Fondateur de LAfricaMobile, une start-up opérant dans la communication à grande échelle, Malick Diouf aide les entreprises africaines à interagir avec les utilisateurs mobiles. Lancée en 2014, sa solution est déjà déployée dans plusieurs pays à travers le continent, et l’entrepreneur cible désormais de nouveaux marchés.
Ingénieur en réseaux télécoms diplômé de l’Institut national des sciences appliquées de Toulouse, le Sénégalais Malick Diouf (photo) a plusieurs années d’expérience dans les industries télécoms en Europe et en Afrique. Titulaire d’un master en système d'information à l’école de management de Grenoble, il est aussi responsable des systèmes d’information de cet établissement. Il capitalise sur le succès de ses expériences pour promouvoir l’innovation et les technologies mobiles en tant que leviers de croissance pour les entreprises en Afrique.
Animé par le désir de contribuer au développement de l’Afrique, notamment en matière de téléphonie mobile, il s’est donné pour mission d’accompagner et connecter les entreprises aux utilisateurs de téléphone mobile. En 2014, il a cofondé LAfricaMobile, une start-up de mobile marketing, avec son associé Oumar Diallo, qu’il a rencontré à Grenoble. Pour concrétiser son projet, il a pu compter sur le soutien technique et financier de Highconnexion, une entreprise spécialisée dans les services à valeur ajoutée, où il a occupé plusieurs postes.
La start-up est un agrégateur spécialisé dans la communication à grande échelle à destination de l’Afrique. Plateforme multicanal, l’outil digital accompagne les entreprises africaines à interagir facilement avec les utilisateurs mobiles, et prend entre 10 et 30 % sur chaque transaction en fonction du produit. Son offre regroupe les services de SMS pour les campagnes marketing, les codes pour simplifier la communication avec les consommateurs, une fonctionnalité intégrant les langues locales africaines, ou encore une application gérant la distribution de crédit téléphonique.
Évoluant dans un secteur concurrentiel, notamment avec les opérateurs télécoms et les acteurs de services à valeur ajoutée dans le digital, Malick Diouf a axé sa stratégie sur la capacité de LAfricaMobile à toucher la diaspora en plus de la population africaine. « Ce qui est paradoxal dans nos métiers, c’est que ce sont eux (opérateurs télécoms) nos principaux partenaires. En effet, ils nous aident à animer et développer certaines niches que nous en tant que start-up avons la flexibilité d’exploiter avec un modèle de partage de revenue, intéressant pour tous », a-t-il reconnu.
La start-up a réussi à renforcer son activité de recherche et développement après une levée de fonds d’un montant de 300 millions FCFA (500 000 USD) réalisée en 2019 auprès du fonds d’investissement Teranga Capital et de la société lyonnaise Abysse. À ce jour, LAfricaMobile est présente au Sénégal, Mali, Guinée-Bissau, Guinée Conakry, Côte d’Ivoire, Togo, Burkina Faso, Bénin, Niger, Cameroun, Burundi, entre autres. Elle compte plus de 200 clients, et a interconnecté plus de 30 opérateurs télécoms à travers le continent.
Cette année, LAfricaMobile a été parmi les 1 063 start-up à prendre part au Congrès mondial du mobile tenu à Barcelone en Espagne, qui s’est tenu du 28 février au 3 mars. Il s’agit de la quatrième participation de la start-up sénégalaise à cet événement annuel. Pour Malick Diouf, cette sollicitation constitue une opportunité pour positionner LAfricaMobile à l’international et promouvoir ses produits et services.
« Notre objectif en 2022 sera de s’ouvrir à l’Afrique centrale et à long terme travailler au Maghreb, en Afrique de l’Est et du Sud, etc. Nous sommes appelés à nous élargir pour aller au-delà de l’écosystème africain. Nous voulons gagner du terrain dans toute l’Afrique avant de nous intéresser aux autres continents », a-t-il conclu.
Aïsha Moyouzame
Le jeune entrepreneur de 30 ans s’est engagé dans la fintech à son retour des États-Unis il y a cinq ans. Après plusieurs expériences enrichissantes dans de grandes organisations, il estime qu’il a finalement trouvé sa voix.
Passionné de technologie et de design, Benjamin Fernandes est le fondateur de Nala, plateforme de paiements mobile et de transfert électronique d’argent à l’international. Le Tanzanien l’a officiellement lancé en 2017 à Dar es-Salaam. Son ambition a toujours été d’améliorer le niveau d’inclusion financière des Tanzaniens, faciliter l’envoi d’argent à la famille depuis l’Angleterre.
