Ancien directeur du McKinsey Global Institute et ex-conseiller de Barack Obama, James Manyika est le nouveau vice-président chargé de la technologie et de la société chez le géant américain Google.
Depuis janvier 2022, James Manyika (photo) a rejoint Google en tant que tout premier vice-président chargé de la technologie et de la société. Dans ce nouveau rôle au sein de l’équipe de direction, le ressortissant zimbabwéen est chargé d’évaluer l’impact de la technologie sur la société, l'économie et le monde. Plus précisément, il contribue à façonner le point de vue de Google sur des questions telles que l’avenir du travail, l’IA, l’économie numérique et l’infrastructure informatique, entre autres.
A ce propos, le président-directeur général d’Alphabet (société mère de Google), Sundar Pichai, a déclaré dans un communiqué : « je suis ravi que James Manyika ait rejoint l'équipe dirigeante de Google [...] Il a passé des décennies à travailler à l’intersection de la technologie et de la société et a conseillé un certain nombre d’entreprises, d’institutions universitaires et de gouvernements au cours de son parcours ».
Après un bachelor en ingénierie électrique à l’université du Zimbabwe, James Manyika obtient la bourse Rhodes, lui permettant de continuer ses études en Angleterre. Là-bas, il obtient un PhD IA et robotique, mathématique et informatique. Engagé au cabinet de conseil McKinsey depuis 1994, il est nommé directeur en 2009 et a conseillé de nombreux dirigeants d’entreprises technologiques sur la stratégie et la croissance, ainsi que sur l’innovation commerciale.
Auteur de plusieurs ouvrages sur l’IA et la robotique, et plus récemment sur les tendances économiques mondiales, il a été nommé par l’ancien président américain Barack Obama vice-président du Conseil de développement mondial à la Maison-Blanche, ainsi que par deux secrétaires d’Etat américains au Conseil de l’économie numérique et au Conseil national de l’innovation. Il siège aussi au conseil d’institutions de recherche à Harvard, au MIT, à Oxford à Sanford et dans d’autres universités de premier plan.
L’introduction de James Manyika au sein de l’équipe dirigeante de Google intervient dans le sillage des préoccupations concernant l’impact de la technologie sur les sociétés à l’échelle mondiale. En tant qu’acteur majeur du secteur, l’entreprise de la Silicon Valley est directement concernée. Sa mission s’accompagne donc d’énormes responsabilités, et miser sur son expérience devrait permettre à Google de mieux appréhender les questions autour du sujet.
Aïsha Moyouzame
Pionnière dans le métier de webmaster au Congo, celle qu’on surnomme « Mama Digital » veut mettre le numérique au cœur du développement économique de l'Afrique.
Passionnée des nouvelles technologies, Kriss Brochec est une experte en communication, management et marketing digital. Présentée comme la pionnière du domaine du webmastering au Congo, c’est dans les années 2000 qu’elle fait ses débuts dans l’Internet. Elle s’est donné pour mission de plaider pour le numérique en tant qu’outil et levier de développement de l’économie de son pays. Formatrice, mentor, entrepreneure, elle est aussi engagée dans la cause des droits des femmes et d’égalité.
Diplômée d’un master en marketing international et management interculturel, Kriss Brochec a une expérience professionnelle dans l’import-export où elle a occupé des postes importants. Mais la vie de bureau ne lui convenait pas, et elle a décidé de se consacrer entièrement au numérique. Depuis une douzaine d’années, elle s’est prise de passion pour le CMS (Content Management System), notamment sur WordPress, un système de gestion de contenu qui permet de créer des sites Internet.
C’est ainsi qu’elle fonde l’African Digital Academy, un espace dédié aux programmes de formations digitales. La structure favorise la production locale de plateformes et contenus numériques tels que les sites Internet, applications mobiles, MOOC, livres blancs et blogs entre autres. Outre la formation, l’académie crée des programmes spéciaux pour des communautés cibles comme les artistes, les entrepreneurs, les femmes et les jeunes, ainsi que les agriculteurs, pour leur montrer comment bénéficier du numérique.
