Après plusieurs distinctions, la start-up qui envisage d’effectuer une levée de 500 000 $ en ce début d’année 2022 ambitionne de devenir un des leaders de la smart agriculture en Afrique. Plusieurs pays suscitent son intérêt.
Grâce au projet Tolbi, qui signifie « champ » en wolof, Mouhamadou Lamine Kébé, alors étudiant en systèmes réseaux télécoms à l’Ecole supérieure polytechnique (ESP) de Dakar, et trois de ses camarades se sont attaqués, dès 2019, aux problèmes de gestion de l’eau que vivent les agriculteurs sénégalais. Ils ont développé un kit d’objets connectés basé sur l’intelligence artificielle et sur l’edge computing pour faciliter l’irrigation des champs et améliorer le rendement agricole.
« Nous utilisons des drones, des images satellitaires et des objets connectés avec des capteurs d’humidité pour permettre à l’utilisateur de disposer en temps réel des informations relatives aux besoins en eau et en engrais de leurs champs afin d’optimiser leur irrigation et d’améliorer leur rendement. Cela permet de réduire en amont les apports en eau et carburant, diminuant ainsi les coûts de production », explique Mouhamadou Lamine Kébé, fondateur de la start-up Tolbi.
Grâce aux capteurs, les données sont récupérées en temps réel dans une région donnée. Elles sont transmises aux ingénieurs qui les soumettent aux algorithmes d’intelligence artificielle afin d’en ressortir des informations clés pour la prise de décision. Les données analysées sont ensuite mises à la disposition des utilisateurs via des applications dédiées pour leur permettre de prendre une décision. Mouhamadou Lamine Kébé indique que le système, conçu pour répondre aux besoins de tous les agriculteurs, même ceux aux revenus modestes ou analphabètes, est accessible via un simple téléphone muni d’une carte SIM. Il suffit à l’agriculteur de composer le numéro du dispositif et d’interagir avec un système de commande vocal en wolof ou pulaar, deux langues parlées au Sénégal.
Un an après son développement, le projet est passé du stade du prototype à la mise sur le marché. « Nous réussissons à optimiser jusqu’à 30 % le rendement agricole tout en réduisant les pertes en eau jusqu’à 60 % », se réjouit le fondateur de Tolbi. Aujourd’hui, la solution s’est développée et propose déjà de nombreux autres services tels que le comptage des plants, le modelage du terrain, l’estimation de rendement, l’analyse de la santé des plantes, l’analyse des mauvaises herbes.
Avec un fort impact socioéconomique touchant l’agriculture, secteur économique qui a représenté 9,4 % du produit intérieur brut (PIB) du Sénégal en 2018 selon le rapport 2020 de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), Tolbi a remporté plusieurs distinctions parmi lesquelles le Grand Prix du président de la République pour l’innovation numérique en 2020. La start-up, qui envisage d’effectuer une levée de fonds de 500 000 $ en début d’année 2022, ambitionne de devenir un des leaders de la smart agriculture en Afrique. Tolbi souhaite exporter ses compétences dans d’autres pays du continent, en particulier le Nigeria, le Kenya, l’Algérie ou le Maroc.
Ruben Tchounyabe