Benjamin Fernandes a une vision très ambitieuse de son application. En janvier 2022, il a réussi à lever 10 000 000 $ lors d’un tour de table dirigé par Accel pour étendre la couverture de la solution au-delà de la Tanzanie, du Kenya, de l’Ouganda, du Rwanda, de l’Afrique du Sud et du Ghana.
Selon lui, « à long terme, nous voulons construire une infrastructure sur tout le continent qui nous permet d'envoyer de l'argent depuis le continent et qui laisse les gens envoyer de l'argent en retour ». Il annonce d’ailleurs l’ouverture prochaine de son service d’envoi d’argent aux ressortissants africains installés aux États-Unis. Un test a été effectué à cet effet avec succès.
Titulaire d’un master en administration des affaires, obtenu en 2017 à l’école supérieure de commerce de l’université de Stanford aux États-Unis, Benjamin Fernandes jouit d’une solide expérience dans divers secteurs comme la finance, la télévision, la protection de la faune, le social.
Il est depuis près de quatre ans partenaire d’entreprise à P1 Ventures, un fonds panafricain de capital-risque de démarrage. Pendant plus de deux ans, il a été ambassadeur à la conservation des animaux pour WildAid Africa.
Melchior Koba
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En 1 an d'existence à peine, la start-up marocaine WafR d’Ismail Bargach compte déjà 12 000 épiciers, et a réussi deux financements depuis le début de cette année. Le secret d’un tel exploit, une application qui aide les marques de détail à diffuser des promotions vers les épiceries.
Pour Ismail Bargach (photo), la plus grande des compétitions est l’entrepreneuriat. Animé par le désir de se forger un destin de leader, il a entamé son parcours entrepreneurial en 2012, d’abord avec un service de conciergerie pour les grandes entreprises. Deux ans plus tard, il s’est lancé dans le secteur de la téléphonie mobile avec Lik, une application permettant à l’utilisateur de gagner du crédit gratuitement en consultant des publicités. Si ses premiers projets se sont soldés par un échec, cela lui a permis de gagner en expérience et de transformer ces obstacles en force pour aller vers de nouveaux défis.
C’est alors qu’il s’est aventuré en 2021 dans la fintech et la promotion, plus précisément dans le domaine de l’épicerie, après avoir constaté que les entreprises de ce secteur, bien qu’étant majoritaires dans la grande distribution, avaient du mal à promouvoir leurs produits auprès des épiciers. Avec Reda Sellak, il a fondé WafR, une start-up qui connaîtra un succès rapide. Sa solution repose sur une application permettant aux marques de la grande distribution de diffuser des promotions intelligentes chez les épiciers, en vue d’augmenter leurs parts de marché sur le canal traditionnel tout en optimisant l’expérience client et le pouvoir d’achat des utilisateurs.
L’objectif est de faciliter l’inclusion financière en alignant les intérêts des différentes parties prenantes. Ainsi, les distributeurs ont la possibilité d’augmenter leurs volumes de ventes et parts de marché, et les épiciers gagnent en clientèle. Grâce à ce modèle économique, l’entrepreneur a réussi à faire adopter sa solution par 12 000 partenaires épiciers actifs sur sa plateforme.
« Ces promotions sont ultra liquides puisqu’elles permettent à ceux qui les gagnent de disposer de recharges téléphoniques gratuites ou de produits gratuits dans n’importe quelle épicerie qui dispose de WafR. Enfin, elles sont 100 % transparentes pour les distributeurs FMCG puisque leur prix n’est facturé que successivement aux ventes », assure-t-il.
En moins d’un an, l’entrepreneur a réussi à valoriser sa start-up à hauteur de 7,5 millions de dollars, en levant des fonds auprès d’investisseurs. Mi-février, WafR a levé 357 000 dollars après sa participation à l’émission télévisée de la chaîne 2M, intitulée « Qui va investir dans mon projet ? » Début avril, la start-up a annoncé une autre levée de fonds d’un montant de 278 000 dollars auprès de UM6P Ventures, Plug and Play, ainsi que plusieurs autres business angels marocains et étrangers.
Avec ces récents investissements, Ismail Bargach ambitionne de soutenir la croissance de WafR, mais aussi et surtout d’étendre son réseau pour atteindre 50 000 épiciers dans un avenir proche.
Aïsha Moyouzame
La grande expérience qu’il a acquise au fil des années lui vaut aujourd’hui d’être membre affilié de l’Académie africaine des sciences. Il a su lier ses recherches en biologie humaine aux technologies de l’information et de la communication.