Avec près de 215 sites web créés et plus de 240 personnes formées, Kriss Brochec ne compte pas se reposer sur ses lauriers. Au-delà de ses différents programmes déployés au Congo et en Afrique de l’Ouest, elle ambitionne de lutter contre la fracture numérique sur tout le continent, portée par la ferme conviction que le secret de la réussite c’est de créer son marché, oser aller là où personne n’a été, et innover.
Aïsha Moyouzame
Au cours des cinq dernières années, le Mobile Money a gagné en valeur en Afrique. Aujourd’hui, il y est devenu le plus grand outil de paiement. Son interopérabilité à l’échelle du continent a la capacité de libérer davantage le potentiel du commerce intra-africain.
La fintech MFS Africa, passerelle de paiement numérique, a annoncé le mercredi 16 février son intégration au Système de paiement et de règlement panafricain (PAPSS) de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) lancée en janvier 2021. Ce partenariat permettra aux 320 millions de clients Mobile Money que compte MSF Africa dans 35 pays du continent d’effectuer ou de recevoir plus aisément des paiements marchands dans les marchés des 54 Etats qui ont rejoint la zone de libre-échange continentale.
Dare Okoudjou (photo), fondateur et président-directeur général de MFS Africa, justifie la décision de rejoindre le PAPSS par la volonté d’enrichir davantage cette solution panafricaine qui « permet aux petites et moyennes entreprises (PME), aux entrepreneurs et aux commerçants d’accéder plus facilement aux services de paiement formels qui les aideront à développer leurs activités ».
Today @NaghaviNika, our Executive Director – MNOs, spoke with @cnbcafrica about MFS Africa joining #PAPSS and how digital payments are empowering small businesses across #Africa - making borders matter less. Watch her interview here: https://t.co/lC1tugmOQx
— MFS Africa (@MFS_Africa) February 18, 2022
Dans son rapport « State of the Industry Report on Mobile Money 2021 », l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) indique que l’Afrique a une fois de plus occupé la place de championne dans le paiement mobile avec 490 milliards $ échangés sur le continent contre 767 milliards $ dans le monde. Le nombre de comptes Mobile Money était de 548 millions sur le continent contre 1,2 milliard dans le monde.
Selon Mike Ogbalu III, le directeur général du PAPSS, « l’Afrique est le leader mondial des services d’argent mobile […] Cela démontre à quel point les services d’argent mobile jouent un rôle clé dans la croissance économique du continent et facilitent l’inclusion financière ».
Adoni Conrad Quenum
Fidèle à sa mission d’encourager l’esprit d’innovation chez la femme, Jessica Makosso a créé un réseau qui met en lumière le talent féminin. Entre la France et son pays d’origine le Congo, elle œuvre pour que sa plateforme devienne un repère pour les femmes dans l’accompagnement de leurs projets.
Détentrice d’une licence en management des entreprises, la Congolaise Jessica Makosso (photo) a entamé sa carrière professionnelle en tant que commerciale. Après plus de 7 ans d’expérience, elle a décidé de quitter son emploi en 2016, pour continuer ses études en France, où elle a décroché un master en management des unités opérationnelles. Alors qu’elle effectuait des stages dans le secteur de la mode de luxe à Paris, elle s’est finalement engagée pour la mise en lumière des talents féminins.
Elle a fondé l’Association des femmes inspirantes, une manière pour elle de contribuer à l’évolution du leadership féminin. Il s’agit d’un réseau de networking permettant d’accroître la visibilité sur les activités menées par des femmes, de transformer leurs idées en des activités lucratives et susceptibles d’avoir un impact positif dans le monde. Parmi ses activités, le programme « Saisis ta destinée », qui a pour objectif de favoriser la réflexion sur l'entrepreneuriat féminin et d'y sensibiliser les femmes.
Au-delà de ses activités en France, Jessica Makosso voudrait être active dans les pays africains. En 2018, elle a organisé la deuxième édition de son programme de sensibilisation « Saisis ta destinée » dans la ville de Pointe-Noire au Congo. « Il a été noté que les activités de sensibilisation ne s’arrêteront pas à l'Europe, mais se feront aussi en Afrique et étant congolaise la charité bien ordonnée commence par soi-même », a-t-elle expliqué.
