La montée des faux diplômes, facilitée par les outils technologiques, représente une menace croissante pour l'intégrité des systèmes éducatifs mondiaux. Cependant, les nouvelles technologies, telles que la blockchain, offrent des solutions innovantes pour lutter contre ce phénomène.
Une enquête de l’association tunisienne de lutte contre la corruption, rendue publique en 2023, a révélé que 120 000 à 200 000 fonctionnaires auraient été recrutés entre 2011 et 2021 sur la base de faux diplômes. Face à cette prolifération de documents falsifiés, le gouvernement tunisien a lancé, le vendredi 28 février, une initiative majeure : l’adoption du système arabe unifié de vérification de l’authenticité des diplômes basé sur la blockchain dans tous les établissements d’enseignement supérieur.
Ce système repose sur la technologie blockchain, qui permet de stocker chaque diplôme sous la forme d’un bloc unique, sécurisé et inaltérable. Cette caractéristique garantit que les dossiers académiques sont protégés contre la falsification, la fraude et les modifications non autorisées. Les établissements, les employeurs et les différentes parties prenantes pourront ainsi vérifier l’authenticité des diplômes instantanément, sans dépendre de processus administratifs longs et parfois inefficaces.
Un marché en pleine expansion
L’utilisation de la blockchain dans l’enseignement supérieur n’est pas une première mondiale. Dès 2017, le Massachusetts Institute of Technology (MIT) a mis en place un programme de diplômes numériques sécurisés sur blockchain. En Afrique, des initiatives similaires émergent. Par exemple, au Nigeria, certaines universités expérimentent l’enregistrement des diplômes sur blockchain afin de garantir leur authenticité et de simplifier leur vérification.
Selon une étude de Market Research Future, le marché de la blockchain appliquée à l’éducation pourrait atteindre 1,3 milliard de dollars d’ici 2030, avec un taux de croissance annuel estimé à 33,7 %. Cette progression témoigne de l’adoption croissante de cette technologie par les institutions éducatives, qui y voient une solution efficace pour sécuriser et simplifier la gestion des diplômes.
Un projet stratégique pour la Tunisie
En Tunisie, le projet s’inscrit dans la stratégie de transformation numérique du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Il vise non seulement à garantir l’intégrité des diplômes, mais aussi à développer les compétences numériques, et à moderniser le secteur éducatif. L’initiative découle d’un accord de coopération signé en novembre 2024 entre la Tunisie et l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (ALECSO). Un projet pilote mené dans trois établissements tunisiens a déjà prouvé l’efficacité de cette solution, ouvrant ainsi la voie à une généralisation à l’échelle nationale.
Au-delà de la lutte contre la fraude, cette innovation devrait faciliter la mobilité académique et professionnelle, en assurant une reconnaissance immédiate et incontestable des diplômes, aussi bien au niveau national qu’international. Elle constitue également une avancée stratégique pour le système éducatif tunisien, renforçant la crédibilité et la compétitivité de ses universités sur la scène mondiale.
Samira Njoya
Edité par Sèna D. B. de Sodji
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