Titulaire d’un doctorat en microbiologie et immunologie, obtenu en 2011 à la Northwestern University Feinberg School of Medicine de Chicago, le Ghanéen Yaw Bediako (photo) est le président-directeur général de Yemaachi Biotechnology. Il fait de l’immunogénomique, de la bio-informatique et de l’intelligence artificielle des atouts pour la détection précoce et la guérison du cancer en Afrique.
La société qu’il a fondée en 2020, avec David Hutchful, Joyce Ngoi et Yaw Attua-Afari, est basée à Accra, au Ghana, avec des bureaux à Washington, DC. En mars 2021, il a réussi à sécuriser un financement de 3 000 000 $ auprès d’investisseurs tels qu’Y Combinator, V Square Capital, VestedWorld, V8 Capital Partners, Tencent, LoftyInc Capital Management, LifeLine Family Heritage Fund et Ethan Perlstein. Les fonds seront pour le développement de Yemaachi Biotechnology.
Yaw Bediako s’est investi dans Yemaachi Biotechnology pour donner à l’Afrique une place dans la recherche en génomique et en oncologie. Il estime qu’elle a l’intelligence et les données pour cela. « La création d’un ensemble de données qui présente la plus grande diversité génomique peut permettre des découvertes rapides qui ont des implications à long terme pour la recherche sur le cancer, le développement de médicaments et les soins aux patients, non seulement en Afrique, mais dans le monde entier », a déclaré Yaw Bediako.
Le PDG de Yemaachi Biotechnology totalise plusieurs années d’expérience dans la recherche génétique contre le cancer. Il est actuellement chargé de recherche au Centre ouest-africain de biologie cellulaire des agents pathogènes infectieux sis à l’Université du Ghana. À Londres, il fut pendant quatre ans chercheur postdoctoral à l’Institut Francis Crick. Il a été assistant de recherche pendant un an à la Calvin Institute of Technology en Indonésie, tout comme à la Van Andel Institute aux États-Unis.
Au regard de son engagement, Yaw Bediako a été récemment sélectionné pour être membre affilié de l’Académie africaine des sciences. Il est également un des membres exécutifs de l’Initiative scientifique africaine, projet visant à faciliter et à promouvoir la mise en réseau de jeunes scientifiques africains du monde entier.
Melchior Koba
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Grâce à une quinzaine d’années d’expérience dans le secteur bancaire et des technologies, le tech entrepreneur a fondé une fintech qui suscite déjà beaucoup d’intérêt. Il songe déjà à l’étendre à d’autres marchés africains.
Titulaire d’une licence en commerce et technologie de l'information obtenue en 2006 à la Strathmore University et d’un master en administration des affaires de l’université de Leicester (2017), le jeune Kényan John Kiptum Juma (photo, à gauche) est le co-fondateur et président-directeur général de la start-up Churpy.
À travers l’entreprise technologique lancée en mars 2021 avec Kennedy Mukuna (photo, à droite), il propose une solution intégrée de gestion des créances. Churpy effectue automatiquement le rapprochement des paiements entrants et des factures, processus à forte intensité de main-d’œuvre, pour les entreprises locales.
Le 29 mars 2022, le tech entrepreneur a réussi une levée de fonds d’une valeur de 1 million $ au cours d’un tour de table mené par Unicorn Growth Capital avec la participation d’Antler East Africa, du réseau de business angels de Nairobi, et certains autres investisseurs parmi lesquels des cadres supérieurs de Stripe. Le financement lui permettra d’étendre les activités de Churpy au Nigeria, en Égypte et en Afrique du Sud.
Fort d’une dizaine d'années d’expérience dans le secteur de la Banque et de la gestion de risque, John Kiptum Juma justifie la création de Churpy par son désir de faciliter la gestion des finances en particulier, et la gestion des entreprises en général.
« Sur le tableau de bord, ces entreprises sont en mesure de voir qui leur doit de l’argent, à quel point elles sont efficaces dans la collecte et à quel point elles sont liquides, ainsi que d’autres mesures opérationnelles. Cela permet aux directeurs financiers et à leurs équipes de comptables d’assumer des rôles plus stratégiques de l’entreprise et de suivre ceux qui n’ont pas payé », explique John Kiptum Juma.
Très actif, le jeune homme — qui a étoffé son expérience professionnellement dans diverses entreprises technologiques et financières telles que SevenSeas Technologies, Citi, NetGuardians, Zenka Finance Kenya — s’est lancé dans l’entrepreneuriat depuis 2019 avec Malakoff Analytics Consulting.
Melchior Koba
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Diplômé de l’université de Mansoura, cet innovateur a démarré son expérience entrepreneuriale en fondant sa première entreprise en 2012. Mais c’est avec WideBot que la reconnaissance internationale lui a souri dès 2017.