Des projets menés avec succès qui ont permis à Jessica Makosso de se faire des partenaires parmi les banques, les entreprises du secteur des énergies et les organisations internationales. Au fil des années, elle ambitionne de faire de son association un partenaire incontournable de la femme dans le développement et la réussite de son projet entrepreneurial ou professionnel.
Aïsha Moyouzame
Cofondateur de la plateforme Flutterwave, le Nigérian était considéré depuis plusieurs années déjà comme l’espoir de la fintech africaine. Alors que son entreprise vient de franchir un nouveau palier, il prend également un nouveau statut dans l’écosystème des entreprises tech du continent.
Ce 16 février, la fintech nigériane Flutterwave est devenue la start-up affichant la plus importante capitalisation boursière du continent africain. L’entreprise a annoncé avoir mobilisé 250 millions de dollars US dans le cadre d’un cycle de financement. Des ressources qui ont fait passer la valorisation de la plus récente licorne africaine à plus de 3 milliards USD.
« Nous avons juste mis en place une infrastructure commune ».
Pour Olugbenga Agboola, son cofondateur et PDG, le niveau actuel de Flutterwave correspond à l’ambition qu’il avait lorsqu’il a décidé de quitter son emploi à Access Bank pour se consacrer à sa création. Celui que tout l’écosystème continental surnomme le prince de la fintech a vraiment eu le nez creux en lançant ce qui est depuis quelques mois, la 4ème licorne africaine.
Un parcours bien rempli
L’une des choses les plus impressionnantes chez Olugbenga Agboola reste son CV. Né à Lagos au Nigeria en 1985, l’intéressé y a fait des études primaires et secondaires avant de partir aux États-Unis où il obtient un master en management du Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Cambridge. Il obtient également une maîtrise en sécurité informatique et en ingénierie comportementale. Pas suffisant pour celui qui cherche alors à élargir ses horizons et à acquérir de l’expérience.
How Flutterwave's unicorn status could sprout more innovation in African fintech
— CNN Africa (@CNNAfrica) April 13, 2021
CEO Olugbenga Agboola (@TechProd_Arch) speaks to CNN about the milestone and his excitement for a new generation of African innovators. pic.twitter.com/uGvm2UAvHF
Il prolonge son cursus en décrochant les certifications standard de sécurité informatique de l'Université EC-Council au Nouveau-Mexique. Il étudie ensuite pour obtenir un diplôme en gestion de projet et en informatique avancée à l'Université de Westminster en Angleterre. C’est donc avec des compétences variées qu’il débute sa carrière comme développeur d'applications pour British Telecom Professional Services en 2003, avant de travailler l’année suivante chez Paypal en tant qu’ingénieur. Il rejoint ensuite l'équipe de développement de solutions d'infrastructure d'entreprise de la Guarantee Trust Bank de janvier 2005 à mars 2009, avant de passer à la Standard Bank Nigeria.
Il y travaille en tant que développeur de produits technologiques pendant deux années durant lesquelles il met au point une solution de paiement biométrique pour la banque. Il a également travaillé avec Google pour les services de paiement électroniques du géant du web, puis en tant que responsable des services financiers mobiles à la Sterling Bank. Il sera enfin responsable de l'innovation chez Access Bank de novembre 2014 à mai 2016.
Cette année-là, il a une idée, pas forcément révolutionnaire : faciliter l’interopérabilité des paiements en ligne. Ses différents postes lui ont permis d’observer sous toutes ses coutures le problème récurrent lié aux systèmes de paiement en Afrique, qui avaient du mal à interagir entre eux.
Ses différents postes lui ont permis d’observer sous toutes ses coutures le problème récurrent lié aux systèmes de paiement en Afrique, qui avaient du mal à interagir entre eux.
