En un an à peine, Ahmed Ismail et ses associés ont réussi à faire de Bloom, une fintech proposant un service d’épargne, la première start-up du Soudan à intégrer l’accélérateur américain Y Combinator pour sa cohorte de 2022.

Ancien associé de la banque d'investissement Barclays, Ahmed Ismail (photo) est le PDG de Bloom, une solution financière digitale développée par Bloom Financial Technologies (UK) Limited par l'intermédiaire de sa succursale enregistrée au Soudan. Il a cofondé Bloom avec Youcef Oudjidane, Abdigani Diriye et Khalid Keenan, des entrepreneurs africains ayant étudié dans des universités réputées du Royaume-Uni et ayant travaillé chez Goldman, Amazon et IBM. Ensemble, ils ont décidé de mettre leur expérience combinée de l'ingénierie, de la banque d'investissement et du capital-risque, au service de la lutte contre l'inflation et la dévaluation de la monnaie du Soudan.

Au départ, ils avaient l'intention d'investir dans des marchés déjà bien établis en matière de banque numérique en Afrique, mais ont finalement décidé d'en construire une à la place, en choisissant le Soudan en raison de leur familiarité avec ce pays, et de leur envie d’avoir un impact dans un écosystème technologique ambigu. En 2021, ils ont lancé Bloom, une néobanque permettant aux Soudanais d'épargner en dollars américains et de dépenser dans leur monnaie locale, la livre soudanaise, parmi d'autres fonctionnalités comme les transferts de fonds et les cartes bancaires en dollars.

Leur objectif est d'aider les utilisateurs, généralement issus de la classe moyenne, à avoir accès à une épargne dans des devises stables et à des services financiers qui leur permettent de dépenser en devise locale, dans un contexte où l'inflation a dépassé 350 % en 2021. Étant donné que l'écosystème technologique du Soudan est très récent, Bloom est la deuxième start-up du pays financée par des fonds de capital-risque en plus de 30 ans, et la première soutenue par l’accélérateur américain Y Combinator dans le pays, représentant ainsi à l’international l'écosystème technologique soudanais. La start-up dit avoir 15 000 personnes sur sa liste d'attente.

Pour les fondateurs, figurer parmi les start-up du programme Y Combinator 2022 pourrait contribuer non seulement à attirer l'attention sur Bloom, mais aussi sur les opportunités qu’offrent d’autres pays sous-représentés dans des compétitions internationales comme le Soudan. 

Aïsha Moyouzame

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Le fondateur de la start-up AfroVision revient sur les avantages que la connectivité gratuite offerte par le gouvernement apportera à la transformation numérique. Il explique l’importance d’Internet pour les tech entrepreneurs et son impact pour un écosystème innovant comme la Silicon Mountain basée dans le Sud-Ouest du Cameroun.

Qu’est-ce que la Silicon Mountain en général ?

Actuellement, nous ne maîtrisons pas encore toutes les start-up qui constituent la Silicon Mountain, mais elle englobe les villes de Buea, Muyuka, Ekona, Tiko, Mutengene, Limbe ; donc tout le département du Fako. Toutes les localités que le mont Cameroun touche, s’il s’y trouve quelqu’un qui gagne de l’argent à travers les smartphones, cette personne fait partie de la Silicon Mountain. Toutefois, les entreprises les plus connues sont dénombrées à plus de 50 ; même la liste de Wikipédia n’est pas complète parce qu’il y a des entreprises qui ne sont pas inscrites.

La Silicon Mountain est une zone industrielle de technologie basée ici à Buea et dans le Fako. Ce n’est pas une association, c’est juste une zone où se regroupent des jeunes tech entrepreneurs qui ont créé leurs propres structures, comme moi avec AfroVision, Njorku et Buyam. D’autres innovateurs ont lancé des start-up comme Zinger System ; l’incubateur ActivSapces ; Jongo Hub ; sienfliex pour les médias, les séries, les films ; mountain hub ; Mountain credit union ; Genie computer… ce sont toutes ces entreprises qui forment la Silicon Mountain.