Mohamed Nabil (photo) est le cofondateur et président-directeur général de WideBot. La start-up technologique a développé un chatbot en langue arabe. Ce programme d’intelligence artificielle, qui simule et traite une conversation humaine, permet aux entreprises de la sous-région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) d’offrir une relation commerciale plus interactive à leurs clients.
À ce jour, cet Égyptien a déjà réussi à lever un total de 600 000 $ qui ont servi au développement de l’entreprise fondée en 2016 avec Ahmed Labib. Le dernier financement de 375 000 riyals saoudiens (environ 100 000 $) obtenu le 10 mars dernier auprès de l’accélérateur de start-up Taqadam lui permettra d’améliorer les services proposés par WideBot.
Pour ce passionné de technologie depuis son plus jeune âge, WideBot est le fruit d’une volonté d’apporter aux entreprises de la sous-région MENA un outil qui répond à leur besoin de mieux échanger avec leurs clients qui ne comprennent pas toujours l’anglais. Conscient que recruter des commerciaux parlant l’arabe avec ses particularités propres à certains pays n’est pas évident pour des entreprises généralement de petites et moyennes tailles, Mohammed Nabil a eu l’idée d’un chatbot qui répond à ce défi.
Pour le diplômé de l’université de Mansoura, en Égypte, « les chatbots sont une nouvelle révolution dans la relation entre les entreprises et les clients, nous avons donc trouvé une bonne opportunité. Tout comme les applications mobiles étaient une révolution il y a 5 ans, consommant une grande partie de la part de marché des sites Web, la révolution c'est maintenant des chatbots, qui peuvent renforcer la confiance entre les entreprises et les clients ».
WideBot n’est pas la première expérience tech entrepreneuriale de Mohamed Nabil. En 2012, il a d’abord fondé Core IT Solutions, un fournisseur de solutions et services informatiques aux entreprises. Cependant, c’est avec WideBot qu’il se fera connaître et remportera plusieurs prix et distinctions tels que le Seedstars Egypt en 2017. Il figure parmi les gagnants du MITEF Arab Startup Competition de 2018. En 2020, il est lauréat du Hub71 Mena Growth Competition 2.0.
Melchior Koba
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Moins de deux mois après le lancement de Kouncel, son jeune fondateur suscite déjà un grand intérêt des investisseurs. Avec ses formations en ligne, fruits d’une expérience pratique acquise au cours des cinq dernières années, il veut mettre le droit à la portée d’un large public.
Ibrahim M. Saleh (photo) est un jeune Égyptien diplômé de la faculté de droit de l’université du Caire. Il est le président-directeur général de la start-up edtech Kouncel. La jeune pousse, qu’il a co-fondé en février 2022, opère une plateforme de formation vidéo en ligne. Elle est spécialisée dans la formation juridique et propose des cours sur diverses thématiques telles que l’arbitrage, le droit des sociétés, la propriété intellectuelle.
Le 28 février, Ibrahim Saleh a mené avec succès une levée de fonds d’une valeur de 1,2 million $. Ce financement — obtenu auprès de la Banque africaine de développement, l'Académie de la recherche scientifique et de la technologie (ASRT), le Projet de développement de l'entrepreneuriat en Égypte (Tanmia wa Tatweer) et Zaldi Capital — lui permettra de développer le nombre de cours proposé par Kouncel, aussi bien en Égypte que dans la région du Moyen-Orient.
Pour le jeune tech entrepreneur, la création de Kouncel lui est venue de son besoin d’aider les entreprises et les avocats du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à mieux appréhender la notion de droit et tout ce qui la conditionne. Pour lui, c’est sa modeste contribution au développement de l’Égypte.
« L’éducation constitue un élément clé de la vision économique égyptienne à l’horizon 2030, et le droit joue un rôle important dans la création d’un environnement sain pour les entreprises et la promotion des IDE [investissements directs étrangers], et nous visons à fournir une expérience éducative très sophistiquée à tous dans le domaine juridique qui aura un impact positif sur l’écosystème », estime Ibrahim M. Saleh.
Bien avant Kouncel, Ibrahim M. Saleh s’est d’abord lancé dans la formation juridique avec MLP Legal Academy qu’il a fondé en 2016 avec Mohamed Adel. L’établissement d'enseignement, qui réunit des professionnels du droit, propose des programmes de formation juridique aux particuliers et aux entreprises. Kouncel, grâce au numérique, donne à Ibrahim Saleh l’opportunité de proposer ses formations juridiques à un plus large public.
Melchior Koba
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Après quatre ans de terrain, il a parfait pendant deux ans ses compétences acquises afin d’être en mesure de répondre efficacement aux attentes des cultivateurs. Aujourd’hui il change la vie de plus de 200 000 foyers.