Son projet avec Flutterwave était de permettre à un client de payer un prestataire alors que les deux parties utilisent des processeurs différents. « L'Afrique a besoin de trois choses majeures, la logistique, les paiements et le commerce. Flutterwave s'occupe du système de paiement fragmenté en Afrique. Ce système fragmenté a besoin d'un moyen de paiement central pour faciliter le commerce sur le continent », explique Olugbenga Agboola.
Avec Iyinoluwa Aboyeji et une équipe d'autres spécialistes de la tech, de la banque et des paiements en ligne, il se lance donc pour connecter tous les types de paiements sur le continent et apporter une solution à usage unique. Au début, il est juste directeur technique pendant que le cofondateur Aboyedji occupe les fonctions de PDG. Mais lorsque ce dernier décide de quitter le poste, Olugbenga Agboola le remplace à la tête du projet. Et le succès ne tarde pas à frapper aux portes de la plateforme dont les services attirent rapidement des clients parmi les plus importants du paiement en ligne en Afrique. Les investisseurs y croient. En 2020, en plein confinement, l’entreprise accompagne 20 000 petites entreprises dans la création de boutiques en ligne pour faire survivre leurs activités. L’opération est un véritable succès.
Une licorne venue de Lagos
En mars 2021, Flutterwave est devenue la quatrième licorne (start-up valorisée à plus d'un milliard USD, mais non cotée en bourse et non filiale d’un grand groupe) du continent africain. La start-up fondée au Nigeria atteignait alors une valorisation de plus d'un milliard de dollars US, après en avoir levé 170 millions. Elle rejoignait dans ce cercle fermé Fawry et Interswitch, des sociétés de paiements respectivement égyptienne et nigériane, ainsi que le géant du commerce électronique Jumia.
En mars 2021, Flutterwave est devenue la quatrième licorne africaine.
Ce succès semblait surprendre beaucoup de monde, mais pas Olugbenga Agboola. Pour cet homme de 37 ans, sa fintech atteignait les niveaux qu’il imaginait lorsqu’en travaillant dans le secteur de la finance, il observait les insuffisances des flux de transferts d’argent entre l’Afrique et le reste du monde. Pour lui, le potentiel du projet Flutterwave était évident. Mais les choses se seraient-elles enclenchées aussi vite sans la pandémie de la Covid-19 ? Avec les confinements et la fermeture de nombreux services, le paiement dématérialisé est devenu indispensable. Visa, Mastercard, Facebook, Uber, Jumia et Alipay sont ainsi entrés en collaboration avec la plateforme dont les services brisent les barrières qui brident le continent en matière de transactions monétaires.
Visa, Mastercard, Facebook, Uber, Jumia et Alipay sont ainsi entrés en collaboration avec la plateforme dont les services brisent les barrières qui brident le continent en matière de transactions monétaires.
Avec son ami Iyinoluwa Aboyeji, Olugbenga Agboola a créé une plateforme permettant une interopérabilité entre de nombreux services de paiement en ligne. Le client et le prestataire n’ont pas à se soucier de la banque ou du processeur d’où part l’argent. Pourtant, l’homme estime n’avoir rien inventé. « Nous avons juste mis en place une infrastructure commune ». Flutterwave lui vaudra de nombreuses distinctions.
Flutterwave’s $250 million raise is to fortify its relentless marketing https://t.co/xWiEySOyc4
— Quartz Africa (@qzafrica) February 16, 2022
En 2021, il est notamment cité parmi les 100 jeunes de la planète qui façonneront l’avenir, selon le magazine américain Time.
Pour le nouveau prince de la fintech africaine, Flutterwave, qui en 2020 a traité plus de 80 millions de transactions pour une valeur de 7,5 milliards de dollars US dans 17 pays africains, a encore des progrès à faire et des territoires à conquérir.
Pour le nouveau prince de la fintech africaine, Flutterwave, qui en 2020 a traité plus de 80 millions de transactions pour une valeur de 7,5 milliards de dollars US dans 17 pays africains, a encore des progrès à faire et des territoires à conquérir.