Présentez-nous votre entreprise AfroVision Group ?

AfroVision Limited Group est ma première entreprise, lancée en 2006. Nous intervenons dans le consulting, le développement de solutions web/mobiles pour les entreprises, le génie logiciel, le développement des sites web, le développement des applications mobiles telles que Buyam que nous venons de lancer. Nous développons aussi les systèmes pour les structures gouvernementales, à l’instar du GCE Board. Nous sommes une équipe de 10 personnes. Cette année, nous comptons augmenter la taille de notre personnel à 40, essentiellement des ingénieurs parce que nous souhaitons beaucoup nous développer avec les nouveaux partenaires et investisseurs que nous avons aux États-Unis.

Nous travaillons actuellement sur notre projet « Buyam », un marché en ligne. Des boutiques dans le cloud. Les clients pourront contacter directement les marchands sur leur mobile pour acheter.

Le gouvernement camerounais a annoncé le 15 mars dernier l’offre d’un an de connexion Internet gratuite à 35 start-up de l’écosystème Silicon Mountain, parmi lesquelles la vôtre. Que représente ce geste pour vous ?

C’est un signe qui montre qu’il [le gouvernement] est prêt à nous soutenir et à nous aider à évoluer pour que la Silicon Mountain devienne plus viable et crée plus d’emplois pour les jeunes Camerounais. Pour la connexion, il y a certaines structures qui auront la fibre optique. C’est bien rapide, mais ça va prendre encore 4 semaines pour l’installer. Pour les 15 start-up qui ont choisi les modems mobiles, ils ont accédé à Internet le même jour. C’est 135 gigabits par mois.  En ce qui concerne Afrovision Group, nous avons choisi la fibre optique parce que c’est plus stable et que nous avons besoin d’un Internet rapide et sûr pour communiquer avec nos clients en Afrique, en Europe, aux États-Unis. Nous attendons encore l’installation des câbles qui peut durer un mois.

Qu’est-ce qui est à l’origine de cette offre de connectivité gratuite par l’État ?

Il y a un an, la ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel) a envoyé une délégation à Buea. Lors d’une rencontre avec cette délégation, ses membres nous ont demandé quelles étaient les difficultés auxquelles nous faisons face dans notre travail. Nous leur avons répondu la disponibilité d’une connexion Internet de qualité et les coupures récurrentes d’électricité. Sans Internet nous ne pouvons pas travailler avec nos clients, nous ne pouvons pas gérer nos plateformes web et nos applications, ce qui met en danger nos activités. Pour l’électricité, nous avons reçu un groupe électrogène d’hommes d’affaires français présents au Cameroun et de l’Ambassade de France au Cameroun. Il est installé dans les locaux de l’incubateur ActivSpaces à Buea. Le Minpostel, lui, s’est donc proposé de nous soutenir à travers la connexion à Internet.

Quels critères ont prévalu lors de la sélection des start-up bénéficiaires ?

Le Minpostel a demandé une liste de start-up qui ont besoin d’Internet. Nous avons créé un fichier Google Forms que nous avons fait circuler dans la Silicon Mountain. Toutes les start-up et entreprises technologiques installées à Buea pouvaient s’y faire enregistrer. Il fallait être installé à Buea ou un peu partout dans la Silicon Mountain, travailler dans le développement de solutions web mobiles, être une structure légale, c’est-à-dire s’acquitter de ses impôts. 

Qu’apportera ce supplément de connectivité Internet à votre activité ?