Né dans l’État de Benue au Nigéria et ayant grandi dans une communauté agricole, Uka Eje (photo) s’est naturellement découvert une passion pour l’agriculture bien qu’il a étudié la biochimie à l’université. C’est pour améliorer les conditions de vie des petits exploitants dont il connaît bien les difficultés qu’il a fondé la société de technologie agricole Thrive Agric en 2016 avec Ayodeji Arikawe.
Thrive Agric met la technologie au cœur de la gestion du rendement des petits agriculteurs en Afrique. Les données qu’elle collecte et analyse lui permettent de mieux répondre à leurs besoins en financement, en intrants agricoles, en pratiques agricoles, et d’accès aux marchés locaux et mondiaux.
En mars 2022, Uka Eje s’est réjoui de la levée réussie de 56,4 millions $ pour développer les activités de la start-up qui touche déjà plus de 200 000 agriculteurs. Il prévoit de la déployer sur de nouveaux marchés africains, notamment le Ghana, la Zambie et le Kenya. Selon lui, ce « nouvel investissement nous rapproche un peu plus de notre mission de construire le plus grand réseau d’agriculteurs africains rentables utilisant la technologie, pour assurer la sécurité alimentaire ».
Son engagement envers les agriculteurs du continent, le jeune entrepreneur l’a vu se renforcer durant son expérience professionnelle de 2012 à 2016 au sein de Royal Impact Corp, une entreprise qui construit des systèmes autour des secteurs alimentaire, agricole et technologique. Il y a découvert les opportunités que peut saisir le monde agricole si de bonnes pratiques sont mises en œuvre.
Pour se rendre utile aux agriculteurs, il s' inscrit à des cours en système de production alimentaire à l'université de Reading et en innovation à l’université de Leed de 2016 à 2017.
À ce jour, Thrive Agric a déjà financé plus de 15 000 agriculteurs répartis dans 20 États du Nigéria. Un travail qui a valu à Uka Eje diverses récompenses, notamment le prix 2018 Young African Leaders Initiative (YALI). Il a également figuré sur la liste Forbes des 30 Africains de moins de 30 ans les plus prometteurs du continent de 2019. La même année, Thrive Agric a été sélectionné pour participer Y Combinator lors de la cohorte d’hiver, et du fonds Go Global Africa, au Google Developers Launchpad. La start-up a été désignée comme l’une des plus prometteuses d’Afrique lors du sommet Africa CEO en 2021.
Melchior Koba
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Sans cesse en quête d’efficacité, le tech entrepreneur a déjà à son actif plusieurs millions de polices d’assurance traitées. Son ambition est d’améliorer l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur en Afrique grâce aux technologies de l’information et de la communication.
Le 10 mars 2022, Alexandre N’Djore (photo) a réussi une levée de fonds d’amorçage d’un montant de 300 000 euros pour poursuivre le développement de sa start-up Digitech Group. Fondée en 2016 avec Zachariah George, elle est spécialisée dans les solutions technologiques d’assurance. Digitech Group propose aux compagnies d’assurance et de réassurance un ensemble de solutions web et mobiles entièrement intégrées et basées sur le cloud qui améliorent leur productivité et leur compétitivité.
Cet ancien responsable logistique de MTN Côte d’Ivoire a créé Digitech Group après avoir constaté une faiblesse dans le secteur de l’assurance en Afrique. Selon lui, l’activité est désunie et fragmentée. « Cela va de l’assureur au réassureur, aux courtiers d’assurance et autres intermédiaires et enfin au preneur d’assurance. Cela conduit à une pénétration de l’assurance généralement faible en Afrique d’environ 3 % hors Afrique du Sud », estime-t-il.
Titulaire d’un MBA de la Hult International Business School de Dubaï, Alexandre N’Djore fait de Hyperion 2.0, la carte maîtresse de la nouvelle phase de croissance de Digitech Group. Le progiciel de gestion intégré automatise les transactions entre assureurs et réassureurs, permet une économie de temps et d'argent, élimine les erreurs et offre des informations commerciales essentielles en temps réel.
Son goût pour l’efficacité opérationnelle qu’il veut transmettre au secteur de l’assurance, Alexandre N’Djore l’a cultivé grâce à son parcours professionnel dans la chaîne d’approvisionnement et la logistique. Son master 2 en ingénierie des chaînes d'approvisionnement et des transports, obtenu à l’École supérieure de commerce et d’administration des entreprises (ESCAE) d’Abidjan lui a ouvert plusieurs postes à responsabilité dans ce domaine, notamment celui de chef de la restauration à Air Ivoire pendant quatre ans.
