Malgré la hausse continue des levées de fonds réalisées par les start-up africaines sur les dernières années, les inégalités de genre restent très évidentes. En 16 mois, les start-up dirigées par des femmes n’ont capté que 119 millions USD.
Les start-up africaines ayant à leur tête des femmes ont levé un montant cumulé de 119,05 millions USD sur la période du 1er janvier 2022 au 30 avril 2023, selon un rapport publié le 7 juin par Disrupt Africa, une plateforme d’information spécialisée dans les écosystèmes tech en Afrique, en collaboration avec Madica, un programme d'investissement de pré-amorçage qui cible les fondateurs sous-financés en Afrique
Intitulé "Diversity Dividend : Exploring Gender Equality in the African Tech Ecosystem", il précise que ce montant représente 2,9% du total des levées de fonds réalisées par les jeunes pousses du continent durant la période sous revue, et qui est de 4,05 milliards USD.
Sur les 711 start-up ayant levé des fonds, 83 sont dirigées par des femmes (11,7%), tandis que 149 comptent au moins une femme dans leur équipe fondatrice (21%). Cette dernière catégorie a levé 369,10 millions USD. Le Nigeria arrive en tête des pays d’origine des start-up avec au moins une femme dans leur équipe fondatrice, devant le Kenya, l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Maroc, le Ghana et la Tunisie.
Le rapport souligne aussi que le paysage de la tech en Afrique est largement dominé par les hommes. Sur un total de 2 395 pépites suivies par Disrupt Africa, 350 seulement (14,6%) ont été fondées ou cofondées par des femmes tandis que 230 seulement (9,6%) ont à leur tête des femmes.
Bien que les chiffres varient d’un pays à l’autre, le paysage africain des start-up est encore très loin de la parité. Aucun pays ne compte plus de 23% de femmes fondatrices. Les pays avec le plus de femmes fondatrices ou cofondatrices sont dans l’ordre, le Rwanda, la Tunisie, le Sénégal, l’Ethiopie et l’Ouganda. Les quatre écosystèmes les plus développés du continent (Nigeria, Afrique du Sud, Kenya et Egypte) ne brillent pas par leur mixité.
Le secteur des technologies juridiques (legal-tech) arrive en tête de ceux comptant le plus de femmes fondatrices et cofondatrices (26,9%). Viennent ensuite la healthtech (22,1%), le recrutement et la gestion des ressources humaines (22%), l’ed-tech (17,8%) et le commerce électronique (17,3%).
Disrupt Africa a d’autre part réalisé un sondage auprès des fondatrices et cofondatrices des start-up africaines couvertes par le rapport. Il en ressort que 80,8% des sondées déclarent avoir perçu des préjugés à leur encontre sur le plan professionnel parce qu’elles sont des femmes, alors que 50% affirment avoir perdu des opportunités professionnelles pour le même motif.
69,2% des fondatrices ont également indiqué qu’elles se sentent négativement impactées par le fait d'être une femme lorsqu’elles s’adressent à un investisseur potentiel.