D’habitude je dépense 40 000 FCFA par mois pour connecter le bureau à Internet. J’achète un forfait de plus de 100 gigas de data pour la maison et le bureau. Cette connexion ADSL est de 1 à 3 mégaoctets (Mo) par seconde. Avec la connexion fixe que nous allons recevoir, nous tournerons entre 6 et 10 Mo par seconde. Ce qui va beaucoup améliorer notre condition de travail. Les jeunes ingénieurs que j’embauche pourront facilement mener leurs études en ligne ; assister à des réunions avec nos partenaires en Afrique du Sud et dans d’autres régions du monde, etc., ceci sans grandes perturbations. Ce sera même plus rapide de déployer nos solutions dans le cloud. Avec la nouvelle solution Buyam sur laquelle nous travaillons, il a fallu à un moment donné la transférer sur un serveur de plus grande capacité. Cela nous a pris environ 3 semaines alors qu’avec la fibre optique c’est seulement 3 heures. Quand tu gagnes du temps, tu gagnes plus d’argent en fait.

Entre janvier et avril 2017, la Silicon Mountain a subi une coupure d’Internet. Quels ont été les préjudices de cette décision gouvernementale ?

Je n’aime pas vraiment cette coupure d’Internet parce que c’est l’histoire la plus préjudiciable que les jeunes startupers ont connue ici à Buea. En estimation, je peux dire que c’est entre 70 000 et 100 000 dollars que notre entreprise a perdu. Quand on a coupé, on est d’abord allé s’installer à Douala et par la suite on a pris un local à New Bonako, une localité située entre Douala et Buea et où l'Internet passait sans problème. Ça relève donc du passé ; nous continuons de bosser.

Est-ce que l’appui que vous venez de recevoir en connectivité peut aider à compenser vos pertes enregistrées lors de cet épisode ?

L’on ne peut pas comparer les deux parce que ce n’est pas la même chose. Cette coupure est intervenue en 2017 ; aujourd’hui en 2022, nous avons besoin d’Internet et le gouvernement nous le donne. Nous sommes contents et nous utiliserons cela pour améliorer nos affaires, valoriser nos activités et en même temps embaucher plus de gens. Grâce à cette connectivité, nous pourrons former plus de jeunes, travailler avec beaucoup plus de clients, développer plus de solutions.

Propos recueillis par Ruben Tchounyabe

Lire aussi : Entretien avec Emmanuel Cheriet : « Les jeunes Africains ont une carte à jouer dans la cybersécurité »

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La solution numérique a déjà à son actif plusieurs milliers d’hectares de terres cultivables analysées dans plusieurs pays d’Afrique. A travers sa grande ambition qui est de contribuer à la sécurité alimentaire sur le continent, son fondateur veut aussi sortir les acteurs du secteur de la précarité.

La clinique agropastorale de Pyrrus Koudjou (photo), ClinicAgro, est actuellement engagée dans une opération de levée de fonds qui devrait lui permettre de poursuivre son développement.  La start-up spécialisée dans le domaine de l’agriculture technologique est née en 2019 de sa prise de conscience des difficultés touchant le secteur agricole, après une rencontre avec un agriculteur. L’informaticien camerounais décide alors de réfléchir à un moyen de fournir à la communauté agricole, qui vit quasiment les mêmes problèmes, diverses informations essentielles pour le succès de leurs activités.

« L'Afrique et le Cameroun en particulier ont besoin d'un apport stable en nourriture, d'autant plus que sa population croît exponentiellement. Dans ces conditions, nous devons accompagner les agriculteurs à optimiser leur production sur un minimum d'espace, à réduire leur empreinte écologique et à préserver les ressources naturelles pour les générations futures », explique l’entrepreneur social.

Connecté par Bluetooth à une application, le kit ClinicAgro propose des diagnostics poussés de sols et des maladies que peuvent subir les végétaux. Il permet en 60 secondes d’obtenir divers indicateurs tels que le taux de fertilité, le degré d’azote, phosphore et potassium ou l’indice de fertilité des nutriments. La solution émet alors des recommandations à l’agriculteur pour améliorer son sol, avoir de meilleurs rendements et de meilleurs revenus. L’utilisateur peut également prendre en photo les végétaux malades, identifier le mal et le soigner grâce à une intelligence artificielle qui lui fournit des solutions. Disponible en 6 langues, cette solution constitue un outil de prise de décisions pour l’agriculteur.

