En débat depuis de nombreuses années, l’identité numérique de la Guinée n’a véritablement commencé à être prise au sérieux qu’en 2017. Avec la transformation numérique qui s’accélère dans le monde, le pays veut rattraper le retard sur cette question qui s’avère cruciale dans l’économie numérique.
Le gouvernement de la République de Guinée a confié à Aminata Kaba (photo), la ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Economie numérique, la charge de reprendre la gestion du domaine national de premier niveau .GN. Cette mission lui a été confiée lors du Conseil des ministres qui s’est tenu jeudi 20 janvier. Le gouvernement a souligné l’urgence de cette question au regard de son importance pour la souveraineté numérique nationale.
Le Conseil des ministres a demandé à Aminata Kaba de mettre en œuvre toutes les mesures pour le succès de cette tâche. Il lui a même assuré « l’appui des ministères de la Sécurité et de la Justice pour l’ouverture d’une enquête afin d’identifier et d’appréhender les personnes présentes sur le territoire national qui entravent le rapatriement du .GN ». Rappelons qu’actuellement, le domaine .GN est géré par le registre PSGNet qui est basé aux Etats-Unis.
En parallèle aux discussions du Conseil des ministres sur la reprise de la gestion du nom de domaine national de premier niveau, un atelier d’échanges et de concertation des acteurs locaux d’Internet s’est tenu sur la question au Palais du peuple à Conakry. Il était organisé par l’Association du Nic .GN, qui a été désignée par le ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Economie numérique comme registre pour la gestion du nom de domaine national. L’objectif était d’échanger et de former les acteurs du cyberespace guinéen sur la procédure de reprise en gestion afin qu’ils soutiennent le processus, et de préparer également le processus auprès de l'ICANN, la Société pour l'attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet, l'autorité de régulation d'Internet.
C’est depuis 2016 que la réflexion est menée en Guinée sur le retour de la gestion du nom de domaine national de premier niveau au pays. C’est en 2017 qu’un décret signé par l’ex-président de la République, Alpha Condé, a finalement fixé les règles de gestion technique et administrative du domaine Internet national. Aujourd’hui, alors que la transformation numérique est au cœur de nombreux enjeux de développement, la Guinée est déterminée à gérer elle-même son identité numérique.
Bamba Oliano, le secrétaire général du ministère des Postes, des Télécommunications et de l'Economie numérique, a expliqué que le nom de domaine national est « l’équivalent de l’indicateur téléphonique, le +224, dans le cyberespace. Sa gestion doit être assurée par les Guinéens et pour les Guinéens dans l’intérêt général. Et il est destiné à délimiter l’espace guinéen dans le cyberespace ».
Muriel Edjo