu mettre ses compétences au service des personnes les plus vulnérables. Evoluant dans le domaine du numérique, il avait déjà conçu en mai dernier, un dispositif en cas d'éruption volcanique, permettant aux familles de retrouver leurs enfants grâce à une application et un bracelet ayant le code barre.
Aïsha Moyouzame