La start-up a été lancée officiellement en février 2021. A ce jour, ClinicAgro c'est 12 kits fabriqués et déployés au Cameroun et dans d’autres pays, notamment le Burkina Faso, le Togo, et la France. Elle compte 1 200 hectares de terre analysés. « Ce qui me motive au quotidien, c’est ma cible, les agriculteurs. Et je me suis donné comme mission de trouver des solutions pour les accompagner à avoir un rendement optimal », confie Pyrrus Koudjou, qui cible 1,8 million hectares de terres cultivables au Cameroun.

Passionné par les technologies, Pyrrus Koudjou a développé plusieurs solutions basées sur l’intelligence artificielle. Il a déjà décroché plusieurs récompenses grâce à sa solution ClinicAgro, notamment le prix Coup de Cœur 2019 Med’Innovant Africa, le 1er prix Antic 2019, le 1er prix Cultivez le Numérique au Maroc, et le 1er prix Espoir Afric Startup Summit 2019 à Paris. Premier prix Orange de l’entrepreneur  social au Cameroun en 2019, il intègre le programme d’accélération d’Orange digital center Douala qui l’a accompagné dans le développement du premier prototype et la version commerciale du produit. 

Ruben Tchounyabe

Lire aussi : Avec ses solutions connectées, la start-up sénégalaise Tolbi améliore l’irrigation des champs et leur rendement

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Fatim Cissé est la fondatrice de Dux (une entreprise spécialisée dans les NTIC et l'IA) et la DG d’IHS Towers Côte d’Ivoire. Première femme ivoirienne diplômée en intelligence artificielle, elle se donne pour mission de préparer les entreprises africaines à la 4e révolution industrielle.

Après ses études secondaires en Côte d’Ivoire, Fatim Cissé (photo) s’envole pour le Canada où elle obtient un master en ressources humaines et management à HEC Montréal en 2010. Six ans plus tard, elle obtient un diplôme en management de la Harvard Business School. En 2019, elle entre dans l’histoire en devenant la toute première femme ivoirienne à décrocher l’Executive Program en intelligence artificielle de la Singularity University située sur le campus de la Nasa. Sa carrière professionnelle, entamée en 2005, s'est faite dans de grandes entreprises étrangères comme Hewitt & Associates, Quintiles ou Centennial Marketing Group.

Alors qu’elle menait une brillante carrière professionnelle, elle décide de revenir sa Côte d’Ivoire natale, où elle prend la direction des ressources humaines de la filiale d’Ericsson en 2011. Motivée par l’envie de contribuer à sa manière au développement du pays, elle fonde Dux en 2018, entreprise spécialisée dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) et l’intelligence artificielle (IA). Dux facilite l’accès des entreprises africaines à des services numériques. La société propose aussi des formations dans les domaines de l’intelligence artificielle, la cybersécurité, le big data, et la data science, ainsi que des formations sur-mesure destinées aux entreprises.

Au-delà de sa carrière entrepreneuriale, elle mène également une carrière professionnelle riche dans le domaine des télécoms. En 2020, elle est nommée directrice générale d'IHS Towers Côte d’Ivoire, une multinationale d’infrastructures télécoms. Depuis 2019, elle multiplie les distinctions et est décorée de la médaille de chevalier de l'Ordre national de Côte d’Ivoire. En 2019 et 2020, elle est successivement incluse dans les deux premières éditions du Who's Who in Côte d'Ivoire, un ouvrage visant à mettre en avant les meilleurs talents ivoiriens.

L’entrepreneure, qui se donne pour mission de « préparer les organisations africaines à la 4e révolution industrielle », œuvre depuis lors à construire des partenariats solides basés sur la confiance avec les clients, en garantissant la sécurité, la fiabilité et l’efficacité de ses solutions technologiques.

« Nous avons une vision claire de ce que nous voulons être : leader dans l’intelligence artificielle sur notre continent, par le développement d’applications adaptées, la formation et le conseil en intelligence artificielle. Notre pensée progressiste et notre approche créative et pragmatique, associée à notre profonde compréhension des réalités locales nous distinguent de nos compétiteurs », soutient-elle.