L'entreprise souhaite qu'une cliente d'Afrique du Sud par exemple, puisse utiliser de manière simple son portefeuille numérique pour acheter des produits pharmaceutiques. Mais son principal objectif actuel est d’étendre le service en Afrique du Nord. Olugbenga Agboola ne s’arrêtera pas avant d’avoir atteint l’objectif qu’il s’est fixé. « L’Afrique n’est pas un pays, mais (au moment de payer en ligne, NDLR.) nous voulons donner l’impression que oui ».
Servan Ahougnon
A la tête de Dothan Group, Fabrice Koffi s’est associé à Bertrand Dago et Terrence Kondou pour créer Keiwa, une application de comptabilité simplifiée qui révolutionne l’activité des petits commerçants. La solution déployée avec succès en Côte d’Ivoire, il vise désormais tout le continent.
Titulaire d’une licence en comptabilité, Fabrice Koffi (photo) cumule plusieurs années d’expérience au sein de différents cabinets de conseil, en tant que responsable administratif et financier de la société Agritecno West Africa, ou encore associé et cogérant du cabinet Urim Thummim Conseil. Fort de cinq années d’expérience dans l’accompagnement des TPE et PME ivoiriennes, il a décidé de tracer sa propre voie dans ce secteur en fondant la start-up Dothan Group en 2017.
Il s'est associé à Bertrand Dago, technicien supérieur en système électronique et informatique, et à Terrance Kondou, ingénieur de formation en génie informatique, pour créer Keiwa, une application de comptabilité, de gestion financière et de gestion de stocks. Ensemble, ils partagent une vision commune : éduquer, accompagner et autonomiser les entrepreneurs du secteur informel grâce à une comptabilité simplifiée.
D’abord lancée au Sénégal en 2017, l’application a par la suite été déployée en Côte d’Ivoire en 2020. Elle est destinée aux TPE et PME africaines pour le suivi de leurs opérations quotidiennes, aux structures multisites, ainsi qu’aux partenaires offrant des services à ces entreprises. « L’utilisateur peut enregistrer ses opérations journalières, gérer ses stocks et avoir accès à un rapport d’activité clair en temps réel. Keiwa permet également le monitoring à distance de ces activités et le partage sélectif d’informations avec les partenaires sélectionnés », précise le site de Keiwa.
En décembre 2017, la solution a été le prix Coup de Cœur de l’Hackathon panafricain l'Arbre à Palabre, sur le parcours de vie des acteurs de l’informel, de la Société Générale. Deux ans plus tard, Keiwa a fait partie de la deuxième promotion du programme d’accélération de MTN Côte d’Ivoire, Y’ello Startup. En 2021, la start-up rejoint le portefeuille d’I&P Accélération Technologies, et profite d’un financement et d’un accompagnement stratégique apporté par la structure d’investissement et l’équipe de Comoé Capital en Côte d’Ivoire.
Grâce à ces multiples récompenses, Fabrice Koffi et ses associés espèrent faire de Keiwa une multinationale présente dans l’ensemble des pays du continent africain.
Aïsha Moyouzame
L’entrepreneure d’origine congolaise se démarque à l’international dans la valorisation des créations artistiques africaines. Elle s’appuie sur les nouvelles technologies pour concrétiser ses ambitions de faire de sa plateforme, Pavillon 54, le réseau par excellence des acteurs et des passionnés de l’art.
Alors qu’elle mène une carrière internationale riche de 13 ans d’expérience dans le secteur financier, Dana Endundo Ferreira (photo) souhaitait faire quelque chose qui la passionnait. Née de parents collectionneurs, elle a toujours nourri un grand intérêt pour l’art et la culture.
« Je me suis rendu compte que malgré la popularité croissante de l'art africain contemporain sur la scène artistique mondiale ces dernières années, la majorité des gens ne s’imagine pas que l'art africain haut de gamme est prisé sur certains marchés internationaux », relate-t-elle.