Depuis la création de Digitech Group, le tech entrepreneur revendique à ce jour plus de 7 millions de polices d’assurance traitées. Un dynamisme qui lui a valu de nombreuses distinctions, notamment le prix de meilleure insurtech décerné en 2020 par la Fédération des compagnies d’assurance nationales africaines (FANAF). En 2018, il a obtenu le prix de la meilleure start-up en Afrique du Sud décerné par Amazon Web Services lors de son AWS Startup Day.
Melchior Koba
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À la tête de Codengwana, Noluvuyo Gqadu apprend aux enfants à coder dès l’âge de 3 ans. Algorithmes, robotique, langage de programmation, elle entend préparer la jeune génération aux compétences d’avenir.
Dotée de 12 années d'expérience dans le secteur des technologies de l'information, la Sud-Africaine Noluvuyo Gqadu (photo) se passionne pour la résolution des problèmes par la technologie. Celle qui occupe une position dans l'administration de la Waves for Change, une organisation qui se concentre sur la santé mentale des enfants, est également directrice de Teampact, une plateforme internationale de suivi des présences. La jeune femme, qui a plusieurs cordes, à son arc a eu l’occasion d’encadrer des entrepreneurs sociaux pour le Miller Center of Social Entrepreneurship.
Durant son parcours dans le monde de l’entrepreneuriat, elle a constaté le manque de talents technologiques en Afrique du Sud. « J'étais frustrée à l'époque. Je me suis dit que si nous exposions les enfants suffisamment tôt au codage et aux compétences informatiques, nous pourrions changer la situation et faire en sorte que la future main-d'œuvre soit prête pour ces emplois », a-t-elle confié sur Ventures Africa.
Après avoir expérimenté un programme de codage avec son fils, elle a eu l’idée de fonder Codengwana en 2019, une start-up qui initie les tout-petits à la technologie avec pour objectif principal de préparer les enfants africains aux professions d’avenir. La start-up encadre les enfants de 3 à 12 ans, et propose des cours de codage. De 3 à 6 ans, ils apprennent les principes de la pensée informatique tels que les algorithmes, la logique et le débogage par le biais de diverses technologies, ou la robotique avec la technologie LEGO. De 7 à 9 ans, ils apprennent les concepts de base de la programmation et le langage de programmation Python. À l'âge de 10-12 ans, ils commencent à proposer de nouvelles solutions.
Selon elle, les enfants africains ne doivent pas seulement être des consommateurs de la technologie venue d'autres pays, mais ils doivent aussi être en mesure d'y contribuer. Son initiative se heurte toutefois à des obstacles majeurs. En Afrique du Sud, un grand nombre d’enfants ont un accès limité au matériel informatique, ce qui rend difficile l’implémentation de son programme. En outre, la documentation sur le codage pour enfants, importée de pays développés pour la plupart, est en déphasage avec les réalités de l’enfant sud-africain.
C'est ce qui a conduit Noluvuyo Gqadu à écrire ses deux premiers livres de codage pour enfants et à créer une encyclopédie sur le codage conceptualisé à partir des réalités locales. Cette stratégie lui a permis d’atteindre un public plus large et de nouer des partenariats avec des écoles et des entreprises. Dans un contexte où 230 millions d'emplois sur le continent nécessiteront un certain niveau de compétences numériques d'ici 2030, selon la Société financière internationale, Noluvuyo Gqadu compte bien étendre la portée de Codengwana à toute l’Afrique. Elle devra cependant faire avec le manque de ressources et d'infrastructures qui freinent l'expansion des nouvelles technologies sur le continent.
Aïsha Moyouzame
La start-up qu’il dirige contribue depuis six ans à une plus large visibilité des créateurs du continent à travers le monde. Le succès enregistré jusqu’ici lui donne déjà de nombreuses idées, notamment l’ouverture du service à d’autres secteurs d’activités sur le continent.
Moulaye Taboure (photo) est un jeune entrepreneur malien. Président-directeur général d’ANKA, il s’est illustré en janvier dernier avec la levée de 6,2 millions $ qui serviront à développer la plateforme de commerce en ligne qu’il a cofondé en 2016 sous le nom d’Afrikrea avec Kadry Diallo et Luc B. Perussault Diallo.
À travers ANKA, ses associés et lui facilitent la vente et l’achat de vêtements, accessoires, art et artisanat d’inspiration africaine. La solution, tout-en-un, permet aux créateurs de vendre leurs produits, de les expédier à travers le monde et d’être payés rapidement grâce à des moyens de paiement internationaux et locaux. Grâce à un tableau de bord, les commerçants peuvent également surveiller leurs ventes et leurs stocks sur la plateforme.