Aïsha Moyouzame

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Face aux enjeux du numérique, l’African Network Information Centre (AFRINIC), une structure de gestion des adresses IP basée à Maurice, entend contribuer à l’essor du digital sur le continent. Eddy Kayihura, le DG, a entamé cette année un vaste programme de mobilisation qui se déroulera dans une vingtaine de pays.

Pour 2022, Eddy Kayihura (photo) annonce que l'African Network Information Centre ambitionne de contribuer à l’essor du digital sur le continent africain. A cet effet, il a entamé une tournée africaine visant à mobiliser les membres d’AFRINIC vers un objectif commun : unir les forces afin d’offrir des services Internet plus sécurisés et stables en Afrique. Dans le cadre de ce programme de mobilisation, plus d’une vingtaine de pays seront parcourus par la délégation d’AFRINIC, des visites ayant déjà été opérées en Côte d’Ivoire et au Bénin, entre autres.

Le directeur général d’AFRINIC, qui a travaillé dans le secteur des technologies de l’information pendant plus de 20 ans, est détenteur d’une licence en technologies de l’information de l’Université du Rwanda et d’un MBA en commerce international de l’Oklahoma Christian University. Il a précisément travaillé pour la Bank of Kigali au Rwanda, où il a contribué aux étapes initiales de sa transformation numérique. Il a également occupé une fonction de management à la Broadband System Corporation, un fournisseur d’accès Internet au Rwanda. En novembre 2019, il a rejoint l’AFRINIC, avec pour mission de mener à bien la stratégie numérique de la structure.

L’AFRINIC est une organisation sans but lucratif qui gère les numéros Internet appartenant à l’Afrique. Elle fournit des blocs d’adresses IP et permet à ses membres d’obtenir leur propre identité numérique et de garantir l’origine de leurs échanges sur Internet. Pour mieux servir le continent, Eddy Kayihura entend, à travers cette tournée, réduire la distance et être présent dans les différents pays pour comprendre leurs spécificités, échanger avec les membres et comprendre leurs objectifs, challenges et ambition pour s’assurer, dit-il, que l’AFRINIC s’aligne avec les réalités de chaque état membre.

« Pour un meilleur service, il vaut mieux se rapprocher des pays pour les écouter et leur présenter de nouveaux produits. Nos membres sont les différents fournisseurs d’accès à Internet, les gouvernements et les acteurs du digital. Nous allons les rencontrer pour discuter des problématiques actuelles, mais aussi, voir comment mieux les servir », a-t-il expliqué.

Face au développement du digital, les problématiques autour de la criminalité en ligne et des usurpations de ressources sont plus que jamais d’actualité. A cet effet, il a révélé que de nouvelles technologies ont été mises en place par l’AFRINIC pour lutter contre ces problèmes, à l’instar de la version 6 d'Internet Protocol (IPV6) pour renouveler le stock des versions d’adresses IP qu’il décrit comme un des fondements du fonctionnement d’Internet. Il déplore cependant la lenteur dans l’adoption de cette nouvelle version, une des principales raisons de cette tournée, qui entend mener des échanges avec les membres afin de trouver les meilleures approches pour faciliter son adoption.

Depuis 2004, la structure basée à Maurice dessert quelque 2 000 membres en Afrique. Pour les années à venir, Eddy Kayihura prévoit d'en rajouter 900, à savoir 300 puis 600 membres supplémentaires. Le programme de mobilisation devrait permettre l’adhésion de nouveaux partenaires parmi les gouvernements et acteurs du numérique en Afrique.

Aïsha Moyouzame

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Sa passion, née à la suite d’un évènement malheureux, le place aujourd’hui parmi les innovateurs à fort potentiel. A travers Klas, la start-up dont il est le co-fondateur, il veut donner à chacun la possibilité d’apprendre et de partager tout ce dont il a envie.