Diplômée d’un Master in Business Administration à l’université de Columbia aux Etats-Unis, en 2012, elle s’est ensuite spécialisée dans les stratégies numériques et le marketing digital dans des entreprises américaines. En 2018, elle s’est installée au Royaume-Uni, où elle a travaillé en tant que consultante pour une fintech ayant des aspirations commerciales en Afrique. Son expérience dans le numérique, elle a décidé de la mettre au service de l’art africain, en fondant Pavillon 54, une plateforme digitale autour de l'art moderne et contemporain d'Afrique et de la diaspora.
Pavillon 54 connecte à la fois les artistes, collectionneurs, acheteurs, institutions du domaine et amoureux de l’art. Il s’agit d’une solution centralisée qui relie les différents acteurs, facilitant la découverte et l’investissement dans l’art africain et de la diaspora tout en contribuant à un développement à long terme du marché. Dana a pour objectif de créer « la première plateforme leader dédiée au développement des arts et de la culture de l'Afrique, par les Africains, pour les Africains et pour le reste du monde ».
Pour parvenir à un tel exploit, elle repose sa stratégie, dit-elle, sur les 3 C, à savoir : commercial, contenu & communauté. L’aspect commercial implique tout naturellement les différents achats d’œuvres africaines. Elle entend ensuite proposer un contenu éducatif pour combler le vide d'information sur l'art africain avec un blog bien documenté et d'autres ressources ; et enfin, elle organise des événements qui contribuent à créer une communauté forte où les cultures africaines sont partagées et célébrées. A ce jour, une quarantaine d’artistes réputés sont répertoriés sur Pavillon 54, où ils exposent diverses œuvres entre peintures, photographies et sculptures vendues de 1 000 à 10 000 dollars.
Si les chiffres sont prometteurs, Dana Endundo Ferreira déplore toutefois le manque de soutien financier et d’infrastructures dans les métiers des arts en Afrique, malgré le fort potentiel de cette industrie à l’international.
« Nous consacrerons bientôt également un espace sur notre plateforme pour présenter et offrir plus de visibilité aux jeunes artistes qui n'ont pas de représentation formelle en galerie ou d'autres opportunités d'exposition, mais démontrent un grand talent et beaucoup de potentiel », annonce l’entrepreneure qui ambitionne de faire de Pavillon 54 la référence mondiale en matière d’art contemporain et moderne d’Afrique et de la diaspora.
Aïsha Moyouzame
Ashraf Atia et Ramy Assaf révolutionnent le c-Commerce, une forme de commerce conversationnel au sein des applications de messagerie instantanée. En 5 ans, ils ont réussi à créer la 1re plateforme de c-commerce de la région MENA, et annonce l’expansion de sa solution en Egypte.
En 2016, Ramy Assaf (photo, à droite) et sa femme lançaient une petite activité de vente de chapeaux via une page Instagram, traitant les commandes par WhatsApp. Alors qu’il travaillait à l’époque pour la société de capital-risque Middle East Venture Partners (MEVP), il a décidé de s’aventurer dans l’entrepreneuriat après avoir constaté que sa petite activité de vente en ligne constituait une opportunité à développer dans la zone MENA.
Cependant, la notion de suivi des commandes et de gestion des clients restait un point sensible, et il a décidé d’en faire son cheval de bataille en créant la start-up Zbooni en 2017. Quelques mois plus tard, Ashraf Atia (photo, à gauche) le rejoint, et ensembles ils décident de révolutionner les opérations électroniques d’achats et de ventes dans la région du MENA grâce au c-commerce, une nouvelle forme de commerce conversationnel qui permet aux entreprises de vendre davantage par le biais d'applications de chat populaires, comme WhatsApp, Telegram ou Messenger.
Les moyens pour un tel investissement, ils les ont obtenus auprès d’investisseurs régionaux et mondiaux qui les accompagnent dans leur expansion. Très vite, l’idée a séduit dans plusieurs pays, et Zbooni a progressivement ouvert ses bureaux régionaux aux Emirats arabes unis, en Arabie saoudite et en Jordanie, et sert actuellement une base de commerçants de plus de 6 000 entreprises.