Moulaye Taboure est titulaire d’un master en audit et conseil en systèmes d’information de l’entreprise étendue (SIEE) de l’université Paris Dauphine-PSL. Son ambition a toujours été de montrer au monde tout ce que l’Afrique peut offrir en matière de création, et d'aider à rentabiliser l’activité des créateurs du continent. Pour toucher un plus large marché, l’ancien chef d’équipe de l’audit interne chez Alstom Group a signé en avril 2021 un partenariat avec DHL et Visa pour faciliter la livraison et le paiement partout.
En 2018, il a figuré dans le FORBES AFRICA’s Under30 qui regroupe les jeunes acteurs du changement les plus prometteurs du continent. À la tête de la start-up basée en Côte d’Ivoire, il revendique déjà plus de 500 000 visites et l’expédition d’environ 10 tonnes de marchandises par mois. Plus de 7 000 vendeurs dans 47 pays africains, des acheteurs provenant de 170 pays.
Moulaye Taboure pense déjà à la prochaine étape d’ANKA. Il ne veut plus que la plateforme se limite seulement aux acteurs de l’artisanat et de la mode, mais s’ouvre à tous les secteurs qui veulent exporter des produits africains.
Melchior Koba
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Après avoir bouclé un tour de table de 800 000 $ en 2020, Tatenda Furusa et Oluwasani Akinmusire réussissent à convaincre d’autres investisseurs pour concrétiser leurs rêves avec ImaliPay.
La fintech ImaliPay, plateforme de services financiers à guichet unique, a annoncé le jeudi 7 avril la réussite d’un tour de table d’un montant de 3 millions $. La start-up — fondée par Tatenda Furusa (photo, à gauche) et Oluwasanmi Akinmusire (photo, à droite) — utilisera ces fonds pour agrandir l’équipe en attirant de nouveaux talents, améliorer la technologie de la fintech et soutenir son expansion dans de nouveaux marchés, en l'occurrence le Ghana et l’Égypte.
ImaliPay, dont l’application mobile est uniquement disponible sur Play Store pour l’instant, permet aux acteurs de la gig economy (économie des petits boulots) de profiter de divers services financiers qui ne leurs sont pas accessibles. Entre autres, le paiement différé (BNPL : Buy Now Pay Later), l’investissement, l’épargne ou encore l’assurance ont été intégrés à la plateforme de la fintech grâce à des partenariats stratégiques.
Selon Tatenda Furusa, PDG de ImaliPay, « nous avons fait des recherches sur la gig economy et avons constaté qu'ils étaient négligés par certains services financiers. Et nous avons vu que nous étions parfaitement placés pour construire une fintech résolvant les problèmes des travailleurs de la gig economy, des freelances et des travailleurs numériques indépendants d'Afrique ».
Avec un master en business et management de l’université de Nottingham au Royaume-Uni obtenu en 2017, Tatenda Furusa s’est associé à Oluwasanmi Akinmusire pour mettre en place la fintech qui aiderait ce secteur. Oluwasanmi Akinmusire a quant à lui obtenu un Master of Business Administration en 2019 à l'université Ajayi Crowther d'Oyo au Nigeria. Les deux hommes travaillaient chez Cellulant, une société panafricaine qui fournit des méthodes de paiement alternatives au niveau local pour les commerçants mondiaux, régionaux et locaux.
En 15 mois d'activité, la base d'utilisateurs d'ImaliPay a été multipliée par 60. Les travailleurs indépendants peuvent accéder à leurs services via 4 500 points de vente et la fintech revendique plus de 200 000 transactions sur sa plateforme. Les deux hommes veulent aider à favoriser l’inclusion financière sur le continent, car de nombreux Africains sont exclus du système financier des institutions traditionnelles.
Adoni Conrad Quenum
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Depuis la Silicon Valley, l’entrepreneur algérien Noureddine Tayebi dirige Yassir, une start-up de covoiturage et de livraison à domicile. Déjà présente en Afrique, en Europe et en Amérique, elle ambitionne de diversifier son offre et de s’étendre sur les marchés francophones du sud du Sahara.
Après des études d’ingénierie en Algérie, Noureddine Tayebi (photo) s’envole pour les États-Unis en 1998 pour suivre un master en ingénierie électrique à l'université d'Urbana-Champaign dans l'Illinois. Après avoir obtenu son diplôme, il poursuit ses études à l'université de Stanford où il obtient un doctorat en génie électrique. À la fin des années 2000, il s’est installé dans la Silicon Valley et a débuté sa carrière à Intel, où il a passé plus de 8 années. Il a acquis des compétences en gestion de produit et en marketing, et a connu une véritable expérience de start-up au sein du fabricant américain de microprocesseurs et de semi-conducteurs.