Donner à tout le monde qui a un quelconque savoir de valeur la possibilité de le partager et d’en tirer un revenu est la vision que promeut le jeune Nigérian de 18 ans Nathan Nwachuku (photo). A travers la star-tup Klas lancée en décembre 2021, il vient de lever la somme de 130 000 $ auprès d’un groupe d’investisseurs parmi lesquels Voltron Capital, Cabal Fund, Velocity Digital, HoaQ, Tola Adesanmi de Spleet, Odunayo Eweniyi de PiggyVest ou encore Nadayar Enegesi d’Eden Life.

L’argent permettra à Nathan Nwachuku  de renforcer sa plateforme numérique d’éducation qui permet à quiconque de créer une école en ligne et de proposer des enseignements en direct. Le logiciel de la plateforme intègre la planification des cours, la gestion de communauté, la vidéoconférence, un module de paiements. Sur Klas, les créateurs peuvent enseigner une variété de sujets, y compris le codage, la conception, la cryptographie, les affaires et les langues. La start-up se donne pour mission de libérer le pouvoir du partage des connaissances grâce à la technologie. 

Nathan Nwachuku a eu l’idée de Klas lors de sa convalescence, après un accident survenu le jour de son quinzième anniversaire et au cours duquel il a perdu son œil droit. Pendant cette trêve qui a duré cinq mois, le jeune Nigérian est parti d’une approche simple pour dispenser des cours de soutien de physique en ligne. Il est finalement happé par tout le potentiel qu’offre cette méthode d’enseignement, il décide de s’y consacrer et refuse même plus tard, après son baccalauréat, des admissions à l’université pour se consacrer à son projet. Il rencontre plus tard, sur un site de jumelage, Lekan Adejumo qui deviendra le cofondateur de Klas.

Aujourd’hui, la start-up revendique des collaborations avec plusieurs entreprises à travers le monde et plus de 2 000 créateurs de cours sur sa liste d'attente.

Ruben Tchounyabe

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L’industrie des start-up a gagné en valeur au cours des dernières années. Avec la transformation numérique accélérée par la Covid-19, ce marché a explosé. Plusieurs acteurs ont décidé d’y investir. On y retrouve de plus en plus de profils atypiques.

Après avoir joué les business angels quelquefois, Blaise Matuidi (photo) s’investit plus fermement dans la tech. Le footballeur français d’origine angolaise a officiellement annoncé, mardi 22 mars, le lancement d’un fonds d’investissement dédié à la tech.

Baptisé Origins, il s’attèlera à soutenir les start-up grand public dans le Web3, les jeux vidéo et les cryptos. Le fonds est le fruit d’une collaboration avec Ilan Abehassera, le patron de Dots, Salomon Aiach, le dirigeant de la branche française du fonds allemand Earlybird, ainsi que de Yohan Benalouane, un ami d'enfance qui joue au club grec football Aris Salonique.

« Cela fait quelques années que je m’intéresse aux technologies. À mon arrivée aux États-Unis, j’ai rencontré Ilan qui m’a alors accompagné dans certains investissements et l’idée nous est venue de créer Origins. Avec l’ensemble des personnalités qui composent ce fonds, et grâce à leur notoriété qui représente aujourd’hui 160 millions de fans, nous pouvons être à l’origine de très belles histoires », affirme Blaise Matuidi, champion du monde de football 2018.

Origins regroupe des personnalités de renommées internationales en son sein. Plus de 50 athlètes investisseurs comme Paulo Dybala, N’Golo Kanté, Olivier Giroud, Presnel Kimpembe, Kingsley Coman, Miralem Pjanic, Antoine Dupont. De nombreuses personnalités du monde économique le soutiennent aussi.

« Les footballeurs ne sont pas du tout investis dans la tech alors que ce sont de grands utilisateurs. Nous allons les aider à investir […] Il faut avoir conscience qu'une carrière de footballeur, c'est court, et il faut penser à l'avenir », déclare Blaise Matuidi qui dit apprendre « tous les jours avec Ilan et Salomon. Ça se fait par étapes, comme quand on a fait sa carrière de footballeur. Maintenant il faut gagner la Coupe du monde des start-up ».

