La jeune pousse spécialisée dans le transport a essuyé plusieurs échecs avant son lancement effectif en octobre 2021. Elle s’est fixée comme ambition d’être présente dans 13 pays d’Afrique d’ici mars 2022. Elle veut franchir à cet effet la barre des 100 000 utilisateurs.
Depuis leur smartphone, les Tunisiens peuvent depuis quelques mois accéder à Split, l’application gratuite de covoiturage développée par la Start-up éponyme. Il suffit de la télécharger, d’ouvrir un compte, d’accéder au menu et de sélectionner le service désiré. Split met en relation des conducteurs avec des passagers, ou l’inverse. Elle permet aux deux catégories d’utilisateurs de publier des itinéraires qu’ils vont effectuer à une période précise et d’obtenir soit des passagers ou des conducteurs empruntant le même chemin.
Split est le fruit du travail de trois étudiants de l’Institut de Hautes études commerciales de Carthage (IHEC), motivés par la volonté de donner à leurs camarades une alternative fiable au secteur défectueux des transports publics en Tunisie. Une situation qui se caractérisait encore en 2020 par une offre de transport en commun insuffisante, un accroissement des embouteillages, un taux élevé de décès sur les routes, la mauvaise gestion des ressources et des opérations des transports publics.
Selon MobiliseYourCity, partenariat mondial pour la planification de la mobilité urbaine durable, lancé en 2015 lors de la COP21 à Paris, la Tunisie connaît une croissance démographique urbaine rapide, en particulier dans les villes de Tunis, Sousse et Sfax. Le taux d'urbanisation devrait continuer d'augmenter pour atteindre un taux d'environ 75 % d'ici 2030.
Ainsi la part des transports collectifs et publics est passée de 70 % dans les années 1970 à moins de 30 % aujourd'hui, dont environ la moitié sont des transports non réguliers, comme le taxi et le taxi collectif. Cette situation a conduit à une augmentation de l'utilisation et de la possession de voitures particulières. Néanmoins, la marche reste le principal mode de transport dans les villes tunisiennes puisque 36 % de la population active se rend au travail à pied.
Split capitalise sur cette proportion croissante de voitures particulières pour contribuer à résoudre le problème de transport dans le pays. C’est depuis 2019 qu’Ezzedine Cherif, Alaaeddine Jerad et Adam Abdelmoula, tous co-fondateurs de Split, travaillaient au lancement de l’application. « Au total nous avons eu six tentatives de lancement. Elles ont toutes été ratées, sauf la dernière. Il fallait que ces lancements échouent pour arriver à une version optimale de Split », explique Ezzedine Cherif, président-directeur général de la Start-up qui a subi de plein fouet les effets de la crise sanitaire alors qu’elle était en pleine levée de fonds.
Deux mois après le lancement de l’application, Ezzedine Cherif revendique déjà plus de 20 000 utilisateurs. Il indique que les personnes transportées ont vu la durée de leur déplacement passer de trois heures à une demi-heure. « Grâce à ce trajet réduit, les passagers ont la possibilité de dormir plus longtemps, en supprimant les correspondances », a-t-il ajouté. Il souligne que Split n’est pas une application qui va enrichir ses utilisateurs mais contribuera à une réduction des dépenses en carburant des conducteurs puisque plusieurs personnes partageront les frais.
Sur le court terme, Split vise 100 000 utilisateurs d’ici mars 2022. L’objectif est de s’internationaliser très rapidement, notamment en Afrique, en développant une présence dans 13 pays sur le continent. En décembre dernier, la Start-up était le transporteur officiel de la Tunis Fashion Week qui s’est tenue à l’hôtel Anatara de Tozeur. Le même mois, la Start-up a également signé une convention avec KFC Tunisia pour transporter ses salariés afin d’optimiser le budget alloué à cette charge par le restaurateur.
Ruben Tchounyabe