En septembre 2021, Zbooni a réalisé un tour de financement de série A de 9,5 millions de dollars pour accélérer son expansion dans la région. Trois mois plus tard, la start-up a signé un partenariat de paiement avec JumiaPay Egypt, la plateforme de paiement égyptienne de Jumia Group. Le 16 février, le duo d’entrepreneurs a annoncé le lancement de sa plateforme en Egypte, ce qui aidera les entreprises locales à utiliser ses outils pour interagir et s'engager avec les clients, avec la sécurité des transactions traitées par JumiaPay.
Zbooni permet ainsi aux entreprises de convertir les conversations en transactions en partageant des paniers d'achat et des liens de paiement en temps réel, tout en assurant un suivi complet des opérations. Elle offre aux utilisateurs la possibilité de saisir des commandes, d'accepter des paiements et de vendre davantage, tout en assurant un suivi complet.
« Le panier moyen du c-Commerce est 2,7 fois plus grand que celui du e-Commerce traditionnel et les taux de conversion sont 20 fois plus élevés […] Zbooni utilise des outils avancés d'apprentissage automatique et d'IA (intelligence artificielle) pour protéger les commerçants et les clients, en garantissant une prévention de la fraude », affirme Ashraf Atia.
Avec le lancement de Zbooni en Egypte, les fondateurs ciblent les 50 millions d'utilisateurs de réseaux sociaux que compte le pays. « Nous sommes ravis de nous lancer en Egypte et de lancer le c-commerce avec des entrepreneurs et des entreprises égyptiennes inspirantes. En tant qu'Américain d'origine égyptienne qui a vécu et travaillé dans toute la région, c'est un honneur de pouvoir apporter de nouvelles solutions technologiques à mon pays d'origine. Avec l'aide de notre partenaire clé JumiaPay et de la National Bank of Egypt, nous espérons aider des milliers d'entreprises égyptiennes à vendre davantage avec Zbooni en 2022 », a-t-il conclu.
Aïsha Moyouzame
Le jeune Camerounais veut apporter les soins de santé au plus grand nombre de personnes dans le pays grâce à son application numérique OuiCare. Le Sénégal est déjà dans son viseur.
Les envies d’immigration qu’Emmanuel Assom (photo) entretenait, il y a près de huit ans, ne sont plus aujourd’hui qu’un souvenir. La healthtech OuiCare qu’il a lancée il y a près de six ans, pour améliorer l’accès des patients aux soins de santé avec le numérique, prend ses marques auprès des utilisateurs et des médecins. Elle l’occupe beaucoup et le passionne. Fin 2021, il indique qu’elle enregistrait déjà 3 000 clients abonnés, sur un effectif de plus de 20 000 utilisateurs.
Emmanuel Assom a développé OuiCare, à la base comme un carnet de santé électronique, pour remplacer le carnet papier et permettre au patient d’avoir toujours à disposition ses informations médicales sur smartphone ou ordinateur. Ainsi, le patient peut être reçu dans une structure hospitalière, peu importe la ville ou le pays dans lequel il se rend. Cette idée a germé dans son esprit après le décès de son père. Malade, il est mort dans un centre de santé où il s’était rendu en urgence sans son carnet médical. Emmanuel estime que le médecin aurait pu agir plus rapidement s’il avait pu accéder à son historique médical.
Le jeune Camerounais formé en maintenance informatique – qui travaillait comme agent d’entretien dans une structure de la place et dépannait des ordinateurs – utilise l’argent qu’il avait économisé pour émigrer en Europe pour s’associer avec quelques amis. En 2016, ils fondent ASTA (Advanced and Suitable Technologies for Africa), une entreprise de développement d’applications web et mobile pour entreprises et particuliers. Grâce à ce premier investissement, OuiCare a vu le jour.
Aujourd’hui, après plusieurs améliorations, OuiCare est désormais composé de deux plateformes. La première, pour les patients, leur permet d’accéder aux médecins, d’accéder à la téléconsultation, à leurs données médicales. La seconde, réservée aux médecins, leur permet d’effectuer le suivi des patients, de gérer leur traitement. La start-up, basée à Yaoundé et Douala, prépare d’autres améliorations comme la géolocalisation des pharmacies.