Origins prévoit de prendre des participations comprises entre 100 000 et 500 000 euros dans des projets en phase initiale. Le fonds a déjà réalisé deux investissements. Le premier dans Ugami, « une banque pour gamers », qui leur propose des services financiers et des récompenses. Le deuxième dans Yumon, une plateforme de NFT. Le montant final du fonds n’est pas communiqué. 

Muriel Edjo

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Les personnes victimes de violences liées au genre ne bénéficient pas toujours d’une aide. Comme solution, Didier Bacigale et Amisi Musada ont conçu SOS Secours, une application d’alerte et d’assistance aux victimes.

Alors qu’il était encore étudiant, Didier Bacigale a eu l’idée d’une application contre les violences faites aux femmes après avoir constaté que sa voisine, victime de violences conjugales récurrentes, n’était aidée par personne. Il a travaillé à la concrétisation de ce projet avec Amisi Musada (photo) et ensemble, ils ont créé l’application SOS Secours à travers la start-up Yangu. Ils partagent un objectif commun, celui de contribuer en RDC à la protection des femmes contre les violences sexuelles ou sexistes, et celles basées sur le genre.

La start-up qui œuvre dans le domaine des nouvelles technologies a vu le jour en 2019, grâce à l’événement Hackathon RDC Droits Humains, organisé par Internews, qu’elle a remporté avec sa solution SOS Secours. D’après eux, la RDC enregistre chaque jour en moyenne 1 000 cas de violences basées sur le genre. Grâce à leur application, il est désormais possible de prévenir ce fléau, ou de signaler en cas de danger. L’utilisateur secoue son téléphone 5 fois et aussitôt, une alerte et une géolocalisation sont envoyés par message aux proches et à un réseau d’associations locales partenaires de SOS Secours.

Au-delà de l’aide aux victimes, cette application devrait permettre aux différents acteurs qui interviennent sur ce problème d’avoir accès à des informations en temps réel. « Il y a des organisations qui interviennent dans ce domaine, et qui ont montré qu’elles avaient des problèmes d’accès à l’information et surtout sur les statistiques. Il y a peu de statistiques en temps réel, on est obligé de se fier à celles des structures sanitaires qui ont reçu des cas, alors que tous les cas n’arrivent pas dans ces structures », a expliqué Amisi Musada.

En quatre années, le duo d’entrepreneurs a réussi à nouer de nombreux partenariats, parmi lesquelles Internews RDC, l’Institut Français de Bukavu, ainsi que des associations comme Femme au Fone et l'AFEM. Pour le moment, l’application est opérationnelle dans la province du Sud-Kivu où est basée la start-up Yangu. Les fondateurs travaillent à présent sur le lobbying avec des entreprises de télécommunications pour des alertes via messagerie. À l’avenir, ils ambitionnent de généraliser le service à d’autres interventions.

Aïsha Moyouzame

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Mettre leurs compétences au service de la numérisation en RDC, c’est le défi relevé par Justin Mugabe et Othniel Pilipili. Leur start-up SillonBlue Technologies est spécialisée dans le développement des logiciels et applications mobiles.

Justin Mugabe et Othniel Pilipili (photo) ont fait de hautes études respectivement aux États-Unis et en Angleterre. Alors qu’ils étaient destinés à des carrières prometteuses, ils ont fait le choix de revenir dans leur pays d’origine, la République démocratique du Congo, pour y développer un projet d’entrepreneuriat. Ensemble, ils ont fondé SillonBlue Technologies, une start-up spécialisée dans le développement des logiciels et applications mobiles. Le duo d'entrepreneurs partage un objectif commun, celui de préparer les Congolais à la quatrième révolution industrielle et au développement de la science des données, un domaine encore peu exploité dans le pays.

