En Afrique, des fonctionnaires fictifs exploitent encore des systèmes de gestion obsolètes pour percevoir indûment des salaires. Pour remédier à ce fléau, les pays adoptent la biométrie, une solution efficace pour sécuriser la gestion des effectifs et renforcer la transparence administrative.
Le gouvernement camerounais mettra en place un système biométrique visant à contrôler la présence effective des agents publics à leur poste de travail. Le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, Joseph LE (photo), a annoncé cette initiative lors d'un point de presse diffusé le mardi 25 février sur la télévision publique nationale. Ce projet ambitionne, entre autres, à lutter contre l'absentéisme et à éradiquer les fonctionnaires fantômes.
« En permettant une identification unique et infalsifiable de chaque agent, ce dispositif garantira une gestion plus rigoureuse des effectifs. Il renforcera également la transparence au sein de l’administration et contribuera à combattre avec vigueur l’absentéisme, largement critiqué ces derniers mois par les plus hautes autorités de notre pays », a déclaré Joseph LE.
Cette initiative s'inscrit dans le cadre des efforts de transformation numérique du Cameroun, en cohérence avec les objectifs de la Stratégie nationale de Développement à l’horizon 2030, connue sous le nom de SND-30. Le système fait partie du programme « Aigle », lancé en janvier, qui vise à moderniser l'administration publique par l'utilisation des nouvelles technologies. L'objectif est d'optimiser la gestion des services publics et de renforcer l'efficacité des politiques publiques.
Le système biométrique fonctionnera par identification physique des agents, grâce à des dispositifs tels que des lecteurs d'empreintes digitales ou de reconnaissance faciale. À leur arrivée au travail, les agents devront s'identifier en utilisant ces technologies, ce qui permettra de vérifier leur présence en temps réel. Cette méthode d'identification unique et infalsifiable garantit non seulement l'authenticité des agents, mais également une gestion plus rigoureuse des effectifs.
Bien que la date d'implémentation n'ait pas encore été précisée, le ministre a indiqué que le projet débutera par une phase pilote dans trois administrations : le ministère de la Fonction publique, le ministère des Finances, ainsi que le Contrôle supérieur de l’État. Cette phase sera suivie d'une généralisation progressive, accompagnée d'une formation spécifique pour les gestionnaires, afin de faciliter l'appropriation et l'optimisation de cet outil stratégique.
L'introduction de la biométrie au sein de la fonction publique devrait permettre de réduire les fraudes administratives, d'éliminer les fonctionnaires fictifs et d'optimiser l'utilisation des ressources de l'État. Cependant, sa mise en œuvre devra surmonter des défis techniques et éthiques, notamment en matière de protection des données personnelles et d'acceptabilité sociale. L'objectif est d'assainir la fonction publique et d'éliminer les fonctionnaires fantômes, qui coûtent des dizaines de milliards de francs CFA aux États africains chaque année.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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