Son parcours entrepreneurial, il l’a véritablement entamé en 2011, avec 23 brevets en sa possession. En 2014, il a fondé sa première entreprise baptisée InSense, spécialisée dans les nano-capteurs de mouvement, lancée grâce à deux subventions d'un montant total de 1,6 million de dollars, qui sera vendue plus tard à une entreprise de la Silicon Valley. En 2017, il a co-fondé la start-up Yassir. D’abord déployée comme une application de taxi, la plateforme s'est depuis diversifiée dans les livraisons de restauration rapide et d'épicerie avec Yassir Express, et tout récemment, avec Yassir Market dans la livraison de courses.
En 5 années d’existence, la start-up dont le chiffre d’affaires ne cesse de grimper (jusqu’à 40 % par mois), revendique 3 millions d'utilisateurs actifs à travers l’Algérie, le Canada, la France, le Maroc et la Tunisie, entre autres. Elle a contribué à créer indirectement plus de 40 000 emplois de chauffeurs et de livreurs. En novembre 2021, Yassir a bouclé une levée de fonds de 30 millions de dollars auprès d'investisseurs américains pour soutenir son développement. Jusqu'à présent, l’entrepreneur a réussi à lever 67,6 millions de dollars auprès de 30 investisseurs.
À court terme, l'ambition de Noureddine Tayebi est de développer Yassir au sud du Sahara, notamment sur les marchés francophones tels que le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Togo, le Bénin, le Mali et le Cameroun. D’après lui, l’application fonctionne déjà au Sénégal, et d'autres grands marchés du continent comme l'Afrique du Sud, le Nigeria et l'Égypte.
« L'objectif est de créer la plus grande entreprise de technologie, non seulement en Afrique, mais dans le monde. Pour y arriver, il faut être présent sur de nombreux marchés », assure-t-il.
Aïsha Moyouzame
Le juriste a aujourd’hui à son actif plusieurs récompenses et distinctions pour sa contribution à une meilleure protection légale des intérêts des populations. En février 2022, il a réussi une levée de fonds de pré-amorçage pour développer son activité.
Avocat à la Haute Cour du Kenya, Robert Muoka Salim (photo) est un technopreneur et socialpreneur kényan. Il est le président-directeur général et co-fondateur de My Shamba Digital, une plateforme juridique en ligne sélectionnée le 1er mars 2022 pour rejoindre le programme Venture Capital for Africa (VC4A).
My Shamba Digital aide les citoyens dans leurs procédures foncières, à éviter arnaques et autres mauvaises décisions pouvant conduire à des litiges entre particuliers, entre entreprises, entre particuliers et entreprises avec l’État. Elle permet également aux utilisateurs d’avoir accès à des informations importantes relatives aux fonciers dans son centre de ressources et sur son blog My Shamba Digital Blog. De plus, elle dispose d’une page d’annonce immobilière et d’annonces foncières, My Shamba Digital Property Listings et My Shamba Sako.
Robert Muoka Salim a fondé la plateforme au début du premier trimestre 2021. L’idée a mûri dans son esprit au fil des années, suite à plusieurs cas de litiges fonciers dont il a souvent été au fait dans son activité professionnelle. En 2017, le ministère du Foncier et de la Planification physique relevait une augmentation des fraudes foncières et crimes connexes pendant la décennie précédente. Il comptabilisait déjà par exemple 7 052 cas de fraude immobilière coûtant 60 milliards de shillings (520 millions USD) par an au Trésor public.
Le juriste diplômé de l’université de Nairobi ne s’est pas limité aux affaires foncières pour apporter son expertise aux Kényans. En 2020, il a co-fondé la plateforme numérique Sheria Online spécialisée dans l’accompagnement juridique, dont il est actuellement le responsable du développement commercial et des partenariats stratégiques.
Pour son travail d’accompagnement juridique, aussi bien dans le domaine du droit foncier que du droit des personnes à travers ses solutions numériques, Robert Salim a été inscrit dans le Top 50 africain de l’innovation juridique (2021) réalisé par Africa Law Tech et Lawyers Hub. Il a également reçu le prix de la meilleure solution technologique à l’Africa Legal Innovation Hackathon 2021. Hormis ces distinctions, il a récemment été finaliste au Global Legal Hackathon 2022 et nominé en tant que techpreneur, âgé de moins de 30 ans, de l’année 2022 aux Founder of the Year Awards.
Melchior Koba
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