Plutôt que de remettre en cause les conditions sociopolitiques de la RDC, ils ont choisi d’y apporter une solution concrète qui repose sur les nouvelles technologies. Revenir dans leur pays pour contribuer à son développement était devenu pour eux, une réelle motivation. En 2017, ils ont officiellement mis en place leur start-up de technologies numériques. Ingénieurs, développeurs d'applications, administrateurs de bases de données, ou encore testeurs, la start-up dispose d’une équipe expérimentée qui crée des produits numériques à destination des entreprises et des organisations internationales.

D’après les fondateurs, plus de 200 grands commerçants ont déjà profité de leur service dans la seule zone du Nord-Kivu où la start-up est située, et une vingtaine d’organisations ont adopté leur plateforme. La création de leur start-up dans cette partie du pays a déjà permis d’employer une vingtaine de personnes, permettant de lutter à petite échelle contre le chômage. Grâce à leurs solutions numériques, les clients peuvent assurer plusieurs travaux, de l’archivage aux transactions financières en passant par la gestion de magasins en ligne. En touchant pratiquement tous les secteurs d’activité, ils entendent accélérer la numérisation afin de changer le système manuel ou traditionnel encore ancré dans les habitudes de travail.

Toutefois, ils doivent encore faire face à certains obstacles, dont le plus difficile, celui d’impliquer progressivement les autorités à tous les niveaux, par le biais des subventions, de la suppression de taxes pour une start-up encore au début de ses activités. 

Aïsha Moyouzame

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Christelle Hien Kouame a fondé « Prenez les feuilles », une plateforme en ligne permettant l’accès aux programmes scolaires sous forme de résumés de cours qui sont suivis d’autotests.

Ingénieure en marketing et communication et entrepreneure depuis près d’une dizaine d’années, Christelle Hien Kouame (photo) porte le projet de relever le défi du taux de réussite scolaire grâce au numérique. Elle est à l’origine de la start-up edtech « Prenez les feuilles », qui propose une plateforme éducative pour les élèves en Côte d’Ivoire. Pour concrétiser son projet, elle a investi les fonds de son agence de communication, et présente officiellement sa solution numérique au ministère ivoirien de l’Éducation nationale. Le projet apprécié par les autorités locales a été présenté dans les établissements scolaires, d’abord en mettant à la disposition des élèves, les devoirs et examens.

Ce modèle devenant restrictif, elle a décidé d’élargir son offre en incluant de nouveaux outils d’apprentissage afin de challenger les élèves. « Nous avons alors intégré à la plateforme trois ingrédients importants : la motivation par la récompense en leur offrant des cadeaux pour les quizz et exercices effectués correctement dans un délai imparti, l’aide à l’orientation en parlant de métiers avec des parcours différents, et enfin des petites capsules de culture générale diffusées via le canal WhatsApp », détaille-t-elle.

C’est face au constat d’un taux de réussite d’à peine 40% au baccalauréat, à l’échelle nationale, qu’elle a eu l’idée de ce projet. Au-delà de son rôle éducatif, la plateforme permet aussi de résorber certaines inégalités selon elle. En effet, elle permet aux élèves qui n’ont pas la possibilité d’avoir tous les manuels scolaires, d’avoir accès aux cours et aux différentes matières à partir de leur téléphone portable. L’objectif de « Prenez les feuilles » est donc de donner l’accès aux programmes d’écoles au plus grand nombre. L’application se veut aussi le meilleur outil de préparation des examens scolaires.

Son projet ayant suscité un grand intérêt, est racheté en 2019 par l’entreprise edtech Eneza Education. Un succès en appelant un autre, elle a remporté la 6e édition du Challenge App Afrique pour l’année 2021 d’un montant de 15 000 euros, une compétition qui soutient le développement d’applications numériques dans les TIC, organisé par les médias RFI et France24.

Aujourd’hui, 6 000 élèves utilisent régulièrement la plateforme en ligne, et la version application lancée début mars compte déjà presque 2 000 téléchargements. À l’avenir, Christelle Hien Kouame ambitionne de conquérir d’autres marchés africains en commençant par le Sénégal d'ici 2025.

Aïsha Moyouzame

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