En 2021, Emmanuel Assom a remporté le prix Orange de l’entrepreneur social des TIC en Afrique et au Moyen-Orient (Poesam). La healthtech a bénéficié ainsi d’un prix de 25 000 euros et d’un accompagnement chez les incubateurs Actives Spaces au niveau national et Bond'innov en France. Elle vient également d’intégrer le Cameroon digital innovation center (CDIC), le nouvel incubateur lancé le 8 février 2022 par le gouvernement. Avec sa trentaine de médecins déjà enregistrée, OuiCare souhaite étendre ses services à toutes les régions du Cameroun, puis à d’autres pays africains, à l’instar du Sénégal où des procédures administratives ont déjà été engagées.
Ruben Tchounyabe
Lire aussi : Audace Nakeshimana, l’ingénieur d’Apple qui démocratise le diagnostic médical au Rwanda
Fondateur d’Insightiv, une plateforme de télémédecine, cet ingénieur en Machine Learning a décidé de mettre ses capacités au service de l’amélioration de l’imagerie médicale dans les hôpitaux du Rwanda. Avec sa récente levée de fonds auprès de HealthTech Hub Africa, il espère une collaboration avec le système de santé publique.
Alors qu’il était étudiant au Massachusetts Institute of Technology (MIT) aux Etats-Unis, Audace Nakeshimana (photo) a fondé Insightiv en 2019, une start-up spécialisée dans l'intelligence artificielle et la téléradiologie. En plus de ses fonctions de directeur exécutif, il occupe également un poste d’ingénieur chez Apple depuis septembre 2020, où il est spécialisé en Machine Learning. Sa start-up, il a choisi de l’établir au Rwanda pour impliquer les talents locaux dans le développement de la technologie et s'assurer que la solution peut se concentrer sur la résolution du problème dans un contexte africain.
C’est pour faciliter l'accès aux diagnostics par imagerie médicale qu’Audace Nakeshimana a fondé Insightiv. « En grandissant, nous avons entendu des histoires de gens qui étaient malades et qui ne savaient pas ce qu'ils avaient. Puis cette personne rentrait chez elle et finissait par mourir […] ma grand-mère en fait partie, ainsi qu'une de mes tantes. Si l'on y regarde de plus près, beaucoup de gens meurent à cause du manque de moyens de diagnostic », a-t-il affirmé.
Insightiv développe une technologie avancée pour aider les radiologues à détecter plus rapidement les maladies potentiellement mortelles, rendant ainsi l'imagerie médicale opportune et accessible. La solution, riche en fonctionnalités, fournit des outils basés sur les diverses modalités de visualisation de l'image, ce qui permet aux spécialistes de l'imagerie médicale d'accéder à une large gamme d'outils pour une meilleure analyse. Elle leur permet de créer et de soumettre des rapports à l'aide d'une plateforme unique. En tant que système basé sur le cloud, la plateforme Insightiv Diagnostics aide le personnel de santé à se concentrer sur les soins aux patients plutôt que sur les questions techniques.
Courant 2020, Audace Nakeshimana a été finaliste du PKG Center’s IDEAS Social Innovation Challenge, et a reçu un financement de 16 000 dollars. En décembre 2021, il a remporté le concours de HealthTech Hub Africa et obtenu 30 000 dollars. L’entrepreneur entend utiliser ce financement pour améliorer son service et se rapprocher des législateurs afin de collaborer avec le système de santé publique.
Dans 10 ans, il projette d’atteindre 10 % de la population rwandaise avec sa solution de diagnostic rapide.
« Si vous regardez aujourd'hui, le système de soins de santé actuel n'a la capacité de diagnostiquer qu'environ 200 000 à 300 000 patients […] Nous pensons que si une organisation privée comme Insightiv peut prendre en charge 10 % de la population, cela signifie que nous ferions plus que ce que le système national de soins de santé fait aujourd'hui. C'est un objectif ambitieux, mais réaliste », conclut-il.
Aïsha Moyouzame