Pour réussir la transformation numérique, il est essentiel d’identifier les défis et de mettre en œuvre des solutions adaptées. À Madagascar, l'accès limité aux infrastructures, le coût élevé de la connectivité et la pénurie de compétences numériques constituent des obstacles majeurs à surmonter.
Madagascar souhaite mettre en place une stratégie efficace pour s'intégrer pleinement dans l'économie numérique. Dans cette optique, le ministère du Développement numérique, des Postes et des Télécommunications, en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), a lancé, le jeudi 27 février à Antsirabe, une évaluation de l'état de préparation numérique ou Digital Readiness Assessment (DRA). Ce dispositif a pour but de dresser un diagnostic complet du secteur et d’identifier les actions prioritaires pour combler les retards.
Des défis liés à la couverture Internet et à la connectivité
Ces dernières années, Madagascar a fait des progrès significatifs, notamment grâce au développement du mobile money et à l’essor des start-up technologiques locales. Cependant, plusieurs défis demeurent. Le pays continue de faire face à des obstacles structurels majeurs tels que l’accès limité aux infrastructures numériques, un coût de la connectivité élevé et une fracture numérique en termes de compétences.
Selon les données de DataReportal, en janvier 2024, le taux de pénétration d'Internet à Madagascar était de 20,6 %, avec 6,31 millions d’utilisateurs pour une population totale de 30,68 millions. Toutefois, cette couverture reste inégale, particulièrement dans les zones rurales. En ce qui concerne le coût de la connectivité, le gouvernement malgache a annoncé en octobre dernier son intention de réduire les tarifs des services de télécommunications afin d’améliorer l’accès de la population à Internet. Malgré ces efforts, le coût de l’accès à Internet mobile représente encore 15,5 % du revenu national brut (RNB) mensuel par habitant, bien au-delà de la recommandation de l'Union internationale des télécommunications (UIT), qui préconise un seuil de 2 % du RNB mensuel par habitant.
La fracture numérique en termes de compétences constitue également un frein majeur. Le Plan stratégique du numérique 2023-2028 souligne qu’il manque environ 40 000 techniciens spécialisés pour permettre une transformation numérique effective du pays. Dans ce contexte, le ministère du Développement numérique a lancé un programme visant à former 6000 personnes aux métiers émergents du numérique sur les trois prochaines années, afin de répondre à ce besoin urgent.
Une feuille de route pour accélérer la transformation numérique
Pour relever ces défis, la DRA représente une première étape fondamentale. Cette évaluation repose sur cinq piliers clés : la connectivité, pour renforcer les infrastructures et réduire la fracture numérique ; la gouvernance, afin d'améliorer la coordination entre les acteurs du secteur ; la réglementation, pour créer un cadre juridique adapté à l’économie numérique ; les entreprises, pour encourager l’innovation et l’entrepreneuriat technologique ; et le capital humain, un investissement dans la formation aux compétences numériques.
La DRA ne se limite pas à une simple évaluation de la situation. Il constitue également la base d’une feuille de route stratégique, alignée sur les priorités de développement durable de Madagascar. Grâce à cette évaluation, le pays espère définir une vision numérique cohérente, qui non seulement accélérera sa transformation, mais contribuera également à réduire les inégalités d’accès aux opportunités offertes par le numérique.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji